soit [ swa ] conj. et adv.
• XIIIe; troisième pers. du sing. du subj. prés. de 1. être
I ♦ Conj.
1 ♦ (Marquant l'alternative) SOIT... SOIT. ⇒ ou. Soit l'un, soit l'autre. « Soit indifférence, soit crainte superstitieuse, elle ne parlait jamais de religion » (A. Daudet). Soit en bien, soit en mal; soit avant, soit après. « Soit comme reines, soit comme favorites » (Nerval). — (Avec un v. au sing.) « Soit le pape, soit Venise mettrait [...] la main sur Rimini » (Montherlant). — (Avec un v. au plur.) « Mais, soit la poésie, soit l'ironie, [...] ont alors tout sauvé » (H. Clouard). — Soit que..., soit que... (et subj.). « Soit que je me sentisse trop fatigué, soit que m'attirât davantage, dans les petites rues, le spectacle de la débauche » (A. Gide).
♢ Littér. (avec ou) Soit qu'il se meuve ou non.
2 ♦ (Présentant une hypothèse ou une supposition) Étant donné. Soit un triangle équilatéral A, B, C. Soit les deux hypothèses suivantes.
♢ À savoir, c'est-à-dire. Soixante secondes, soit une minute. « Des signes qui tombent sous le sens, soit bruit, son, image » ( Paulhan).
II ♦ Adv. d'affirmation SOIT [ swat ] (valeur de concession). ⇒ 1. bien, 1. bon (cf. Admettons, je veux bien). Eh bien soit ! Soit : je te pardonne. « Il la pria de lui jouer encore quelque chose. — Soit, pour te faire plaisir ! » (Flaubert)(cf. D'accord).
⊗ HOM. (du I) Soi, soie.
● soit conjonction (3e personne du subjonctif présent de être) Soit…, soit, marque une alternative : Soit que vous restiez, soit que vous partiez. ● soit (difficultés) conjonction (3e personne du subjonctif présent de être) Prononciation Se prononce [&ph103;&ph107;&ph85;&ph104;] en liaison devant une voyelle ou un h muet ; [&ph103;&ph107;&ph85;] devant une consonne ou un h aspiré. Orthographe et accord 1. Soit est toujours invariable : Quand il exprime une alternative : soit il a vraiment oublié, soit il est de mauvaise foi. Quand il a le sens de « c'est-à-dire » : il a gagné le gros lot, soit deux millions de francs. 2. Soit, quand il a le sens de « étant donné, supposons », dans l'exposé d'un problème, s'écrit le plus souvent au singulier ; mais le pluriel, qu'on trouve parfois, n'est pas fautif : soit deux triangles opposés par le sommet ou soient deux triangles... Emploi Soit... soit / soit... ou. Dans une alternative à deux termes introduite par soit (ou soit que), on répète le plus souvent soit devant le second terme : soit oubli, soit négligence. Soit qu'il n'ait pas pu, soit qu'il n'ait pas voulu. On peut aussi employer ou devant le second terme : soit qu'il n'ait pas pu ou qu'il n'ait pas voulu. - Quand l'alternative comprend trois termes, soit doit être répété au moins deux fois : je viendrai soit en voiture, soit en train ou en autocar. Construction Soit que (+ subjonctif) : soit que j'aille vous voir, soit que vous veniez, nous pourrons toujours nous rencontrer. - Ne pas confondre cette construction avec celle dans laquelle soit, exprimant l'alternative, se trouve devant une proposition subordonnée introduite par que : le verbe de celle-ci peut être soit à l'indicatif, soit au subjonctif, en fonction de ce qu'exige le verbe de la proposition principale : son silence prouve soit qu'il ne peut pas me parler, soit qu'il ne le veut pas (prouver que + indicatif) ; j'exige soit qu'il vienne, soit qu'il m'écrive (exiger que + subjonctif). ● soit (homonymes) conjonction (3e personne du subjonctif présent de être) soi pronom personnel soie nom féminin soient forme conjuguée du verbe être sois forme conjuguée du verbe être soit forme conjuguée du verbe être ● soit adverbe (de soit) En tête de phrase marque l'approbation ; d'accord : Soit, j'accepte votre proposition. Dans l'énoncé d'un problème, expose les données, présente une explication ; étant donné, supposons : Soit ou soient deux parallèles. ● soit (difficultés) adverbe (de soit) Prononciation [&ph103;&ph107;&ph85;&ph104;], en faisant entendre le t final, comme pour rimer avec boîte. Emploi Exprime l'approbation ou la concession : vous le voulez ? soit, il est à vous ; il y a une erreur, soit : faut-il pour autant rejeter l'ensemble ? ● soit (synonymes) adverbe (de soit) En tête de phrase marque l'approbation ; d'accord
Synonymes :
- bien
- bon
- d'accord
Dans l'énoncé d'un problème, expose les données, présente une explication ;...
Synonymes :
- à savoir
- étant donné
soit
conj. et adv.
rI./r conj.
d1./d à savoir, c'est-à-dire. Trois objets à dix francs, soit trente francs.
d2./d (Marquant une supposition, une hypothèse.) Soit un triangle rectangle. Soit (parfois soient) deux droites parallèles.
d3./d Soit... soit (Marquant l'alternative.) Soit l'un, soit l'autre.
|| Loc. conj. Soit que... soit que (+ subj.) Il s'abstint de venir, soit qu'il eût peur, soit qu'il se désintéressât de l'affaire.
rII./r Soit adv. d'affirmation (Pour marquer que l'on fait une concession.) Bien, admettons. Vous partez? Soit, mais soyez prudents.
⇒SOIT, conj. et adv.
I. — Conjonction
A. — [En corrél., marque une alternative]
1. Soit ... soit
— [Entre des subst.] Je défie qu'on me cite soit un acte, soit une propriété, soit un mode quelconque d'existence de l'animal, dont l'analogue ne se retrouve pas chez le végétal (P. LEROUX, Humanité, 1840, p. 110). Une casquette et un abat-jour en taffetas vert à fil d'archal tout crasseux annonçaient soit des précautions prises pour se déguiser, soit une faiblesse d'yeux assez concevable chez un vieillard (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 412).
♦ [Le subst. est représenté par un nominal] Je vérifierai donc soit l'existence de l'effet mécanique, soit celle de l'effet chimique (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 228).
— [Entre des adj.] Son école, (...) a fourni (...) des savans, soit géomètres, soit astronomes, soit médecins, à toute la Grèce, et des sages à l'univers (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 13). Ce serait dans un sens ou dans l'autre un simple agrandissement d'un type quelconque, choisi, soit inconscient, soit conscient (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1899, p. 343).
— [Entre des adv.] Nos maux viennent de nous en être éloignés [de la sensation actuelle]; il est des moyens de nous en rapprocher, soit directement, soit indirectement (SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 244). Tous les médecins ont d'ailleurs reconnu cette vérité, soit implicitement, soit explicitement (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 298).
— [Entre deux compl. circ.] Il n'y a pas un seul lieu, soit au milieu des mers ou au sein des terres, soit dans la zone torride ou dans les zones glaciales, qui n'ait à la fois des vents froids et chauds, secs et humides (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 303). Il y a donc, soit chez celui qui écoute ou lit, soit chez celui qui parle ou écrit, une pensée dans la parole que l'intellectualisme ne soupçonne pas (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 209).
♦ [Entre deux compl. de cause, avec ell. de la prép. et de l'art. devant le subst.] Soit terreur, soit courage, Cosette n'avait pas soufflé (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 551). Soit tempérament, soit indisposition organique, je serais bien étonnée que Madame fût portée sur la chose (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 27).
— [Avec absence du second terme de l'alternative] Il aurait dû nous faire parvenir son invitation d'une autre façon, soit en nous écrivant, soit... En ce moment on frappa à la porte (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 485).
2. [Entre deux sub. hyp.] Soit que ... soit que. Le paysage de fantaisie a eu chez nous peu d'enthousiastes, soit qu'il fût un fruit peu français, soit que l'école eût avant tout besoin de se retremper dans les sources purement naturelles (BAUDEL., Salon, 1846, p. 178):
• C'est l'objet de cette Providence particulière qui ne cesse pas d'être incompréhensible, soit qu'elle prédestine les élus; soit qu'elle les dote de dons inégaux; soit qu'elle fasse servir le mal au triomphe du bien; soit que, inébranlable en ses arrêts, elle se laisse néanmoins toucher par la prière et par le mérite de la vertu; soit qu'elle-même attire à soi nos intelligences et nos volontés, dont elle veut concentrer tous les efforts.
OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 200.
3. [Les deux termes de l'alternative sont coordonnés par ou]
— Soit ... ou. Dans la soirée, M. le grand référendaire rassemble chez lui les pairs: sa lettre, soit négligence ou politique, m'arriva trop tard (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 622). Soit au cours des siècles ou tout récemment (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 17).
— Soit que ... ou soit que. Soit qu'il dormît d'un magique sommeil, ou bien soit qu'il eût fantaisie de bouder (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 135).
— Soit que ... ou que. Soit qu'elles aillent aux champs ou qu'elles en reviennent (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 80).
— [Avec ell. du verbe] Soit que ... ou ... Soit qu'ils aient été ministres ou premiers commis (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 37). Soit qu'il descende des Arabes ou des Syriens (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 105).
Rem. ,,Pour le commun de ceux qui parlent ou écrivent, l'alternance ou/soit (...) sert surtout à varier le tour, et il ne fait point de doute que le français d'aujourd'hui en joue volontiers`` (G. ANTOINE, La Coord. en fr., Paris, éd. d'Artrey, 1958, p. 1112).
B. — [Empl. seul]
1. [Sert à introduire l'explication de ce qui vient d'être dit] Synon. c'est-à-dire, à savoir. Il se forma ainsi une sorte de radeau sur lequel fut empilée successivement toute la récolte, soit la charge de vingt hommes au moins (VERNE, Île myst., 1874, p. 30). Il aurait laissé une fortune de 30.000 pagodes, soit 10.000 livres sterling (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 16).
2. [En tête de phrase, il est la forme lexicalisée du verbe être au subj., présentatif qui expose un énoncé math.] Soit M le point de l'espace occupé à l'instant (...) par ce corps A; soit M' le point de l'espace occupé à l'instant (...) par le corps B (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 105).
Rem. Le distinguo entre le verbe être et la conj. s'est fait progressivement et auj. encore, n'est pas tout à fait précis (v. être1 1re section, III B 1 et 2).
II. — Adv. d'affirm. [Souvent empl. seul ou en tête de phrase, marque une approbation qui est concédée avec une certaine défiance] Et, sûr de sa découverte, il sortit en répétant à demi-voix et avec son petit sifflement habituel: — Soit! Nous verrons! Nous verrons! (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 28). — Philippe vous l'a dit: je suis fou. — Soit! Mais après? — Je suis millionnaire (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 53).
— [Précédé d'un adv. exclam.] Eh bien, soit, à la bonne heure (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 489).
Prononc. et Orth.:[swa]. [swat] devant voy.: soit avec lui, soit avec moi; [swat] en tant qu'adv. affirm. ou concess. (v. NYROP Phonét. 1951, § 260, mais hésitation entre [swa], [swat] dans ce cas pour ROUSS.-LACL. 1927, p. 171). Homon. soi, soie1, 2, forme du verbe être. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1170 ou soit ... ou soit (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 256); 1174-76 seit ... u (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 1637); 1170-80 soit ... soit ... soit (WACE, Roman de Rou, Appendice, éd. A.-J. Holden, 243-244); fin XIIe s. soit ceu que ... soit ceu que (Sermon St Grégoire sur Ezechiel, 3034 ds T.-L., s.v. estre); 2. 1541 soit que ... ou avec le subj. (CALVIN, Institution chrétienne, III, 20, 34, éd. J.-D. Benoit, t. 3, p. 377); 1550 ou soit que ... ou soit que avec le subj. (RONSARD, Odes, I, XVIII, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 155); 1580 soit que ... soit que avec le subj. (MONTAIGNE, Essais, I, XXVI, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 155); 3. 1835 « en supposant » (Ac.). B. XIIIe s. adv. d'affirm. avec valeur de concession (Jeu Parti, éd. A. Långfors, t. 2, p. 164, 43). Troisième pers. du sing. du subj. prés. du verbe être. Bbg. ANTOINE (G.). La Coordination en fr. Paris, 1962, pp. 1104-1113. — VAN HOUT (G.). La Coordination. Cah. Ling. théor. appl. 1972, t. 9, p. 258.
soit [swa] conj. et adv.
ÉTYM. V. 1175; troisième pers. du sing. du subj. présent de être.
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1 Soit… soit (conj. marquant l'alternative). ⇒ Ou. || Soit l'un, soit l'autre. || Des causes, soit morales, soit physiques (→ 1. Général, cit. 2). || Soit une science abstraite, soit encore une science toute physique (→ Psychologie, cit. 1). || Soit en bien, soit en mal (→ Imagination, cit. 14); soit avant, soit après (→ Inscrire, cit. 1). || Soit comme… (→ Favori, cit. 13), de… (→ Règle, cit. 7), pour… (→ Oreille, cit. 21), etc. — Soit que…, soit que… (suivi du subj.). (→ 1. Froid, cit. 29; natte, cit. 5). ⇒ 1. Que (que…, que…).
1 Soit indifférence, soit crainte superstitieuse, elle ne parlait jamais de religion.
Alphonse Daudet, l'Évangéliste, p. 76.
REM. 1. Soit… que… ou. → Ou (cit. 10, 15 et supra). Soit qu'il se meuve ou non (→ Milieu, cit. 25).
2. Soit que… (suivi du subj.; peut être suivi d'une autre construction) :|| « Soit qu'il eût deviné sa pensée, soit pour lui dire un dernier adieu… » (Mérimée, Colomba, VIII, in Le Bidois).
3. Soit…, soit… (suivi d'un verbe au sing.) souligne l'alternative (|| « Soit le pape, soit Venise mettrait (…) la main sur Rimini » [Montherlant, Malatesta, I, 4, in Grevisse]) ou au pluriel, pour marquer la coexistence de deux éléments au moins (|| « Mais, soit la poésie, soit l'ironie, soit quelque illuminisme (…) ont alors tout sauvé » [Clouard, in Grevisse]).
2 Mais soit qu'elle sentît plus que lui la gêne de ces confidences, soit pour quelque autre raison, elle trouva des prétextes pour venir moins souvent.
R. Rolland, Jean-Christophe, Les amies, p. 1212.
3 Souvent soit est perçu comme un ou affaibli, rappelant (…) le sive latin, et parfois tout proche de et (…) Mais il arrive qu'inversement soit (…) ait plus de force que lui (ou), et par exemple serve à construire une alternative majeure, ou étant réservé à une alternative secondaire :
… tenant quelque temps les yeux baissés, soit de honte ou de crainte, soit pour recueillir un peu ses esprits. (Fléchier [ ?], Grands jours d'Auvergne, fol. 16).
G. Antoine, la Coordination en français, t. II, p. 1112.
4 (…) soit que je me sentisse trop fatigué, soit que m'attirât davantage, dans les petites rues, le spectacle de la débauche (…)
Gide, Si le grain ne meurt, II, I, p. 291.
2 (XXe; subjonctif lexicalisé du v. être présentant une hypothèse ou une supposition). || Soit les deux hypothèses suivantes… ⇒ Être (étant donné, soit…). — À savoir, c'est-à-dire. || Des signes qui tombent sous le sens : soit bruit, son, image… (→ Langage, cit. 5).
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II Adv. (XIIIe) d'affirmation (valeur de concession). || Soit [swat]. ⇒ Bien, bon (cf. Admettons, je veux bien…, passe encore…, va pour; → Aller). || Soit : je te pardonne (→ Faveur, cit. 22; et aussi inspirer, cit. 4; 1. penser, cit. 35).
5 (…) il la pria de lui jouer encore quelque chose. — Soit, pour te faire plaisir !
Flaubert, Mme Bovary, III, IV.
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HOM. Soit, soient (formes du v. être); 1. soie, 2. soie.
Encyclopédie Universelle. 2012.