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OR
OR

À l’état fondamental, l’or, de symbole chimique Au et de numéro atomique 79, est caractérisé par la saturation de la sous-couche 5d et la présence d’un électron célibataire en 6s . En fait, l’effet écran très limité de la sous-couche 5d entraîne pour le noyau une charge effective élevée: de tous les éléments dont la sous-couche périphérique s ne comporte qu’un seul électron, l’or est celui pour lequel cet électron est le plus stable (le premier potentiel d’ionisation de l’or est de 9,22 eV, alors que celui de l’argent n’est que de 7,57 eV et celui du potassium de 4,34 eV). Il en résulte pour l’or une tendance très marquée à se trouver à l’état métallique. Cette tendance commande pour l’essentiel ses propriétés et celles de ses composés.

La propension de l’or à se trouver à l’état métallique explique également que dans la nature il se trouve toujours sous forme élémentaire soit pur, soit à l’état d’alliages, avec l’argent et le tellure généralement.

Il est largement dispersé à l’état naturel, mais presque toujours en proportions trop faibles pour qu’une exploitation moderne soit possible. Les gisements sont constitués par des roches dans lesquelles l’or est disséminé, les filons aurifères , et des dépôts alluviaux ou placers provenant de leur érosion, où l’or se trouve sous forme de pépites. Celles-ci peuvent avoir un volume considérable: une pépite découverte dans le New South Wales (Australie) ne pesait pas moins de 350 kg.

Les principaux producteurs d’or sont l’Afrique du Sud et l’Union soviétique. L’importance de cette production d’or explique d’ailleurs pour une bonne part le poids de la république d’Afrique du Sud dans les relations économiques internationales, dans la mesure où les principales monnaies s’appuient sur l’or et où leur crédit est lié à l’importance des stocks d’or (cf. OR [économie et finances]).

L’or est connu depuis la plus haute antiquité. Il est sans doute le premier métal travaillé par l’homme. Il fit son apparition dès le Néolithique sur le pourtour oriental de la Méditerranée sous forme de joyaux et de décorations tombales.

Les premières découvertes de grandes quantités d’or remontent au XVIe siècle. Les stocks d’or entreposés par les Indiens, qui ne considéraient d’ailleurs pas l’or comme un métal particulièrement précieux, furent l’une des causes, sinon la principale, d’une conquête qui fut un véritable génocide.

Exploitation des gisements aurifères

Dérivé des méthodes artisanales des orpailleurs, le procédé du lavage fut longtemps le seul utilisé pour séparer les pépites d’or des sables aurifères. Après projection de jets d’eau plus ou moins puissants, l’or était séparé par lévigation grâce à sa densité généralement très supérieure à celle des boues formées. Ce procédé est pratiquement abandonné aujourd’hui.

Les roches aurifères sont soumises à un broyage préalable et souvent enrichies par flottation . Boues aurifères aussi bien que résidus de broyage sont souvent soumis à une amalgamation sur tables de cuivre, le mercure fixant l’or et l’argent présents à l’état natif. Le mercure est ensuite recyclé par distillation. Ce procédé présente entre autres inconvénients celui de ne pas être utilisable pour les tellurures.

Les résidus d’amalgamation, les minerais pauvres une fois broyés et enrichis par flottation sont soumis à une cyanuration , autrement dit à l’action de cyanures alcalins en présence d’air. La réaction correspondante s’écrit:

L’oxydation de l’or, particulièrement difficile en raison de sa tendance à conserver son électron 6s 1, comme en témoigne le potentiel normal d’oxydoréduction élevé du système Au+ + e 燎 Au(E0 = 1,68 V), est facilitée par la stabilité de l’ion Au(CN)-2. Celle-ci empêche pratiquement la formation d’ions libres Au+ et déplace l’équilibre dans le sens de la dissolution de l’or. L’inconvénient du procédé est que d’autres métaux présents peuvent également être dissous: compte tenu de l’affinité particulièrement marquée de l’ion cyanure pour l’or, il faut donc utiliser des solutions très diluées. Mais on est limité dans cette voie par la difficulté de reprécipiter l’or après dissolution. Celle-ci s’effectue souvent par action de la poudre de zinc:

Lorsque l’or se présente sous forme de tellurure, un grillage oxydant préliminaire est indispensable pour le libérer.

L’or obtenu à partir de l’amalgame ou de la solution cyanurée doit être purifié. Un affinage ultime est souvent indispensable pour éliminer en particulier l’argent présent et les dernières traces de cuivre. La méthode généralement utilisée est l’attaque à l’eau régale suivie d’une électrolyse en milieu acide avec dissolution anodique et dépôt cathodique sur plaque d’or. De nombreuses variantes sont possibles en fonction de la nature et du taux des impuretés.

L’or en circulation est généralement allié au cuivre, qui en augmente la dureté. L’or «à 24 carats» est exempt de cuivre.

Son rôle d’étalon monétaire s’explique moins par sa relative rareté – les gisements aurifères sont plus nombreux que ceux de beaucoup d’autres éléments – que par son inaltérabilité aux agents atmosphériques et ses propriétés mécaniques.

Propriétés de l’or

Propriétés physiques et mécaniques

L’or est un métal de structure cubique à faces centrées. Le rayon atomique (0,144 nm) est le même que celui de l’argent, son homologue de la colonne I B, analogie due à la «contraction lanthanidique». La similitude de structure et de rayon atomique explique d’ailleurs que l’or et l’argent constituent des solutions solides sans lacune de miscibilité. Le point de fusion de l’or est de 1 063 0C: l’or étant relativement aisé à obtenir pur, cette valeur est utilisée comme point de contrôle thermométrique international. C’est un excellent conducteur électrique.

C’est le plus malléable et le plus ductile de tous les métaux, propriété qu’explique une structure dans laquelle les plans de glissement sont particulièrement nombreux. Les possibilités mécaniques exceptionnelles de l’or justifient son emploi sous forme de feuilles très minces ou de filaments de faible section. Un gramme d’or peut être étiré selon un fil de plusieurs kilomètres.

Les applications industrielles de l’or sont relativement rares: l’inflation engendrée par le développement économique a pour corollaire la disparition progressive des pièces d’or en tant que signes monétaires. La facilité avec laquelle l’or se laisse travailler et l’absence de corrosion atmosphérique entraînent cependant quelques utilisations fines dans les secteurs où ces propriétés ont plus d’importance que le prix de revient.

Propriétés chimiques

De tous les métaux, l’or est le moins électropositif; c’est là une conséquence de la stabilité de l’électron 6s 1 qui, comme nous l’avons vu, est fortement lié au noyau. Il en résulte une faible réactivité chimique, l’or ne réagissant qu’avec des systèmes relativement oxydants ou lorsque la présence de ligands fortement donneurs permet la formation de complexes peu dissociés.

Cette propriété explique d’ailleurs que l’or ne se rencontre pas sous forme de composés ioniques, la liaison étant toujours covalente.

L’or est attaqué à chaud par les halogènes, mais dès la température ordinaire par l’eau régale, cette dernière réaction étant facilitée par la formation de complexes aurichlorhydriques et aurinitriques. L’oxygène et le soufre sont sans action même à chaud. Les acides ne réagissent que lorsque leur pouvoir oxydant est suffisant.

Combinaisons de l’or avec les autres éléments

Trois degrés d’oxydation sont connus: + I, + III et + V. Les ions Au+ et Au3+ ne sont jamais isolés en solution, la stabilisation des degrés d’oxydation correspondants exigeant la formation de complexes à liaison forte. Les composés monovalents, bien que peu stables à la chaleur, le sont davantage encore que les trivalents.

Composés de l’or monovalent

Les composés de l’or monovalent sont les plus nombreux à l’état solide en raison de la très faible stabilité thermique des composés de l’or trivalent.

Mais, en présence d’eau, ils ne sont stables qu’à condition d’être insolubles (Au2S par exemple) ou de se trouver en présence d’ions ou de molécules susceptibles de les complexer fortement. Leur tendance est en effet de se dismuter en or métallique et en composés de degré d’oxydation + III:

Ce phénomène s’explique par les degrés d’oxydation des couples:

La figure, qui représente la variation avec le degré d’oxydation du produit de celui-ci par le potentiel normal relatif au métal rapporté au système H+/H2, montre que dans les conditions standard le point représentant le système 2 Au + Au3+ correspond à une énergie inférieure à celui relatif à Au+. Ce phénomène rapproche l’or du cuivre et le distingue de l’argent, son voisin immédiat dans la colonne I B.

La coordinence de l’or monovalent s’explique par la stabilité du niveau 6s , qui limite les possibilités d’hybridation avec 6p : la transition 6s6p correspond à 5,02 eV pour Au, alors qu’elle n’est que de 3,75 eV pour Ag et 1,61 eV pour K. Les ions linéaires, correspondant à une hybridation sp , sont les plus fréquents: c’est le cas de AuCl-2 et de Au(CN)-2; la configuration tétraédrique (hybridation sp 3) se rencontre beaucoup plus rarement. L’oxyde d’or Au2O obtenu par voie humide est métastable. Il en est de même pour les composés azotés, dont les réactions de décomposition sont brutales et capricieuses (or fulminant).

AuCl, AuBr et AuI sont thermodynamiquement stables, mais leur stabilité thermique diminue lorsque la taille de l’halogène augmente. AuCl et AuBr, très solubles, se dismutent instantanément en présence d’eau pure; AuI, moins soluble, beaucoup plus lentement. L’addition d’ions chlorure à la solution de AuCl la stabilise; celle des ions bromure à la solution de AuBr ne fait que retarder la dismutation: les ions AuCl-2 sont plus stables en effet en solution aqueuse que les ions AuBr-2.

Le cyanure AuCN obtenu à partir de solutions aqueuses possède une structure en chaînes parallèles caractéristiques de l’hybridation sp . L’ion Au(CN)-2 obtenu par excès d’ions cyanure est particulièrement stable (K = 4 練 1028), propriété qui explique son rôle dans l’extraction de l’or de ses minerais.

Composés de l’or trivalent

Alors que les composés obtenus en phase solide sont peu nombreux et d’ailleurs souvent métastables, on rencontre un grand nombre d’ions complexes correspondant au degré d’oxydation + III en solution aqueuse. Tous sont facilement réduits au stade métallique.

La structure de ces ions est souvent carrée, la libération d’une case 5d dans l’or trivalent permettant l’hybridation dsp 2; c’est le cas, par exemple, des ions AuCl-4, AuBr-4, AuCl3(OH)-. La structure bipyramidale triangulaire (dsp 3) ou octaédrique (dsp 3d ) est plus rare dans la mesure où elle fait appel à des niveaux d’énergie plus élevés.

Les halogénures Au3, AuCl3 et AuBr3 s’obtiennent par synthèse à basse température, le premier sous pression. Peu stables, ils se décomposent à la chaleur avec formation de monohalogénure et libération d’halogène (l’enthalpie de dissociation dans le cas de la réaction AuCl3 燎 AuCl + Cl2 est de 漣 20 kcal environ, par exemple).

AuCl3 est soluble dans l’eau avec formation d’acide complexe H[AuCl3(OH)]. En milieu chlorhydrique, celui-ci se transforme en acide aurichlorhydrique H[AuCl4]. En présence de chlorure alcalin MCl se forment des aurichlorures MAuCl4. On retrouve des homologues de ces derniers pour le brome et l’iode. Dans tous les cas où leur structure a été déterminée, les anions halogénés comportent une configuration carrée.

L’addition d’ions OH à une solution de chlorure AuCl3 entraîne la précipitation d’un hydroxyde Au(OH)3, n H2O. Celui-ci, soluble en milieu basique, peut donner naissance à des aurates, dont certains ont été isolés; ce caractère acide est d’ailleurs plus marqué que le caractère basique. L’oxyde Au23 obtenu par déshydratation de l’hydroxyde est très fragile.

Tous les composés organiques connus de l’or correspondent au degré d’oxydation + III. Dans ceux dont la structure a été déterminée, le polyèdre de coordinence de l’or est toujours un carré. Ils sont essentiellement de type R3Au, R2AuX, RAuX2, R étant un radical aliphatique, X un halogène. Les dérivés dialiphatiques sont les plus stables.

Aucun composé divalent n’a jamais été mis en évidence en raison de la stabilité à saturation de la couche 5d . Le composé CS2Au2Cl6 est en fait une combinaison équimolaire d’or + I et + III de formule Cs2Au [AuCl6].

Composés de l’or pentavalent

Ce sont des fluorures obtenus sous pression élevée de fluor. Quoique difficilement accessible, le degré d’oxydation + V s’explique cependant par la configuration à spin faible 5d 6 de l’or et la forte électronégativité du fluor. Nous citerons CsAg6, dans lequel l’ion [Ag6] est stabilisé par la présence d’un alcalin très électropositif.

1. or [ ɔr ] n. m.
Xe; lat. aurum
A
1Élément atomique (Symb. Au; no at. 79; m. at. 196,96), métal jaune, brillant, inaltérable et inoxydable. L'or, très ductile et malléable, est le métal précieux par excellence de la joaillerie, de la fabrication de monnaie et de la médecine. Minerais d'or natif. paillette, pépite. Minerais de sels d'or. Inclusions d'or dans des pyrites. Mine d'or. Chercheur d'or. orpailleur. « Celui qui cherche l'or doit d'abord s'oublier soi-même, il doit devenir un autre. L'or aveugle et aliène » ( Le Clézio). La ruée vers l'or. Les alchimistes prétendaient transformer le plomb en or. Le veau d'or. La poule aux œufs d'or.
Par ext. Liqueur d'or : sorte de ratafia contenant des paillettes d'or (appelée aussi eau-de-vie de Dantzig). — Or colloïdal : solution colloïdale d'or, employée pour combattre l'infection.
Ce métal précieux allié ou non à d'autres substances, dans des proportions variables (titre, aloi). Or de coupelle, affiné. Or vierge, or pur, or fin. Titre de l'or. aloi, carat, titre. Or contrôlé, poinçonné. poinçon. Or jaune, or blanc (allié d'argent et de cuivre), or rouge (allié de cuivre), or gris (allié de zinc, de nickel). Or patiné; vieil or. Lingot, barre d'or. Bijoux, joyaux d'or, en or massif. orfèvrerie. Statue d'or et d'ivoire ( chryséléphantin) . Vaisselle d'or. Stylo à plume en or. Lunettes cerclées d'or. Dent en or. Filigrane d'or. Nom écrit en lettres d'or. Peinture, enluminure sur fond d'or. Incruster un filet d'or dans un métal : damasquiner. Couvrir d'une feuille d'or. doré, dorer. Bijou en plaqué or. plaqué. Argent plaqué d'or. vermeil. Étoffe brodée d'or : brocart. Fil d'or. Habits de soie et d'or. Le camp du Drap d'or. Être (tout) cousu d'or. Poét. Jours filés d'or et de soie, très heureux (par allus. aux Parques).
Pièces d'or. jaunet, louis. Payer une somme en or, en pièces d'or. « Tu répugnes peut-être à te séparer de ton or, hein, fifille ? » (Balzac).
Par ext. Monnaie métallique virtuelle (étalon, valeur de référence) ou réelle (or monnayé). monnaie. Once d'or. Cours de l'or. Valeur, change de l'or. Par appos. Encaisse or d'une banque d'émission. Étalon or. Valeur or d'une unité monétaire. Par ext. Métal utilisé comme monnaie de référence. bimétallisme, convertibilité.
2Symbole de richesse, de fortune (qu'il s'agisse ou non d'or monnayé). argent, richesse. Le pouvoir de l'or. « L'or est tout; et le reste, sans or, n'est rien » (Diderot). Soif de l'or.
Loc. Acheter, vendre, payer à prix d'or, très cher. — Valoir son pesant d'or. Affaire, marché en or. avantageux. C'est de l'or en barre. Couvrir qqn d'or : payer très cher (qqn), lui donner beaucoup d'argent. Faire un pont d'or à qqn. Rouler sur l'or : être dans l'opulence, la richesse. (Après la négation) Pour tout l'or du monde : à aucun prix. ⇒ jamais (cf. Pour un empire, pour rien au monde). « C'était une rue où elle n'aurait pas demeuré pour tout l'or du monde » (Zola).
3Substance ayant l'apparence de l'or véritable. chrysocale, oripeau. Or mussif. Or de couleur. Par appos. Peinture or. L'or d'un cadre, d'une décoration.
BFig. et métaph.
1(En parlant de ce qui a une couleur jaune, un éclat comparable à celui de l'or) 2. brillant, éclat. Jaune d'or. Cheveux d'or, d'un blond doré. Casque d'or. L'or des blés, des ajoncs. L'or et la pourpre de l'automne.
2Blas. Un des deux métaux héraldiques, représenté conventionnellement par des pointillés.
3Chose précieuse, rare, excellente. PROV. Tout ce qui brille n'est pas or.
Loc. Noces d'or. Parler d'or : dire des choses excellentes, très sages. Le silence est d'or. Règle d'or. Être franc, bon comme l'or. Cœur d'or. 1. bon, excellent, généreux. Fam. EN OR : excellent, parfait. Un mari en or. « Je vois un beau film à faire. — Un sujet en or, approuva Lili » (Aymé).
♢ ÂGE D'OR : temps heureux d'une civilisation (ancien ou à venir). Par ext. « Cette période extraordinaire qu'on a pu appeler l'âge d'or de la littérature française médiévale » (Aragon). Siècle d'or, se dit d'une époque brillante de prospérité et de culture (spécialt en Espagne).
Livre d'or. Esthétique Nombre d'or.
4(Désignant une source de richesse). L'or noir : le pétrole. — L'or blanc : la neige des sports d'hiver. — L'or vert : les ressources procurées par l'agriculture ou par la vente de terrains agricoles. — L'or rouge : l'énergie solaire.
⊗ HOM. Hors. or 2. or [ ɔr ] adv. et conj.
ores 1176; ore Xe; lat. pop. hora pour hac hora « à cette heure »; cf. désormais, dorénavant, encore, lors
En tête de phrase ou de propos. I Adv. Vx Maintenant, présentement. « Or, adieu, j'en suis hors » (La Fontaine).
(1877) Mod. D' ORES ET DÉJÀ [ dɔrzedeʒa ] :dès maintenant, dès aujourd'hui. « Le triomphe final sera difficile [...] Mais d'ores et déjà [...] il est inévitable » (Martin du Gard).
II Conj. Mod. Marque un moment particulier d'une durée (dans un récit) ou d'un raisonnement. « Elle pleurait pendant des jours entiers [...] Or, un soir, son mari rentra, l'air glorieux » (Maupassant). Introduit la mineure d'un syllogisme, un argument ou une objection à une thèse. Vous croyez avoir raison, or vous n'avez rien prouvé. cependant, pourtant.

or conjonction (latin hac hora, à cette heure) Sert à marquer la transition d'une idée à une autre, la présence d'un nouvel élément d'un récit, d'un nouvel argument dans un raisonnement ; sert à introduire la mineure d'un syllogisme. Or donc, pour en venir au fait. ● or (difficultés) conjonction (latin hac hora, à cette heure) Emploi La conjonction or, qui unit le plus souvent des phrases, est généralement précédée d'une ponctuation forte (point ou point-virgule). Il était absent ; or, il avait dit qu'il viendrait. La virgule après or est fréquente, mais elle n'est pas obligatoire. Sa présence correspond à l'oral à une pause qui marque une nouvelle étape dans la pensée. Or il arriva que... « Or, l'analyse a réduit tous les produits de cette nature à quatre corps simples »(H. de Balzac). Remarque On rencontre encore parfois or donc : or donc, la sorcière avait jeté un sort à la princesse. Or çà et or sus, fréquents autrefois, sont aujourd'hui sortis de l'usage. ● or (homonymes) conjonction (latin hac hora, à cette heure) hors préposition or nom masculin ores adverbeor nom masculin (latin aurum) Métal d'un jaune brillant, dense, très ductile, inaltérable à l'air et à l'eau et qui a une très grande valeur commerciale. (Élément chimique de symbole Au.) Numéro atomique : 79 Masse atomique : 196,97 Masse volumique : 19,3 g°cm3 Température de fusion : 1 064 °C Alliage de ce métal avec d'autres métaux (argent, cuivre, nickel, zinc, etc.), utilisé en bijouterie, en dentisterie, en orfèvrerie, etc. : Or jaune, or blanc. Monnaie d'or : Il demande à être payé en or. Ornement, décoration en or : Un vase avec des ors noircis. Symbole littéraire de la richesse, de l'opulence : La soif de l'or. Ce qui a un mérite exceptionnel, un grand prix, une grande valeur (surtout dans les locutions d'or, en or) : Le silence est d'or. Une affaire en or. Littéraire. Couleur jaune brillant : L'or du couchant. Un des deux métaux héraldiques (indiqué en gravure par un pointillé). ● or adjectif invariable Valeur or, valeur exprimée en une unité monétaire convertible en or. Clause or, clause d'un contrat par laquelle l'obligation du débiteur est exprimée en valeur or. ● or (citations) nom masculin (latin aurum) Alphonse Allais Honfleur 1854-Paris 1905 La soif de l'or — auri sacra fames — est devenue tellement impérieuse au jour d'aujourd'hui, que beaucoup de gens n'hésitent pas, pour se procurer des sommes, à employer le meurtre, la félonie, parfois même l'indélicatesse. Rose et vert pomme Ollendorf Anonyme Le cœur d'un homme vaut tout l'or d'un pays. Li cuers d'un home vaut tot l'or d'un païs. Chanson de geste Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 L'or, même à la laideur, donne un teint de beauté. Satires André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 Je cherche l'or du temps. Introduction au « Discours sur le peu de réalité » Gallimard Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 […] Ne possédait pas l'or, mais l'or le possédait. Fables, L'Avare qui a perdu son trésor Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux. Philémon et Baucis Alain René Lesage Sarzeau 1668-Boulogne-sur-Mer 1747 C'est l'usurier le plus juif : il vend son argent au poids de l'or. Turcaret Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il changé ? Athalie, III, 7, Joad Jean de Rotrou Dreux 1609-Dreux 1650 Et que l'or est un charme à la vertu fatal ! Laure persécutée, II, 7 Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. Monstrueuse faim de l'or ! Auri sacra fames ! L'Énéide, III, 57 Héraclite d'Éphèse vers 550-vers 480 avant J.-C. Les ânes préféreraient la paille à l'or. Fragment, 9 Diels (traduction Battistini) Samuel Butler Langar, Nottinghamshire, 1835-Londres 1902 Bien que la sagesse ne puisse s'acquérir avec de l'or, elle peut encore moins s'acquérir sans lui. Though wisdom cannot be gotten for gold, still less can it be gotten without it. Notebooks or (difficultés) nom masculin (latin aurum) Orthographe On écrit étalon-or, avec un trait d'union, ou étalon or, sans trait d'union. La graphie avec trait d'union, étalon-or, est aujourd'hui la plus fréquente. Franc-or s'écrit toujours avec trait d'union. Accord Or, employé comme adjectif de couleur, reste invariable : des bordures or ; des bannières sang et or. Voir grammaire : noms de couleur. ● or (expressions) nom masculin (latin aurum) Âge d'or, temps heureux d'une civilisation ; époque qui voit dans un domaine déterminé une production particulièrement brillante. À prix d'or, très cher. Couvrir quelqu'un d'or, lui donner beaucoup d'argent, le payer très cher. Jaune d'or, qui a l'éclat orangé de l'or. Or aigre, or qui se gerce, qui se brise sous le marteau. Or d'apothicaire, or dont on se sert pour peindre ou écrire. Or argental, synonyme de électrum. Or battu, or réduit en feuilles pour la dorure. L'or blanc, la neige, les sports d'hiver. L'or noir, le pétrole. L'or vert, l'agriculture, l'agroalimentaire, les exportations agricoles. Parler d'or, parler très bien, exprimer des idées pertinentes. Pour tout l'or du monde, à aucun prix, pour rien au monde. Rouler sur l'or, être cousu d'or, être très riche, vivre dans l'opulence. ● or (homonymes) nom masculin (latin aurum) dore forme conjuguée du verbe dorer dors forme conjuguée du verbe dormir hors préposition or conjonction ores adverbeor (synonymes) nom masculin (latin aurum) Or argental
Synonymes :
- électrum
or (expressions) adjectif invariable Valeur or, valeur exprimée en une unité monétaire convertible en or. Clause or, clause d'un contrat par laquelle l'obligation du débiteur est exprimée en valeur or.

or ou ores
conj. et adv.
d1./d conj. Sert à lier deux termes d'un raisonnement (notam. la majeure à la mineure d'un syllogisme), à introduire certaines phases d'un récit, ou certaines incidentes (d'explication, d'objection, etc.) d'un discours. Il rêvait de voyages, or il était pauvre.
d2./d adv. D'ores et déjà: dès maintenant. Il est d'ores et déjà certain du succès.
————————
or
n. m.
d1./d élément métallique (symbole Au) de numéro atomique Z = 79.
Métal (Au) précieux, mou, ductile et malléable, jaune par réflexion et vert par transparence. L'or est quasiment inaltérable.
|| CHIM Or colloïdal: suspension colloïdale d'or.
d2./d Ce métal, monnayé ou non, considéré pour sa valeur. Payer en or.
étalon-or: V. étalon 2.
d3./d Alliage à base de ce métal, utilisé notam. en bijouterie.
(Afr. subsah.) Or fétiche: alliage titrant moins de 18 carats.
d4./d (Dans certaines loc. fig.) Richesse, valeur considérable. être cousu d'or, rouler sur l'or: être très riche. Acheter, vendre à prix d'or, très cher. Valoir son pesant d'or: valoir très cher, être très précieux. C'est de l'or en barre, c'est une affaire d'or (ou en or): c'est une affaire très fructueuse.
d5./d Couleur, aspect de l'or (souvent au Plur.); objet ou substance de cette couleur, de cet aspect. Les ors d'une icône.
d6./d (Pour signifier l'excellence, la perfection, la rareté, etc.) Un coeur d'or, bon, généreux. Parler d'or: prononcer des paroles sages, judicieuses.
Fam. Un ami, un public en or.
d7./d L'or noir: le pétrole.

I.
OR1, subst. masc.
I. —[L'or en tant que métal]
A. —Métal précieux, jaune brillant, mou, très dense, très malléable et très ductile, inaltérable à l'air, à l'eau et aux acides, qui se présente généralement à l'état natif sous forme de pépites ou de paillettes (symb. Au, n° atomique 79):
1. Ô l'or! sang de la force implacable et moderne;
L'or merveilleux, l'or effarant, l'or criminel,
L'or des trônes, l'or des ghettos, l'or des autels;
L'or souterrain dont les banques sont les cavernes
Et qui rêve, en leurs flancs, avant de s'en aller,
Sur la mer qu'il traverse ou sur la terre qu'il foule,
Nourrir ou affamer, grandir ou ravaler,
Le coeur myriadaire et rouge de la foule.
VERHAEREN, Mult. splendeur, 1906, p.111.
1. Ce métal à l'état natif. Filon, grain, paillette, pépite, poudre d'or; chercheur d'or; battre l'or, chercher, fondre, trouver de l'or. Ce pays produit un peu d'or; presque toutes les rivières y sont aurifères (Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.62).
Mine d'or. V. mine2 II A ex. de Dabit et d'Abellio.
Ruée vers l'or.
Domaine des légendes, de la myth. (v. eldorado A). L'or du Rhin. L'or du Pactole et ses trésors liquides (CHÉNIER, Épitres, 1794, p.180). Jupiter, métamorphosé en pluie d'or, donne naissance à Persée, dont l'image est placée sur le bélier céleste, appelé bélier à toison d'or (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p.235).
Pommes d'or du jardin des Hespérides. V. Hespérides ex. de Leroux.
Poule aux oeufs d'or. Rameau d'or. Toison d'or.
ALCHIM. Faire, fabriquer de l'or. Tenter de transformer en or d'autres métaux. On avait imaginé qu'elle [la chimie] devait donner le secret de faire de l'or, et celui de rendre immortel (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p.179). Faire de l'or avec du cuivre et du plomb (BARRÈS, Cahiers Orient, 1914, p.63).
MINÉR. Or argental. ,,Alliage naturel d'or et d'argent`` (DUVAL 1959). V. électrum. Or blanc. ,,Ancien nom du platine`` (BRARD 1838). Or graphique. Tellurure d'or argentifère. (Dict. XIXe et XXe s.). Synon. sylvane. P. anal. (de couleur). Or de chat. ,,Mica jaune lamelliforme`` (LITTRÉ) que l'on a pris souvent pour de l'or.
2. Ce métal entrant dans des composés ou des solutions.
CHIM. Or fulminant. ,,Oxyde d'or ammoniacal, susceptible d'être décomposé par la chaleur ou par un frottement très vif`` (CHESN. t.2 1858) et de devenir explosif.
PHARMACOL. Or colloïdal. Solution colloïdale d'or employée en thérapeutique générale dans les maladies infectieuses (tuberculose, rhumatismes). J'ai connu le cas d'un ami très riche qui absorbait de l'or colloïdal et qui a été bien attrapé: il s'est vu transformé en bronze, El Dorado, et il se faisait de la bile! (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.209).
Liqueur d'or (vieilli). Eau-de-vie de Dantzig, ratafia dans lequel on a mis quelques paillettes d'or. (Dict. XIXe et XXe s.).
Sels d'or. ,,Médicaments anti-inflammatoires`` (TOUIT.-PERL. 1976). Il demandait aussi en même temps que je lui fasse des piqûres: avec des sels d'or (CÉLINE, Voyage, 1936, p.366).
HIST. DE LA MÉD. Or potable. Dissolution de chlorure d'or que l'on prétendait très efficace pour maintenir en jeunesse. Paracelse assurait (...) qu'il avait mis au point certain élixir à base d'or potable capable d'apporter une jeunesse éternelle (CARON, HUTIN, Alchimistes, 1959, p.37).
3. Ce métal allié ou non à d'autres (argent, cuivre, nickel, platine) dans des proportions variables pour lui conférer une plus grande dureté:
2. L'or fin, c'est-à-dire pur, est dit de 24 carats ou mille millièmes (...); toute adjonction d'un autre métal modifie sa couleur en le rendant plus dur. L'or blanc est de l'or à 18 carats contenant 17 % de nickel, 5 % de zinc et 2,5 % de cuivre, l'or vert contient 22,5 % d'argent, 1,5 % de nickel et 1 % de cuivre.
METTA, Pierres préc., 1960, p.54.
a) [L'or du point de vue de sa pureté] Bon or; vrai or; or contrôlé, poinçonné; essayer l'or avec une pierre de touche (v. essayer ex. 4 et I A 1 a chim.). La pureté de l'or s'exprime en millièmes (or pur = 1000 millièmes) ou en carats (or pur = 24 carats) (LESC. 1973).
Or affiné ou or de coupelle. Or pur de tout mélange. V. coupelle B.
Or bas. ,,Or qui est au-dessous de 750 millièmes`` (CHESN. 1858).
Or fin. Or pur de tout mélange; en partic., or livré aux banques et à l'orfèvrerie au titre de 99,5 %. V. ex. 2.
Or pur. Or à 24 carats, au titre de 1000/1000. V. ex.2.
Or vierge ou or natif. Or qui n'a subi aucune opération métallurgique. (Ds Ac. 1835, 1878).
Or de ducat.
Or d'essai. Or très fin qu'on emploie pour faire les essais. V. essai I A 1 a minér.
Barre, lingot d'or. Masse de métal coulée sous forme de parallélépipède. Lingots d'or enfermés dans un coffre après qu'on les a pesés avec scrupule (MAURIAC, Journal 3, 1940, p.227). Or (...) entreposé sous forme de lingots de 1 kg ou de barres de 12 kg dans une banque comme garantie des billets en circulation ou des liquidités internationales (COTTA 1972).
b) [L'or dans les alliages]
Or anglais. Alliage d'or, d'argent et de cuivre employé en bijouterie. (Dict. XXe s.).
Or blanc. Alliage or-palladium ou or-nickel (d'apr. DUVAL 1959). ,,Alliage or-argent`` (Lar. Lang. fr.). V. ex. 2 supra.
Or gris. Alliage d'or, d'argent et de cuivre comportant du fer. L'alliage connu sous le nom d'or gris renferme 1/5 à 1/6 de fer, il est d'un jaune gris (WURTZ, Dict. chim., t.1, 2e vol., 1870, p.1405). Épingle de cravate, tige or gris (Catal. Madelios Cadeaux, 1936).
Or jaune. Alliage d'or et d'argent. (Dict. XIXe et XXe s.).
Or rouge. Alliage d'or et de cuivre (Dict. XIXe et XXe s.).
Or vert. Alliage d'or et d'argent (d'apr. CHESN. 1858). V. ex. 2 supra.
Titre de l'or. Proportion d'or contenue dans un alliage et exprimée en parties pour mille ou en carats. Leur titre [des pièces d'or] est fixé à neuf dixièmes de fin et un dixième d'alliage (Loi du 28 mars 1803 ds Doc. hist. contemp., 1803, p.113).
c) [L'or traité, préparé en vue de la dorure ou de ses autres utilisations] Or filé; feuille d'or.
Or battu, or en feuilles. ,,Or réduit en feuilles pour la dorure`` (CHESN. 1858).
Or bruni. Or rendu lisse et brillant par le brunissage. Broche en or bruni, portrait de sainte sur émail (LARBAUD, Journal, 1935, p.354).
Or mat. ,,Or non poli`` (CHESN. 1858).
Or moulu. Or réduit en parcelles avec lequel on dore au feu le bronze et le cuivre (d'apr. JOSSIER 1881).
Or trait. Or passé à la filière (d'apr. CHESN. 1858).
Or en/de coquille. ,,Feuilles d'or broyées avec du miel (...) dont font emploi les peintres et les coloristes`` (d'apr. CHESN. 1858).
4. P. anal. Métal ou préparation qui a les apparences de l'or et ses utilisations.
Or couleur. ,,Couleur grasse et gluante dont les doreurs font usage pour appliquer les feuilles d'or battu`` (CHESN. 1858).
Or faux. V. chrysocale (employé en bijouterie).
Or mussif ou or de Judée. Bisulfure d'étain employé dans la dorure. Deux sulfures d'étain: le sulfure noir et le sulfure jaune ou l'or mussif (GAY-LUSSAC ds Ann. chim. et phys., t.1, 1816, p.44).
Or d'Allemagne. ,,Feuille très mince de cuivre jaune`` (CHESN. 1858).
Or de Mannheim (vx). ,,Composition de cuivre et de zinc qui a l'apparence de l'or`` (Ac. 1835), utilisée en bijouterie.
5. PASSEM. Fil d'or, d'argent ou d'autre métal recouvert d'or dont on fait des broderies, des galons, des tissus précieux. Or fin, demi-fin.
a) Fil de soie recouvert d'or:
3. —Père, je n'ai pas d'or à passer. Hubert (...) alla chercher au fond du bahut un écheveau, le coupa, effila les deux bouts en égratignant l'or qui recouvrait la soie...
ZOLA, Rêve, 1888, p.41.
b) Fil, filé, feuille de métal imitant l'or.
Or faux. ,,Filé d'or qui au lieu d'être recouvert d'une lame d'argent doré, était enveloppé d'une lame de cuivre brillant ou de laiton`` (HAVARD 1889).
Or clinquant, or de Paris (vx). ,,Fil de cuivre aplati en lame employé comme le fil d'or pour lamer et broder les étoffes`` (LITTRÉ).
Or tremblant (vx). ,,Feuilles d'or clinquant cousues sur des vêtements de mascarade, de manière à trembler au moindre mouvement`` (LABORDE 1872).
B. —Ce métal précieux entrant dans la fabrication et la décoration de nombreux objets. Objet en or massif, en or contrôlé. [P. ell. de la prép.] Doublé, plaqué or.
1. [L'or formant un objet précieux] Anneau, bracelet, chaîne d'or, en or. Ça n'est qu'une «reconnaissance» pour une breloque et un bracelet... Mais tout ça en or massif! absolument sûr!... contrôlé! dix-huit carats! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.499):
4. [Minos] siégeait sur un trône (...) et tenait de la main droite (...) un sceptre d'or aussi haut que lui; de l'autre, une fleur trilobée, semblable à celles de ses colliers et semblablement en or, mais plus grande.
GIDE, Thésée, 1946, p.1420.
[P. allus. à la Bible] Statue à la tête d'or et aux pieds d'argile. V. colosse ex. de Adam.
Veau d'or.
SYNT. Agrafe, alliance, bague, bijou, clef, clou, collier, croix, médaille, montre, monture de lunettes, stylo à plume d'or ou en or; calice, candélabre, ciboire, ostensoir d'or ou en or; bulle, sceau d'or; aiguière, plat, vaisselle d'or; couronne d'or; casque, cuirasse, éperons d'or.
En partic. [L'objet en or ou en métal doré est signe d'un haut mérite reconnu] Décoration, palme d'or; gagner, recevoir le bol d'or, le disque d'or, une/la médaille d'or (v. médaille C 1). Les nombreuses couronnes de métal: or, argent et bronze, arrachées à l'enthousiasme populaire et conquises sur tant de rivaux par le roi de la lutte (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.352). Il est très grand: médaille militaire et six étoiles dont quatre d'or (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.26).
ODONTOL. Dent en or; bridge, couronne d'or ou en or. Bouche mince qui découvrait, dans ce sourire, toute une rangée de dents d'or (BOURGET, Actes suivent, 1926, p.25).
2. [L'or dans la décoration] Ornement, décoration en or, en fil ou feuille d'or ou imitant l'or; filigrane d'or; lettre d'or. Tasses à filet d'or (POURRAT, Gaspard, 1925, p.31).
ARCHIT. Dômes en or du Kremlin (VERHAEREN, Mult. splendeur, 1906, p.81). Il aimait à imaginer cette ville [Venise] où les maisons étaient une dentelle de pierre, où les toits étaient revêtus d'or (MAUROIS, Disraëli, 1927, p.16).
BEAUX-ARTS. Peinture sur fond d'or. Miniatures à fonds d'or plat ou diapré, étonnantes, des vierges de nativité, à peine pubères, mélancoliques et mutines (HUYSMANS, Oblat, t.2, 1903, p.95).
Au plur. Décoration dorée ou peinture contenant une certaine proportion d'or. Les ors d'un tableau. Au plafond, les ors prodigués, les vitres niellées d'or et les rosaces d'or semblaient un coup de soleil (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p.770).
3. [L'or dans les étoffes, la passementerie] Broderie, drap, galon d'or; robe brodée d'or. Fauteuil de velours cramoisi, à franges d'or et à bois doré (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.319). Pièce tendue de soie bleu pâle à semis de fleurs d'or (DRUON, Gdes fam., t.1, 1948, p.64):
5. [Les ambassadeurs siamois] ont donné à l'empereur un pantalon dont le bas est brodé avec de petits ornements en émail, or, rouge et vert, et une veste de brocart d'or souple comme du foulard, dont les dessins, or sur or, sont merveilleux (...). Ils ont un or rouge et un or blanc qui, mariés ensemble, sont d'un effet admirable.
MÉRIMÉE, Lettres à une inconnue, t.2, 1861, p.165.
Défendre l'or et l'argent (vx). [P. allus. aux édits somptuaires] ,,Défendre de porter des étoffes, des dentelles, etc., tissues de fil d'argent doré`` (Ac. 1835, 1878).
Être tout cousu d'or.
♦[P. allus. aux Parques qui filent la vie humaine] Jours filés d'or et de soie. Poét. et fig. Jours heureux. (Dict. XIXe et XXe s.). Des Parques si robustes et d'une si belle chair doivent filer des jours d'or et de soie d'une longueur indéterminée (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p.127).
SYNT. Dentelle d'or; tissu brodé, broché, lamé d'or; robe, uniforme, ornement sacerdotal brodé(e) d'or; habits chamarrés d'or; képi, livrée galonné(e) d'or.
4. [L'or dans la monnaie] Pièce d'or; doublon, écu d'or. V. louis B ex. de Duhamel.
P. méton. Monnaie d'or. Bourse d'or; poches garnies d'or, pleines d'or. De mois en mois, les gages augmentaient. On payait, dans ce temps, en argent et en or aussi bien qu'en billets (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.90):
6. —Veille à l'or, mets de l'or devant moi. Eugénie lui étendait les louis sur une table, et il demeurait des heures entières les yeux attachés sur les louis...
BALZAC, E. Grandet, 1834, p.223.
Pop., au plur. Les pièces d'or (louis). L'or, il dit même «les ors», qu'il a reçus en paiement (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p.86).
Pop., au fém. C'est de la bonne or que je vous donne (CRESSOT, Phrase et vocab. Huysmans, 1938, p.402).
FIN. Étalon monétaire reconnu par la majorité des grandes puissances au cours du XIXe s. Cours de l'or. L'abandon de l'or comme étalon monétaire n'empêcha pas les particuliers de continuer à spéculer sur lui, le considérant comme une valeur refuge face aux monnaies en perpétuelle dévalorisation (Gestion fin. 1979):
7. Le rôle monétaire de l'or n'a cessé de croître jusqu'en 1914 et 60 % de la production d'or était utilisée pour la frappe des monnaies.
LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., t.2, 1966, p.339.
En compos. Étalon-or. Dans un régime d'étalon-or et même d'étalon de change-or pour les monnaies clés, chaque monnaie est définie par une certaine quantité d'or fin (COTTA 1972).
Franc(-)or. Unité monétaire de la France créée par la loi du 17 germinal an XI (7 avril 1803), définie légalement par sa valeur en or et correspondant alors à 290,33 mg d'or fin.
Encaisse, réserve d'or ou, p. ell., encaisse, réserve or. Ensemble des valeurs en or (pièces, lingots, barres) entreposées dans une banque d'émission. Une émission excédentaire [de billets] se fait donc aux dépens de l'encaisse-or, à concurrence de cent pour cent (BAUDHUIN, Crédit et banque, 1945, p.151). Le stock d'or de la Banque de France (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p.70).
En compos. Valeur-or. Valeur en or d'une monnaie. Au fig. Les diplômes, en ce temps-là, représentaient une manière de valeur-or (VALÉRY, Variété IV, 1938, p.196).
C. —Ce métal, monnayé ou non, considéré sous le rapport de la richesse, de la fortune, du luxe qu'il représente. Je puis devenir riche, grand; je puis être gorgé d'or! (BOREL, Champavert, 1833, p.92). On aimait l'or parce qu'il donnait le pouvoir et qu'avec le pouvoir on faisait de grandes choses. Maintenant on aime le pouvoir parce qu'il donne l'or et qu'avec cet or on en fait de petites (MONTHERL., Maître Sant., 1947, II, 1, p.630):
8. Ces trois variétés d'argentiers étaient habitués à considérer l'or bien plus en raison de leur religion que des qualités de l'or même. (...) Ils avaient pour l'or des égards rituels: toute augmentation de leur capital était pour eux une augmentation de leur dieu et de leur propre sainteté, et seul le caissier, gardant une idée juste dans les pouvoirs bas de l'or, se précipitait le samedi après-midi jouer aux courses.
GIRAUDOUX, Bella, 1926, p.28.
1. Expr. et loc.
Affaire d'or, en or (fam.). Affaire très rémunératrice ou très profitable. Le Gambrinus [une brasserie] ouvrit partout des succursales et fit des affaires d'or (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.234).
Faim, soif, fureur de l'or (littér.). La passion effrénée de la richesse. Quand on a ouvert son âme à des passions d'une autre espèce, comme à la soif de l'or ou des honneurs, on leur immole tout (ROBESP., Discours, Jug. Louis XVI, t.9, 1792, p.89).
Mine d'or. V. supra I A 1. Veau d'or. Adorer le veau d'or.
Jeter, distribuer, semer l'or (à pleines mains). Dépenser sans compter, inconsidérément, généreusement. On l'a vu parcourir nos rues, semant l'or et les conseils, prodiguant partout les plus sublimes soins (LATOUCHE, L'HÉRITIER, Lettres amans, 1821, p.147).
Couvrir d'or (qqn). (L')enrichir. C'est couvert d'or que vous en deviez repartir, les femmes calées sur un matelas d'obligations (ROMAINS, Knock, 1923, I, p.7).
Marcher sur l'or (Ac. 1835, 1878). Être riche. Être gorgé d'or, nager dans l'or; avoir des monceaux d'or (Ac. 1798-1935); Être riche. L'idée que Fontan les empêchait, elle, le gamin et sa mère, de nager dans l'or, l'enrageait (ZOLA, Nana, 1880, p.1309). Mod. Rouler sur l'or. Être riche. J. A. roule sur l'or —mais il aime donner à entendre qu'il saurait supporter d'être riche encore bien plus (GIDE, Feuillets, 1911, p.352). [Souvent à la forme négative] Tout ça ne lui permettait pas de rouler sur l'or. Il avait eu de la difficulté même à se payer une petite Peugeot de rien du tout (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.38).
Être cousu d'or.
Acheter, vendre au poids de l'or, à prix d'or. Acheter, vendre très cher. Cheval qu'elle avoit acheté à prix d'or (COTTIN, Mathilde, t.1, 1805, p.288). Il n'y aurait pas eu cet engouement pour le navire merveilleux, (...) les passagers ne se seraient pas disputé les places à prix d'or (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p.108).
Valoir de l'or. Avoir une grande valeur, être excellent, réunir de nombreuses qualités. Synon. valoir son pesant d'or. Manuscrit (...) qui vaut de l'or (COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1810, p.825).
Promettre des monts d'or. ,,Promettre de grandes richesses`` (Ac. 1798-1935).
Faire un pont d'or à qqn. L'avantager, lui offrir une situation lucrative. Je dirai à mon mari (...) qu'il faut à l'instant te faire un pont d'or (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.120). Le directeur de la Fleur du Saron, petit hebdomadaire rédigé en hébreu, lui offrait la fortune: un traitement de vingt francs par mois. S'élancerait-il sur ce pont d'or? (THARAUD, An prochain, 1924, p.192). Faire un pont d'or à l'ennemi (vieilli). ,,Lui faciliter la retraite`` (Ac. 1878, LITTRÉ).
Pour tout l'or du monde (dans une phrase négative). Pour rien au monde. Pour tout l'or du monde, je ne voudrais pas changer de maître (MUSSET, A. del Sarto, 1834, II, 1, p.76).
C'est de l'or en barre. C'est quelque chose de sûr, de monnayable. Ma succession était de l'or en barre. Aussi m'aimait-on fort (COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1807, p.750). La parole de votre excellence est de l'or en barre pour moi (STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1835, p.235).
Proverbe. Tout ce qui brille n'est pas or. Tout ce qui présente les apparences de la richesse, de la valeur n'en a pas toujours la réalité. V. briller ex. 6.
2. P. anal. (en tant que source de profit), mod.
L'or noir. Le pétrole:
9. L'émergence, en moins de cinq ans, de l'Égypte comme exportateur non négligeable de pétrole est une véritable aubaine pour ce pays (...). Pourtant, malgré une production qui pourrait atteindre 50 millions de tonnes dans trois ans, l'or noir n'aura peut-être apporté qu'un répit...
Le Monde, 15 déc. 1981, p.24.
P. anal. L'or blanc. La neige exploitée pour les sports d'hiver. La face noire de l'or blanc [les avalanches] (Télérama, 26 janv. 1983, n°1724, p.32).
Or vert. ,,Ressources que procurent soit l'agriculture ou la sylviculture, soit la vente de terrains agricoles pour la construction immobilière, ou la spéculation sur ces terrains`` (GILB. 1980).
II. P. anal. Ce qui évoque l'or.
A. —[Par sa couleur]
1. Couleur jaune, brillante et chaude qui rappelle celle de l'or. L'insecte ailé brilloit des plus vives couleurs; L'azur, le pourpre et l'or éclatoient sur ses ailes (FLORIAN, Fables, 1792, p.93).
En partic. Lumière et reflets du soleil évoquant l'éclat de l'or. Son disque d'or et de feu [du soleil], descendant comme un incendie, derrière un vaste groupe de nuages, leur prêtait des teintes si chaudes et si animées qu'on eût pu se croire sous un ciel de la Grèce (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1822, p.113). Les collines, sous l'avion, creusaient déjà leur sillage d'ombre dans l'or du soir (SAINT-EXUP., Vol nuit, 1931, p.81). V. byzantin ex. 1.
Rare. Clarté de la lune. Une nuit d'or, mon Aïcha! Cette nuit-ci était d'or parce qu'il faisait clair de lune. Mais pour un vrai braco, les nuits d'or sont nombreuses en hiver (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.66).
Littér. et poét. Or des blés, des moissons, des cheveux. Mais dans l'herbe et sur la mousse pointent déjà l'améthyste des violettes, l'argent rosé des anémones et l'or des primevères (AMIEL, Journal, 1866, p.219).
D'or
Jaune d'or.
♦Subst. + d'or. Blés, fruit, sable d'or; lumière, nuages, rayons d'or. Le flot d'or de la jaune moisson (HUGO, Odes et ball., 1828, p.399). Le vin d'or aussi, le piquepoult (v. picpouille), mais d'or pâli tant il était chargé d'ans, qui teintait à peine le verre comme le premier rayon de jour le cristal du firmament (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p.4). V. casque I B 2 ex. de Jouve.
Empl. en appos. avec valeur d'adj. Couleur or (PESQUIDOUX., Livre raison, 1928, p.221). Petit salon rouge et or (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.120).
Or + adj. Or mat, pâle, terni; or jaune, cuivré, roux. Jean dont chacun admirait la figure d'ange, les courtes boucles d'un or brûlé (MAURIAC, Genitrix, 1923, p.333). Gros yeux à pupille allongée, dont l'iris est semé de paillettes d'or bruni (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.136). Barbe dorée, d'un or légèrement rouge (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p.113).
Vieil or. Un vieil or très doux:
10. ... elles [les grilles] ne connaissent pas la surcharge du goût espagnol; elles sont sobres comme la matière dont elles sont forgées. Même dorées —ce qui est rare, et de quel vieil or usé, patiné, d'armure ancienne ou de cuir cordouan!
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p.100.
Au plur. Les ors. Les diverses nuances de couleur que peut prendre l'or. Cette figure fière et fine, ces cheveux de deux ors mêlés (R. BAZIN, Blé, 1907, p.132). Le mail de Saint-Pierre, dont les platanes perdaient sans hâte leurs feuilles, éclatait de toute la lumière des ors et des roux (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.516).
2. Spécialement
BOT. Bouton d'or. Verge d'or.
HÉRALD. ,,Émail de couleur jaune ou plus rarement dorée`` (PAST. Hérald. 1979), représenté en gravure par des pointillés. Et nous, Rezeau, descendant des de Tanton, nous sommes tout de même roturiers, malgré nos armoiries (de gueules au lion d'or passant) (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.143).
B. —[Par son excellence]
1. [Dans des comparaisons]
Franc comme l'or. Nature très droite, franche comme l'or (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p.191). [Vin] franc comme l'or et frais comme l'oeil (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 3e tabl., 9, p.1634).
Juste comme l'or. Très exactement pesé, mesuré. La demie de sept heures sonnait comme ils mettaient le pied sur le seuil de la gare. C'était donc pour eux, juste comme l'or, une avance de cinq quarts d'heure (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part., 1, p.89).
Pur comme l'or. Très pur. Ma jeunesse a été pure comme l'or (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, III, 3, p.184).
2. P. métaph. et au fig. Chose merveilleuse ou parfaite. L'or de Racine (v. ferblanterie ex. de Gide). Ce qu'il me faudrait, tu vois, c'est une femelle dans le genre de celle de la voiture. Ça, mon vieux, c'est de l'or (GIONO, Baumugnes, 1929, p.22).
3. Loc. adj. D'or, en or
a) [En parlant d'un inanimé] Rêve d'or; voix d'or:
11. Ta bouche aux lèvres d'or n'est pas en moi pour rire
Et tes mots d'auréole ont un sens si parfait
Que dans mes nuits d'années, de jeunesse et de mort
J'entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde.
ÉLUARD, Capitale douleur, 1926, p.140.
Âge d'or. Époque mythique des premiers temps du monde où les hommes vivaient heureux dans la pureté des moeurs et l'abondance des biens naturels. Homme de l'âge d'or. ,,Homme qui rappelle cette époque`` (Ac. 1835-1935). La simplicité des cabanes, où vivoient les peuples de l'âge d'or (CHATEAUBR., Génie, t.2, 1803, p.452). Il célébrait l'âge d'or dont les livres lui avaient dit qu'il était simple, vertueux et pauvre (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p.148). V. âge ex. 41.
P. ext. Période de plein épanouissement d'un art, d'une civilisation. Âge d'or de la Grèce, de la littérature et des arts. V. âge ex. 42.
Bouche d'or. C'est un saint Jean bouche d'or. V. bouche ex. 75.
Coeur d'or. V. coeur II D 3 c ex. de Balzac.
Crosse d'or évêque de bois, crosse de bois évêque d'or.
Livre d'or. V. livre1 III A 1 c.
Noces d'or.
Nombre d'or.
Règle d'or. Règle donc l'observation et l'application sont particulièrement profitables. Gide n'avait-il pas imprimé en caractères gras et dans le plein milieu de son livre cette règle d'or:Assumer le plus possible d'humanité (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p.129). Style [de Sarah Bernhardt], si démodé maintenant, parce que nous avons fait de la simplicité au théâtre une règle d'or (Disque Fr., 1963, p.15).
b) [En parlant d'un animé] Personne de caractère excellent, parfait. Un ami, un caractère, un mari en or. Dès qu'assis devant l'écran plus besoin de s'occuper d'eux. Un public en or (CÉLINE, Voyage, 1932, p.435). Ah! oui, ce qu'il était gentil, hein? et doux et pas fier. Un garçon en or, ce petit saint François (AYMÉ, Cléramb., 1950, IV, 2, p.199).
c) Loc. verb., pop., vulg. L'avoir en or. ,,Être né sous une bonne étoile`` (ESN. 1966).
4. Loc. adv. D'or. Dire, parler d'or. Avoir (aux yeux de son interlocuteur) un raisonnement juste, des propos pleins de bon sens. Vous parlez d'or, Hennedyck, mais qui vous l'assure, ce droit? (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.133).
REM. Orerie, subst. fém., rare. Ornement, bijou en or. Le diacre et le sous-diacre aux dalmatiques chamarrées D'orerie et de perle à quelque Eldorado pillées (VERLAINE, OEuvres compl., t.3, Dédicaces, 1890, p.77).
Prononc. et orth.:[]. Homon. or2, or3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Métal précieux de couleur jaune I. Sens symboliques et métaphoriques A. Symbole des moyens matériels, de l'argent, de la richesse 1. ca 881 (Ste Eulalie, 7 ds HENRY Chrestomathie, p.3: Elle [Eulalia] no'nt eskoltet les mals conselliers Qu'elle Deo raneiet ..., Ne por or ned argent ne paramenz); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 888: Pur tut l'or Deu ne volt estre cuard; 1540: Tient Durendal [Rollant], qui plus valt que fin or); ca 1135 (Couronnement de Louis, éd. Y.G. Lepage, 2102 réd. AB: Ne vos faudrons por tot l'or de cest mont); 2. fin Xe s. l'accent est mis sur le caractère périssable, la vanité de la richesse (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 385: Argent ne aur non i donat [Christus] Mas que son sang et soa carn [cf. la note de l'éd. renvoyant à I Pierre I, 18-19: scientes quid non corruptibilibus auro vel argento redempti estis...sed pretioso sanguine...Christi]); ca 1200 (GUIOT DE PROVINS, Bible, éd. J. Orr, 1906: Sor lou covre est biaus li ors Mais tost faut celle doräure). B. Symbole de ce qui a une valeur, un mérite, des qualités rares ca 1200 (GUIOT DE PROVINS, op. cit., 1208: N'est pas tout ors qu'en voit relure); fin XIIIe [ms.] (Proverbes fr., éd. J. Morawski, 1371: N'est pas or quanque luit); 1559 (AMYOT, Hommes illustres, Cicéron, XXIX ds OEuvres, éd. G. Walter, t.2, p.765: son style était un fleuve d'or coulant); 1583-84 (BRANTÔME, Dames galantes, 1er discours, éd. Paris, Garnier, 1931, p.70: M. de Dole, qui disoit et escrivoit d'or, emporta le prix); 1668 (BOILEAU, Satire IX ds OEuvres, éd. F. Escal, p.53: Et préférer le clinquant du Tasse à tout l'or de Virgile). C. Désigne la couleur jaune, celle de l'or 1. ca 1273 hérald. (ADENET LE ROI, Berte, éd. A. Henry, 999: Qui l'escu portoit d'or a un yon d'azur); 2. 1578 (RONSARD, Sonets et madrigals pour Astrée, VIII, 2, ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.17, p.187: Adieu cheveux, liens ambitieux, Dont l'or frizé me retint en service [cf. XIIe s. Narcissus, éd. M. Thiry-Stassin et M. Tyssens, 96: Caviaus...Qui plus luisent c'ors esmerés]). II. Désigne le métal sous ses différentes formes (pièces, bijoux, objets...) A. 1. Ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 526: De lur tresors prenent l'or e l'argent); ca 1100 (Roland, 185: Quatre cenz muls cargez de l'or d'Arabe); 1552 l'or de Tholose (RABELAIS, Quart livre, éd. R. Marichal, XV, 100); 2. a) ca 1050 (St Alexis, 586: D'or e de gemmes fu li sarqueus parez); ca 1100 frein, esperuns, corone d'or; sele a or batue; elme a or gemet (Roland, 92, 345, 3236; 1331; 1995); 1160-74 faire une ymage de or (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 96); 1174-76 melder sun or a fundre le vëel fig. allusion à l'érection du veau d'or (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, 2183 ds T.-L.); ca 1200 (JEAN BODEL, Saisnes, éd. F. Menzel et E. Stengel, 483: ...ma chartre où li seaus d'or pant); b) ca 1100 or mer, neielez (Roland, 115, 684); ca 1170 or batu, infra II B; XVe s. or filé (ds M. DE LABORDE, Notice des émaux du musée du Louvre, t.2, p.411); 1562 or blanc (DU PINET, Pline, Lyon, C. Senneton, t.2, p.560); 3. 1174-87 (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 7005: ... E dras de soie a or batuz); 4. 1260 paindre de couleur a or (ÉTIENNE BOILEAU, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, LXXVIII, 12); 1559 (AMYOT, op. cit., Démosthène, XXVII, t.2, p.727: des paroles qu'il avait fait écrire en grosses lettres d'or dessus son écu); 5. 1563 (PALISSY, Recepte vér., p.55 ds HUG.: Aucuns philosophes alchimistes disent sçavoir rendre l'or en eau par quelque dissolution:...s'ils le peuvent dissoudre, il est potable); 1566 or potable (KERQUIFINEN, tr. GELLI, Disc., VII, p.241, ibid.). B. L'or considéré quant à son poids, sa valeur ca 1170 (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 1579: ...Plus de .IIc. mars d'or batu); ca 1200 (Renaut de Montauban, 230, 25 ds T.-L.: Cent livres de fin or; 230, 33: mil mars d'or pesés). Du lat. aurum «or; objet fait en or; monnaie d'or, or monnayé; fig.: richesse; la couleur de l'or». Fréq. abs. littér.:14101. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 21303, b) 22982; XXe s.: a) 21861, b) 16332. Bbg. KRISTOL (A.M.). Color. Berne, 1978, pp.334-337.
II.
⇒OR2, conj. de coordination
A. —[Dans le récit]
1. [Introduit, à un moment où le récit peut sembler terminé ou d'issue incertaine, le fait qui en assure la progression ou qui le réoriente] [François-Joseph] voulait d'abord savoir ce que penserait Guillaume II. Or, le Kaiser allait partir en croisière. Pas de temps à perdre pour l'atteindre (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.95):
1. Je pensais ces pensées, je pensais seulement, mais avec force. Or, il se produisit une chose invraisemblable, une chose qui me bouleversa. Ma mère, soudain, dit à voix haute: —Mais non, mais non, mon Louis (...). Alors, ma mère me prit les mains et se mit à les caresser.
DUHAMEL, Confess. min., 1920, p.156.
[Parfois en tête d'alinéa pour commencer une nouvelle étape du récit] Or, un matin, environ deux mois après la visite de Brulart, M. Wil fut inspecter sa sucrerie de l'Anse aux Bananiers (SUE, Atar-Gull, 1831, p.22).
[En liaison avec mais, la suite annoncée par or étant alors contredite] Tout, dans son comportement, semblait dire: puisqu'il ne m'aime plus, rien ne m'importe. Or je l'aimais encore, et même je ne l'avais jamais tant aimée; mais le lui prouver ne m'était plus possible (GIDE, Journal, 1939, p.11).
2. En partic.
a) [Le fait nouveau introduit par or contredit ce qui précède ou ce qu'on pouvait attendre] En rentrant à la maison, Gilbert s'attendait à des injures (...). Or le dîner fut morne, mais tranquille (ARLAND, Ordre, 1929, p.83). Cécile pâlit parfois, elle ne rougit jamais. Or, ce jour-là, je vis Cécile rougir. Une rougeur violente, d'un seul jet (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p.108).
b) [Le fait introduit par or explique pourquoi telle ou telle chose ne s'est pas produite et par là même réoriente le récit] Justine (...) eût tranquillement supporté l'attaque, si la hache d'armes à deux tranchants n'eût pas accroché le bonnet de la jeune paysanne. Or ce bonnet était pour elle quelque chose d'infiniment précieux (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.222).
3. [Assure la reprise du récit après une digression]
Or pour (en) revenir à. Or, pour en revenir à Mme des Laumes (bientôt après duchesse de Guermantes par la mort de son beau-père), ce fut un surcroît de malheur infligé aux Courvoisier que les théories de la jeune princesse (...) n'eussent dirigé en rien sa conduite (PROUST, Guermantes 2, 1921, p.451).
Or donc. Quant à mon jardin, nous continuâmes à le cultiver. «Or donc, un beau matin que je binais mes laitues (...), j'entends le galop d'un cheval, puis un grand cri (...)» (QUENEAU, Pierrot, 1942, p.67).
4. Rare, littér. [Introduit un fait significatif qui entraîne dans le récit une pause, voire sa clôture] Paulina avait déjà connaissance du sujet de l'Ombra, elle en était émerveillée, elle naissait au sentiment de la poésie. Or c'était elle qui enfantait la poésie (JOUVE, Paulina, 1925, p.102).
B. —[Dans l'argumentation, le raisonnement]
1. [Présente le fait qui permet de conclure ou qui explique ce qui suit]:
2. Les cryptogames sévirent (...). Un hasard fit trouver le remède. Un garde-barrière bordelais, dont les gamins des environs pillaient les treilles, voulut en dégoûter ses voleurs, et couvrit les grappes, les aspergea d'une solution de sulfate de cuivre, pensant ainsi les rendre indigestes. Or, seules dans la contrée dévastée par les champignons, ces treilles gardèrent (...) leurs fruits. De là le traitement par la bouillie bordelaise...
PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, pp.78-79.
[Sous forme d'interrogation rhétorique] Celui qui met de doux poisons sous la main des enfants, dira-t-il que s'ils s'empoisonnent on ne doit point l'en accuser? Or fut-il jamais de poison mieux assaisonné que celui de cette lecture? (MARMONTEL, Essai sur rom., 1799, p.327).
[La conclusion restant implicite] On a pu penser qu'en reconnaissant et légalisant le droit des idées nouvelles à se produire, les choses en iraient beaucoup mieux. Or c'est le contraire qui est arrivé (RENAN, Avenir sc., 1890, p.359). V. infester ex. 2:
3. COULANGE: Écoute, tu as été héroïque (...). GENEVIÈVE: J'ai fait ce que tout le monde eût fait à ma place. Or, quand tout le monde est héroïque, il n'y a plus d'héroïsme.
MONTHERL., Exil, 1929, I, 2, p.26.
2. En partic.
a) [Ce fait est un cas particulier] Nous sommes attirés par qui nous flatte, de quelque façon que ce soit. Or François admirait le comte. Son admiration allait avant tout à l'homme capable d'être aimé d'une Mahaut (RADIGUET, Bal, 1923, p.89).
b) [Ce fait est un fait habituel ou un état durable expliquant ce qu'on dit ensuite]
[Fait habituel] Le député, avait, disait-on, vécu plusieurs années en ménage avec sa maîtresse avant de l'épouser. Or ma mère jugeait les moeurs selon un code rigoureux et inflexible. Instruite par cette expérience, elle désirait m'écarter de toute carrière ouverte à la brigue et soumise aux influences politiques (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p.20). V. fève ex. 4:
4. Un raffinement du malheur lui avait fait découvrir, au premier rang, vide, la place qu'il avait grassement payée (...). Or, il faut voir une course des premiers rangs: on participe au drame, on est dans ses secrets...
MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.405.
[État durable] Leur intérêt [des individus] (...) est (...) de n'être employés qu'à ce à quoi ils sont propres. Or, les femmes sont certainement destinées aux fonctions domestiques, comme les hommes aux fonctions publiques (DESTUTT DE TR., Comment. Esprit des lois, 1807, p.177):
5. Au monastère d'Assise, un moine avait un accent grossier, qui puait sa Calabre. Ses compagnons se moquaient de lui. Or, il était susceptible; il en vint à ne plus ouvrir la bouche que lorsqu'il s'agissait d'annoncer un accident, un malheur, enfin quelque événement en soi assez grave pour que son accent eût chance de passer inaperçu.
PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p.55.
3. LOG. [Introduit la mineure dans un syllogisme] D'ailleurs, l'homme ne connoît ses propres pensées que par leur expression; or, il a reçu ses premières expressions; donc il a reçu la première connoissance de ses pensées (BONALD, Législ. primit., t.1, 1802, p.267):
6. L'exécution soulage et délivre. (...) On meurt parce qu'on est coupable. On est coupable parce qu'on est sujet de Caligula. Or, tout le monde est sujet de Caligula. Donc, tout le monde est coupable.
CAMUS, Caligula, 1944, II, 9, p.47.
4. [Introduit une question dont la réponse permet de conclure] La science a déjà assez vécu pour qu'(...) on puisse savoir si les édifices qu'elle élève résistent à l'épreuve du temps ou s'ils ne sont que des constructions éphémères. Or que voyons-nous? Au premier abord il nous semble que les théories ne durent qu'un jour et que les ruines s'accumulent sur les ruines (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p.268).
5. Plus rare. [Présente le fait qui justifie ce qui précède] Paul (...) lui demanda ce qu'avait dit le docteur. Peu lui importait le diagnostic. Il voulait la grosse nouvelle. Or, la nouvelle ne pouvait venir que de là (COCTEAU, Enfants, 1929, p.43).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. or1, or3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V. or3. Bbg. ANTOINE (G.). La Coordination en fr. Paris, 1962, t.2, pp.1194-1199, 1203-1204. — BLUMENTHAL 1980, pp.131-133; p.140.
III.
⇒OR3, ORE(S), (ORE, ORES)adv.
A.Vx et littér. À cette heure, maintenant, présentement. Il fit mal; je le blâme, et le blâmai dès lors. Or écoutez ce qui en advint (COURIER, Pamphlets pol., Pétition aux deux Chambres, 1816, p.3). Ore je vous vais dire: La folâtre Amarylle, et le joyeux Tityre (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p.88):
♦ —Mon fi, c'est pas possible; ça vient de naissance [le secret pour trouver l'eau], si tu l'as pas de naissance, tu peux te fouiller. C'est le ventre de la mère qui l'apprend; fallait t'y mettre à l'avance. Ores, c'est trop tard.
GIONO, Colline, 1929, p.86.
Arch. Ores ..., ores ... Tantôt ..., tantôt ... [Les Sabines] leur firent tomber les armes des mains en appelant, dit le bon Plutarque, «ores les Sabins, ores les Romains», par les plus doux noms qui soient entre les hommes (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.319).
[En emploi interjectif, renforcé par ça, sus, pour interpeller, pour exciter, pour convier à faire qqc.] Or sus, commençons notre ouvrage (Ac. 1798-1932). Or çà! lui cria-t-on, est-ce vrai que tu prétends t'égaler à notre Phébus, toi, caricature? (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.69). V. ça2 ex. 2.
B.Loc. adv.
1. Vx et littér.
D'ores. Désormais. À vous donc la parole décisive et que je fais mienne d'ores, à charge, du reste, de réplique (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1891, p.51).
D'ores à + compl. de temps. À partir de maintenant jusqu'à ... Je vous louerai, seigneur, d'ores à mon ultime heure (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p.276).
D'ores en avant, d'ores et en avant. Dorénavant. Je me déclare d'ores et en avant misogyne (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.186). Monsieur l'abbé de Pradt (...) l'a prié [mon frère] à déjeuner avec l'état-major du duc de Raguse, dont il sera d'ores en avant, ce qui lui vaudra bien du lustre (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.173).
2. D'ores et déjà. Dès à présent, dès maintenant. Le gouvernement a pris d'ores et déjà toutes les mesures susceptibles de faire échouer ce mouvement (CAMUS, Révolte Asturies, 1936, II, 2, p.413). Se contenter d'un succès diplomatique d'ores et déjà éclatant (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.431). La culture des tissus a d'ores et déjà conduit à d'importantes découvertes (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p.58).
♦[En tête de phrase] Quel labyrinthe! D'ores et déjà, je savais que je ne pourrais plus reconnaître le chemin de la chambre (BENOIT, Atlant., 1919, p.251).
[Précédé de mais] Je n'assistai point aux séances [de juillet 1913] Mais, d'ores et déjà, il paraissait que l'atmosphère du sénat était favorable (JOFFRE, Mém., t.1, 1931, p.100).
Rem. La loc. adv. d'ores et déjà, prob. d'origine jur., est actuellement abondamment répandue dans la lang. du journalisme et de la radio. Cet abus est relevé par les grammairiens (v. DUPRÉ 1972).
C.Loc. conj., vx. Ores que. Maintenant que. Napoléon n'a nul besoin qu'on lui prête des mérites; il fut assez doué en naissant. Ores donc que, détaché de son temps, son histoire est finie et que son épopée commence, allons le voir mourir: quittons l'Europe (CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.654).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. or1, or2. Ac. 1694: or et ores; 1878: ores ou ors; 1935: ores. LITTRÉ, ROB.: or et vx ore, ores; Lar. Lang. fr.: or, ore, ores. Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p.207: ores. Étymol. et Hist. I. Adv. de temps «maintenant, alors» A. Formes 1re moitié Xe s. ore (Jonas, éd. G. de Poerck, 173: si cum il ore sunt; 184 : ... en ceste causa potestis ore vecdeir...); 2e moitié Xe s. or, hor (ST LÉGER, éd. J. Linskill, 5); fin Xe s. hora (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 1); 1155 répété ore ... or «tantôt ... tantôt» (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 11540); 1176 ores (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 1228); 1174-87 (ID., Perceval, éd. F. Lecoy, 7362). B. Emplois 1. a) ca 1100 introduit une prop. exclam. (Roland, éd. J. Bédier, 2944: E dist dux Naimes: ,,Or ad Carles grant ire!``); b) ca 1135 or du précède l'inf. subst. (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, 1176: Ha! Bertran, sire, or del contralïer!; cf. G. MOIGNET, Gramm. de l'a. fr., p.200); 2. a) ca 1100 introduit une prop. jussive ou optative (Roland, 27: ,,Ore ne vus esmaiez!``; 424: ,,Or diet, nus l'orrum!``; 1013: ,,Or guart chascuns que granz colps i empleit...!``); b) 1176 or du précède l'inf. subst. «maintenant il s'agit de...» (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, 6530: Or del bien querre et del cerchier); 3. ca 1100 employé dans une prop. cond. [notion de provocation, de mépris] (Roland, 3669: S'or i ad cel qui Carle cuntredie; 3834: S'or ad parent ki m'en voeille desmentir); 4. 1176-81 employé dans une phrase interr. [instance pressante «donc» renforçant l'effet de la question] (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 2486: Comant? Seroiz vos or de çax ... Qui ...?). C. Forme la loc. conj. ore que 1. emploi temp. a) ca 1150 «maintenant que» (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4172: Ne vous connois n'onc ne vous vi Ne meis ore que vous voi ci); 2e moitié XIIIe s. [ms.] «tandis que» (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. W. Foerster, 4981, var. L: Or que eles ensi parloient); b) 1316 «lorsque» (JEAN MAILLART, Comte d'Anjou, éd. M. Roques, 4796), v. P. IMBS, Prop. temp. en a. fr., p.227; 2. emploi concessif 1546 «même si» [avec subj.] (RABELAIS, Tiers Livre, éd. M.A.Screech, II, 70). D. Forme des loc. adv. 1. loc. interjective ca 1165 or tost! (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 2985); 1174-87 or ça! (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 713); 1176-81 id. (ID., Chevalier au lion, 5397); 1er quart XIIIe s. or sus! (Courtois d'Arras, éd. E.Faral, 7); 2. loc. temp. 1615 d'ores et desja «dès maintenant» (Harangue de Turlupin ds Variétés hist. et littér., éd. É. Fournier, t.6, p.71), v.aussi désormais, dorénavant, encore, lors. II. Adv. de l'articulation du discours, marque un point important dans l'enchaînement de la pensée, le passage d'une phrase à une autre (succession logique), cet emploi conduisant vers celui de conj. de coordination 1.1176-81 «alors, donc» (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au lion, 364); 1230-35 (Mort Artu, éd. J. Frappier, 36, 30: il demeure a Escalot avec une damoisele que il ainme par amors. Or poons nos bien dire que je et vos l'avons perdu); 2. a) ca 1210 «et assurément; et, comme chacun sait» (ROBERT DE CLARI, Conquête de Constantinople, éd. Ph. Lauer, XVIII, 62: Li Grieu eurent molt grant paour des Latins qu'il virrent si aprochier d'aus (ore apele on tous chiax de le loy de Romme Latins)); b)ca 1210 «à la vérité; en réalité» (ID., op. cit., XL, 6: ... un port que on apele Bouke d'Ave qui estoit bien chent liwes en sus de Coustantinoble. Or estoit chis pors la ou Troies la grant sist); 3. 1580 introduit un nouvel élément dans la suite d'un raisonnement (MONTAIGNE, Essais, I, XV ds OEuvres, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p.139: Ce sont natures belles et fortes, qui se maintiennent au travers d'une mauvaise institution. Or ce n'est pas assez que notre institution ne nous gaste pas, il faut qu'elle nous change en mieux); 4. 1611 or donques (COTGR.). Du lat. vulg. ( ablatif fém. sing., TLL, s.v. hic, 2699, 53), altération de hac hora, prob. sous l'infl. de illa hora (illa hora IIIe s. CYPRIEN, Epist., 81, TLL, s.v. hora, 2959, 3). La chute du e final [or] s'explique par le caractère accessoire du mot; ores par adjonction de l's finale dite ,,adverbiale``.
STAT.Or2 et 3. Fréq. abs. littér.:9577 (ore/s: 83).Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 14556, b) 15607; XXe s.: a) 14758, b) 11065.

1. or [ɔʀ] n. m.
ÉTYM. V. 880, Poème de sainte Eulalie; du lat. aurum.
A
1 a Corps simple (symb. Au; p. at. 197,2; no at. 79), métal jaune, brillant, assez mou, de densité 19,4, fondant à 1 063 °C, très ductile et malléable, inattaquable à l'air et à l'eau, soluble seulement dans l'eau régale, et considéré comme le type du métal précieux (→ Compact, cit. 2; dense, cit. 3; densité, cit. 3). || L'or est inaltérable (→ Inaltérabilité, cit.), inoxydable. || L'éclat, le beau jaune (cit. 5) de l'or pur. || L'or se trouve dans la nature surtout à l'état natif (non combiné), mais impur, en fragments ( Paillette, pépite, poudre) mêlés à du sable (sable aurifère), à des dépôts rocheux ( Placer, n. m.) ou sous forme de sulfures, de tellurures, d'alliages naturels avec l'argent ( Électrum), le palladium. || L'or et l'argent, métaux (cit. 3 et 6) nobles, précieux. || Mine d'or, filon d'or (→ Feuille, cit. 15).Géogr. || La Côte-de-l'Or, ancien nom du Ghāna, ainsi dénommé à cause des mines qui s'y trouvent.
1 En général, on trouve l'or dans quatre états différents (…) savoir, en poudre, en paillettes, en grains et en filets séparés ou conglomérés. Les mines primordiales de ce métal sont dans les hautes montagnes (…) c'est à quelque distance de ces mines primordiales que se trouve l'or en petites masses, en grains, en pépites, etc. (…) On le trouve aussi en paillettes et en poudre dans les sables que roulent les torrents et les rivières (…) L'or le plus fin (…) est, comme l'on sait, à 24 carats (…)
Buffon, Hist. nat. des minéraux, De l'or.
Recherche de l'or. || Chercheur d'or. Orpailleur. || La ruée vers l'or. || Extraction de l'or par lavage, au berceau, par amalgamation, chloruration, traitement au cyanure de potassium (cyanuration).
2 Rêverie. Calme. Repos. C'est la paix. Non (…) c'est l'or ! C'est l'or. Le rush. La fièvre de l'or qui s'abat sur le monde. La grande ruée de 1848, 49, 50, 51 et qui durera quinze ans. San-Francisco !
B. Cendrars, l'Or, VII.
Les alchimistes (cit. 2) prétendaient fabriquer de l'or, convertir (cit. 9), transformer les métaux, le plomb en or. Alchimie, archimagie; philosophal (pierre philosophale).
3 La flamme, en s'épurant, peut-elle pas de l'âme
Nous donner quelque idée ? et sort-il pas de l'or
Des entrailles du plomb ?
La Fontaine, Fables, IX, 21.
Myth., légende. || Les pommes d'or des Hespérides (→ Cédrat, cit.). || Jupiter se métamorphosa en pluie d'or pour séduire Danaé. — ☑ Le veau d'or.L'or du Rhin, le métal dont devait être forgé l'anneau du Nibelung, gage de toute-puissance (titre d'un opéra de Wagner). — ☑ La poule aux œufs d'or.L'homme à la cervelle d'or (conte de Daudet).L'Eldorado, pays de l'or.
4 Quelques enfants du village, couverts de brocarts d'or tout déchirés, jouaient au palet à l'entrée du bourg (…) leurs palets étaient d'assez larges pièces rondes, jaunes, rouges, vertes, qui jetaient un éclat singulier. Il prit envie aux voyageurs d'en ramasser quelques-uns; c'était de l'or, c'étaient des émeraudes, des rubis (…)
Voltaire, Candide, XVII.
(Dans des syntagmes et loc. désignant des composés, des solutions de l'or). || Liqueur d'or : sorte de ratafia contenant des paillettes d'or (appelée aussi eau-de-vie de Dantzig).Or colloïdal : solution colloïdale d'or, employée comme anti-infectieux.Or potable (vx) : liquide huileux, jaune vif, dissolution de chlorure d'or considérée au XVIIe siècle comme un cordial efficace (cf. Molière, le Médecin malgré lui, I, 4).Les sels d'or, l'hyposulfite d'or ont été employés contre la tuberculose (aurothérapie).Or fulminant (vieilli).
5 (…) sans sortir de notre sujet, nous verrons que l'or dissous, l'or précipité, l'or fulminant, etc., ne se trouvant pas dans la nature, ce sont autant de combinaisons nouvelles toutes résultantes de notre intelligence.
Buffon, Hist. nat. des minéraux, De l'or.
6 (…) un négociant de Lubeck lui préparait un papier à chandelle (…) dans la pâte duquel les fétus étaient remplacés par des paillettes d'or semblables à celles qui pointillent l'eau-de-vie de Dantzick.
Huysmans, À rebours, XII.
7 La médecine actuelle (…) a beaucoup fait de gorges chaudes (…) lorsqu'on lui citait le dogme des alchimistes, affirmant que l'or domptait les maux; ce qui n'empêche que maintenant l'on se sert (…) de la limaille et des sels de ce métal. On use de l'arséniate d'or (…) contre les chloroses, du muriate contre la syphilis, du cyanure contre l'aménorrhée (…)
Huysmans, Là-bas, VII.
b (1080). || L'or : le métal précieux, allié ou non à d'autres substances, dans des proportions variables (titre, aloi…) et utilisé de diverses façons. || Isoler l'or à la coupelle. Coupeller, coupellation. (1690). || Or de coupelle, or affiné. || Or vierge, or pur, or fin.Titre de l'or. Aloi, carat (cit. 1), titre. || Or au titre, à l'un des trois titres autorisés par la loi. || Or bas, au-dessous du titre légal. || Éprouver (cit. 2), essayer l'or avec une pierre de touche, un touchau, à la coupelle, par inquartation ( Inquart). || Contrôle de l'or. || Or contrôlé, poinçonné. Poinçon (→ Falsifier, cit. 4).L'or est presque toujours utilisé en alliage avec le cuivre (monnaies), l'argent, ou d'autres métaux.
8 L'or pur a peu d'éclat, et sa couleur jaune est assez mate; le mélange de l'argent le blanchit, celui du cuivre le rougit (…) les bijoutiers se servent avec avantage de ces mélanges pour les ouvrages où ils ont besoin d'or de différentes couleurs.
Buffon, Hist. nat. des minéraux, De l'or.
9 J'essayai le métal à l'eau régale, puis je lus tout le long article sur « l'or » dans l'Encyclopedia Americana. Là-dessus je déclarai à Marshall que son métal était de l'or, de l'or pur, de l'or en barre.
B. Cendrars, l'Or, IX.
Noms commerciaux des divers alliages d'or utilisés en orfèvrerie.(1562). || Or blanc, allié d'argent et de cuivre (dit aussi or jaune).(1874). || Or rouge, allié de cuivre.(1874). || Or gris, allié de zinc, de nickel.(1868). || Or vert, « posé sur une couche légèrement verdâtre de blanc de céruse mélangé de bleu de Prusse » (Réau).(1874). || Or anglais : alliage d'or, d'argent et de cuivre, de couleur blanche.Travail de l'or. || Amatir, dépolir l'or. || Brunir l'or. Brunissage, brunisseur, brunissoir.(1690). || Or bruni. || Or patiné; vieil or (→ Cage, cit. 4).Aviver, polir l'or. Polissage. || Calciner de l'or. || Souder l'or. Chrysocolle (anciennt).Lingot, barre d'or. || Or en lingots, en barres (au fig. → ci-dessous, 2.). || Tirer, étirer l'or. Argue, filière; dégrosser.(1690). Techn. || Or trait, étiré à la filière.Réduire l'or en feuilles. Batte. || Battre l'or, batteur d'or. || Feuille d'or; or en feuille. || Lame, lamelle ( 2. Clinquant) d'or. || Parcelles d'or recueillies par lavure. Lavure(s).(V. 1160). Techn. || Or moulu, poudre d'or amalgamée avec du mercure et utilisée pour la dorure.L'or, utilisé en alliage dans la fabrication des monnaies, en bijouterie ( Orfèvre, orfèvrerie), etc. || Ornements en or. || Bijoux (cit. 1), joyaux (cit. 1) d'or, en or. || Alliance (→ Guillochure, cit. 1), bague, chaîne, collier, croix (cit. 15), gourmette (cit. 2) d'or. || Doigts bagués d'or (→ Goinfre, cit. 3). || Lunettes d'or (→ Hérisser, cit. 37), cerclées d'or. || Montre, briquet en or. || Stylo à plume en or. || Médaillon (cit. 2) d'or. || Trône, sceptre d'or (→ 1. Faste, cit. 6). || Candélabre (cit. 1) aux branches d'or. || Sceau, bulle d'or (→ 1. Bas, cit. 44). || Vaisselle, plat d'or. || Aiguière (cit. 1) d'or. || Statue d'or, en or. || Statue d'or et d'ivoire ( Chryséléphantin).Lettres (cit. 6 et 7), caractères d'or. || Filigrane d'or (→ Incruster, cit. 11). || Peinture, enluminure sur fond d'or (→ Fur, cit. 5; haut-relief, cit. 2). || On employait (pour faire les fonds d'or) un or fin, du même aloi que les ducats, appelé or de ducat (Réau). || Les ors d'une miniature. || Incruster un filet d'or dans un métal. Damasquiner (→ Lame, cit. 7). || Couvrir d'une feuille d'or. Doré, dorer. || Bijou en plaqué or (par oppos. à en or massif). Plaqué. || Argent plaqué d'or. Vermeil. || Dômes, coupoles d'or, recouverts de feuilles d'or (→ Aiguille, cit. 17; asseoir, cit. 44).
10 Les deux autres (dômes du temple) sont entièrement en or, en épaisses plaques d'or repoussées et ciselées; ils en donnent d'ailleurs parfaitement l'impression extraordinaire : aucune dorure, aucun artifice n'arriverait à cet éclat inimitable de l'or épais et sans alliage, que les siècles n'ont pas su ternir.
Loti, l'Inde (sans les Anglais), VI, IX.
11 (…) les somptueuses applications d'or qui font la gloire des missels du très vieux temps ne sont pas moins que le reflet de l'inimaginable Byzance dans le crépuscule de ces monastères de l'Irlande ou de la Gothie (…)
Léon Bloy, la Femme pauvre, I, XXV.
Dents en or. Aurification, aurifier (→ Feuille, cit. 13). || Bridge, couronne en or.
Par métonymie. || Objet en or (bijoux, ornements). || Manger dans l'or, dans de la vaisselle d'or.
12 Telle qu'une bergère, au plus beau jour de fête,
De superbes rubis ne charge point sa tête,
Et, sans mêler à l'or l'éclat des diamants,
Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements (…)
Boileau, l'Art poétique, II.
(1080). Ce métal, filé, utilisé dans les tissus, broderies… || Fil (cit. 1) d'or. Cannetille. || Étoffe brodée d'or. Brocart (cit. 3), cartisane. || Broderie (cit. 4) d'or (→ Dessiner, cit. 12; mousseline, cit. 3). || Ornement de soie et de fil d'or. Campane. || Cordon de fils d'or. || Tissu frangé (cit. 1 et 2) d'or. || Robe, soie lamée (cit. 1 et 3) d'or (→ Draper, cit. 3). || Étoffes chamarrées (cit. 2) d'or. || Habits (cit. 13) de soie et d'or. || Gaze d'or (→ Bayadère, cit. 1). || Draps (cit. 3) d'or. Allus. hist. || Le camp du Drap d'or. || Cheval caparaçonné (cit. 1) d'or; enharnaché (cit. 1) d'or.
13 Le faste et le luxe dans un souverain, c'est le berger habillé d'or (…), la houlette d'or entre ses mains; son chien a un collier d'or, il est attaché avec une laisse d'or et de soie. Que sert tant d'or à son troupeau ou contre les loups ?
La Bruyère, les Caractères, X, 29.
14 M. de Langlé a donné à Mme de Montespan une robe d'or sur or, rebrodé d'or, rebordé d'or, et par-dessus un or frisé rebroché d'un or mêlé avec un certain or, qui fait la plus divine étoffe qui ait jamais été imaginée (…)
Mme de Sévigné, 595, 5 nov. 1676.
Loc. fig. Être cousu d'or, tout cousu d'or, très riche (→ Finance, cit. 4). — ☑ Jours filés (cit. 5) d'or et de soie, très heureux (par allus. aux Parques). → ci-dessous, B., 3., figuré.
c (Fin IXe). || Monnaies d'or. || Pièces ( Jaunet, louis), médailles d'or (→ Caractère, cit. 49; humilier, cit. 19 et 37; intact, cit. 2; jeton, cit. 2; jeu, cit. 36). || Écus en or. || Payer une somme en or, en pièces d'or (→ Exterminer, cit. 9).Par métonymie. Pièces d'or. || Une bourse d'or, pleine de pièces d'or (→ Argument, cit. 14; bourse, cit. 1; misère, cit. 10). || Poches garnies d'or (→ Convoitise, cit. 7), pleines d'or.
15 Tu répugnes peut-être à te séparer de ton or, hein, fifille ? Apporte-le-moi tout de même. Je te ramasserai des pièces d'or, des hollandaises, des portugaises, des roupies du Mogol; des génovines; et, avec celles que je te donnerai à tes fêtes, en trois ans tu auras rétabli la moitié de ton joli petit trésor en or.
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 604.
(Fin IXe). Monnaie métallique virtuelle (étalon, valeur de référence) ou réelle (or monnayé). Monnaie (cit. 1 et 11). → Argent, cit. 13; fiction, cit. 10. || Cours de l'or (→ Goldpoint, cit.). || Valeur, change de l'or. || Encaisse or d'une banque d'émission.Réserve (d') or de la Banque de France.Étalon-or (→ Dévaluation, cit. 2). || Franc-or. || Monométallisme or; bimétallisme or et argent. || Valeur or d'une unité monétaire (→ 3. Franc, cit. 3).(XXe). || Clause-or : clause d'un contrat qui précise que l'obligation du débiteur est exprimée en or.Importation, exportation (→ Banquier, cit. 3); commerce de l'or.
16 L'avarice garde l'or et l'argent, parce que, comme elle ne veut point consommer, elle aime des signes qui ne se détruisent point. Elle aime mieux garder l'or que l'argent, parce qu'elle craint toujours de perdre, et qu'elle peut mieux cacher ce qui est en plus petit volume. L'or disparaît donc quand l'argent est commun (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXII, IX.
2 (Fin IXe). Symbole de richesse, de fortune (qu'il s'agisse ou non d'or monnayé). Argent, richesse.
REM. L'emploi de or, dans cette acception, est plus stylistique que celui de argent. Quelle que soit la réalité qu'il désigne (monnaie métallique ou de papier), il évoque plus ou moins le métal précieux.
(→ Acquérir, cit. 8; convoitise, cit. 3; divinité, cit. 6; intérêt, cit. 19). || Le pouvoir (→ Grandir, cit. 8), la force corruptrice (cit. 5) de l'or. || Flots ( Pactole), amas, monceaux (→ Arpent, cit. 1) d'or. Trésor. || Passion pour l'or (→ Espagnol, cit. 2).(1694). || Soif de l'or (→ Avare, cit. 2, 13, 17).
17 Ce malheureux attendait
Pour jouir de son bien une seconde vie;
Ne possédait pas l'or, mais l'or le possédait.
La Fontaine, Fables, IV, 20.
18 César avait bien raison de dire qu'avec de l'or on a des hommes, et qu'avec des hommes on a de l'or. Voilà tout le secret.
Voltaire, Dict. philosophique, Roi.
19 (…) il eût fait fortune, la seule chose qu'il paraît que vous ayez en vue. — Sans doute. De l'or, de l'or. L'or est tout; et le reste, sans or, n'est rien.
Diderot, le Neveu de Rameau.
20 (…) il n'est qu'une seule chose matérielle dont la valeur soit assez certaine pour qu'un homme s'en occupe. Cette chose (…) c'est L'OR. L'or représente toutes les forces humaines.
Balzac, Gobseck, Pl., t. II, p. 629.
21 Gardons-nous de dire du mal de l'or. Comparé à la propriété féodale, à la terre, l'or est une forme supérieure de la richesse. Petite chose, mobile, échangeable, divisible, facile à manier, facile à cacher, c'est la richesse subtilisée déjà (…) Le docile métal sert toute transaction : il suit facile et fluide, toute circulation commerciale, administrative.
Michelet, Hist. de France, V, III.
22 Mais il faut encore moins que l'or des riches hommes paresseusement dorme son lourd sommeil dans les urnes et dans les ténèbres du trésor. Ce métal si pesant, quand il s'associe d'une fantaisie, prend les vertus les plus actives de l'esprit. Il en a la nature inquiète. Son essence est de fuir. Il se change en toutes choses, sans être changé lui-même. Il soulève les blocs de pierre, perce les monts, détourne les fleuves, ouvre les portes des forteresses et les cœurs les plus secrets; il enchaîne les hommes; il habille, il déshabille les femmes, avec une promptitude qui tient du miracle. C'est bien le plus abstrait agent qui soit après la pensée; mais encore elle n'échange et n'enveloppe que des images, cependant qu'il excite et qu'il favorise la transmutation de toutes les choses réelles, les unes dans les autres; lui, demeurant incorruptible, et traversant pur toutes les mains.
Valéry, Eupalinos, p. 123.
23 Mais toi, puisque tu veux penser quelquefois au bonheur des autres, imagine qu'une pièce d'or représente une puissance royale pour toi et la servitude pour les autres; tu comprendras pourquoi l'or est beau à garder.
Alain, Propos, 20 oct. 1908. Café sans sucre.
Loc. Acheter, vendre (→ Barbon, cit. 2), payer à prix d'or, au poids de l'or, très cher. — ☑ (XIIIe). Valoir son pesant d'or : valoir très cher, et, fig., être très précieux, avoir une grande valeur (→ Extrait, cit. 4). — ☑ (1801). Loc. (Vx). Affaire, marché d'or. Avantageux (syn. mod. : affaire en or). — ☑ (1690). Fig. C'est de l'or en barre (cit. 1).Faire de l'or. Gagner. — ☑ (1874). Jeter l'or à pleines mains. Prodigue. — ☑ Couvrir qqn d'or, le payer très cher, donner beaucoup d'argent.(1835). || Couvrir d'or les œuvres d'un peintre (→ Maître, cit. 91).Vx. Promettre des monts d'or à qqn, des sommes énormes. — ☑ (1660). Faire un pont d'or à qqn, lui offrir un salaire élevé pour le décider à occuper un poste, à changer de situation. — ☑ (1798). Rouler sur l'or, nager dans l'or (→ Genou, cit. 21) : être dans l'opulence, la richesse.
23.1 M. de Bouillon avait promis aux envoyés de M. l'Archiduc de leur faire un pont d'or pour se retirer dans leur pays (…)
Retz, Mémoires, II.
24 (…) il est engagé en Angleterre à des appointements considérables. C'est, à ce qu'on assure, un fameux lapin ! Il roule sur l'or ! il mène avec lui trois maîtresses et son cuisinier !
Flaubert, Mme Bovary, II, XIV.
24.1 Tout ça ne lui permettait pas de rouler sur l'or. Il avait eu de la difficulté même à se payer une petite Peugeot.
Aragon, les Beaux Quartiers, VI.
24.2 Continuez, ma chère enfant, dit Madame de Lorsange en rendant le billet à Thérèse, voilà des procédés qui font horreur; nager dans l'or et refuser à une malheureuse qui n'a pas voulu commettre un crime, ce qu'elle a légitimement gagné est une infamie gratuite qui n'a point d'exemple.
Sade, Justine…, t. I, p. 102.
(XIIIe). Pour tout l'or du monde : à aucun prix. Jamais (→ Mercanti, cit. 3). || Je n'accepterai pas pour tout l'or du monde. || Ni pour or ni pour argent.
25 C'était une rue où elle n'aurait pas demeuré pour tout l'or du monde, une rue large, sale, noire de la poussière de charbon de manufactures voisines, avec des pavés défoncés et des ornières, dans lesquelles des flaques d'eau croupissaient.
Zola, l'Assommoir, t. I, VI, p. 206.
3 Substance ayant l'apparence de l'or véritable. Chrysocale, oripeau. || Faux or (similor). || Or mussif. || Or de couleur. Par appos. || Peinture or, rouge et or (→ Cadran, cit. 2; flambant, cit. 14).Le blanc et l'or d'une peinture (→ Feston, cit. 3). || L'or d'un cadre, d'une décoration.
26 Nous ne pouvons nous dispenser de parler des différents emplois de l'or dans les arts et de l'usage ou plutôt de l'abus qu'on en fait par un vain luxe pour faire briller nos vêtements, nos meubles et nos appartements, en donnant la couleur de l'or à tout ce qui n'en est pas et l'air de l'opulence aux matières les plus pauvres; et cette ostentation se montre sous mille formes différentes. Ce qu'on appelle or de couleur n'en a que l'apparence; ce n'est qu'un simple vernis qui ne contient point d'or, et avec lequel on peut néanmoins donner à l'argent et au cuivre la couleur jaune et brillante de ce précieux métal; les garnitures en cuivre de nos meubles, les bras, les feux de cheminée, etc., sont peints de ce vernis couleur d'or, ainsi que les cuirs qu'on appelle dorés, et qui ne sont réellement qu'étamés et peints ensuite avec ce vernis doré. À la vérité, cette fausse dorure diffère beaucoup de la vraie, et il est très aisé de les distinguer; mais on fait avec le cuivre, réduit en feuilles minces, une autre espèce de dorure qui peut en imposer lorsqu'on la peint avec ce même vernis couleur d'or.
Buffon, Hist. nat. des minéraux, De l'Or.
tableau Désignations de couleurs.
B Fig., par métaphore.
1 (XIIIe). || L'or de… : ce qui a une couleur jaune, un éclat comparable à celui de l'or. || D'or : qui a cette couleur, cet éclat. Brillant, éclat; doré (cit. 2), jaune (cit. 10). || Jaune d'or.Cheveux d'or, chevelure d'or, d'un blond doré (→ Blond, cit. 1; blondeur, cit; blondir, cit. 1; blondoyer, cit.; brouillard, cit. 9; fauve, cit. 2). || Casque d'or (→ 2. Apache, cit. 1).La Fille aux yeux d'or, roman de Balzac (→ Fouetter, cit. 4).Moisson d'or (→ Grain, cit. 12). || L'or des blés (→ Éteule, cit. 1), de la moisson (cit. 3). || L'or des ajoncs, des genêts (→ Lande, cit. 1 et 2), des cytises (cit. 2 et 3). || Orangers (→ Fructifier, cit. 2), mirabelles (cit.) d'or. || « Le citron d'or de l'idéal » (cit. 13). || Les nacres et les ors des coquillages (cit. 3).L'or et la pourpre de l'automne (→ Goutte, cit. 24); l'or de l'aurore (→ Enflammer, cit. 2); du soir (→ Loin, cit. 16), du soleil couchant (cit. 3; → Boulevard, cit. 2; diffuser, cit. 1; endormir, cit. 21, Baudelaire; éventail, cit. 7). || Soirs d'or (→ Héroïsme, cit. 8). || Nuée d'or et d'azur (cit. 2). || Parcelles d'or (→ Étoiler, cit. 3), pluie d'or (→ Gerbe, cit. 7); poussière, fumée d'or (→ Éparpiller, cit. 5; éteindre, cit. 35; étinceler, cit. 11).
27 Tu n'as pas cherché si l'or de ses cheveux se rapprochait pour le ton des chevelures de Rubens et du Giorgione (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, VIII.
27.1 L'or diffus du soleil empourpre les collines
Par delà le château d'Elseneur et les tours (…)
L. Tailhade, Vers élégiaques, « Les fleurs d'Ophélie ».
27.2 L'or des pailles s'effondre au vol siffleur des faux.
Verlaine, Sagesse, III, XXI.
2 Blason. Un des deux métaux héraldiques, représenté conventionnellement par des pointillés.
3 Chose précieuse, rare, excellente. || Dégager l'or pur de l'alliage (cit. 1). || Extraire (cit. 2 et 12) l'or. || « Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il changé ? » (cit. 70). || Le clinquant (cit. 3) et l'or. — ☑ Prov. (où or est employé au sens A, 1 mais dont le sens global est métaphorique). Tout ce qui brille n'est pas or.
28 Notre hôtesse, aimez-vous votre mari ? — Pas autrement. — Vous êtes donc bien à plaindre; car il me semble d'une belle santé. — Tout ce qui reluit n'est pas or.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 606.
Noces d'or. Noce.
(1677). Loc. D'or. || Parler d'or (→ Décomposer, cit. 4). || Saint Jean Bouche d'or. Chrysostome.Le silence est d'or. — ☑ Cœur d'or. Bon, excellent, généreux (→ Fleur, cit. 15). — ☑ En or : excellent, parfait. || Un mari en or, une petite femme en or (fam.).
29 (…) Vis entre une épouse, une mère tendre qui te chériront à qui mieux mieux. Sois indulgent pour elles, heureux pour toi, mon fils; gai, libre et bon pour tout le monde; il ne manquera rien à ta mère. — Tu parles d'or, maman, et je me tiens à ton avis.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, III, 16.
Comme l'or. || Franc, bon (cit. 75) comme l'or. Cf. Comme le bon pain. — Juste comme l'or.
30 C'était donc pour eux, juste comme l'or, une avance de cinq quarts d'heure.
Courteline, le Train de 8 h 47, II, I.
(Déb. XVIIIe). || … d'or : se dit d'une chose heureuse; cf. Aurea mediocritas.Âge d'or : temps heureux d'une civilisation (ancien ou à venir). Bonheur, prospérité.Siècle d'or : époque de prospérité et de culture brillante (spécialt, en Espagne).REM. Siècle d'or s'est aussi employé au sens de « âge d'or ».
30.1 Dans le beau siècle d'or, quand les premiers humains,
Au milieu d'une paix profonde,
Coulaient des jours purs et sereins (…)
Florian, Fables, IV, 18.
31 La littérature allemande n'a point eu ce qu'on a coutume d'appeler un siècle d'or, c'est-à-dire une époque où les progrès des lettres sont encouragés par la protection des chefs de l'État.
Mme de Staël, De l'Allemagne, II, III.
32 (…) cette période extraordinaire qui couvre la fin du règne de Louis VII à la première part du règne de Philippe-Auguste, et qu'on a pu appeler l'âge d'or de la littérature française médiévale.
Aragon, les Yeux d'Elsa, Appendice, I.
Vx. Livre d'or. Livre (supra cit. 42).
Nombre d'or. Nombre (infra cit. 10).
4 (Mil. XXe). Qualifié par un adj., pour désigner une substance précieuse.L'or noir : le pétrole. — ☑ L'or blanc : le platine (vx); mod. (v. 1970) : les ressources procurées par la mise en valeur et l'exploitation des stations de sports d'hiver. || « Les montagnards, longtemps éblouis par le mythe de l'or blanc, ont fait, eux aussi, leur bilan. Les emplois promis, ils ne les ont pas eus » (le Nouvel Obs., no 733, p. 69). — ☑ L'or vert (v. 1975) : les ressources procurées soit par l'agriculture, soit par la vente de terrains agricoles pour la construction immobilière. — ☑ L'or rouge : l'énergie solaire (la Recherche, juin 1979, p. 698).
5 … d'or. Hist. || La horde d'or.Géogr. || La côte d'Or : chaîne de calcaires jurassiques portant de riches vignobles (Bourgogne) département où elle se trouve (Côte-d'Or, chef lieu Dijon).
COMP. V. Orfèvre, oriflamme, orpiment.
HOM. 2. Or.
————————
2. or (et, vx, ore, ores) [ɔʀ] adv. et conj.
ÉTYM. Xe; du lat. pop. hora pour hac hora « à cette heure »; → Désormais, dorénavant, encore, lors.
———
I Adv. (vx). Maintenant, présentement (cf. Malherbe, Régnier, in Littré). → Expérience, cit. 12.
1 Tu n'aurais pas à la légère
Descendu dans ce puits. Or, adieu, j'en suis hors.
La Fontaine, Fables, III, 5.
(V. 1175). Dans des exhortations. || Or ça… (→ An, cit. 6).(1552). || Or sus… (cf. Molière, Tartuffe, II, 1).
(Sous la forme ore, ores). Vx.Ores que… loc. conj. Maintenant que…, et, par ext., quoique… (cf. Brunot, H. L. F., t. III, p. 392). (XIIe). || Ore… ore… : tantôt… tantôt.
2 Ores que la justice ici-bas descendue
Aux petits comme aux grands par tes mains est rendue
Mathurin Régnier, Satires, I.
3 Or ensemble, ores dispersés
Ils brillent dans ce crêpe sombre
Théophile de Viau, la Maison de Sylvie, Ode III, in Dubois et Lagane.
(1877, Littré, Suppl.; d'ores a ja, XIVe). Mod. D'ores et déjà [dɔʀzedeʒa]  : dès maintenant, dès aujourd'hui.REM. Cette locution semble provenir du langage juridique; elle s'est répandue très abondamment dans le langage du journalisme, de la radio (→ Encerclement, cit., Madelin).
4 Le triomphe final sera difficile, et peut-être qu'il ne s'accomplira pas, hélas ! sans convulsions sanglantes. Mais d'ores et déjà, pour ceux qui consentent à voir, il est inévitable (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 223.
———
II Conj. Mod.
1 Marquant un moment particulier d'une durée ou d'un raisonnement (→ Appartenir, cit. 1; appeler, cit. 44; différence, cit. 9; intelligence, cit. 20; mariage, cit. 17). || Or, pour revenir à ce que nous disions (Académie).(1611). || Or donc : ainsi donc.(1647). || Or est-il que… (vx; cf. Bossuet, in Littré) : toujours est-il que…
5 Issu du lat. populaire hora (à cette heure), or marque un point de quelque importance soit dans la succession des faits, soit dans le progrès de la pensée : « Or, un dimanche (…) elle aperçut tout à coup une femme qui promenait son enfant » Maupass., La parure (ici, or souligne une heure un peu notable); cf. après que le souriceau de la fable a décrit si naïvement l'animal qui l'a effrayé, le poète ajoute : « Or c'était un cochet dont notre souriceau Fit à sa mère le tableau, Comme d'un animal venu de l'Amérique » La Font., Fabl., VI, 5 (Or, dans ce sens, paraît indiquer qu'il est temps d'éclaircir le mystère) … — Où cette conjonction a sa pleine valeur déductive, c'est dans le raisonnement en forme, en particulier lorsqu'elle amène (…) la mineure du syllogisme (…)
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1145.
6 Tandis que or s'est figé dans son acception logique, donc continue d'être une articulation « vivante » (…) Or, en se réservant aux rapports « transitifs », a choisi la mauvaise part : il s'y rencontre en effet avec et si instantanément employé aux mêmes fins, et aussi avec l'asyndète encore plus commode pour esquiver l'obstacle qu'est toujours, au fond, une transition !
Gérald Antoine, la Coordination en français, t. II, p. 1207.
2 (1580). Log. || Or, particule introduisant la mineure d'un syllogisme, un argument (cit. 12), ou une objection à une thèse ( Mais; → Institution, cit. 8 et 18; liberté, cit. 35).
COMP. Désormais, dorénavant.
HOM. Hors, 1. or, ord, ort.

Encyclopédie Universelle. 2012.