épineux, euse [ epinø, øz ] adj.
• espineux XII e; lat. spinosus
1 ♦ Qui est hérissé d'épines, de piquants, ou dont les productions (feuilles, branches, etc.) piquent. Arbuste épineux, ou n. m. un épineux. Les lianes épineuses de la ronce; la tige épineuse du rosier. « Des bosquets de houx épineux » (Bosco).
♢ Coquillage épineux. Poisson épineux.
2 ♦ (XVIe) Fig. Qui est plein de difficultés (généralement subtiles). ⇒ délicat, difficile, embarrassant. Affaire épineuse. Question épineuse, dans la discussion de laquelle on risque de heurter des intérêts cachés ou des susceptibilités. « Une telle discussion serait ici d'ailleurs, trop délicate et trop épineuse pour que je l'aborde » (Sainte-Beuve).
3 ♦ Anat. Qui ressemble à une épine. Apophyse épineuse des vertèbres.
⊗ CONTR. Inerme. Facile.
● épineux nom masculin Arbre ou plante munis de nombreuses épines. ● épineux, épineuse adjectif (latin spinosus, de spina, épine) Couvert d'épines : Arbuste épineux. Qui est plein de difficultés, de désagréments ; embarrassant, délicat, pénible : Une affaire épineuse. ● épineux, épineuse (expressions) adjectif (latin spinosus, de spina, épine) Apophyse épineuse, apophyse postérieure des vertèbres déterminant la saillie de la colonne vertébrale. ● épineux, épineuse (synonymes) adjectif (latin spinosus, de spina, épine) Qui est plein de difficultés, de désagréments ; embarrassant, délicat, pénible
Synonymes :
- ardu
- délicat
- ingrat
Contraires :
- clair
- facile
- simple
épineux, euse
adj. et n. m.
d1./d Qui porte des épines. Buisson épineux.
|| n. m. Arbuste épineux.
d2./d Fig. Plein de difficultés. Une affaire épineuse. Syn. délicat.
|| D'humeur difficile. Caractère épineux.
⇒ÉPINEUX, EUSE, adj.
A.— SC. NAT. Qui possède des épines.
1. BOTANIQUE
a) [P. réf. à épine A 1 a] Quelques ronces qui traînent leurs bras épineux sur le sable (NODIER, J. Sbogar, 1818, p. 119). Les marrons tombés, avec leur coquille épineuse à demi éclatée (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 61). Les branches des houx épineux (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 122) :
• 1. Quelquefois seulement, des nopals épineux couvrent une petite partie de l'arène sans bornes; le vent traverse ces forêts armées, sans pouvoir courber leurs inflexibles rameaux; ...
CHATEAUBR., Martyrs, t. 2, 1810, p. 121.
— P. métaph. Le cliché ne s'y [dans ce dictionnaire] rencontre pas du premier coup et il faut aller chercher parmi un taillis épineux d'expressions déconcertantes, puisque le souvenir ne les reconnaît pas (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 290). Rayonnante d'un charme de fleur épineuse (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 54).
b) [P. réf. à épine A 1 b] Des aloès, des cactus, qui forment des forêts dans le Mexique. Ce genre épineux de végétaux, aussi étendu que celui des palmiers, semble appartenir aux arbres par son élévation (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 71). Cette ville [Guérande] (...) ses jolis chemins épineux et pleins de bouquets noués au hasard (BALZAC, Béatrix, 1839-45, p. 10).
— Emploi subst. masc. Autour du puits, quelques épineux (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 835). [La maison de Geneviève] les ronces y poussent si fort qu'on ne peut plus guère y circuler, tant les allées sont obstruées par toute cette broussaille d'épineux... (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 319).
2. ZOOL. (ichtyol.). [P. réf. à épine A 2] Les nerfs de la nageoire pectorale des poissons épineux proviennent des deux premières paires vertébrales (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 272). La langouste commune a une carapace épineuse, hérissée de poils courts et raides (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 402). Les perches hérissèrent l'armure épineuse de leurs reins (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 17) :
• 2. Les monstres marins me poursuivaient dans mon sommeil et m'apparaissaient la nuit, immenses en leurs carapaces d'un bleu noir, épineuses et chevelues, tout armés de pinces, de dards, de scies, et sans visage et plus effrayants de n'avoir pas de visage que tout le reste.
FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 94.
— P. métaph. Vivre près de la place du Pont! Est-il Dieu possible de vivre près de la place du Pont, ce cœur épineux, rugueux d'une immense étoile de mer avec ses branches biscornues, asymétriques qui sont des rues... (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 114).
B.— P. anal. Qui ressemble à des épines. Sa barbe épineuse (MORAND, Flagell. Séville, 1951, p. 82).
— Spéc., ANAT. Qui a rapport à l'épine du dos. Les lames vertébrales présentent des saillies osseuses : une postérieure, l'apophyse épineuse; deux latérales (G. GÉRARD, Anat. hum., 1912, p. 89).
Subst. Les « épineux transversaires », qui (...) forment une masse serrée qui garnit toute l'épine, et se nomme le « grand muscle épineux transversaire » (CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 182).
♦ P. métaph. Des collines qui font le dos de vache et dont l'arête est plus épineuse et plus nue que la lame d'une scie (GIONO, Que ma joie demeure, 1935, p. 211).
C.— Au fig. [P. réf. à épine A 1]
1. [En parlant d'un inanimé gén. concr.] Rare. Qui produit une sensation piquante, désagréable. Hélas! il nous affame Ce ciel tout argenté d'épineuse chaleur! (NOAILLES, Forces étern., 1920, p. 176). Un vent épineux de mars, du début de mars, me soumet à son humeur vagabonde car rien ne me leste (ARNOUX, Paris, 1939, p. 86).
2. [En parlant d'un inanimé gén. abstr.] Qui présente des difficultés, qui donne beaucoup de mal, de peine. [L'abbé Renaud] répondit victorieusement aux questions épineuses que Sibylle lui avait posées la veille (FEUILLET, Sibylle, 1863, p. 82) :
• 3. Rien n'est plus difficile que de parler musique; c'est déjà fort épineux pour les musiciens, cela est presque impossible aux autres; les plus forts, les plus subtils s'y égarent.
SAINT-SAËNS, Portr. et souv., 1909, p. 182.
— P. métaph. J'ai l'air de vous promener dans un jardin hérissé, jonché exprès de syllabes épineuses (COLETTE, Pays et portr., 1954, p. 256).
3. [En parlant d'une pers. ou de son comportement] Qui fait des difficultés sur tout; qui est acariâtre, susceptible ou agressif. « Il est honnête, mais médiocre et d'un caractère épineux : c'est comme la perche, blanche, saine, mais insipide et pleine d'arêtes » (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 146). Cet homme estimable [Roland] intègre, instruit, laborieux, mais sec, épineux et désagréable (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 7, 1863-69, p. 252).
Prononc. et Orth. :[epinø], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 « qui a des épines » (PH. DE THAON, Bestiaire, 1744 ds T.-L. : Espinuse at la pel); 1945 bot. subst. (BOSCO, Mas Théot., p. 319); 2. a) av. 1328 fig. (Ovide moralisé, éd. De Boer, V, 3198 : Envie espineuse et poignant); b) 1458 fig. d'une pers. « désagréable, rebutant » (A. GRÉBAN, Mystère de la Passion, 2215, éd. O. Jodogne, t. 1, p. 38); 3. 1561 anat. (A. PARÉ, Anatomie, IV, XVII, éd. J. F. Malgaigne, t. 1, p. 264 : [muscle] Espineux). Du lat. class. spinosus « couvert d'épines; (fig.) piquant, subtil ». Fréq. abs. littér. :391. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 071, b) 468; XXe s. : a) 268, b) 336.
épineux, euse [epinø, øz] adj. et n.
ÉTYM. XIIe, espineux; lat. spinosus, de spina. → Épine.
❖
1 Qui est hérissé d'épines (B.) ou de piquants; ou dont les productions (feuilles, branches, etc.) piquent. || Arbuste épineux. || Herbe épineuse (→ Agreste, cit. 3). || Les lianes épineuses de la ronce, la tige épineuse du rosier. || Buisson épineux de houx (→ Bosquet, cit. 2), de cactus, de nopal (→ Arène, cit. 5).
1 Une herbe rude et courte, sorte de végétation métallique (…) forme avec des lichens grisâtres et des lambeaux de je ne sais quelle mousse épineuse, l'indigente et morne couverture du rocher.
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 294.
♦ Par ext. || Pomme épineuse. ⇒ Datura.
2 N. (XXe). || Un, des épineux. Plante couverte d'épines.
1.1 J'avais atteint la limite des épineux. Il n'y avait qu'à sortir de leur couvert, aborder le sol humide et brillant pour connaître, sur leur terrain consacré, l'amitié des bêtes sauvages.
J. Kessel, le Lion, p. 16.
3 (Av. 1885). Par anal. Couvert de pointes (→ Épine, D.). || Coquillage épineux. || Poisson épineux. ⇒ Épine (→ Avaler, cit. 7). || Le corps du hérisson est une boule épineuse.
B (XVIe). Abstrait. Qui est plein de difficultés. ⇒ Délicat, difficile, embarrassant. || Affaire épineuse. || Question épineuse, dans la discussion de laquelle on risque de heurter des intérêts cachés ou des susceptibilités. — (1580). Personnes. Qui soulève des difficultés à propos de tout. || C'est un esprit épineux, tatillon, qui cherche la petite bête. — Caractère épineux. ⇒ Hargneux, irritable, pénible. || Bâton épineux.
2 Cette Puisieux était bien épineuse. Dieu veuille avoir son âme !
Mme de Sévigné, 662, 13 oct. 1677.
3 J'admire même la gaieté de votre style au milieu de tant d'affaires étranglantes, accablantes, épineuses.
Mme de Sévigné, 1243, 14 déc. 1689.
4 Ô vous donc qui, brûlant d'une ardeur périlleuse, Courez du bel esprit la carrière épineuse (…)
Boileau, l'Art poétique, I.
5 À la profession épineuse de journaliste, le président Cousin en joignit une autre, qu'il exerça avec la même probité, celle de censeur royal.
5.1 La carrière fut épineuse, on n'en doute assurément pas : c'est par l'apprentissage le plus honteux et le plus dur, que ces demoiselles-là font leur chemin (…)
Sade, Justine…, t. I, p.12.
6 (…) une telle discussion serait ici, d'ailleurs, trop délicate et trop épineuse pour que je l'aborde de près ou de loin.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. III, p. 294.
7 Placée sur la ligne médiane comme le corps (vertébral), l'apophyse épineuse se dirige directement en arrière, sous la forme d'une longue épine, d'où le nom qui lui a été donné.
L. Testut, Traité d'Anatomie, t. I, p. 54.
❖
CONTR. Inerme. — Facile.
COMP. Sous-épineux.
Encyclopédie Universelle. 2012.