Akademik

errer

errer [ ere ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1283; erroïer, erroër,XIIe; lat. errare
IVx ou littér. S'écarter, s'éloigner de la vérité. s'égarer, se tromper; erreur, erroné. « On le [Hugo] voit errer, sans doute en politique [...] Mais littérairement, il ne se trompe pas » (Henriot ). II(par confus. de errer (I), et de l'a. fr. errer « voyager » 1. errant, errements)
1Aller de côté et d'autre, au hasard, à l'aventure. déambuler, divaguer, flâner, vadrouiller, vaguer. Mendiant, rôdeur, vagabond qui erre sur les chemins. rôder, traîner, vagabonder. « Voyager pour voyager, c'est errer, être vagabond » (Rousseau). « J'errai un moment parmi les grands corridors tout noirs, tâtant les murs pour essayer de retrouver mon chemin » (A. Daudet). Errer comme une âme en peine. Par métaph. La vérité « erre inconnue parmi les hommes » (Pascal). Laisser errer sa plume : se laisser aller à écrire sans contrainte.
2Fig. Se manifester çà et là, ou fugitivement. 1. flotter, passer, se promener. Regards qui errent sur divers objets. Un sourire errait sur ses lèvres.
⊗ CONTR. Arrêter (s'), diriger (se). ⊗ HOM. Airer.

errer verbe intransitif (latin errare) Aller çà et là, à l'aventure, sans but précis ; rôder : Vagabond qui erre la nuit. Être égaré et aller sans direction précise en cherchant son chemin : Il errait dans ce labyrinthe de ruelles. Aller sans direction précise, ou se manifester de façon fugitive, imprécise : Laisser errer son imagination. Littéraire. Tomber dans l'erreur, se tromper : Errer dans ses calculs.errer (citations) verbe intransitif (latin errare) Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire Rome 1880-Paris 1918 Je chante la joie d'errer et le plaisir d'en mourir. Calligrammes, le Musicien de Saint-Merry Gallimarderrer (homonymes) verbe intransitif (latin errare) airer verbeerrer (synonymes) verbe intransitif (latin errare) Aller çà et là, à l'aventure, sans but précis ; rôder
Synonymes :
- déambuler
- flâner
- musarder
- rôder
- traînasser
- traîner
- vadrouiller (populaire)
- vagabonder
Être égaré et aller sans direction précise en cherchant son...
Synonymes :
- aller
- se perdre
- s'égarer

errer
v. intr.
d1./d Marcher longuement, au hasard, sans but précis. Errer dans une forêt.
|| Fig. Laisser errer ses pensées.
d2./d Vx litt. Se tromper.

⇒ERRER, verbe intrans.
A.— Vx, littér. Commettre une erreur, se tromper. Il faut donc savoir trancher les questions, même au risque d'errer (C. BERNARD, Introd. ét. méd. exp., 1865, p. 65). Errer étant humain, faillir est véniel (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 816) :
1. Il n'est pas vrai que, pour être dans l'église, il faille nécessairement être en communion de foi avec le pontife romain; et les conciles œcuméniques qui ont défini le contraire, ont erré...
LAMMENAIS, De la Religion, 1826, p. 180.
B.— Usuel
1. [Le suj. désigne un animé] Aller d'un côté et de l'autre sans but ni direction précise.
a) [En parlant d'un homme, d'un animal ou d'une collectivité] La bête de l'Apocalypse erre maintenant dans la contrée et tout le monde est plein d'agitation (CENDRARS, Or, 1925, p. 190). Geneviève errait dans les champs, sans but (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 61) :
2. D'autres promeneurs couraient, jouaient à travers les avenues, chacun errant à sa guise, conduit seulement par sa libre fantaisie.
ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 103.
Errer après qqc. Mon amour errait après vos pensées (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Bonne chans., 1870, p. 101). J'erre après un rêve vague et beau (MALLARMÉ, Poés., 1898, p. 34).
b) [En parlant d'un attribut de la pers.]
) [d'une partie de sa morphol.] Jeanne ouvrit le piano, laissa errer ses belles mains sur le clavier (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 307). Ses doigts [d'Odette] errent partout sur l'intérieur du meuble (BOURGET, Drame, 1921, p. 29).
) Au fig.
[d'un phénomène lié à l'esprit, à la pensée] Divaguer, progresser sans retenue, sans discipline. La pensée, l'imagination errent. Je laissais ma pensée errer dans les plaines solitaires (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 242). Jordan, les yeux au loin, par une des fenêtres, laissait sa songerie errer sous les grands arbres (ZOLA, Travail, t. 1, 1901, p. 183) :
3. Excusez-moi d'errer si loin de l'objet de cette lettre. J'aurai encore bien des choses à vous dire — mais mon quart de dimanche s'exténue, et demain nul loisir.
VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 96.
Laisser errer sa plume. Donner libre cours à son inspiration. Elle [Alice] (...) laissa errer son crayon, obsédée par la chute musicale de la pluie sur le balcon (COLETTE, Duo, 1934, p. 170).
Laisser errer ses yeux, son regard sur qqc. ou sur qqn. Parcourir quelque chose ou quelqu'un du regard sans fixer son attention quelque part. Les yeux de Cosette erraient vaguement (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 84) :
4. Il ne trouvait aucune parole à prononcer, lui si loquace, et, d'instinct, il ôta devant elle son béret. Ses regards hardis seuls le décelaient, et la jeune fille les sentait errer sur elle et s'attacher à sa figure levée comme une brûlante caresse.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 228.
[d'une manifestation traduisant un état intermédiaire]
♦ [Le suj. désigne un trait de la physionomie : un sourire, une moue] Apparaître brièvement, d'une manière fugace et presque imperceptible. Le sourire des anges tristes errait sur ses lèvres de corail rehaussées par de belles dents (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 30).
♦ [Le suj. désigne une parole] errer sur les lèvres. Être sur le point d'être prononcé sans l'être toutefois. L'aveu a erré sur mes lèvres (COTTIN, C. d'Albe, 1799, p. 163). Yousouf sentit errer sur ses lèvres quelques représentations qu'il lui fut impossible de formuler (NERVAL, Voy. Orient, t. 2, 1851, p. 173).
c) Au fig. Hésiter, tergiverser. ... mais vive La France encore mieux, puisque, sans plus errer, Il faut mourir ou revenir, proie ou convive! (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Chair, Paris, éd. de Cluny, 1896, p. 128). Elle [Ida] continuait (...) d'errer, sans découvrir le prétexte à alléguer (ESTAUNIÉ, Mme Clapain, 1932, p. 237).
2. [Le suj. désigne un inanimé]
a) [Un inanimé mû par un agent extérieur] Être transporté d'un lieu à un autre sans se fixer quelque part.
) [Un inanimé concr.] Les flocons de neige, glissent, errent et flottent (...) À cet ensemencement se mêle une bise forcenée (HUGO, Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 99) :
5. On aperçut la pointe du mât (...). Cette pointe erra au haut des roches, et sembla s'y enfoncer. On ne la vit plus...
HUGO, Homme qui rit, t. 1, 1869 p. 47.
) [Un inanimé du domaine des sens] Aucun blond parfum n'errait (COLETTE, Chéri, 1926, p. 114) :
6. L'officier, impatient, balançait au bout de son bras sa lanterne dont la lumière errait sur d'incompréhensibles décors.
THARAUD, Ville et champs, 1907, p. 55.
b) [Un inanimé inerte] Être disposé çà et là sans ordre ni organisation. Le charme tout lunaire d'un léger édifice errant parmi les oliviers (THARAUD, An prochain, 1924, p. 79) :
7. Sur le manteau de la cheminée erraient un rasoir, une paire de pistolets, une boîte à cigares.
BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 280.
Prononc. et Orth. :[] (j')erre []. Certains dict. mod. tels que BARBEAU-RODHE 1930 et WARN. 1968 donnent, en outre, la var. : [RRe]. Plus récemment DUB. note uniquement une prononc. qui tient compte de l'harmonis. vocalique : [eRRe]. La totalité des dict. plus anc. transcrit [RR]. Cf. FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 2 1787, LAND. 1834, GATTEL 1841, NOD. 1844, LITTRÉ et DG. MART. Comment prononce 1913, p. 298, explique le redoublement de [] ds erroné, errer et erreur par infl. de aberration, errata ou erratique qui sont sav. Enq. : // (il) erre. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Conjug. La prononc. avec [RR] conduit à la confusion entre le prés. et le fut., ainsi qu'entre l'imp. de l'ind. et le cond. prés. : nous errons [RR], nous err(e)rons où le e intérieur est muet [RR]. De même : j'errais [RR], j'err(e)rais [RR]. MART. Comment prononc. conseille de ne pas user du fut. et du conditionnel. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 « aller çà et là, sans but précis » moins prob. « être perplexe » (BEROUL, Tristan, éd. Muret, 612, v. éd. A. Ewert, t. 2, p. 121), rare av. le XVIe s. (AMYOT, Lyc. 3 ds LITTRÉ); 2. 1174-76 « se tromper » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, Saint Thomas, éd. E. Walberg, 4569). Du lat. class. errare « errer, aller çà et là, marcher à l'aventure; faire fausse route, fig. se tromper ». Fréq. abs. littér. : 2 118. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 518, b) 3 040; XXe s. : a) 3 159, b) 2 476. Bbg. GOHIN. 1903, p. 335. — GUIRAUD (P.). Le Champ morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, pp. 96-109. — HAGNAUER (R.). L'Expr. écrite et orale. Paris, 1972, pp. 262-263. — MCMILLAN (D.). Rem. sur esmer-aimer. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1971, t. 9, p. 213.

errer [ɛʀe; eʀe] v. intr.
ÉTYM. V. 1170; aussi erroïer, erroër, XIIe, rare av. XVIe; du lat. errare.
———
I Vx ou littér. S'écarter, s'éloigner de la vérité. Tromper (se); erreur, erroné (→ Aberrer, errare humanum est). || Ne pas prendre le risque d'errer.
1 Si (vous) croyez que le feu soit le grand maître des arts (…) vous errez et vous faites tort (…)
Rabelais, le Quart Livre, p. 57.
2 Très lourdement il errait en cela.
La Fontaine, Contes, II, « Le calendrier des vieillards ».
3 Convaincu que le pape ne peut jamais errer sur quelque matière que ce soit (…)
Racine, Port-Royal.
4 (…) selon lui, l'art ne pouvait trouver mieux, et s'éloigner de ces types divins (des anciens), c'était s'exposer à errer.
Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 359.
5 On le (Hugo) voit errer, sans doute, en politique (…) Mais littérairement, il ne se trompe pas.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 48.
———
II (XVIe; avec infl. de l'anc. v. errer, de iterare; → Errant).
1 Mod. Aller de côté et d'autre, au hasard, à l'aventure, sans direction précise, sans chemin fixé. Aller (aller à l'aventure, aller et venir), badauder (vieilli), battre (l'estrade, le pavé), courir (cit. 59; courir les champs, les rues), déambuler, divaguer, flâner, marcher, promener (se), traînasser, traîner, vadrouiller, vaguer. || Mendiant, rôdeur, vagabond qui erre sur les chemins. Rôder, trimarder (pop.), vagabonder. || Baladin (cit. 4) qui erre de ville en ville. || Errer dans les rues (→ Ambiance, cit. 1), par la ville, aux abords (cit. 3) d'un village. || Errer çà et là, deçà et delà (cit. 8), à travers la campagne, à travers champs. || Errer à pas lents. || Flâneur qui laisse errer ses pas. || Animaux qui errent dans la campagne, dans une prairie (→ Brebis, cit. 2). || Errer après avoir perdu son chemin. Égarer (s'), perdre (se); dévier (de son chemin). || Errer dans un dédale, dans un labyrinthe. || Errer dans la nuit, dans les ténèbres; errer comme une âme en peine. || Il errait dans le bois sans pouvoir s'orienter.Navigateurs qui errent au gré du vent (→ Aborder, cit. 3; aire, cit. 4). || Errer à travers le monde. Rouler (sa bosse), voyager.
6 Tantôt, un livre en main, errant dans les prairies, J'occupe ma raison d'utiles rêveries.
Boileau, Épîtres, VI.
7 Ces hommes autrefois morts au monde erraient par le désert et dans les villes.
Fléchier, Panégyriques, I, p. 391, in Littré.
8 J'errais d'appartements en appartements, te cherchant toujours, et ne te trouvant jamais, mais rencontrant partout un cruel souvenir de ma félicité passée.
Montesquieu, Lettres persanes, III.
9 Voyager pour voyager, c'est errer, être vagabond (…)
Rousseau, Émile, V (→ Voyager).
10 (…) je vais errer dans l'univers sans trouver un lieu pour y poser mon cœur; je vais chercher un asile au monde où je puisse être loin de vous !
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, III, XXVI.
11 Ainsi jadis le vieil Homère
Errait inconnu sur la terre,
Qu'un jour son nom devait remplir.
Hugo, Odes et Ballades, IV, VI, II.
12 J'errai un moment parmi les grands corridors tout noirs, tâtant les murs pour essayer de retrouver mon chemin.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, V.
13 J'ai marché assez furieusement dans les rues, à demi ébloui par les lumières désordonnées, et j'ai erré, comme une pensée brusquement jetée dans le tumulte de la Ville, égaré par le mouvement des êtres et des ombres, confondu volontairement à l'agitation générale et indistincte de la foule dans le soir.
Valéry, Variété V, p. 121.
Par métaphore :
14 Ce n'est point ici le pays de la vérité, elle erre inconnue parmi les hommes.
Pascal, Pensées, XIII, 843.
Fig. (Rare). || Errer après qqch. : poursuivre qqch. sans savoir où il est.
REM. Tous ces emplois, qu'avait déjà le latin errare, se sont développés sous l'influence du verbe errer « voyager », encore en usage au XVIe s. (cf. Huguet). → 1. Errant.
15 Le verbe errer (iterare, de iter), qui est un mot populaire, signifiait jadis « voyager » (…) Mais le français possédait aussi un verbe errer (errare), « se tromper » : errer-voyager a pris le sens d'« aller au hasard », de « se tromper de chemin », et ce sens nouveau est devenu le seul.
F. Brunot et Ch. Bruneau, Précis de grammaire historique, p. 198.
Par ext. (Choses). || Vaisseau qui erre sur les flots.Les mains du pianiste semblaient errer sur le clavier. || Laisser errer sa plume : se laisser aller à écrire sans contrainte.
16 Et la langue en errant sur la joue, et la face,
Plus d'odeurs et de fleurs d'un seul baiser amasse
Que l'Orient n'envoie (…)
Ronsard, Pièces retranchées, Hymne à la nuit, « Odes ».
17 Les nuages erraient dans les souffles des airs (…)
Hugo, la Légende des siècles, XII, V, « Le phare ».
18 Je pensai que la terre était sortie de son orbite et qu'elle errait dans le firmament comme un vaisseau démâté, se rapprochant ou s'éloignant des étoiles qui grandissaient ou diminuaient tour à tour.
Nerval, Aurélia.
19 Ses mains errèrent maladroitement pendant quelques secondes, puis elles rencontrèrent un bois humide, gras, nettement inconnu.
P. Mac Orlan, la Bandera, I, p. 7.
2 Sujet n. de chose. Se manifester çà et là, ou fugitivement. Flotter, passer, promener (se). || Ses regards erraient sur nous. || Un sourire errait sur ses lèvres.Esprit, pensée qui erre à l'aventure, sans se fixer. || Laisser errer sa pensée. Égarer (s'), vagabonder; rêvasser, rêver (→ Dédale, cit. 6). || Esprit inconstant, instable, qui erre d'opinion en opinion. Hésiter, tergiverser.
20 Le bonheur de l'impie est toujours agité,
Il erre à la merci de sa propre inconstance.
Racine, Esther, II, 8.
21 Où allez-vous, cœurs égarés ? quoi ! même pendant la prière, vous laissez errer votre imagination vagabonde ?
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
22 Notre esprit erre sur mille vains objets (…)
Massillon, Mystères, Pentecôte.
23 Ève laissait errer ses yeux sur la nature.
Hugo, la Légende des siècles, II, « Le sacre de la femme », IV.
24 Mais, pendant plusieurs minutes, sa pensée diffuse erra, comme ses regards, sans qu'il pût la fixer.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 35.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
CONTR. Raison (avoir); diriger (se)… — Appesantir (s'), poser (se), reposer (se)…
DÉR. Errance, 2. errant. — V. aussi Erratique, erreur, erroné.

Encyclopédie Universelle. 2012.