FEMME
LES DISCOURS et les savoirs qui prennent la femme ou le féminin pour objet paraissent d’abord remarquablement anhistoriques et même quasi immuables: des premières représentations médicales du corps aux théories les plus subtiles de la psychanalyse lacanienne, la pensée d’une spécificité du féminin semble mal assurée. Comme le rappelle ci-dessous Giulia Sissa, la médecine grecque, bien qu’elle sexualise toutes les fonctions repérables des organes féminins, ne conçoit de sexe de la femme (utérus et clitoris) que sur le modèle du pénis érigé en phallus.
Freud faisait de la sexualité féminine un «continent noir», parce qu’il avait du mal à ne pas calquer l’histoire du devenir-femme des petites filles sur celle de ce qu’il percevait chez leurs compagnons. En particulier, si la sexualité féminine n’est pas organisée par la crainte de la castration, que peut-elle être? D’où peut-elle tirer l’occasion de se structurer et de devenir l’élément où se décide l’histoire d’un sujet? À cette question, nul psychanalyste n’a vraiment répondu de façon décisive, même si des discussions ont eu lieu très tôt à ce sujet entre Ernest Jones et Freud, ou autour de Melanie Klein. Les formulations complexes de Jacques Lacan n’innovent pas sur ce point par rapport aux embarras de la théorie psychanalytique. Lorsque ce dernier écrit: «La femme est sans l’avoir, l’homme n’est pas sans l’avoir», il fait appel avec subtilité aux ressources de la rhétorique et réduit habilement le phallus à un pronom personnel, ce qui permet de lui donner le statut d’un terme abstrait, non imaginaire. Abstraction ou pas, il n’en reste pas moins qu’un seul terme sert de référent commun pour les formulations du féminin et du masculin, ce qui précisément fait question. Corrélativement, le discours qui énonce la différence est hors-jeu par rapport au problème dont il traite. La théorie de la sexuation surplombe par sa sérénité théoricienne les deux positions sexuelles qu’elle met en place.
On pourrait même se demander si Emmanuel Kant n’était pas plus proche d’une effective pensée du rapport des sexes, et par là du féminin, lorsqu’il écrivait, en 1764, dans l’Observation sur le sentiment du beau et du sublime : «Au pis aller, l’homme, fort de son mérite, pourra dire: «Vous avez beau, en votre for intérieur, ne pas m’aimer, je vous contraindrai à me tenir en haute estime»; et la femme, sûre du pouvoir de son charme, répondra: «Vous avez beau, en votre for intérieur, ne pas nous tenir en haute estime, nous vous contraindrons à nous aimer» (Œuvres philosophiques , t. I, p. 492, coll. La Pléiade, Gallimard, Paris, 1980). Dans ces déclarations croisées et antinomiques, en effet, il est essentiel que le théoricien, lorsqu’il s’agit non pas de définir mais de mettre en scène la structure du rapport entre les sexes, laisse chaque sexe s’adresser à l’autre de telle manière qu’aucun des partis en présence ne paraisse détenir une vérité d’essence et qu’il n’existe nul discours qui soit donné comme indemne du conflit exhibé. Tout comme chez Lacan, la question du sexe se pose ici en des termes qui ne sont pas ontologiques ni essentialistes, puisque toute l’essence de la noblesse et de la beauté consiste à être adressée à l’autre sexe pour tenter de faire advenir, à travers un défi, une différence. Mais, dans le texte de Kant, ce sont deux termes, et non pas un seul, qui font jouer la problématique de la différence. Ces premières remarques nous convainquent du fait que l’enjeu d’une pensée du féminin est très étroitement lié à une pensée du rapport des sexes qui soit capable de conceptualiser un rapport mettant lui-même en crise une problématique essentialiste, naturaliste ou ontologique. Et, sur ce terrain, la pensée, qu’elle soit philosophique ou psychanalytique, n’innove que lentement; ainsi peut-elle paraître immobile et anhistorique. En même temps, cependant, les choses vont très vite, c’est-à-dire que les formulations nouvelles qui font réellement avancer la question s’usent par le fait qu’elles sont mises à l’épreuve de la critique: il y a déjà une histoire du rapport des femmes au féminisme et même une réévaluation par les femmes de la pertinence de ce dernier terme (comme en témoigne l’article ci-dessous de Geneviève Fraisse), lorsqu’il s’agit de rendre compte d’une politique des femmes au-delà de la revendication de l’égalité. D’autre part, dans les études qui prennent la femme et la féminité comme objet de recherche, il y a aussi déjà histoire. Les tentatives pour isoler le féminin, par leurs limites mêmes, montrent qu’on ne peut le faire qu’en prenant le risque de recréer un nouveau naturalisme, comme l’indique ici Luisa Bonesio. Une politique des femmes et la réflexion sur le féminin se font plus rigoureuses dans le temps même où elles savent reconnaître leurs points de butée.
On peut, certes, supposer que l’accès des femmes à la philosophie modifiera l’idée même de sujet qui s’est constituée par une séparation et une absence de circulation entre l’ordre du fantasme et celui du concept, l’autonomie du sujet rationnel et raisonnable s’étant formée à ce prix, comme le suggère Brigitte Weisshaupt. De là on conclura que l’accès des femmes aux divers savoirs infléchira, d’une manière qu’on ne peut anticiper, le contenu même des savoirs. Mais, puisqu’il s’agit, au fond, de suivre la réorganisation des mythes fondateurs d’une culture ou, dans l’ordre de grandeur des sujets, de saisir comment le destin des pulsions et l’histoire des désirs des femmes, avec leurs difficultés spécifiques, trouvent à se métamorphoser dans la culture, on comprend que les analyses balancent entre deux pôles: ou bien elles sont anticipatrices, ou bien elles montrent la nécessité de ne pas escamoter les difficultés propres rencontrées par les femmes dans l’élaboration de ce qui, de leur désir, résiste le plus à s’intégrer aux modèles culturels existants: Michèle Montrelay tente de comprendre en ce sens le constat freudien sur l’immobilisme féminin. Elle le met en rapport avec les expériences sexuelles archaïques analysées par l’école anglaise, que la problématique phallique ne fait que recouvrir secondairement chez la femme. Et elle ne craint pas, ce faisant, de reconnaître dans cet immobilisme une nécessité: parce que l’érotisme de la femme se prête, moins que celui de l’homme, au refoulement, les pulsions féminines archaïques circonscriraient, en effet, un espace ou continent «qui peut être dit noir dans la mesure où il est hors circuit, forclos de l’économie symbolique».
Ne peut-on cependant avancer que, au cours de leurs cures psychanalytiques, certaines femmes parviennent à inventer des «sorties» qui ne restent pas enfermées dans l’alternative où s’opposent un accès au symbolique faisant fi de l’archaïque et la possibilité de ce placer hors du symbolique? les pulsions féminines qui ne se structurent pas sur le modèle de la problématique phallique ne sont pas pour autant hors de la métaphore ou hors de la symbolisation, car la jouissance dont elles relèvent, même si elle n’est pas interdite au sens de la problématique de la castration, n’est pas plus tenable pour les femmes que pour les hommes. Ce qui se métaphorise dans le champ de la culture, ce n’est pas, en effet, la jouissance en tant que les femmes pourraient s’en faire les représentantes dans leurs rapports aux hommes qui se sont constitués par le fait qu’ils n’en veulent rien savoir ou rien retenir dans leur savoir conscient.
Ce qui doit advenir, c’est-à-dire à la fois se dire comme tel et se métaphoriser, c’est ce par quoi la jouissance est souffrance, et souffrance intenable. Certes, les femmes ont tendance à se faire, pour ou contre les hommes, les emblèmes de ces divers aspects de la jouissance. Mais il arrive aussi qu’elles affrontent radicalement la solitude de leur désir, de ses épreuves insolubles, par le seul appel à l’autre. Et l’acceptation de cette solitude même leur permet de trouver des équivalents culturels, c’est-à-dire partageables et métaphorisés, non pas de ce qui leur manque, comme on dirait du côté de la castration symbolique, mais de ce qui les dépossède d’elles-mêmes, et qui peut ainsi n’être ni renié ni adoré.
femme [ fam ] n. f.
• 1080; lat. femina
I ♦ Être humain appartenant au sexe féminin qui peut, lorsqu'un ovule est fécondé, porter l'enfant jusqu'à sa naissance.
1 ♦ Être humain de sexe féminin lorsque son âge permet d'envisager sa sexualité (par oppos. à enfant), et, le plus souvent, après la nubilité et à l'âge adulte, sociologiquement lié à l'âge où le mariage est possible (par oppos. à fille). ⇒fam. gonzesse , greluche, meuf, nana, 2. nénette. Une femme, des femmes. Les femmes et les hommes. Un homme, une femme et deux enfants. Une petite fille, une jeune fille et une femme. « la plus délicate des transitions, l'adolescence, les deux crépuscules mêlés, le commencement d'une femme dans la fin d'une enfant » (Hugo). « J'ai été aimé des quatre femmes dont il m'importait le plus d'être aimé, ma mère, ma sœur, ma femme et ma fille » (Renan). « L'homme est le fils de la femme. Sa mère le commence, ses maîtresses le finissent » (Audiberti).
♢ LA FEMME : l'ensemble des femmes. Caractères génétiques ⇒ 2. X , physiologiques de la femme (⇒ gynécologie) . Fonction reproductrice, vie génitale de la femme (⇒ menstruation, ovulation; grossesse, maternité; puberté, ménopause) . Maternité volontaire, contrôlée de la femme. ⇒ contraception, contrôle (des naissances); avortement, I. V. G., 2. P. M. A. — Intuition, imagination, sensibilité attribuées à la femme. « Une femme est une femme », film de Godard. « On ne naît pas femme, on le devient » (Beauvoir). La femme, compagne de l'homme (cf. ci-dessous, II;) et ⇒ amante, amie, épouse, maîtresse . Femme qui aime une autre femme. ⇒ lesbienne. — Mépris des femmes. ⇒ machisme , misogynie, phallocratie. Femme battue. Les droits de la femme (⇒ féminisme, parité) . « En Amérique, l'indépendance de la femme vient se perdre sans retour au milieu des liens du mariage » (Tocqueville). « Quand sera brisé l'infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle [...] elle sera poète, elle aussi ! » (Rimbaud) . « cette infériorité morale attribuée à la femme a révolté mon jeune orgueil » (Sand). Femme libérée.
2 ♦ (En attribut) Naître femme. ⇒ féminitude. — Elle est femme, très femme : elle a tous les caractères qu'on prête aux femmes. ⇒ féminité. « Elle est femme dans toute l'acception du mot, par ses cheveux blonds, par sa taille fine [...] par le timbre argentin de sa voix » (Gautier). « Réponse bien féminine ! Que vous êtes femme, mon Dieu, que vous êtes femme ! Que vous êtes charmante ! » (Cl. Aveline).
3 ♦ ÊTRE FEMME À (et inf.) :être capable de. ⇒ homme (être homme à). Elle n'est pas femme à capituler.
4 ♦ (Opposé à enfant, fille, fillette, jeune fille) Femme physiquement adulte. « Cosette devenait peu à peu une femme et se développait » (Hugo). « Il y avait dans le gazouillis de ces jeunes filles des notes que les femmes n'ont plus » (Proust). — Être une femme : être nubile. (En attribut) Elle se fait femme.
5 ♦ BONNE FEMME. Vieilli Femme simple et assez âgée. Sa bonne femme de mère. Mod. Loc. De bonne femme : transmis par la tradition populaire. Remèdes de bonne femme. « Reléguons cette idée puérile avec les contes de bonne femme » (Laclos). — Appos. Rideaux bonne femme.
♢ Mod. Une vieille bonne femme : une vieille femme. Une petite bonne femme : une petite fille.
♢ Fam. et cour. Femme (quels que soient son âge, sa classe sociale). Les bonshommes et les bonnes femmes. Des types « qui sont venus là parce qu'ils avaient une invitation à rendre [...] ils s'inclinent, ils tiennent la chaise de la bonne femme pendant qu'elle s'assied » (Sartre). Un type et une bonne femme.
6 ♦ Une femme, des femmes (qualifiée, au physique, au moral, etc.). — (Race, ethnie) Femme blanche. Femme de type nordique, méditerranéen. Femme de couleur, femme noire. — (Apparence physique) Grande femme. Femme grande et maigre (fam. grande bringue, échalas, grande gigue, girafe, sauterelle), forte, plantureuse, imposante et robuste (fam. grand cheval, jument, grosse vache). Femme petite et grosse, boulotte (fam. bonbonne, boudin, cageot, pot à tabac, tonneau). Grosse femme mal faite (fam. dondon). Femme plate (fam. fax, limande, planche à pain).— Une jolie femme (fam. pépée, poupée). Les belles femmes de la mode ⇒ cover-girl, top-modèle , du cinéma ⇒ pin up, sexe-symbole, starlette . Une femme agréable, avenante, charmante, mignonne. Une jolie femme jeune et bien faite, (fam.) bien roulée. Femme laide (guenon, laideron, fam. mocheté).— (Âge) Femme jeune (cf. ci-dessous Jeune femme). Femme mûre, d'un certain âge. Femme âgée. Une vieille femme. ⇒ mamie, mémé, rombière. JEUNE FEMME : femme au statut social assimilable à celui de femme mariée et considérée socialement comme jeune (opposé à fille, jeune fille). UN (PETIT) BOUT DE FEMME. FEMME-ENFANT :femme qui semble avoir conservé les attributs de l'enfance, qui cultive un comportement enfantin. Jouer les femmes-enfants. — (Apparence sociale) Femme élégante, distinguée, négligée. « C'était une femme grande, majestueuse, et si noble » (Baudelaire). ⇒ 1. dame. — FEMME DU MONDE : femme appartenant à la haute société ou à un groupe social en vue. ⇒vieilli mondaine. Femme dans les ordres. ⇒ religieuse, sœur . — (Statut matrimonial) Nom de jeune fille d'une femme mariée. Une femme célibataire, divorcée, veuve, répudiée (une célibataire, une divorcée, une veuve). Femme monogame, polyandre. Femme chef de famille. — (Caractère) Femme de caractère. Femme énergique, résolue, volontaire, autoritaire (dragon, gendarme, virago). Iron. Une faible femme. Femme de devoir. Femme d'action. FEMME DE TÊTE, intelligente et avisée qui a le sens des intérêts matériels ou ne se laisse pas mener par ses affects. MAÎTRESSE FEMME : femme d'un caractère bien trempé, énergique, qui sait se faire obéir. — (Comportement sentimental et sexuel) Femme réservée, pudibonde. Femme facile. Femme sensuelle, lascive. Femme mangeuse d'hommes (cf. Mante religieuse). Femme insatiable. ⇒ nymphomane. Femme frigide. FEMME-OBJET :femme considérée (par les hommes) comme un objet (sexuel) et non comme un sujet, une personne. « L'amazone du féminisme, vaincue, tombait à deux genoux en parfaite femme-objet » (Fallet). Des femmes-objets. FEMME FATALE. ⇒aussi allumeuse, tombeuse, vamp. Femme entretenue. Femme qui se fait payer pour des passes. ⇒ prostituée. Se faire passer pour une femme. ⇒ travesti. — (Statut socio-professionnel) Femme qui travaille, gagne sa vie. Le travail des femmes. Les femmes veulent la parité des métiers, des fonctions et des salaires. ⇒ parité. Métiers de femmes (traditionnellement dévolus aux femmes). Cette femme est avocate. Cette femme est professeur, c'est une professeur. Pays gouverné par une femme. Une femme d'affaires. Femme politique, femme d'État. Le P.-D. G. est une femme. Une femme de lettres. FEMME AU FOYER : femme qui n'exerce pas de profession et reste chez elle, parfois pour élever ses enfants.
7 ♦ (Contexte de l'amour) (Homme est sujet de la phrase) Il aime cette femme. C'est la femme de sa vie. Courir les femmes. ⇒vieilli cotillon, jupon. Un homme à femmes. Séduire une femme. Coucher avec une femme. Violer une femme. Épouser une femme. Tromper, abandonner une femme. — (Femme est sujet de la phrase) Cette femme a pris un amant, s'est mariée. « C'était une femme qui passait la nuit avec un homme et qui repartait le lendemain » (Duras). — (Maternité) Cette femme n'a jamais eu d'enfants ⇒ nullipare , a un, des enfant(s) (⇒ 1. mère) . Femme qui veut un enfant, ne veut pas d'enfant. Femme qui attend un bébé, un enfant (future maman). Femme enceinte. Femme qui fait une fausse couche, se fait avorter. Femme qui accouche. ⇒ parturiente. Femme qui prend la pilule. Femme qui fait un enfant pour d'autres (cf. Mère porteuse).
♢ PROV. Ce que femme veut, Dieu le veut. La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a. Loc. Cherchez la femme : cherchez le mobile passionnel qui a poussé un homme à agir.
II ♦ Femme unie à un homme par mariage. ⇒ épouse; madame. « La femme de Paul », de Maupassant. Le mari et la femme. ⇒ couple. C'est sa femme. Son ancienne femme, son ex-femme. La nouvelle femme de son père : sa belle-mère, sa marâtre. Il est venu avec sa femme (pop. sa bourgeoise, sa dame, sa légitime). ⇒fam. bobonne. Mes amitiés à votre femme. — Femme adultère. — Loc. Prendre qqn pour femme, l'épouser. Vivre comme mari et femme, maritalement. ⇒ concubinage, pacs.
III ♦ (Dans des expr.) Domestique.
♢ (1680) FEMME DE CHAMBRE, attachée au service intérieur d'une maison, d'un hôtel. ⇒ bonne, littér. camériste, domestique, vieilli servante, fam. soubrette.
♢ (1680) FEMME DE CHARGE, chargée de la surveillance d'une maison, du linge.
♢ (1835) FEMME DE MÉNAGE, qui vient faire le ménage dans une maison et qui est généralement payée à l'heure (cf. Employée de maison).
● femme nom féminin (latin femina) Être humain appartenant au sexe apte à reproduire des ovules et à porter des enfants ; être humain femelle. Adulte de sexe féminin, par opposition à fille, jeune fille, et, en particulier, personne de sexe féminin nubile ou ayant perdu sa virginité : La voilà une femme maintenant. Épouse : Il nous a présenté sa femme. Adulte de sexe féminin, considéré par rapport à ses qualités, à ses défauts, à son activité, à son origine, etc. : Femme du monde. Femme politicienne. Peut être suivi ou précédé d'un nom de profession ou de fonction de genre masculin : Une femme ingénieur. Un professeur femme. Suivi d'un nom apposé, désigne une personne de sexe féminin qui a toutes les caractéristiques impliquées par le sens du nom apposé : Une femme enfant. ###● femme (citations) nom féminin (latin femina) Marcel Achard Sainte-Foy-lès-Lyon 1899-Paris 1974 Académie française, 1959 On n'aime que les femmes qu'on rend heureuses. Auprès de ma blonde, II, Frédéric La Table Ronde Marcel Achard Sainte-Foy-lès-Lyon 1899-Paris 1974 Académie française, 1959 Il y a chez les femmes une certaine dose de fourberie […] Une fois qu'on l'a mise en route, rien ne l'arrête. Domino, III, 2, Lorette Gallimard Alphonse Allais Honfleur 1854-Paris 1905 Il y a des femmes qui sont comme le bâton enduit de confiture de roses dont parle le poète persan : on ne sait par quel bout les prendre. On n'est pas des bœufs Ollendorf Henri Frédéric Amiel Genève 1821-Genève 1881 On estime beaucoup les femmes bonnes, mais sans esprit, […] mais on finit par bâiller auprès d'elles. Journal intime, 12 juillet 1866 Henri Frédéric Amiel Genève 1821-Genève 1881 La femme nue est belle une fois sur vingt, et trois ans sur soixante et dix. C'est-à-dire qu'il y a quatre cent soixante-dix à parier contre un qu'en photographiant une femme sans voile on fait une indécence, sans arriver à un effet esthétique. Journal intime, 28 juillet 1866 Anonyme Il est bien fou celui qui prête son attention à parole de femme. […] Foux est qui met s'entente en fame n'en riens qu'ele die. Roman de Renart Louis Aragon Paris 1897-Paris 1982 Rendez-moi rendez-moi mon ciel et ma musique Ma femme sans qui rien n'a chanson ni couleur. Le Crève-Cœur, le Printemps Gallimard Louis Aragon Paris 1897-Paris 1982 De la femme vient la lumière. Le Roman inachevé Gallimard Marcel Arland Varennes-sur-Amance 1899-Saint-Sauveur-sur-École, Seine-et-Marne, 1986 Académie française, 1968 Je n'ai jamais aimé une femme qu'autant qu'elle me paraissait un miracle. Carnets de Gilbert Gallimard Antonin Artaud Marseille 1896-Ivry-sur-Seine 1948 L'obsession des femmes est vitale, elle correspond à un besoin de vertu. Les Nouvelles Révélations de l'être Gallimard Félix Arvers Paris 1806-Paris 1850 Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle : Quelle est donc cette femme ? et ne comprendra pas. Mes heures perdues Jacques Audiberti Antibes 1899-Paris 1965 L'homme et la femme ne se rencontrent qu'une fois. Le Mal court Gallimard Jacques Audiberti Antibes 1899-Paris 1965 Les larmes de la femme moisissent le cœur de l'homme. Le Mal court Gallimard Émile Augier Valence, Drôme, 1820-Paris 1889 Académie française, 1857 Quand les femmes ne prêtent plus à la médisance, elles s'y adonnent. Les Lionnes pauvres Michel Lévy Joseph Autran Marseille 1813-Marseille 1877 Académie française, 1868 Laissons ses secrets à l'amour Et ses mystères à la femme ! Les Poèmes de la mer Michel Lévy Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Les femmes sont des poêles à dessus de marbre. Autre étude de femme Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Il y a toujours un fameux singe dans la plus jolie et la plus angélique des femmes ! Autre étude de femme Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Toutes les femmes, même les dévotes et les sottes, s'entendent en fait d'amour. César Birotteau Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Pour savoir jusqu'où va la cruauté de ces charmants êtres que nos passions grandissent tant, il faut voir les femmes entre elles. Modeste Mignon Jean-Louis Guez de Balzac Angoulême 1595-Angoulême 1654 Académie française, 1634 Il faut que les femmes soient tout à fait femmes. Lettres, 20 septembre 1628 Jules Amédée Barbey d'Aurevilly Saint-Sauveur-le-Vicomte 1808-Paris 1889 Être belle et aimée, ce n'est être que femme. Être laide et savoir se faire aimer, c'est être princesse. Disjecta membra Henry Bataille Nîmes 1872-Malmaison 1922 Il y a deux manières de prendre une femme : par la taille et par le sentiment. Poliche Fasquelle Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Ô femme dangereuse, ô séduisants climats ! Les Fleurs du Mal, Ciel brouillé Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Aimer les femmes intelligentes est un plaisir de pédéraste. Fusées Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 La femme est naturelle, c'est-à-dire abominable. Mon cœur mis à nu Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 La femme ne sait pas séparer l'âme du corps. Mon cœur mis à nu Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 J'ai toujours été étonné qu'on laissât les femmes entrer dans les églises. Quelle conversation peuvent-elles tenir avec Dieu ? Mon cœur mis à nu Paul, dit Tristan Bernard Besançon 1866-Paris 1947 La femme est une louve pour la femme. La Volonté de l'homme Calmann-Lévy Commentaire Allusion à Plaute. Henri Bernardin de Saint-Pierre Le Havre 1737-Éragny-sur-Oise 1814 Les femmes sont fausses dans les pays où les hommes sont tyrans. Partout la violence produit la ruse. Paul et Virginie Léon Blum Paris 1872-Jouy-en-Josas 1950 À vingt ans l'enfant déforme les femmes, à trente ans il les conserve et je crois bien qu'à quarante il les rajeunit. Du mariage Louis, vicomte de Bonald château du Monna, près de Millau, 1754-château du Monna, près de Millau, 1840 Académie française, 1816 L'irreligion sied mal aux femmes ; il y a trop d'orgueil pour leur faiblesse. Pensées sur divers sujets Guillaume Bouchet, sieur de Brocourt Poitiers 1513-1594 Il y a mille inventions pour faire parler les femmes, mais pas une seule pour les faire taire. Les Sérées Édouard Bourdet Saint-Germain-en-Laye 1887-Paris 1945 Quand une femme s'engage à vous aimer, il ne faut pas toujours la croire. Mais quand elle s'engage à ne pas vous aimer, eh bien ! il ne faut pas trop la croire non plus. La Prisonnière Stock Édouard Bourdet Saint-Germain-en-Laye 1887-Paris 1945 L'argent, c'est comme les femmes : pour le garder, il faut s'en occuper un peu ou alors… il va faire le bonheur de quelqu'un d'autre. Les Temps difficiles Stock Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme Bourdeille vers 1540-1614 Femmes et amours sont compagnes, marchent ensemble et ont une même sympathie. Vies des dames galantes André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 Le temps serait venu de faire valoir les idées de la femme aux dépens de celles de l'homme, dont la faillite se consomme assez tumultueusement aujourd'hui. Arcane 17 Brentano's, New York José Cabanis Toulouse 1922-Balma, Haute-Garonne 2000 Académie française 1990 Connaissant les hommes, je donne toujours raison aux femmes. Plaisir et lectures Gallimard Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 M…me dit un jour plaisamment, à propos des femmes et de leurs défauts : « Il faut choisir d'aimer les femmes ou de les connaître : il n'y a pas de milieu. » Caractères et anecdotes Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 Quelque mal qu'un homme puisse penser des femmes, il n'y a pas de femme qui n'en pense encore plus mal que lui. Maximes et pensées Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 La femme sera toujours le danger de tous les paradis. Conversations dans le Loir-et-Cher Gallimard Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 C'est une chose plus enivrante que le vin d'être une belle jeune femme ! L'Otage, I, 1, Sygne Gallimard Sidonie Gabrielle Colette Saint-Sauveur-en-Puisaye, Yonne, 1873-Paris 1954 Une femme qui reste une femme, c'est un être complet. Ces plaisirs Ferenczi Sidonie Gabrielle Colette Saint-Sauveur-en-Puisaye, Yonne, 1873-Paris 1954 L'homme trop occupé des femmes reçoit d'elles, un jour, sa punition. Chambre d'hôtel Fayard Auguste Comte Montpellier 1798-Paris 1857 Supérieures par l'amour, mieux disposées à toujours subordonner au sentiment l'intelligence et l'activité, les femmes constituent spontanément des êtres intermédiaires entre l'Humanité et les hommes. Système de politique positive Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 […] Quand une femme a le don de se taire, Elle a des qualités au-dessus du vulgaire. Le Menteur, I, 4, Cliton Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Quoi ? vous vous arrêtez aux songes d'une femme ? Polyeucte, I, 1, Néarque Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Quoi ? Vous ne pouvez pas ce que peut une femme ? Tite et Bérénice, V, 2, Domitie à Tite Georges Moinaux, dit Georges Courteline Tours 1858-Paris 1929 La femme ne voit jamais ce que l'on fait pour elle ; elle ne voit que ce qu'on ne fait pas. La Paix chez soi Flammarion Georges Moinaux, dit Georges Courteline Tours 1858-Paris 1929 La femme est meilleure qu'on le dit : elle ne blague les larmes des hommes que si elle les a elle-même fait couler. La Philosophie de G. Courteline Flammarion Prosper Jolyot de Crais-Billon, dit Crébillon fils Paris 1707-Paris 1777 Une femme, quand elle est jeune, est plus sensible au plaisir d'inspirer des passions, qu'à celui d'en prendre. Les Égarements du cœur et de l'esprit Astolphe, marquis de Custine Niederwiller, Meurthe, 1790-Paris 1857 Les femmes sans charme sont comme les poètes qu'on ne lit pas. Le Monde comme il est Alphonse Daudet Nîmes 1840-Paris 1897 Les femmes sont héroïques pour souffrir dans le monde, leur champ de bataille. La Doulou Librairie de France Alfred Delvau Paris 1825-Paris 1867 Les femmes ne sont pas brutales, c'est vrai — elles sont féroces. Les Cocottes de mon grand-père René Descartes La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650 Je ne suis pas de ceux qui estiment que les larmes et la tristesse n'appartiennent qu'aux femmes, et que, pour paraître homme de cœur, on se doive contraindre à montrer toujours un visage tranquille. Correspondance, à Pollot, janvier 1641 Alexandre Dumas, dit Dumas fils Paris 1824-Marly-le-Roi 1895 MADAME LEVERDET — Il n'y a pas d'honnêtes femmes, alors ? DE RYONS — Si ! plus qu'on ne le croit, mais pas tant qu'on le dit. L'Ami des femmes, I, 5 Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Dans l'adolescence on aime les autres femmes parce qu'elles ressemblent plus ou moins à la première ; plus tard on les aime parce qu'elles diffèrent entre elles. Carnets Gaston Arman de Caillavet Paris 1869-Essendiéras, Dordogne, 1915 et Robert Pellevé de La Motte-Ango, marquis de Flers Pont-l'Évêque 1872-Vittel 1927 Académie française, 1920 Nos femmes ne se doutent pas combien le chagrin que nous leur faisons peut nous les faire aimer davantage. L'Amour veille Librairie théâtrale Gaston Arman de Caillavet Paris 1869-Essendiéras, Dordogne, 1915 et Robert Pellevé de La Motte-Ango, marquis de Flers Pont-l'Évêque 1872-Vittel 1927 Académie française, 1920 Si vertueuse que soit une femme, c'est sur sa vertu qu'un compliment lui fait le moins de plaisir. L'Amour veille Librairie théâtrale Robert Pellevé de La Motte-Ango, marquis de Flers Pont-l'Évêque 1872-Vittel 1927 Académie française, 1920 et Frantz Wiener, dit Francis de Croisset Bruxelles 1877-Neuilly-sur-Seine 1937 Comme une femme ment mal quand on sait qu'elle ment ! Les Nouveaux Messieurs L'Illustration Bernard Le Bovier de Fontenelle Rouen 1657-Paris 1757 Mettez-vous dans l'esprit que les femmes veulent qu'on les aime, mais en même temps qu'on les divertisse. Lettres galantes du chevalier d'Her… Xavier Forneret Beaune 1809-Beaune 1884 C'est le miroir qui se mire dans la Femme. Encore un an de sans titre Anatole François Thibault, dit Anatole France Paris 1844-La Béchellerie, Saint-Cyr-sur-Loire, 1924 Académie française, 1896 Une femme est franche quand elle ne fait pas de mensonges inutiles. Le Lys rouge Calmann-Lévy François Ier, roi de France Cognac 1494-Rambouillet 1547 Toute femme varie. Rapporté par Pierre de Bourdeille, seigneur de Bratôme dans Les Dames galantes, septième discours Commentaire Le mot avait été gravé par François Ier sur le côté gauche de la chambre du roi à Chambord. Victor Hugo passe pour avoir, en visitant le château, détaché et emporté le morceau de la fenêtre portant l'inscription. Robert Garnier La Ferté-Bernard 1545 ?-Le Mans 1590 Mais quoi ? Le naturel des femmes est volage Et à chaque moment abuse leur courage. Bien fol qui s'y abuse et qui de loyauté Pense jamais trouver compagne une beauté. Marc Antoine cœur Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 […] Les femmes pensent à l'amour, les hommes aux galons, ou à quelque chose de ce genre. Propos recueillis par André Malraux dans Les Chênes qu'on abat Gallimard Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 C'est avec leurs mensonges du matin que les femmes font leurs vérités du soir. Amphitryon 38, II, 5, Mercure Grasset Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 Les femmes fidèles sont toutes les mêmes, elles ne pensent qu'à leur fidélité et jamais à leurs maris. Amphitryon 38, III, 1, Sosie Grasset Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 La principale difficulté avec les femmes honnêtes n'est pas de les séduire, c'est de les amener dans un endroit clos. Leur vertu est faite de portes entrouvertes. Amphitryon 38, I, 1, Jupiter Grasset Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 L'eau sur le canard marque mieux que la souillure sur la femme. La guerre de Troie n'aura pas lieu, II, 12, Ulysse Grasset Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 Depuis la création du monde il n'y a eu qu'une entente sacrée : la connivence des femmes. Pour Lucrèce, I, 8, Paola Grasset Jules Huot de Goncourt Paris 1830-Paris 1870 et Edmond Huot de Goncourt Nancy 1822-Champrosay, Essonne, 1896 L'excès en tout est la vertu de la femme. Journal Fasquelle Jules Huot de Goncourt Paris 1830-Paris 1870 et Edmond Huot de Goncourt Nancy 1822-Champrosay, Essonne, 1896 La femme excelle à ne pas paraître stupide. Journal Fasquelle Remy de Gourmont Bazoches-au-Houlme, Orne, 1858-Paris 1915 La femme la plus compliquée est plus près de la nature que l'homme le plus simple. Promenades littéraires Mercure de France Julien Green Paris 1900-Paris 1998 Académie française, 1971 Rien n'est plus proche d'une femme ensorcelée qu'une femme éprise. Adrienne Mesurat Plon Sacha Guitry Saint-Pétersbourg 1885-Paris 1957 Les honnêtes femmes sont inconsolables des fautes qu'elles n'ont pas commises. Elles et Toi Ami du Livre moderne Sacha Guitry Saint-Pétersbourg 1885-Paris 1957 Il y a des femmes dont l'infidélité est le seul lien qui les attache encore à leur mari. Elles et Toi Ami du Livre moderne Sacha Guitry Saint-Pétersbourg 1885-Paris 1957 On met la femme au singulier quand on a du bien à en dire, et on en parle au pluriel sitôt qu'elle vous a fait quelque méchanceté. N'écoutez pas Mesdames Librairie académique Perrin Sacha Guitry Saint-Pétersbourg 1885-Paris 1957 Ce qui fait rester les femmes, c'est la peur qu'on soit tout de suite consolé de leur départ. Le Nouveau Testament Solar Sacha Guitry Saint-Pétersbourg 1885-Paris 1957 Une femme qui s'en va avec son amant n'« abandonne » pas son mari : elle le débarrasse d'une femme infidèle. Le Nouveau Testament Solar Sacha Guitry Saint-Pétersbourg 1885-Paris 1957 Je conviendrais bien volontiers que les femmes nous sont supérieures — si cela pouvait les dissuader de se prétendre nos égales. Toutes Réflexions faites Éditions de l'Élan Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe ! Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe ! Les Chants du crépuscule, Oh ! n'insultez jamais… Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Les bêtises sont le contraire des femmes. Les plus vieilles sont les plus adorées. Fragments Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Le cèdre ne sent pas une rose à sa base, Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds. La Légende des siècles, Booz endormi Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 […] Ce génie particulier de la femme qui comprend l'homme mieux que l'homme ne se comprend. Les Misérables Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Souvent femme varie Bien fol est qui s'y fie ! Une femme souvent N'est qu'une plume au vent. Le Roi s'amuse, IV, 2, le roi Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Il y a une foule de sottises que l'homme ne fait pas par paresse et une foule de folies que la femme fait par désœuvrement. Tas de pierres Éditions Milieu du monde Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Une femme qui a un amant est un ange, une femme qui a deux amants est un monstre, une femme qui a trois amants est une femme. Tas de pierres Éditions Milieu du monde Alfred Jarry Laval 1873-Paris 1907 Les femmes mentent par le chemin des écoliers. L'Amour absolu Mercure de France Jean de Meung Meung-sur-Loire vers 1240-Paris 1305 Car il n'est femme, si honnête soit-elle, vieille ou jeune, mondaine ou nonne, il n'est dame si pieuse soit-elle, si chaste soit-elle de corps et d'âme, si l'on va louant sa beauté, qui ne se délecte en écoutant. Car il n'est fame, tant soit bone Vielle, jenne, mondaine ou none, Ne si religieuse dame, Tant soit chaste de cors ne d'ame, Se l'en va sa biauté loant, Qui ne se delit en oant. Roman de la Rose Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Les femmes vont plus loin en amour que la plupart des hommes ; mais les hommes l'emportent sur elles en amitié. Les Caractères, Des femmes Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Les hommes et les femmes conviennent rarement sur le mérite d'une femme : leurs intérêts sont trop différents. Les Caractères, Des femmes Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 La plupart des femmes n'ont guère de principes ; elles se conduisent par le cœur, et dépendent pour leurs mœurs de ceux qu'elles aiment. Les Caractères, Des femmes Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Une femme insensible est celle qui n'a pas encore vu celui qu'elle doit aimer. Les Caractères, Des femmes Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Une femme oublie d'un homme qu'elle n'aime plus jusqu'aux faveurs qu'il a reçues d'elle. Les Caractères, Des femmes Pierre Choderlos de Laclos Amiens 1741-Tarente 1803 L'homme jouit du bonheur qu'il ressent, et la femme de celui qu'elle procure. Les Liaisons dangereuses Pierre Choderlos de Laclos Amiens 1741-Tarente 1803 Il ne faut pas fâcher les vieilles femmes ; ce sont elles qui font la réputation des jeunes. Les Liaisons dangereuses Pierre Choderlos de Laclos Amiens 1741-Tarente 1803 Pouvais-je souffrir qu'une femme fût perdue pour moi sans l'être par moi ? Les Liaisons dangereuses Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette Paris 1634-Paris 1693 Il n'y a point de femme que le soin de sa parure n'empêche de songer à son amant. La Princesse de Clèves Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette Paris 1634-Paris 1693 On ne connaît point les femmes, elles ne se connaissent pas elles-mêmes, et ce sont les occasions qui décident des sentiments de leur cœur. Zaïde Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Je ne suis pas de ceux qui disent : « Ce n'est rien, C'est une femme qui se noie. » Fables, la Femme noyée Jules Laforgue Montevideo 1860-Paris 1887 Ô femme, mammifère à chignon, ô fétiche […]. Les Complaintes, Complainte des voix sous le figuier bouddhique Jules Laforgue Montevideo 1860-Paris 1887 Si mon air vous dit quelque chose, Vous auriez tort de vous gêner ; Je ne la fais pas à la pose, Suite de l'article ###● femme (citations) (suite) Retour au début de l'article Je suis la Femme ! on me connaît. Le Concile féerique Valery Larbaud Vichy 1881-Vichy 1957 La femme est une grande réalité, comme la guerre. A. O. Barnabooth, Journal intime Gallimard François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Dans les premières passions les femmes aiment l'amant, et dans les autres elles aiment l'amour. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 De toutes les passions violentes, celle qui sied le moins mal aux femmes, c'est l'amour. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 L'enfer des femmes, c'est la vieillesse. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 L'honnêteté des femmes est souvent l'amour de leur réputation et de leur repos. Maximes Paul Léautaud Paris 1872-Robinson 1956 Les hommes sensibles préfèrent le soir au matin, la nuit au jour, et la beauté des femmes mûres à celle des jeunes filles. Passe-temps Mercure de France Paul Léautaud Paris 1872-Robinson 1956 Avoir de l'esprit. Plaire aux femmes. Rien qui s'oppose davantage. Propos d'un jour Mercure de France Alain René Lesage Sarzeau 1668-Boulogne-sur-Mer 1747 Damis est un plaisant homme, de vouloir avoir deux femmes, pendant que tant d'honnêtes gens sont si fâchés d'en avoir une ! Crispin rival de son maître Pierre Dumarchais, dit Pierre Mac Orlan Péronne 1882-Saint-Cyr-sur-Morin 1970 Le goût du sacrifice que chaque femme porte en soi-même, comme une fleur prête à fleurir […]. Marguerite de la nuit Émile-Paul Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux Paris 1688-Paris 1763 Femme tentée et femme vaincue, c'est tout un. Arlequin poli par l'amour, 1 Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux Paris 1688-Paris 1763 La plupart des femmes qui ont beaucoup d'esprit ont une certaine façon d'en avoir qu'elles n'ont pas naturellement, mais qu'elles se donnent. La Vie de Marianne Roger Martin du Gard Neuilly-sur-Seine, 1881-Sérigny, Orne, 1958 C'est toujours l'inlassable médiocrité de la femme qui l'emporte. Un taciturne Gallimard Roger Martin du Gard Neuilly-sur-Seine, 1881-Sérigny, Orne, 1958 Une femme, surtout devant un homme, joue toujours un rôle. Un taciturne Gallimard Louis Massignon Nogent-sur-Marne 1883-Paris 1962 L'homme qui se tait refuse ; la femme qui se tait consent. Opera minora Centre de documentation scolaire Guy de Maupassant château de Miromesnil, Tourville-sur-Arques, 1850-Paris 1893 Une femme a toujours, en vérité, la situation qu'elle impose par l'illusion qu'elle sait produire. Notre cœur François Mauriac Bordeaux 1885-Paris 1970 Académie française, 1933 Pour beaucoup de femmes, le plus court chemin vers la perfection, c'est la tendresse. Asmodée Grasset Claude Mauriac 1914 La femme est une promesse non tenue. Ici, maintenant Grasset André Maurois Elbeuf 1885-Neuilly 1967 Académie française, 1938 On n'aime pas une femme pour ce qu'elle dit ; on aime ce qu'elle dit parce qu'on l'aime. De la conversation Hachette Prosper Mérimée Paris 1803-Cannes 1870 Académie française, 1844 La franchise et la vérité sont rarement bonnes auprès des femmes. Lettres, à Jenny Dacquin, 1843 Jules Michelet Paris 1798-Hyères 1874 La femme change et ne change pas. Elle est inconstante et fidèle. Elle va muant sans cesse dans le clair-obscur de la grâce. Celle que tu aimas ce matin n'est pas la femme du soir. L'Amour, Introduction Jules Michelet Paris 1798-Hyères 1874 Il n'y a point de vieille femme. Toute, à tout âge, si elle aime, si elle est bonne, donne à l'homme le moment de l'infini. L'Amour, V, 4 Jules Michelet Paris 1798-Hyères 1874 On ne sait pas assez combien les femmes sont une aristocratie. Il n'y a pas de peuple chez elles. La Femme, Introduction Jules Michelet Paris 1798-Hyères 1874 Prenez le prêtre le plus sage et la femme la plus sage, il sera bientôt le vrai mari spirituel. Journal, 20 août 1843 Gallimard Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Votre sexe n'est là que pour la dépendance : Du côté de la barbe est la toute-puissance. L'École des femmes, III, 2, Arnolphe Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 […], les verrous et les grilles Ne font pas la vertu des femmes ni des filles. L'École des maris, I, 2, Ariste et III, 5, Sganarelle Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Les femmes d'à présent sont bien loin de ces mœurs : Elles veulent écrire et devenir auteurs. Les Femmes savantes, II, 7, Chrysale Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Il n'est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, Qu'une femme étudie et sache tant de choses. Les Femmes savantes, II, 7, Chrysale Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Je consens qu'une femme ait des clartés de tout, Mais je ne lui veux point la passion choquante De se rendre savante afin d'être savante ; Et j'aime que souvent, aux questions qu'on fait, Elle sache ignorer les choses qu'elle sait. Les Femmes savantes, I, 3, Clitandre Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Nos pères, sur ce point, étaient gens bien sensés, Qui disaient qu'une femme en sait toujours assez Quand la capacité de son esprit se hausse À connaître un pourpoint d'avec un haut-de-chausse. Les Femmes savantes, II, 7, Chrysale Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 La plus utile et honorable science et occupation à une femme, c'est la science du ménage. Essais, III, 9 Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Dans les jeunes femmes, la beauté supplée à l'esprit. Dans les vieilles, l'esprit supplée à la beauté. Mes pensées Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Quand on a été femme à Paris on ne peut être femme ailleurs. Mes pensées Paul Morand Paris 1888-Paris 1976 Académie française, 1968 C'est en public que les femmes se déshabillent le plus volontiers. Bouddha vivant Grasset Paul Morand Paris 1888-Paris 1976 Académie française, 1968 Femmes, longs vases entrouverts, grands enfants chauds. Fermé la nuit Gallimard Paul Morand Paris 1888-Paris 1976 Académie française, 1968 Elle était belle comme la femme d'un autre. Lewis et Irène Grasset Paul Morand Paris 1888-Paris 1976 Académie française, 1968 L'existence d'une très jolie femme ressemble à celle d'un lièvre, le jour de l'ouverture. Le Réveille-matin Grasset Napoléon Ier, empereur des Français Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821 La femme est notre propriété, nous ne sommes pas la sienne ; car elle nous donne des enfants, et l'homme ne lui en donne pas. Elle est donc sa propriété comme l'arbre à fruit est celle du jardinier. Cité par Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval Paris 1808-Paris 1855 Il y a toujours quelque niaiserie à trop respecter les femmes. Lettres à Jenny Colon Charles Nodier Besançon 1780-Paris 1844 Académie française, 1833 La femme n'était pas de ce monde matériel ; c'est la première fiction que le ciel ait donné à la terre. Fantaisies et légendes, l'Homme et la Fourmi Charles Nodier Besançon 1780-Paris 1844 Académie française, 1833 Il y a dans le cœur d'une femme qui commence à aimer un immense besoin de souffrir. Smarra Germain Nouveau Pourrières 1851-Pourrières 1920 Frère, n'est-ce pas là la femme que tu veux : Complètement pudique, absolument obscène, Des racines des pieds aux pointes des cheveux ? Sonnets du Liban, Musulmanes Gallimard Germain Nouveau Pourrières 1851-Pourrières 1920 Toutes les femmes sont des saintes, Surtout celles qui sont enceintes […]. Valentines, Sphinx Gallimard Marcel Pagnol Aubagne 1895-Paris 1974 Tu as vu des femmes qui aiment les pauvres ? Topaze, IV, 4, Topaze Fasquelle Jean Paulhan Nîmes 1884-Neuilly-sur-Seine 1968 Académie française, 1963 Aux femmes il est donné de ressembler leur vie durant aux enfants que nous étions. Le Bonheur dans l'esclavage Pauvert Henri Petit 1900-1978 On dit du mal des femmes pour se venger de n'en rien savoir. Les Justes Solitudes Grasset Pierre Alexis, vicomte Ponson du Terrail Montmaur, près de Gap, 1829-Bordeaux 1871 À vingt ans, Jenny savait déjà tout ce que doit savoir la femme qui entre dans cette arène meurtrière, où l'homme devient l'ennemi, la ville assiégée, la victime vouée aux dieux infernaux, le Prométhée dont le cœur sera confié à ces vautours aux serres roses, aux lèvres de carmin, aux dents éblouissantes de blancheur, entre lesquelles glisse éternellement le rire impie du scepticisme et de l'insensibilité. Le Club des valets de cœur Pierre Joseph Proudhon Besançon 1809-Paris 1865 L'homme et la femme peuvent être équivalents devant l'Absolu : ils ne sont point égaux, ils ne peuvent pas l'être, ni dans la famille, ni dans la cité. De la justice dans la révolution et dans l'Église Pierre Joseph Proudhon Besançon 1809-Paris 1865 L'homme est principalement une puissance d'action, la femme une puissance de fascination. La Pornocratie ou les Femmes dans les temps modernes Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Laissons les jolies femmes aux hommes sans imagination. À la recherche du temps perdu, la Fugitive Gallimard Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Les femmes réalisent la beauté sans la comprendre. Les Plaisirs et les Jours Gallimard François Rabelais La Devinière, près de Chinon, vers 1494-Paris 1553 Il disait qu'il n'y avait qu'une antistrophe entre femme folle à la messe et femme molle à la fesse. Pantagruel, 17 Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 […] Une femme inconnue Qui ne dit point son nom, et qu'on n'a point revue. Athalie, II, 7, Joas Ernest Renan Tréguier 1823-Paris 1892 La femme nous remet en communication avec l'éternelle source où Dieu se mire. Souvenirs d'enfance et de jeunesse, Préface Lévy Jules Renard Châlons, Mayenne, 1864-Paris 1910 Appelons la femme un bel animal sans fourrure dont la peau est très recherchée. Journal, 1887 Gallimard Jules Renard Châlons, Mayenne, 1864-Paris 1910 Ce qui fait le plus plaisir aux femmes, c'est une basse flatterie sur leur intelligence. Journal, 21 mai 1895 Gallimard Jules Renard Châlons, Mayenne, 1864-Paris 1910 Si vous voulez plaire aux femmes, dites-leur ce que vous ne voudriez pas qu'on dît à la vôtre. Journal, 29 avril 1898 Gallimard Nicolas Edme Rétif, dit Restif de La Bretonne Sacy, Yonne, 1734-Paris 1806 […] La femme ne sent son pouvoir qu'autant qu'elle en abuse. Le Paysan perverti ou les Dangers de la ville Nicolas Edme Rétif, dit Restif de La Bretonne Sacy, Yonne, 1734-Paris 1806 La plus vertueuse des femmes n'est qu'une coquette plus raffinée. […]. Le Paysan perverti ou les Dangers de la ville Pierre Reverdy Narbonne 1889-Solesmes 1960 Pour les femmes, le meilleur argument qu'elles puissent invoquer en leur faveur, c'est qu'on ne peut pas s'en passer. Le Livre de mon bord Mercure de France Jean Richepin Médéa, Algérie, 1849-Paris 1926 Académie française, 1908 La femme est un danger quand on n'en aime qu'une. Les Caresses Decaux Arthur Rimbaud Charleville 1854-Marseille 1891 Mais, ô Femme, monceau d'entrailles, pitié douce. Poésies, les Sœurs de charité Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 Adressez-vous plutôt aux passions qu'aux vertus quand vous voudrez persuader une femme. La Philosophie dans le boudoir Armand Salacrou Rouen 1899-Le Havre 1989 Il y a des vies de femmes qui ne sont qu'une suite de larmes, et dont l'existence, en fin de compte, est une réussite. Comme les chardons Gallimard Armand Salacrou Rouen 1899-Le Havre 1989 Les curés sont consolés de ne pas être mariés, quand ils entendent les femmes se confesser. Une femme libre Gallimard Anne Louise Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, dite Mme de Staël Paris 1766-Paris 1817 On a raison d'exclure les femmes des affaires publiques et civiles ; rien n'est plus opposé à leur vocation naturelle que tout ce qui leur donnerait des rapports de rivalité avec les hommes […]. De l'Allemagne Isaac Félix, dit André Suarès Marseille 1868-Saint-Maur-des-Fossés 1948 Les femmes sont jalouses de tout, et même du malheur. Variables Émile-Paul Isaac Félix, dit André Suarès Marseille 1868-Saint-Maur-des-Fossés 1948 Une vraie femme sait qu'elle doit être dominée. Variables Émile-Paul Paul-Jean Toulet Pau 1867-Guéthary 1920 Les femmes le savent bien que les hommes ne sont pas si bêtes qu'on croit… qu'ils le sont davantage. Les Trois Impostures Émile-Paul Paul-Jean Toulet Pau 1867-Guéthary 1920 Il y a des femmes qui plus elles vieillissent et plus elles deviennent tendres. Il y a aussi les faisans. Les Trois Impostures Émile-Paul Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Une femme intelligente est une femme avec laquelle on peut être aussi bête que l'on veut. Mauvaises Pensées et autres Gallimard Commentaire À rapprocher de cette phrase de Monsieur Teste (II, 33) : « M. Teste, d'ailleurs, pense que l'amour consiste à pouvoir être bêtes ensemble — toute licence de niaiserie et de bestialité ». Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Tout homme contient une femme. Mais jamais sultane mieux cachée que celle-ci. Mélange Gallimard Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Les femmes ne peuvent comprendre qu'il y ait des hommes désintéressés à leur égard. Réflexions et Maximes Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 La Femme, enfant malade et douze fois impur. Les Destinées, la Colère de Samson François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Les femmes ressemblent aux girouettes : elles se fixent quand elles se rouillent. Le Sottisier Émile Zola Paris 1840-Paris 1902 Émanciper la femme, c'est excellent ; mais il faudrait avant tout lui enseigner l'usage de la liberté. Chroniques, la Tribune, 1868 Catulle, en latin Caius Valerius Catullus Vérone vers 87-Rome vers 54 avant J.-C. Ce que dit une femme à l'amant qui brûle pour elle, il faut l'inscrire dans le vent et sur l'onde rapide. … Mulier cupido quod dicit amanti, In vento et rapida scribere oportet aqua. Poésies, 70 Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. … et les guerres abhorrées des femmes. Bellaque matribus Detestata… Odes, I, I, 24-25 Commentaire Quelle que soit l'interprétation traditionnelle, on a tort d'oublier que matribus, ici comme souvent, ne signifie pas seulement les mères, mais les femmes (mères et épouses). Ovide, en latin Publius Ovidius Naso Sulmona, Abruzzes, 43 avant J.-C.-Tomes, aujourd'hui Constanţa, Roumanie, 17 ou 18 après J.-C. La femme chaste est celle que nul n'a sollicitée. Casta, quam nemo rogavit. Les Amours, I, 8, 43 Commentaire Mérimée, lettre à Mme de Montijo, du 16 mai 1845 : « La plupart de ces femmes (les Bohémiennes) sont horriblement laides, c'est une raison pour qu'elles soient chastes, et des meilleures. » Ovide, en latin Publius Ovidius Naso Sulmona, Abruzzes, 43 avant J.-C.-Tomes, aujourd'hui Constanţa, Roumanie, 17 ou 18 après J.-C. Que les femmes donnent ou refusent, elles sont toujours heureuses qu'on leur demande. Quae dant, quaeque negant, gaudent tamen esse rogatae. L'Art d'aimer, I, 345 Publius Syrus (en Syrie Ier s.) Une femme vertueuse commande à son mari en lui obéissant. Casta ad virum matrona parendo imperat. Sentences, 133 Térence, en latin Publius Terentius Afer Carthage vers 185-159 avant J.-C. Tu connais les habitudes des femmes : le temps qu'elles se préparent, qu'elles se mettent en route, il faut une année. Et nosti mores mulierum : Dum moliuntur, dum conantur, annus est. Heautontimoroumenos, II, 1 Térence, en latin Publius Terentius Afer Carthage vers 185-159 avant J.-C. Tu ne peux pas gouverner par raison une chose qui n'a en soi ni raison ni mesure. Quae res in se neque consilium neque modum Habet ullum, eam consilio regere non potes. L'Eunuque, I, 1 cette « chose » est la femme Aristophane Athènes vers 445-vers 386 avant J.-C. Avec ces pestes, rien ; rien non plus sans ces pestes. Lysistrata, 1039 (traduction H. Van Daële) les femmes Commentaire Aristophane cite en parodie un passage d'Archiloque. Aristophane Athènes vers 445-vers 386 avant J.-C. Il n'est point de bête plus indomptable qu'une femme, point de feu non plus ; nulle panthère n'est à ce point effrontée. Lysistrata, 1014 (traduction H. Van Daële) Homère IXe s. avant J.-C. Aujourd'hui, il n'est rien de sacré pour les femmes. L'Odyssée, XI, 456 (traduction V. Bérard) Sophocle Colone, près d'Athènes, entre 496 et 494 avant J.-C.-Athènes 406 avant J.-C. La parure des femmes, femme, c'est le silence. Ajax, 293 (traduction Mazon) Xénophon d'Athènes Erkhia, Attique, vers 430 avant J.-C.-vers 355 La nature féminine n'est en rien inférieure à celle de l'homme, sauf pour son manque de force et de vigueur. Le Banquet, II, 9 (traduction F. Ollier) Bible Celui qui acquiert une femme a le principe de la fortune, une aide semblable à lui, une colonne d'appui. Faute de clôture le domaine est livré au pillage ; sans une femme l'homme gémit et va à la dérive. Ancien Testament, Ecclésiastique XXXVI, 24-25 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible Une montée sablonneuse sous les pas d'un vieillard : telle est une femme bavarde pour un homme tranquille. Ancien Testament, EcclésiastiqueXXV, 20 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible À la femme, il dit : « Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils. Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi. » Ancien Testament, Genèse III, 16 Dieu Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. Ancien Testament, Genèse II, 24 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible Gargouille qui ne cesse de couler, un jour de pluie, et femme acariâtre sont pareilles ! Ancien Testament, Livre des Proverbes XXVII, 15 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible Une femme parfaite, qui la trouvera ? Elle a bien plus de prix que les perles. Ancien Testament, Livre des Proverbes XXXI, 10 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible Un anneau d'or au groin d'un pourceau : une femme belle, mais dépourvue de tact. Ancien Testament, Livre des Proverbes XI, 22 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Talmud Descends d'un degré pour choisir une femme ; monte d'un degré pour choisir un ami. Talmud, Yébamot, 63a Caius Julius Caesar, en français Jules César Rome 100 ou 101-Rome 44 avant J.-C. La femme de César ne doit pas être soupçonnée. Commentaire Réponse, attribuée à César, pour justifier le renvoi de son épouse, compromise par un jeune patricien. Djalal al-Din Rumi Balkh, Khorasan, 1207-Konya, dans le pays de Rum, 1273 La femme est le rayon de la lumière divine. Mathnawi Federico García Lorca Fuente Vaqueros 1898-Víznar 1936 Les femmes, à l'église, ne doivent regarder d'autre homme que le célébrant, et encore parce qu'il a des jupes. Las mujeres en la iglesia no deben de mirar más hombre que al oficiante, y ése porque tiene faldas. La casa de Bernarda Alba Frigyes Karinthy Budapest 1887-Siófok 1938 Comment l'homme et la femme pourraient-ils se comprendre ? car en fait tous deux souhaitent des choses différentes : l'homme, la femme ; et la femme, l'homme. Capillaria Joseph Rudyard Kipling Bombay 1865-Londres 1936 La femme la plus sotte peut mener un homme intelligent ; mais il faut qu'une femme soit bien adroite pour mener un imbécile. The silliest woman can manage a clever man ; but it needs a very clever woman to manage a fool. Simples Contes des collines Félix Lope de Vega Carpio Madrid 1562-Madrid 1635 Mettre un frein à la femme, c'est mettre une limite à la mer. Poner freno a la mujer es poner limite al mar. La dama boba, III, 4 Félix Lope de Vega Carpio Madrid 1562-Madrid 1635 Il n'est femme qui reste honnête si elle voit qu'on pense qu'elle ne l'est pas. Que no hay mujer que sea buena si ve que piensan que es mala. El remedio en la desdicha, I, 8 Martin Luther Eisleben, Thuringe, 1483-Eisleben, Thuringe, 1546 Qui n'aime point le vin, les femmes ni les chants, Restera un sot toute sa vie durant. Wer nicht liebt Wein, Weib und Gesang, Der bleibt ein Narr sein Lebelang. Commentaire Ces d ● femme adjectif Être (très) femme, avoir toutes les qualités, les caractéristiques attribuées spécifiquement aux femmes. ● femme (expressions) nom féminin (latin femina) Cherchez la femme, pour comprendre une situation complexe ou la conduite d'un homme, cherchez le mobile passionnel. Être femme à, être capable de : Elle n'est pas femme à se laisser faire. Faire femme, avoir ou donner l'apparence d'une femme déjà mûre, établie, sans la fantaisie de la jeunesse. Herbe aux femmes battues, nom usuel du tamier. Prendre femme, prendre quelqu'un pour femme, se marier (avec quelqu'un), en parlant d'un homme. ● femme (expressions) adjectif Être (très) femme, avoir toutes les qualités, les caractéristiques attribuées spécifiquement aux femmes.
femme
n. f.
rI./r être humain du sexe féminin, qui peut mettre au monde des enfants.
d1./d La femme, dans ce qu'elle a de spécifique, qui l'oppose à l'homme. Psychologie de la femme. Aliénation, émancipation de la femme.
|| (Attribut) être femme, féminine (sens 3).
d2./d Personne adulte de sexe féminin. Syn. (Polynésie fr.) vahine.
d3./d Vieilli Bonne femme: femme simple, assez âgée.
|| Loc. mod. Conte, remède de bonne femme, transmis par une tradition populaire naïve.
|| Mod., Fam. Bonne femme: femme (avec une intention péjorative ou affective).
d4./d (Avec un comp. de nom.) - (Pour indiquer certaines aptitudes.) Femme de tête. Femme d'esprit.
— Femme d'intérieur, qui aime et sait diriger son ménage.
— (Pour indiquer la condition sociale, la profession, etc.) Femme du peuple, du monde. Femme au foyer. Femme de lettres.
— Femme de ménage: personne rétribuée pour faire le ménage dans une maison. Syn. (Belgique) femme à journée, femme d'ouvrage, (Luxembourg) femme de charge, (Afr. subsah.) ménagère, (Madag.) ramatou.
— Femme de chambre: employée attachée au service particulier d'une dame ou chargée du service des chambres dans un hôtel.
|| (Afr. subsah.) Femme libre: femme célibataire; par ext., péjor. femme facile.
|| (Djibouti) Femme publique, qui participe à la vie politique.
|| (Avec, en appos., un nom de métier qui n'a pas de féminin marqué.) Femme peintre, sculpteur, médecin, ingénieur.
— (En appos.) Un professeur femme.
rII./r épouse. La femme de Jean. Il y est allé avec sa femme.
|| En Afrique, le terme s'étend, par plaisanterie, aux soeurs et cousines de l'épouse, ainsi qu'aux petites-filles et petites-nièces.
⇒FEMME, subst. fém.
I.— Être humain de sexe féminin.
— [En emploi générique ou attributif] :
• 1. Selon Adler, l'enfant se représente ce rapport d'infériorité à supériorité selon le double schéma : faiblesse, infériorité, petitesse, bas égal féminin, force, supériorité, grandeur, haut égal masculin. Tout garçon cherche à s'élever à la masculinité. Toute fillette et toute femme, sans qu'il faille parler pour autant d'hermaphrodisme, éprouve un sentiment d'infériorité du fait même qu'elle est femme. Cette aspiration générale au pôle viril conçu psychiquement (et non génitalement) comme le pôle de la supériorité, constitue la « protestation virile ». L'enfant aspire « vers le haut » à rejoindre les adultes, et plus précisément son père.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 597.
— BIOL. Seul représentant femelle de la famille des Hominiens dans l'Ordre des Mammifères primates, par opposition à son homologue mâle, l'homme.
— [En emploi spécifique ou référentiel — toujours avec le sème « adulte »] :
• 2. « Vous, souffleter Girardin? disait une femme à Bergeron. Vous êtes tous des lâches, les républicains! ... Mais vous ne donneriez pas seulement un lavement à un lapin! » Bergeron revient, lui dit que c'est fait : « Eh bien, qu'est-ce que ça me fait? » lui dit la femme... cette femme était la Femme!
GONCOURT, Journal, 1865, p. 160.
Rem. Dans la lang. cour., femme signifie gén. « être humain du sexe féminin, adulte ». Sens zool. strict presque exclusivement dans la lang. sc. L'une des gloires de la Société, c'est d'avoir créé la femme là ou la Nature a fait une femelle (BALZAC, Secrets Cadigan, 1839, p. 320).
A.— [En tant qu'entité physique]
1. [La femme (adulte) du point de vue de ses caractères anatomiques, physiques] Première leçon d'anatomie. Remarqué combien le cervelet de la femme diffère du cervelet de l'homme (MICHELET, Journal, 1859, p. 464).
SYNT. Anatomie, formes de la femme; épaule, gorge, poitrine, cuisse, fesses de femme; femme bien/mal faite, femme forte, ronde, grasse, plantureuse; femme maigre, sèche, osseuse; femme élancée; grande, petite, grosse femme.
— [En position d'attribut; p. réf. à la faiblesse physique traditionnellement prêtée à la femme (cf. la notion de sexe faible p. oppos. à celle de sexe fort)] Être femme. Ne pas être douée d'une grande force physique (par opposition à l'homme). Vous êtes homme, et je suis femme; la force est de votre côté (MUSSET, Chandelier, 1840, I, 1, p. 13) :
• 3. ... ma vocation ne me commandait pas de m'attaquer aux vivants (...) parce que j'étais femme, et qu'un sexe ne combattant pas contre l'autre à armes égales, l'homme qui insulte une femme commet une lâcheté gratuite, tandis que la femme qui blesse un homme la première, ne pouvant lui en rendre raison, abuse de l'impunité.
SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 203.
— [P. réf. à l'image physique idéale que l'homme a de la femme] Vu, en passant, les photographies de femmes, grassouillettes et impudiques; comparé, en esprit, aux formes virginales d'une vraie femme (MICHELET, Journal, 1857, p. 322).
Rem. Femme-canon, subst. fém., ds le domaine du cirque. Femme douée de qualités athlétiques peu communes et dont le rôle consiste à supporter, sur ses épaules, un canon dont la charge est ensuite allumée. Une matrone blanche et blonde, énorme, engagée à tant le kilo pour jouer le rôle de la Femme-Canon, halète (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 196).
— [La femme du point de vue de la diversité de son aspect selon le type racial ou physique, l'apparence extérieure, l'allure] :
• 4. ... il y a des femmes dont les yeux sont comme des morceaux de sucre,
il y a des femmes graves comme les mouvements de l'amour qu'on ne surprend pas,
il y a des femmes au visage pâle,
d'autres comme le ciel à la veille du vent.
Petite table dorée des jours de fête,
il y a des femmes de bois vert et sombre
celles qui pleurent,
de bois sombre et vert :
celles qui rient.
Petite table trop basse ou trop haute.
Il y a des femmes grasses
avec des ombres légères...
ÉLUARD, Capitale douleur, 1926, pp. 58-59.
♦ Femme noire comme de l'ébène, femme blanche comme de l'ivoire, femme créole, femme métisse; femme du Nord, d'Arabie, d'Orient; femme de type nordique, méditerranéen, gitan. Ce qui fait défaut pourtant, ce sont les femmes chinoises aux cheveux laqués, trébuchant sur leurs moignons enveloppés de feutre (MORAND, New-York, 1930, p. 79). Des yeux de femme russe (vert clair, dilatés à la limite) (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1328) :
• 5. ... un violoneux jouait un air que chantait une femme brune, de type gitan, avec une robe de foulard et un fichu rouge; de grandes boucles noires autour d'un visage plus étrange que beau.
ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 106.
♦ Beauté d'une femme (cf. le beau sexe). Femme d'une grande beauté, d'une beauté éclatante, éblouissante; femme belle, superbe, admirable; jolie femme; vilaine femme. — Ne disons pas de mal des femmes laides, — dit Franchemont. — Quand une femme laide est jolie, elle est charmante! (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 196).
♦ Distinction, élégance, charme, coquetterie d'une femme; toilette, robe, linge, décolletage de femme; femme de grande classe; femme distinguée, élégante, charmante, coquette, gracieuse, ravissante, séduisante; femme majestueuse, effacée, ordinaire; femme bien/mal habillée; femme parée, décolletée. — Tant de femmes s'enlaidissent en suivant la mode! dit la Thévenin. On devrait s'habiller selon sa forme (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 125).
♦ Femme aux cheveux blonds, châtains, bruns, noirs, roux, gris, blancs; femme aux cheveux dénoués, flottants; femme aux cheveux teints; femme aux cheveux longs, courts; femme blonde, châtaine, (très) brune, rousse; femme dépeignée; femme aux yeux noirs, verts.
♦ Femme maquillée; femme qui se farde. Femmes parées, fardées et pâles (FAURE, Hist. art, 1912, p. 221). Elle se met du rouge aux lèvres et parle avec la grimace des femmes qui se remaquillent (COCTEAU, Par. terr., 1938, II, 12, p. 266).
♦ [P. réf. au charme physique et gestuel de la femme, à la grâce de sa parure et de ses manières, à sa volonté de plaire... considérés comme des caractères spécifiques] La tatan Mariou. (...) elle est maigre et assez gracieuse, elle est femme (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 12) :
• 6. L'homme ici a son état, la belle forêt qu'il comprend, la camaraderie, les discussions d'esthétique. La femme n'a rien que son ménage et les fumiers. Elle ne peut être femme, je veux dire élégante et coquette.
TAINE, Notes Paris, 1867, p. 244.
P. méton., en emploi adj. Elle s'assit pour coudre une petite dentelle (...) à sa blouse de travail, cette blouse noire qu'elle finissait par trouver trop garçonnière, pas assez femme (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 32).
Rem. Femme-enfant, subst. fém. Femme ayant gardé la grâce fraîche et rayonnante de l'enfance. Un regard de jeune fille levé vers le sien lui rappela tout à coup sa rencontre du bois, cette grâce radieuse de femme-enfant, dont le souvenir l'avait poursuivi pendant des mois (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 238). Cf. infra I B 2 k.
♦ Proverbe. La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a :
• 7. On dit communément : « la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a »; ce qui est très faux : elle donne précisément ce qu'on croit recevoir, puisqu'en ce genre c'est l'imagination qui fait le prix de ce qu'on reçoit.
CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 63.
— [La femme considérée sous le rapport de l'âge]
♦ Femme jeune, femme encore jeune.
Jeune femme. Femme jeune (célibataire ou mariée). Une jeune femme de vingt ans, une fille du peuple, large et forte (...) son corps frais et gras blanchissait avec des douceurs de teinte d'une grande délicatesse (ZOLA, T. Raquin, 1867, p. 84).
♦ Femme adulte, mûre. Laure n'était plus alors une très jeune fille, mais une femme accomplie. Il y avait dans tout son être une plénitude, une harmonie singulières (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 136).
♦ Femme d'un certain âge, vieillissante, âgée.
♦ [P. oppos. à enfant, fille, jeune fille...] Femme adulte (célibataire ou mariée). L'enfant devient jeune fille, la jeune fille devient grande fille, la grande fille devient femme (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 488).
[En parlant d'une jeune fille] Devenir une femme. Prendre, en se développant physiquement, le corps et les formes d'une femme adulte. Être (presque) une femme. « Viol et assassinat que nous allons constater tout à l'heure. Cette fillette est d'ailleurs presque une femme, voyez sa gorge ». Les deux seins, assez forts déjà, s'affaissaient sur sa poitrine, amollis par la mort (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1024).
2. [La femme sous le rapport de la physiologie; la femme en tant qu'être sexué] Organes sexuels de la femme; femme pubère. Après l'extirpation des ovaires les femmes deviennent apathiques, et perdent une partie de leur activité intellectuelle ou de leur sens moral (CARREL, L'Homme, 1935, p. 168). La période d'activité génitale de la femme est caractérisée par la succession régulière de cycles menstruels qui apparaissent à la puberté, cessent à la ménopause et peuvent être interrompus par la grossesse ou la lactation (QUILLET Méd. 1965, p. 482).
— Femme à barbe. Femme souffrant de virilisme pilaire.
— [P. oppos. à enfant, fillette, fille, etc.] Être humain du sexe féminin qui est nubile. « Tu me feras tout ce qu'on peut faire à une femme sans lui faire d'enfant ». Voici — du moins, Robin le croit — tout le thème des pensées de la jeune fille devenue femme et qui ne voit pas d'homme (GONCOURT, Journal, 1882, p. 172).
♦ Être femme; ne pas encore être femme; être presque femme; être tout à fait femme. On me consulta lorsqu'elle avait douze ans. Je constatai qu'elle était femme déjà et harcelée sans repos par des désirs d'amour (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Enf., 1883, p. 396).
— [P. réf. à la vie génitale perçue comme étant l'essence de la féminité, la ménopause en représentant le terme] Être encore une femme. Oh! je suis encore une femme, je saigne encore chaque mois, rien n'est changé (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 78).
— [La femme au plan de l'instinct sexuel en tant qu'il cherche à se satisfaire dans l'accouplement] :
• 8. Lorsque Madeleine s'était oubliée dans les bras de Jacques, sa chair vierge avait pris l'empreinte ineffaçable du jeune homme. Il y eut alors mariage intime, indestructible. Elle se trouvait en pleine sève, à cet âge où l'organisme de la femme se mûrit et se féconde au contact de l'homme...
ZOLA, M. Férat, 1868, p. 179.
— [P. réf. à la sexualité considérée comme étant l'essence de la féminité] Être du sexe féminin sexuellement adulte; être du sexe féminin dont la sexualité est en éveil, qui a une propension à l'amour, du tempérament. Être, se sentir femme.
♦ En emploi adj. La femme très femme, et très (...) chatte (NOUVEAU, Valentines, 1886, p. 166).
— [En position d'attribut; p. oppos. à jeune fille] Être femme. Avoir eu des relations sexuelles, ne plus être vierge. Devenir femme.
♦ En emploi adj. Soi-disant jeune fille, et femme. Soi-disant bien élevée, et voyageant avec un amant. Soi-disant catholique, et acceptant de se passer de l'église pour son mariage. Soi-disant honnête, et prête à tuer (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1363).
— Femme frigide; frigidité chez la femme. Si nous disions le centième des rêves que fait un honnête homme, ou des étranges ardeurs qui passent dans le corps d'une femme chaste, on crierait au scandale (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1299). Savez-vous que les femmes insensibles et froides sont plus dangereuses que les autres, parce que la neige et la flamme ont sur la chair le même effet? (ACHARD, Voulez-vous jouer, 1924, I, 3, p. 98).
— Femme sensuelle; femme qui a du tempérament, du sex-appeal; du chien (fam.); femme qui a le feu au cul/ au derrière (vulg.).
Rem. V. également infra I C 3.
— [La femme en tant qu'être humain du sexe féminin qui élabore les ovules, conçoit et enfante, p. oppos. à l'homme, être humain du sexe masculin qui féconde les ovules ou procrée] Tout est égal entre les époux, ce qu'ils ignorent, ils l'acceptent l'un de l'autre dans la foi. Voici la religion mutuelle, voici cette servitude par qui le sein de la femme se gonfle de lait! (CLAUDEL, Annonce, 1912, I, 3, p. 39). Est-ce qu'on ne sortait pas tous de la même souche, d'un homme et d'une femme qui s'étaient unis l'un à l'autre (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 65).
♦ Femme féconde, stérile; fécondité de la femme; homme qui féconde une femme; homme qui rend une femme mère d'un (ou plusieurs) enfant(s). Des avortons, semblables à ces femmes infécondes, qui font tous leurs efforts pour avoir un héritier, et qui n'ont plus ensuite que des fausses couches (MARAT, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p. 284).
♦ Instinct maternel de la femme; maternité, grossesse de la femme; femme enceinte, grosse; ventre de femme grosse; femme sur le point d'être mère. Envie, fantaisie, appétit de femme enceinte, grosse. Qu'est-ce que la grossesse? On désigne sous ce nom l'état d'une femme qui a conçu, et qui porte en elle le produit de la conception (BAUDELOCQUE, Art accouc., 1812, p. 89). Un prétendu vol de 6.000 francs de dentelles dans un magasin par Mme Feydeau, sauvée par Baroche (...) qui aurait fait rendre les dentelles, en mettant le vol sur le compte d'une envie de femme grosse (GONCOURT, Journal, 1868, p. 419). Une torpeur vague et puissante, l'obscure joie de la grappe pleine, de l'épi gonflé, de la femme enceinte qui couve son fruit mûr (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1565).
♦ Femme en mal d'enfant; accouchement d'une femme; femme qui accouche (d'une fille/d'un garçon); femme qui aait un (ou des) enfant(s); femme qui enfante, qui donne le jour à un (ou plusieurs) enfant(s); femme qui fait une fausse couche; femme qui allaite/nourrit, berce son enfant :
• 9. Ah! mon cher, songe donc! Onze ans de grossesses pour une femme comme ça! Quel enfer! C'est toute la jeunesse, toute la beauté, toute l'espérance de succès, tout l'idéal poétique de vie brillante, qu'un sacrifice à cette abominable loi de la reproduction qui fait de la femme normale une simple machine à pondre des êtres.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Inutile beauté, 1890, p. 1156.
♦ Femme qui ne veut pas d'enfants; femme sans mari et sans fils; femme sans enfant. La jeune Mme Mercy et Mme Mailly de Nesle avaient très carrément déclaré à leurs maris qu'elles ne voulaient pas d'enfants, parce que la grossesse déforme un corps de femme (GONCOURT, Journal, 1884, p. 365).
♦ Vieilli ou littér. Le sein de la femme. La partie de l'organisme féminin (utérus, ventre, entrailles, flancs) dans laquelle la femme porte l'enfant qu'elle conçoit. Lorsqu'on nous envoie à la vie terrestre, n'est-ce pas dans le sein de la femme que nous faisons notre premier séjour? (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 193).
B.— [La femme en tant qu'entité psychique : la femme en tant qu'être humain que caractérise, dans le règne animal, au même titre que l'homme et par opposition aux autres animaux, son aptitude à la pensée, son esprit entendu comme le « principe de la vie psychique »] Un seul poète, selon moi, a compris ces charmants animaux, à savoir (...) Shakespeare. Les femmes sont pires ou meilleures que les hommes. Il en a fait des êtres extra-exaltés, mais jamais raisonnables (FLAUB., Corresp., 1859, p. 304).
1. [Au plan intellectuel] Intelligence, finesse, sottise des femmes; intuition, flair, habilité des femmes; femme (vraiment) intelligente, supérieure, remarquable, brillante, spirituelle; femme d'un esprit supérieur, femme d'esprit, femme bel esprit, femme éclairée, avisée, sensée; femme de (clair) bon sens, de bon conseil; femme (très) sotte; femme qui a de l'esprit en toute chose; femme qui a plus de jugement, d'intuition qu'un homme; femme qui possède un sens divinatoire; femme instruite, savante. L'ignorance d'une femme ferait frémir, si on pouvait la concevoir... on n'ose pas soulever le voile (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 265). Albertine s'était étonnamment développée. Ce qui m'était entièrement égal, les supériorités d'esprit d'une femme m'ayant toujours fort peu intéressé (PROUST, Prisonn., 1922, p. 17) :
• 10. On constate qu'il y a plus de grands hommes que de femmes exceptionnelles. À l'inverse, les asiles comptent aussi plus d'idiots que d'idiotes. Certains en concluent que l'intelligence de la femme serait en moyenne équivalente à celle de l'homme, mais qu'elle tendrait moins que lui aux extrêmes, en bon et en mauvais. C'est ce que sembleraient confirmer les courbes d'intelligence générale de Terman...
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 605.
— Femme de tête. Femme que caractérise une intelligence servie par une volonté ferme, à quoi s'ajoute souvent un réalisme aigu et un sens développé de ses intérêts (p. oppos. à femme de cœur, infra 3). Il y a beaucoup de finesse dans le nez et dans la bouche et au total ce buste me donne bien l'idée d'une femme de tête et qui a de la pénétration et de l'adresse jointes à beaucoup de fermeté (DELÉCLUZE, Journal, 1824, p. 26). Lucie était une femme de tête, elle voyait loin; si elle avait pris en main les intérêts d'Henri (...) c'était pour s'attacher un allié utile (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 472).
— [P. réf. à l'intuition considérée comme une qualité spécifiquement féminine]
♦ [En position d'attribut] :
• 11. On n'est pas membre de l'Institut sans fréquenter la société. Voyez, jugez, comparez. Une femme sensée ne vous refusera pas sa main. Je suis femme, monsieur : mon instinct ne me trompe pas; il y a quelque chose là qui me dit que vous trouverez le bonheur dans le mariage.
FRANCE, Bonnard, 1881, p. 452.
♦ En emploi. adj. Mais il y a des indices qui ne trompent pas une femme aussi femme que moi, même si elle est restée vieille fille. Il y a un fantôme de femme, un fantôme de très jeune femme qui circule dans la maison (COCTEAU, Par. terr., 1938, I, 2, p. 196).
— [P. réf. à des qualités ou des défauts d'esprit gén. prêtés aux femmes] En emploi adj. Je suis excessivement femme pour l'ignorance, l'inconséquence des idées, le défaut absolu de logique (SAND, Corresp., t. 1, 1833, p. 250). Renaud, soucieux du détail, et d'esprit plus femme que moi, s'est ingénié, fureteur, à compléter un ensemble sans trou ni tare (COLETTE, Cl. en ménage, 1902, p. 77).
2. [Au plan du caractère] M. Henriot, à toute occasion, se gaussait de ce qu'il nommait les lubies des femmes, « ces êtres tombés de la lune, où cloche toujours quelque chose » (ARLAND, Ordre, 1929, p. 78) :
• 12. ... le mensonge est souvent un trait de caractère; d'autre part, chez des femmes qui ne seraient pas sans cela menteuses, il est une défense naturelle, improvisée, puis de mieux en mieux organisée, contre ce danger subit et qui serait capable de détruire toute vie : l'amour.
PROUST, Fugit., 1922, p. 615.
a) Caractère d'une femme; femme de caractère, à grand caractère, d'un caractère décidé, violent; femme à l'esprit ferme, d'une volonté ferme; femme résolue, bien trempée moralement; femme sûre d'elle-même, maîtresse d'elle-même.
— Maîtresse femme. Femme d'un caractère énergique, d'une volonté ferme, voire autoritaire, qui sait s'imposer et se faire obéir :
• 13. C'est « une maîtresse femme », elle garde le gouvernement des affaires, elle refuse de les communiquer à son père, elle lui tient tête; elle le conduit, le retient comme un enfant prodigue; elle a l'accent vibrant de la volonté tendue...
TAINE, Notes Paris, 1867, p. 209.
b) Femme extraordinaire. Ma mère est une femme admirable, la seule personne au monde qui me donne parfois envie de me jeter à genoux (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 21). Une femme exceptionnelle — moralement — oui : les qualités morales les plus hautes, une femme supérieure (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 909).
c) Femme effacée, soumise/despotique; femme distante, hautaine; femme loyale; femme digne, respectable; noble femme. Continuez d'être la femme fière, grande, calme, indignée, courageuse. Votre attitude, au milieu de ces hontes, est l'honneur de votre sexe et suffit pour consoler les âmes honnêtes (HUGO, Corresp., 1853, p. 143) :
• 14. Les femmes peuvent là se faire, à volonté, méprisantes jusqu'à l'insulte, humbles jusqu'à l'esclavage de l'Orient. Valérie fut plus qu'une femme, elle fut le serpent fait femme...
BALZAC, Cous. Bette, 1846, pp. 217-218.
d) Femme bavarde (comme une pie). Ne dit-on point que les femmes sont curieuses? (CLAUDEL, Violaine, 1901, I, p. 579). C'est un endroit à potins d'hommes, car les hommes sont aussi concierges que les femmes (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 63).
— [En position d'attribut] Elle devenait curieuse et bavarde, femme en un mot (ZOLA, T. Raquin, 1867, p. 97) :
• 15. Ne jamais parler! elle y tâchait. Mais elle était femme, un être dont les sentiments, les sensations, l'impressionnabilité d'enfant, bon gré, mal gré, jaillissent au dehors en une loquacité gazouillante, un verbe diffus, des paroles, beaucoup de paroles.
E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 181.
e) Femme acariâtre. Elle me met en garde contre la mercière, qui est une méchante femme et dit du mal de tout le monde... une vraie peste, quoi! (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 61). Il m'a dit que j'étais une femme insupportable, odieuse, qu'il ne comprenait pas comment tu avais pu vivre si longtemps avec moi (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, II, 4, p. 16).
f) Femme faible (moralement); faiblesse de la femme; la femme est un être/une créature faible. Cf. le sexe faible. Car je suis une faible femme, Je n'ai su qu'aimer et souffrir (DESB.-VALM., Élégies, 1833, p. 264) :
• 16. ÉLECTRE. — Je sais qu'on a beaucoup de droits dans la confrérie des femmes. Si vous payez le droit d'entrée, qui est lourd, qui est d'admettre que les femmes sont faibles, menteuses, basses, vous avez le droit général de faiblesse, de mensonge, de bassesse. Le malheur est que les femmes sont fortes, loyales, nobles. Alors tu te trompes. Tu n'avais le droit d'aimer que mon père.
GIRAUDOUX, Électre, 1937, II, 5, p. 152.
— [P. réf. à la faiblesse traditionnellement prêtée à la femme]
♦ [Le suj. désigne une femme] N'être qu'une femme. N'être qu'une créature faible et impuissante devant la vie, les réalités, ses propres sentiments, etc. Mais elle n'était qu'une femme. Cette folie, cette méchanceté des hommes, contre quoi l'on ne peut rien, pas plus que contre la grêle, les orages (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 261).
♦ [Le suj. désigne un homme]
Péj. [À la forme affirmative] Être une femme :
• 17. Guillaume sentit alors combien il était possédé par Madeleine. Dès les premiers jours de leur liaison, elle l'avait fatalement dominé, par son tempérament plus fort, plus riche de sang. Comme il le disait autrefois avec un sourire, il était la femme dans le ménage, l'être faible qui obéit, qui subit les influences de chair et d'esprit.
ZOLA, M. Férat, 1868, p. 267.
Mélioratif. [À la forme négative et par antiphrase] Ne pas être une femme. Ne pas avoir la faiblesse d'esprit et de caractère généralement prêtée à la femme. Ça n'était pas une femme, Tournefier, mais un gaillard de bon jugement, un homme solide et bien résous. De l'avoir vu ainsi troublé, Raboliot demeurait perclus (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 164).
g) Femme forte; force, (toute-)puissance de la femme, femme sans faiblesse; femme courageuse. Tout indiquait en elle la femme raisonnable, sans charme, mais aussi sans faiblesse (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 334). Ces femmes virilisées qui n'ont d'autre but que leur réalisation intérieure et leur ambition (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 246).
Rem. La femme forte des Écritures. Infra II.
h) Femme de calcul; femme économe. — Dites que je vous aime pour votre argent! (...) Je suis une femme d'argent, n'est-ce pas? Eh bien! Oui, je suis une femme d'argent, parce que je suis une femme raisonnable (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 283). Je l'interrogeai sur sa fortune. Elle en parla aussitôt en femme pratique, sûre d'elle, sûre des chiffres, des titres, des revenus, des intérêts et des placements (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Divorce, 1888, p. 1100). Les grands mystiques (...) ont généralement été des hommes ou des femmes d'action, d'un bon sens supérieur (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 259).
i) Femme de devoir. À défaut des joies de la bonté qui vous sont peut-être provisoirement refusées, répondait le père, vous aurez celles d'être une femme de devoir (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 214).
j) [P. réf. à différents aspects de l'image psychol. stéréotypée de la femme]
— [En position d'attribut] Être femme
♦ [Le suj. désigne une femme] :
• 18. Mais Colette était trop fine pour ne pas sentir qu'avec lui toutes ses grâces étaient perdues, et trop souple pour ne pas s'adapter instantanément aux façons de Christophe. Elle n'avait même pas besoin de s'appliquer pour cela. C'était un instinct de sa nature. Elle était femme. Elle était une onde sans forme. Toutes les âmes qu'elle rencontrait lui étaient comme des vases, dont, par curiosité, par besoin, sur-le-champ, elle épousait les formes.
ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 733.
En emploi adj. :
• 19. ... ce ne sont pas du tout les filles en maison des autres pays. Elles sont plus libres, plus considérées, du fait qu'on sort avec elles et qu'on les présente à ses amis. Elles sont aussi plus femmes, charmantes, pleines d'attention, obéissantes. On ne s'ennuie pas trop avec elles.
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 150.
♦ [Le suj. désigne un homme] :
• 20. La cruauté est partout dans Racine. (...) Et ses femmes sont naturellement plus cruelles que ses hommes, ce qui n'est pas peu dire. Ou pour aller plus profondément peut-être, ses hommes sont femmes, ils ont tous souffert de la contamination féminine, de quelque contamination féminine. Ils sont tous dévirilisés, et c'est la cruauté féminine même que l'on retrouve en eux.
PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 777.
— Péj. [Le suj. désigne un homme] Être une vraie femme. Être efféminé dans son caractère, son comportement, sa façon de vivre :
• 21. ... ce qu'il reprochait surtout aux jeunes gens d'aujourd'hui, c'était d'être trop efféminés. « Ce sont de vraies femmes », disait-il avec mépris. Mais quelle vie n'eût semblé efféminée auprès de celle qu'il voulait que menât un homme, et qu'il ne trouvait jamais assez énergique et virile?
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 762.
k) Loc. verb.
— [À la forme négative] Ne pas être femme à + inf. Ne pas avoir pour trait de caractère de..., ne pas avoir pour comportement habituel de... Elle me dit :« Je ne suis pas femme à me disputer étape par étape. Si tu l'exiges, je me suis promise, mais ce serait plus joli d'en rester là ... » (BARRÈS, Cahiers, t. 3, 1903-04, p. 89).
— [À la forme affirmative] Être femme à + inf. Être tout à fait capable de...Trois crimes étaient un salaire assurément inusité; mais elle était digne de le recevoir puisqu'elle était femme à l'exiger, et il se promit de continuer l'aventure (, Aphrodite, 1896, p. 78).
Rem. Femme-enfant, subst. fém. Femme qui a ou semble avoir conservé un ou plusieurs trait(s) du caractère des enfants. Avec cela le charme insigne D'un frais sourire triomphant Eclos dans des candeurs de cygne Et des rougeurs de femme-enfant (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Bonne chans., 1870, p. 107). Cf. supra I A 1.
l) Proverbe, allus. littér. Ce que femme veut, Dieu le veut. Où sommes-nous? Dans le salon de Dennery. Ce que femme veut... Quelle intrigue, quelle volonté entêtée d'un caprice a forcé Dennery à nous inviter de façon que nous ne pouvions refuser! (GONCOURT, Journal, 1860, p. 716). Souvent femme varie, Bien fol est qui s'y fie (HUGO, Roi s'amuse, 1832, IV, 2).
3. [Au plan de l'affectivité, de l'émotivité] Il y a dans la femme une réserve plus grande d'émotion et d'effervescence disponible (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 312) :
• 22. La femme, du fait de sa nature physio-psychologique et de sa condition sociale, est plus tentée que l'homme par les comportements de soumission. Encore ne faut-il pas confondre cette infirmité de sa nature avec un besoin inépuisable et dévorant de se donner, qui en est souvent la magnifique contrepartie.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 507.
— Cœur de femme; camaraderie, douceur, tendresse, amour de femme; bonté, dévouement de la femme; femme sensible, sensitive; femme distante, insensible; femme aimable, charmante, douce, tendre, aimante; femme bonne, dévouée; femme sentimentale, pleurnicheuse; gentille, excellente femme; pleurer comme une femme.
♦ Bonne, brave femme. Mme D., une bien brave femme, et son mari un bien brave homme, pas fiers, pas riches, mais généreux (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Rouerie, 1882, p. 859). Bonne femme, maternelle, qui ne se moquait pas : tel était, peut-être, le secret de sa puissance (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 45).
— Femme de cœur. Femme dotée de grandes qualités de cœur (p. oppos. à femme de tête, supra) :
• 23. ... l'amour ne tracasse pas beaucoup les femmes de tête. Nous n'en vivons pas.
JESSICA. — Tandis que moi, j'en vis?
OLGA. — Comme toutes les femmes de cœur.
SARTRE, Mains sales, 1948, 5e tabl., 1, p. 178.
— Femme heureuse, malheureuse :
• 24. La femme rêve au bonheur, et y réfléchit, parce qu'elle ne l'a pas. Si l'homme souffre par la femme, il a tout le reste pour se consoler. Mais elle, quoi? Une femme ne peut jamais se réaliser complètement : elle dépend trop de l'homme. Aussi rêve-t-elle sans cesse à ce qui lui est impossible (...). Une femme attend toujours, avec espoir jusqu'à un certain âge, sans espoir au delà.
MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1008.
— [P. réf. à l'émotivité, à la sensibilité gén. prêtées à la femme; en position d'attribut] Être, (re)devenir femme. Dans les émotions de cette journée, la religieuse était redevenue femme. Elle avait pleuré, et elle tremblait (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 359).
♦ [Le suj. désigne un homme (ou un élément de la personnalité masculine)] Sera-ce vous déplaire que de vous faire remarquer combien vos réponses (...) sont pénibles (...) pour un poëte dont l'âme est femme, est nerveuse (BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 256).
— [P. réf. aux qualités de cœur et à l'altérocentrisme gén. prêtés à la femme] Être une femme, une vraie femme, v. la citat. sous altérocentrisme :
• 25. ... — C'est des femmes [les sœurs] qu'ça ne pense qu'à faire le bien. Et elles vous causent pas du bon Dieu, c'est pas vrai... elles vous donnent à boire à vot' soif. C'est des femmes... de vraies femmes... c' que doivent être des femmes.
BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 104.
♦ La vraie femme. La femme par excellence, le type idéal de la femme, rassemblant en elle toutes les qualités que l'on attend d'une femme :
• 26. ... « Tout est sauvé, une femme est avec nous ». — Et quelle femme! La vraie. Vous. Oui, vous êtes la vraie femme, parce que vous avez la beauté éclatante et le cœur attendri, parce que vous comprenez, parce que vous souriez, parce que vous aimez. Vous êtes la vraie femme, parce que vous êtes prophétesse et sœur de charité, parce que vous enseignez le devoir aux deux sexes, parce que vous savez dire aux hommes où ils doivent diriger leur âme et aux femmes où elles doivent mettre leur cœur.
HUGO, Corresp., 1853, p. 180.
♦ [En position d'attribut] Être femme. Elle fit ce qu'elle savait qu'il fallait faire, parce qu'elle était femme, et bonne, et maternelle. Elle prit l'enfant sur ses genoux (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 209).
[Le suj. désigne un homme] Tout penseur complet doit être femme par les côtés délicats du cœur (HUGO, Ruy Blas, 1838, p. 330).
♦ En emploi adj. [En parlant d'une femme ou d'un élément de sa personnalité] Les femmes sentent plus vivement que nous (...) celles qui sont le plus femmes sont tout sentiment (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 166).
[En parlant d'un homme ou d'un élément de sa personnalité] J'aimerais croire aux choses par quelqu'un et en quelqu'un; voyez-vous, j'avais la nature un peu femme; les choses en elles-mêmes j'ai peine à m'y fixer directement bien que j'y fasse des poussées (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 6, 1818-69, p. 96).
C.— [En tant qu'être social]
1. [La femme sous le rapport de son appartenance à la société et de son image soc.]
a) [La femme du point de vue du dogme et de la tradition judéo-chrét.] En condamnant la femme à enfanter avec douleur, Dieu lui a donné une force invincible contre la peine; mais en même temps, et en punition de sa faute, il l'a laissée foible contre le plaisir (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 286). La femme ne sera point l'esclave de l'homme; elle en sera la sœur, l'os de ses os, la chair de sa chair; partout où on la dégradera de ce rang, l'homme sera dégradé lui-même (LACORD., Conf. N.-D., 1848, p. 213).
♦ La première femme d'Adam. Lilith. La (première) femme. Ève. État de l'homme et de la femme avant le premier péché; séduction, tentation de la première femme par le serpent, le diable; faute, péché de la première femme. Le Moyen Âge est misogyne. (...) cette misogynie était d'origine chrétienne. (...) à tous les hommes de religion la femme est apparue comme l'incarnation continuée de l'Ève tentatrice et corruptrice (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 130).
Rem. La femme forte des Écritures. Infra II. La femme de Loth. Infra II. La femme adultère. Infra II.
— La femme céleste, divinisée. La Vierge Marie. À droite, la femme céleste (robe bleue), la Vierge, mais toute effacée par la douleur (MICHELET, Journal, 1837, p. 227).
— Les saintes femmes. ,,Groupe de pieuses femmes qui accompagnaient Jésus depuis son départ de la Galilée et « l'assistaient de leurs biens » (...) Elles assistèrent à la mort et à l'ensevelissement du Christ, vinrent visiter son tombeau le matin de Pâques et portèrent aux apôtres la nouvelle de sa résurrection`` (MARCEL 1938).
b) Femme de la (grande) société, femme du monde, femme (de la société) bourgeoise. Les femmes du peuple (...) ne sont nullement grossières, comme les hommes, et (...) éprouvent le besoin de délicatesse et de distinction (MICHELET, Peuple, 1846, p. 291). La femme prolétarienne condense les traits anciens et nouveaux du psychisme de classe. (...) elle doit choisir entre la satisfaction de besoins également vitaux (Traité sociol., 1968, p. 381).
— Emploi adj. Être très femme du monde. Très élégante, habillée avec goût, aimable, très femme du monde, elle recevait beaucoup et très bien (GYP, Souv. pte fille, 1927, p. 173).
— Réputation d'une femme. La réputation d'une femme tient à si peu de chose; la malignité est si habile à pénétrer, si prompte à publier ses découvertes, si disposée à les exagérer! (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1797).
— Femme d'honneur, de bien; femme comme il faut. Femme digne dont la conduite est irréprochable et qui jouit d'une excellente réputation. Lorsqu'on annonce un scandale, qui peut empêcher les femmes de bien d'y courir en grande toilette (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 169).
— Femme déclassée. Femme qui, du fait d'une conduite jugée inappropriée par la société, est considérée comme n'appartenant plus à sa classe sociale d'origine. Des femmes qui n'étaient que déclassées ont achevé de se perdre en flirtant, vers les cinq heures du soir, comme dans le monde, sur les dos-à-dos de cet honnête salon... (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 34).
c) Femme à la page, (toute) moderne, à la mode. La princesse est le type d'une femme toute moderne, la femme artiste (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1187).
d) Fam. Bonne femme. Femme simple (souvent d'un certain âge). C'est une bonne femme que l'on connaît, une vieille bonne femme, une bonne vieille paroissienne, une bonne femme de la paroisse, une vieille grandmère, une bonne paroissienne. Elle nous raconte les histoires de l'ancien temps, qui sont arrivées dans l'ancien temps (PÉGUY, Porche Myst., 1911, p. 175).
— En emploi adj. Une vieille dame de lettres, au demeurant assez bonne femme (MONTESQUIOU, Mém., t. 1, 1921, p. 12).
— Avec une connotation dépréc. fréq.
♦ [La dépréciation concerne le physique, la présentation, l'allure de la femme] C'était une grosse bonne femme aux seins sur la bedaine, aux joues molles, comme en suif rouge (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 9) :
• 27. ... il distinguait entre les « femmes », les « bonnes femmes », et les « vieilles bonnes femmes ». Mais dans la différence entre les « femmes » et les « bonnes femmes », la question d'âge n'intervenait presque pas. Telle personne de cinquante ans, pourvu qu'elle fût coquette, bien mise, qu'elle eût une certaine peau, un certain regard, un certain parfum, lui apparaissait sans hésitation comme une « femme »; et telle concierge de vingt-cinq ans de la rue de la Goutte-d'Or, qui balayait son vestibule, dépeignée, dépoitraillée, la robe poussiéreuse, l'œil habité par des pensées de ménage ou de hargne conjugale, était promue d'emblée au rang de « bonne femme ».
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 268.
♦ [La dépréciation est d'ordre intellectuel, mor.] Je tiens beaucoup, je le confesse, à ce que Madame de Matefelon s'en aille; parce qu'à la fin elle m'ennuie, cette bonne femme (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 152). La religion populaire, de bonne femme, si l'on peut dire, qui était celle de Péguy, le [Barrès] désorientait complètement (THARAUD, Pour fid. de Péguy, 1928, p. 88). Je demeure étonné du manque des notions les plus simples et des pratiques les plus élémentaires chez un homme [Degas] si intelligent, et d'ailleurs nourri aux lettres classiques. Il avait sur bien des points des idées de bonne femme (VALÉRY, Degas, 1936, p. 38).
Conte de bonne femme. Récit peu crédible. La religion était à ses yeux un conte de bonne femme, prolongé pendant des siècles, et la théologie un attrape-nigauds (L. DAUDET, Qd vivait mon père, 1940, p. 37).
Remède de bonne femme. Remède qui a son origine dans la tradition populaire. On essaye alors des remèdes de bonnes femmes : des mères Michel furent convoquées et on suivit leurs prescriptions (LOTI, Livre de la pitié, 1891, p. 135).
♦ [La dépréciation est d'ordre soc.] Bonne femme du peuple, de la campagne. Il (...) tira deux cigares de sa poche, en alluma un à la lanterne d'une bonne femme qui vendait de l'eau-de-vie et du café aux ouvriers (BALZAC, Fille yeux d'or, 1835, p. 387).
Vieilli. [Empl. comme terme de condescendance à l'adresse d'une femme de condition modeste] Ma bonne femme. Le baron : — Mais, ma bonne femme (...) — Je ne suis pas une bonne femme, monsieur, je suis concierge (BALZAC, Ferragus, 1833, p. 47).
♦ [Dans la bouche d'un homme, la dépréciation traduisant un sentiment misogyne] Quand j'ai à choisir entre un type et une bonne femme, c'est le type que je choisis (SARTRE, Mains sales, 1948, tabl. 4, 3, p. 137) :
• 28. Je crois que vous avez raison. Les femmes ne sont bonnes à rien.
— C'est déjà quelque chose de le dire (...)
— Ne soyez pas si dur!
— Je ne dis pas de mal des bonnes femmes, répliqua gaiement Christophe. Une bonne femme, c'est le paradis sur terre. Seulement, le paradis sur terre...
— Oui, personne ne l'a jamais vu.
ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 737.
Rem. On rencontre, dans le même emploi, l'expr. ma brave femme. — Mais, ma brave femme, je vous ai déjà dit que votre homme et cette borne, c'est la même chose... Je ne peux pas faire grouiller les pierres, que diable! ... Vous savez comment il finira, n'est-ce pas? (ZOLA, Terre, 1887, p. 411).
— [Empl. comme terme de sympathie ou d'affection (à l'adresse d'une fillette)] (Ma) petite bonne femme.
e) [Statut social de la femme] Statut (de vie) de la femme, problème des rapports de l'homme et de la femme; domination de la femme par l'homme, exploitation de la femme par l'homme; esclavage, asservissement, assujettissement des femmes; idée conventionnelle que les hommes se font de la femme; droits de la femme, amélioration du sort des femmes; libération, promotion de la femme; émancipation (juridique) de la femme (mariée); égalité (des droits) des hommes et des femmes, égalité des femmes et des hommes dans le mariage; accès des hommes et des femmes à toutes les fonctions dans des conditions égales; suffrage, vote des femmes; femme d'une autre génération, femme d'à-présent, femme nouvelle, femme libre; libérer la femme des tâches matérielles, considérer la femme comme responsable au même titre que l'homme, femme qui est la compagne et l'égale de l'homme. L'esclavage des noirs est aboli en Amérique; l'esclavage des blanches continue en Europe. Les lois sont faites par les hommes contre les femmes. Rien de plus odieux (HUGO, Corresp., 1870, p. 245). Il y a la soumission d'un sexe à l'autre; on devine des générations de femmes battues par les mâles et gourmandes de la force (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 102). Joussier n'osait lui interdire d'aimer qui lui plaisait. Ne professait-il pas, pour la femme, comme pour l'homme, le droit d'être libre? (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1283) :
• 29. Je ne regrettais certes pas d'être une femme; j'en tirais au contraire de grandes satisfactions. Mon éducation m'avait convaincue de l'infériorité intellectuelle de mon sexe, qu'admettaient beaucoup de mes congénères (...). Ce handicap donnait à mes réussites un éclat plus rare qu'à celles des étudiants mâles : il me suffisait de les égaler pour me sentir exceptionnelle; en fait, je n'en avais rencontré aucun qui m'eût étonnée; l'avenir m'était ouvert aussi largement qu'à eux...
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 295.
2. [La femme sous le rapport socio-professionnel]
— Femme qui travaille, qui est embauchée; femme qui a un salaire trop réduit, qui a des intérêts professionnels à défendre; femmes qui sont mêlées aux changements techniques et économiques; femme qui manœuvre une taraudeuse, qui fait huit heures de bureau par jour, qui est correspondant de guerre, qui est homme d'État. « ... Il est admis partout que la femme soit, à fatigue égale, moins payée que l'homme... » — « Pourquoi? » demanda-t-elle. — « Parce qu'on suppose qu'elle a un père, ou un mari, pour l'aider à vivre... » (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 370) :
• 30. Je pousse si loin le respect de l'individualité que je voudrais voir les femmes introduites pour une part dans le travail critique et scientifique, persuadé qu'elles y ouvriraient des aperçus nouveaux, que nous ne soupçonnons pas. Si nous sommes meilleurs critiques que les savants du XVIIe siècle, ce n'est pas que nous sachions davantage, mais c'est que nous voyons de plus fines choses. Eh bien, je suis persuadé que les femmes porteraient là leur individualité, et réfracteraient l'objet en couleurs nouvelles.
RENAN, Avenir sc., 1890, p. 524.
— Aptitudes (professionnelles) des femmes; irruption des femmes et des enfants dans les métiers d'hommes; participation des femmes au syndicalisme, présence des femmes dans les organisations syndicales. Division du travail selon le sexe. Cette division n'a souvent rien à voir avec les aptitudes innées des hommes et des femmes, mais est affaire de convention (LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 126).
— Métier qui est dévolu aux femmes, réservé aux femmes, exercé par des femmes :
• 31. — Présentement s'ouvrent aux femmes un certain nombre de carrières dans lesquelles je pourrais espérer réussir (...) mais ce sont des professions où le mieux que la femme puisse, c'est de faire oublier qu'elle n'est pas un homme. Ce que je voudrais c'est... enfin je cherche une situation qui ne puisse être occupée que par une femme (...). Je voudrais (...) inventer une carrière qui me permît d'aider les femmes en leur apprenant à se connaître, à prendre conscience de leur valeur.
GIDE, Geneviève, 1936, p. 1398.
— Femme qui veut faire sa propre vie par son travail; femme qui gagne sa vie (par son travail) et ne dépend de personne :
• 32. ... je tiens avant tout à être une femme qui gagne sa vie. Je veux que Jean-Paul ait pour mère une femme indépendante, une femme qui se soit assuré, par son travail, le droit de penser ce qui lui plaît, et d'agir selon ce qu'elle croit être bien...
MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 882.
— Femme maçon, terrassier, cantonnier. Aujourd'hui que je vous retrouve sous le vêtement d'une femme de travail, vous m'apparaissez plus admirable encore (RENAN, Drames philos., Append. Abbesse Jouarre, 1888, p. 668).
— Femme ingénieur, femme cosmonaute, femme-détective. Je connais des femmes médecins, apôtres, artistes, dit-il (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 335).
— Femme-patron. Elle se montrait d'habitude très exacte, en femme d'affaires qui sait le prix du temps (ZOLA, Argent, 1891, p. 224).
— Professeur femme; femme philosophe, chercheur. La secrétaire-dactylo, la vendeuse de grand magasin, pensait Marat, dépendent de l'arbitraire du patron ou du chef de rayon. La femme fonctionnaire, par contre, est protégée par son statut... (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 135).
— Femme(-)auteur, femme écrivain, femme poète. Jamais femme, je crois, ne laissa voir un si naturel mépris du succès et fut si peu femme de lettres (FRANCE, Vie littér., 1892, p. 144).
— Femme artiste, cinéaste, metteur en scène. Ne conclus pas, Adèle, que selon moi une femme peintre est une femme dépravée, mais seulement qu'elle perd sa réputation et s'attire la déconsidération du monde, eût-elle même une conduite irréprochable (HUGO, Lettres fiancée, 1822, p. 123, 124).
Rem. 1. Selon le cas, on rencontre le terme femme en premier ou second élément d'appos. ou de nom composé pour indiquer le genre fém. de professions pour lesquelles la lang. ne possède qu'un signifiant du genre masc. : femme maçon, femme-détective. Parmi ces appos. ou ces noms composés, certains sont réversibles (femme professeur, professeur femme), d'autres ne le sont pas (femme médecin); certains ont été créés pour éviter une ambiguïté (femme-patron/patronne). 2. ,,L'évolution sociale qui tend à la promotion de la femme dans la vie politique et professionnelle a introduit des formes de féminin pour de nombreuses fonctions : artisane, attachée, auditrice, aviatrice, championne, avocate, etc. Mais comme c'est aussi un fait social concomitant qu'une distinction demeure malgré l'égalité formellement acquise par les femmes, celles-ci tendent à revendiquer l'emploi du titre au masculin pour manifester l'égalité absolue : D'où le professeur Mme X, le docteur Mme Y, etc.`` (DUPRÉ 1972).
— [Dans certaines expr. du monde du travail, souvent avec une idée de subordination, voire de péjoration soc.]
♦ Femme de chambre. Domestique attachée au service personnel de la (ou des) femme(s) d'une famille, ainsi qu'au service intérieur de la maison. V. valet de chambre. Là, nous trouvons ma femme de chambre qui vient de faire ma chambre. J'entre dans la chambre jaune pour donner quelques ordres sans importance à cette domestique (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 38).
[Dans l'hôtellerie] Femme chargée du service intérieur de l'hôtel (service des chambres, du linge, etc.). Elle est lingère et femme de chambre aussi. Maria sursauta : femme de chambre? — Oui. Elle fait le troisième étage (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 151). En emploi adj., péj. En toutes circonstances, ce qu'il y avait là d'un peu femme de chambre m'eût choqué (BARRÈS, Jardin Bérén., 1891, p. 162).
♦ Femme de ménage. Employée chargée des travaux de nettoyage d'une maison, d'une collectivité, et le plus souvent payée à l'heure. Si on fait venir une femme de ménage, c'est pour vous gagner du temps; autrement, il n'y a qu'à faire son ménage soi-même (MONTHERL., Celles qu'on prend, 1950, p. 819). En dehors du personnel de service titulaire (...) les lycées peuvent employer (...) du personnel rétribué à l'heure, notamment des femmes de ménage (Encyclop. éduc., 1960, p. 330). Péj. À chaque instant, il nous vient à l'esprit des idées de concierges et de femmes de ménage (VALÉRY, Mauv. pens., 1942, p. 218).
♦ [Dans la lang. admin.] Femme de journée. Professionnelle chargée de travaux de nettoyage chez des particuliers et travaillant le plus souvent à la journée (cf. Mét. 1955).
♦ Femme de service. Employée assurant les travaux de nettoyage des locaux dans une école, une administration, une entreprise. Les vendeuses de magasin ont le droit de s'asseoir pendant les accalmies, les bonnes ont la chance d'avoir des légumes à éplucher; le métier de femme de service est plus actif (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 170).
♦ Femme de compagnie. Synon. rare de dame de compagnie.
♦ Vieilli
Femme de charge. Femme de confiance chargée, dans un intérieur, de travaux manuels, en particulier de l'entretien des vêtements et des objets précieux :
• 33. La cousine Bette occupait dans la maison Marneffe la position d'une parente qui aurait cumulé les fonctions de dame de compagnie et de femme de charge; mais elle ignorait les doubles humiliations qui, la plupart du temps, affligent les créatures assez malheureuses pour accepter ces positions ambiguës.
BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 148.
Femme d'ouvrage. Employée chargée des travaux domestiques ordinaires d'une maison. Il fallait s'occuper de découvrir une aide permanente, femme d'ouvrage ou bonne, avec une garde pour la nuit (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 285).
♦ Au plur. Domestiques, en particulier femmes de chambre attachées au service d'une femme de la noblesse, de la haute société. Le reste du temps il baguenauda, riant avec les femmes de madame, et surtout avec mademoiselle Cochet, la femme de chambre (BALZAC, Paysans, 1844, p. 46).
3. [En tant qu'être sexuellement et socialement complémentaire de l'homme]
a) [Indépendamment de toutes considérations matrimoniales] :
• 34. Vous ne connaissez pas les hommes! il n'y en a pas un (...) qui ne cache dans le repli le plus profond de son cœur, son fétiche, son idole, sa sainte! c'est une femme, ou plutôt l'image d'une femme, une mère, une sœur, une amie, une inconnue même; un être idéal et charmant, fait d'un souvenir ou d'un rêve, impossible si vous voulez, mais le seul auquel il croit, le seul qui ait toutes les vénérations, toutes les ardeurs...
PAILLERON, Étincelle, 1879, 9, p. 53.
• 35. Les voilà donc face à face, cet homme et cette femme, dans la nudité de leur personne physique et de leur personne morale, qui s'affrontent et s'étreignent, comme s'il n'y avait ni science, ni arts, ni progrès des lumières, ni adoucissement des mœurs. Conflit mystérieux parce qu'il n'est point régi par des lois, conflit farouche parce que la nature s'y montre avec son sérieux tragique!
BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 30.
— Vertu de la femme, coquetterie des femmes; odeur de femme passionnée. Femme normale, raisonnable, vertueuse, sage, sérieuse; femme libre, affranchie; femme frivole, légère, complaisante, facile, galante, libertine, dévergondée; femme désirable, séduisante, appétissante, aguicheuse, fatale; femme désirée, aimée, amoureuse, caressante, ardente; femme passive, soumise, asservie; femme séduite, possédée, trahie (par un homme); femme seule, restée fille, célibataire; femme réservée dans l'amour, femme au sein palpitant, femme mangeuse d'homme; femme de passade. Ce qu'elle a de particulier, c'est de n'avoir jamais voulu être une femme entretenue : c'était une brave petite prostituée, et elle n'a jamais essayé de monter en grade (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 839).
— Femme qui reste sage; femme qui aime un homme, se donne tout entière à un homme; rend un homme heureux, souffre par un homme; femme qui aime les hommes, fait des avances, s'offre, prend un amant, est la maîtresse d'un homme, baise, jouit, satisfait un homme, donne du plaisir aux hommes; femme qui entretient un homme. Touchante prescience des femmes qui aiment tant l'homme qu'elles devinent du premier coup ce qui fera le plus de plaisir à ce corps pourtant si différent du leur (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 167).
— Homme qui a du succès auprès des femmes, qui courtise, aime, désire, séduit, conquiert une femme, triomphe d'une femme; homme qui caresse une femme, fait l'amour/ couche avec une femme; homme qui déshonore une femme, devient l'amant de (telle) femme, collectionne les femmes; homme qui a une femme dans sa vie/dans la peau, qui entretient une femme, vit (en concubinage) avec une femme, fait un enfant à une femme; homme qui ne peut se passer/ manque de femmes, fuit les femmes; homme qui viole une femme; homme qui connaît, estime, respecte, méprise les femmes; homme et femme qui forment un couple, vivent ensemble (sans être mariés), se lassent l'un de l'autre, se renient :
• 36. Je ne suis pas une femme qu'on a, un corps imbécile auprès duquel vous trouvez votre plaisir en mentant comme aux enfants et aux malades. Vous savez beaucoup de choses, cher, mais peut-être mourrez-vous sans vous être aperçu qu'une femme est aussi un être humain.
MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 340.
— [La femme telle qu'elle est présentée ou telle qu'elle est perçue dans le cadre des phénomènes sociaux de la débauche et de la prostitution] Trafic, traite des femmes; hommes qui prostituent les femmes et les enfants; femme qui a mauvais genre, qui est une prostituée, qui est en maison, qui se vend (sur les trottoirs), qui fait métier de son corps. On a parlé à satiété de la prostitution des femmes, on n'a pas dit un mot sur celle des hommes. J'ai connu le supplice des filles de joie, et tout homme qui a aimé longtemps et qui voulait ne plus aimer l'a connu, etc. (FLAUB., Corresp., 1859, p. 352) :
• 37. — J'ai un petit; je ne sais pas qui c'est son père; j'ai été la femme de tout le monde, je me fais honte dans mon corps. Quand ma mère vient porter mon manger, je n'ose pas lui dire : « Je veux t'embrasser ». Je ne peux pas embrasser ma mère en me souvenant de ce que j'ai fait avec ma bouche. Je suis la dernière de toutes, je suis salie en dedans, je me suis servie de ma chair pour gagner des sous...
GIONO, Baumugnes, 1929, p. 180.
♦ Femme débauchée, dépravée; femme de mauvaise vie, de vie, de noce. Femme du dernier étage. Femme qui vit dans la débauche ou se livre à la prostitution. Des hommes (...) manœuvrés comme de pitoyables pantins par des femmes du dernier étage, des vases d'ignominie, laides, viles, avariées, mais chichiteuses (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1121).
♦ Femme de plaisir (cf. fille de joie); femme publique, vénale, pas chère; femme classée, en carte; femme de bordel, de maison close; femme à soldats. Prostituée. Attrait frelaté de ces femmes en carte, dont le défilé ininterrompu sur la voie publique semblait ordonné par les lois (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 45).
P. euphém. Femme de petite vertu. C'était un coureur qui avait mangé sa fortune avec de vilaines femmes (ZOLA, Nana, 1880, p. 1350). Les alcôves des filles (...) et les loges des petites femmes! Les petites femmes (...) autre loque de langage, la sale usure de ce terme avachi! (LORRAIN, Phocas, 1901, p. 101).
Au plur. Les femmes. Râfle de femmes. Et, en effet, c'est bien « les femmes » qui m'attirent et non « les dames » (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 179).
— [P. allus. littér. : HUGO, Les Chants du crépuscule, 14e pièce (début)] Oh! n'insultez jamais une femme qui tombe!
— Loc. Cherchez la femme. Si vous voulez connaître la motivation profonde des actes d'un homme, cherchez dans sa vie sentimentale, cherchez la femme dont il est épris. [Dans le même esprit] Fam. Il y a une femme là-dessous. Dis-moi ce qui se passe. Il y a une femme là-dessous, hein? Marius. — Eh bien... oui... (PAGNOL, Marius, 1931, II, 4, p. 128).
Rem. GILB. 1971 et GIRAUD-PAMART Nouv. 1974 enregistrent le composé fém. femme-objet que GILB. 1971 définit ainsi : ,,La femme en tant qu' « objet », ce mot étant pris soit au sens de la psychanalyse (cf. « objet » pulsionnel, sexuel, etc. ...) soit dans son sens courant : la femme réduite (par et pour elle-même, par et pour autrui, notamment un homme) à n'être qu'un objet, un bibelot, un jouet d'agrément, de luxe, de plaisir``. Cette peinture fait régner la femme-objet, courtisane ou poétesse, devenue spectacle (Monde, 2 janv. 1969 ds GILB. 1971). Ce qu'on appelle la femme-objet, miroir tantôt de l'érotisme, tantôt de la revendication féminine, tantôt de la détresse d'un sexe opprimé, et qui, de l'objet, possède les contours clos et la fonction utilitaire (L'Express, 12 oct. 1970, ibid.).
— En partic. [Les relations de la femme avec d'autres femmes dans le cadre de l'homosexualité] Union de deux (jeunes) femmes; femme qui est une homosexuelle qui s'ignore; femme que ses goûts portent vers les femmes, qui a des relations avec les autres femmes. Déjà un grand nombre de femmes n'ont de plaisir parfait qu'avec leur propre sexe (, Aphrodite, 1896, p. 106).
b) [Dans le cadre du mariage] Homme qui demande la main d'une femme, qui demande une femme. Homme qui demande une femme en mariage. Homme qui obtient la main d'une femme, qui obtient une femme; homme qui épouse une femme; femme qui se marie. Une femme se marie pour entrer dans le monde, un homme pour en sortir (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 52) :
• 38. Le seul destin acceptable pour une femme est le mariage heureux. Donc elle dépend de l'homme, et dès son jeune âge elle le sait. Si vrai soit-il qu'un adolescent souffre de son impuissance, jeune garçon il vit dans le présent, jeune homme il imagine l'avenir comme une matière qu'il sera seul à façonner. De cet avenir la jeune fille a peur. Le garçon sait que son avenir sera ce qu'il voudra; la jeune fille sait que son avenir sera ce qu'un homme voudra.
MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1006.
II.— Spéc. Personne de sexe féminin qui est mariée. Synon. épouse.
— [Le mot femme est en relation syntagm. avec un subst. ou un nom propre désignant le conjoint; en partic., le rapport d'appartenance créé par les liens du mariage entre les conjoints s'exprime par le recours à l'adj. poss. ou au compl. de nom]
♦ Poss. + femme. Homme qui aime, adore sa femme, prend sa femme dans ses bras, caresse sa femme, fait l'amour/couche avec sa femme, a un enfant de sa femme; homme qui trompe, insulte, brutalise, prive d'argent sa femme; homme qui quitte sa femme et ses enfants. Tu porteras mon nom, tu seras ma femme à moi, rien qu'à moi, je suis ton époux, ton seul époux! (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 165). Cette vieille affection invétérée que les maris portent à leurs femmes quand elles se sont résignées au rôle de douces et vertueuses compagnes (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 24) :
• 39. L'idée que tu étais ma femme et que cependant c'était d'autres que moi qui avaient le droit de t'approcher, me désolait. Oh! Il faut que ces contraintes soient bientôt brisées, il faut que ma femme soit ma femme et que notre mariage devienne enfin notre union. On dit que la solitude rend fou, et quelle solitude pire que le célibat?
HUGO, Lettres fiancée, 1822, p. 115.
Loc. interr. Voulez-vous être ma femme? Voulez-vous m'épouser?
Pop. Sa bonne femme. Sa femme. — Tiens! c'est vous! cria Mahoudeau, assis devant sa bonne femme, en train de fumer une pipe (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 68).
♦ Poss. + mari (ou époux). Femme qui aime son mari; femme que son mari néglige, trompe; femme qui trompe son mari. Ces cachettes mystérieuses ont été ménagées au temps jadis pour y murer des femmes qui trompaient leurs maris (COLETTE, Cl. à l'école, 1900, p. 80).
♦ La femme + de + subst. masc. (ou nom propre). Femme qui veut être la femme de (qqn), qui accepte d'être la femme de (qqn), qui consent à être la femme de (qqn), qui devient/est/reste la femme de (qqn); femme qui est la femme d'un triste mari; la femme d'un commandant; homme qui séduit la femme de (qqn). Vous êtes la femme, la sujette et la servante d'Alphonse, duc de Ferrare (HUGO, L. Borgia, 1833, II, 1re part., 4, p. 103). Tu n'es plus l'homme que j'ai voulu pour mari, et je ne sais vraiment pas si j'aurai le courage de rester la femme de l'homme que je découvre (CUREL, Nouv. idole, 1899, I, 6, p. 188). J'aime, vois-tu... Je veux être la femme de Joë... son épouse, sa chose, la mère de ses enfants (MARTIN DU G., Taciturne, 1932, III, 2, p. 1322).
[P. allus. biblique : Gen., 19, 26] La femme de Loth. Femme de Loth (neveu d'Abraham) qui fut changée en statue de sel — alors qu'elle venait d'échapper à la destruction de la ville de Sodome par le soufre et le feu — pour s'être retournée (c'est-à-dire pour avoir regardé en arrière) malgré l'interdiction divine. En punition de sa curiosité, la femme de Loth fut changée en statue de sel (STOCKER, Sel, 1949, p. 6).
Pop. La bonne femme de... L'épouse de... Christine (...) entendit pendant trois heures son mari et les témoins s'enfiévrer au sujet de la bonne femme de Mahoudeau (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 246).
♦ [Dans le style judiciaire ou policier, ou avec une valeur de dénigrement] La femme X. L'épouse x, la dame x, Madame x. Et le poison, c'est la femme Tishe qui l'a été chercher! et c'est elle qui a forcé madame de le boire! (HUGO, Angelo, 1835, p. 119).
— [Dans certaines loc.]
♦ Loc. verb.
[Le mot femme est en position de compl. et le plus souvent privé d'art.] Homme qui veut une femme, cherche femme/une seconde femme, qui trouve femme; homme qui prend (qqn) pour femme « homme qui épouse quelqu'un »; homme qui prend femme « homme qui se marie »; homme qui épouse (qqn) pour première femme; homme qui a une femme, qui a (qqn) pour femme; homme qui est sans femme ni enfants, qui n'a ni femme ni enfant, qui a femme et enfant, qui quitte femme et enfant. [En position de suj. : un parent de la conjointe] Donner (à qqn) sa fille pour femme; donner (qqn) pour femme (à qqn) :
• 40. Quelques-uns avaient une femme, une poupée, couverte de bijoux, de robes de prix, qu'ils montraient comme une enseigne, une garantie. « Voici ma femme ».
PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 168.
[Avec le synt. mari et femme (plus rarement femme et mari) sans art.] (Ne pas) être mari et femme; se prendre pour mari et femme; vivre (ensemble) comme mari et femme; femme et mari ne font qu'un. La simple déclaration faite devant un prêtre qu'on entend se prendre pour mari et femme comportait autrefois le mariage. Et cette volonté, voilà le sacrement même (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 299).
♦ Loc. adj. Femme morganatique.
Femme mariée, légitime. — Comment, pourquoi? Un mari payer pour coucher avec sa femme!... (...) — Il est bien plus bête, quand on a une femme légitime, d'aller payer des cocottes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Bord du lit, 1883, p. 901).
[Le plus souvent employé à propos d'une épouse] Femme honnête; honnête femme. Femme fidèle à son mari. Une femme honnête fidèle à son mari légitime sans l'aimer. Il y en a grand nombre (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 65).
Femme adultère. Je me demandai si ce n'était pas le mari ou la femme adultères (qui l'étaient seulement parce que le bonheur légitime leur avait été refusé) (...) qui avaient raison (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 372). [P. allus. biblique : Saint Jean, 7, 53-8, 11]. La femme adultère. ,,Femme surprise en adultère, par les scribes et les Pharisiens, et déférée par eux au jugement de Notre-Seigneur qui refuse de la condamner`` (Bible 1912). Le jugement sur la femme adultère :
• 41. ... « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Cette parole du Christ suffit pour que les Juifs s'éloignent l'un après l'autre, et ils serraient dans leur main crispée la pierre qu'ils n'avaient pas osé jeter contre la femme adultère.
MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 472.
[P. allus. biblique : Livre des Proverbes, 31, 10-31] La femme forte (de l'Écriture). ,,Femme vertueuse, active, prévoyante, économe, dévouée, charitable, religieuse, qui remplit avec intelligence et courage ses devoirs de maîtresse de maison, d'épouse et de mère`` (MARCEL 1938). Elle, c'est la bonne chrétienne, la mère par excellence, l'épouse aimante et la femme forte (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 125).
— Femme au foyer, femme de foyer (vieilli). Vieilli et région. (Alsace). Femme de ménage. — Voilà ce qu'on peut appeler une jolie petite fille, et qui fera bientôt une bonne petite femme de ménage, je l'espère (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 32) :
• 42. La grand'mère représentait la femme annihilée par le mari (...) et n'accomplissant dans la maison que le rôle et les devoirs d'une servante maîtresse. La mère était l'épouse vivant dans la communauté de l'honneur, dans le partage de la belle et pure conscience du mari. Elle était cette femme sainte : la mère de famille, — la femme d'intérieur et de ménage, qui vit en ses enfants et avec eux, leur donnant son âme à toutes les heures...
GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 99, 100.
— [Le mot femme est en oppos. paradigm. avec mari (ou époux)] On disait au ministère, sans y mettre ombre de malice, que, dans le ménage, c'était le mari qui portait les jupes et la femme les culottes (PROUST, Sodome, 1922, p. 645).
♦ [Le mot femme s'oppose, dans un cont. immédiat, à un ou plusieurs mots appartenant au champ sém. du mariage] La femme faisait la cuisine et montrait à lire à l'enfant (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 62). C'était la femme qu'il lui fallait. Elle travaillerait pour deux, et il ferait la loi au logis (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 122) :
• 43. Quand un ami se marie, c'est fini, bien fini. L'affection jalouse d'une femme (...) ne tolère point l'attachement vigoureux et franc (...) qui existe entre deux hommes.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Bûche, 1882, p. 780.
— [En dehors d'oppos. paradigm. significatives] Voici deux bourgeois, l'homme et la femme, ayant passé ensemble un demi-siècle (BLOY, Journal, 1902, p. 126) :
• 44. Courteline dit : — Il faut battre une femme quand il n'y a pas d'autre moyen de la faire taire. C'est très joli, de dire : « Moi, je prendrais mon chapeau, ma canne, et je m'en irais! » (...) mais, le soir, où aller?
RENARD, Journal, 1896, p. 321.
— [Dans la lang. pop., à l'adresse de l'épouse] (La) femme. Femme, dis à mon fils De venir me trouver (MORÉAS, Syrtes, 1884, p. 156). Bongard. — ... De mon temps, nous ne lisions pas le journal, et nous n'en étions pas plus malheureux. N'est-ce pas? la femme. — Pour sûr! appuya énergiquement la Bongard (ZOLA, Vérité, 1902, p. 48).
— En partic. Personne du sexe féminin qui a été mariée. Femme séparée de corps (et de biens), divorcée, veuve, seule, libre. Épouser une femme divorcée, quelle déchéance. Pire que d'épouser une vieille maîtresse, ancienne blanchisseuse, comme il arrive aux vieux célibataires (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 140). Il le trouva en conversation avec une femme en deuil, c'était une veuve du quartier; elle avait perdu son mari récemment (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 105).
— Proverbes
♦ La femme de César ne doit pas même être soupçonnée.
♦ [Pour signifier que la femme est source de conflit dans le couple] Qui femme a, noise a ou qui femme a, guerre a.
♦ C'est la bonne femme qui fait le bon mari :
• 45. On dit en proverbe : c'est la bonne femme qui fait le bon mari; et cela est vrai en général. Il y a cela de remarquable dans le caractère de la femme, qu'il s'amalgame bien plus aisément que celui de l'homme à des caractères difficiles.
BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 335.
♦ Le diable bat sa femme et marie sa fille.
— P. anal. [Chez les animaux qui vivent en couple] Femelle. Il [le canard] est donc tout seul? demandai-je à un jardinier (...) — Tiens! il est seul aujourd'hui (...) l'oiseau lui aura mangé sa femme ce matin (SAND, Nouv. lettres voy., 1876, p. 8). L'hymen accompli, le mâle rentre chez lui, sain et sauf; ce qui est rare dans les noces aranéennes où, d'habitude, la femme dévore son conjoint (MAETERL., Araignée de verre, 1932, p. 52).
Prononc. et Orth. :[fam]. Enq. : am, (D)/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin Xe s. « être humain du sexe féminin » (Passion de Clermont Ferrand, éd. D'Arco Silvio Avalle, 260); 2. ca 1100 « compagne de l'homme unie par les liens du mariage » (Roland, éd. J. Bédier, 1402 : ne reverrunt lor mere ne lor femme). Du lat. class. femina « femelle », puis « femme, épouse » qui a concurrencé les lat. mulier « femme » qui ne survit plus en fr. (en face de l'ital. moglie et de l'esp. mujer) que comme arch. sous la forme moillier « épouse, femme » (qui disparaît des textes au XIVe s.; 2 attest. aux XVe et XVIe s.) et uxor « épouse » qui a donné le très rare oissour « épouse » (qui disparaît des textes dans la 1re moitié du XIIIe s.; qq. attest. aux XIIIe et XIVe s. dans les remaniements épiques). Fréq. abs. littér. :78 380. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 108 966, b) 143 544; XXe s. : a) 128 772, b) 85 992. Bbg. ADAMS (G. C. S.). Words and descriptive terms for woman and girl in French and Provençal and border dialects. Chapel Hill, 1949. — DUCHÁ (O.). Les Microstructures lex. In : Congrès Intern. de Ling. et Philol. rom. 13. 1971. Québec. Québec, 1976, t. 1, pp. 586-589. — DUCH. Beauté 1960, p. 34, 42, 46. — GRISAY (A.), LAVIS (G.), DUBOIS-STASSE (M.). Les Dénominations de la femme ds les anc. textes litt. fr. Gembloux, 1969. — KLEIN (J.-R.). Le Vocab. des mœurs de la « Vie parisienne » sous le Second Empire. Louvain, 1976, pp. 63-64. — QUEM. DDL t. 1, 5, 11. — SAINT-JACQUES (B.) Sex, dependency and language. Linguistique. Paris. 1973, t. 9, pp. 89-96. — TABACHOWITZ (A.). Homme-femme. Vox rom. 1960, t. 19, pp. 341-385.
femme [fam] d'abord prononcé [fɑ̃m] n. f.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; du lat. femina « femme, femelle », participe substantivé dérivé d'une racine fe- « téter ». → Fécond.
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I Être humain appartenant au sexe capable de concevoir les enfants, à partir d'un ovule fécondé (sexe féminin); être femelle de l'espèce homo sapiens (⇒ Homme I.). || « La moitié des hommes (I.) sont des femmes » (slogan).
1 Je ne suis pas une femme qu'on a, un corps imbécile auprès duquel vous trouvez votre plaisir en mentant comme aux enfants et aux malades. Vous savez beaucoup de choses, cher, mais peut-être mourrez-vous sans vous être aperçu qu'une femme est aussi un être humain.
Malraux, la Condition humaine, IV, 11 avr. 6 h.
A (Emplois généraux). Être humain de sexe féminin, lorsque son âge permet d'envisager sa sexualité (par oppos. à enfant) et, le plus souvent, après la nubilité et l'âge adulte, sociologiquement lié à l'âge où le mariage est possible (par oppos. à fille). || Une femme, des femmes. || Les femmes et les hommes (II.). || Un homme, une femme et deux enfants. || Une petite fille, une jeune fille et des femmes.
REM. 1. La répartition de fille et de femme, en français contemporain, est très délicate. → Fille.
2. Dans cet emploi, on peut dire sans pléonasme : une femme adulte, mais un emploi spécial (→ ci-dessous, B., 2.) donne à femme un contenu explicitement défini par la sexualité.
2 En somme, j'ai été aimé des quatre femmes dont il m'importait le plus d'être aimé, ma mère, ma sœur, ma femme et ma fille.
Renan, Souvenirs d'enfance…, VI, IV.
3 Entre toutes les femmes, il n'y a de vrai que notre mère.
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, p. 144.
REM. Cet emploi collectif, qui permet de produire au sing. des jugements universels à propos des classes d'individus, revêt pour le mot femme une importance particulière. C'est souvent cet emploi (en concurrence avec les femmes, généralement) qui véhicule non seulement les éléments rationnels du concept, mais aussi l'image sociale aujourd'hui contestée, produite par une société dominée par les hommes; ceci nous a paru justifier un traitement séparé, facilitant la répartition du matériel lexical lié au mot (analogies).
♦ Caractères biologiques, anatomiques, physiologiques de la femme. || L'anatomie de la femme. || Caractères sexuels primaires et secondaires de la femme et de l'homme. || Organes génitaux de la femme. ⇒ Ovaire(s), utérus, vagin, vulve. || Malformation du pubis chez la femme (→ Femme barrée). || Les formes de la femme. || Bassin, gorge, poitrine, seins de (la) femme. || Étapes de la vie génitale de la femme. ⇒ Cycle (cit. 3); nubilité, puberté; menstruation; ménopause. || Fonction, activité reproductrice de la femme. ⇒ Génésique (histoire génésique); ovulation; grossesse; accouchement, parturition; enfantement, génération, maternité, procréation; lactation. || Instinct maternel de la femme. || Maternité volontaire, contrôlée, de la femme. ⇒ Contraception; contrôle (des naissances); avortement. || Sexualité de la femme. || La femme et le plaisir.
4 À partir de l'âge de la puberté, les hormones sexuelles, produites abondamment, accentuent la différenciation sexuelle. La folliculine et la progestérone excitent le développement des seins chez la femme; la testostérone, chez l'homme, fait pousser la barbe et modifie les cordes vocales, etc. Outre des différences manifestes comme celles-là, les hormones sexuelles introduisent, entre l'homme et la femme, une foule de petites dissemblances anatomiques, physiologiques, biochimiques : il n'est, pour ainsi dire, aucune partie de l'organisme que n'affecte la différenciation hormonale des sexes.
J. Rostand, l'Homme, p. 94.
5 (…) le bassin de la femme est évasé, la taille plus petite, la forme générale du corps moins élancée que celle de l'homme, les muscles moins développés, le panicule (sic) adipeux plus abondant; le système pileux a une topographie et un développement différents : cheveux longs, absence de barbe, absence de pilosité thoracique, poils du pubis formant un triangle à base supérieure bien délimitée (chez le mâle, les poils s'étendent jusqu'à l'ombilic). La voix féminine est d'une tonalité plus élevée que celle du mâle par suite des dimensions plus petites du larynx.
R. Fabre et G. Rougier, Physiologie médicale, p. 720.
♦ Voir aussi ci-dessous : Une, des femmes.
♦ Thème (chrétien) de la femme impure, blessée (interprétation symbolique de la physiologie de l'ovulation).
6 (…) quinze ou vingt jours sur vingt-huit (on peut dire presque toujours), la femme n'est pas seulement une malade, mais une blessée. Elle subit incessamment l'éternelle blessure d'amour.
Michelet, l'Amour, I, II (→ aussi Blessure, cit. 6).
7 La Femme, enfant malade et douze fois impur !
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « La colère de Samson ».
REM. Même sur le plan biologique et physiologique, l'image de la femme est culturelle, et donc variable selon l'état de la civilisation qui en parle; à preuve les assertions contradictoires, selon que le naturel (selon la tradition) ou le culturel (par une attitude récente) est envisagé comme dominant : || « La femme est femme dès la première minute de sa vie » (Biot), s'opposant à : || « On ne naît pas femme, on le devient » (S. de Beauvoir, le Deuxième Sexe).
♦ Psychologie de la femme. → L'éternel féminin. || Intuition, imagination, sensibilité attribuées à la femme. || L'âme de la femme. || L'âme des femmes (→ Âme, cit. 17.2). — REM. Plus encore que pour la physiologie, les traits psychiques attribués à la femme correspondent à des représentations sociales traditionnelles de son rôle et de son comportement; les thèmes littéraires, reflets de l'idéologie, sont souvent misogynes. — Coquetterie de la femme (→ Agaçant, cit. 2; ajustement, cit. 6; allumer, cit. 19; attifement, cit. 2; fard, cit. 4; farder, cit. 8, 11). || La femme et la mode (→ Corset, cit. 2; étage, cit. 8). || L'inconstance, la jalousie, la perfidie, la traîtrise de la femme. || La femme, « animal porte-jupe » (→ Animal, cit. 12 à 14).
8 L'empire de la femme est un empire de douceur, d'adresse et de complaisance; ses ordres sont des caresses, ses menaces sont des pleurs.
Rousseau, Émile, V.
9 Ô femme ! femme ! femme ! créature faible et décevante ! (…) nul animal créé ne peut manquer à son instinct : le tien est-il donc de tromper ?
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, V, 3.
10 Quoi de plus léger qu'une plume ? la poussière — de plus léger que la poussière ? le vent — de plus léger que le vent ? la femme — de plus léger que la femme ? rien.
A. de Musset, Comédies et Proverbes, « Barberine », II, 1.
11 Souvent femme varie, Bien fol est qui s'y fie !
Hugo, Le roi s'amuse, IV, 2.
12 Et, plus ou moins, la Femme est toujours Dalila.
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « La colère de Samson ».
13 La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Révolte, « Le voyage » (→ Esclave, cit. 16).
14 Il considérait la femme comme un objet d'art, délicieux et propre à exciter l'esprit (…)
Baudelaire, les Curiosités esthétiques, Œuvres et vie de Delacroix, VII.
15 Parlons femmes, voulez-vous ? Bien entendu, pas de la Femme éternelle, pas d'Éva-qui-donc-es-tu, ni de sa nature diabolique ou angélique (…)
M. Aymé, le Confort intellectuel, p. 169.
♦ (Thème de la beauté, du charme, de l'amour). — REM. En français moderne, le vocabulaire érotique et esthétique concernant la femme est un reflet des idées dominantes et de la symbolique de la société française du XVIe au XXe s., elle-même héritière du passé culturel — tradition latine, puis médiévale, d'ailleurs beaucoup moins antiféministe, ou moins hypocrite (misogynie ouverte et violente), que celle des temps modernes. || Description de la beauté, du charme, de l'attrait de la femme. ⇒ Appas, attrait (cit. 22), beauté (cit. 19, 21, 32), charme, éclat, féminité, fleur (par métaphore), grâce, séduction, vénusté; et aussi chic, élégance. || La femme, désignée comme le beau sexe, la plus belle moitié du genre humain. — La femme et l'amour. || La femme dans son rôle d'objet sexuel; la femme-objet (→ ci-dessous : une femme-objet). || La femme définie comme compagne (cit. 4 et 6) de l'homme (→ ci-dessous : une femme).
16 L'homme jouit du bonheur qu'il ressent, et la femme de celui qu'elle procure. Cette différence, si essentielle et si peu remarquée, influe pourtant, d'une manière bien sensible, sur la totalité de leur conduite respective. Le plaisir de l'un est de satisfaire des désirs, celui de l'autre est surtout de les faire naître. Plaire, n'est pour lui qu'un moyen de succès; tandis que pour elle, c'est le succès lui-même.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre CXXX.
17 Ils professaient, en outre, le mépris le plus complet pour la Femme, qu'ils traitaient de Bête à plaisir.
Maupassant, les Sœurs Rondoli, p. 226.
18 (…) la femme apporte aux hommes non le plaisir, mais la tristesse, le trouble et les noirs soucis !
France, Thaïs, p. 62.
19 L'homme ne peut guère avoir pour la femme que du désir, qui assomme la femme; la femme ne peut guère avoir pour l'homme que de la tendresse, qui assomme l'homme.
Montherlant, les Jeunes Filles, p. 173.
20 Poupée de science-fiction, super-star et Tarzanne, tu es la Méandrine, le mauvais goût somptueux, la femme-femme des bandes dessinées, l'Américaine des années trente, l'Odalisque de l'an deux mille.
P. Grainville, Les Flamboyants, p. 138.
♦ (En parlant d'une femme particulière, considérée comme détenant l'essence de la femme). || Elle est la femme, la vraie femme. || Statut social de la femme. || Rapports de l'homme et de la femme. || Domination, exploitation de la femme par l'homme. || Asservissement, esclavage de la femme. || Les droits de la femme. || Émancipation, promotion de la femme. ⇒ Féminisme. || La femme doit être l'égale de l'homme. || Mouvement de libération de la femme (M. L. F.). || Libérer la femme des tâches matérielles, de la garde des enfants, de l'enchaînement au foyer. || Promotion de la femme. || La femme et la société, et le travail. || La femme et la guerre.
♦ Le pouvoir, la force de la femme. || Égalité de la femme et de l'homme.
21 On a dit que l'homme était plus créateur, plus constructeur, plus apte aux études scientifiques; la femme, plus intuitive, plus artiste. On a remarqué que le sexe féminin n'a jamais produit de grand philosophe ni de grand musicien. On a supposé que les modalités de l'instinct sexuel pouvaient donner à l'intelligence masculine plus de vigueur, d'activité, de pénétration; à l'intelligence féminine, plus de souplesse, de réceptivité (…) Mais, dans tout cela, quoi d'inné et quoi d'acquis ? (…) En fin de compte, les poupées et les soldats de plomb n'auraient-ils pas presque autant de responsabilité que les hormones dans la différenciation psychique de l'homme et de la femme ?
Jean Rostand, l'Homme, p. 97 et 99.
22 La restauration de la femme eut lieu principalement au XIIe siècle. Esclave dans l'Orient, enfermée encore dans le gynécée grec, émancipée par la jurisprudence impériale, elle fut dans la nouvelle religion l'égale de l'homme.
Michelet, Hist. de France, IV, IV, t. II, p. 347.
23 Quand sera brisé l'infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l'homme, — jusqu'ici abominable, — lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l'inconnu ! Ses mondes d'idées différeront-ils des nôtres ? — Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses; nous les prendrons, nous les comprendrons.
Rimbaud, Correspondance, 15 mai 1871, à P. Démeny.
23.1 Les noms de baptême des deux demoiselles Ponto, Barbe et Barnabette, manquent peut-être d'élégance et de douceur, mais on sait que les partisans de l'émancipation de la femme et de sa participation à tous les droits politiques et sociaux, ainsi qu'à tous les devoirs résultant de ces droits, ont adopté la coutume de donner aux enfants de ce sexe émancipé, des noms d'un caractère dur ou d'une euphonie rébarbative.
A. Robida, le Vingtième siècle, p. 4-5 (1883).
24 Bornons-nous à dire que la femme est aussi intelligente que l'homme, mais qu'elle est moins capable d'émotion, et que si quelque puissance de l'âme se présente chez elle avec un moindre développement, ce n'est pas l'intelligence, mais la sensibilité.
H. Bergson, les Deux Sources de la morale et de la religion, p. 41.
25 Ce qui fait le monde, c'est la femme. Elle y est souveraine; rien ne s'y fait que par elle et pour elle.
France, le Jardin d'Épicure, p. 30.
26 En temps de révolution, la femme peut être plus féroce que l'homme et les tricoteuses tiennent le haut du pavé. Mais aussi quelle énergie, quel mépris de la mort, quelle rage !
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, p. 32.
27 (…) si l'esclavage de la femme par l'homme, légal ou autre, est odieux et va contre l'équilibre et l'harmonie de la famille, la mise en servitude de l'homme par la femme est quelque chose de ridicule et de honteux.
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, p. 65.
28 La guerre a été ainsi, pour la femme, une occasion de déployer toutes les vertus qui sont en elle et qui, quelquefois, dorment, ou somnolent, faute de pouvoir se manifester. Celles que je viens de citer (Louise de Bettignies, Cavell…) et leurs émules, étaient en Belgique et en France occupées, des filles spirituelles de Jeanne de Lorraine, leur patronne, dont la glorieuse et sainte image continue à illuminer bien des cœurs.
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, p. 149.
♦ ☑ Loc. prov. Fragilité, ton nom est femme (Shakespeare).
29 Marie Stuart justifie en tout le mot de Shakespeare : « Fragilité, ton nom est Femme ! » Et nulle ne fut plus femme que Marie Stuart.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Marie Stuart, t. IV, p. 421.
2 Une femme, des femmes. a (Syntagmes où le mot est déterminé par un adj., le plus souvent placé après, sauf quelques adj. monosyllabiques : petite, grosse, forte…, ou par un compl. de nom). — N. B. Les mots désignant les divers types de femmes sont regroupés ci-dessous (→ C.).
♦ (Aspects physiques et rôles physiologiques).
♦ (Races, ethnies). || Femme blanche. || « Touche pas à la femme blanche » (film de M. Ferreri). || Femme de type nordique, méditerranéen. || « Une femme brune, de type gitan » (Aragon). || Femme du Nord. || Les femmes d'Orient (thème du romantisme). || Femme jaune (→ argot congaï). || Femme de couleur, femme noire. ⇒ Noire; (vx) négresse. || Femme créole (une créole). || Femme métisse, mulâtre. ⇒ Métisse, mulâtresse; câpresse. — Femmes du Tiers-Monde.
30 On dit que le roi de Maroc a dans son sérail des femmes blanches, des femmes noires, des femmes jaunes.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XVI, 6.
♦ (Caractéristiques physiques). || Femme grande; grande femme. || Une petite femme, une femme toute petite, naine. || Femme élancée, mince, svelte. || Femme maigre (une maigre). || Femme forte, opulente, plantureuse. || Une grosse femme. || Une petite femme dodue. || Une femme grasse, ronde, boulotte. || Femme athlétique, musclée, forte, (fam.) costaud (costaude). — Femme à cheveux blonds (une blonde), bruns (une brune), roux (une rousse; ⇒ Rouquine), châtains.
31 (…) Mme Bouvillon (…) était une des plus grosses femmes de France, quoique des plus courtes (…)
Scarron, le Roman comique, II, X.
♦ ☑ Femme à barbe : femme atteinte de virilisme pilaire, et (au XIXe, au début du XXe siècle) montrée dans les foires.
♦ (Physiol.). || Femme robuste, solide, en parfaite santé. || Femme fatiguée, malade, patraque, souffrante (⇒ Malade, n. f.).
♦ Femme enceinte, grosse, en cloque (fam.). || Femme féconde, stérile, inféconde (→ aussi, sur ce thème, ci-dessous, dans le contexte de la maternité).
♦ (Beauté et laideur). || Une belle femme, une femme très belle (⇒ Beau, cit. 6 et supra). || Femme d'une beauté remarquable, éclatante. || Une femme superbe. || Femme agréable (cit. 16), avenante (cit. 3), plaisante, charmante, mignonne (→ Une mignonne). || Une jolie femme. ⇒ Joli. || Cette femme est assez bien. — Femme laide, (fam.) moche. || Une vilaine femme.
32 (…) une femme qui est belle a toujours de l'esprit; — elle a l'esprit d'être belle, et je ne sais pas lequel vaut celui-là.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, V.
33 Si donc cette chose plus légère qu'une mouche, plus insaisissable que le vent, plus impalpable et plus délicate que la poussière de l'aile d'un papillon, cette chose qui s'appelle une jolie femme, réjouit tout et console de tout, n'est-il pas juste qu'elle soit heureuse, puisque c'est d'elle que le bonheur nous vient ?
A. de Musset, Comédies et Proverbes, « Carmosine », I, 8.
34 Cette femme, morceau vraiment miraculeux,
Divinement robuste, adorablement mince (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, XX.
35 C'est une femme belle et de riche encolure (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, CXIV.
36 C'était une femme grande, majestueuse, et si noble dans tout son air, que je n'ai pas souvenir d'avoir vu sa pareille dans les collections des aristocratiques beautés du passé.
Baudelaire, le Spleen de Paris, XIII.
37 (…) ce qu'ajoute de capiteux la présence de femmes aux belles hanches et aux belles poitrines (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXI, p. 232.
♦ (Âge). || Femme jeune (→ ci-dessous le syntagme jeune femme), assez, encore jeune (→ Attention, cit. 28; changer, cit. 61). || Femme adulte. || Femme mûre, d'un certain âge (cit. 40). || Femme âgée, du troisième âge. || Une femme vieillissante, vieille, vieillie (→ ci-dessous Vieille femme).
38 Chez moi, l'orgie du paganisme finissant est symbolisée par la splendeur de la femme mûre (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVIII, p. 254.
39 Quant à l'effet de l'âge, je n'y crois guère. Une femme qui se soigne (…) demeure jeune et désirable très longtemps (…) Ninon de Lenclos, à soixante ans, faisait soupirer et haleter une foule de jeunes gens.
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, p. 159.
♦ Allus. littéraire :
40 L'enfer des femmes, c'est la vieillesse.
La Rochefoucauld, Maximes, 562.
♦ Spécialt. || Une femme : une femme désirable.
41 Ces monstres disloqués furent jadis des femmes (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Tableaux parisiens, XCI.
♦ Jeune femme s'oppose à fille, jeune fille en impliquant un statut assimilable au statut traditionnel de femme mariée et un âge considéré socialement comme jeune.
♦ (Qualifié). || Une jolie jeune femme. || Une petite jeune femme insignifiante, délicieuse, active, intelligente.
♦ Vieille femme n'implique que l'âge avancé, et un statut social modeste (cf. l'opposition femme/dame). || Une vieille femme en haillons. || Une vieille femme très digne.
♦ ☑ (Un) bout de femme : une femme petite (et, généralement, charmante). || C'est un joli (petit) bout de femme. — Un petit bout de femme : une petite fille.
♦ Femme-enfant : femme qui semble avoir conservé les attributs de l'enfance. || Des femmes-enfants.
♦ (Apparence sociale). || Femme bien, mal habillée, vêtue. || Femme à cheveux courts, longs. — Vx. || Une femme en cheveux : une femme du peuple, sortant sans chapeau (au XIXe s.). || Femme chic, distinguée, élégante. || Femme à la (dernière) mode, à la page. || Une femme vulgaire. — Distinction, élégance d'une femme. — Femme maquillée, parée. — (Statut social réel). || Une femme de la grande société, (fam.) de la haute. ⇒ Dame. || Les femmes de la bourgeoisie (⇒ Bourgeoise) et les femmes du peuple (⇒ Prolétaire; paysanne, ouvrière). || Une femme de la campagne. || Des femmes misérables (⇒ Mendiante, mendigote). || La Femme pauvre, roman de L. Bloy. || Une femme de sang royal (⇒ Princesse). — Femme déclassée. — (Pour les syntagmes et expressions concernant le statut économique et le travail, → ci-dessous).
♦ (Syntagmes figés). ☑ Femme du monde : femme appartenant à la haute société ou à un groupe social en vue. ⇒ Mondaine (vieilli). || Des femmes du monde appartenant au Tout-Paris. — (En attribut). || Elle est, elle fait très femme du monde.
42 D'ailleurs, madame la marquise de Montanel vous apporte son influence personnelle, et quelque chose de mieux encore, l'expérience d'une femme du monde !
Bernanos, la Joie, Œ. roman., Pl., p. 628.
♦ (Relations matrimoniales). — REM. Le mot femme est ici employé dans son sens général, et non pas au sens II. : la femme de… (un homme). || Une femme et son mari. || Une femme mariée, célibataire; femme divorcée, remariée; femme veuve (⇒ Célibataire, n. f., divorcée, n. f.; veuve). || Femme monogame, polyandre.|| Femme chef de famille. — (Dans d'autres sociétés). || Femme esclave (⇒ Esclave, n. f.). || Femmes enfermées dans un gynécée, un harem.
♦ Psychol. (Appréciation). || Femme admirable, exceptionnelle, remarquable, supérieure. || Femme insignifiante, nulle. — (Intellect). || Femme intelligente, éclairée, avisée, de bon sens. || Femme intellectuelle (une intellectuelle), théoricienne, douée pour l'abstraction, les sciences. || Femme cultivée, instruite. Vx. || Femme savante. || Femme d'esprit. Vx. || Femme bel esprit (⇒ aussi Bas-bleu). || Une femme ignorante, inculte. || Femme sotte, bornée. || Cette femme est idiote. — Femme imaginative, artiste. || Femme brillante, spirituelle. || Femme avisée, éclairée, sensée. || Femme de bon sens. || Femme calculatrice, raisonnable. || Femme de calcul. || Femme subtile, fine, intuitive.
43 Auprès des âmes souffrantes et malades, les femmes d'élite ont un rôle sublime à jouer (…)
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 1 028.
♦ (Caractère). || Femme de caractère, d'un grand caractère. || Une femme autoritaire, énergique, résolue, volontaire; faible, indécise, irrésolue, molle. || Femme sûre d'elle-même, maîtresse d'elle-même (→ ci-dessous Maîtresse femme). — Femme despotique, violente. || Femme effacée, soumise. || Femme loyale, sur qui on peut compter. || Femme digne, fière, respectable. — Femme de devoir. || Femme dévouée. — Femme d'action (d'après homme d'action).
44 Les grands mystiques (…) ont généralement été des hommes ou des femmes d'action, d'un bon sens supérieur.
H. Bergson, les Deux Sources de la morale et de la religion, p. 259.
45 Continuez d'être la femme fière, grande, calme, indignée, courageuse. Votre attitude, au milieu de ces hontes, est l'honneur de votre sexe et suffit pour consoler les âmes honnêtes.
Hugo, Correspondance, 1853, p. 143.
45.1 Si vous n'êtes pas bien, mon devoir est de rester près de vous. Je vous l'ai dit, quand vous m'avez épousée, je suis une femme de devoir.
Anouilh, Ornifle, II, p. 76.
♦ Femme acariâtre, désagréable, insupportable, odieuse; méchante femme (vieilli). → ci-dessous les syn. péjoratifs.
♦ (Affectivité). || Femme délicate, sensible. || Femme douce, tendre, compatissante. || Femme de cœur. — Femme dure, insensible. || Femme bonne et généreuse (→ ci-dessous, C., bonne femme).
♦ (Jugements de valeur sociaux et moraux, selon les codes en usage). || Femme d'honneur, femme de bien (jugée positivement sur le plan moral).
♦ Fam. || Une femme comme il faut.
46 (…) elle a presque l'air d'une femme comme il faut, en n'étant qu'une femme comme il en faut.
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 332.
♦ (Style de vie). || Femme libre, active, affranchie (cit. 4). — Femme moderne. || Femmes d'aujourd'hui. || Une femme de l'ancienne génération, conservatrice. || Le monde des femmes qui prennent du tabac. → Platitude, cit. 7, Goncourt.
♦ Syntagmes figés :
♦ Bonne femme. → ci-dessous, C. (le syntagme est une véritable lexie).
♦ Brave femme. ⇒ Brave. || C'est une très brave femme, mais elle n'est pas bien fine. — Spécialt. Femme modeste socialement, femme de la campagne. En appellatif (vx). || Tenez, ma brave femme.
♦ ☑ Femme de tête, intelligente et avisée, qui a le sens des intérêts matériels ou ne se laisse pas mener par ses affects.
47 Lucie était une femme de tête, elle voyait loin.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 472.
♦ ☑ Maîtresse femme : femme d'un caractère bien trempé, énergique, qui sait se faire obéir. || C'est une maîtresse femme.
♦ (Comportement érotique). || Femme qui attire les hommes. || Femme affolante, affriolante, appétissante, capiteuse, captivante, charmante, désirable, ensorceleuse. || Une femme aimée, adulée (par un homme). → (littér. et vx) La dame de ses pensées, la souveraine de son cœur.
♦ Femme abandonnée, délaissée. — Femme heureuse, malheureuse (souvent dans le contexte de l'accomplissement ou du non-accomplissement sentimental).
♦ (Comportement sentimental et sexuel). — REM. Certains de ces syntagmes expriment le point de vue exclusif de l'homme (femme accessible, facile, etc.), d'autres peuvent s'entendre aussi du point de vue de la femme (ce dernier étant généralement sous-jacent et second dans la langue). || Femme froide, sévère, prude. || Femme sage, vertueuse. || Femme farouche, inaccessible. || Femme accessible (cit. 3), complaisante. || Femme facile.
♦ Femme cajoleuse, câline, caressante, sensuelle, tendre, passionnée. || Femme lascive. || Femme mangeuse d'hommes. → Mante religieuse. || Cette femme a beaucoup de tempérament. || Femme frigide. || Femme passive (→ Antagoniste, cit. 4). — Femme coquette, aguicheuse, allumeuse, dragueuse, enjôleuse, provocante (→ Atteindre, cit. 32). || Femme désirante, qui aime l'amour, qui jouit. || Femme frustrée, insatisfaite, « mal baisée ». || Femme insatiable. ⇒ Nymphomane. || Femme hétérosexuelle, qui aime les hommes. || Femme homosexuelle (⇒ Homosexuelle, lesbienne). || Femme candide, chaste, ingénue, innocente, pudique, pure, timide. ⇒ fig. et vx Brebis, colombe; madone. — Femme jalouse.
♦ (Syntagmes figés). ☑ Femme fatale : femme à laquelle les hommes ne peuvent résister et qui cause leur perte. — Par ext. Femme qui adopte un genre (attitude, vêtement) séducteur. ⇒ Vamp.
♦ Femme débauchée, dépravée, dévergondée, dissolue, lubrique, vicieuse. || Femme de mauvaise vie.
48 Tu mettrais l'univers dans ta ruelle,
Femme impure ! (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, XXV.
♦ ☑ Vx. Femme de vie, de mauvaise vie.
♦ (Dans le cadre social des relations sexuelles tarifées, femme, qualifié, désignant une prostituée). || Femme vénale, femme de bordel, femme à soldats (fille est plus cour.). — Syntagmes. || Femme entretenue, qui est entretenue (cit. 26) financièrement par un ou quelques hommes. ⇒ Entretenir, p. p.
48.1 Elle n'avait « jamais voulu être une femme entretenue » : c'était une brave petite prostituée.
Martin du Gard, les Thibault, p. 839.
♦ Femme galante (vieilli). || La Vie des femmes galantes, œuvre de Brantôme. — Vx. || Femme publique (→ cit. 2.1). ⇒ Fille. — Femme soumise (on dit plutôt : fille soumise). — ☑ Vx. (1898). Petite femme : femme de mœurs légères, entretenue ou semi-prostituée. || Les fêtards et les petites femmes. || Les petites femmes de Paris (dans la mythologie du « gay Paris »). — ☑ Femme de petite vertu (euphémisme) : prostituée. — ☑ Femme de plaisir (vx) : fille de joie.
♦ Absolt. || Une femme, les femmes (dans le contexte de la prostitution). ⇒ Prostituée. || Un proxénète et ses femmes, les femmes dont il tire profit. || Les femmes d'une maison close, d'un bordel. || Femme en carte.
49 (Il) n'a pas d'idées très précises sur les gaillards de cette espèce. Il a entendu raconter qu'ils « vivent des femmes »; et aussi qu'il vaut mieux éviter d'avoir des démêlés avec eux (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, I, p. 9.
♦ ☑ Loc. La traite des femmes (des blanches).
♦ (Statut socio-professionnel). || Femme sans profession, qui dépend économiquement d'un homme ou dispose de ressources. → ci-dessous Femme au foyer. || Femme qui travaille, gagne sa vie. || Le travail des femmes. || Métiers de femmes (traditionnellement dévolus aux femmes). || Femmes au travail. || Femme que son travail rend indépendante. || Femme chômeur (ou chômeuse), qui cherche du travail. || Femme qui travaille en usine. — Femme syndiquée, déléguée syndicale.
♦ (Avec un qualificatif exprimant le métier, la profession, la fonction). || Femme + nom (voir ci-dessous avant la cit. 74 une femme écrivain, avocat, etc.). || Femme de… || Femme d'affaires. || Femme de lettres.
♦ (Vie politique). || Femme électrice, éligible, élue. ⇒ aussi Candidate, députée. || Le suffrage, le vote des femmes. ⇒ Citoyenne, électrice. || Femme qui milite dans un parti. ⇒ Militante. || Femme politique. — Femme d'État (d'après homme d'État).
49.1 Chambrée superbe. Le monde, le demi-monde et le quart de monde ont envoyé leurs plus brillantes étoiles (…) — la belle Mme F., dans une toilette d'un haut style, décolletée irrégulièrement d'une épaule à l'autre, avec un goût miraculeux; Mme de C., députée de Saône-et-Loire, dans une sévère toilette de femme d'État.
A. Robida, le Vingtième siècle, p. 24.
♦ ☑ Femme au foyer : femme qui n'exerce pas de profession et reste chez elle, parfois pour élever ses enfants.
50 Homme d'expérience, Georges Lagny aurait dû savoir que dans la France libérée, un professeur marié à une femme au foyer se condamne à vivre comme un prolo, surtout lorsqu'on se met dans la tête d'avoir trois enfants.
Yanny Hureaux, la Prof, p. 316.
♦ (V. 1960). || Femme-objet : femme considérée (par les hommes) comme un objet (sexuel) et non comme un sujet, comme une personne. || Elle ne veut pas être une femme-objet, être traitée comme une femme-objet (le syntagme s'emploie aussi au féminin universel : la femme-objet). — Spécialt. Femme prise comme « objet » au sens psychanalytique.
♦ (Emplois et contextes religieux). || La première femme (dans la Bible, le Coran, etc.) : Ève; Lilith (démon femelle de la légende hébraïque). || Séduction de la première femme par le démon, par le serpent.
♦ La femme céleste : la Vierge Marie (dans le catholicisme).
♦ Les saintes femmes : le groupe des femmes qui accompagnaient Jésus après son départ de Galilée, qui assistèrent à sa mort, puis à sa résurrection, portant la nouvelle aux Apôtres.
b Propositions et phrases; syntagmes dont le mot femme n'est pas le noyau (notamment dans les contextes de l'amour, des relations matrimoniales et de la maternité, qui constituent la majorité des discours socialement codés). || L'atmosphère (cit. 14) qui règne autour d'une femme (→ Ambiance, cit. 2; aura, cit. 3; auréole, cit. 9). || Le cœur, l'esprit d'une femme.
51 Que le cœur d'une femme est mal connu de vous !
Et que vous savez peu ce qu'il veut faire entendre
Lorsque si faiblement on le voit se défendre !
Molière, Tartuffe, IV, 5.
♦ (Contexte de l'amour : le mot femme est souvent complément d'une phrase dont le sujet désigne un homme). || Il aime cette femme. ⇒ Aimer. || Homme qui aime, apprécie, recherche les femmes. || Être amoureux d'une femme. || Courir les femmes. ⇒ Cotillon, jupon (vieilli). → Coureur. || Plaire aux femmes (→ Badinage, cit. 5). || Faire la cour à une femme, aux femmes. ⇒ Cour, galanterie. || Homme qui désire, veut une femme. || Conquérir (cit. 12), séduire une femme. || Avoir une femme (→ Débauché, cit. 7), se faire aimer d'une femme. || Connaître (cit. 44), prendre, posséder (→ Content, cit. 8) une femme. || (Ne pas) toucher à une femme. || Coucher avec une femme. || Forcer, violer (⇒ Viol) une femme; abuser (cit. 9) d'une femme. || L'homme qui a fait un enfant à cette femme, qui l'a mise enceinte (fam.). || Homme qui féconde une femme, la rend mère. — Se fiancer à une femme. || Épouser une (⇒ Monogame, monogamie), plusieurs (⇒ Polygamie) femme(s). || La femme qu'il a épousée. — La femme qu'on aime. || Cesser d'aimer une femme, se détacher d'une femme. || Tromper une femme. || Abandonner (cit. 3), délaisser, (fam.) laisser tomber une femme.
52 Notre liaison avec les femmes est fondée sur le bonheur attaché au plaisir des sens, sur le charme d'aimer et d'être aimé, et encore sur le désir de leur plaire (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXVIII, XXII.
53 Le châtiment de ceux qui ont trop aimé les femmes est de les aimer toujours.
Joseph Joubert, Pensées, V, LII.
54 Le privilège de la femme que nous aimons plus qu'elle ne nous aime est de nous faire oublier à tout propos les règles du bon sens.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 770.
55 Une femme pardonne tout, excepté qu'on ne veuille pas d'elle.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, I, III.
56 Mais qui donc a dit qu'il était plus facile de mourir pour la femme qu'on aime que de vivre avec elle ?
A. Maurois, les Silences du colonel Bramble, p. 77.
56.1 Le monde appartient aux femmes.
C'est-à-dire à la mort.
Là-dessus, tout le monde ment.
Ph. Sollers, Femmes, p. 13.
♦ (Syntagmes où femme est compl.). || Un homme à femmes. ⇒ Coq. — Vx. || Un croqueur de femmes. — La coqueluche des femmes. → Bourreau (cit. 7) des cœurs.
♦ Fam. …de femme, précédé d'un nom désignant métaphoriquement (et stylistiquement) une femme. En général péj. || Un grand gendarme, un grand cheval, un vieux chameau de femme.
57 (…) un grand gendarme de femme avare et maigre qui lui faisait peur (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, XIV.
♦ Femme est le sujet de la phrase. || Cette femme lui fait des avances, fait des avances aux hommes. || Cette femme se laisse aller (cit. 86), s'abandonne (cit. 30), se donne, se livre, s'offre, se rend (vx), succombe. || C'est une femme qui n'accorde pas facilement ses faveurs, qui résiste.
♦ Cette femme a pris un amant (cit. 6), s'est fiancée, s'est mariée. || Femme qui vit avec un homme, avec une autre femme, qui vit seule.
58 Dans les premières passions, les femmes aiment l'amant; dans les autres, elles aiment l'amour.
La Rochefoucauld, Maximes, 471.
59 La plupart des femmes se rendent plutôt par faiblesse que par passion; de là vient que, pour l'ordinaire, les hommes entreprenants réussissent mieux que les autres, quoiqu'ils ne soient pas plus aimables.
La Rochefoucauld, Maximes, 635.
♦ (Maternité). || Cette femme n'a jamais eu d'enfants, a un, des enfant(s). ⇒ Mère. || Femme qui a un premier enfant. ⇒ Primipare. || Femme qui souhaite, veut un enfant, ne veut pas d'enfant(s). || Femme qui attend un bébé, un enfant (→ Future mère, future maman). || Femme qui pratique les méthodes d'accouchement sans douleur. || Cette femme vient d'accoucher, a fait un enfant (fam.), a donné le jour à un enfant (Littér.). || Femme qui allaite son enfant, nourrit son enfant, donne le sein à son enfant. — Femme qui fait une fausse couche, qui avorte, se fait avorter. — Les femmes qui vont consulter un centre de planning familial. || Femme qui prend la pilule.
♦ (Autres contextes). → ci-dessus, I., A., 1., La femme. || Les femmes doivent (ne doivent pas) être éduquées, émancipées, participer aux affaires de l'État.
60 (Il répondit) qu'une femme était assez savante quand elle savait mettre différence entre la chemise et le pourpoint de son mari.
Montaigne, Essais, I, 25 (→ Assez, cit. 14, Molière).
61 On a raison d'exclure les femmes des affaires publiques et civiles; rien n'est plus opposé à leur vocation naturelle que tout ce qui leur donnerait des rapports de rivalité avec les hommes, et la gloire elle-même ne saurait être pour une femme qu'un deuil éclatant du bonheur.
Mme de Staël, Allemagne, III, 19.
REM. Les thèmes traditionnels mentionnés à propos de la femme, en général, se retrouvent évidemment dans les contextes où le mot a sa valeur individuelle : ruse, tromperie (cit. 62 et 63 ci-dessous), plaisir de l'homme et danger pour l'homme (cit. Rousseau, Musset, Baudelaire), caractère extrême ou inconnaissable (cit. La Bruyère, Marivaux), etc.
62 Je sais les tours rusés et les subtiles trames
Dont pour nous en planter savent user les femmes (…)
Molière, l'École des femmes, I, 1.
63 Malheureux qui se fie à femme après cela !
La meilleure est toujours en malice féconde;
C'est un sexe engendré pour damner tout le monde.
J'y renonce à jamais, à ce sexe trompeur,
Et je le donne tout au diable de bon cœur.
Molière, l'École des maris, III, 9.
64 Les femmes sont extrêmes : elles sont meilleures ou pires que les hommes.
La Bruyère, les Caractères, III, 53.
65 (…) qu'est-ce que c'est qu'une femme ? Pour la définir il faudrait la connaître : nous pouvons aujourd'hui en commencer la définition, mais je soutiens qu'on n'en verra le bout qu'à la fin du monde.
Marivaux, la Surprise de l'amour, I, 2.
66 Femmes ! Femmes ! objets chers et funestes, que la nature orna pour notre supplice, qui punissez quand on vous brave, qui poursuivez quand on vous craint, dont la haine et l'amour sont également nuisibles, et qu'on ne peut ni rechercher ni fuir impunément !
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, Lettre VII.
67 Qu'est-ce après tout qu'une femme ? L'occupation d'un moment, une coupe fragile qui renferme une goutte de rosée, qu'on porte à ses lèvres et qu'on jette par-dessus son épaule.
A. de Musset, Comédies et proverbes, les Caprices de Marianne, II, 4.
68 (…) un de ces animaux qu'on appelle généralement « mon ange », c'est-à-dire une femme.
Baudelaire, le Spleen de Paris, XI.
♦ Cependant, les exemples où la comparaison entre l'homme et la femme tourne à l'avantage de celle-ci ne sont pas rares :
69 Les femmes valent infiniment mieux que les hommes : elles sont fidèles, sincères et constantes amies (…) Elles ont de l'élévation dans la pensée, sont généreuses, obligeantes (…) Le bonheur suprême serait sans doute de trouver une femme sensible qui fût à la fois votre amante et votre amie (…)
♦ (Contextes sociaux, culturels, professionnels…). || Cette femme cherche du travail. || Embaucher des femmes pour un travail. || Offres d'emploi discriminatoires, excluant les femmes, réservées aux femmes. || À travail égal, les femmes doivent recevoir le même salaire que les hommes. || Cette femme travaille en usine, dans un bureau, travaille sept heures par jour.
70 (…) Il est admis partout que la femme soit, à fatigue égale, moins payée que l'homme (…) « Pourquoi ? » demanda-t-elle. — « Parce qu'on suppose qu'elle a un père ou un mari, pour l'aider à vivre (…) »
Martin du Gard, les Thibault, Été 14, 1936, p. 370.
71 Présentement s'ouvrent aux femmes un certain nombre de carrières dans lesquelles je pourrais espérer réussir (…) Mais ce sont des professions où le mieux que la femme puisse, c'est de faire oublier qu'elle n'est pas un homme. Ce que je voudrais c'est… Enfin je cherche une situation qui ne puisse être occupée que par une femme.
Gide, Geneviève, 1936, in Romans, Pl., p. 1398.
♦ ☑ Prov. Ce que femme veut, Dieu (cit. 56) le veut. — ☑ Cherchez la femme (→ Chercher, infra cit. 5). — ☑ La femme est toujours femme. — ☑ La femme est un mal nécessaire. — ☑ La plus belle femme du monde ne peut donner (cit. 16) que ce qu'elle a.
c Désignations lexicales des femmes (outre les substantivations d'adj., signalées ci-dessus : une blonde, une brune, une célibataire, etc.). — REM. La plupart de ces substantifs, qu'ils soient mélioratifs ou péjoratifs, trahissent des classifications et des points de vue masculins.
72 L'exemple le plus varié (d'expressions caractéristiques) est peut-être celui des noms donnés à la femme par les poètes qui l'ont chantée, d'une part, et par les hommes qui ont eu à se plaindre d'elle d'autre part. Toutes les passions, l'amour, la jalousie, l'adoration et la haine, l'expérience aussi, avec ses constatations et ses jugements, s'unissent pour donner au nom officiel d'épouse d'innombrables variantes, depuis l'ange jusqu'à la misérable. L'art, la mythologie, le ciel des chrétiens, le genre animal, les végétaux du jardin, et les lianes de la libre nature, fournissent à la pensée abstraite et raisonnable, et surtout au sentiment les moyens de ne pas abuser de trésor ou de monstre, et d'admirer ou d'injurier sans danger de se répéter.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 582.
73 En argot, il y a cent mots (pour désigner la femme) et, ce qu'il y a de plus chic, c'est que tous ces mots d'argot ne sont pas synonymes. Fichtre non ! Margot-la-piquée, par exemple, était exactement ce que j'appelle un choléra. Un choléra, c'est une petite femme brune, pas très soignée de sa personne, avec des ongles en deuil, et maigre, surtout maigre à montrer les os des hanches et les côtes et tout le bazar. La même personne qui serait grasse, on l'appellerait un boudin. Si par hasard, elle est plus grande, pas très grasse et mal peignée, c'est un raquin qu'il faut dire. La taille au-dessus, encore, avec un brin de fesse, un brin de téton et puis tout à l'avenant, alors, ça devient très bath et c'est proprement une gonzesse. Et si la gonzesse est vraiment maousse, houlpète, à l'arnache autrement dit, alors, c'est une ménesse, quelque chose de tout à fait bien, l'article vraiment supérieur. Une ménesse qui prend de la bouteille, ça tourne vite en rombière, surtout si l'encolure commence à gagner en largeur. Et quand une rombière engraisse en gardant de la fermeté, c'est déjà presque une pétasse. Mais, malheur ! si ça ramollit, nous tombons dans la poufiasse, horreur, et dans la grognasse, et on ne sait plus où l'on va !
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, V, XVI.
♦ Termes généraux. ⇒ Fille, bonne femme (ci-dessous, C.); fam. et argot frangine, nana (cour.), nénette.
♦ Termes marqués sexuellement. — Neutres ou positifs. ⇒ Beauté, belle, mignonne, tendron; pin-up; (métaphores) bijou, fleur, fruit, joyau, poupée; (fam. et argot) caille (petite), gigolette, gonzesse, gosse, gosseline, guêpe (vx), langoustine, ménesse (argot anc.), mistonne, môme, pépée, poule, poulette, sœur, souris, volaille; (poét.) sylphide, tanagra, vénus.
♦ Termes péjoratifs, quant au physique. ⇒ Laideron; guenon; fam. et pop. grognasse, mocheté, pétasse, pouffiasse; (grosseur, taille) bombonne, boudin, cageot, dondon, pot, tonneau; cheval (grand cheval), jument, vache (grosse vache); (maigreur) bringue, échalas, girafe, limande, planche (à pain), sauterelle; (virilité) dragon, gendarme, virago; (saleté) cochonne, guenipe, salope (rare), souillon, marie-salope (vx), maritorne.
♦ (Vieillesse — souvent associée à la laideur et à la saleté : ensemble de traits anti-érotiques). ⇒ Bique (vieille), carabosse, douairière, fée (argot anc. : fébosse), matrone, mémère, rombière, sorcière, tableau (vieux), taupe (vieille), toupie (vieille).
♦ Termes, en général péj., caractérisant le caractère, la psychologie. — (Mauvais caractère). ⇒ Chameau, chipie, choléra, furie, garce, harpie, peste, poison (n. f.), teigne; carne, carogne (vx), vache. — (Bêtise). ⇒ Bécasse, buse, dinde, gourde, oie, pécore (vx). — (Ruse). ⇒ Coquine, diablesse, drôlesse, masque (vx), mouche (fine mouche). — (Affectation, prétention). ⇒ Péronnelle, pimbêche, pimpesouée (vx).
♦ Termes caractérisant le comportement érotique, sexuel. — (Jalousie). ⇒ Lionne, panthère, tigresse. — (Pruderie et bigoterie). ⇒ Bégueule, mijaurée, sainte nitouche; grenouille (de bénitier), punaise (de sacristie). — (Séduction). ⇒ Enjôleuse, sirène, vamp. — (Liberté sexuelle condamnée). ⇒ Chienne (vx), coureuse (vieilli), créature (vx), dévergondée, fille, gaillarde (vx), garce, gourgandine (vieilli), luronne, salope; (argot fam.) affaire, baiseuse, bandeuse, bonne (argot mod.), bourrin; (littér.) bacchante, ménade, messaline. — (Homosexualité). ⇒ Homosexuelle, invertie, lesbienne; (péj. et vulg.) gouine, gougnotte, gousse; (littér.) sapho, tribade.
♦ Termes d'insulte (avec une valeur sexuelle dépréciative liée à la prostitution, au moins à l'origine). ⇒ Bécasse (vx), bougresse, cagne (vx : chienne), chabraque (vx), chausson (vx), peau (et : vieille peau), pétasse, pouffiasse, putain, pute, roulure, saleté, salope, traînée. — N. B. De nombreux termes péj. signalés ci-dessus peuvent être employés en insulte, seuls ou précédés de sale (→ aussi Gonzesse, typesse).
♦ Traits sociaux traditionnels. ⇒ Dame, lady (vx), princesse, reine, souveraine (propre et fig.).
♦ Désignation des femmes dans leurs rapports sociaux et sexuels à l'homme (point de vue de l'homme). ⇒ Amante (cit. 16), amie, belle (sa belle), chacune (sa chacune), compagne, concubine, épouse, favorite (vx), femme (II., ci-dessous), fiancée, maîtresse; (fam. et pop.) bergère, bonne femme (ci-dessous, C.); gigolette, gonzesse, gosse (et : petite gosse), langouste, langoustine (vulg.), ménesse (argot, vx), môme, mousmé (vx), moukère (vx), nana, nénette, pépée, poule (vulg.), souris. — REM. Ces mots sont le plus souvent employés avec un possessif (sa môme) ou un compl. de nom.
♦ Types sociaux de femmes, définies par leur « facilité » plus ou moins monnayée (thème dépréciatif autour de la prostitution, donnant lieu à des termes descriptifs anciens et modernes, à connotation péjorative ou injurieuse). ⇒ Belle-de-nuit, biche (vx), castor (vx), cocotte, crevette (vx), dégrafée (vx), demi-castor (vx), demi-mondaine, gourgandine, grisette (vx), hétaïre (littér.), horizontale (vieilli), lionne (vx), lorette (vx); catin, courtisane, prostituée; (vulg.) putain, pute, respectueuse, traînée; (fam.) grue.
♦ La femme dans la mythologie et dans l'art. ⇒ Déesse, divinité, vénus; démon, démone, succube; amazone, bacchante, danaïde, furie, grâce, harpie, kère, ménade, muse, nymphe, parque, sirène; fée; sylphide, walkyrie; houri; cariatide.
♦ Types sociaux de femmes, dans l'antiquité. ⇒ Esclave; affranchie.
♦ Types religieux de femmes. ⇒ Religieuse; moniale, nonne, sœur; sainte; vierge; et aussi héroïne, martyre.
♦ Traits socio-professionnels modernes. ⇒ Aristocrate (n. f.), bourgeoise, ouvrière, paysanne, prolétaire; commerçante, fonctionnaire. — (Activités traditionnelles). ⇒ Chaisière, concierge, couturière, dactylo, employée, hôtesse, mannequin, midinette, ouvreuse, sage-femme, scripte, secrétaire, speakerine, vendeuse; actrice, artiste, comédienne, danseuse, étoile, star, vedette; assistante (sociale), infirmière; institutrice. — N. B. Il convient d'ajouter à ces termes des formes féminines régulières, notamment dans les professions du commerce. ⇒ Bouchère, boulangère, charcutière, crémière, épicière, mercière, commerçante, marchande, vendeuse.
REM. 1. Femme est premier élément d'un groupe quand on veut indiquer le genre féminin des professions et activités pour lesquelles seul un terme de genre masculin est habituellement employé (c'est l'un des procédés officiellement recommandés au Québec, les deux termes étant alors liés par un trait d'union). || Femme maçon, femme terrassier, femme ingénieur. || Femme cadre. || Femme patron. || Femme reporter, correspondant d'un journal. || Femme chef d'État. — Femme professeur (ou professeur femme). || Femme metteur en scène, femme auteur, femme écrivain, femme philosophe, femme chercheur, femme peintre. — Femme pilote. || Femme cosmonaute.
74 La secrétaire-dactylo, la vendeuse de grand magasin, pensait Marat, dépendent de l'arbitraire du patron ou du chef de rayon. La femme fonctionnaire, par contre, est protégée par son statut (…)
Roger Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 135.
2. Le nombre de formes au genre féminin tend à s'accroître, avec l'accession des femmes à des professions qui étaient traditionnellement réservées aux hommes (→ Artisane, attachée, aviatrice, avocate, députée, juge, maire n. f., ministre n. f., rédactrice, policière, présidente). Mais l'emploi traditionnel des formes féminines pour désigner les épouses (générale, mairesse, préfète) limite parfois cette évolution. On dit aussi qu'une femme est juge, maire (au masc. et récemment au fém.), parfois qu'elle est directeur (ou directrice), avocat (ou avocate), médecin, docteur, général… Le lexique français est, dans ce domaine, en pleine incohérence.
Enfin, de nombreux féminins existent, mais sont connotés (→ Soldate, poétesse, etc.) et la revendication d'égalité avec l'homme conduit à deux attitudes inverses : adopter la même désignation (au masc.), créer systématiquement des formes féminines.
3. Au Québec, ces différents procédés font l'objet d'une recommandation officielle :
« Relativement au genre des appellations d'emploi, l'utilisation des formes féminines dans tous les cas possibles :
— soit à l'aide du féminin usité. Exemples : couturière, infirmière, avocate;
— soit à l'aide du terme épicène marqué par un déterminant féminin. Exemples : une journaliste, une architecte, une ministre;
— soit par la création spontanée d'une forme féminine qui respecte la morphologie française. Exemples : députée, chirurgienne, praticienne;
— soit par l'adjonction du mot femme. Exemples : femme-magistrat, femme-chef d'entreprise, femme-ingénieur » (Gazette officielle du Québec, 28 juil. 1979, p. 7394-7395).
B Avec une valeur typique.
1 a (En attribut). || Être femme : présenter (en parlant d'une femme) les traits, les caractères considérés comme propres à « la femme ». || Elle est vraiment femme. — REM. La plupart de ces emplois relèvent de l'image la plus conventionnelle, souvent misogyne, de la femme, y compris lorsque c'est une femme qui s'exprime (→ ci-dessous, cit. 77, Sand).
75 Elle flotte, elle hésite : en un mot, elle est femme.
Racine, Athalie, III, 3.
♦ Adj., en épithète :
76 On l'y sentait pourtant d'une coquetterie naturelle et fine, très femme.
♦ Spécialt. || Être femme : avoir les caractéristiques psychiques, intellectuelles prêtées à la femme (intuition, illogisme, ignorance…; curiosité). || « Je suis femme, monsieur, mon instinct ne me trompe pas » (A. France, le Crime de S. Bonnard).
77 Je suis excessivement femme pour l'ignorance, l'inconséquence des idées, le défaut absolu de logique.
G. Sand, Correspondance, t. I, p. 250, in T. L. F.
78 Elle devenait curieuse et bavarde, femme en un mot.
Zola, Thérèse Raquin, p. 97.
♦ (En parlant d'un homme). || Tous les hommes sont plus ou moins femmes.
79 La cruauté est partout dans Racine (…) Et ses femmes sont naturellement plus cruelles que ses hommes, ce qui n'est pas peu dire. Ou pour aller plus profondément peut-être, ses hommes sont femmes, ils ont tous souffert de la contamination féminine (…)
Ch. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo, Pl., p. 777.
♦ Spécialt (en opposition avec un autre substantif, auquel femme est opposé).
80 Dans les émotions de cette journée, la religieuse était redevenue femme. Elle avait pleuré, et elle tremblait (…)
Hugo, les Misérables, t. I, p. 359, in T. L. F.
♦ C'est bien une femme (même valeur). || Elle n'est, ce n'est qu'une femme : elle a les traits négatifs (faiblesse, etc.) attribués à la femme. — ☑ Loc. prov. Une femme est une femme.
b (En parlant d'un homme). Péj. || C'est une femme, une vraie, une véritable femme. ⇒ Efféminé, femmelette. || « Ce n'était pas une femme, Tournefier, mais un gaillard… » (Genevoix, Raboliot).
81 (…) ce qu'il reprochait surtout aux jeunes gens d'aujourd'hui, c'était d'être trop efféminés. « Ce sont de vraies femmes », disait-il avec mépris. Mais quelle vie n'eût semblé efféminée auprès de celle qu'il voulait que menât un homme, et qu'il ne trouvait jamais assez énergique et virile ?
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Pl., t. I, p. 762.
c Adj. || Une femme aussi femme qu'elle. || « Celles qui sont le plus femmes sont tout sentiment » (J. Lemaître, in T. L. F.).
♦ (En parlant d'un homme, de sa nature). || « J'avais la nature un peu femme » (Sainte-Beuve, in T. L. F.).
♦ Spécialt (sexualité). || Faire la femme, être la femme (dans un couple masculin homosexuel) : être passif, se faire sodomiser.
82 L'hommage se renouvelle, et pour en rallumer l'encens, rien n'est épargné par celui qui l'exige; baisers, attouchemens, pollutions, rafinemens de la plus insigne débauche, tout s'emploie à rendre des forces qui s'éteignent, et tout réussit à les ranimer cinq fois de suite; mais sans qu'aucun des deux changeât de rôle. Le jeune maître fut toujours femme, et quoiqu'on pût découvrir en lui la possibilité d'être homme à son tour, il n'eut pas même l'apparence d'en concevoir un instant le désir.
Sade, Justine…, I, p. 67.
2 (Explicitement opposé à enfant, fille, fillette, jeune fille). Femme nubile. || Cette fillette devient, est devenue une femme. || (L'adolescence), « le commencement d'une femme dans la fin d'un enfant » (Hugo). || « Laure n'était plus alors une très jeune fille mais une femme accomplie » (Daniel-Rops, in T. L. F.). — Être une femme : être nubile. || Ce n'est pas encore une femme, c'est presque une femme.
83 C'est ainsi que Cosette devenait peu à peu une femme et se développait, belle et amoureuse, avec la conscience de sa beauté et l'ignorance de son amour.
Hugo, les Misérables, IV, III, VI.
84 (…) il y avait dans le gazouillis de ces jeunes filles des notes que les femmes n'ont plus.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. V, p. 175.
♦ (En attribut). || Elle se fait femme. || Elle devient femme. || La voilà bientôt femme (Académie). — Devenir femme, être femme.
85 L'enfant devient jeune fille, la jeune fille devient grande fille, la grande fille devient femme.
Hugo, les Misérables, t. I, 1862, p. 488.
♦ Spécialt et vieilli (en attribut). || Être femme : avoir eu des relations sexuelles, ne plus être vierge. || Elle est devenue femme. || Faire femme (une fille). — REM. Dans cet emploi femme était opposé à fille dans la langue class., puis à jeune fille.
86 Son épousé la faisait dame,
Son ami, pour la faire femme,
Prend heure avec elle au matin (…)
La Fontaine, Contes, « Nicaise ».
87 — J'entrai fille en ce bois et chère à ma Déesse.
— Tu vas en sortir femme et chère à ton époux.
André Chénier, Bucoliques, IX.
3 Être femme à (suivi d'un infinitif) : être capable de. ⇒ Homme (être homme à). || Elle est femme à se venger. || Elle n'est pas femme à s'en laisser conter.
REM. L'emploi du déterminant, dans ce contexte, est vieilli :
88 (…) comme si j'étais une femme à violer la foi que j'ai donnée à un mari (…)
Molière, George Dandin, II, 8.
C Bonne femme.
1 Vx (usité jusqu'au XIXe). Femme pleine de bonté, femme « dont le caractère est simple et bon » (Littré). — Spécialt. Femme âgée et bonne (souvent en parlant d'une mère, d'une grand-mère). || Une bonne (cit. 52) femme de mère.
2 Vieilli. Femme simple et assez âgée. || Une bonne femme du peuple, de la campagne. Mod. || Une vieille bonne femme. ☑ Loc. mod. Remède de bonne femme (→ Bourrache, cit. 1). ☑ Contes de bonne femme, qui ne méritent aucune créance, et que peut seule croire une vieille femme ignorante.
89 (…) reléguons cette idée puérile avec les contes de bonne femme.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre CXXV.
♦ Adj. || Rideaux bonne femme : rideaux retenus par des embrasses. — (Dans des emplois adjectifs analogues). || Bonne femme : qui évoque un goût féminin simple, populaire (notamment en matière de décoration intérieure, d'habitat).
90 L'air bonne femme du lieu se trouvait confirmé par la présence aux murs de gravures représentant des chatons dans un panier, des biches au bois et des retours de fenaisons.
René Fallet, le Triporteur, p. 264.
♦ Vx (en appellatif). || Ma bonne femme, terme de condescendance à l'adresse d'une femme du peuple (au XIXe : Balzac).
3 ☑ Loc. fam. Une petite bonne femme : une petite fille. — Ma petite bonne femme, terme d'affection.
4 Fam. et cour. (1926, en argot). Femme (quels que soient son âge, son apparence, sa classe sociale). || Les bonshommes et les bonnes femmes, les mecs et les bonnes femmes : les hommes et les femmes, les garçons et les filles. || Une bonne femme épatante, sympathique; une chouette, une chic bonne femme. || Quelle sale bonne femme, quelle bonne femme prétentieuse ! — Une bonne femme d'une trentaine d'années. — Il n'y a que des bonnes femmes, dans ce bureau. — Il aime trop les bonnes femmes. || Des histoires de bonnes femmes.
91 (…) il distinguait entre les « femmes », les « bonnes femmes », et les « vieilles bonnes femmes ». Mais dans la différence entre les « femmes » et les « bonnes femmes », la question d'âge n'intervenait presque pas. Telle personne de cinquante ans, pourvu qu'elle fût coquette, bien mise, qu'elle eût une certaine peau, un certain regard, un certain parfum, lui apparaissait sans hésitation comme une « femme »; et telle concierge de vingt-cinq ans de la rue de la Goutte-d'Or, qui balayait son vestibule, dépeignée, dépoitraillée, la robe poussiéreuse, l'œil habité par des pensées de ménage ou de hargne conjugale, était promue d'emblée au rang de « bonne femme ».
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, 1932, p. 268.
92 Si j'étais un homme, tous les soirs je ramènerais une bonne femme différente.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 53 (1954).
REM. Le passage du sens 2. au sens 4. est insensible et progressif. Mais tous les emplois antérieurs à 1920 sont à interpréter comme non neutres et correspondent, souvent avec une valeur péjorative, à « brave femme » (insignifiante, ennuyeuse), « vieille femme » (sans attrait), « pauvre femme, socialement dépréciée ». Au sens 4., la connotation péjorative quasi obligatoire, encore sensible chez J. Romains (1932), a disparu vers 1945-1950. Les emplois qualifiés, fréquemment péjoratifs (sale bonne femme, etc.), supposent d'ailleurs que bonne femme soit lui-même neutre.
93 (…) pour cette bonne femme idiote, pas une ligne ne restera de ce qu'elle écrit, personne ne se souviendra de son nom dans trente ans (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 151.
5 Péj. et fam. || La bonne femme de quelqu'un, sa bonne femme : son épouse. || Il va encore venir avec sa bonne femme. ⇒ Femme, II.
94 Un fleuve de types, flanqués de leurs bonnes femmes, s'engagent sur la chaussée qui conduit vers les sous-bois de la gare (…)
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 443.
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II Épouse.
1 La femme de… (un homme); sa femme : son épouse. ⇒ fam. ou pop. Associée, bobonne, bourgeoise, légitime, moitié, régulière. || La femme de X, de monsieur X, de Jean. || C'est sa femme, sa première femme, sa seconde femme. || Son ancienne femme, son ex-femme (→ 2. Ex-). || La femme de son père : sa belle-mère, sa marâtre. || Sa femme est charmante, plus intelligente que lui. || Sa femme l'aime, lui est fidèle, le trompe, est volage (⇒ Cocu, cocuage, cocufier, vulg.). || Avoir des égards (cit. 12), du respect pour sa femme. || Aimer sa femme (→ Amoureux, cit. 5). || S'attacher (cit. 54) à sa femme. || Se faire aimer (cit. 72) de sa femme. || Sa femme ne l'aime plus, veut le quitter, veut divorcer. || Il a abandonné sa femme.
95 On sait qu'il ne faut guère parler de sa femme, mais on ne sait pas assez qu'on devrait encore moins parler de soi.
La Rochefoucauld, Maximes, 364.
96 « Celui qui n'a pas vu beaucoup de filles ne connaît point les femmes », me disait gravement un homme grand admirateur de la sienne, qui le trompait.
Chamfort, Maximes, Sur les femmes, XX.
♦ Voulez-vous être ma femme ?, m'épouser ? || Accepter d'être la femme de qqn, de l'épouser. || Elle a refusé de devenir sa femme.
♦ Dr. || Autorité du mari sur la personne de sa femme. ⇒ Puissance (maritale). || La femme peut ester en justice sans l'autorisation de son mari. || Dot de la femme. || Femme commune (commune en biens), femme séparée de biens.
♦ (Dans des formules sociales). || Comment va votre femme ? → (mondain) Comment va madame X ?; (fam.) Comment va votre épouse, l'épouse ?; (pop.) votre dame.
♦ (Autres déterminants). || La femme et son mari, et le mari. || Il a une femme charmante, insupportable.
97 Il y a peu de femmes si parfaites, qu'elles empêchent un mari de se repentir du moins une fois du jour d'avoir une femme, ou de trouver heureux celui qui n'en a point.
La Bruyère, les Caractères, III, 78.
N. B. La première occurrence est au sens I.
♦ (Dans le contexte de la famille, opposé à d'autres termes : mari, enfants). || La femme fait la cuisine, les enfants mettent la table. || Le mari se repose, c'est la femme qui fait tout. — ☑ Loc. fam. C'est la femme qui porte la culotte.
♦ (Sans déterminant). ☑ Loc. Chercher (cit. 29) femme : chercher à se marier. — ☑ Prendre femme : se marier. — ☑ Prendre qqn pour femme, se marier avec, épouser. || Demander une jeune fille pour femme : demander la main de…, demander en mariage. || Avoir pour femme, pour première, seconde femme. — Vx. || Avoir femme. Mod. || Il n'a ni femme ni enfant. — Être mari et femme, vivre comme mari et femme (être amants, concubins), comme femme et mari.
♦ ☑ Prov. Qui femme a, noise a (vx). — ☑ C'est le diable qui bat sa femme… — ☑ La femme de César ne doit pas être soupçonnée, mot par lequel César avait justifié la répudiation de sa femme Pompéia, soupçonnée d'infidélité (se dit parfois pour justifier une mesure sévère à l'encontre d'une personne en vue qui n'est que soupçonnée).
♦ Allus. bibl. || La femme de Loth, qui fut changée en statue de sel pour avoir regardé en arrière malgré l'interdiction divine, après avoir échappé à la destruction de Sodome (Genèse, 19, 26).
♦ La femme (l'épouse) adultère.
♦ La femme forte (de l'Écriture, de l'Évangile) : épouse courageuse, dévouée, etc. (vx ou iron.).
REM. Dans certaines loc. où femme a pu être employé au sens d'« épouse », l'usage actuel voit l'emploi général du mot (ex. : la, une femme au foyer).
2 Fig. Compagne, partenaire sexuelle. || Elle est devenue sa femme. ⇒ Maîtresse. || « J'ai été la femme de tout le monde, je me fais honte de mon corps » (Giono, Un de Beaumugnes).
97.1 Il resta des nuits entières à côté d'elle, à grelotter de misère. Certes, elle était sa femme, mais à des moments si rapides, si égarés.
Drieu La Rochelle, le Feu follet, p. 64.
3 Dr. ou péj. et vx. || La femme…, suivi du patronyme du mari (→ La Dame X, Madame X). || La femme Capet (→ Évasion, cit. 3).
4 Vx (en appellatif). || Femme, la femme (dit par le mari s'adressant à son épouse). || Oui, femme.
5 Fam. ou pop. || La bonne femme de (un homme) : sa femme (voir ci-dessus bonne femme, I., C.).
6 Fam. (vx ou lang. enfantin). Compagne, femelle (d'un animal mâle). || La lionne, c'est la femme du lion.
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III
1 Dans des expressions. (1680). || Femme de chambre : domestique attachée au service intérieur d'une maison, d'un hôtel. ⇒ Bonne, camérière, camériste, chambrière, servante, soubrette (→ Condition, cit. 18.1; éduquer, cit. 5).
98 Ah ! quel monde, Madame la comtesse, disait-elle (…) Des femmes de chambre de luxe, c'est-à-dire des donzelles qui ne veulent rien faire… qui ne travaillent pas, et dont je ne garantis pas l'honnêteté et la moralité… tant que vous voudrez !… Mais des femmes qui travaillent, qui cousent, qui connaissent leur métier, il n'y en a plus… (…) personne n'en a plus.
O. Mirbeau, Journal d'une femme de chambre, p. 310.
♦ (1680). || Femme de charge, chargée de la surveillance d'une maison, du linge, etc.
98.1 La cousine Bette occupait dans la maison Marneffe la position d'une parente qui aurait cumulé les fonctions de dame de compagnie et de femme de charge; mais elle ignorait les doubles humiliations qui, la plupart du temps, affligent les créatures assez malheureuses pour accepter ces positions ambiguës.
Balzac, la Cousine Bette, p. 148.
99 (…) le samedi (…) c'est le jour où la femme de charge vient faire le ménage « à fond ».
Roger Vailland, Bon pied, bon œil, p. 49.
♦ Admin. || Femme de journée : femme qu'on emploie à la maison pour un travail quelconque et qu'on paie à la journée (Académie).
♦ (1835). Cour. || Femme de ménage, qui vient faire le ménage dans une maison et qui est généralement payée à l'heure.
100 La femme de ménage passait chez eux trois heures par semaine pour laver, c'était la seule visite qu'ils eussent reçue au cours de bien des années. Elle aidait aussi Madame Henrouille à faire son lit et pour que la femme de ménage ait bien envie de le répéter aux environs, chaque fois qu'elles retournaient ensemble le matelas depuis dix ans, madame Henrouille annonçait sur le ton le plus élevé possible : « Nous n'avons jamais d'argent à la maison. »
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 232.
REM. Régionalement, au XIXe s., femme de ménage a signifié « épouse, maîtresse de maison ».
♦ Vx. || Femme d'ouvrage : domestique chargée des travaux ordinaires et les plus durs, dans une maison privée.
♦ Admin. || Femme de service : employée chargée des travaux de nettoyage dans certains locaux (administrations, entreprises).
♦ Femme de compagnie. ⇒ Dame, et aussi chaperon, duègne, suivante.
➪ tableau Noms de métiers.
2 Vx. || Les femmes (de…) : domestiques attachées au service de qqn (généralement une femme riche de la haute société). || Les femmes de la princesse de X.
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CONTR. Homme. — Enfant, fille. — Mari.
DÉR. Femmelette. — V. aussi Efféminer.
COMP. Langue-de-femme, sage-femme.
Encyclopédie Universelle. 2012.