estamper [ ɛstɑ̃pe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1392; « piler » v. 1225; it. stampare, frq. °stampôn « piler, broyer »
1 ♦ Imprimer en relief ou en creux sur (un support) l'empreinte gravée sur un moule, une matrice. ⇒ emboutir, frapper, graver, matricer. Estamper une feuille de métal, de cuir. Estamper un fer à cheval. ⇒ étamper. — Estamper une inscription, en prendre l'empreinte sur un papier spécial.
2 ♦ (1883) Fig. et fam. Soutirer de l'argent à (qqn); faire payer trop cher (qqn). ⇒ escroquer, fam. rouler, 2. voler. Il vous a bien estampé. Se faire estamper.
● estamper verbe transitif (francique stampôn, fouler, avec l'influence de l'italien stampare) Former un morceau de métal par estampage. Imprimer une gravure dans un métal en feuille par déplacement des épaisseurs. Donner à une matière (métal, papier, cuir, etc.) une forme déterminée en la pressant ou en la frappant entre une matrice et sa contrepartie. ● estamper verbe transitif (de estamper, avec l'influence de l'italien stampare) Familier. Escroquer quelqu'un en lui faisant payer trop cher une marchandise, un service ; voler : Il m'a estampé de cent francs. ● estamper (synonymes) verbe transitif (de estamper, avec l'influence de l'italien stampare) Familier. Escroquer quelqu'un en lui faisant payer trop cher une marchandise...
Synonymes :
- rançonner
- voler
estamper
v. tr.
d1./d TECH Façonner (une matière, une surface) à l'aide de presses, de matrices et de moules.
d2./d Fig., pop. Soutirer de l'argent, faire payer trop cher à (qqn).
I.
⇒ESTAMPER1, verbe trans.
Donner à une plaque de métal, à une pièce de cuir, à une feuille de papier, etc., une marque, une empreinte en relief ou en creux, ou un galbe par la pression d'un outil gravé ou d'une matrice. Estamper à froid, à chaud; baguette de cuivre estampé. On estampe la monnaie avec le balancier (Ac. 1798-1932). Voilà une image bien estampée (Ac. 1798-1835). Papiers estampés d'après les dessins originaux de fleurs de peintres (GONCOURT, Journal, 1892, p. 227). Pour donner une authenticité aux futailles, on estampe leurs fonds à feu avec des marques représentant (...) les raisons sociales des négociants (BRUNET, Matér. vinic., 1925, p. 546) :
• Un large pectoral composé de plusieurs rangs d'émaux, de perles d'or, de grains de cornaline, de poissons et de lézards en or estampé couvrait la poitrine de la base du col à la naissance de la gorge...
GAUTIER, Roman momie, 1858, p. 198.
— Estamper le cuir. Le gaufrer, y imprimer des reliefs et dessins ornementaux. Reliure en cuir estampé. Couvertures de livres estampées au fer froid, sur les plats et le dos, de filets noirs (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 172). Estamper un fer à cheval. Y percer les trous (cf. étamper). Estamper une poterie. L'imprimer dans un creux. Estamper un chapeau. Effacer les plis du bord à l'aide de l'outil appelé pièce (cf. LITTRÉ, DG). Estamper une inscription (épigraphie). En prendre l'empreinte. Estamper des bas-reliefs (cf. FLAUB., Corresp., 1849, p. 131).
— P. anal. Estamper un nègre. Le marquer au fer chaud pour reconnaître à qui il appartient (cf. LITTRÉ, DG).
Rem. Qq. dict. mentionnent estampeur, subst. masc. a) Ouvrier qui procède à l'estampage; orfèvre, bijoutier qui estampe. Estampeur de bijoux (ROB.). Estampeur en bijouterie, en orfèvrerie, à chaud, à froid (Mét. 1955). b) Outil servant à estamper. En emploi apposé. Balancier estampeur.
Prononc. et Orth. :[], (j')estampe []. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. Cf. estamper2 Fréq. abs. littér. : 19.
II.
⇒ESTAMPER2, verbe trans.
Fam. Tromper un client sur la qualité de la marchandise, faire payer trop cher. Se faire estamper. On ne doit pas estamper le client (PROUST, Sodome, 1922, p. 1083) :
• Se marier pour des fins sociales, familiales, pour rendre heureuse une petite, — non. Il s'agit seulement d'avoir quelqu'un pour qu'on ne vous estampe pas quand on achète la moquette.
MONTHERL., J. filles, 1936, p. 965.
Rem. On relève ds la docum. estampeur, subst. masc. Voleur, escroc. Je fus cambrioleur, (...) estampeur, provocateur (QUENEAU, Enf. du limon, 1938, p. 32).
Prononc. :[], (j')estampe []. Étymol. et Hist. 1. 1225-29 estamper « écraser, broyer » (G. DE MONTREUIL, Violette, éd. D. Labaree Buffum, 3458), seulement a. et m. fr.; 2. 1392 « faire une empreinte sur un objet métallique » (Reg. des métiers de Metz, Bibl. Richel., ms. 8709, f° 23 ds GAY); 1556 stamper « fabriquer [une statue] en moulant un métal en fusion » (SALIAT, Trad. d'Hérodote, I, 31 ds HUG.); 2e moitié XVIe s. id. au fig. « marquer par l'écriture ou l'impression » (L. PAPON, Disc. à Mlle Panfile, I, 43, ibid.); 1676 technol. estamper « imprimer » (FÉLIBIEN Dict.); 3. 1678 étamper, terme de maréchal-ferrant (G. GUILLET, Les Arts de l'homme d'épée, Paris, p. 109). 4. 1883 arg. estamper « carotter, filouter » (LARCHEY, Dict. hist. arg., 2e Suppl.); 1901 « faire payer trop cher » (ROSSIGNOL, Dict. arg., p. 42). De l'a. b. frq. stampôn « fouler, piler » (cf. all. stampfen « id. »). Le maintien du s. dans la graphie et la prononc. (2 et 4) est dû à l'infl. de estampe et de l'ital. stampare. Le sens 4. s'explique par celui de « piétiner (qqn), rosser, etc. » attesté dans les dial. (M. Schwob et G. Guieysse ds B. Soc. Ling. t. 7, pp. 51-53; P. Guiraud ds Cah. Lexicol. t. 16, pp. 71-72). V. FEW t. 17, pp. 215-218. Fréq. abs. littér. :5. Bbg. CHAUTARD (É). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 285. — GUIRAUD (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, p. 71. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 273.
estamper [ɛstɑ̃pe] v. tr.
ÉTYM. 1392; « piler, écraser », v. 1225; ital. stampare, du francique stampôn « piler, broyer ».
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1 Marquer d'une impression en relief ou en creux (une surface, une matière) à l'aide d'une empreinte gravée sur un moule, une matrice. ⇒ Emboutir, graver, matricer. || Estamper une feuille de métal, de cuir (⇒ Estampiller), de carton. || Estamper une reliure à froid. || Balancier qui sert à estamper la monnaie. || Estamper un fer à cheval. ⇒ Étamper.
♦ Spécialt (anciennt). || Estamper un esclave noir, le marquer du signe de son propriétaire (aux temps de l'esclavage).
2 Imprimer en relief ou en creux (une marque, une image) sur une surface, une matière. || Estamper une image sur du métal.
0 (…) l'orifice de cette matrice, le creuset originel qu'il lui semblait voir dans les entrailles du monde, semblable à ces moules dans lesquels enfant il avait appris à estamper soldats et cavaliers, rien qu'un peu de pâte pressée du pouce, l'innombrable engeance sortie toute armée et casquée selon la légende et se multipliant grouillant se répandant sur la surface de la terre (…)
Claude Simon, la Route des Flandres, p. 42.
♦ Spécialt. || Estamper une inscription, en prendre l'empreinte sur un papier spécial. ⇒ Relever.
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II (1883). Fig. et fam. Soutirer de l'argent à (qqn). — (1901). Faire payer trop cher (qqn). ⇒ Écorcher, escroquer, tromper, voler. || Il vous a bien estampé. || Se faire estamper au restaurant. || Estamper le client.
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estampé, ée p. p. adj.
♦ || Reliure estampée à froid.
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DÉR. Estampage, 1. estampe, estampeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.