étayer [ eteje ] v. tr. <conjug. : 8>
• 1690; estaier 1213; de 2. étai
1 ♦ Soutenir à l'aide d'étais. ⇒ accoter, appuyer, 2. caler, chevaler, consolider, étançonner, renforcer, soutenir. Étayer un mur, une voûte, un plafond. — Pronom. « d'énormes arbres si pressés entre eux que, sciés à leurs bases, ils s'étayent les uns les autres sans pouvoir tomber » (Villiers).
2 ♦ Fig. Appuyer, soutenir. Des éléments nouveaux étayent cette hypothèse, la thèse de la défense. « Nous gagnons rarement à étayer d'un mensonge une erreur ou un échec » (Bernanos). Pronom. « Rien n'est parfait, mais tout se tient, s'étaye, s'entrecroise » (France). P. p. adj. Argumentation bien étayée.
⊗ CONTR. Miner, ruiner, saper.
● étayer verbe transitif (de étai) Soutenir un élément, une partie de construction au moyen d'étais. Soutenir quelque chose par des arguments, des preuves, le fonder, l'établir ou en être la base, la preuve : Thèse étayée sur des arguments solides. ● étayer (difficultés) verbe transitif (de étai) Conjugaison 1. Les formes conjuguées du verbe peuvent s'écrire avec un y ou un i devant e muet : il étaie ou il étaye, il étaiera ou il étayera. 2. Attention au i après le y aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que)nous étayions, (que)vous étayiez. ● étayer (homonymes) verbe transitif (de étai) ● étayer (synonymes) verbe transitif (de étai) Soutenir un élément, une partie de construction au moyen d'étais.
Synonymes :
- chevaler
- étançonner
- étrésillonner
- porter
Soutenir quelque chose par des arguments, des preuves, le fonder, l'établir...
Synonymes :
- appuyer
- soutenir
étayer
v. tr.
d1./d Soutenir avec des étais. étayer une maison.
d2./d Fig. Soutenir. étayer de preuves une théorie.
⇒ÉTAYER, verbe trans.
[Correspond à étai2]
A.— Domaine phys.
1. Soutenir provisoirement avec un étai, des étais. Étayer un toit, un édifice. Des angles de rues étayés avec des morceaux de colonnes (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 232). Deux pièces, que la chute attendue des dernières charpentes menaçait d'un continuel écrasement. Il avait même dû étayer une partie du plafond (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1240) :
• 1. ... et ce puits semblait être en réparation, car l'échafaudage croisé des poutres qui soutenait les cloches paraissait être dressé, de haut en bas du tube, pour étayer les murs.
HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 51.
— Au fig. Quand (...) je secouais la voûte de plomb des mystères, Lamennais vint à propos étayer les parties sacrées du temple (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 487). Les coudes aux genoux, la tête dans ses mains, elle étayait en pensée l'édifice croulant de ses rêves (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 163).
— Emploi pronom. à sens passif. Les façades s'étayaient de poutres allant d'une maison à l'autre (HUGO, Misér., 2, 1862, p. 311). Des murs géants s'étayent de contreforts gothiques, dentelés, ourlés à jour (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 139).
2. P. ext. Soutenir (quelqu'un ou quelque chose) en faisant jouer ou en jouant le rôle d'un étai.
a) [Le suj. désigne une pers.] Soutenir, mettre un support, un appui à. Les habitans du pays (...) n'étayaient leurs vignes qu'avec des os de morts (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 159). En cassant son pot pour étayer sa table (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 103).
— Étayer qqc. à qqc. Fixer à. La machine de Gutenberg, sans doute pour s'assurer plus de puissance, était étayée aux poutres du plafond de l'atelier (Civilis. écr., 1939, pp. 8-9).
— Étayer qqc. de, avec, contre qqc. Ceux qui (...) étayent contre la carafe un journal plié (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 99).
— Étayer qqc. sur qqc. Étayant sa tête sur ses poings fermés il s'endormit (THARAUD, Ville et champs, 1907, p. 40).
— Emploi pronom. réfl. S'étayer à, sur qqc. Je n'écoute personne quand je suis gris, répondit majestueusement Jacquemin Lampourde en s'étayant sur le coude (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 307). Prête à tomber et forcée par instant de s'étayer de l'épaule aux murs (GONCOURT, G. Lacerteux, 1864, p. 216).
b) [Le suj. désigne une chose] Constituer un étai, un support à (quelqu'un ou quelque chose). Synon. soutenir. Un rucher s'adossait, vermoulu, à demi effondré. Des pousses de coudrier l'étayaient (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 79). Tu tomberais si ce mur ne t'étayait pas (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p. 33).
— Emploi pronom. S'étayer à, sur. Et l'aveugle conduit Mara à la caverne qu'elle habite : un couloir formé de deux rocs qui s'étayent l'un sur l'autre (CLAUDEL, Violaine, 1901, III, p. 613). Murs de pierres sèches où s'étayaient les terres croulantes (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 283) :
• 2. Dieu est toujours notre base, la base où tous les êtres viennent prendre leur point d'appui; il est l'arc-boutant où toutes les forces viennent s'étayer pour soulever les obstacles qu'elles ont à vaincre.
P. LEROUX, Humanité, t. 1, 1840, p. XVII.
B.— Au fig., littér. [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Appuyer, soutenir.
1. Étayer qqc. ou qqn. Ma vie est trop isolée (...) et il me faut de toute nécessité une famille qui m'étaie dans le monde (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 254). Selon Alphonse Daudet, le roman étayait l'histoire. Il pouvait même l'éclairer par endroits et la justifier (L. DAUDET, A. Daudet, 1898, p. 181) :
• 3. Seul, je ne sais ce que je serais devenu dans la défaillance entière de mes forces et de mon courage, mais Dieu, comme par précaution, a rangé autour de mon âme chancelante des amis qui la soutiennent, l'étayent, la maintiennent en elle-même avec la plus touchante sollicitude.
M. DE GUÉRIN, Corresp., 1834, p. 162.
— Emploi pronom. réfl. ou réciproque. Le parti de l'étranger, qui s'étayait du prétexte du rétablissement des Bourbons, acquérait chaque jour de nouvelles forces (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 332). Les machines s'étayèrent mutuellement de telle sorte qu'ils ne roulèrent pas dans le précipice (ROMAINS, Copains, 1913, p. 150).
2. En partic. [L'obj. désigne une chose abstr. dans le domaine du raisonnement] Renforcer, soutenir (à l'aide d'arguments).
a) Étayer + compl. d'obj. dir. Étayer une assertion, une conviction, une thèse. Un texte quelconque qui puisse aller à ce sens, et étayer ce mensonge (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 962). Dans l'exposition synthétique, (...) les faits ou expériences servent d'appui ou d'argument pour étayer les principes ou propositions générales (BERNARD, Notes, 1860, p. 182).
b) Étayer + compl. d'obj. dir. + compl. prép.
— Étayer qqc. avec, de, par qqc. Il s'agit de franchir vite ce passage difficile, d'« étayer » votre foi avec des raisonnements solides (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 221). Ce jugement si net et toujours étayé de textes (MAURIAC, Bloc-notes, 1958, p. 18) :
• 4. Aussi, malgré toute la force des preuves les plus lumineuses dont nous étayerons notre assertion, nous n'espérons convaincre que l'homme sage, le sincère ami de la vérité, disposé à lui sacrifier ses préjugés aussitôt qu'elle se montre à lui.
DUPUIS, Abr. l'orig. cultes, 1796, p. 291.
— Étayer qqc. sur qqc. Les arguments sur lesquels il étayait son avis semblaient plausibles (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 37). Un savoir déductif, étayé sur une expérimentation toute-puissante (P. MORAND, Confins vie, 1955, p. 16).
c) Emploi pronom.
— réfl. Ces connoissances leur fournissent dans l'occasion, des argumens dont ils s'étayent (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1753).
— réciproque. Écrire de belles pages d'histoire et de géographie à l'aide de représentations rapprochées, et combinées, s'étayant et s'éclairant l'une l'autre (L. FEBVRE, Combats pour hist., 1933, p. 104).
— à valeur passive. S'appuyer, se fonder sur. Avec le culte tombaient les lois, le droit civil, la famille (...), tout ce qui s'étayait sur la religion (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 265).
Prononc. et Orth. :[eteje], []. Radical nu, formes [] et [] correspondant aux graph. (j')étaye et (j')étaie (d'apr. BARBEAU-RODHE 1930, DUPRÉ 1972). Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1213 estaier « soutenir (un mur) à l'aide d'étais » (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, t. 1, p. 668). Dér. de étai2; dés. -er. Fréq. abs. littér. :268. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 243, b) 221; XXe s. : a) 466, b) 531.
DÉR. Étaiement, étayement, subst. masc. Action d'étayer; p. méton. ce qui étaye. Je pourrai empêcher l'écartement des constructions (...) par des arcs-boutants, par des contre-forts, par un système d'étayement extérieur (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1863, p. 457). Un ingénieux blindage avec un étayement de planches (GONCOURT, Journal, 1871, p. 715). Rem. La plupart des dict. attestent dans le même sens étayage, qui reçoit en outre un sens fig. en psychanal. pour signifier le fait qu'une pulsion sexuelle s'appuie au départ sur une fonction organique vitale (p. ex. succion du lait maternel) (cf. LAPL.-PONT. 1967). — Les prononc. [] et [] sont attribuées respectivement à étayement et étaiement. Étayement ds Ac. 1762-1878; étaiement ds Ac. 1932. — 1re attest. 1459 estaiement (Noyon, ap. La Fons. ds GDF. Compl.); du rad. de étayer, suff. -(e)ment1. — Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. — Pris dans l'actualité. Jargons divers. Amis Lex. fr. Lex. dern. 1976, n° 10, p. 2. — WALT. 1885, p. 95.
étayer [eteje; etɛje] v. tr. [CONJUG. balayer.]
ÉTYM. 1690; estaier, 1213; de 2. étai.
❖
1 Techn. || Étayer qqch., soutenir à l'aide d'étais. ⇒ Accoter, appuyer, arc-bouter, assurer, caler, chevaler, consolider, étançonner, étrésillonner, renforcer, soutenir. || Étayer un mur, une voûte, un plafond (→ Briser, cit. 1; échafaudage, cit. 3). || Travaux destinés à étayer qqch. ⇒ Enchevalement, étaiement, étayage. || Étayer qqch. par qqch., avec, à l'aide de qqch. || Étayer un navire avec des béquilles. ⇒ Béquiller.
1 Quand on y était parvenu (sous la muraille des assiégés au moyen d'une galerie de mine), on étayait et on soutenait les murailles par de gros pieux de bois, auxquels ensuite les mineurs mettaient le feu (…) et bientôt l'on voyait tomber de longs pans de muraille.
1.1 Sa boutique occupait un espace étroit et humide au rez-de-chaussée d'une vieille maison profonde dont les murs étaient étayés, dans la cour, par des poutres si noires qu'elles semblaient calcinées.
M. Aymé, Maison basse, p. 41.
♦ Étayer qqch. à qqch. ⇒ Fixer. || Étayer qqch. contre, de qqch. — Étayer qqch. sur qqch. ⇒ Appuyer. — Au passif. || La cabane était étayée à, contre un gros mur, sur un mur.
♦ Pron. (Sujet n. de personne ou de chose). || S'étayer sur qqch., à qqch. — Absolument :
2 (…) d'énormes arbres si pressés entre eux que, sciés à leurs bases, ils s'étayent les uns les autres sans pouvoir tomber (…)
Villiers de l'Isle-Adam, Axel, II, 13.
2 (1580). Fig. Appuyer, soutenir (qqn, qqch.). || Les arguments qui étayent un raisonnement, une conviction (→ Disposition, cit. 14). || Étayer ses déclarations (→ Assertion, cit. 6). || Étayer qqch. sur qqch.
♦ Pron. || S'étayer avec, de, par qqch. (Réfl.). || Cette thèse s'étaie de nombreux documents (Académie). → ci-dessous, cit. 4, 8. — (Récipr.). || Ces deux points de vue s'étayent tout à fait. → ci-dessous, cit. 3, 7, 11. — (Passif). || S'étayer sur qqch. : être basé, fondé sur qqch. ⇒ Fonder (se).
3 La richesse et le crédit s'étayent mutuellement, l'un se soutient toujours mal sans l'autre.
Rousseau, Émile, V.
4 (…) dire ouvertement la vérité aux hommes sans s'étayer par des cabales (…)
Rousseau, les Confessions, V.
5 Et du nom de justice Vous osez abuser pour étayer vos droits.
M.-J. Chénier, Gracq, II, 3.
6 Maintenant pour étayer la société, nous n'avons d'autre soutien que l'égoïsme.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 362.
7 Rien n'est parfait, mais tout se tient, s'étaye, s'entrecroise.
France, le Mannequin d'osier, X, Œ., t. XI, p. 344.
8 Au reste je remarquai bientôt de combien peu de haine du laid s'étayait mon amour du beau.
Gide, les Nourritures terrestres, p. 76.
9 Nous gagnons rarement à étayer d'un mensonge, une erreur ou un échec.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 217.
10 Elle (ma mère) avait poursuivi avec une patience unique tout ce qui pouvait hausser et étayer la situation de mon père dans la magistrature.
J. de Lacretelle, le Retour de Silbermann, p. 18.
11 Il lui en sut gré. Leurs volontés d'être forts s'étayaient l'une sur l'autre.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 98.
❖
CONTR. Miner, ruiner, saper.
DÉR. Étayage.
Encyclopédie Universelle. 2012.