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esquiver

esquiver [ ɛskive ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1605; eschiver 1080; repris it. schivare, de schivo « dédaigneux »; germ. °skiuh « farouche », frq. °skiuhjan « craindre »
1Éviter adroitement. échapper (à). « Le boxeur déchaîné saute en arrière, esquive un second coup » (J. Prévost). Absolt Escrimeur qui esquive.
Fig. Chercher à esquiver une obligation. Esquiver une difficulté. se dérober, éluder, escamoter, tourner. Esquiver qqn qu'on ne veut pas voir.
2 S'ESQUIVERv. pron. Se retirer en évitant d'être vu. disparaître, s'échapper, s'enfuir, s'évader, se retirer (cf. Brûler la politesse, filer à l'anglaise, prendre la tangente). Ils se sont esquivés dès qu'ils l'aperçurent.
Fig. Se dérober. Fam. se défiler. « Une secrète réprobation entoure en France celui qui paie l'impôt ou règle la douane sans avoir cherché à s'esquiver » (Siegfried).
⊗ CONTR. Recevoir; accepter, rester.

esquiver verbe transitif (italien schivare ou espagnol esquivar, éviter) Éviter un coup, une attaque avec adresse : Boxeur qui esquive une droite de son adversaire. Se dérober, se soustraire habilement à quelque chose : Esquiver une visite ennuyeuse. Écarter une difficulté, un problème sans les résoudre. ● esquiver (synonymes) verbe transitif (italien schivare ou espagnol esquivar, éviter) Éviter un coup, une attaque avec adresse
Synonymes :
- échapper à
- se garer de
Se dérober, se soustraire habilement à quelque chose
Synonymes :
- se soustraire à
Écarter une difficulté, un problème sans les résoudre.
Synonymes :
- couper à (familier)
- éluder
- escamoter
- se dérober

esquiver
v.
d1./d v. tr. éviter adroitement. Esquiver un coup.
Fig. Esquiver une corvée.
d2./d v. Pron. S'échapper discrètement.

⇒ESQUIVER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Éviter habilement une attaque, un obstacle. Esquiver un choc, un coup, un écueil. Rocambole esquiva l'épée en se jetant de côté, et porta la fameuse botte (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 530). D'une embardée instinctive, Fabrizio avait esquivé les salves (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 238).
[Le compl. désigne une pers.] Éviter de la rencontrer. Mais, entrée seule quelque part pour une visite, au lieu de reprendre ensuite le coin où je l'attendais, elle [madame R] m'esquivait par un autre (SAINTE-BEUVE, Volupté, 1834, p. 240). Il [Bonaparte] s'embarque avec son corps expéditionnaire. En passant, il cueille Malte et les trésors de l'Ordre... Il esquive Nelson qui le cherche fiévreusement et qui arrive trop tard partout (MORAND, Route Indes, 1936, p. 140).
2. Au fig. [Le compl. désigne une notion abstr.] Se soustraire à. Esquiver une corvée, une obligation, un rendez-vous. Faut-il esquiver la réflexion comme une ennemie, au lieu d'y livrer toute son âme? (STAËL, Corinne, t. 1, 1807, p. 22). Plus moyen d'éluder, d'esquiver, d'ajourner la leçon du temps. Il faut bien voir que tout s'en va et qu'on s'en va soi-même (AMIEL, Journal, 1866, p. 474) :
1. Le consciencieux garçon, qui durant des années n'avait pas manqué, même malade, une leçon, ni une répétition d'orchestre, trouvait de mauvais prétextes pour esquiver le travail.
ROLLAND. J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 267.
En emploi abs. J'ai consenti, mais j'ai écrit à M. de Nadaillac pour avoir de suite une entrevue. Je ne veux pas qu'il croie que j'ai esquivé (CONSTANT, Journaux, 1855, p. 446).
Esquiver une difficulté, une question. Y échapper par un faux-fuyant, sans la résoudre. Synon. éluder. Phœbus était enchanté que la première question l'aidât à esquiver la seconde (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 390). La crainte de la vérité fit que le gouvernement de ce Félix Faure, fuyant la preuve, esquiva le débat (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 43) :
2. En ce qui concerne les Lettres, cet enseignement est un monument d'absurdité et d'erreur. Il consiste à fausser l'usage des œuvres et à esquiver tous les problèmes réels des rapports du langage avec les diverses fins qu'il vise à atteindre.
VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 225.
B.— Emploi pronom. réfl. Se retirer discrètement, sans être remarqué. Synon. s'éclipser, filer à l'anglaise, prendre la tangente (fam.). Quand les fontaines de vin, l'illumination et le feu d'artifice seront bien en train, tu t'esquiveras prudemment (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 371). Omer s'esquiva dans le corridor, pour n'être pas vu du visiteur qui sortait (ADAM, Enf. d'Aust., 1902, p. 280) :
3. Nous profitâmes de l'ahurissement qui régnait pour nous esquiver. Nous exécutâmes tous les trois une sortie tout à fait discrète, évitant les convives assoupis et gentiment parsemés autour de l'accordéon de la patronne.
CÉLINE, Voyage, 1932, p. 500.
Rem. On rencontre chez Montherlant la construction s'esquiver de + compl. au sens de « échapper à ». La marquise était sans cesse en train de partir pour la Sologne, prétexte à s'esquiver de tout ce qui l'ennuyait (Célibataires, 1934, p. 871).
Prononc. et Orth. :[], (j')esquive []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1600 esquiver de « faire échapper à » (A. HARDY, Alcée, IV, 4, 1493, éd. E. Stengel, t. 2, p. 273); 1613 intrans. abs. « s'échapper » (RÉGNIER, Sat. 8 ds HUG. : J'esquive doucement et m'en vais à grands pas). Empr., soit à l'esp. esquivar « éviter, rejeter, éluder » (dep. 1330-43, J. Ruiz; déjà en 1250 au part. passé, Poema de Alexandre d'apr. COR.), soit à l'ital. schivare « éviter, fuir » (dep. fin XIVe s., Fioretti de S. Francesco d'apr. DEI) : A. Hardy s'est inspiré aussi bien des auteurs esp. qu'ital. (v. R. Garapon ds Dict. Lettres XVIIe s., p. 490). L'esp. esquivar est dér. de esquivo « dédaigneux », prob. issu d'un got. skiuhs signifiant à la fois « craintif » et « insolent » (v. COR.); l'ital. schivare est empr. à l'a. fr. eschuir, eschiver « éviter, fuir » (dep. ca 1100, Roland, 1096) de l'a. b. frq. skiuhjan « craindre », cf. l'a. h. all. sciuhen « id.; éviter » (GRAFF t. 6, col. 417; SCHÜTZEICHEL2); v. également échiffe. Fréq. abs. littér. :425. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 406, b) 753; XXe s. : a) 557, b) 718. Bbg. LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 106. — WIND 1928, p. 38, 172, 205, 207.

esquiver [ɛskive] v. tr.
ÉTYM. V. 1600; réfection de l'anc. franç. eschiver, eschever, 1080, Chanson de Roland, jusqu'au XVIe; ital. schivare, de schivo « dédaigneux »; germanique skiuh « farouche »; eschiver remontait au francique skiuhjan « craindre », de même orig.
1 Éviter adroitement. Échapper (à), soustraire (se). || Esquiver un coup.
1 L'autre esquive le coup, et l'assiette volant
S'en va frapper le mur, et revient en roulant.
Boileau, Satires, III.
2 Un jour que David joue de la cithare devant lui, soudain il saisit sa lance et la jette contre le jeune héros : heureusement, leste, David l'esquive.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, III, 1, p. 175.
Spécialt. Sports (escrime [1859], boxe [1907], hockey [1931]). || Esquiver le coup d'un adversaire.Absolt. || Esquiver puis frapper.
2.1 Le boxeur déchaîné saute en arrière, esquive un second coup, riposte.
Jean Prévost, Plaisirs des sports, p. 72.
Par ext. (Rare). || Esquiver qqn qu'on ne veut pas voir.
2 Fig. Éviter (une chose désagréable, pénible) de manière habile. || Obligation ennuyeuse qu'on cherche à esquiver (→ Corvée, cit. 6). || Esquiver une visite désagréable. || Il n'a pas su esquiver cette obligation. fam. Couper (à). || Esquiver une difficulté. Dérober (se), éluder, escamoter. || Esquiver la discipline, la règle, l'impôt.
3 Il avait passé toute sa vie à esquiver le tragique.
Giraudoux, Bella, VIII, p. 202.
V. tr. ind. (Vx). || Esquiver à qqch. || Esquiver à ses devoirs.
Absolument :
4 Les petits en toute affaire
Esquivent fort aisément;
Les grands ne le peuvent faire.
La Fontaine, Fables, IV, 6.
5 (…) déjà il reculait, quand je haussai mon ceste pour tomber sur lui avec plus de force : il voulut esquiver, et, perdant l'équilibre, il me donna le moyen de le renverser.
Fénelon, Télémaque, V.
6 Fronder, résister, esquiver, desserrer les liens meurtrissants, déjouer les espions (…)
Colette, l'Étoile Vesper, p. 30.
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s'esquiver v. pron. (réfl.).
Se retirer en évitant d'être vu. Déloger, disparaître, échapper (s'), enfuir (s'), évader (s'), retirer (se), sortir; → Brûler la politesse, prendre la tangente. || S'esquiver sans rien dire (→ Doucement, cit. 3), à l'anglaise, en douce. Filer.
7 (…) être venu regarder dans la barricade et s'esquiver ! s'esquiver tout tremblant en disant : au fait, j'en ai assez comme cela, j'ai vu, cela suffit, c'est la guerre civile, je m'en vais !
Hugo, les Misérables, IV, XIII, III.
8 C'était ma tante et deux de ses amies. Je voulus m'esquiver, mais il était trop tard et je ne pus échapper à une verte réprimande (…)
Nerval, Fragments, Un souvenir.
(Abstrait). Se dérober.
9 (…) une secrète réprobation entoure en France celui qui paie l'impôt ou règle la douane sans avoir cherché à s'esquiver; on ne le considère pas tant comme une poire que comme quelqu'un qui n'a pas fait tout ce qu'il aurait dû.
André Siegfried, l'Âme des peuples, III, IV, p. 66.
CONTR. Accepter. — Recevoir. — Rester.
DÉR. Esquive.

Encyclopédie Universelle. 2012.