gant [ gɑ̃ ] n. m.
• v. 1155; guant 1080; frq. °want
1 ♦ Pièce de l'habillement qui s'adapte exactement à la main et la recouvre au moins jusqu'au poignet en épousant la forme de chaque doigt séparément. Une paire de gants. Doigts, empaumure, manchette d'un gant. Gant laissant à nu les premières phalanges ⇒ mitaine. Fabrication des gants. ⇒ ganterie, gantier. Pointures de gants. Gants façon sellier, nervurés. Gants de cuir, d'agneau, de pécari. Gants de laine. Gants d'homme, de femme. Gants vénitiens, qui montent au-dessus du coude. Gants à crispin. Gants fourrés, doublés. Gants blancs, beurre frais. « Les autres femmes mettent des gants pour se parer » (Gautier). ⇒ se ganter. Enlever, retirer ses gants. ⇒ se déganter. — Boîte à gants d'une automobile. ⇒ vide-poche.
2 ♦ Spécialt Gant, moufle, utilisé pour protéger la main. Gants de caoutchouc. Gant de cuisine, pour tenir des plats chauds. ⇒ manique. Gants de ménage, de jardinage. Gants de chirurgien. Gant d'ouvrier, d'artisan. ⇒ gantelet, manicle, 1. paumelle. — GANT DE BOXE, GANT : grosse moufle de cuir bourrée de crin. Gants de 5, 6 onces. Remettre les gants : pratiquer de nouveau la boxe.
♢ Par anal. GANT DE CRIN, avec lequel on frictionne la peau pour activer la circulation du sang. « Il frictionnait au gant de crin son jeune corps musclé » (Aragon). — Gant de friction. — GANT DE TOILETTE : poche généralement en tissu éponge dans laquelle on enfile la main pour se laver. ⇒ main. Tissu éponge tenant lieu de gant de toilette. ⇒ débarbouillette, lavette.
♢ Spécialt Gant de pelote basque. ⇒ chistera. « Les lanières qui tiennent le gant de bois, d'osier et de cuir » (Loti).
♢ Fig. Gant de Notre-Dame : campanule, digitale.
3 ♦ Loc. Être souple comme un gant : avoir un caractère docile, servile. — Se retourner comme un gant. Retourner qqn comme un gant. — Aller comme un gant à qqn : convenir parfaitement. « Il sera cuistot [...] ça lui ira comme un gant » (Sartre). — Une main de fer dans un gant de velours. — Jeter le gant à qqn, le défier, le provoquer. Ramasser, relever le gant : accepter le combat, se disposer à la riposte.
♢ Fam. Prendre, mettre des gants : agir avec ménagement, précaution (cf. Y mettre des formes). « Il n'a pas pris de gants pour le lui dire » (Balzac). Prendre des gants avec qqn. — Littér. Se donner les gants de qqch., de (et inf.),s'en attribuer l'honneur, le mérite, généralement mal à propos. ⇒ se flatter, se vanter. Il « s'était donné les gants de le défendre » (Romains).
● gant nom masculin (ancien français guant, du francique want) Objet fait de peau, d'étoffe ou de tout autre matériau qui épouse la forme de la main et des doigts et qui est utilisé comme accessoire de l'habillement ou comme protection dans diverses activités. ● gant (citations) nom masculin (ancien français guant, du francique want) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Vous n'êtes que le gant, et moi je suis la main. Ruy Blas, III, 5, Don Salluste ● gant (expressions) nom masculin (ancien français guant, du francique want) Gant de boxe, gant de protection, confectionné en cuir et rembourré de crin. Gant de crin, sorte de moufle en crin tricoté, utilisée pour frictionner le corps. Gant de données, en informatique, gant pourvu de capteurs sensitifs de pression et de position, utilisé comme périphérique d'entrée pour la manipulation d'objets virtuels dans un système de réalité virtuelle. (L'ordinateur interprète les informations que lui fournit ce dispositif pour visualiser, à travers une modification de l'affichage, les mouvements effectués.) Gant (de) Notre-Dame, nom usuel de la digitale pourpre, d'une campanule et de l'ancolie vulgaire. Gant de toilette, poche en tissu-éponge, utilisée pour se laver. Aller comme un gant à quelqu'un, lui convenir parfaitement. Jeter le gant à quelqu'un, le défier, le provoquer. Mettre, prendre des gants, agir avec précaution, discrétion, ménagement, en évitant de heurter ou de blesser quelqu'un. Relever, ramasser le gant, accepter un défi. Retourner quelqu'un comme un gant, le faire complètement changer d'avis. Se donner les gants de, s'attribuer le mérite de quelque chose que l'on n'a pas fait. Souple comme un gant, très souple ; d'une humeur accommodante sinon servile.
gant
n. m.
d1./d Pièce d'habillement qui couvre la main et chaque doigt séparément. Gants de laine. Gants de caoutchouc. Gants de chirurgien.
|| Loc. fig. être souple comme un gant, très souple, très accommodant.
— Cela me va comme un gant, me convient parfaitement.
— Une main de fer dans un gant de velours: V. main.
— Prendre des gants ou (Québec) prendre des gants blancs: prendre des précautions.
— Jeter le gant: lancer un défi. Relever le gant: relever le défi.
d2./d Par ext. Objet qui couvre la main et qui sert à divers usages.
— Gants de boxe: moufles en cuir rembourré des boxeurs.
— Gant de baseball: gant renforcé servant à attraper la balle.
— Gants de hockey, servant à protéger les mains des joueurs.
— Gant de crin, en crin tricoté, pour les frictions.
— INFORM Gant de données: dispositif en forme de gant, relié à un micro-ordinateur, qui permet d'avoir la sensation tactile d'objets virtuels et, éventuellement, de les manipuler.
⇒GANT, subst. masc.
I. — Pièce de l'habillement qui recouvre et protège toute la main, au moins jusqu'au poignet, et qui, en général, épouse la forme de chaque doigt séparément. Paire de gants; gant de femme, d'homme.
A. — [Gants à doigts séparés] L'hiver sera rude, disait-on, le père Grandet a mis ses gants fourrés (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 17). Ce qu'il avait toujours désiré, aimé d'une femme, c'était le gant, l'empreinte et le moule de la main, la chose qui dessine et suit ses doigts (GONCOURT, Journal, 1865, p. 167). Charruel feignit d'épousseter ses guêtres à coups de gants (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 85) :
• 1. Il avait un banc à part à l'église; chaque dimanche, on l'y voyait assis au premier rang des fidèles, avec son ancien costume et ses gants de cérémonie, qui lui montaient presque jusqu'au coude.
RENAN, Souv. enf., 1883, p. 27.
SYNT. Gant(s) de peau, de daim, de coton, de fil, de filoselle, de laine; gant(s) à frange, à boutons; gant(s) de Suède; gant(s) de deuil; gants blancs, noirs; gants beurre frais; gants assortis, dépareillés; gant ajusté, étroit, fourré, long, demi-long; gants liturgiques; porter, mettre des gants; enfiler, boutonner, défaire, ôter, enlever, quitter ses gants; saluer du gant; tenir un gant à la main.
— Boîte, coffret à gants. Je l'ai cachée [la fiole] au fond de ma boîte à gants (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 575).
— Gants jaunes. Gants portés notamment sous Louis-Philippe par les hommes distingués, les aristocrates. Il [Gavarni] a masqué ses instincts peuple sous des gants jaunes. Mais il est resté peuple au fond (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1336) :
• 2. Sébastien lisait le Globe; c'est assez vous dire que c'était un jeune homme qui ne badinait pas avec l'amour. Ses opinions philosophiques le poussaient fortement vers cette moralité qui nous met des gants jaunes aux mains et des habits noirs sur le dos, qui jette une légère nuance de froideur sur les fronts, une teinte de pédantisme dans le discours, qui nous rend graves comme des méthodistes, et nous prescrit de n'avoir que des passions avec les femmes...
BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1830, p. 243.
♦ P. méton. Un gant jaune ou, plus rarement un gants jaunes. Un homme élégant; p. iron. un dandy, un muscadin. Un homme aussi distingué par sa naissance que par ses manières, par sa fortune et par ses équipages, un lion, un élégant, un gant jaune! (BALZAC, Député d'Arcis, 1847, p. 359). Bouvard le railla, l'appelant joli cavalier, muscadin, gants jaunes (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 172).
— Locutions
♦ Vx. L'amitié passe le gant. L'amitié permet qu'on se salue sans retirer son gant (cf. Ac. 1835, 1878).
♦ Baiser le gant de qqn. [En signe de respect] Cet homme dont j'irais baiser le gant, si je ne lui réservais une lame au cœur, — vous le croyez sans pareil à son époque (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 110). Baiser le gant d'une femme. Baiser la main qui se trouve être gantée. Tous les hommes qu'elle voit lui sont dévoués, et qu'en attendent-ils? La faveur de baiser son gant (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1837, p. 165). Il baise le gant de Marinette; elle rougit comme une petite fille (RENARD, Journal, 1905, p. 1010).
♦ Laisser tomber un gant. [Le suj. est une femme] Laisser tomber un gant pour attirer l'attention d'un homme. La comtesse (...) en passant laissa tomber un de ses gants devant notre héros (MÉRIMÉE, Chron. règne Charles IX, 1829, p. 89).
♦ P. plaisant., vx. Elle a perdu ses gants. Elle a perdu sa virginité (cf. Ac. 1835, 1878).
— [P. anal. de forme] BOT. Gant de Notre-Dame, gant Notre-Dame, gant de bergère. Cf. ancolie, digitale, campanule, gantelée. Et partout la pensée avec la campanule, l'œillet de la montagne et le millepertuis, le sceau de Salomon, le gant de Notre-Dame (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 301).
B. — En partic.
1. [Gants qui ne séparent que le pouce] Synon. moufle. Ganté de gants de laine qui n'ont qu'un pouce (GONCOURT, Journal, 1875, p. 1042).
♦ Gant de crin. Gant de crin avec lequel on se frictionne :
• 3. ... pour mater l'insomnie et ramener le calme, il fut réduit aux courtes aspersions dans sa baignoire ou dans son tub, aux simples affusions froides, suivies d'énergiques frictions pratiquées, à l'aide du gant de crin, par son domestique.
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 133.
♦ Gants de boxe; gants d'entraînement, de combat; gants de 5, 6, 8 onces. Remettre, reprendre les gants. Se remettre à boxer. S'ils avaient été condamnés à soutenir leurs sauvages doctrines seulement à coups de poing, et même avec des gants de huit onces (ALAIN, Propos, 1921, p. 255).
2. Gant de toilette ou gant. Poche en tissu éponge — ne séparant pas le pouce des autres doigts — que l'on enfile pour se laver. Dans une gamme de rouge et de jaune, draps de bains, serviettes et gants de toilette permettent à chacun de choisir sa série : unie, rayée ou imprimée (Maîtresse de jeune maison, Paris, Hatier, 1965, p. 172 bis).
C. — Spécialement
1. [Gants qui servent de protection à la main dans différentes activités] Gants de protection, de ménage, de décorticage; gants de travail, d'ouvrier, d'artisan; gants de ski, d'escrime. C'est une sorte de polissage qui a besoin, pour être bien exécuté, d'une force considérable. Les mains des ouvriers sont entourées de gants qui ressemblent à de véritables armures (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 123). Pour les substances radioactives (...), il suffit d'utiliser des gants et des vêtements protecteurs et de ne les manipuler que dans des hottes closes et ventilées (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 224).
♦ Gant à crispin.
2. VÉN. Gant d'oiseau. Gant qui recouvre la main du fauconnier et la protège des serres de l'oiseau qu'elle porte. (Dict. XIXe s. et Lar. Lang. fr.).
3. MÉD. Gants de caoutchouc, de chirurgien, de Chaput. Gants que porte le chirurgien par mesure d'hygiène :
• 4. On le voyait [le chirurgien] vivre jusqu'au bout des outils d'acier que ses longs doigts, si agiles, si souples dans le gant de caoutchouc, maniaient avec tant d'énergie tour à tour et tant de délicatesse...
BOURGET, Sens mort, 1915, p. 16.
4. HIST. Pièce de l'armure. Gant de fer. Synon. gantelet. Le soleil dore sa cuirasse; haches, vouges, gants de fer, becs de faucons reluisent à son côté (QUINET, Ahasvérus, 1833, 3e journée, p. 224).
— Loc. verb.
a) [Le suj. désigne un chevalier] Jeter le gant. Jeter le gantelet aux pieds de son adversaire pour le défier au combat. Relever ou ramasser le gant. Accepter le défi. Le roi vouloit empêcher ses chevaliers de relever le gant, et de ressentir ces insultes particulières (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 495).
♦ [Le gant que l'on lance au visage remplace le gantelet] Jeter, lancer, envoyer le gant à la face de qqn. Le provoquer en duel :
• 5. [Albert] comprit l'allusion, et fit un geste pour lancer son gant au visage du comte; mais Morrel lui saisit le poignet, tandis que Beauchamp et Château-Renaud, craignant que la scène ne dépassât la limite d'une provocation, le retenaient par derrière. Mais Monte-Cristo, sans se lever, en inclinant sa chaise, étendit la main seulement, et saisissant entre les doigts crispés du jeune homme le gant humide et écrasé : — Monsieur, dit-il avec un accent terrible, je tiens votre gant pour jeté, et je vous l'enverrai roulé autour d'une balle.
DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 419.
b) Au fig. [P. réf. à cette coutume] Jeter le gant, jeter le gant à la face de qqn. Lancer un défi à quelqu'un. Il a jeté, comme par défi, dans l'arène lyrique, un gant de fer dont l'écho retentira long-temps (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p. 289). [Il] jeta le gant à la face de la Fortune (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 387). En voilà un qui te défie, et te jette à la face le gant que vient de lui passer, pour cela, ton bon ministre de la guerre (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 5). Relever le gant. Accepter le défi. Aucun journal ne releva le gant de la polémique (BALZAC, Illus. perdues, 1839p. 526) :
• 6. ... je serai content, pourvu que je puisse ainsi t'attirer dans la carrière. Je t'envoie donc ici une de ces provocations. Je jette le gant, j'espère que tu le relèveras.
M. DE GUÉRIN, Corresp., 1830, p. 34.
II. — Loc. diverses
A. — [P. réf. à diverses qualités du gant, sa souplesse, la facilité avec laquelle on le met, sa douceur]
— Fam. Être souple comme un gant. Avoir la souplesse d'un gant. Quel cuir! Fort comme une semelle, souple comme un gant (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 160).
♦ Au fig. Avoir l'humeur facile et accommodante; péj. être complètement soumis, voire servile. Rendre souple comme un gant. Tous ces galants musqués, fleuris comme des roses, qu'on voit soir et matin (...) s'assouplir comme un gant autour des jeunes filles (MUSSET, À quoi rêvent j. filles, 1832, II, 1, p. 361). Ils sont tous comme ça, ces serins d'hommes. En public roides comme des crins; dans le tête-à-tête, souples comme des gants (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 14).
— Fam. [Le suj. désigne un vêtement] Aller comme un gant à qqn. S'adapter exactement aux formes du corps. Cela me va comme un gant. Cette redingote te va comme un gant! (ROMAINS, Copains, 1913, p. 177).
♦ [Le suj. désigne une partie du corps] Entrer comme un gant (mis pour entrer comme dans un gant). Entrer facilement. Oh! les bons souliers!... Attendez, je vais les mettre. C'est tout mon pied, ça entre comme un gant (ZOLA, Page amour, 1878, p. 996).
♦ Au fig. Convenir parfaitement, comme un gant bien ajusté à la main. Ce luxe héréditaire vous sied à ravir et vous va comme un gant (SANDEAU, Mlle de la Seiglière, 1848, p. 211). Il sera cuistot... ça lui ira comme un gant (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 158).
♦ Rare. Tout va comme un gant. Rien ne présente de difficulté. (Faire qqc.) comme un gant. (Faire quelque chose) avec facilité. Dans le commerce, c'est bien différent, et surtout dans la parfumerie où tout va comme un gant (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 117). Oh! chantez, dites, chantez... (...) chantez... vous chantez comme un gant... Elle retourne au piano (GUITRY, Veilleur, 1911, I, p. 8).
— Retourner qqn comme un gant. Le faire changer complètement d'avis. Se retourner comme un gant :
• 7. En présence de leurs énergiques protestations, Bout, ébranlé, gardait pourtant un pli au front, en proie à un reste de méfiance. Il finit par être convaincu; sur quoi, retourné comme un gant, il s'amusa (...), gloussant, toussant, s'étranglant, à ravaler l'éclat d'une gaieté ironique...
COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part., p. 139.
♦ Retourner qqc. comme un gant. Le bouleverser entièrement. Un soupir poussé de travers par une femelle leur retourne l'intelligence comme un gant! Ils perdent la tête pour une œillade! (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 655). On peut faire des réformes, mais on ne retourne pas une société comme un gant (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1906-07, p. 26).
— Proverbe. Être amis comme le gant et la main. D'ailleurs, en acceptant votre déjeuner, j'aurai le droit de vous avoir à dîner avec mon ami Lucien, car nous devons maintenant être amis comme le gant et la main (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 414).
— Fam. Ne pas mettre ou ne pas prendre de gants (avec qqn). Agir ou parler sans précaution, sans ménagement. Mettre ou prendre des gants, prendre des gants avec qqn :
• 8. ... il disait leur fait aux chalandes, et sans mettre de gants, je vous prie de le croire. Si elles tâtaient un peu longtemps la marchandise, il les appelait proprement râleuses et purées...
A. FRANCE, Crainquebille, 1904, p. 46.
♦ Rare. Manquer de gants. Malaucène et Vertaizon furent éliminés pour leur manque de gants, au figuré (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 169).
♦ Prendre qqc. avec des gants. Prendre quelque chose avec précaution, avec douceur. La vie n'est pas raffinée. La vie ne se prend pas avec des gants (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 698).
— Une main de fer dans (sous) un gant de velours. Un caractère ferme ou autoritaire sous des apparences de douceur. Il aperçut la main de fer sous le gant de velours; la personnalité, l'égoïsme, sous les manières (BALZAC, Goriot, 1835, p. 137).
B. — Au fig., au plur. [P. réf. à la coutume espagnole qui voulait que le messager porteur d'une bonne nouvelle reçût en gratification une paire de gants]
1. Vx. Avoir les gants d'(une nouvelle). Recevoir une gratification pour avoir annoncé une nouvelle. Ne pas avoir les gants d'une chose (LITTRÉ).
— P. ext., vx. Toute gratification. Ce qui serait curieux, c'est qu'il eût réclamé son petit cadeau, ses petits gants (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 227).
— Vx. Donner des gants ou donner pour les gants à (une prostituée). Donner une gratification à (une prostituée). Donner à (une prostituée) pour ses gants; demander des gants. On donne ce qu'on veut à la femme pour ses gants (F. d'Urville, les Ordures de Paris, 1874) (RIGAUD, Dict. arg. mod., 1881, p. 190). Méfiez-vous des intrigants Et surtout des femmes galantes Qui vous demanderont des gants (A. Gratigny) (FRANCE 1907).
— Arg. En être pour ses gants. En être pour ses frais. Celui qui a fait une mauvaise opération en est pour ses gants (ROSSIGNOL, Dict. arg., 1901, p. 53). P. méton. Mes (-) gants, tes (-) gants... Moi, toi... C'est bien fait pour ses gants. C'est bien fait pour lui (cf. SANDRY-CARR. 1963).
2. P. ext. [Pour signifier le profit que l'on peut tirer de qqc. de nouveau]
a) Vx. Avoir les gants d'(une nouveauté). Avoir le mérite, le prestige d'avoir découvert ou inventé quelque chose, d'avoir été le premier à formuler une idée, annoncer une nouvelle. Ce n'est pas vous qui avez les gants de cette nouvelle (Lar. 19e).
b) P. dérision. Se donner les gants de (qqc.). [Littéralement : se donner à soi-même un pourboire]. S'attribuer à tort le mérite, le prestige d'avoir été le premier à faire quelque chose. [Il a] voulu se donner les gants près de son parti d'une exécution sur nous, au nom des saines doctrines littéraires et des principes révolutionnaires (GONCOURT, Journal, 1875, p. 1093). Elle nous peint ensuite Dumas fils se donnant les gants de mots spirituels qu'il aurait dits aux gens, mais qu'il n'a trouvés qu'après leur départ (GONCOURT, Journal, 1893, p. 465).
♦ Absol. Se donner des gants. Exagérer ses mérites, se vanter :
• 9. « Il [Victor Hugo] a comme cela trop de fantaisie à tout moment, trop de fierté. » C'est ainsi qu'elle appelle son fastueux et son pomposo. — Elle dit encore de lui : Il se donne trop de gants.
SAINTE-BEUVE, Cahiers, 1869, p. 33.
♦ Se donner les gants de + inf. S'approprier indûment le bénéfice d'une attitude que l'on ne fait que simuler, précisément pour le profit que l'on sait pouvoir en tirer. Fam. Se payer les gants de + inf. Combien peut-il [le libraire] encore gagner après s'être payé les gants de faire le gentilhomme devant moi? (BOURGET, Cosmopolis, 1893, p. 14). Je me donnai les gants de flétrir ceux qui encombraient le conseil de guerre de plaintes dérisoires (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 86). Les femmes sont des femmes, mon cher, toujours, même quand elles se donnent les gants d'être des anges (ANOUILH, Répét., 1950, III, p. 90).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 guant « pièce de l'habillement qui recouvre la main en épousant la forme de chaque doigt isolément » (Roland, éd. J. Bédier, 2664); b) 1558 comme un gant « très bien ajusté » (B. DES PÉRIERS, Œuvres françoises, Nouv. récréations, 106 ds QUEM. DDL t. 9); 2. a) ca 1100 presenter sun guant symbole de défi, signifie qu'on accepte un combat en remettant le gant à un suzerain comme gage de ce combat (Roland, éd. cit., 3851); b) 1432 gietter son gant « défier » (CH. D'ORLÉANS, Poésies, éd. P. Champion, p. 65, 1); c) 1803 relever le gant « accepter le défi » (CHATEAUBR., loc. cit.); 3. 1872 gant « accessoire analogue servant à protéger la main pour exercer différentes activités » (Lar. 19e); 4. 1538 bot. gant de Notre-Dame (EST.), v. gantelée. Empr. de l'a. b. frq. want « moufle, mitaine », cf. le m. néerl. want « id. » (VERDAM), l'a. h. all. wantus « id. » (GRAFF) et le lat. médiév. wantus « id. » (NIERM.). Ce mot a sans doute été introduit en gallo-roman du Nord parce que les Romains ne connaissaient pas ce type de gants. Les Francs ayant l'habitude d'offrir une paire de gants en symbole de la remise d'une terre, gant était dès le début un terme juridique de l'investiture (ca 1150, Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 2681), v. DU CANGE, s.v. investitura, t. 4, p. 415a; cf. DEAF, col. 121-127. Fréq. abs. littér. : 1 679. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 813, b) 3 365; XXe s. : a) 2 523, b) 2 271. Bbg. BOULAN 1934, p. 73. - LEBEL (P.). Gant. Fr. mod. 1950, t. 18, p. 5. - LEW. 1960, p. 74. - PEZARD (A.) Manche et mancia. In : [Mél. Monteverdi (A.)]. Modène, 1959, t. 2, pp. 571-593. - TILANDER (G.). Orig. et évolution sém. de gant et mitaine « pourboire ». St. neophilol. 1947, t. 20, pp. 14-20.
gant [gɑ̃] n. m.
ÉTYM. V. 1155; guant, 1080; du francique want.
❖
1 Pièce de l'habillement qui s'adapte exactement à la main et la recouvre jusqu'au poignet ou quelquefois plus haut, en épousant la forme de chaque doigt séparément (à la différence des moufles). || Une paire de gants. || Parties d'un gant. ⇒ Doigt, empaumure, manchette. || Bouton, tirette de gant. || Gant laissant à nu les premières phalanges. ⇒ Mitaine. || Doigt de gant unique. ⇒ Doigtier. || Fabrication des gants. ⇒ Ganterie, gantier. || Gants coupés, tissés, tricotés; gants façon sellier. || Gants de peau (agneau, chamois, chevreau, daim, pécari…). || Gants de Suède. || Gant de coton, de laine, de filoselle, de dentelle. — (1690). || Gants fourrés, à l'intérieur desquels on a laissé le poil, la laine de l'animal dont la peau a été utilisée; ou doublés de fourrure, de lainage… pour tenir plus chaud. — Gants blancs, noirs, clairs. || Gants beurre frais (cit. 5). || Gants d'homme, de femme. || Pointure de gants. || Gants courts, s'arrêtant au poignet. || Gants longs, à longue manchette collante ou évasée, montant jusqu'au coude ou au-dessus du coude. || Gants de sport, de ville. || Gants habillés, brodés, ornés, parfumés. || Gants à la frangipane (vx). || Mettre des gants. ⇒ Ganter (se). || Enlever (cit. 11), quitter, retirer ses gants. ⇒ Déganter (se). || Ôter son gant pour serrer la main de qqn. || Tenir son gant à la main. || Faire un signe avec son gant, agiter son gant (→ Faire, cit. 29). || Malfaiteur qui met des gants pour ne pas laisser d'empreintes digitales.
1 Ôtez ce gant; touchez à Monsieur dans la main (…)
Molière, les Femmes savantes, II, 6.
2 Vos gants blancs sont de trop : on dîne les mains nues.
A. de Musset, Premières poésies, « À quoi rêvent les jeunes filles », I, 2.
3 Les autres femmes mettent des gants pour se parer; mademoiselle Ida ne s'en sert, je crois bien, que pour préserver ses mains du grand air et des regards profanes.
Th. Gautier, Portraits contemporains, Ida Ferrier.
4 À côté des minces cravates
S'allongent comme des mains plates Les gants glacés.
Th. Gautier, Émaux et Camées, « La bonne soirée ».
5 Dans son empressement de se mettre au jeu, M. de Karkoël n'ôta pas ses gants, qui rappelaient par leur perfection ces célèbres gants de Bryan Brummell, coupés par trois ouvriers spéciaux, deux pour la main et un pour le pouce.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le dessous de cartes… », II.
6 Les gants qui cachent ses mains sont des gants de peau fine, brodés de soie blanche, quand ceux de sa fille ne sont que des gants de filoselle, des gants de religieuse, presque des gants de domestique.
M. Jouhandeau, Chaminadour, Contes brefs, « Fille unique ».
7 Quand le commandant de gendarmerie revenait, il remettait ses gants de cuir avec beaucoup de sang-froid, doigt par doigt, le pouce le dernier (…)
P. Nizan, le Cheval de Troie, X.
♦ Vx. || Gants jaunes, portés par les aristocrates. ⇒ Gant-jaune.
2 Spécialt. Dispositif couvrant la main. || Gants de protection. — REM. Dans ce sens, gant peut désigner aussi des moufles, protégeant la main sans épouser la forme des doigts. — (V. 1360). Anciennt. Pièce de l'armure. ⇒ Gantelet. — Sports. || Gant à crispin, pour l'escrime. || Gant pour jouer à la paume (→ Balle, cit. 1).
♦ Gant de boxe, et, absolt, gant : grosse moufle de cuir bourrée de crin, à pouce séparé. || Gants de 5, 6… onces. || Gant d'entraînement, de combat. || Lacer ses gants. — ☑ Loc. fig. Un ancien boxeur qui remet, reprend les gants, pratique de nouveau la boxe. ☑ Croiser les gants : se battre (avec qqn) à la boxe.
♦ Techn. || Gants de travail. || Gant d'ouvrier, d'artisan. ⇒ Gantelet, manicle (ou manique), paumelle. || Gants de décorticage. || Gants pour la cueillette (cit. 1) des fruits. — Gants de caoutchouc, gants de chirurgien.
♦ Gants de hockey. — Gants de cycliste, laissant nues les extrémités des doigts (et constituant donc à proprement parler des mitaines).
♦ Gant de crin : moufle de crin avec laquelle on frictionne la peau pour activer la circulation du sang.
8 Il reniflait du savon, sa chemise enlevée, il frottait au gant de crin son jeune corps musclé.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XXXII.
♦ Gant de toilette : sorte de poche, généralement en tissu éponge, dans laquelle on enfile la main pour faire sa toilette. ⇒ Main. || Préférer la débarbouillette au gant de toilette.
9 Ensuite, il demande à sa petite amie de vouloir bien desserrer les lanières qui tiennent le gant de bois, d'osier et de cuir à son bras rougi.
Loti, Ramuntcho, I, IV.
3 (1538). Fig. || Gant de Notre-Dame : ancolie (cit. 2); digitale. ⇒ Gantelée, ganteline. — Syn. : gant de bergère.
4 ☑ Loc. fig. (Fin XVIe). Être souple comme un gant : avoir un caractère docile, servile.
10 Voyez, elle se rend
Plus douce qu'une épouse, et plus souple qu'un gant.
Corneille, le Menteur, IV, 6.
11 Je t'aurai rendu ta belle-mère souple comme un gant (…)
Balzac, le Contrat de mariage, Pl., t. III, p. 205.
♦ ☑ Se retourner comme un gant, facilement et complètement.
♦ ☑ (XXe). Fig. Retourner qqn comme un gant, le faire changer complètement d'avis, lui faire adopter une position diamétralement opposée à la sienne.
12 Je songe à cet animal marin très simple qui se retourne comme un gant, mettant le dedans dehors.
Valéry, Autres rhumbs, p. 115.
♦ ☑ (1845). Aller comme un gant (à qqn) : convenir parfaitement (comme le gant qui épouse étroitement la main).
13 Si je n'avais pas ma Josépha, puisque le père Hulot délaisse sa femme, elle m'irait comme un gant.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 146.
♦ ☑ Une main de fer dans un gant de velours.
♦ ☑ (1432). Jeter le gant : défier, provoquer (d'une coutume médiévale par laquelle un chevalier qui en défiait un autre au combat lui jetait son gant, que ce dernier ramassait s'il acceptait le combat). || Deux chefs qui se sont jeté le gant et s'affrontent (cit. 6). — ☑ (1803). Ramasser, relever le gant : accepter le combat, se disposer à la riposte. || Relever le gant et accepter le combat (cit. 12).
14 Ceci est un cartel amoureux envoyé par une femme de cœur; n'eût-elle pensé à moi qu'un jour, il faut bravement relever le gant.
A. de Musset, Nouvelles, « Fils du Titien ».
15 Le Roi (Louis XVI), après un moment de silence et d'étonnement, finit par un mot grave, intolérable, qui jetait le gant à l'Assemblée, commençait la guerre : « Si vous m'abandonnez dans une si belle entreprise, seul, je ferai le bien de mes peuples, seul, je me considérerai comme leur véritable représentant ».
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, IV.
16 « Notre avenir est sur l'eau », c'est à l'Angleterre qu'il jetait le gant. Pour moi, je pense que l'Angleterre est en train de le ramasser en ce moment.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 159.
♦ ☑ (Au XIXe). Vx. Baiser le gant de qqn, lui témoigner du respect.
♦ ☑ (1808). Prendre, mettre des gants : agir avec ménagement, précaution. ⇒ Forme (II., 4.). || Cet homme est très susceptible : il faudra prendre des gants pour lui faire cette proposition.
17 Il n'a pas pris de gants pour le lui dire.
Balzac, cité par M. Rat, Petit dict. des locutions franç., p. 85.
♦ ☑ (1488). Vx. Avoir les gants (de qqch.), en avoir la première idée, le mérite, ou le profit (de l'espagnol para guantes « pour les gants », c'est-à-dire le pourboire qu'il était d'usage de donner au messager porteur d'une bonne nouvelle). || Nous avons déjà entendu cela, vous n'en avez pas les gants. ⇒ Étrenne. — ☑ (1872). Mod. et littér. Se donner les gants (de qqch.), s'en attribuer l'honneur, le mérite, généralement mal à propos. ⇒ Flatter (se), vanter (se). — Se donner les gants de (et inf.).
18 Mais Barthou, persuadé qu'il n'avait pas besoin de sacrifier son sous-secrétaire d'État pour sauver le ministère, s'était donné les gants de le défendre.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIV, p. 217.
19 Tout le monde aujourd'hui voudrait se donner les gants de la révolution sans en payer le prix, ou porter sa révolte à la boutonnière alors que la vraie révolte est nue.
Camus, l'Homme révolté (Texte complémentaire), in Essais, Pl., p. 1706.
❖
COMP. Gant-jaune.
Encyclopédie Universelle. 2012.