FRIGIDITÉ
FRIGIDITÉ
Elle se définit habituellement par l’absence chez la femme de sensations voluptueuses lors du rapport sexuel.
Dans la frigidité totale, la femme n’éprouve ni volupté lors des caresses préliminaires, ni sensation rudimentaire d’orgasme. Dans la frigidité relative, la femme peut éprouver de temps à autre l’orgasme, mais son désir reste faible. Une autre forme de frigidité relative est caractérisée par le fait que la femme, malgré un désir sexuel intense et une volupté initiale, n’arrive pas à l’orgasme pendant le coït.
Certains auteurs (Zwang, Bergler) distinguent aussi la frigidité primaire ou «obligatoire»: l’orgasme n’a jamais été obtenu dans des rapports hétérosexuels, et la frigidité secondaire ou «facultative», où l’absence de volupté est liée au partenaire ou à une situation particulière.
Il faut bien distinguer la frigidité proprement dite, qui est donc indifférence dans la relation sexuelle, et les cas dans lesquels l’acte sexuel est douloureux: vaginisme et dyspareunie.
L’étiologie de ces troubles est manifestement organique lorsqu’un examen clinique décèle des causes locales: malformation ou cicatrices obstétricales affectant la vulve ou le vagin, organes génitaux internes ptosés ou en mauvaise position anatomique, lésions inflammatoires pelviennes. D’autres causes peuvent être générales: neuropathies (sclérose en plaques) ou endocrinopathies (hypothyroïdie, maladie d’Addison, troubles hypophysaires).
Certains cas de frigidité se rattachent à l’histoire sexuelle de la femme: cas des femmes qui ont été violées ou qui ont été traitées brutalement par leur partenaire. On peut également ranger dans cette série de facteurs les cas de frigidité secondaire qui dépendent du partenaire et de certaines situations conflictuelles.
Enfin, et c’est le cas le plus fréquent, la frigidité n’est qu’une manifestation névrotique parmi d’autres, à laquelle on ne peut donner d’explication sans tenir compte de la structure névrotique dans laquelle elle s’inscrit. La plupart des psychanalystes s’accordent pour voir au centre de cette inhibition sexuelle des conflits d’ordre œdipien: attachements incestueux, homosexualité plus ou moins latente, sentiments de culpabilité liés à l’acte sexuel, complexe de castration avec revendication phallique... Ces troubles névrotiques peuvent être accentués par la présence d’une bisexualité prononcée.
frigidité [ friʒidite ] n. f.
• 1752; « état de l'homme impuissant » 1495; « froid » 1330; bas lat. frigiditas
♦ Absence d'orgasme chez la femme (⇒ anorgasmie); par ext. Absence de désir sexuel et de satisfaction sexuelle (rare en parlant d'un homme et alors distinct de l'impuissance).⇒ anaphrodisie. Frigidité permanente, temporaire. Frigidité anatomique, physiologique, psychologique.
● frigidité nom féminin (bas latin frigiditas, -atis) Littéraire. Qualité de ce qui est froid, de ce qui provoque la sensation du froid : La frigidité du marbre. Absence d'orgasme chez la femme lors des rapports sexuels. ● frigidité (difficultés) nom féminin (bas latin frigiditas, -atis) Sens Ne pas confondre ces trois noms. 1. Impuissance n.f. = incapacité pour l'homme à accomplir l'acte sexuel. 2. Frigidité n.f. = absence d'orgasme chez la femme lors des rapports sexuels. 3. Stérilité n.f. = inaptitude à avoir des enfants, infécondité.
frigidité
n. f. état d'une femme frigide.
⇒FRIGIDITÉ, subst. fém.
Fait d'être frigide.
A.— Vx ou littér. Fait d'être froid.
1. [Correspond à frigide A 1] La frigidité d'un cadavre. La frigidité du marbre (Ac. 1932). Une insomnie inquiète (...) qui lui faisait chercher, en des places où son corps n'avait pas reposé, la frigidité des draps (E. DE GONCOURT, Faustin, 1882, p. 121).
2. [Correspond à frigide A 2] Banville, (...) avec sa vieille figure encore plus mauvaise qu'à l'ordinaire, se montre d'une frigidité glaciale avec moi (GONCOURT, Journal, 1891, p. 16). La frigidité religieuse de ce vieux pays sclérosé, où chacun ne pense qu'à soi, à son petit commerce, à sa petite épargne, à sa petite sécurité (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1040) :
• 1. ... Bonaparte n'avait rien du bonhomme. Domination personnifiée, il était sec; cette frigidité faisait antidote à son imagination ardente...
CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 646.
B.— Fait, pour une femme, d'être incapable d'éprouver l'orgasme ou d'y être peu sensible. Diminution de l'appétit sexuel avec apparition d'une impuissance chez l'homme, d'une frigidité chez la femme (QUILLET, Méd. 1965, p. 354) :
• 2. ... la frigidité n'est presque jamais liée à des conditions anatomiques ou physiologiques, (...) elle traduit le plus souvent le refus de l'orgasme, de la condition féminine ou de la condition d'être sexué...
MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 184.
— [Plus rarement en parlant d'un homme] Il s'aperçut de son indifférence à l'égard des femmes (...). Heureusement (...) la simple frigidité peut être passagère. Elle est due parfois au surmenage, aux soucis, à l'empire d'une préoccupation (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 82).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. Fin XIVe s. fregidité « état de ce qui est froid » (Le Livre des secrez de nature, 312, cité ds Fr. mod. t. 42, pp. 280-281); 1495 « état de l'homme impuissant » (J. DE VIGNAY, Mir. Hist., IX, 86, édit. 1531 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 710). Empr. au b. lat. frigiditas « froidure, froid ». Fréq. abs. littér. :20.
frigidité [fʀiʒidite] n. f.
ÉTYM. 1330; var. fregidite, fin XIVe; bas lat. frigiditas, de frigidus. → Frigide.
❖
1 Littér. et rare. Qualité de ce qui est froid, procure la sensation de froid. || La frigidité du marbre, de l'eau d'une source.
2 Fig. et littér. Absence de chaleur, de tendresse pour autrui. || La sécheresse et la frigidité d'une âme (→ Frigide, cit. 5). — Incapable d'éprouver des sentiments amoureux.
3 (1845). Plus. cour. Chez la femme, Absence d'orgasme; par ext. Absence permanente de désir sexuel et incapacité d'obtenir une satisfaction sexuelle (rare en parlant d'un homme et alors distinct de l'impuissance). ⇒ Anaphrodisie. || La frigidité féminine. || Frigidité permanente. || Frigidité temporaire. || Frigidité anatomique, physiologique, psychologique. || Frigidité absolue, relative. || Apareunie causée par la frigidité.
1 La frigidité (…) est rarement absolument complète et définitive. Dans les formes complètes, à l'absence de jouissance, s'ajoute une absence totale d'appétit sexuel. D'autres fois, malgré l'absence de toute sensation voluptueuse, la femme conserve une impulsion sexuelle normale.
A. Binet, l'Amour et l'Émotion chez la femme, XIV, p. 150.
2 Si sa devise était « fais souffrir et jouis », on pourrait penser que, comme Messaline, c'est une insatisfaction perpétuelle des sens qui l'a dévoyée, mais rien de tel ne paraît dans le roman et ne fait soupçonner que la frigidité soit le motif de ses dérèglements.
3 La frigidité, à l'inverse de l'érotisme, est le ralentissement ou l'extinction, l'absence simple parfois de l'appétit sexuel. Elle se traduit chez l'homme par de l'impuissance. On la rencontre dans certaines affections organiques neurologiques (tabès) ou mentales (paralysie générale)… elle est banale chez les surmenés (…) Assez commune chez la femme (…) son existence chez l'homme est souvent la source de graves préoccupations capables de conduire le sujet au suicide… Le traitement de la frigidité tire ses éléments de la pathogénie du trouble.
4 (…) il (le malade) se plaint, par exemple, d'insomnie, d'incapacité à la concentration intellectuelle, d'une inhibition sexuelle telle que l'impuissance ou la frigidité.
Daniel Lagache, la Psychanalyse, p. 60.
❖
Encyclopédie Universelle. 2012.