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épicé

épice [ epis ] n. f.
• mil. XIIe; du lat. species « espèce, substance », et par ext. « denrée », appliqué aux aromates
1Substance d'origine végétale, aromatique ou piquante, servant à l'assaisonnement des mets. aromate, assaisonnement, condiment. « Sur la fadeur de la nourriture de base viennent se poser les saveurs éclatantes des épices, comme autant de couleurs vives sur une page blanche » (Tournier). Principales épices : anis, bétel, cannelle, câpre, colombo, cubèbe, cumin, curcuma, curry, gingembre, clou de girofle, herbes de Provence, moutarde, noix muscade, paprika, piment, poivre, safran, sauge, vanille. Les quatre épices : mélange de cannelle (ou gingembre), girofle, muscade et poivre. ⇒ quatre-épices; toute-épice. Boîtes à épices. Pain d'épice. Hist. Commerce des épices. La route des épices : route des bateaux vers les Indes.
2Plur.; anciennt Confitures (1o) obtenues en faisant confire des fruits avec des aromates.
Dr. Anc. Épices des juges : ces produits ou d'autres présents en nature que les plaideurs offraient aux juges pendant un procès. Par ext. Taxe obligatoire, payable par des plaideurs pour chaque pièce de procédure. « Il vous faudra de l'argent [...] pour le rapport des substituts, pour les épices de conclusion » (Molière).

épice nom féminin (latin species, denrée) Substance aromatique et végétale servant à l'assaisonnement des mets. ● épice (difficultés) nom féminin (latin species, denrée) Orthographe Pain d'épice / pain d'épices.pain d'épiceépice (expressions) nom féminin (latin species, denrée) Quatre épices, mélange aromatique constitué de poivre noir, girofle, cannelle, muscade, auquel on peut adjoindre du gingembre (cinq épices).

épice
n. f. Substance aromatique ou piquante d'origine végétale utilisée pour assaisonner les mets. La cannelle, le clou de girofle sont des épices.
|| Pain d'épice(s): gâteau sucré au miel et parfumé de diverses épices. Syn. (Belgique, France rég.) couque.

⇒ÉPICE, subst. fém.
A.— Gén. au plur. Substance d'origine végétale, aromatique ou piquante, dont on se sert pour assaisonner les mets. Une pincée, une pointe d'épices. Coupez votre carpe en filets ou à l'ordinaire, par tronçons; mettez-les dans une casserole avec sel, poivre, poudre d'épices fines, trois clous de girofle (Gdes heures cuis. fr., Grimod de La Reynière, 1838, p. 158). Des épices, muscade, gingembre, girofle, cannelle et réglisse (FARAL, Vie St-Louis, 1942, p. 175). La viande que Didace voulait fortement relevée d'épices, d'ail et de gros sel (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 45) :
1. ... épices et aromates, sous ces titres trop généraux s'abritaient non seulement les condiments de la gourmandise mais aussi tous les adjuvants des extases religieuses et tous les éléments de la pharmacopée : c'étaient les narcotiques, les baumes, les poisons, (...) les aphrodisiaques, les diurétiques...
MORAND, La Route des Indes, 1936, p. 13.
Pain d'épice(s). « Le pain d'épices » est un aliment dont les éléments constitutifs essentiels sont la farine (...) et un sucre autre que du sucre ordinaire (...) le tout additionné ou non d'épices ou d'aromates (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 19).
Rem. ,,Dans le pain d'épice (...) d'épice reste au sing. comme une sorte de qualificatif dont la valeur originelle est oubliée`` (DUPRÉ 1972).
♦ [P. réf. à la couleur du pain d'épice] Il lui aurait plu assez : un grand brun, sec et leste, tout nerfs et tout muscles, avec un visage de pain d'épice (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 100).
B.— Au fig. Ce qui ajoute du piquant à un sentiment, à une situation. Le désir. Présent, c'est bien en lui, il me semble, que j'aurais puisé, sans effort, le sens de notre rendez-vous de ce soir, l'épice, le danger qui lui faisait défaut (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 50) :
2. ... le plaisir et l'amour du mal ne sont parfaits que grâce au piquant de la contradiction intérieure et à la saveur du fruit défendu, comme pour ces filles galantes qui ont l'épice d'un prie-dieu.
BLONDEL, L'Action, 1893, p. 7.
C.— HIST., au plur. Présents que les plaideurs faisaient aux juges. Évêque, on veut sa dîme, et bailli, ses épices (HUGO, Âne, 1880, p. 342).
Rem. On rencontre ds la docum. épicéen, enne, adj. Cette religion épicéenne vient d'une conviction profonde, et peut-être sera-t-elle partagée par ceux qui voudront lire l'analyse physiologique à laquelle nous allons soumettre la personne et la figure de l'épicier (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1830-35, p. 11).
Prononc. et Orth. :[epis]. Ds Ac. 1694-1932. Enregistré au plur. ds FÉR. 1768. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 plur. « substances aromatiques » (Pèlerinage de Charlemagne, éd. E. Koschwitz, 211); 2. 1245 « friandises sucrées servies après le repas » (G. DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 1343 [cf. 1335, 1337, alemandiers ... figuier ... datier]); cf. 1365-66 plur. espices confites (Compte de la D. d'Anjou, A.N. KK 241, f° 11 v° ds GDF. Compl.); 3. av. 1454 « présent fait au juge d'un procès » (Procès de Jacq. Cuer, Ms, p. 15 ds LA CURNE); 1512 (Edit de Louis XII, art. 44 ds LAURIÈRE). Empr. au lat. species proprement « espèce » signifiant en b. lat. « denrée; épice, drogue ». Fréq. abs. littér. :250. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 139, b) 484; XXe s. : a) 402, b) 438. Bbg. DARM. Vie 1932, p. 58. — POHL (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 299.

épice [epis] n. f.
ÉTYM. XIIe, espice, au sens 2.; du lat. species « espèce, substance », et, par ext., « denrée », appliqué spécialement aux aromates.
1 (1245). Anciennt, plur. Confitures obtenues en faisant confire des fruits avec des aromates, et que l'on servait au dessert.
(Av. 1454). Anc. dr. || Épices des juges : dragées, confitures puis présents en nature que les plaideurs offraient aux juges pendant un procès. Par ext. Taxe obligatoire, payable par les plaideurs pour chaque pièce de procédure.
1 (…) pour plaider, il vous faudra de l'argent (…) pour les conclusions et plaidoiries des avocats (…) pour le rapport des substituts, pour les épices de conclusion (dues au juge).
Molière, les Fourberies de Scapin, II, 5.
2 Il me redemandait sans cesse ses épices;
Et j'ai tout bonnement couru dans les offices
Chercher la boîte au poivre (…)
Racine, les Plaideurs, II, 7.
3 (…) l'usage s'introduisit que la partie qui avait gagné son procès, en venant remercier ses juges, leur présentait quelques boîtes de confitures sèches ou de dragées, que l'on appelait alors épices. Ce qui était d'abord purement volontaire passa en coutume, fut regardé comme un droit, et devint de nécessité. Ces épices furent ensuite converties en argent.
Encycl. (Diderot), art. Épices.
4 Les plaideurs qui venaient, dans les usages du temps, « solliciter » leurs juges, leur remettaient de menus cadeaux en nature appelés épices. Ces cadeaux furent convertis en taxes obligatoires, payables pour chaque pièce de procédure (…) Les épices constituaient une prime à l'assiduité dans l'accomplissement de la besogne professionnelle. Certains magistrats, « grands épiciers », « couveurs de sacs », s'en montraient trop friands, sans doute; mais on a beaucoup exagéré les abus du système.
Fr. Olivier-Martin, Précis d'hist. du droit franç., no 884 (édit. Dalloz).
2 (V. 1140). Mod. Substance d'origine végétale, aromatique ou piquante, servant à l'assaisonnement des mets. Aromate, assaisonnement, condiment. || Principales épices : amome, anis, bétel, cannelle, curry (ou cari), cubèbe, cumin, gingembre, girofle (clou, griffes de girofle), moutarde, muscade (noix muscade), paprika, piment, poivre, safran, sauge, vanille. || Épice blanche ou petite épice. Gingembre. || Poudre d'épices. || Épices éventées. || De bonnes, de fines épices. || Ne pas ménager les épices. || Les quatre épices : mélange de cannelle (ou de gingembre), de girofle, de muscade et de poivre noir. Hist. || La route des épices : route des navires vers les Indes.Vertu aphrodisiaque des épices.
5 On donne ce nom (d'épices) en général à toutes les drogues orientales et aromatiques, telles que le girofle, le poivre, le gingembre, etc. dont nos épiciers font le commerce.
Encycl. (Diderot), 1755, art. Épices.
6 (…) les épices dont la favorite chargeait son régime, pour se tenir plus propre à remplir (…) son emploi auprès d'un monarque exigeant (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 172.
Prov. (vx). Dans les petits sacs sont les bonnes épices, les fines épices, compliment que l'on fait aux personnes de petite taille.
Loc. Pain (cit. 15) d'épice.
3 Fig. et littér. Ce qui épice (fig.), ajoute du piquant. || L'épice du danger.
DÉR. Épicer, épicier.

Encyclopédie Universelle. 2012.