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étendue

étendue [ etɑ̃dy ] n. f.
estendue XVe; a éliminé étente, estente (XIIe-XVIe); lat. pop. °extendita, de extendere étendre
1Philos. Propriété des corps d'être situés dans l'espace et d'en occuper une partie. extension. Tout corps, tout objet matériel a de l'étendue ( étendu, 2o) .
Portion d'espace qu'occupe un corps. dimension, grandeur, surface, volume. L'étendue à trois dimensions et la masse sont les propriétés fondamentales des corps. « Toutes les sensations participent de l'étendue; toutes poussent dans l'étendue des racines plus ou moins profondes » (Bergson).
2Cour. L'espace perceptible, visible; l'espace occupé par qqch. superficie, surface; largeur, longueur. La vaste étendue des mers. Sur toute l'étendue du territoire. « Jusqu'ici la grandeur d'un conquérant était géographique. Elle se mesurait à l'étendue des territoires vaincus » (Camus). « la sublimité des grands horizons, l'étendue illimitée des savanes, l'infini du désert de l'océan » (Sainte-Beuve).
Math. Écart entre la plus grande et la plus petite des valeurs, relevé dans une série d'observations. Étendue d'une variable aléatoire.
3Mus. Étendue d'une voix, d'un instrument : écart entre le son le plus grave et le son le plus aigu. ⇒ ambitus, diapason, registre, tessiture. Voix qui a de l'étendue. ampleur.
4(Temps) durée. Étendue de la vie.
5(Abstrait) ampleur, développement. Donner plus d'étendue à un récit, un développement. Mesurer toute l'étendue d'un mal, d'une catastrophe. immensité, importance, portée. « la profondeur et l'étendue du désastre » (Romains). Accroître l'étendue de ses connaissances, de ses activités. 1. champ , domaine, sphère. L'étendue de ses pouvoirs, de ses droits. capacité, compétence. L'étendue de ses compétences. 2. ressort. Le cours « embrassera la littérature française dans toute son étendue » (Sainte-Beuve).

étendue nom féminin (de étendre) Dimension de quelque chose considéré dans l'espace qu'il occupe : Un pays d'une grande étendue. Espace, considéré du point de vue de ce qui l'occupe : Une étendue d'eau. Portée dans le temps ; durée : L'étendue du règne de Louis XIV. Développement plus ou moins important ; longueur : L'étendue d'un discours. Importance, ampleur de quelque chose : L'étendue du désastre. Musique Distance comprise entre les sons extrêmes d'une voix, d'une mélodie, d'un instrument. Philosophie Propriété fondamentale d'un corps d'être situé dans l'espace et d'en occuper une portion. Statistique Écart entre la plus petite et la plus grande des valeurs observées. ● étendue (citations) nom féminin (de étendre) Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Il y a des moments dans l'existence où le temps et l'étendue sont plus profonds, et le sentiment de l'existence intensément augmente. Fusées Jules Lagneau Metz 1851-Paris 1894 L'étendue est la marque de ma puissance. Le temps est la marque de mon impuissance. Célèbres Leçons de Jules Lagneauétendue (expressions) nom féminin (de étendre) Étendue d'un quantificateur, synonyme de champ d'un quantificateur. ● étendue (synonymes) nom féminin (de étendre) Dimension de quelque chose considéré dans l'espace qu'il occupe
Synonymes :
- grandeur
- surface
Espace, considéré du point de vue de ce qui l'occupe
Synonymes :
- espace
Portée dans le temps ; durée
Synonymes :
- durée
- époque
- période
- siècle
- temps
Développement plus ou moins important ; longueur
Synonymes :
- ampleur
- longueur
Importance, ampleur de quelque chose
Synonymes :
- ampleur
- champ
- envergure
- extension
- largeur
- portée
Musique. Distance comprise entre les sons extrêmes d'une voix, d'une mélodie...
Synonymes :
- clavier
- registre
Logique. Étendue d'un quantificateur
Synonymes :
- champ d'un quantificateur

étendue
n. f.
d1./d PHILO Propriété des corps d'être situés dans l'espace, d'en occuper une partie.
d2./d Par ext. Espace, superficie, durée. Dans toute l'étendue du pays.
d3./d Fig. Développement, importance.
d4./d MUS écart entre les deux sons extrêmes que peut émettre une voix, un instrument. Syn. registre.

⇒ÉTENDUE, subst. fém.
I.— PHILOSOPHIE
A.— Propriété fondamentale des corps d'être situés dans l'espace et d'en occuper une certaine partie (v. durée A 1 et ex. 1). Remarquons d'abord qu'elles [les propriétés principales des corps] se ramènent à une propriété principale, l'étendue, et à l'un des pouvoirs énumérés plus haut, la résistance (TAINE, Intellig., t. 2, 1870, p. 82). Par lui [le grand Formateur], l'étendue fut distinguée du mouvement, la nuit le fut du jour (VALÉRY, Eupalinos, 1923, p. 134) :
1. ... l'idée mixte d'un temps mesurable, qui est espace en tant qu'homogénéité et durée en tant que succession (...). Ces deux éléments, étendue et durée, la science les dissocie quand elle entreprend l'étude approfondie des choses extérieures.
BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 175.
B.— En partic. Partie de l'espace occupée par un corps. Quand vous dites : tous les corps sont étendus, comme il est impossible de concevoir la notion de corps sans celle d'étendue, ni celle d'étendue sans celle de corps, vous n'énoncez pas une nouvelle connaissance (COUSIN, Philos. Kant, 1857, p. 45). La comparaison de deux intensités se fait ou tout au moins s'exprime par l'intuition confuse d'un rapport entre deux étendues (BERGSON, Essai donn. imm., 1889 p. 17).
II.— Usuel
A.— [Dans l'ordre de l'espace]
1. [L'espace considéré dans une seule dimension]
a) Longueur, distance (relativement importante) (comprise entre deux points). Une étendue de plusieurs kilomètres de quais (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p. 297) :
2. ... la bataille d'Ypres s'est étendue sur un front de 45 kilomètres, (...) les troupes françaises, par l'étendue du front qu'elles occupaient, et par leur nombre, ont entretenu et soutenu la majeure partie de la bataille.
FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 242.
b) En partic. Distance, écart déterminé sur une échelle de grandeur. Comment cette organisation (...) avoit pu (...) donner lieu aux organisations, graduellement plus compliquées, que l'on observe dans l'étendue de l'échelle animale (LAMARCK, Philos. zool., t. 1, 1809, p. V). Dans toute l'étendue de cette hiérarchie (COMTE, Philos. posit., t. 4, 1839-42, p. 403).
Spéc., MUS. Distance, écart déterminé sur l'échelle des sons. Tu es la première cantatrice du monde! Ta voix a doublé de volume et d'étendue (SAND, Consuelo, t. 3, 1842-43, p. 96). L'étendue vocale augmente notablement dans le grave et dans l'aigu par le travail de la voix (Arts et litt., 1935, p. 3606) :
3. Et l'on a toutes raisons de penser que la parenté des notes séparées par une octave, parenté soulignée par une désignation commune dans la notation musicale qui limite la gamme à l'étendue de l'octave, est due à la communauté harmonique ...
PIÉRON, Sensation, 1945, p. 171.
P. anal. [Sens du toucher, de la vue] L'existence de l'étendue tactile et visuelle — étendue construite avec des qualités sensibles (points lumineux ou points de contact) comme éléments (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 132).
2. [L'espace est considéré dans deux dimensions; correspond à étendre III A] Sur toute l'étendue du territoire. (Quasi-)synon. superficie, surface. Sur l'étendue des campagnes, le ciel, étincelant d'étoiles, versait une blanche lueur sidérale (FEUILLET, Morte, 1886, p. 217). Son duché comprenait une grande surface de terres avec des landes dont la bruyère couvrait l'étendue désolée (FRANCE, Balth., Abeille, 1889, p. 156). Le rayonnement pratique d'un ensemble moteur donné dépend à la fois du réseau des transports existants et de l'étendue géographique (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 605).
En partic., souvent au plur. Champ, portion de terre arable. Travailler sur de petites étendues. On a déjà hersé de grandes étendues. Le temps se maintient au beau (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 322). V. are ex. 2 :
4. Le rayonnement, l'étincellement des blés mûrs s'est éteint. Entre les étendues vertes des prés et des landes, les pièces de maïs aux sillons empanachés, au pied des murailles ombreuses des bois, ils oscillaient en jetant de longs éclairs d'or ...
PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 41.
Gén. littér. [Avec l'idée dominante d'une surface de grandes dimensions] L'étendue illimitée de l'océan :
5. ... depuis deux heures, dans le matin froid, il [le car] progressait sur un plateau pierreux, désolé, qui, au départ du moins, étendait ses lignes droites jusqu'à des horizons rougeâtres. Mais le vent s'était levé et, peu à peu, avait avalé l'immense étendue.
CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1558.
♦ Gén. au plur. Je faisais le tour des terrasses, surplombant l'abîme des bois vus par en dessus; des étendues infinies se déroulaient de tous côtés (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 191). L'œil n'étant plus arrêté par rien, l'esprit à l'infini pouvait imaginer et faire succéder les étendues aux étendues, jusqu'au vertige (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 216). Des milliers de grillons faisaient vibrer d'immenses étendues (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 238).
♦ [Avec un compl. prép. de] Étendues de glace, d'immenses étendues d'eau, vastes étendues de terre crayeuse. Et tous [les cercueils de plomb], (...) ils flottent lentement sous la brise, par de longues étendues de mer, jusqu'aux rives de Sicile (ZOLA, Rêve, 1888, p. 64).
P. métaph. :
6. On les conduisait [les invités] sur la terrasse (...) pour leur montrer les fantômes nacrés du brouillard qui flottaient sur les pelouses; (...) ils éprouvaient comme tout le monde une vague angoisse devant toute cette végétation chuchotante, toutes ces étendues de nuit...
NIZAN, Conspir., 1938, p. 136.
3. [L'espace est considéré dans ses trois dimensions] L'espace environnant. Étendue cosmique, spatiale; étendues sidérales. Les sens, en effet, ont pour fonction d'explorer l'étendue (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 143). V. âcre ex. 15.
B.— [Dans l'ordre de la durée]
1. Longueur, ampleur. [Julie] mesurait l'étendue de quelques jours d'avenir immédiat, déblayée de tout intrus pénétrant (COLETTE, J. de Carneilhan, 1941, p. 172) :
7. Sans doute avez-vous peur que je ne suffise pas à vous pleurer? — Il est vrai, dit M. Godeau, qu'il n'y aura jamais que vous qui serez à moi ainsi dans toute l'étendue de votre durée, quoi qu'il arrive, et de votre petit être, si grand, les bras étendus.
JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 79.
8. ... pendant dix-sept heures il mâchonne un cure-dent (...). Parfois, de ces longues étendues de mutisme, il sort et il dit simplement : bueno. On en conclut que tout ce temps il ruminait des choses, et qu'elles ont bien tourné, puisqu'il est content de lui.
MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 591.
2. Laps de temps :
9. Il serait logique de supporter mieux les douleurs quand on est jeune puisqu'on a devant soi l'étendue, et l'espérance de se guérir. Or les douleurs de ma jeunesse me donnaient plus d'impatience que je n'en éprouve. Je devrais pourtant me dire que je n'ai plus beaucoup de marge et que si ces douleurs se prolongent il y a risque de ne m'en jamais débarrasser.
COCTEAU, Diff. d'être, 1947, p. 106.
III. A.— Au fig. [Correspond à étendre II] Ampleur. [Tamango] s'approcha du gouvernail à pas lents, comme pour retarder un peu le moment qui allait (...) décider de l'étendue de son pouvoir (MÉRIMÉE, Mosaïque, 1833, p. 70). Développer convenablement l'étendue et la portée de ce grand principe (COMTE, Philos. posit., t. 4, 1839-42, p. 475).
B.— En partic.
1. Ampleur, variété, diversité d'un espace social. Ces rencontres sympathiques sont les bonnes fortunes de la vie mondaine : dans la mobilité et dans l'étendue des relations parisiennes, elles ne durent souvent que l'espace d'un dîner ou d'une soirée (FEUILLET, Paris., 1881, p. 98).
2. Importance d'une quantité que l'on peut mesurer. L'étendue des besoins qu'il s'agit de satisfaire (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 251) :
10. Les travaux que j'avais à faire, les délibérations auxquelles j'assistais, les contacts que je devais prendre, me montraient l'étendue de nos ressources, mais aussi l'infirmité de l'État. Car c'est l'inconsistance du pouvoir qui s'étalait en ce domaine.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 4.
P. anal. [Correspond à étendre II C 3] Longueur, développement relativement important (d'un propos). En me permettant de parler ici avec quelque étendue d'un savant illustre (...) en essayant d'indiquer (...) sa vraie portée et sa mesure, j'ai besoin qu'on ne se méprenne pas un instant sur ma pensée (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 2, 1863-69, p. 92).
3. P. anal.
a) Ampleur d'une faculté intellectuelle, d'un caractère. Intelligence sans grande étendue (cf. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 358). Il [Augereau] avait peu d'étendue dans l'esprit, peu d'éducation, point d'instruction (STENDHAL, Napoléon, t. 2, 1842, p. 250). Il fut toujours (...) gêné dans des poétiques étroites, mais qui, débordées à tout instant par l'étendue de son génie, en ont malgré lui craqué dans toute leur circonférence (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 403) :
11. Si vous connaissiez Mascaral, si vous pouviez vous rendre compte de l'étendue de ses talents politiques, vous comprendriez qu'une femme elle peut l'aimer jusqu'à la mort, jusqu'à la vôtre, de mort.
AUDIBERTI, Quoat, 1946, 2e tabl., p. 57.
Rem. On rencontre ds la docum. l'expr. faire (l')étendue (d'un caractère). Pour éviter le genre pauvre d'action (...) avant de peindre un caractère, faire son étendue, c'est-à-dire la liste de toutes les actions qu'il peut faire (STENDHAL., Journal, 1801-05, p. 170).
b) Ampleur d'un état d'âme. À la manière dont sa femme vantait Oscar toutes les fois qu'il obtenait un succès, Clapart reconnaissait l'étendue des inquiétudes secrètes de la mère (BALZAC, Début vie, 1842, p. 470). Clé ne mesura pas tout de suite l'étendue de sa détresse (AYMÉ, Mais. basse, 1934, p. 39). Y aura-t-il quelqu'un un jour pour comprendre l'étendue de mon désespoir? (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 179).
c) Ampleur, portée d'une action, d'une charge. L'étendue d'un sacrifice. Oscar, devenu discret, avait fini par mesurer, au contact des affaires, l'étendue de la faute commise durant son fatal voyage en coucou (BALZAC, Début vie, 1842 p. 439). Mais, ma petite amie, vous ignorez l'étendue de la corvée que vous allez accepter? (GYP, Cœur d'Ariane, 1895, p. 58).
SYNT. Étendue illimitée, immense, incommensurable, infinie; étendue marécageuse, mouvante, rocheuse; étendues boisées, désertiques, désolées, incultes, neigeuses, océaniques, pastorales, sableuses, terrestres; belle, grande, immense, médiocre, vaste étendue; l'étendue d'un terrain, de la plaine; l'étendue d'une façade; l'étendue des connaissances, de ses désirs, des obligations; apprécier, déterminer, embrasser, mesurer, occuper, parcourir, remplir l'étendue (de); en étendue; dans sa pleine étendue.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1404 « portion d'espace qu'occupe un corps », ici « ampleur, développement » (CHR. DE PIS., Ch. V, éd. S. Solente, I, II, p. 7); 1656, 10 avr. « ce qu'une chose embrasse » (PASC., Prov. 6 ds LITTRÉ); 2. 1664, 8 oct. « étendue dans le temps, durée » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettre, éd. M. Monmerqué, t. 7, p. 302). Part. passé subst. fém. de étendre. Fréq. abs. littér. : 3 426. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 7 534, b) 3 485; XXe s. : a) 3 710, b) 4 041.

étendue [etɑ̃dy] n. f.
ÉTYM. XVe, estendue; a éliminé étente, estente (XIIe-XVIe); du p. p. lat. extendita, de extendere. → Étendre.
1 Philos. Le fait d'être situé dans l'espace et d'en occuper une partie. Extension. || Tout corps, tout objet matériel a de l'étendue. || La notion de l'étendue chez Descartes. Espace, cit. 3.
1 (L'âme) est d'une nature qui n'a aucun rapport à l'étendue (…)
Descartes, les Passions de l'âme, I, 30 (→ Âme, cit. 18).
(1404). Portion d'espace qu'occupe un corps. Dimension, grandeur, surface, volume; → Espace, cit. 6. || L'étendue à trois dimensions et la masse sont les propriétés fondamentales du corps. || Étendue mesurable de qqch. || Le point géométrique n'a pas d'étendue.
2 Il est faux qu'en divisant un espace on puisse arriver à une partie indivisible, c'est-à-dire qui n'ait aucune étendue (…)
Pascal, De l'esprit géométrique, 2.
3 (…) sans le toucher, sans le mouvement progressif, les yeux du monde les plus perçants, ne sauraient nous donner aucune idée de l'étendue.
Rousseau, Émile, II.
4 L'étendue, venant du verbe étendre composé lui-même de tendre, emporte avec elle l'idée d'une mesure, ou d'un rapport dans les distances; espace ne suppose par lui-même ni mesure, ni rapport. De là vient qu'appliqué(e) à un nom l'étendue se prend pour ses dimensions intérieures : Ce champ a beaucoup d'étendue; et espace pour ce qui est libre à l'entour : Nous avons de l'espace.
Littré, Dict., art. Étendue.
5 Toutes les sensations participent de l'étendue; toutes poussent dans l'étendue des racines plus ou moins profondes (…)
H. Bergson, Matière et Mémoire, p. 242.
6 « Une étendue » est une ligne, une surface ou un volume limités. L'étendue est ainsi par rapport à l'espace, pris dans son ensemble, ce que la durée (…) est par rapport au temps.
A. Lalande, Voc. de la philosophie, art. Étendue.
Par ext. (littér.). Espace, immensité (→ Ciel, cit. 4).
7 (…) je me trouve attaché à un coin de cette vaste étendue, sans que je sache pourquoi je suis placé plutôt en ce lieu qu'en un autre (…)
Pascal, Pensées, III, 194.
Absolt. || Les éclairs sillonnent l'étendue (Hatzfeld). Air, ciel.
8 L'étendue, où s'en vont, d'une course insensée,
Les ténèbres, fuyant le jour ?
Hugo, la Légende des siècles, XLIV, I.
2 Cour. L'espace perceptible, visible; l'espace occupé par qqch. Superficie, surface; largeur, longueur. || La vaste étendue des mers, des océans. || Forêt d'une étendue considérable. || Cette ville égale Paris en étendue, mais elle n'est pas peuplée en proportion de son étendue. || L'étendue des plaines et des montagnes en France. || Quelle est l'étendue de ce domaine, de cette exploitation ? Contenance; → Culture, cit. 3 et 7. || Mesurer l'étendue des parcelles (→ Arpentage, cit.). || Les bornes, les limites d'une étendue. || Occuper une étendue limitée. || Dans l'étendue de la circonscription, de la juridiction. || Étendue de la vue. Distance, portée.(Une étendue). || De ce point de vue, de ce belvédère, le regard embrasse une vaste étendue. Cercle, horizon. || Devant nous s'ouvre une vaste étendue désertique, sablonneuse, broussailleuse, montagneuse.
9 Il avait de plant vif semé cette étendue.
Là croissait à plaisir l'oseille et la laitue (…)
La Fontaine, Fables, IV, 4.
10 (…) la sublimité des grands horizons, l'étendue illimitée des savanes, l'infini du désert de l'océan (…)
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. I, p. 82.
11 De ma falaise, au bord de la Seine, je contemple une étendue déserte (…) mais, si je quitte la terrasse, je trouve bientôt, derrière la maison, sur le plateau, des terres habitées et la route de Pontoise.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 73.
12 Jusqu'ici la grandeur d'un conquérant était géographique. Elle se mesurait à l'étendue des territoires vaincus.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 119.
3 Mus. || Étendue d'une voix, d'un instrument, écart entre le son le plus grave et le son le plus aigu. Clavier, diapason, registre.Absolt. || Voix qui a de l'étendue. Ampleur.
4 (1664). Durée. || Étendue de la vie. || « La vie de l'homme est d'une étendue bien bornée dans l'étendue des siècles » (Littré).
13 (…) quoique je fasse, les jours ici ont toute leur étendue, et quelque chose encore au delà.
Mme de Sévigné, 939, 8 oct. 1684.
5 (Abstrait). Ampleur, développement, longueur. || L'étendue d'un discours, d'une dissertation, d'un ouvrage. || Donner plus d'étendue à un développement. Amplification (cit. 1). || Étendue d'un mot, d'une signification. Compréhension; compréhensif (cit. 4). || Donner plus d'étendue à un mot. Extension; → Dictionnaire, cit. 4. || L'étendue d'un phénomène. Amplitude. || Mesurer toute l'étendue d'un désastre, d'une catastrophe, d'un mal, d'un danger. Immensité, importance, portée, proportion. || L'étendue d'un sacrifice. || Embrasser une question dans toute son étendue (→ Affaire, cit. 57). || Sujet d'une étendue immense (→ Complexe, cit. 3). || Étendue d'une instruction, d'un savoir (→ Curiosité, cit. 7). || Accroître l'étendue de ses connaissances, de ses activités. Champ, domaine, sphère. || Étendue des facultés intellectuelles. || Étendue d'esprit. || Un esprit d'une grande, d'une vaste étendue. Envergure. || L'étendue de ses pouvoirs, de ses droits. Capacité, compétence. || Étendue d'une compétence. Ressort.
14 Votre pouvoir est de grande étendue (…)
Pascal, les Provinciales, 6.
15 Donnez à votre ouvrage une juste étendue.
Boileau, l'Art poétique, III.
16 Nombre de gens fameux en ce genre ont écrit.
Tous ont fui l'ornement et le trop d'étendue.
La Fontaine, Fables, VI, 1.
17 (…) je lui ai dit (…) que nous avions senti ce plaisir dans toute son étendue.
Mme de Sévigné, 1154, 23 mars 1689.
18 (…) ce n'est pas depuis sa mort que l'on admire (…) l'étendue de ses lumières (…)
Mme de Sévigné, 431, 16 août 1675.
19 De là vient cette bizarrerie apparente de l'esprit humain, qui a tant d'étendue en un sens et si peu en un autre (…)
Fontenelle, Fragments de la connaissance de l'esprit humain, in Littré.
20 (…) la grandeur des désirs est en raison de l'étendue de l'imagination.
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 239.
21 (…) le cours que j'entreprends de développer devant vous embrassera la littérature française dans toute son étendue.
Sainte-Beuve, Chateaubriand, Disc. d'ouverture, t. I, p. 22.
22 Toute secte se présente à nous avec des limites; or, une limite quelconque est ce qu'il y a de plus antipathique à notre étendue d'esprit.
Renan, l'Avenir de la science, Œuvres, t. III, p. 809.
23 La guerre, si par malheur elle éclate, sera un événement entièrement nouveau dans le monde par la profondeur et l'étendue du désastre (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXIII, p. 255.

Encyclopédie Universelle. 2012.