facile [ fasil ] adj.
• 1441; lat. facilis « qui se fait aisément », de facere
1 ♦ Qui se fait, qui s'obtient sans peine, sans effort. ⇒ aisé, 1. commode, élémentaire, enfantin, simple; et aussi faisable, possible. Affaire, opération facile. « La vie humble, aux travaux ennuyeux et faciles » (Verlaine). C'est facile, très facile. ⇒fam. fastoche (cf. C'est l'enfance de l'art; c'est un jeu d'enfant; fam. c'est du billard; c'est du gâteau). Facile comme bonjour, facile comme tout : très facile. Il est d'un abord facile. Avoir la parole facile, la prendre volontiers et bien s'exprimer. — (Avec un inf. sujet) « Bavarder est facile. Vaticiner et ennuyer l'est également » (Léautaud). — Impers. Il est facile de refuser (cf. Il n'y a qu'à).
♢ FACILE À, POUR (QQN). « Il m'est, disait-elle, facile D'élever des poulets » (La Fontaine). La chose est facile pour un homme de sa trempe (cf. C'est un jeu pour lui).
♢ Par ext. Avoir la vie facile, agréable, sans souci.
2 ♦ FACILE À (et inf.) :qui ne demande pas d'effort pour être (fait, etc.). Chose facile à faire, à réussir. Cela est plus facile à dire qu'à faire, et ellipt facile à dire ! (cf. Cela est vite dit). Chose facile à comprendre, claire, compréhensible, intelligible, simple. Logiciel facile à utiliser. ⇒ convivial. Laissez-vous « promener par la bonne étoile. Son conseil est facile à suivre » (Louÿs). — Ellipt Problème, calcul facile (à résoudre). ⇒fam. fastoche. Texte, auteur facile (à comprendre).— (Personnes ) Un homme facile à contenter, à satisfaire, que l'on contente facilement. Facile à vivre : dont l'humeur est accommodante, égale (cf. ci-dessous, 5o). — Vx Mirabeau, « sensible à l'amitié, facile à pardonner les offenses » (Chateaubriand).
3 ♦ (XVIIe) Qui semble avoir été fait, composé sans effort, sans peine; qui ne sent pas la gêne. Style facile. ⇒ aisé, 1. coulant. « Si l'élégance a toujours l'air facile, tout ce qui est facile et naturel n'est pas élégant » (Voltaire).
♢ Péj. Sans profondeur, sans recherche. C'est une raillerie un peu facile. « Je hais l'esprit satirique comme étant le plus petit, le plus commun et le plus facile de tous » (Chateaubriand). Son raisonnement est un peu facile. Musique facile.
4 ♦ (Personnes) Vieilli Qui fait, qui exécute sans peine. ⇒ habile. « Fénelon est un esprit facile et jaillissant » (Lanson).
5 ♦ (1636) (Personnes) Qui se prête sans peine à ce qu'on attend de lui; qui supporte facilement. ⇒ accommodant, arrangeant, complaisant, conciliant, doux, malléable, tolérant. Un enfant facile. ⇒ docile. Il n'est pas facile avec ses subordonnés. ⇒ 1. commode. — Par ext. Caractère, humeur facile, aimable. — Spécialt (1761) Vieilli En parlant d'une femme, Qui accepte facilement des relations sexuelles. ⇒ léger. Femme, fille facile.
6 ♦ Adv. Fam. Pour le moins. Pour y aller, il faut trois heures facile.
⊗ CONTR. Difficile, incommode. Maladroit; profond, recherché. Emprunté, inhabile. Âpre, chicaneur, dur, exigeant , 1. ferme, inabordable; 2. farouche.
● facile adjectif (latin facilis) Qui se fait sans effort, qui ne présente aucune difficulté ; simple, aisé : Travail facile à faire. Ville d'accès facile. Qui se prête aisément à une action : Vêtement facile à entretenir. Qui n'exige aucun effort, aucune recherche : Plaisanterie facile. Qui a des rapports simples avec autrui, qui montre peu d'exigence ou de sévérité : Il n'est pas facile avec ses subordonnés. Avec qui il est aisé de vivre ; se dit en particulier d'un enfant obéissant, qu'on élève facilement. Se dit d'une femme qui accepte sans difficulté les aventures amoureuses. Se dit d'un état, d'une situation sans complexité : Il a eu une vie facile sans souci financier. ● facile (difficultés) adjectif (latin facilis) Construction Facile de / facile à. 1. C'est facile de, il est facile de (+ infinitif) : c'est facile de dire qu'on savait (= dire qu'on savait est facile) ; il est facile de se tromper (= se tromper est facile). 2. Facile à (+ infinitif), se rapportant à un nom : un plat facile à réussir ; une personne facile à satisfaire. ● facile (expressions) adjectif (latin facilis) Avoir quelque chose facile, être toujours prêt à l'utiliser, à le faire spontanément, rapidement : Il a l'argent facile. Avoir la gâchette facile. Auteur facile, dont la lecture n'offre pas d'obstacle. (C'est) facile à dire, c'est plus facile à dire qu'à faire. Familier. Facile comme bonjour, facile comme tout, très facile à faire. ● facile (synonymes) adjectif (latin facilis) Qui se fait sans effort, qui ne présente aucune difficulté ;...
Synonymes :
- enfantin
Contraires :
- dur
- pénible
Qui se prête aisément à une action
Synonymes :
- commode
- pratique
Qui n'exige aucun effort, aucune recherche
Synonymes :
- clair
- compréhensible
- limpide
- simple
Contraires :
- complexe
- confus
- hermétique
- incompréhensible
- malaisé
- obscur
- sibyllin
Qui a des rapports simples avec autrui, qui montre peu...
Synonymes :
- coulant (familier)
- tolérant
Contraires :
- coriace (familier)
- exigeant
- ferme
● facile
adverbe
Familier. Pour le moins : Elle a cinquante ans facile.
facile
adj.
d1./d Qui se fait sans peine. Un exercice facile.
d2./d Qui paraît avoir été fait, obtenu, sans difficulté. Un style facile. Avoir la parole facile.
|| Péjor. Une plaisanterie facile.
d3./d (Personnes) Qui se laisse mener aisément. Un enfant facile.
— Par ext. Un caractère facile.
|| Spécial. Une femme facile, dont on obtient sans peine les faveurs.
⇒FACILE, adj.
A.— 1. Qui se fait sans effort, sans peine. Créer, détruire, ce sont les deux ravissements de l'enfance : créer est long; détruire est court, facile (MICHELET, Oiseau, 1856, p. 307). Combattre ces préjugés n'est pas chose facile; mais c'est faire œuvre très utile (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 52) :
• 1. Ce n'est pas la première fois que je bute devant un diagnostic... facile — oui, c'était un diagnostic très facile, en somme, un cas classique nettement caractérisé...
MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 756.
SYNT. Métier, travail, tâche facile; calcul, opération, version facile.
♦ Impers. Il est plus facile de mourir pour la femme qu'on aime que de vivre avec elle (MAUROIS, Silences Bramble, 1918, p. 77). C'est facile de vouloir aller rejoindre le maquis, mais le maquis ne voudrait peut-être pas de lui (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 280).
[Pour marquer la désapprobation] Il est trop facile de raisonner bien quand on n'a rien à gagner ni à perdre (ALAIN, Propos, 1926, p. 686). Ne renverse pas les rôles. Il est trop facile de refuser de comprendre (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 51).
♦ Expr. C'est facile comme bonjour, c'est facile comme tout. C'est trop facile!
— En partic.
♦ Un parcours facile, une montagne d'accès facile. Qui n'offre pas d'obstacle. Nous sommes descendus par un chemin facile et très frayé qui serpente sur cette charmante côte (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 193). De vastes plaines crayeuses, faiblement ondulées, aux horizons étendus, d'un parcours très facile (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 98). La forêt s'éclaircissait un peu, la route devenait plus facile, quoique glissante (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1659).
Au fig. Personne d'accès facile/de facile accès. Cf. accès1 ex. 26 et 27.
♦ Qui ne donne pas de soucis, qui demande peu d'efforts. Époque facile; avoir la vie facile; avoir des débuts faciles. Sabine (...) pensait à son existence dolente et facile, à ses puériles angoisses, au plaisir que lui donnaient le confort et le repos, à ses contentements de vanité (NOAILLES, Nouv. espér., 1903, p. 42) :
• 2. Coucher de soleil. Grenadine. L'heure était facile comme l'asphalte. Un apaisement tombait, malgré la brûlure des amers.
MORAND, Ouv. la nuit, 1922, p. 175.
— Locutions
♦ Avoir l'étonnement, le rire, la larme facile, etc. S'étonner, rire, pleurer aisément. De La Hourmerie avait l'agacement facile. Il eut un geste impatienté (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 3e tabl., I, p. 96). Je suis un vieux soldat (...) c'est-à-dire un homme ayant la claque facile pour les petits jeunes gens impertinents (BLOY, Journal, 1901, p. 64) :
• 3. Il avait donc pleuré, et assez longuement, à cause de la peine qu'il causait à un être qu'il n'aimait que jusqu'à un certain point! Il en conclut qu'il avait la larme facile, ce que d'ailleurs il n'ignorait pas.
MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1306.
♦ Avoir l'argent facile. Donner de l'argent aisément, être toujours prêt à payer. Byron avait le ducat facile (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 246). Bientôt il fut très populaire, d'autant plus qu'il avait toujours la main à la poche, avait l'argent facile (CENDRARS, Main coupée, 1946, p. 207).
♦ Avoir le travail facile. Travailler avec aisance, vite et bien (cf. Ac.).
♦ Fam. Avoir la gâchette facile. ,,Être porté à faire usage d'une arme à feu`` (Lar. Lang. fr.).
2. Emploi subst. masc. avec valeur de neutre. Ce qui se fait sans effort, sans peine. Le facile est lié à l'absence ou mieux à la cessation de l'obstacle ou de l'entrave (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 107). Les nations modernes courent au plus pressé et au plus facile (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 343).
B.— Qui a de l'aisance; où l'on ne sent aucune gêne, libre, dégagé. Une démarche facile; des gestes, des mouvements faciles. Peyrony développe une foulée longue et facile (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 314). Mon rapport avec les femmes était naturel, aisé, facile comme on dit. Il n'y entrait pas de ruse ou seulement celle, ostensible, qu'elles considèrent comme un hommage (CAMUS, Chute, 1956, p. 1503) :
• 4. ... Delestang, attaquant la polka, se mit à tourner la manivelle. Mais c'était autre chose. Il n'avait pas le jeu souple, le tour de poignet facile et moelleux du chambellan.
ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 172.
♦ Loc. Avoir la parole, l'élocution, la plume facile. Parler, écrire avec aisance :
• 5. Il [M. de Pontmartin] avait la plume facile, distinguée, élégante, de cette élégance courante, qui ne se donne pas le temps d'approfondir...
SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 3.
— En partic.
) Vieilli. Qui produit, qui exécute sans effort, sans peine. Un esprit, un génie facile :
• 6. ... plus d'un écrivain qu'on lit non sans plaisir et qui vous paraît facile, vous avouera, s'il l'ose, qu'il corrige, qu'il rature et qu'il recopie beaucoup.
SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t. 2, 1869, p. 203.
♦ [P. méton. du déterminé] Un crayon, un pinceau, un ciseau facile (Ac.). Crois-tu que les grandes œuvres naissent des plumes faciles? (SARTRE, Mots, 1964, p. 155) :
• 7. ... il arrive (...) qu'un modèle est plus clairement exprimé par le pinceau abondant et facile d'un coloriste que par le crayon d'un dessinateur.
BAUDEL., Salon, 1846, p. 159.
) Qui donne l'impression d'avoir été fait sans effort, sans peine. Un style naturel et facile. La musique de ce compositeur est facile (Ac.). L'art de faire difficilement des vers faciles (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 37) :
• 8. ... le public (...) s'imagine peut-être que peinture abstraite est synonyme de peinture facile. Il ne se doute pas que (...) la complication de la technique est en raison directe des sacrifices naturalistes.
LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 68.
C.— Péj. Qui ne demande pas assez d'effort, de peine pour être de qualité; qui est fait sans recherche ou qui manque de subtilité. Argument, jeu de mots, plaisanterie facile. La littérature facile (Ac. 1932). Tu abuses toujours des effets les plus faciles, cet œil qui grossit comme un boulet de verre tricolore, le nez ravagé par le phylloxéra (CLAUDEL, Protée, 1927, I, 4, p. 369) :
• 9. Une armée de fonctionnaires (...) assidus en dépit de quelques exceptions (...), de quelques occupants de sinécure, cibles de brocards faciles...
ARNOUX, Roi, 1956, p. 324.
D.— 1. Facile à + inf.
a) Qui se prête aisément à subir l'action exprimée par l'infinitif. Problème facile à résoudre. Cette phrase, ce passage est facile à traduire (Ac.). J'en suis venu à aimer les livres très courts, faciles à lire, d'une impression large, pleine d'éclaircies (RENARD, Journal, 1890, p. 52). Facile à conduire, mais sujet aux paniques, prompt aux débandades, ce troupeau soutient mollement les chefs, qu'il lâche aux tournants de la route (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 243) :
• 10. ... deux équipes sont là. Entre elles, le rapport apparent des forces est facile à établir. D'un côté, tout; de l'autre, rien.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 104.
Rem. L'inf. introduit par à est parfois sous-entendu. Cible facile (à atteindre). Sortie sur un petit escalier, portes battantes assourdies, serrures faciles, gonds discrets (BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 608).
♦ Loc. (Personne) facile à vivre. (Personne) dont le caractère est conciliant, accommodant. Vous avez un très bon caractère et vous êtes très facile à vivre (FRANCE, Vie littér., 1888, p. 11).
— [Pour marquer la désapprobation] C'est facile à dire; cela est plus facile à dire qu'à faire. Le médecin (...) a encore insisté pour qu'on m'envoye à la campagne... C'était bien facile à dire, mais on avait pas les moyens (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 111). Calmez-vous, calmez-vous! C'est facile à dire! (CAMUS, Cas intéress., 1955, 5e tabl., p. 651).
b) Qui est naturellement porté à :
• 11. Il est pour les âmes faciles à s'épanouir une heure délicieuse qui survient au moment où la nuit n'est pas encore et où le jour n'est plus...
BALZAC, Bourse, 1832, p. 391.
2. Facile à + subst.
a) Enclin à. Sa mélancolie n'avait rien d'atrabilaire, douce plutôt et facile aux attendrissements (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 132). Tous les hommes sont faciles au crime et retombent de nature dans le mal (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 152).
b) Sujet à, exposé à. Pendant la période apyrexique, Harbert demeurait comme brisé, ayant la tête lourde et facile aux étourdissements (VERNE, Île myst., 1874, p. 508).
E.— 1. Que l'on obtient, que l'on acquiert sans effort, sans peine.
♦ [En parlant d'une chose concr.] Après une jeunesse si pauvre, j'éprouve une espèce d'ahurissement devant le facile et abondant argent qui me tombe entre mes mains (GONCOURT, Journal, 1892, p. 327) :
• 12. Des volontaires sans discipline ne font pas vingt-cinq lieues à pied avec armes et bagages en huit jours, dans un pays où le vin est facile...
GIONO, Bonh. fou, 1957, p. 309.
♦ [En parlant d'une chose abstr.] Gloire facile; remporter une victoire facile. J'avais l'orgueil de ma candeur, de mon inexpérience, de ma facile égalité d'âme (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 411) :
• 13. Les chaleurs débilitantes de l'été énervent les vices eux-mêmes. Dans ces climats privilégiés, la vertu est aussi facile que la sobriété.
ABOUT, Grèce, 1854, p. 207.
— Spéc. Qui peut être assumé aisément. Morale facile. La religion chez eux, douce et facile, n'y est pas, comme partout ailleurs, une sorte de gêne, une source de discordes (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 75). La religion trop facile et trop séduisante que notre mère faisait aimer au lieu de la faire redouter de ses filles (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 71).
2. Qui se prête à être saisi sans peine par l'esprit, qui se comprend aisément. Cet auteur (...) n'est pas facile (Ac.). Il ne reste, pour juillet, à l'oral, que de l'anglais, du français et un texte facile dans une deuxième langue (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 221) :
• 14. Si bonne-maman trichait aux cartes pour me faire gagner, si tante Lili me proposait une devinette trop facile, j'entrais en transes.
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 17.
F.— Sociable, arrangeant, accommodant. Un homme de caractère facile. Il est toujours de bonne humeur. Il est facile, jovial (MÉRIMÉE, Théâtre C. Gazul, 1825, p. 342). François Ier. Ce roi chevalier, de sang chaud et de mince cervelle, bon compagnon, facile avec les siens (FRANCE, Génie lat., 1909, p. 14) :
• 15. ... les gens bien élevés et très vicieux (...) ayant des crimes à racheter, (...) sollicitent par provision l'indulgence en se montrant faciles avec les défauts de leurs juges...
BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 45.
♦ Facile en. Tout le monde sait parfaitement que si ces gens-là travaillent dur, ils ne sont pas faciles en affaires (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1085).
— Vieilli. Qui accorde aisément ce que l'on attend de lui. C'est un homme trop facile, on lui fait faire tout ce qu'on veut (Ac.). Ce bon et trop facile Porsenna (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 83) :
• 16. J'ai vu des gens assez bêtes et assez faciles pour se laisser persuader qu'ils n'aiment pas une chose qu'ils aiment.
VALÉRY, Tel quel I, 1941, p. 86.
♦ Femme facile. Dont on obtient sans peine les faveurs. Le gros Hornsby, séducteur pour bonniches faciles (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 223).
P. méton. Il essaya même de courtiser la jeune femme; il connaissait vaguement l'histoire de ses secrètes amours, ce qui la lui faisait juger de vertu facile (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 120).
Rem. On relève ds la lang. pop et arg. un emploi adv. avec le sens de « facilement ». Un petit coup fourré (...) qu'on croyait écraser facile (SIMONIN, Cave se rebiffe, 1954, p. 170).
Prononc. et Orth. :[fasil]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1441 « dont l'exécution, la réalisation n'offrent pas d'obstacles » (Livre de la vie active, ap. COYECQUE, Hôtel-Dieu de Paris, I, 79 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 694); 1559 « qui se prête sans peine à quelque chose » facile à pardonner (AMYOT, Pyrrhus, 17 ds LITTRÉ); 1613 « qui crée, produit sans peine » (RÉGNIER, Sat. IX ds LITTRÉ). Empr. au lat. class. facilis « qui se fait aisément; qui fait facilement; d'humeur facile ». Fréq. abs. littér. :7 175. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 10 599, b) 9 478; XXe s. : a) 8 008, b) 11 576. Bbg. DE GOROG (R.). The Concepts difficult and easy in Old French. In : [Mélanges Pei (M.A.)]. Chapel Hill, 1972, pp. 115-126. — GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 219, 231. — KAYNE (R. S.). Synt. du fr. Paris, 1977, pp. 315-319.
facile [fasil] adj.
ÉTYM. 1441; lat. facilis « qui se fait aisément », de facere « faire ».
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1 Qui se fait, qui s'obtient sans peine, sans effort. ⇒ Aisé, commode, élémentaire, enfantin, simple; et aussi faisable, possible. || Affaire, opération, travail facile. || Réussite, victoire facile (→ Dédaigner, cit. 6). || C'est facile, très facile. → Ce n'est pas une affaire; c'est un jeu d'enfant; et fam., c'est du billard; c'est du gâteau, de la tarte; ce n'est pas la mort d'un homme; cela ne fait pas un pli; cela marche comme sur des roulettes; cela va tout seul; sur le velours. ☑ Facile comme bonjour, facile comme tout : très facile. || Croire que tout est facile (→ Étourneau, cit. 3). || L'application de cette mesure serait des plus faciles (→ Établir, cit. 22). — Lieu d'accès, d'abord facile. ⇒ Abordable, accessible, dégagé. || Un homme de facile accès, qu'il est aisé d'aborder. || Personne d'un commerce facile. — ☑ Loc. Avoir le travail facile : travailler sans effort, sans peine. ☑ Avoir la plume facile : rédiger sans effort. — ☑ Fam. Avoir la gâchette facile : être porté à utiliser les armes à feu. ☑ Avoir les larmes faciles : pleurer facilement. — ☑ Avoir l'argent facile : être toujours prêt à dépenser. — Par ext. || Existence, vie facile. ⇒ Agréable.
1 Le prince doit, par sa constance et par sa fermeté, rendre aisé et facile l'exercice de la justice.
2 Agatharque se vantait d'avoir le travail facile, et de finir promptement ses tableaux.
P.-L. Courier, Lettres, II, 339.
3 La vie humble, aux travaux ennuyeux et faciles,
Est une œuvre de choix qui veut beaucoup d'amour.
Verlaine, Sagesse, I, VIII.
♦ (Avec un inf. sujet). || Faire cela est facile.
4 Bavarder est facile. Vaticiner et ennuyer l'est également.
Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, XLII, p. 234.
5 Vaincre des êtres et les conduire au désespoir est facile.
A. Maurois, Climats, XXII.
♦ Impers. || Il est facile, il lui est facile de faire cela (→ Bannissement, cit. 3; élever, cit. 37).
6 (…) voilà le fait qu'il devrait être facile de saisir, s'il est exact (…)
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 91.
♦ Entreprise, travail facile à qqn, pour qqn. || La chose est facile pour un homme de sa trempe. || Cela lui est bien facile. ⇒ Jeu (c'est un jeu pour lui), portée (c'est à sa portée). — Vx. || Ce qui est facile ou agréable (cit. 17.2) à l'esprit.
7 (…) je ne comprends point comme (…) il aurait le cœur de pouvoir manquer à sa parole. — Je n'ai pas grand-peine à le comprendre, moi; et si tu connaissais le pèlerin, tu trouverais la chose assez facile pour lui.
Molière, Dom Juan, I, 1.
8 Non, je crois tout facile à votre barbarie.
Racine, Bérénice, IV, 5.
9 De ce dépôt sacré tu sais quel est l'asile :
Tu n'es point observé; l'accès t'en est facile.
Voltaire, l'Orphelin de la Chine, I, 6.
10 L'abbé Scholaert (…) peu soucieux de déguiser le rustique accent du Nord qui lui restait de son enfance passée dans la Flandre française (dit :) Ne prononcez pas votre nom. J'aurai plus facile à juger si je ne sais pas votre nom.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VII, XXIV.
2 (XVIIe). Qui semble avoir été fait, composé sans effort, sans peine; qui ne sent pas la gêne. || Des vers faciles. || Style facile. ⇒ Coulant, courant; → Abondant, cit. 7. || « Des mouvements faciles et gracieux » (Académie). || Tout ce qui est facile et naturel n'est pas élégant (→ Élégance, cit. 10). || Musique facile et aimable. — Éloquence, verve facile.
11 (…) Je ne sais si le style
Pourra vous en paraître assez net et facile (…)
Molière, le Misanthrope, I, 2.
12 Facile ne signifie pas seulement une chose aisément faite, mais encore qui paraît l'être (…) Cette facilité en peinture, en musique, en éloquence, en poésie, consiste dans un naturel heureux, qui n'admet aucun tour de recherche, et qui peut se passer de force et de profondeur. Ainsi les tableaux de Paul Véronèse ont un air plus facile et moins fini que ceux de Michel-Ange. Les symphonies de Rameau sont supérieures à celles de Lulli et semblent moins faciles. Bossuet est plus véritablement éloquent et plus facile que Fléchier (…) Le commentateur de Despréaux (Boileau) dit que ce poète exact et laborieux avait appris à l'illustre Racine à faire difficilement des vers et que ceux qui paraissent faciles sont ceux qui ont été faits avec le plus de difficulté.
Voltaire, Dict. philosophique, Facile.
12.1 Ils étaient guidés par un jeune chef à mine intelligente et ouverte, qui, se présentant sous le nom de Séil-kor, nous plongea dans une profonde surprise en opposant à nos premières questions des réponses formulées dans un français facile et correct.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 219-220.
13 Prenez nos auteurs célèbres, vous y trouverez la noblesse, l'énergie, l'éloquence, l'élégance, des portions de sublime; mais ce je ne sais quoi de facile qui se communique à tous les sentiments, à toutes les pensées, et qui gagne jusqu'aux lecteurs, ce facile mêlé de persuasif, vous ne le trouverez guère que chez Fénelon et La Fontaine.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Fénelon, t. II, p. 3.
♦ Péj. Sans profondeur, sans recherche. || C'est une raillerie un peu facile. || Ironie, esprit facile et vulgaire (→ Commun, cit. 19). || Son raisonnement, son argumentation, sa réfutation est un peu facile… || Renoncer aux effets faciles. || Procédé facile. || Littérature, musique facile. || Manifeste contre la littérature facile, de Nisard.
14 Les derniers avis qu'il s'adressa à lui-même, furent de s'exprimer avec élégance; de renoncer aux effets de persuasion facile et à la moindre apparence d'exagération (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXII, p. 172.
3 Vieilli. Qui fait, qui exécute sans peine. ⇒ Habile. || Génie, talent facile. || Esprit facile (→ Adroit, cit. 4). || On disait de même Une plume, un crayon, un pinceau facile.
15 Je n'ai point l'heureux don de ces esprits faciles
Pour qui les doctes sœurs, caressantes, dociles,
Ouvrent tous leurs trésors (…)
J.-B. Rousseau, Ode au comte du Luc.
16 Fénelon est un esprit facile et jaillissant, que ces dons mêmes ont empêché d'être un grand artiste de la prose.
Gustave Lanson, l'Art de la prose, p. 112.
4 Facile à (suivi d'un inf.) : qui se prête sans peine à une action, etc. || Chose facile à faire, à exécuter, à réaliser, à réussir. || Problème facile à résoudre. || Texte facile à traduire. ☑ Cela est facile à dire, plus facile à dire qu'à faire, et, ellipt, facile à dire !, « sorte de reproche que l'on adresse à ceux qui conseillent ce qu'ils ne feraient pas » (Littré). → Cela est bientôt dit, est vite dit. || Chose facile à comprendre. ⇒ Clair, compréhensible, intelligible, simple; → Tomber sous le sens; et aussi aisé, cit. 6; comprendre, cit. 8. || Avis (cit. 28) facile à suivre. || Automobile (cit. 1) facile à conduire. || Animal facile à dresser.
17 Cela vous est bien facile à dire, et vous vous croyez par là dégagé de payer l'amende.
Dancourt, Femme d'intrigues, V, 5.
18 Laissez-vous tenter par la fortune de chaque jour et promener par la bonne étoile. Son conseil est facile à suivre.
Pierre Louÿs, les Aventures du roi Pausole, I, XI.
19 Mais la compensation qu'il exigerait était facile à prévoir.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XI, p. 117.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 60.
♦ Ellipt. || Problème, calcul facile (à résoudre…; fam. fastoche). || Passage, texte, livre; auteur facile (à comprendre). || Raisons simples et faciles (→ Chaîne, cit. 27). || Chemin, trajet facile (à parcourir). → Cours, cit. 1.
♦ (Personnes). || Un homme facile à contenter, à satisfaire, que l'on contente aisément. || Il est facile à convaincre, à tromper (→ Crédulité, cit. 3). || Femme facile à émouvoir (→ 1. Aimant, cit. 1). || Facile à vivre, dont l'humeur est accommodante, égale (→ ci-dessous, 5.). — Ellipt. || Un enfant facile (à élever).
21 Je me sens sur ce point trop facile à confondre (…)
Boileau, Épîtres, VIII.
REM. 1. Le tour un objet facile à se procurer est en général considéré comme fautif, l'infinitif suivant facile à ayant par lui-même une valeur de passif. La forme correcte serait un objet qu'il est facile de se procurer. 2. En parlant des personnes, la langue classique employait facile à pour « déterminé, disposé à » ou encore « apte à, capable, susceptible de » avec un infinitif complément à sens actif. Le dict. de l'Académie (8e éd.) écrit encore « Il ne faut pas être si facile à croire » (art. Croire).
22 Peut-être a-t-il un cœur facile à s'attendrir.
Racine, Phèdre, IV, 5.
23 (…) de véritables gens de bien (…) qui (…) sont faciles à recevoir les impressions qu'on veut leur donner.
Molière, Tartuffe, Préface.
24 Mirabeau était né généreux, sensible à l'amitié, facile à pardonner les offenses.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 224.
5 (1636). Vx ou littér. (Personnes). Qui se prête sans peine à ce qu'on attend de lui; qui supporte facilement. ⇒ Accommodant, arrangeant, commode, complaisant, conciliant, doux, indulgent, malléable, tolérant, traitable, tendre. || Un homme facile. || Il n'est pas facile avec ses subordonnés. || Être facile en affaires. || Un père trop facile (→ Faiblesse, cit. 28, Voltaire).
25 D'une mère facile affectez l'indulgence (…)
Racine, Britannicus, I, 2.
26 (…) l'on désirerait de ceux qui ont un bon cœur qu'ils fussent toujours pliants, faciles, complaisants (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 9.
27 Facile et non pas faible, ardent, plein de génie (…)
Voltaire, la Henriade, VII.
♦ Mod. (Choses). || Caractère, humeur facile (→ Caprice, cit. 5). || Bonté facile.
28 Il connaissait les deux visages de la justice : l'un facile dans le premier abord, l'autre sévère et impitoyable quand il faut conclure.
Bossuet, Oraison funèbre de Michel Le Tellier.
29 Sa facile bonté, sur son front répandue (…)
Racine, Britannicus, V, 3.
♦ Péj. Vieilli. Personnes. ⇒ Débonnaire, faible, mou. || « C'est un homme trop facile; on lui fait faire ce qu'on veut » (Littré).
6 a (1761, in D. D. L.). D'une femme. Qui accepte facilement des relations sexuelles. ⇒ Léger. || Femme, fille facile.
30 (C') est une femme désirable, sûrement sensuelle et presque sûrement facile.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVIII, p. 253.
30.1 Car une femme qui n'est pas facile n'est pas une femme à mes yeux.
Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 78.
b Par ext. || Une conquête facile; des amours faciles.
31 Je me représentais amèrement la vie que j'avais menée depuis sa mort, me reprochant, non de l'avoir oubliée, ce qui n'était point arrivé, mais d'avoir, en de faciles amours, fait outrage à sa mémoire.
Nerval, Aurélia, I, IX.
7 Sans exigence sur le plan moral. || Une morale facile. ⇒ Élastique.
32 La morale facile est la mort de la morale.
André Suarès, Trois hommes, « Pascal », II.
B Adv. Fam. Pour le moins. || Il faut deux heures facile pour y aller. ⇒ Facilement (2.). — Sans peine. || Tu penses faire le trajet en deux heures ? Facile ! → À l'aise !
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CONTR. Difficile, incommode, insurmontable. — Maladroit; profond, recherché. — Emprunté, inhabile. — Anguleux, âpre, chicaneur, difficultueux, dur, exigeant, ferme, inabordable.
DÉR. Facilement. — V. Facilité, faciliter.
Encyclopédie Universelle. 2012.