SYMBOLE
Traditionnellement, le terme de symbole recouvre trois ensembles de significations nettement distincts.
Le sens courant attribue à la notion de symbole un sens proche de celui d’analogie emblématique. La colombe est le symbole de la paix, le lion est le symbole du courage, la croix latine est le symbole du christianisme, le sceptre et la couronne sont les symboles de la royauté, ou du pouvoir. On peut dire de manière générale que ce sens se confond avec celui d’une concrétisation (objet, animal, figure...), d’une réalité abstraite (vertu, état, pouvoir, croyance...)
Le sens étymologique du mot grec 靖羽猪礼凞礼益, dérivé du verbe 靖羽猪見凞凞諸, «je joins», définit un objet partagé en deux, la possession de chacune des deux parties par deux individus différents leur permettant de se rejoindre et de se reconnaître. Lorsqu’on est condamné à vivre dans la clandestinité, ou en d’autres occasions similaires, le partage en deux d’un billet de banque permet la reconnaissance et la sécurité de parole à deux personnes ne se connaissant pas: les deux parties du billet ou, plutôt, le dispositif lié qu’elles permettent, sont au sens propre un symbole. Il en est de même, à un niveau plus abstrait, de la pratique du «mot de passe», ainsi que, d’une manière encore plus élaborée, de toute formule dont la possession et la locution permettent à des membres d’une même communauté de se reconnaître comme tels: le Symbole des Apôtres (le Credo), par exemple, a eu ce rôle dans le christianisme.
Ces deux premiers sens ont entre eux d’évidentes relations, qui seront à élucider. Ils n’ont pas de rapport semblable avec la troisième signification, celle du symbole logico-mathématique , par lequel on entend tout signe graphique, ou bien indiquant une grandeur donnée, ou bien prescrivant une opération précise sur ces grandeurs. Ainsi, dans la formule:
(f ), y , x , l’exposant 2 de x , le signe + et le signe 漣 sont des symboles. Le symbole se définit ici en relation avec l’algorithme , «ensemble de règles opératoires propres à un calcul» (Robert).
Le Vocabulaire technique et critique de la philosophie d’André Lalande, dans son édition de 1926, indique déjà ces trois ensembles de définitions, lorsqu’il voit dans le concept de symbole: en premier lieu, «ce qui représente autre chose en vertu d’une correspondance analogique», ou bien «un système constitué de termes dont chacun représente un élément d’un autre système», ou encore, selon Jules Lemaître, «une comparaison dont on ne nous donne que le second terme, un système de métaphores suivies»; en deuxième lieu, un formulaire d’orthodoxie (le Symbole des Apôtres); enfin, une réalité logico-mathématique.
Ces trois définitions initiales appellent une remarque générale sur la très grande dispersion sémique du terme , lequel est caractérisé, dans un cas (le premier), par son pouvoir de concrétisation, sa «figurabilité» (en termes freudiens), et, dans un autre (le troisième), par son abstraction totale. Il est à noter à ce propos que le symbole chimique et physique se rattache pour l’essentiel au symbole logico-mathématique en ce qu’il est arbitraire et conventionnel, mais s’en sépare en ce qu’il renvoie à une réalité bien concrète, le corps qu’il «nomme».
Cette extension de sens est encouragée par la dissémination du terme dans les divers registres des phénomènes naturels, esthétiques, sociologiques, psychiques, etc. Celle-ci a été mise en évidence depuis le début du XXe siècle par les principales démarches des sciences humaines, qu’il s’agisse de la psychanalyse (Freud, Jones, Jung, Lacan), de la linguistique (Benveniste, Saussure, Jakobson, et finalement tous les linguistes et sémiologues), de l’histoire de l’art (Mâle, Beigbeder), de l’histoire des religions (Dumézil), de l’ethnologie (Lévi-Strauss), de la logique (Ortigues), de la sociologie (R. Barthes, H. Lefebvre)...
Ce phénomène semble indiquer les voies d’une démarche qui refuserait de partir des trois ensembles de définitions ci-dessus, en mettant en cause notamment l’opposition absolue entre contenus analogiques et contenu arbitraire de la notion de symbole (cette opposition n’étant peut-être pas entièrement fondée) et en tentant un effort de clarification et de délimitation des champs d’emploi du terme.
1. La fonction du symbole
À quoi servent les symboles? Cette question innocente reçoit des réponses complexes. Le symbole a au moins trois fonctions bien marquées, avec naturellement des glissements de sens et des cumuls possibles. Le symbole montre, réunit et enjoint.
Le symbole, d’abord, montre; il rend sensible ce qui ne l’est pas: valeurs abstraites, pouvoirs, vices, vertus, communautés. Il ne s’agit pas de la simple analogie , régie par la conjonction «comme». «Laid comme un crapaud» ne signifie pas que le crapaud est le symbole de la laideur, privilège qu’il partagerait... avec les sept péchés capitaux! On dit d’ailleurs aussi «laid comme un pou». En d’autres termes, le symbole est exclusif. Le courage ne saurait être symbolisé que par le lion, lequel, d’ailleurs, n’accepte que difficilement de symboliser autre chose (l’orgueil est plutôt symbolisé par le paon). C’est qu’il faut que chacun puisse reconnaître le symbole comme tel, qu’il n’y ait pas de contestation quant à son contenu et son sens. On voit par là qu’il a une valeur pour le groupe, pour la communauté, pour la société, qu’il a pouvoir de rassemblement, de consensus, en d’autres termes que le symbole est social . Cela est évidemment lié à sa deuxième fonction.
Le symbole logico-mathématique n’échappe pas à cette règle. Le graphisme symbolique tire sa force du fait que l’accord se fait, par exemple, pour estimer que le symbole + est l’inverse du symbole 漣, et indique des opérations précises et opposées. Hors cette convention universellement acceptée, il ne peut y avoir de communication mathématique.
Le symbole, en deuxième lieu, réunit. Outre sa fonction consensuelle, il signale, en effet, l’appartenance. Selon le mot de Georges Gurvitch, «il inclut et il exclut». C’est la fonction du symbolisme emblématique des partis politiques de marquer les limites à l’intérieur de la communauté. Le drapeau tricolore a ainsi une double fonction: symboliser la continuité de la nation française depuis la royauté (le blanc), sous l’égide centralisatrice de sa capitale Paris (bleu et rouge) et à travers sa révolution républicaine (rouge); c’est une contiguïté dans le temps; d’autre part, il symbolise évidemment ce qui relève de la nation française et ce qui n’en relève pas (telle est la fonction des drapeaux qui flottent aux hampes des postes frontière); il s’agira là d’une contiguïté dans l’espace (et aussi dans le temps: les frontières sont historiques). De même, l’emblème de la social-démocratie symbolisait la lutte contre les ennemis communs: ses trois flèches perçaient la bourgeoisie, la réaction et le fascisme. Le symbolisme communiste de la faucille et du marteau n’est pas seulement défensif; il a valeur de mot d’ordre, et même de programme: l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie est nécessaire, et suffisante, pour la conquête du pouvoir et l’établissement de la société socialiste. De même, le signe de la croix indique à la fois une pratique d’appartenance (identification au Christ) et une pratique d’exclusion (le «mystère» évoqué fut unique, comme est unique le Dieu qui s’incarne pour monter sur la croix).
Cette fonction sociologique du symbole a été clairement perçue aussi bien par un logicien comme E. Ortigues (1962) que par un ethnologue comme C. Lévi-Strauss dès 1950. Le premier écrit: «Dans le langage, le symbole est un phénomène d’expression indirecte (ou de communication indirecte) qui n’est signifiante que par l’intermédiaire d’une structure sociale, d’une totalité à quoi l’on participe, et qui a toujours la forme générale d’un pacte, d’un serment, d’un interdit, d’une foi jurée, d’une fidélité, d’une tradition, d’un lien d’appartenance spirituelle, qui fonde les possibilités allocutives de la parole» (Le Discours et le symbole ). Autrement dit, il n’y a pas de symbole sans communication par le symbole; avec le symbole, on peut s’adresser à autrui. Pour Lévi-Strauss, «il est de la nature de la société qu’elle s’exprime symboliquement dans ses coutumes, et ses institutions; au contraire, les conduites individuelles ne sont jamais symboliques par elles-mêmes: elles sont les éléments à partir desquels un système symbolique, qui ne peut être que collectif, se construit» (introduction aux œuvres de M. Mauss publiées sous le titre Anthropologie et sociologie ). On ressent ainsi que les positions ambivalentes de Lévi-Strauss par rapport à la psychanalyse trouveront sur le terrain du symbolisme une occasion de jouer.
Le symbole, enfin, enjoint et prescrit. Cette fonction a déjà été mise clairement en évidence dans des exemples précédents, ceux notamment des emblèmes symboliques de nature politique. La fonction d’injonction peut être plus ou moins explicite: le sceptre et la couronne ne se contentent pas de signaler le pouvoir; ils invitent à le respecter. C’est ainsi que le mobilier de majesté ou d’honneur (trône, podium...) participe également à des fonctions de signalisation et de prescription: c’est ce que comprend bien Charlie Chaplin lorsque, dans Le Dictateur , il tente d’installer Napoloni (Mussolini) sur un siège ridiculement bas, de telle manière que lui-même (représentant Hitler), malgré sa petite taille, puisse aisément le dominer. Fonction symbolique, fonction psychologique et fonction technique apparaissent ici inextricablement liées.
Il n’en est pas toujours ainsi. La fonction du symbole relève en partie de l’impératif, mais celui-ci n’est pas synonyme de soumission à des impératifs techniques. Un exemple tiré de l’architecture romane montre bien la distinction. Le voûtement des églises doit répondre à des critères techniques (solidité, clarté, résistance au feu, acoustique) et symboliques : il est souhaitable que la voûte de la «nef» évoque une carène de navire renversée, symbolisant l’Église au milieu des tempêtes du monde extérieur hostile. La voûte en berceau plein cintre (le demi-cercle, hérité des Romains) est chronologiquement première. Sa construction proprement dite ne cause aucune difficulté. Si symboliquement elle est médiocre mais plausible, techniquement elle est franchement mauvaise. Elle est lourde, pèse sur les murs, qui ont tendance à s’écrouler. Les rend-on épais et sans beaucoup d’ouvertures, l’édifice est sombre, comme les églises romanes d’Auvergne. Une charpente en bois est légère et permet l’éclairage, mais l’acoustique s’en ressent, et surtout la vulnérabilité à l’incendie s’accroît (Cluny I). La voûte en berceau brisé est symboliquement parfaite et techniquement meilleure, sans être à l’abri des écroulements (Cluny II) dès que l’audace des architectes est trop grande. C’est la moins mauvaise solution. Mais il existe une solution techniquement séduisante: remplacer le berceau transversal par une succession de berceaux transversaux se contre-butant les uns les autres, le premier et le dernier étant contre-butés l’un par le narthex, l’autre par l’abside. Cette solution, en fait, fut réalisée rarement (l’exemple le plus célèbre est celui de Tournus) parce que symboliquement il est très mauvais: plus de «nef» de navire renversée... Le problème du voûtement de l’église, en réalité, ne reçut sa solution que lorsque la contrainte du programme symbolique s’affaiblit (l’Église apparaissant alors moins menacée) et qu’en même temps put être trouvée une solution technique élégante aux impératifs contradictoires de la solidité, de l’éclairage et de l’acoustique: la voûte sur croisée d’ogives.
La question de l’efficacité symbolique est évidemment fondamentale. Elle est au centre de l’activité psychanalytique, en ce qui concerne l’interprétation tant des rêves et des conduites (cf. infra ) que de la dynamique du transfert, où le psychanalyste est appelé à symboliser la figure du Père pour amener une reviviscence et une abréaction des affects originels. Elle n’est pas moins importante pour l’historien des religions, le spécialiste des problèmes du langage, ou le simple observateur de la vie quotidienne.
2. L’interprétation symbolique
Interpréter un symbole, c’est évidemment se demander de quoi il est symbole. La psychanalyse, l’histoire de l’art (du moins celle qui ne se contente pas d’assurer la chronologie) se posent la question d’une manière très apparente: il en est de même, d’une manière plus seconde mais tout aussi importante, à l’intérieur d’une problématique des «langages» qu’ils soient «naturels» ou mathématiques. Que représente exactement le signe +, le signe 漣, ou le signe =, ou tout autre? On a dit: une opération à effectuer sur des grandeurs. Mais ils représentent tout autant l’existence d’un système où ces opérations sont possibles. Le graphisme = a ainsi double statut: en tant que signe, il marque l’équivalence; en tant que symbole, il marque la possibilité d’un système d’équivalences. Mais entre quoi et quoi? Si j’écris:
ce n’est pas la même chose que si je note «1 kilo de pommes = 1 franc» ou que je suggère «le lion = le courage». Dans le premier cas, on a affaire au symbole logico-mathématique stricto sensu , dans le sens où Ortigues définit celui-ci comme «tendant à ramener la question du sens à une question de syntaxe, d’expression bien formée, de telle sorte qu’au simple examen de la formule on puisse juger de sa validité». Dans le deuxième cas, le symbole = indique les possibilités d’existence, et en même temps le résultat du marché proposé; il implique un accord, un consensus pour payer tel objet à tel prix, faute de quoi la transaction ne peut se faire. Dans le premier cas, il y avait convention et accord sur la convention; dans le deuxième, il y a proposition (sociale) et accord (social) sur la proposition. Dans le troisième cas, il y a également proposition (qui relève plus du mythologique que du sociologique), mais l’accord général qui règne à son propos repose sur une convention, ce qui revient partiellement au premier cas. L’essentiel est de pouvoir conclure que le symbole logico-mathématique n’est pas neutre . Il est certes extérieur à ceux qui le formulent ou qui doivent l’appliquer, mais les conditions de cette prescription sont, elles, contingentes, immanentes, en un mot: socialisées.
Les progrès spectaculaires de la linguistique depuis quelques décennies ont attiré à juste titre l’attention sur les conditions de la communication. Mais cet intérêt s’est manifesté le plus souvent en excluant du champ de l’observation la réalité d’une dimension symbolique du langage. Tel qu’il sert de base depuis Martinet à tous les travaux sérieux dans le domaine linguistique, le principe de la double articulation a éclipsé en partie la possibilité d’intégrer l’étude des faits de symbolisation à l’intérieur de la réflexion linguistique, qui était encore entière chez Saussure avec la célèbre distinction du signifiant et du signifié. La distinction entre monèmes et phonèmes, si capitale par ailleurs, laisse de côté tout le symbolisme qui est à l’œuvre dans la communication; on ne le considère que de manière marginale, en notant sa présence, dans une certaine mesure, au stade phonétique (allitération, assonance, intonation, rythme et débit, etc.: mais il ne s’agit plus là de phonèmes en tant que tels). En termes de linguistique, le symbole , adhésion libre à un pacte, s’oppose au signal , producteur de réflexes conditionnés ou servant à un traitement de l’information, et au signe , qui suscite simplement et le plus souvent arbitrairement une réaction pertinente. Le symbole apparaît ainsi parasitaire, trop chargé de contenu émotif ou affectif pour une théorie du langage, lors même que celle-ci rencontre à tout instant des faits de symbolisme.
Il en est ainsi par exemple du code de la route, qui est bien un système de communication, de transmission de message. Les signaux y ont leur part, qui déterminent des réflexes: feux verts et rouges, bandes de dépassement, certains panneaux particulièrement contraignants, tel le «stop». Les signes aussi, avec toute la variété des indications de croisement, de rétrécissement de la chaussée, de route verglacée, de fin de limitation de vitesse. On voit déjà que les distinctions ne sont pas absolues: le dernier signe évoqué fonctionne aussi comme signal. Mais le symbolisme envahit les signaux et aussi les signes. Le rouge et le vert des feux aux croisements ne sont pas neutres, ni totalement arbitraires. Le rouge est connoté de sang, d’excitation, de danger, d’interdit; le vert évoque la nature, le permis, l’apaisement, la sécurité. Lors de la révolution culturelle chinoise, on s’est demandé à un moment s’il fallait vraiment lier ensemble la couleur rouge et l’arrêt: c’était reconnaître la présence du symbolisme dans un domaine apparemment régi par la convention arbitraire. De même, il n’est guère de signes qui ne comportent leur part de symbolisme: croisement, discontinuité de la ligne jaune symbolisant le franchissement permis, signes de rétrécissements, virages «en Z», etc. De toute part, le symbole agit non seulement comme parasite de la représentation, mais comme représentation même. Les recherches de la linguistique ont eu et ont encore du mal à intégrer à leur réflexion des phénomènes où l’imaginaire et l’affectivité auraient une place non négligeable. Compréhensible à un moment où elle tendait à la conquête d’un statut «scientifique», pareille scotomisation risque de ne plus paraître supportable si l’on veut vraiment «démasquer le réel»: celui-ci admet, jusqu’au sein de la communication langagière, la présence de l’imaginaire, de l’image, de l’affect, bref, du symbole. On est ainsi conduit à examiner la question sous l’angle de la psychanalyse.
Le symbolisme des rêves
La théorie psychanalytique des symboles, qui occupe chez Freud et ses successeurs une place importante, est une des plus riches sur la question. On se bornera ici à tenter d’en clarifier les différents aspects.
Dans L’Interprétation des rêves (1900), Freud se réclame en partie contre l’attitude scientiste et positiviste de l’époque de l’antique «interprétation des rêves»: le rêve a un sens, un sens symbolique, dont le déchiffrement ouvre sur les contenus psychiques inconscients du sujet. Si l’interprétation analytique, de manière générale, consiste à passer d’un contenu manifeste (discours du sujet, associations, lapsus, actes manqués dans le présent) à un contenu latent, l’interprétation des rêves consiste en un repérage, une classification et une lecture des symboles oniriques produits par le travail du rêve , qui, en ses opérations traditionnelles (condensation, déplacement, secondarité), comprend également cette caractéristique de tout fait symbolique: la figurabilité. Cette lecture met en évidence le très grand nombre des symboles du rêve (objets, architectures: portes, fenêtres, escaliers..., énoncés, conduites), tandis que le champ du symbolisé reste étroit: proches parents, naissance, mort; le corps, la nudité, les organes et l’acte sexuels. Le rapport entre symbolisant et symbolisé peut être d’analogie (escalier et difficulté, porte et obstacle, etc.), d’allusion ou de contraire (nudité et angoisse).
On ne doit pas confondre symbole et association. Dès les Études sur l’hystérie (1895), Freud note que l’affection somatique est déterminée par des traumatismes du passé dont le repérage se fait par voies associatives. C’est seulement au niveau de l’interprétation analytique de ces événements que joue l’interprétation symbolique.
Par le symbolisme, l’inconscient fait effraction dans le discours. C’est une faille dans le système de censure. Mais, en fait, le symbole est autant effet de la censure qu’affaiblissement de celle-ci; une porte à la fois ouverte et refermée. Cette ambivalence a été soulignée par Freud dans l’Introduction à la psychanalyse (1915-1917).
La référence à l’interprétation des rêves dans l’Antiquité ne conduit cependant pas Freud à imaginer une nouvelle «clé des songes». Alors que celle-ci est tout à la fois générale, automatique et prémonitoire, l’interprétation des rêves en termes symboliques est effectuée dans le cadre de l’histoire de l’individu; elle n’est pas immédiate mais résulte d’un travail de déchiffrement; enfin, il s’agit d’une interprétation du passé et non d’une lumière sur le futur.
En revanche, il ne semble pas exister chez Freud une position entièrement élaborée et tranchée sur le point de savoir si les symboles du rêve sont identiques à eux-mêmes (dans leur présentation, dans leur occurrence, dans leur fonctionnement, dans leur efficace) chez un même individu, chez les individus d’un même groupe, chez des individus de sociétés et de civilisations différentes. Freud paraît pencher au moins vers la première hypothèse, en soulignant que le sujet dispose d’une sorte de langue symbolique fondamentale dans laquelle il puise couramment d’une manière uniforme. Il appartiendra à ses successeurs (Jones, Ferenczi, Rank) d’approfondir la théorie du symbolisme; on ne s’arrêtera ici qu’aux travaux d’auteurs qui ont donné du symbolisme une interprétation plus culturaliste et intégrant davantage, dans ce cadre, les phénomènes de transfert, évidemment imprégnés du symbolisme: Carl Jung, Claude Lévi-Strauss et, directement influencé par lui, Jacques Lacan.
Pour une théorie anthropologique du symbole
La rupture de Jung et de Freud fut consacrée en 1911, lorsque le premier publia, en deux livraisons du Jahrbuch der Psychoanalyse (III, 1911, et IV, 1912), un article intitulé «Wandlungen und Symboles der Libido» («Métamorphoses et symbole de la libido»). C’est sur la question du symbole que le clivage se produisit. Pour Jung, en effet, la libido n’est pas cause, mais effet. L’analyse ne la met pas à nu après avoir déchiffré les conduites de substitutions symboliques ou de sublimation, mais, au contraire, c’est la sexualité elle-même qui est déjà sublimation. De quoi? De fantasmes, d’images, de types de comportements collectifs et universels en réaction à certaines situations: les archétypes. Ceux-ci relèvent de l’inconscient collectif. Ils s’expriment et sont décelables à l’intérieur d’un système symbolique: mythe de la création, de la vie, de l’ombre. La libido n’est pas seulement énergie pulsionnelle du ça individuel, mais énergie des processus vitaux en général, ce qui explique la dissémination et l’identité des symboles.
La position de Jung était celle d’un analyste qui avait été pendant plusieurs années un disciple particulièrement autorisé de Freud et de la pratique analytique, mais également celle d’un chercheur, d’un penseur même, attiré par l’occultisme, l’histoire des religions, l’histoire des mythes, bref, souvent, celle d’un ethnologue qui se serait dispensé du «terrain». Les conceptions jungiennes ont été développées notamment par Mircea Eliade.
L’auteur des Mythologiques , lui, est allé sur le terrain. Dès son article «L’Efficacité symbolique», en 1949 (repris dans l’Anthropologie structurale ), Lévi-Strauss adopte une position carrément globale et transindividuelle: «L’inconscient cesse d’être l’ineffable refuge des particularités individuelles, le dépositaire d’une histoire unique, qui fait de chacun de nous un être irremplaçable. Il se réduit à un terme par lequel nous désignons une fonction: la fonction symbolique, spécifiquement humaine, sans doute, mais qui, chez tous les hommes, s’exerce selon les mêmes lois; qui se ramène, en fait, à l’ensemble de ces lois.» Le subconscient est un «lexique individuel» qui ne prend son sens que lorsque l’inconscient l’organise suivant ses lois, en fait un discours à déchiffrer. Ces lois étant identiques pour tous, ce qui importe n’est pas le vocabulaire, mais la structure, par laquelle le symbolisme s’accomplit. Lévi-Strauss rêve d’une psychanalyse où «il s’agirait chaque fois d’induire une transformation organique, consistant essentiellement en une réorganisation structurelle, en amenant le malade à vivre intensément un mythe, tantôt reçu, tantôt produit, et dont la structure serait, à l’étage du psychisme inconscient, analogue à celle dont on voudrait déterminer la formation à l’étage du corps. L’efficacité symbolique consisterait précisément dans cette «propriété inductive» que posséderaient, les unes par rapport aux autres, des structures formellement homologues, pouvant s’édifier, avec des matériaux différents, aux différents étages du rêvant: processus organiques, psychisme inconscient, pensée réfléchie» (ibid. ).
On notera enfin la tripartition des plans simultanés où se joue le mythe: réel, imaginaire et symbolique, tripartition qu’on rencontre également, pour Lévi-Strauss, en musique (L’Homme nu ).
À propos de Lacan, on se contentera de mettre en évidence deux points à partir desquels s’articule sa pensée sur le symbole. Sa position se veut d’abord retour aux sources du freudisme, et en particulier à la notion d’inconscient. Mais ce retour s’effectue par le détour d’une enquête menée à partir des enseignements de la linguistique, de telle façon que l’accent est mis avant tout sur le discours de l’analysé, où s’effectue le travail de l’inconscient. Il est, dit Lacan, «structuré comme un langage». Le sens de la cure est alors d’établir une homologie de structure entre les modalités de ce discours et l’affect ancien qu’il dit. Le terme de symbolique (substantif) désigne en une première acception les modalités par lesquelles s’effectue cette transcription.
Lacan parvient à la conclusion que l’ensemble des conduites humaines s’insère à l’intérieur d’un ordre structurant qui se distingue à la fois de l’ordre réel sans être pour autant un ordre imaginaire: l’ordre symbolique au sens de Lévi-Strauss, ou plus simplement le symbolique, dont c’est ici la seconde acception. La relation entre les deux utilisations du terme s’entrevoit à partir de ce que dit Lacan à propos de la nomination de parenté: dans la mesure où le Nom-du-père représente une instance qui ne réduit la figure du père ni à sa réalité individuelle pour le sujet (père réel), ni à ses formations substitutives (au premier rang desquelles la figure de l’analyste lors du transfert: père imaginaire), mais représente la reconnaissance de la loi fondamentale qui sert de clé de voûte à tout le système symbolique, l’impossibilité pour le sujet de la reconnaître en tant que telle introduit à une compréhension des névroses et des psychoses.
3. Le champ du symbole
Pour une interprétation sociologique des faits de symbolisme
Le champ du symbole peut-il être limité? Il semble que non. Il est peu de pratiques sociales, peu de conduites culturelles qui n’en soient imprégnées. La mode, la publicité, l’urbanisme, l’architecture, le discours politique (en entendant par ce terme la continuité des messages politiques transmis à l’intérieur d’une société donnée) sont tous porteurs de symbolisme. Tout semble autoriser une interprétation sociologique d’ensemble des faits de symbolisation.
C’est ce qu’a tenté pour sa part le sociologue Henri Lefebvre, à partir d’une réflexion sur le langage (Langage et société ). Sa perspective est polémique, «romantique» et politique. Il remarque d’abord combien l’émergence de la réflexion linguistique menée à partir des travaux classiques de Saussure, Martinet, Benveniste (à un degré beaucoup moindre, de Jakobson), pour féconde qu’elle ait été par ailleurs, aboutit à ne voir dans le langage que deux dimensions: celle du paradigme, ensemble d’oppositions pertinentes exprimant des choix de départ, des alternatives simples et contraignantes, système régi par des pratiques recensionnelles et discriminantes (théorie de l’information, par exemple), et celle du syntagme, où s’effectuent toutes les rencontres, les jeux et les combinaisons entre les différents considérants d’une réalité donnée. Le code de la route, exemple favori des sémiologues, peut s’analyser ainsi en termes paradigmatiques (vert-rouge, permis-défendu, montée-descente, rectitude-tournant, droite-gauche, etc.), qui d’ailleurs tirent fréquemment le signe de code du côté du signal: ainsi, le rouge déclenche une conduite d’arrêt qui est presque un réflexe conditionné, et il présente toujours une injonction. La dimension syntagmatique, ce sont les lois de conduite dans leur ensemble, formant précisément le code, système complexe qui doit attribuer parfois des priorités à certaines de ses propositions par rapport à d’autres (par exemple, la fin de la limitation de vitesse ne délivre pas le conducteur de l’obligation de rester maître de la vitesse de son véhicule). Le code est ainsi régi par une combinatoire chargée d’épuiser ses virtualités. Il en est de même d’autres réalités sociales, comme la ville où le paradigme est assuré par les oppositions entre centre et périphérie, bureaux et logements, voies de circulation et voies de commerce, ville et campagne, limites (enceintes) et accès (portes), etc. La dimension syntagmatique règle les échanges, les itinéraires, les réseaux de connaissances.
Dans les deux cas, on manque la dimension symbolique , pourtant essentielle. Celle-ci est présente pour le code de la route dans la tête de mort, le signe de virage, l’annonce du rétrécissement de la voie, la voiture qui dérape pour indiquer la route glissante et soumise au verglas. Elle est présente pour la ville dans son style, ses monuments, sa mémoire historique, la conscience qu’elle a de sa continuité. Les faits de symbolisme échappent certes le plus souvent au classement, à la combinaison, au recensement, à la statistique, à la théorie de l’information: d’où la méfiance à leur endroit de la civilisation technicienne. C’est ce qui explique pour Henri Lefebvre la disparition du symbole dans les formes de civilisation contemporaines où s’exerce le pouvoir. Mal absolu, dans la mesure où «le symbole se situe au niveau du sens», de telle sorte qu’on ne réduit pas l’un sans l’autre. Sans symbolisme, l’habiter se dégrade en habitat (l’habitat pavillonnaire, par exemple), la ville en agglomération. L’approche sociologique doit aboutir à un code tridimensionnel (paradigme, syntagme, symbole), sous peine de faciliter la destruction de toute «poésie» au sens le plus haut.
La longue complicité des hommes avec le monde des symboles permet d’espérer qu’il n’y a pas là seulement nostalgie, mais projet .
symbole [ sɛ̃bɔl ] n. m.
• 1380; lat. chrét. symbolum « symbole de foi », class. symbolus « signe de reconnaissance », du gr. sumbolon « objet coupé en deux constituant un signe de reconnaissance quand les porteurs pouvaient assembler (sumballein) les deux morceaux »
I ♦ Relig. cathol. Formule dans laquelle l'Église résume sa foi. ⇒ credo. Symbole des apôtres, de Nicée.
II ♦ Ce qui représente autre chose (signe) en vertu d'une correspondance analogique.
1 ♦ Cour. Objet ou fait naturel de caractère imagé qui évoque, par sa forme ou sa nature, une association d'idées spontanée (dans un groupe social donné) avec qqch. d'abstrait ou d'absent. ⇒ attribut , emblème, 2. insigne, représentation. La colombe, symbole de la paix. « Vieil océan, tu es le symbole de l'identité. Toujours égal à toi-même » (Lautréamont). « La couronne de sang symbole du malheur » (Aragon). Interprétation des symboles. ⇒ herméneutique.
♢ Spécialt; Myth., sociol. Objet ou image ayant une valeur évocatrice, magique et mystique. Mythes et symboles. « Ces symboles [les masques nègres] sont chargés de pouvoirs » (Henriot). Symboles solaires, lunaires. Les symboles de la libido dans le rêve.
♢ Littér. Élément ou énoncé descriptif ou narratif qui est susceptible d'une double interprétation, sur le plan réaliste et sur le plan des idées. ⇒ allégorie, figure, image, métaphore. Les symboles dans la poésie symboliste. « Un SYMBOLE est, en somme, une comparaison prolongée dont on ne nous donne que le second terme » (Lemaitre).
♢ Ling. Le symbole opposé au signe par Saussure. REM. L'emploi suivant (2o) domine en sémiotique.
2 ♦ Ce qui, en vertu d'une convention arbitraire, correspond à une chose ou à une opération qu'il désigne. ⇒ algorithme, alphabet, notation, signe. Symboles alphanumériques, algébriques. Symbole logique. ⇒ quantificateur. Symbole d'opérateur.
♢ Sémiotique Signe établissant un rapport non causal (à la différence de l'indice) et non analogique (à la différence de l'icone) (s'oppose dans cet emploi au sens 1).
♢ Symbole chimique, constitué par une lettre majuscule (ou deux lettres dont la première est une majuscule) représentant un élément, un corps simple (ex. O pour l'oxygène).
♢ Techn. Graphisme utilisé dans un organigramme pour représenter une opération de décision. — Numism. Marque d'atelier. — Symbole d'une marque, d'un produit. ⇒ logo.
3 ♦ Personne qui incarne, qui personnifie de façon exemplaire. ⇒ personnification. « Piero [della Francesca] est le symbole même de la sensibilité moderne » (Malraux).
● symbole nom masculin (latin symbolum, du grec sumbolon, signe) Signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l'image, l'attribut, l'emblème : Le drapeau, symbole de la patrie. Personne qui incarne de façon exemplaire une idée, un sentiment, etc. : Il est le symbole de la générosité. Chimie Lettre ou groupe de lettres servant à désigner les éléments. Informatique Signe de base de l'alphabet d'un langage de programmation. Identificateur d'une variable ou d'une adresse dans un langage d'assemblage. Logique Élément constitutif d'une théorie mathématique formalisée. (On distingue les symboles logiques, communs à toutes les théories, comme &, ∀, etc., et les symboles non logiques, comme +, ×, etc., propres à la théorie considérée.) Monnaies Signe distinctif gravé sur une monnaie et indiquant sa provenance. Rhétorique Figure de rhétorique par laquelle on substitue au nom d'une chose le nom d'un signe que l'usage a choisi pour la désigner. (La « robe » pour la magistrature, l'« épée » pour l'état militaire.) Technique Figure conventionnelle qui représente une machine, un appareil, etc., ou qui apporte une précision relative à son procédé de fabrication, d'assemblage, etc. Théologie Formulaire abrégé de la foi chrétienne. ● symbole (citations) nom masculin (latin symbolum, du grec sumbolon, signe) Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers. Les Fleurs du Mal, Correspondances Johann Wolfgang von Goethe Francfort-sur-le-Main 1749-Weimar 1832 Tout ce qui passe n'est que symbole. Alles Vergängliche ist nur ein Gleichnis. Second Faust, scène finale Knut Pedersen, dit Knut Hamsun Garmostraeet, Gudbrandsdal, 1859-Nörholm 1952 L'humanité n'avance qu'à travers des symboles. Mystères ● symbole (synonymes) nom masculin (latin symbolum, du grec sumbolon, signe) Signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept...
Synonymes :
- allégorie
- attribut
- emblème
- figure
- image
- représentation
symbole
n. m.
d1./d RELIG CATHOL Formulaire contenant les principaux articles de la foi catholique. Symbole des apôtres, de Nicée.
d2./d Représentation figurée, imagée, concrète d'une notion abstraite. Le blanc, symbole de pureté.
|| Emblème. Le sceptre, symbole de l'autorité suprême.
— (Afr. subsah., Madag.) Vieilli Objet symbole d'infamie qu'un élève surpris à parler à l'école dans une langue africaine devait conserver tant qu'il n'avait pas lui-même pris en faute un autre élève. Syn. signal.
d3./d Personne qui incarne, personnifie (qqch). Salomon est le symbole d'une certaine justice.
d4./d Signe conventionnel.
|| CHIM Lettre ou ensemble de deux lettres désignant un élément chimique (ex.: O, l' oxygène; Au, l' or).
|| PHYS, MATH Signe ou ensemble de signes utilisés par convention pour représenter une unité, une grandeur, un opérateur, pour comparer des grandeurs, etc. (ex.: V, le volt; Pa, le pascal; , signe de la multiplication, etc.).
|| TECH Symboles graphiques: signes utilisés pour faciliter la représentation de machines, d'organes, etc.
⇒SYMBOLE, subst. masc.
I. A. — RELIG. CATH. Ensemble de formules résumant la foi chrétienne; profession de foi chrétienne. Symbole baptismal; symbole de la foi. Le symbole des apôtres n'a-t-il pas été écrit en grec avant de l'être en latin? Les symboles grecs de Nicée et de Constantinople, et celui de saint Athanase ne contiennent-ils pas ma foi? (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 308). Quel est le principe des choses? La doctrine catholique nous répond par ces premiers mots de son symbole:Credo in Deum patrem omnipotentem, — Je crois en Dieu, père tout-puissant (LACORD., Conf. N.-D., 1848, p. 13).
— P. anal. Profession de foi, exposé de principes. C'est par un symbole en douze articles qu'il faut attaquer celui des apôtres (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 44). Son symbole parlementaire [de Prévost-Paradol], en effet, son Credo politique, et qu'il expose en toute occasion, serait que la France fût régie à peu près comme l'Angleterre (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 156).
B. — ANTIQUITÉ
1. Signe, objet matériel ou formule, servant de marque de reconnaissance entre initiés. On ne peut mieux restituer à son origine le symbole (...) dont il convient de faire ici le rapprochement (...) avec ce qui désignait chez les Grecs les paroles auxquelles les initiés aux mystères de Cérès, de Cybèle, de Mithra se reconnaissaient (LAFON 1963). À l'origine, en son étymologie (--), le symbole est un objet coupé en deux dont les parties réunies à la suite d'une quête permettent aux détenteurs de se reconnaître (Religions 1984).
2. Jeton, tesson servant de signe monétaire. (Dict. XIXe et XXe s.).
II. A. — 1. Objet sensible, fait ou élément naturel évoquant, dans un groupe humain donné, par une correspondance analogique, formelle, naturelle ou culturelle, quelque chose d'absent ou d'impossible à percevoir. Le myrte, symbole de l'amour, le laurier, symbole de la guerre, l'olivier, ce bêta, symbole de la paix (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 319). Il se disait qu'un fleuve était le plus exact symbole de la vie active; on le suivait dès sa naissance, sur tout son parcours, au travers des territoires qu'il fécondait: il remplissait une tâche assignée, avant que d'aller mourir, en s'immergeant, dans le sépulcre béant des mers (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 222).
— Domaine littér. Élément textuel dont la signification concrète est liée par une correspondance analogique à une signification abstraite qu'il évoque ou représente. Synon. figure, image, métaphore. Symbole poétique. Les symboles les plus familiers à Brentano, ceux qui venaient de son enfance, telle la statue de la Vierge, s'y associent à un retour constant de symboles nouveaux. Les roses, surtout, réapparaissent, avec mille significations diverses, sacrées, profanes, sensuelles, qui créent le véritable lien intérieur de l'œuvre (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 292):
• 1. ... cet état mystérieux et temporaire de l'esprit, où la profondeur de la vie (...) se révèle tout entière dans le spectacle, si naturel et si trivial qu'il soit, qu'on a sous les yeux, — où le premier objet venu devient symbole parlant. Fourier et Swendeborg, l'un avec ses analogies, l'autre avec ses correspondances, se sont incarnés dans le végétal et l'animal qui tombent sous votre regard, et, au lieu d'enseigner par la voix, ils vous endoctrinent par la forme et par la couleur.
BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 376.
2. En partic.
a) Objet, image, signe ou comportement manifestant, figurant ou évoquant quelque chose (p. ex. anneau, symbole de la fidélité; corne taurine, symbole de l'abondance; drapeau rouge, symbole révolutionnaire;poisson, symbole anagrammatique de Jésus-Christ). Le triple symbole de la république, le bonnet phrygien, le niveau, deux mains qui s'étreignent: liberté, égalité, fraternité (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 51):
• 2. Devant lui, à trente mètres, à un carrefour, passait une troupe, une bande plutôt de soldats débraillés, sans armes pour la plupart, tirant à bras des voitures, chantant, brandissant des drapeaux rouges, emmenant avec eux dans leur déroute des chariots pleins de pillage, et conduits par des officiers qui chantaient avec eux. Symbole d'une Allemagne à la dérive, d'un peuple fini.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 429.
— PSYCHANAL. Objet conscient renvoyant à un objet inconscient ou refoulé constituant le sens symbolique du premier (d'apr. MUCCH. Psychol. 1969). Tu m'as appris toi-même que les fontaines, les vasques, les bassins c'est un symbole psychanalytique. Henri a compris que je lui jetais au visage: j'ai pris un amant! (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 412).
b) Personne incarnant, personnifiant quelque chose de façon exemplaire. Synon. personnification. Dalila... Ô symbole redoutable de la femme, maîtresse perfide qui livre à ses ennemis celui qui l'aimait, livre les secrets de sa conscience ou de son génie, le vend à ses adversaires, lui si grand, si fort qu'il n'est vulnérable que par elle! (VIGNY, Journal poète, 1835, p. 1034). La mémoire de Jeanne d'Arc fut rattachée à l'unité nationale (...) elle devint, dans la France impériale et républicaine, le symbole de la patrie (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. LXIV).
B. — Spécialement
1. ALG., ARITHM., GÉOM. Signe représentant, par convention, une chose ou une opération. Symbole algébrique, alphanumérique, géométrique, logique, numérique; symbole d'opérateur. À l'époque de Newton et de Leibnitz, le mot fonction avait un sens assez mal défini. On appelait ainsi, le plus souvent, une quantité y liée à la variable x par une équation où intervenait un certain nombre des symboles d'opérations que l'on avait l'habitude de considérer (LEBESGUE, Intégr. et rech. fonctions primit., 1904, p. 1). Un symbole mathématique, c'est avant tout la possibilité définie d'une opération à effectuer (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 249).
2. CHIM. Représentation qualitative et quantitative d'un élément chimique ou d'un corps simple par une lettre majuscule ou deux lettres dont la première est une majuscule. Les anciens symboles chimiques étaient depuis longtemps tombés en désuétude lorsqu'ils furent remis en honneur par les chimistes du XVIIIe siècle qui dressèrent des tables d'affinités (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 308).
3. INFORMAT. Signe de base de l'alphabet d'un langage de programmation permettant de désigner ou de construire un identificateur de données ou un opérateur de traitement (d'apr. GDEL).
♦ Symbole externe. ,,Identificateur utilisé dans un sous-programme, mais défini extérieurement à ce sous-programme dans le programme principal`` (GDEL). Symbole littéral. Signe formé de lettres et constituant lui-même l'information qu'il représente (d'apr. Informat. 1972). Symbole de décision. ,,Symbole utilisé dans un ordinogramme pour désigner une opération de choix et dans lequel sont indiqués les critères de décision`` (Informat. 1972).
4. LING. [Dans la terminol. de F. de Saussure, p. oppos. au signe de nature arbitraire] Signe dont le signifiant a un lien naturel avec le signifié. Le symbole a pour caractère de n'être jamais tout à fait arbitraire; il n'est pas vide, il y a un rudiment de lien naturel entre le signifiant et le signifié. Le symbole de la justice, la balance, ne pourrait pas être remplacé par n'importe quoi, un char, par exemple (SAUSS. 1916, p. 101).
5. SÉMIOT. [Dans la terminol. de Ch. S. Peirce] Signe dont la relation à l'objet est conventionnelle (p. oppos. à l'icône dont la relation est analogique et à l'indice dont la relation est causale). Le symbole appartient à la trichotomie icône, indice, symbole (...). Il est général et identifie des classes (définies en compréhension). Le lien qui l'unit à l'objet est conventionnel (ni similarité, ni contiguïté) et il perdrait son statut de signe s'il n'avait pas d'interprétant (REY Sémiot. 1979).
6. TECHNOL. Figure, graphisme conventionnel représentant une machine, un appareil, un élément de machine ou d'appareil (d'apr. GDEL).
— En compos. Couleur-symbole. À Malta, en Sibérie, comme à Lascaux, on utilise l'ocre rouge dans le quotidien et dans les rites funéraires. S'agit-il d'une couleur-symbole? (Le Nouvel Observateur, 26 févr. 1979, p. 77, col. 1). Image-symbole. L'instantané en photographie fait éclater l'académisme: l'événement est saisi non plus seulement par une image-symbole, mais dans sa violence immédiate (L'Express, 12 juin 1978, p. 57, col. 1).
REM. Symbologie, subst. fém. Étude des symboles, de la symbolique. La symbologie grecque, médiévale, africaine (ROB. 1985).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Fin XIVe s. simboles relig. « formulaire qui contient les principaux articles de la foi » (ROQUES t. 2, n° 11336: simbolum est collacio sermonum [...] simboles . credo . escot); 1525 symbole des apostres ([BERQUIN], trad. de ÉRASME, Le Symbole des apostres, qu'on dict vulgairement le Credo ds Fonds BARBIER); 1690 symbole de Nicée (FUR.); 2. fin XIVe s. simboles « écot » (ROQUES, loc. cit.); 3. 1611 symbole « signe de reconnaissance » (COTGR.). II. A. 1. 1541 « ce qui représente une réalité abstraite ou absente » (CALVIN, Instit. de la relig. chrét., éd. J. D. Benoît, IV, XVII, 21, t. 4, p. 403); 2. 1818 rhét. (LAV. Diffic.: le symbole est une espèce de trope par lequel on substitue au nom d'une chose, le nom d'un signe que l'usage a choisi pour la désigner); 3. 1830 « personne qui incarne, personnifie de façon exemplaire » (VIGNY, Journal poète, p. 920); 4. 1916 ling. (SAUSS., loc. cit.). B. 1. a) 1751 symboles algébriques (Encyclop. t. 1, p. 262b); b) 1890 symboles numériques (Lar. 19e Suppl., s.v. logiciens anglais); c) 1890 symboles logiques (ibid.); d) 1905 symbole mathématique (H. POINCARÉ, Valeur sc., p. 149); e) 1966 symbole alphanumérique (COYAUD, Introd. ét. lang. docum., p. 58); f) 1977 symbole d'opérateur (Pt ROB.); 2. 1803 symbole chimique (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, p. 306: les symboles astronomiques, chimiques, et pharmaceutiques); 3. 1875 numism. « marque d'atelier » (Lar. 19e); 4. 1933 symbole graphique (Lar. 20e); 5. 1945 psychanal. (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, p. 437: déguiser sous un symbole acceptable une pulsion sexuelle); 6. a) 1968 gramm. générative (N. CHOMSKY et G. A. MILLER, L'Analyse formelle des lang. naturelles, 1971, p. 27: symbole initial; p. 155: symboles terminaux); b) 1971 sémiot. (Media); 7. 1968 informat. (Lar. encyclop. Suppl.: symbole de décision [...] symbole littéral); 8. 1969 symbole d'organigramme (GUILH.); 9. 1976 comm. « forme abstraite ou concrète associée au logotype pour constituer le graphisme d'une marque » (Public.). Empr. au lat. symbolum « pièce justificative d'identité, signe de reconnaissance » lat. chrét. « symbole de la foi, le symbole des apôtres, profession de foi au baptême; signe allégorique, figure; écot, festin par écot », lui-même empr. au gr. « signe de reconnaissance (objet coupé en deux, dont deux personnes conservaient chacune la moitié), jeton; signe d'une convention, signe de ralliement; emblème, symbole; convention », dér. de trans. « jeter ensemble, mettre ensemble, réunir » intrans. « se rencontrer avec (quelqu'un) ». Fréq. abs. littér.:1 929. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 182, b) 1 698; XXe s.: a) 3 010, b) 3 620. Bbg. ARRIVÉ (M.). Le Concept de symbole en sémio-ling. Doc. Gr. Rech. sémio-ling. 1981, t. 3, n° 25, pp. 5-31; Actes sémiot. Doc. 1982, t. 4, n° 36, pp. 5-33. — MOREAU (P.). Symbole, symbolique, symbolisme. Cah. Assoc. internat. ét. fr. 1954, t. 6, pp. 123-129. — QUEM. DDL t. 29. — Symboles 1969, p. 14. — VERGOTE (A.). Le Symbole. Rev. philos. Louvain. 1959, t. 57, pp. 197-224.
symbole [sɛ̃bɔl] n. m.
ÉTYM. V. 1380; du lat. chrét. symbolum « symbole de foi », du lat. class. symbolus « signe de reconnaissance », grec sumbolon « objet coupé en deux (tesson) constituant un signe de reconnaissance quand les porteurs pouvaient assembler (sumballein) les deux morceaux ». → Sym-, et -bole.
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1 Relig. cathol. Formule dans laquelle l'Église résume sa foi. ⇒ Credo, formulaire. || Symbole des apôtres (fin IIe s. dans sa forme primitive), de Nicée (Concile de 325; → Consubstantialité, cit.), de Nicée-Constantinople (381), de saint Athanase (par fausse attribution; en Gaule, v. 500). || Symbole de foi (→ Religion, cit. 8), symbole baptismal. || Jésus n'est pas un faiseur (cit. 15, Renan) de symboles.
2 (XVIIe, repris au sens grec). Didact. Dans l'Antiquité, signe (objet, discours) constituant une marque de reconnaissance pour des initiés (notamment aux mystères).
3 (1798). Didact. Dans l'Antiquité, tesson, jeton servant de signe monétaire.
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II (1552, Rabelais, Brève déclaration, « conférence, collation », c.-à-d. « comparaison, rapprochement, rapport »). « Ce qui représente autre chose en vertu d'une correspondance analogique » (Lalande).
1 Objet ou fait naturel perceptible, identifiable, qui évoque, par sa forme ou sa nature, une association d'idées « naturelle » (dans un groupe social donné) avec quelque chose d'abstrait ou d'absent. ⇒ Attribut (cit. 6), emblème (cit. 1), insigne, représentation. || La blancheur (cit. 1), symbole de l'innocence. || Symboles traditionnels, consacrés (objets, fleurs, animaux, etc.; → Arbre, balance, bouc, caducée, colombe, drapeau, faucille, lierre, etc.). || Le hautbois (cit. 1), symbole de la poésie pastorale. || Un fleuve est le plus exact symbole de la vie (→ Féconder, cit. 3; et aussi empenner, cit. 2; identité, cit. 10; nuitamment, cit. 1). || Le symbole du beau style (→ Écrire, cit. 52). || Le symbole d'une époque (→ Pavane, cit.; 2. poêle, cit. 3; récipient, cit. 2).
1 Ces théâtres, ces cirques, ces aqueducs, ces voies que nous admirons encore, sont le durable symbole de la civilisation fondée par les Romains, la justification de leur conquête de la Gaule.
Michelet, Hist. de France, I, III.
2 Et l'on verra tomber du front du Fils de l'Homme
La couronne de sang symbole du malheur
Aragon, le Crève-cœur, « Deux poèmes d'outre-tombe », II.
♦ Spécialt. (Myth., sociol.). Objet ou image ayant une valeur évocatrice, magique et mystique (⇒ Mystère). || Mythes et symboles (→ Psychanalyser, cit. 2). || Rites à valeur de symbole (→ Bouc, cit. 2). || Symboles chargés de pouvoirs (→ 1. Masque, cit. 3). || Le gui (1. Gui, cit. 3), le bonnet phrygien (→ 2. Galle, cit.), le cercle, le serpent en tant que symboles. || Symboles solaires, lunaires (→ Interdire, cit. 12). || Les symboles dans l'architecture (→ Raturer, cit. 2). || « L'homme y passe à travers des forêts (cit. 7) de symboles (…) ». || Symboles dans l'inconscient, le rêve (cit. 10). || Symboles issus de l'inconscient collectif (chez Jung). ⇒ Archétype. || Métamorphoses et symboles de la Libido, ouvrage de Jung.
3 Les traditions avaient enfanté des symboles, sous lesquels elles disparaissaient comme le tronc de l'arbre sous le feuillage; tous ces symboles, auxquels l'humanité avait foi, allaient croissant, se multipliant (…) les premiers monuments ne suffisaient plus à les contenir (…) Le symbole avait besoin de s'épanouir dans l'édifice. L'architecture alors se développa (…) et fixa sous une forme éternelle, visible, palpable, tout ce symbole flottant.
Hugo, Notre-Dame de Paris, V, II.
4 La force, la permanence et la richesse des symbolismes qui lui sont attachés (au Serpent) doivent être mis en rapport avec les données de la psychanalyse. Comme la rose, le cercle, mais dans un sens opposé, le serpent a force coercitive; il matérialise l'Inconscient, les forces obscures de l'érotisme (…) Symbole double par essence, il est tantôt maléfique, tantôt bénéfique (…)
Olivier Beigbeder, la Symbolique, p. 38.
♦ (XIXe). Littér. (et spécialt poét.). Élément ou énoncé descriptif ou narratif qui est susceptible d'une double interprétation, sur le plan réaliste et sur le plan des idées (→ Luxuriant, cit. 2). ⇒ Allégorie, comparaison, figure, image, métaphore. || Le corbeau, symbole du souvenir dans le poème de Poe (→ Emblématique, cit. 1). || Les symboles dans la poésie symboliste.
5 L'invention des symbolistes consiste peut-être à ne pas dire quels sentiments, quelles pensées ou quels états d'esprit ils expriment par des images. Mais cela même n'est pas neuf. Un symbole est, en somme, une comparaison prolongée dont on ne nous donne que le second terme, un système de métaphores suivies (…) c'est un symbole que le Vase brisé, si vous rayez les deux dernières strophes.
Jules Lemaitre, les Contemporains, Verlaine et les poètes symbolistes et décadents, 7 janv. 1888.
6 C'est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d'âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d'âme, par une série de déchiffrements.
Mallarmé, Proses diverses, Réponses à des enquêtes, Sur l'évolution littéraire. (→ Suggérer, cit. 3).
♦ (1916). Ling. || Le symbole opposé au signe (arbitraire) par Saussure. REM. L'emploi 2, ci-dessous, domine en sémiotique, et l'emploi saussurien crée une confusion. → aussi Symbolisme, cit. 2.1.
6.1 Le premier niveau est celui des symboles, au sens où de Saussure les oppose aux signes : ce sont les signifiants « motivés » par une ressemblance ou une analogie quelconque avec leurs signifiés.
J. Piaget, Épistémologie des sciences de l'homme, p. 343.
2 Ce qui, en vertu d'une convention arbitraire, correspond à une chose ou à une opération qu'il désigne. ⇒ Algorithme, notation, signe (→ Intellectuel, cit. 9). || Symboles alphanumériques, algébriques, logiques, numériques. ⇒ Algèbre, chiffre, nombre (→ Graphique, cit. 5; nombre, cit. 7; quantité, cit. 7). || Symbole d'opérateur.
7 Quant au troisième livre (de la Géométrie), c'est en réalité un très intéressant traité d'algèbre, remarquable par les notations et les théorèmes qu'on y rencontre. C'est ici que Descartes introduit l'habitude (…) de désigner les inconnues par x, y, z…, il use aussi des symboles a2, a2… pour les carrés et les cubes (…) Mais pour l'égalité, il emploie encore un signe ancien, ressemblant à notre symbole d'infini (…)
R. Taton, les Mathématiques, in Encycl. Pl., Hist. de la science, p. 557.
♦ (De l'angl. symbol, Ch. S. Peirce). Sémiotique. Signe établissant un rapport non causal (à la différence de l'indice) et non analogique (à la différence de l'icône). S'oppose dans cet emploi au sens 1.
♦ (Mil. XIXe, in Littré). Chim. || Symbole chimique, constitué par une lettre majuscule (ou deux lettres dont la première est une majuscule) représentant un élément, un corps simple. ⇒ Chimie. || Le symbole est généralement tiré du nom latin (Na « natrium », pour le sodium), ou français (O, pour l'oxygène), ou parfois allemand (K « kalium », pour le potassium) de l'élément chimique.
♦ Techn. Graphisme utilisé dans un organigramme pour représenter une opération de décision. — Symbole graphique, représentant des machines, des appareils. — Numism. Marque d'atelier. ⇒ Type.
♦ Comm. Publicité. || Symbole d'une marque. ⇒ Logo.
♦ Inform. || Symbole littéral, qui constitue lui-même l'information qu'il représente (et n'est pas le signe d'une autre information). || Symbole de décision.
3 Personne qui incarne, qui personnifie de façon exemplaire. ⇒ Personnification. || Piero della Francesca est le symbole de la sensibilité moderne (→ Expression, cit. 28; et aussi fuyant, cit. 8; hindou, cit. 2; 1. manœuvre, cit. 10).
8 C'est le roi de l'Église et de la bourgeoisie, le roi du peuple et de la loi (…) Expression générale d'une diversité immense, symbole d'une nation tout entière, plus il la représente, plus il semble insignifiant (…) c'est moins un homme qu'une idée (…)
Michelet, Hist. de France, IV, V.
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DÉR. Symbolard, symbolisme. — V. aussi Symbolique, symboliser.
COMP. Asymbolie, symbologie.
Encyclopédie Universelle. 2012.