existentiel, ielle [ ɛgzistɑ̃sjɛl ] adj.
• existensiel 1907; de existence
1 ♦ Philos. Relatif à l'existence en tant que réalité vécue. Philosophie existentielle. Malaise existentiel.
2 ♦ Math., log. Quantificateur existentiel.
● existentiel, existentielle adjectif (bas latin existentialis) Chez les existentialistes, relatif à l'existence. Se dit d'une philosophie préconisée par les existentialistes. ● existentiel, existentielle (difficultés) adjectif (bas latin existentialis) Orthographe Avec un t, bien que cet adjectif corresponde au substantif existence (comme confidence, confidentiel ; essence, essentiel, etc., mais à la différence de révérence, révérenciel). ● existentiel, existentielle (expressions) adjectif (bas latin existentialis) Analyse existentielle, méthode thérapeutique, fondée par L. Binswanger, visant à ce que le sujet s'appréhende comme « capacité de choix » et fasse l'expérience de l'originalité de son destin. Quantificateur existentiel, symbole noté ∃ (s'énonçant « il existe »), exprimant le fait que certains éléments d'un ensemble (au moins un) vérifient une proposition, une propriété données.
existentiel, elle
adj.
d1./d Qui ressortit à l'existence en tant que réalité vécue.
d2./d MATH Quantificateur existentiel: symbole (noté E à l'inverse) qui signifie "il existe au moins un objet tel que...".
⇒EXISTENTIEL, ELLE, adj.
A.— PHILOSOPHIE
1. Qui appartient à l'ordre de l'existence; qui concerne l'existence en tant que réalité vécue personnellement et concrètement. Situation existentielle; enracinement existentiel de la personne; angoisse existentielle. La dimension proprement existentielle de la liberté (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 63).
— [P. oppos. à conceptuel, notionnel] La fausseté n'est pas une caractéristique logique de certaines propositions, mais une qualité existentielle (SARTRE, Esq. théorie émot., 1939, p. 40).
— Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Le primat métaphysique de l'existentiel (MARCEL, Journal, 1914-23, p. XI). L'obsession de l'existentiel (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 216).
— Jugement existentiel. Jugement qui affirme ou nie l'existence de quelque chose. Aucune inférence non causale ne peut donc suffire à légitimer un jugement existentiel sur Dieu, concluent tous les adversaires de l'argument de saint Anselme (Théol. cath. t. 4, 1, 1920, p. 892).
2. Philosophie existentielle. Philosophie de l'existence. C'est un caractère central des pensées existentielles que d'être l'opposé d'une gnose (MOUNIER, Introd. aux existentialismes, Paris, Denoël, 1947, p. 20).
— Philosophe existentiel. Philosophe qui affirme et défend le primat de l'existence humaine. Synon. philosophe existentialiste au sens large :
• Il est singulier en tout cas, que des œuvres d'inspiration parente comme celles de Kafka, Kierkegaard ou Chestov, celles pour parler bref, des romanciers et philosophes existentiels, tout entières tournées vers l'absurde et ses conséquences, aboutissent en fin de compte à cet immense cri d'espoir [qui surmonte l'absurde].
CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 183.
B.— Autres emplois.
1. LING. Causatif existentiel. ,,Classe de verbes transitifs (le plus commun en français est le verbe faire) dont l'objet est le résultat de l'action du verbe`` (Ling. 1972, p. 79). Phrase existentielle. ,,Type de phrase où le prédicat de la structure profonde est constitué du verbe être suivi d'un syntagme prépositionnel de lieu`` (Ling. 1972, p. 201).
2. LOG. et MATH. Quantificateur existentiel. Symbole logique précisant l'existence dans un ensemble donné d'au moins un élément possédant une propriété donnée (cf. G. CASANOVA, L'Algèbre de Boole, Paris, P.U.F., 1972 [1967], p. 45).
3. PSYCHOL. Psychanalyse existentielle. Méthode d'investigation psychologique qui considère le sujet comme un « être-dans-le-monde ». La psychanalyse existentielle a pour but de retrouver, à travers ces projets empiriques et concrets [ceux de l'auteur], la manière originelle que chacun a de choisir son être (SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 689).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Existentiellement, adv. D'un point de vue existentiel, d'une manière existentielle. La notion de « dimensions » globales de la personnalité prise existentiellement comme un tout agissant d'un seul geste à ses divers niveaux d'organisation (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 50). b) Existential, ale, aux, adj. et subst. masc. ) Emploi adj. [P. oppos. à existentiel] Philosophie existentiale. Philosophie, existentielle en ce qu'elle prend son point de départ dans l'analyse de l'existence humaine, mais différente en ce qu'elle considère cette analyse comme une étape vers une philosophie de l'être en général. Heidegger (...) part de l'être humain mais il ambitionne d'atteindre à travers lui l'être pur et simple. C'est pour distinguer ces deux points de vue que Heidegger a inventé les termes d'analyse existentiale et d'analyse existentielle (R. VERNEAUX, Leçons sur l'existentialisme et ses formes principales, Paris, Pierre Téqui, 1948, p. 63). ) Emploi subst. masc. [Le plus souvent au plur. chez Heidegger; p. oppos. à catégorie] Caractères ontologiques de l'être-là obtenus à partir de l'existence en tant que structure; dimensions de l'être par opposition aux catégories, par exemple la liberté, la temporalité, l'historicité, l'être-dans-le-monde. Ces traits qui constituent « l'essence » du « Dasein », la structure ou l'être de l'existence humaine, Heidegger les appelle des « existentiaux ». (...) Les « existentiaux », comme leur nom l'indique assez, concernent l'existence (humaine) et la définissent. Ils sont concrets, mais cependant universels puisqu'ils sont valables pour tout être humain (ID., ibid., p. 73).
Prononc. :[]. Cf. é-1. Étymol. et Hist. 1907 « qui est relatif à l'existence » (BERGSON, Évol. créatr., p. 289). Empr. au b. lat. existentialis « relatif à l'existence ». Fréq. abs. littér. :146. Bbg. DUB. Dér. 1962, p. 48. — QUEM. DDL t. 7 (s.v. existentiellement).
existentiel, ielle [ɛgzistɑ̃sjɛl] adj. et n.
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1 Philos. Relatif à l'existence en tant que réalité vécue. || Angoisse existentielle. || Malaise existentiel. || Philosophie existentielle : philosophie de l'existence. ⇒ Existentialisme. || Jugement existentiel : jugement d'existence.
1 On reconnaît (dans « le Château », de Kafka) un thème familier à la philosophie existentielle : la vérité contraire à la morale.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 183.
2 Dans les limites de la condition humaine, quel plus grand espoir que celui qui permet d'échapper à cette condition ? Je le vois une fois de plus, la pensée existentielle, contre l'opinion courante, est pétrie d'une espérance démesurée, celle-là même qui, avec le christianisme primitif et l'annonce de la bonne nouvelle, a soulevé le monde ancien.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 209.
3 Les satisfactions que j'ai cherchées pour combler une vie, un vide, une nostalgie et que j'ai obtenues ont réussi parfois, mais si peu, à masquer le malaise existentiel.
E. Ionesco, Journal en miettes, p. 28.
♦ N. (Vx). || Un existentiel, une existentielle : partisan de l'existentialisme. ⇒ Existentialiste.
4 Pour les existentiels, la négation c'est leur Dieu. Exactement, ce dieu ne se soutient que par la négation de la raison humaine.
Camus, le Mythe de Sisyphe, in Essais, Pl., p. 128-129.
2 (Mil. XXe). Math., log. || Quantificateur existentiel : quantificateur, dont le symbole est ∃ et signifiant « il existe ». || Quantificateur existentiel (il existe au moins un X pour lequel…) et quantificateur universel (pour tout X…).
5 Il faudrait pour la décrire correctement (la phrase « certains Français vont rester sur la lune »), que le posé, comme le présupposé, contienne un quantificateur existentiel, mais que le quantificateur existentiel du présupposé prenne pour univers de référence les personnes dont l'existence a été affirmée dans le posé.
Oswald Ducrot, Dire et ne pas dire, p. 150.
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DÉR. Existentialisme, existentialiste, existentiellement.
Encyclopédie Universelle. 2012.