frigide [ friʒid ] adj.
• 1706; lat. frigidus
1 ♦ Poét. Froid. « une douce obscurité, [...] une frigide pénombre » (Goncourt).
2 ♦ Littér. Froid, incapable d'éprouver une émotion tendre et spécialt incapable d'amour. ⇒ insensible. « le seul trouble de ce cœur frigide, son seul amour » (La Varende).
3 ♦ (av. 1841) Cour. Qui n'éprouve pas le plaisir sexuel, en parlant d'une femme. Femme frigide.
⊗ CONTR. Chaud, sensuel.
● frigide adjectif (latin frigidus, froid) Littéraire. Qui n'est pas accessible à l'émotion : Un cœur frigide. ● frigide adjectif et nom féminin Se dit d'une femme qui est atteinte de frigidité.
frigide
adj. Se dit d'une femme incapable d'éprouver du désir sexuel ou de parvenir à l'orgasme lors du coït.
⇒FRIGIDE, adj.
A.— Vx ou littér. Froid.
1. Synon. de froid (v. ce mot I A 1 a). On rentre au trot. Dans la grange, on ne touche plus en tâtonnant que des choses et des formes trempées, humides et frigides (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 149) :
• 1. Il la supplia (...) de se réchauffer; — mais elle n'avait pas froid.
— Pourtant, malgré la tiédeur de la chambre, vous étiez glacée, dans le lit.
— Du tout, je suis ainsi; l'été et l'hiver j'ai les chairs fraîches.
Il pensa qu'au mois d'août, ce corps frigide serait sans doute agréable, mais maintenant!
HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 49.
2. Synon. de froid (v. ce mot I B 2). Il [A. Daudet] crut, ou feignit de croire, à l'école du renfermé (...) pour ne pas mécontenter ce frigide crétin de Leconte de Lisle (L. DAUDET, Stup. XIXe s., 1922, p. 113). Griffith, ce cynique, ce sceptique, ce frigide Anglais, s'était montré enchanté de pouvoir participer à notre équipée dont il attendait une forte émotion car il broyait du noir (CENDRARS, Main coupée, 1946, p. 123).
B.— [En parlant d'une femme] Qui est incapable d'éprouver l'orgasme ou qui y est peu sensible (v. froid I B 1 spéc.). Une femme frigide que rien même pas le plus profond labour ne peut émouvoir (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 361). Ces femmes qui cherchent à se prouver qu'elles sont frigides en niant le plaisir qu'elles ressentent réellement (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 66) :
• 2. ... si la femme frigide distrait ainsi sa conscience du plaisir qu'elle éprouve, ce n'est point cyniquement et en plein accord avec elle-même. C'est pour se prouver qu'elle est frigide.
SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 93.
— [Plus rarement en parlant d'un homme] Était-il impuissant, ou simplement frigide? (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 82). Ah! qu'il est aisé pour l'uraniste de passer pour frigide ou chaste, aux yeux de l'hétérosexuel! (GIDE, Journal, 1941, p. 99).
REM. Frigidement, adv. Synon. rare et littér. de froidement. Tout ce cliquetis de tons frigidement papillotants (Goncourt ds Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr.). Le fleuve sans autres émois Que l'aube bleue avec paresse Coule de Valvins à Samois Frigidement sous la caresse (MALLARMÉ, Vers circonst., 1898, p. 179).
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1706 « froid » (P. MOREAU, seigneur de Brasey, Suite au tome III du Virgile Travesti de Mr Scarron ds Fr. mod. t. 31, pp. 296-302). Empr. au lat. class. frigidus « froid » sens propre et figuré. Fréq. abs. littér. :17. Bbg. DARM. 1877, p. 180. — JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, p. 228.
frigide [fʀiʒid] adj.
ÉTYM. 1706; lat. frigidus « froid », répandu au XIXe, de frigere « être froid ». → Froid.
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1 Vx. ou littér. Froid. || Cadavre frigide, frigide comme le marbre.
1 (…) sous la tente (…) il y avait une douce obscurité, une tendre décoloration des visages et des choses, une frigide pénombre (…)
Ed. de Goncourt, les Frères Zemganno, III.
♦ Par métaphore :
2 (Il) mit refroidir mon vin un peu chaud dans l'eau frigide de sa claire fontaine.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 131.
2 Littér. Fig. || Un abord frigide. ⇒ Glacé. || Une âme frigide, incapable d'éprouver d'émotion tendre et, spécialt, incapable d'amour. ⇒ Insensible. — (Av. 1841, Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe I, 226). || Un tempérament frigide, qui ignore le désir sexuel. ⇒ Froid.
3 Sa vie dénuée de toute péripétie juponnière, — pour l'excellente raison d'un hermaphrodisme des plus frigides, — est aussi plate que celle du premier cabotin venu (…)
Léon Bloy, le Désespéré, p. 246.
4 Il se pourrait donc que l'homme au masque eût été le seul trouble de ce cœur frigide, son seul amour.
La Varende, Nez-de-cuir, p. 6.
5 Incapable d'aimer (la Pharisienne), elle poursuit d'une âpre rancœur les amours des autres. « Ainsi cette âme frigide se glorifie-t-elle de sa frigidité (…) »
A. Maurois, Études littér., II, Mauriac, III.
6 (…) il n'est pas rare d'observer chez les mêmes malades auparavant frigides, de véritables « fringales érotiques ».
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 88.
7 (…) toutes les femmes connaissent de ces défaillances. Il n'y a que les femmes frigides, comme la tienne, pour en être préservées.
M. Aymé, la Tête des autres, I, 9.
♦ Par ext. (de l'homme). → Frigidité (cit. 3).
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CONTR. Ardent (cit. 25), amoureux, chaud, lascif, passionné, sensuel, voluptueux.
DÉR. Frigidement.
Encyclopédie Universelle. 2012.