exorciser [ ɛgzɔrsize ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Chasser (les démons) du corps des possédés à l'aide de formules et de cérémonies. ⇒ conjurer; exorcisme. « des espèces de farfadets et de lutins tels qu'en exorcisa le moyen âge » (Huysmans). Absolt L'Église a le pouvoir d'exorciser. — Fig. Exorciser la haine, la peur. « La jalousie est aussi un démon qui ne peut être exorcisé » (Proust).
2 ♦ Par ext. Délivrer (un possédé, un objet, un lieu) de ses démons en faisant des exorcismes. « d'un grand geste du bras, comme s'il exorcisait un énergumène, il le bénit une seconde fois » (Martin du Gard). « vêtement exorcisé par les derviches » (Loti). — Liturg. Consacrer par des exorcismes. Exorciser l'eau bénite.
⊗ CONTR. Ensorceler.
● exorciser verbe transitif (latin ecclésiastique exorcizare, du grec eksorkidzein) Conjurer un démon, le chasser par les prières spéciales du rituel. Soumettre quelqu'un, un lieu à des exorcismes pour le délivrer du démon : Exorciser un possédé. Soustraire à l'influence du démon quelque chose qu'on veut consacrer à un usage religieux : Exorciser du sel, de l'eau.
exorciser
v. tr. Chasser, conjurer ou domestiquer (les démons) par des prières, par des cérémonies.
— Délivrer (une personne, un lieu) des démons qui l'habitent.
⇒EXORCISER, verbe trans.
A.— Exorciser un démon, un esprit malfaisant. Le chasser de l'endroit qu'il occupe, en particulier du corps d'un possédé, par des rites religieux ou magiques. Absol. Le pouvoir d'exorciser était le premier que l'Église conférait au prêtre (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 61) :
• 1. ... on attache aux quatre coins du lit des étiquettes kabbalistiques pour exorciser la jalouse Lélith, esprit malfaisant qui vient détruire les enfants et se venger d'Ève dans les filles d'Ève.
VIGNY, Journal poète, 1857, p. 1331.
— P. métaph. On peut même affirmer que les mythes, par lesquels Nodier exorcisa ces démons, n'ont de portée universelle et d'action ensorcelante que dans la mesure justement où ils sont irréductibles à une simple expression de l'aventure « réelle » (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 338).
— Au fig. [Le compl. désigne un mal phys. ou mor.] Tes baisers pouvaient exorciser le venin qui, maintenant, me déborde (BOREL, Champavert, 1833, p. 231). J'aperçois le docteur Abéobin. Il exorcise je crois, toutes les bronchites (L. DAUDET, Phryné, 1937, p. 83).
B.— P. ext. Exorciser une personne ou une chose.
1. Délivrer du démon, de l'esprit malfaisant qui possède ou habite (quelqu'un ou quelque chose). Le prêtre de Domrémy vient exorciser l'arbre, la source, la mandragore et le bois (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1913-14, p. 252) :
• 2. On m'explique que c'est « le diable » qui l'agite. Je me penche sur elle; on ne distingue même plus le léger soulèvement d'une poitrine qui respire. Le corps semble déshabité. Le démon l'a quitté. Un vieux s'agenouille auprès d'elle et l'exorcise.
GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 927.
— Spéc., LITURG. CATH. Exorciser l'eau, le sel, etc. Les soustraire à une éventuelle emprise du démon, les dépouiller de leur caractère profane en les consacrant. L'huile des catéchumènes et le Saint-Chrême que l'église exorcise, le samedi de la semaine sainte (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 213).
2. Au fig. Délivrer d'un mal, d'une chose pénible ou funeste. Un univers furieux que, seuls, pouvaient exorciser notre bon sens et notre volonté (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 118).
— Emploi pronom. Flaubert fut toujours hanté par le démon de la connaissance encyclopédique, dont il a essayé de s'exorciser en écrivant « Bouvard et Pécuchet » (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 204).
Rem. 1. On rencontre ds la docum. le part. prés. exorcisant, employé comme adj. au sens de « qui exorcise, est propre à exorciser ». Je ne saurais trop recommander aux écrivains la vertu purgative, exorcisante, du pastiche (PROUST, Chron., 1922, p. 204). 2. Le part. passé peut être employé comme subst. pour désigner « celui, celle que l'on exorcise ou qui a été exorcisé ». Deux moines vigoureux sont obligés de l'entraîner par la petite porte du chœur, se débattant comme un exorcisé (Daudet, ds Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth. :[], (j')exorcise []. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1374 « soustraire (quelque chose) à l'action du démon; purifier » (J. GOULAIN, Trad. du Rational du devin office, BN. 437, f° 33c ds GDF. : eaue exorcizee); 2. a) 1563 « chasser (le démon) » (RONSARD, Responce aux injures et calomnies..., 133 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 11, p. 124); b) 1778 fig. « chasser, combattre » (BEAUMARCHAIS, Le Tartare à la légion ds Œuvres, éd. L. Collin, Paris 1809, t. 4, p. 373); 3. 1580 « délivrer (quelqu'un) du démon » (J. BODIN, Demonomanie, f° 154 r° ds GDF. Compl.). Empr. au lat. chrét. exorcizare « chasser (le démon); soustraire quelque chose au démon; délivrer quelqu'un du démon », lui-même empr. au gr. « faire prêter serment; adjurer; chasser (un esprit mauvais) ». Fréq. abs. littér. :117.
exorciser [ɛgzɔʀsize] v. tr.
ÉTYM. XIVe, au sens 3.; lat. ecclés. exorcisare, grec exorkizein « faire prêter serment », de ex-, et horkos « serment; conjuration ».
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1 (Mil. XVIe, Ronsard). Chasser (les démons) du corps des possédés à l'aide de formules et de cérémonies. ⇒ Exorcisme; chasser, conjurer. || Exorciser un démon, un esprit malfaisant. — Absolt. || L'Église a le pouvoir d'exorciser.
1 Mais devant que (avant de) parler il faut exorciser
Ton Démon qui te fait mes Démons mépriser (…)
Ronsard, Réponse aux injures et calomnies.
2 (…) des sortes de satyres, de faunes, tels qu'en révéra le paganisme; des espèces de farfadets et de lutins tels qu'en exorcisa le moyen âge.
Huysmans, Là-bas, p. 140.
♦ Figuré :
3 La jalousie est aussi un démon qui ne peut être exorcisé, et revient toujours incarner une nouvelle forme.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 127.
2 (Av. 1648, Voiture). Délivrer (un possédé) de ses démons en faisant sur lui des exorcismes. || Exorciser un possédé, un démoniaque.
4 Ainsi qu'un possédé que le prêtre exorcise (…)
Boileau, Satires, IV.
5 « Hélas ! s'écria le pape, cet homme est possédé ! ». Je me mis à genoux alors. Je parlai de mes mortifications et suppliai le pontife de m'exorciser. Les larmes aux yeux, il m'affirma que Dieu me saurait gré de cette humiliation volontaire; puis il m'exorcisa selon les rites. Je partis ensuite, sans insister, car j'étais bien assuré que mes pensées n'étaient pas d'inspiration diabolique mais divine, puisqu'aucun exorcisme n'avait prévalu contre elles.
Apollinaire, l'Hérésiarque, p. 63.
6 Il se redressa, regarda douloureusement son pénitent, puis, d'un grand geste du bras, comme s'il exorcisait un énergumène, il le bénit une seconde fois.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 128.
7 Ma mère s'était levée. Elle me saisit à bras le corps. Elle nous regardait tous avec désespoir. Puis elle me lâcha, tendant les mains comme pour nous exorciser, comme pour chasser de nos cœurs tous ces démons ennemis.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, X, p. 134.
3 (XIVe). Sanctifier ou consacrer (une chose) par des exorcismes. || Derviche qui exorcise des vêtements (→ Amulette, cit. 2). — Théol. || Exorciser l'eau, le sel, l'huile destinés aux sacrements et aux rites sacramentaux.
8 Il fit signe à quatre prêtres, qui, s'approchant avec des goupillons à la main, exorcisèrent l'air que le magicien respirait, la terre qu'il touchait et le bois qui devait le brûler.
A. de Vigny, Cinq-Mars, t. I, V, p. 175.
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s'exorciser v. pron.
ÉTYM. (Av. 1945, Valéry).
♦ Littér. || S'exorciser de : se délivrer de. || S'exorciser d'une mauvaise influence.
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exorcisé, ée p. p. adj. et n.
ÉTYM. (XIVe, au p. p.; n., fin XIXe). Adj.
♦ || Un démon exorcisé.
♦ N. Personne qu'on délivre ou qu'on a délivré de ses démons par des exorcismes. || Se débattre comme un exorcisé.
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CONTR. Ensorceler.
DÉR. Exorcisation, exorciseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.