érotisme [ erɔtism ] n. m.
• 1794; de érotique
1 ♦ Goût marqué pour le plaisir sexuel. ⇒ sensualité.
2 ♦ Caractère érotique, tendance érotique. L'érotisme d'une pose, d'une tenue.
3 ♦ Caractère de ce qui a l'amour physique pour thème. L'érotisme dans l'œuvre de Baudelaire, de Verlaine. Érotisme d'un film, d'une revue. Érotisme et pornographie.
4 ♦ Mode de plaisir. Érotisme anal. Érotisme sadomasochiste.
● érotisme nom masculin (de érotique) Description et exaltation par la littérature, l'art, le cinéma, etc., de l'amour sensuel, de la sexualité. Caractère érotique de quelque chose, de quelqu'un ; évocation de l'amour sensuel : L'érotisme de certains poèmes de Baudelaire. Recherche psychologique et physiologique de l'attraction et de l'excitation sexuelles. ● érotisme (citations) nom masculin (de érotique) Georges Bataille Billom 1897-Paris 1962 L'érotisme est l'approbation de la vie jusque dans la mort. La Littérature et le mal Gallimard Simone de Beauvoir Paris 1908-Paris 1986 […] L'érotisme implique une revendication de l'instant contre le temps, de l'individu contre la collectivité. Le Deuxième Sexe, tome I Gallimard Julien Green Paris 1900-Paris 1998 Académie française, 1971 L'aboutissement normal de l'érotisme est l'assassinat. Journal Plon André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 L'érotisme, c'est l'humiliation en soi ou chez l'autre, peut-être chez tous les deux. La Condition humaine Gallimard
érotisme
n. m.
d1./d Caractère de ce qui est érotique. L'érotisme d'un roman.
d2./d L'amour et la sexualité pris comme objets d'étude ou comme thèmes artistiques, littéraires.
⇒ÉROTISME, subst. masc.
A.— Vieilli. Impulsion à aimer, tendance vive à l'amour. L'énergie amoureuse :« vulgo » érotisme (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 155). Cf. amour, ex. 228 :
• 1. J'ai découvert, chez cet homme tendre et rieur, le secret d'un érotisme spacieux qui trouvait ses meilleures satisfactions hors de la réalité. (...) ses plaisirs d'amour ne ressemblaient en rien à ces félicités rationnelles que les amateurs d'hygiène morale exaltent avec une liberté austère ...
AYMÉ, Jument, 1933, p. 63.
B.— Usuel. [Avec une idée explicite de sensualité ou de sexualité]
1. Tendance plus ou moins prononcée à l'amour (sensuel, sexuel), goût plus ou moins marqué pour les plaisirs de la chair. Vers les débuts du mois nous passions par une brève et vraie crise d'érotisme, tout l'hôtel en vibrait (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 442). L'érotisme porte un élan et un mystère qui l'ont toujours associé dans de troubles combinaisons aux formes mal dégrossies du sentiment religieux (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 739) :
• 2. ... je reproche à Maupassant son manque de sérieux dans le domaine de l'amour physique qu'il confond souvent avec la gaudriole. Miller a vu plus juste. L'érotisme est sérieux, parfois même tragique.
GREEN, Journal, 1950-54, p. 244.
— En partic. [L'érotisme en tant que valeur, thème de prédilection (dans les représentations d'un individu, d'une collectivité, d'une époque)] Vague d'érotisme. Flânez dans une foire : les attractions proposent (...) l'éveil des sentiments les plus élémentaires, les plus proches du réflexe organique : l'érotisme ou la peur. Fait divers terrorisant et sex-appeal sont devenus les deux ressorts de l'attention publique (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 52). L'érotisme coule à pleins bords aujourd'hui. Il crie, il hurle dans toutes les rues, par mille affiches (MAURIAC, Nouv. Bloc-notes, 1961, p. 142).
2. P. méton. Façon de manifester cette tendance, d'exprimer, de satisfaire, de susciter ce goût; manière particulière d'assumer sa vie amoureuse, notamment de faire l'amour. Elle affirmait que l'érotisme de beaucoup de femmes consistait à se mettre nues devant un homme choisi, et ne jouait pleinement qu'une fois (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 264). Les histoires de Pauliet me semblaient intéressantes dans la mesure où elles m'aidaient, en favorisant pour moi l'invention de formes d'érotisme que Pauliet ne pouvait pas soupçonner (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 219). J'ai suivi la caravane sans rechigner et retrouve mon petit appartement de célibataire (...) mon érotisme rare, ponctuel et tarifé (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 190).
Rem. ,,L'érotisme se distingue parfois mal de la pornographie, et il embarrasse ainsi les censeurs. Pourtant, il nuance le but commun, procurer le plaisir génital, en l'enveloppant d'esthétique, en suggérant plus qu'il n'impose. Entre ce raffinement et la brutale obscénité, la différence est aussi grande, a-t-on pu écrire, qu'entre un vin de grand cru et un autre très épais`` (BERTR.-LAPIE 1970).
— En partic. Caractère érotique de ce qui a pour thème, pour inspiration, l'amour charnel. L'érotisme cinématographique. Les sentimentalités de Greuze, (...) l'érotisme de Fragonard (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p. 40). Le leitmotiv (...) [chez Massenet] qui teinte la musique d'un érotisme exaspéré (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 159) :
• 3. Elle ne rit plus, elle s'abandonne à la langueur de la danse, le visage aussi fermé que celui de l'amour. Elle est quelquefois tout près de mes mains, puis se dérobe d'un coup de hanche. C'est d'un érotisme à la fois sauvage et savant.
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 110.
3. Spécialement
a) MÉD., PATHOL. Penchant maladif à l'amour charnel, obsession du plaisir physique. Un outrage aux mœurs : exhibitionnisme, tentative de viol, érotisme cynique (CODET, Psych., 1926, p. 86) :
• 4. ... un ancien noceur, à présent un fou érotique, vit dans une maison de campagne, dont sa femme s'est sauvée, parce que son amour l'aurait tuée. L'érotisme a fait naître chez lui, pour ainsi dire, un sixième sens : la perception de la femme, et de la femme invisible, par les atomes amoureux qu'elle dégage.
DE GONCOURT, Journal, 1895, p. 848.
b) PSYCHANAL. [Gén. avec un qualificatif] Aptitude à éprouver des sensations de plaisir érotique (sensuel, sexuel), (mode de) satisfaction libidinale propre aux zones érogènes, à certaines fonctions vitales. Érotisme buccal, génital, musculaire, urétral, urinaire :
• 5. De seize à dix-huit mois se déroule [chez l'enfant] une série de phases prégénitales dont la principale est la phase anale-sadique. Elle est marquée par l'apparition de l'« érotisme » anal, jouissance anormale accompagnant la défécation, qui engage parfois l'enfant à « se retenir » pour prolonger le plaisir.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 142.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1794 « désir amoureux » (Restif de la Bretonne. Arveiller, in Mél. Gamillscheg, 1968, 28-29). Dér. du rad. de érotique; suff. -isme. Fréq. abs. littér. :76. Bbg.— JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. de Philol. fr. et de Litt. 1915-1916, p. 64. — Mots dans le vent. Vie Lang. 1969, p. 697. — QUEM. DDL t. 1, 6.
érotisme [eʀɔtism] n. m.
ÉTYM. 1794, Restif de la Bretonne; de érotique.
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1 Ce qui a trait à l'amour physique, au désir et au plaisir sexuels. ⇒ Sexualité; génitalité. || Érotisme anal, urétral, buccal.
1 De l'érotisme, il est possible de dire qu'il est l'approbation de la vie jusque dans la mort. À proprement parler, ce n'est pas une définition, mais je pense que cette formule donne le sens de l'érotisme mieux qu'une autre. S'il s'agissait de définition précise, il faudrait certainement partir de l'activité sexuelle de reproduction dont l'érotisme est une forme particulière. L'activité sexuelle de reproduction est commune aux animaux sexués et aux hommes, mais apparemment les hommes seuls ont fait de leur activité sexuelle une activité érotique, ce qui différencie l'érotisme et l'activité sexuelle simple (…)
Georges Bataille, l'Érotisme, p. 15.
2 Le strip-tease — du moins le strip-tease parisien — est fondé sur une contradiction : désexualiser la femme dans le moment même où on la dénude. On peut donc dire qu'il s'agit en un sens d'un spectacle de la peur, ou plutôt du « Fais-moi peur », comme si l'érotisme restait ici une sorte de terreur délicieuse, dont il suffit d'annoncer les signes rituels pour provoquer à la fois l'idée de sexe et sa conjuration.
R. Barthes, Mythologies, p. 147.
2 Caractère érotique, tendance érotique. || L'érotisme d'une situation. || Crise, vague d'érotisme. — L'érotisme d'une personne. ⇒ Sensualité. || Un érotisme discret, agressif.
3 Fait d'avoir l'amour physique pour thème, pour inspiration. — Caractère de qui a l'amour physique pour thème. || L'érotisme dans l'œuvre de Baudelaire, de Verlaine. || L'érotisme de Fragonard. || L'érotisme d'un film, d'une revue. || Érotisme et pornographie. || Les démangeaisons polémistes (cit. 2) chez le vieillard me paraissent une des formes de l'érotisme.
3 (…) on aurait voulu aussi que, sans renoncer à aucune hardiesse, à aucun droit de l'artiste sincère, il (l'auteur de Madame Bovary) purgeât son œuvre prochaine de tout soupçon d'érotisme (…)
Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, 8 déc. 1862, t. IV, p. 32.
4 Vx. Psychiatrie. Goût excessif ou pathologique pour les choses sexuelles.
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COMP. Auto-érotisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.