exalté, ée [ ɛgzalte ] adj. et n.
1 ♦ Qui est devenu très intense, très actif. Sentiments exaltés. ⇒ délirant. Imagination exaltée. ⇒ surexcité.
2 ♦ (Personnes) Qui est dans un état d'exaltation. Il est trop exalté. ⇒ ardent, enthousiaste, passionné. — Par ext. Qui traduit des sentiments exaltés. « l'attitude grave et exaltée d'un homme qui fait un sacrifice solennel » (Vigny).
♢ N. Cet attentat est le fait de quelques exaltés. ⇒ fanatique. « Je suis croyante, moi. N'allez pas me prendre pour une exaltée, une mystique » (Green).
⊗ CONTR. 2. Calme, 1. froid, impassible, paisible.
● exalté, exaltée nom Personne qui est dominée par une passion exclusive ; fanatique. ● exalté, exaltée (synonymes) nom Personne qui est dominée par une passion exclusive ; fanatique.
Synonymes :
- enragé
- excité
- surexcité
- survolté
exalté, ée
adj. et n. Qui nourrit de l'exaltation (sens 2), enthousiaste. Un tempérament exalté.
— Subst. Calmez-moi ces exaltés!
⇒EXALTÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de exalter.
II.— Emploi adj.
A.— [Correspond à exalter I]
1. Domaine spatial, rare. Porté vers le haut (dans l'espace), élevé très haut. Les trottoirs se gondolent [à Bucarest], les chaussées se soulèvent comme les dalles du Jugement dernier; édifications et écroulements se succèdent parmi les quartiers inertes ou exaltés (MORAND, Bucarest, 1935, p. 290).
2. Au fig., domaine moral en gén., rare. [En parlant d'une pers. ou d'une chose abstr.] Qui a été élevé au faîte des honneurs, de la gloire, qui est l'objet d'une réputation très flatteuse. Guerrier si exalté pour sa bravoure et sa piété (...) vraie figure de Bayard dans les prises d'armes contre les protestants, qui l'appelaient le grand « Mahomet » (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 329). Il revient de très loin, le haut marquis : les îles Illyriaques, et l'une des deux Siciles Ont souvent retenti de son nom exalté (VERLAINE, Poèmes div., 1896, p. 145).
B.— [Correspond à exalter II]
1. Domaine matériel, sensible. Qui a été porté à un très haut degré d'intensité; dont les qualités essentielles ont été fortement développées, dégagées, mises en valeur. L'amande y est plus grosse, le sucre moins acerbe et l'arome plus exalté (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 115). Dans les pierres précieuses et dans les métaux (...) tous les trésors du coloris le plus exalté (Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 30). Stimulé par un printemps sourd que l'on goûtait seulement dans le vent humide, inégal, dans le parfum exalté de la terre (COLETTE, Chéri, 1920, p. 135).
— Domaine biol., rare. Qui se caractérise par une activité, une sensibilité très intense :
• 1. ... il seroit seulement curieux de connoître pourquoi les animaux qui ont l'odorat le plus exalté sont précisément ceux qui se nourrissent des choses les plus puantes (...). Peut-être les animaux carnassiers ont-ils en général l'odorat plus fin, parce qu'ils doivent apercevoir de plus loin la présence de leur proie.
CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 631.
2. Domaine moral en gén.
a) [En parlant d'une pers., d'un aspect de sa nature, etc.]
— Domaine éthique, relig., philos. Qui est inspiré de sentiments élevés, nobles; qui est porté aux réflexions métaphysiques, aux grandes émotions spirituelles. Âme, dévotion exaltée. Le sentiment religieux fomenté inconsidérément (...) venant à coïncider avec les dispositions religieuses déjà très-exaltées de quelques villes et villages (BONSTETTEN, Homme Midi, 1824, p. 221). Du mysticisme exalté au satanisme exaspéré, il n'y a qu'un pas. Dans l'au-delà, tout se touche (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 82) :
• 2. De là ce caractère exalté qui était l'héroïsme des femmes : car le haut prix qu'on attachait à leur estime et à leur amour, leur donnait d'elles-mêmes une opinion très-élevée; et pour la soutenir et n'en pas être indigne, leur âme se mettait au niveau de leur condition.
MARMONTEL, Essai sur rom., 1799, p. 299.
♦ Emploi subst. (gén. péj.). (Quasi-)synon. fanatique, illuminé, visionnaire. J'ai tort d'attacher une telle importance à quelques exaltés (...). Nous aurons longtemps encore nos énergumènes, prompts à ramasser dans le Jardin des oliviers, l'épée ensanglantée de saint Pierre (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 311) :
• 3. Sa dévotion restait vive, mais elle [Bernadette] ne lui avait pas paru l'extatique, l'exaltée qu'on aurait pu croire; au contraire, elle montrait plutôt un esprit positif, sans envolée aucune, ayant toujours à la main un petit travail... elle ne ressemblait en rien aux grandes passionnées du Christ.
ZOLA, Lourdes, 1894, p. 28.
— Domaine pol., idéol. Qui se caractérise par des opinions extrêmes, l'ardeur à convaincre, à combattre. Les têtes exaltées, les jacobins, qui racontent ce qu'ils désirent (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 390). Les orateurs du royalisme exalté et de l'émigration irréconciliable (LAMART., Nouv. Conf., 1851, p. 308). C'était par cette foi exaltée et par cet optimisme qu'il avait soulevé les âmes du public français. Son livre avait été aussi efficace qu'une bataille (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1488).
♦ Emploi subst. (gén. péj.). (Quasi-)synon. extrémiste, sectaire. Ceux qui parlaient encore des provinces perdues passaient, comme Déroulède, pour des exaltés dangereux (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 265).
— Domaine affectif, intellectuel, artistique. Qui se caractérise par une grande vivacité d'idées, d'impressions, de sentiments; qui a un tempérament passionné, facilement porté aux extrêmes. Amour, imagination exalté(e). On a considéré comme immoral ce qui n'étoit pas sensible et même romanesque. Werther avoit tellement mis en vogue les sentiments exaltés, que presque personne n'eût osé se montrer sec et froid (STAËL, Allemagne, t. 4, 1810, p. 358). Ces passions (...) l'affolaient, l'énervaient ou l'accablaient, selon qu'elles avaient un caractère exalté, violent, dramatique ou sentimental (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 519). Son tempérament exalté la faisait facilement passer de l'espérance la plus vive au plus pénible désespoir (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 158) :
• 4. Il est possible que ce soit, comme vous le dites, le caractère des affections modérées que d'être durables. Mais vous faites là le procès à la vôtre, car elle ne l'est guère. Moi, je suis las des grandes passions, des sentiments exaltés, des amours furieux et des désespoirs hurlants. J'aime beaucoup le bon sens avant tout, peut-être parce que je n'en ai pas.
FLAUB., Corresp., 1846, p. 433.
♦ Emploi subst. (gén. péj.). Amaury est un poète de salon, un de ces exaltés en habit noir et gants gris perle, qui vont entre dix heures et minuit raconter dans le monde leurs extases d'amour, leurs désespoirs (A. DAUDET, Femmes d'artistes, 1874, p. 48).
— PSYCHOPATHOL. Qui se caractérise par une surexcitation morbide. L'exaltation du moi de certains adolescents est décrite comme une « crise » (...) il [Debesse] met en avant les facteurs de « discordance organique » et de « désadaptation sociale » à la source de l'affirmation exaltée du moi qui caractérise la crise (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 403). Nul doute (...) que cette sincérité exaltée ne touchât à la folie (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 178).
♦ Emploi subst. Il faut avoir entendu des exaltés, des délirants, des fous pour saisir toute l'importance de cette folie bavarde (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 298).
b) [En parlant d'un aspect du comportement humain] Qui exprime des idées, des impressions, des sentiments très vifs. De toutes les rues, monta un grand cri exalté, l'acclamation qui saluait le retour de l'astre (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 21). Sa figure rayonnait du plus pur enthousiasme. Derrière lui (...) un autre regard s'allumait, farouchement exalté (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 462). Des lettres si exaltées (...) des billets si tendres (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 102).
— En partic., domaine de l'expr. artistique. Qui se caractérise par une très grande force d'expression, par des audaces, des outrances formelles. Les parties les plus passionnées et les plus exaltées du rôle (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 472). Il [Chopin] a pris les jeux les moins aigres [de l'orgue] et il a joué les Astres, non pas d'un ton exalté et glorieux comme faisait Nourrit, mais d'un ton plaintif et doux (SAND, Corresp., t. 2, 1839, p. 140). [Le dessin de Delacroix] est saccadé, fiévreux, exalté; il a des vivacités, des emportements (RODIN, Art, 1911, p. 138).
c) P. métaph. [En parlant de choses concr., de phénomènes sensibles] Qui semble animé de sentiments très vifs. Une étrange vie nocturne habite les boiseries et j'entends des frôlements, de petits coups, la palpitation exaltée de la pendule (CHARDONNE, Claire, 1931, p. 121).
Encyclopédie Universelle. 2012.