effaroucher [ efaruʃe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1495; de é- et farouche
1 ♦ Effrayer (un animal) de sorte qu'on le fait fuir. Être silencieux pour ne pas effaroucher le gibier, le poisson.
2 ♦ Mettre (qqn) dans un état de crainte ou de défiance tel qu'il a envie de fuir. ⇒ effrayer, épouvanter, intimider (cf. Faire peur). « Tout m'effarouche, tout me rebute; une mouche en volant me fait peur » (Rousseau). Vx Effaroucher la pudeur. ⇒ alarmer. — Plus cour. ⇒ choquer, offusquer. Rien ne l'effarouche. — Pronom. « Vous adressez des galanteries [...] à des dames que j'estime assez pour croire qu'elles doivent parfois s'en effaroucher » (Baudelaire ).
⊗ CONTR. Apprivoiser ; enhardir, rassurer.
● effaroucher verbe transitif Faire fuir quelqu'un, un animal en les effrayant : Effaroucher les poissons en jetant des pierres. Provoquer chez quelqu'un un sentiment de recul en lui inspirant de la crainte, de la défiance : Effaroucher sa clientèle électorale par des discours imprudents. Porter atteinte à quelque chose par une attitude grossière, brutale, choquer : Effaroucher la pudeur d'une jeune fille. ● effaroucher (synonymes) verbe transitif Faire fuir quelqu'un, un animal en les effrayant
Synonymes :
- effrayer
Contraires :
- attirer
Provoquer chez quelqu'un un sentiment de recul en lui inspirant...
Synonymes :
- affoler
- inquiéter
- troubler
Contraires :
- rasséréner
- rassurer
effaroucher
v. tr.
d1./d Faire fuir (un animal) en l'effrayant.
d2./d Fig. Mettre (qqn) en défiance; choquer (qqn) en alarmant. Vos plaisanteries trop familières l'ont effarouchée. Ant. rassurer.
|| v. Pron. Personne timide qui s'effarouche facilement.
⇒EFFAROUCHER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. [Le compl. désigne un animal] Effrayer au point de provoquer la fuite. Effaroucher le poisson, le gibier; effaroucher un cheval. [Un] steam-boat passait en hennissant et troublait les eaux consacrées du Gange, effarouchant les mouettes qui volaient à sa surface (VERNE, Tour monde, 1873, p. 75). Ces pêcheurs de truite qui, par crainte d'effaroucher leur proie, jettent l'appât très loin (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1055).
— P. méton. Il disparut en effarouchant le paysage d'un énorme coup de claxon (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 206).
— P. compar. ou p. métaph. Un gendre est un oiseau qu'un rien effarouche (BALZAC, Faiseur, 1850, II, 4, p. 228). Le vent faisait sa grosse voix dans le tuyau de la cheminée et venait effaroucher le feu jusque sur la bûche (NERVAL, Nouv. et fantais., 1855, p. 139).
2. Au fig. [Le compl. désigne un être humain]
a) Inspirer un sentiment de gêne, de défiance ou de crainte au point de provoquer la fuite ou, au moins, d'en susciter l'envie. Il ne fallait rien risquer qui pût effaroucher une jeune fille si pure, imprudente par vertu plus que par désir (BALZAC, Marana, 1833, p. 85). Je crois pouvoir vous promettre que mon prochain roman n'effarouchera pas les dames (ZOLA, Corresp., 1902, p. 614) :
• 1. ... madame Alexandre, était revenue prendre sa place à la papeterie... Mais elle continuait à y rester discrètement dans l'ombre, afin de ne pas effaroucher la clientèle cléricale, qui tenait toujours le haut du pavé.
ZOLA, Les Romanciers naturalistes, Vérité, 1902, p. 69.
b) Porter atteinte à (un sentiment délicat) de manière brusque ou grossière, causer une impression désagréable. Un esprit facile à effaroucher; effaroucher l'imagination, la timidité, la pudeur (de qqn); effaroucher l'opinion publique. Synon. choquer, offusquer. Les portes mal réchampies par un peintre du pays effarouchaient l'œil par des tons criards (BALZAC, Vieille fille, 1836, p. 280). Mme Ebsen, ignorant ses intentions [d'Éline], n'osait lui parler du passé, de peur d'effaroucher, de briser ce fragile et surprenant bonheur (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p. 280) :
• 2. ... l'intelligence des femmes qui l'écoutaient s'ouvrait à un monde nouveau. Lélia savait les amener à ses idées sans effaroucher leurs préjugés et sans mettre leur dévotion en méfiance.
SAND, Lélia, 1839, p. 507.
3. Arg. et vx. Voler. Vous avez effarouché mon portefeuille (T. GAUTIER, Fortunio ds MICHEL 1856).
Rem. On rencontre dans ce sens arg. le dér. effaroucheur, euse, adj. et subst. Voleur, voleuse (Nouv. Lar. ill. — Lar. 20e et ESN.).
B.— Emploi pronom.
1. [Le compl. désigne un animal]
a) [En parlant d'un cheval] Devenir farouche. Voilà mes deux chevaux qui s'effarouchent, qui se cabrent, qui piaffent (DUMAS père, Intrigue et amour, 1847, I, 2, p. 207).
b) Rare. Prendre peur. Un gros oiseau gris s'effarouche dans la charmille et ne chante pas, de peur que je le reconnaisse (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 109).
c) P. métaph. Prendre peur au point de s'enfuir. Tous les groupes d'astres de l'ombre s'effarouchaient dans l'infini (HUGO, Chans. rues et bois, 1865, p. 12).
2. [Le compl. désigne une pers.; la cause est introduite par de, à, pour...] Réagir par un sentiment de gêne, être choqué. S'effaroucher à la pensée que; s'effaroucher pour un rien. Comme aucune des corruptions sociales ne lui était inconnue... il [de Marsay] ne s'effaroucha pas du vice (BALZAC, Fille yeux d'or, 1835, p. 391).
— P. méton. Une pudeur qui s'effarouche de rien. Son moral et son goût ne s'en effarouchaient pas (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 13, 1863-69, p. 420).
Prononc. et Orth. :[], (j')effarouche []. Transcrit, avec [] ouvert, à l'initiale ds LITTRÉ et à titre de var. ds WARN. 1968. Cette prononc. s'explique par l'influence graph. des lettres redoublées sur la voyelle précédente. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1495 sans les effaroucher [les oiseaux] « effrayer » (J. DE VIGNAY, Miroir hist. ds DELB. Rec. d'apr. DG); 1585 « mettre (qqn) en défiance » (CHOLIERES, Les Apresdisnees, V, fol. 152 v° ds GDF. Compl.); 2. 1827 « voler » (ESN.). Dér. de farouche; préf. é-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :256. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 368, b) 468; XXe s. : a) 332, b) 323.
effaroucher [efaʀuʃe] v. tr.
ÉTYM. 1495; de é-, farouche, et suff. verbal.
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1 Effrayer (un animal) de sorte qu'on le fait fuir. || Effaroucher le gibier, des volailles. || Attention, pas de bruit, vous allez effaroucher le poisson.
1 Les cris effrayants de l'armée ennemie, joints à une grêle de traits et de pierres (…) les troublaient (les éléphants), les effarouchaient, les mettaient en fureur et souvent les obligeaient de se tourner contre leurs propres troupes.
2 (1585). Mettre (qqn) dans un état de crainte, de défiance, de gêne tel qu'il s'éloigne ou a envie de fuir. ⇒ Effrayer, épouvanter, intimider; ombrage (donner de l'), peur (faire peur). || Cette proposition l'effarouchera. || Cet examinateur effarouche les candidats. ⇒ Affoler.
2 Il faut, si vous m'en croyez, n'effaroucher personne (…)
Molière, l'Avare, V, 1.
3 Prenez-moi dans le calme, je suis l'indolence et la timidité même : tout m'effarouche, tout me rebute; une mouche en volant me fait peur; un mot à dire, un geste à faire épouvante ma paresse; la crainte et la honte me subjuguent à tel point que je voudrais m'éclipser aux yeux de tous les mortels.
Rousseau, les Confessions, I.
♦ Effaroucher l'âme, l'esprit. — (Le compl. désigne un sentiment). || Effaroucher la modestie, la pudeur, la timidité de qqn. ⇒ Alarmer, blesser.
4 (…) je devenais une portion de sa vie, sans qu'elle s'en aperçût elle-même, tant j'avais souci de ne pas effaroucher cette âme, en train de se prendre, par un mot qui lui fît sentir le danger.
Paul Bourget, le Disciple, IV, p. 220.
♦ Spécialt (plus cour.). Troubler (qqn) dans son équilibre, sa quiétude (⇒ Inquiéter), notamment en choquant les habitudes morales (⇒ Choquer, offusquer, troubler). || Il ne faut pas effaroucher le client par des prix excessifs. || Effaroucher les bourgeois par un langage cru.
5 Ce païen (Gautier) qu'aucune nudité n'effarouchait, éprouvait une honte extraordinaire devant l'effusion sentimentale, et à force de s'en défendre il a fini par persuader beaucoup de gens qu'il était un homme impassible.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 200.
3 Argot anc. Voler.
5.1 Qu'est-ce qu'a effarouché ma veste ?
Henri Monnier, Scènes populaires, L'exécution, t. I, p. 102.
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s'effaroucher v. pron. (réfl.).
1 Rare. Devenir effarouché. || Un cheval qui s'effarouche.
2 Vx. Avoir peur. || Il s'effarouchait de ces projets.
3 Être choqué, troublé (notamment, dans ses habitudes morales). || S'effaroucher de qqch., pour un rien.
♦ Par métonymie. || Sa pudeur s'est effarouchée (→ ci-dessous, cit. 7, 8).
6 Les Marquis, les Précieuses, les Cocus et les Médecins ont souffert doucement qu'on les ait représentés (…) mais les Hypocrites n'ont point entendu raillerie; ils se sont effarouchés d'abord, et ont trouvé étrange que j'eusse la hardiesse de jouer leurs grimaces (…)
Molière, Tartuffe, Préface.
7 Je connais sa vertu prompte à s'effaroucher.
Racine, Bajazet, I, 4.
8 Rien ne peindra jamais les angoisses que me fit sentir le malheur de mon ami. Ma funeste imagination, qui porte toujours le mal au pis, s'effaroucha.
Rousseau, les Confessions, VII.
9 Vous adressez des galanteries (…) à des dames que j'estime assez pour croire qu'elles doivent parfois s'en effaroucher.
Baudelaire, la Fanfarlo.
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effarouché, ée p. p. adj.
♦ Par comparaison :
10 Il revoyait, sous la suspension, le petit front jaune entre les bandeaux gris, les petites mains d'ivoire qui tremblotaient sur la nappe, les petits yeux de lama effarouché (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 201.
2 Vx. Frappé de peur. ⇒ Apeuré.
11 Ici nous avons pensé être perdus tous les deux : la petite fille, toute effarouchée, a voulu crier (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XCVI.
3 Fig. Alarmé, troublé, choqué. || Des allures de vierge effarouchée. || Elle rougit, toute effarouchée. — Un air effarouché.
12 (…) il avait entendu ses cris effarouchés, mêlés de rires étouffés et de défis (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 2e tableau, I, p. 62.
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CONTR. Apprivoiser, enhardir, rasséréner, rassurer, tranquilliser.
DÉR. Effarouchable, effarouchant, effarouchement.
Encyclopédie Universelle. 2012.