garnir [ garnir ] v. tr. <conjug. : 2> ♦ Pourvoir (une chose) de ce qu'il est nécessaire ou utile d'y mettre ou d'y ajouter.
1 ♦ Pourvoir d'éléments destinés à protéger ou à renforcer. ⇒ munir. Garnir qqch., une paroi de plaques d'acier (⇒ blinder, cuirasser) , de bois (⇒ boiser) , d'un revêtement (⇒ chemiser, revêtir) , de piquants (⇒ hérisser) . — Mar. Garnir un cordage, un espar, l'entourer d'un bitord.
2 ♦ Pourvoir des éléments dont la présence est nécessaire ou normale. ⇒ approvisionner, équiper, outiller, remplir. Garnir des sièges. ⇒ 1. canner, capitonner, 2. pailler, rembourrer. — Absolt Bourse, portefeuille bien garnis (d'argent).— Vieilli Maison, appartement, chambre garnis (des meubles et objets nécessaires). ⇒ garni, meublé. — Bouquet garni. — Pronom. (Pass.) La salle se garnissait peu à peu (de gens). ⇒ s'emplir.
♢ Remplir, recouvrir, en tant que garniture. Livres qui garnissent les rayons d'une bibliothèque. — Par ext. Couvrir, recouvrir (un espace). ⇒ occuper, remplir. « La plupart des internés garnissaient les tribunes » (Camus).
3 ♦ Garnir de, avec... Pourvoir d'éléments qui s'ajoutent à titre d'accessoires ou d'ornements. Garnir une robe de dentelle, de broderies, de passementeries. ⇒ agrémenter, enrichir, orner. Garnir un manteau de fourrure. ⇒ 1. doubler, fourrer. — Au p. p., absolt Plat de viande garni, servi avec un accompagnement de légumes (⇒ garniture) . Choucroute garnie, accompagnée de charcuteries diverses.
♢ Orner, en tant que garniture. Guirlandes qui garnissent le sapin de Noël.
⊗ CONTR. Dégarnir, priver. Dépeupler, vider.
● garnir verbe transitif (germanique warnjan, pourvoir) Pourvoir, munir quelque chose d'un objet, d'une matière, etc., qui le protège ou le renforce : Garnir une porte d'un blindage. Pourvoir, accompagner quelque chose de quelque chose qui le complète ou l'enjolive, qui vient en accessoire, en garniture : Garnir une table avec des fleurs. Accompagner un plat d'une garniture qui le complète ou le décore : On a garni le plat du jour de frites. Remplir quelque chose de ce qui est nécessaire ou adéquat : Garnir une bibliothèque de livres. Rembourrer un coussin, un fauteuil, etc. Orner quelque chose, un lieu, le compléter, l'agrémenter : Quelques bibelots garnissent l'étagère. Alimenter une chaudière en combustible solide. Armer un aviron, quand son banc de nage n'est pas occupé. Mettre le gréement d'un mât, d'une vergue, etc. ● garnir (synonymes) verbe transitif (germanique warnjan, pourvoir) Pourvoir, munir quelque chose d'un objet, d'une matière, etc., qui le...
Synonymes :
- doubler
- étoffer
- munir
Pourvoir, accompagner quelque chose de quelque chose qui le complète ou l'enjolive...
Synonymes :
- agrémenter
- égayer
- enrichir
- orner
- parer
Contraires :
- dégarnir
- dépouiller
Remplir quelque chose de ce qui est nécessaire ou adéquat
Synonymes :
- équiper
- fournir
- remplir
Contraires :
- dénuder
- vider
Orner quelque chose, un lieu, le compléter, l'agrémenter
Synonymes :
- décorer
- embellir
- ourler
garnir
v. tr.
d1./d Munir de ce qui protège ou de ce qui orne. Garnir de cuir les coudes d'une veste.
— Rembourrer. Garnir un fauteuil.
|| Couvrir en servant d'ornement, décorer. Des tapisseries garnissent les murs.
d2./d Pourvoir de choses nécessaires. Garnir une bibliothèque de livres. Syn. munir.
|| Remplir, occuper (un espace). Les spectateurs qui garnissent les tribunes du stade.
— v. Pron. La salle se garnissait de spectateurs.
⇒GARNIR, verbe trans.
A. — Domaine militaire.
1. Qqn garnit qqc.1 (de/avec qqc.2). Munir une place, un dispositif de défense d'éléments ou de troupes nécessaires à sa défense, à sa protection. Synon. armer. Garnir un port de vaisseaux. Il fit garnir de canons les remparts (Ac.). J'étais dans le village, près de la barricade (...). On garnit les parapets. Le lieutenant dit : « Ne vous pressez pas, les amis, laissez-les rappliquer. » (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 99). Ces tranchées inaugurent les immenses travaux de fortifications dont le Grand État-Major a décidé de garnir toutes nos frontières (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 179) :
• 1. ... j'adressai aux armées une note prescrivant d'économiser les troupes en ligne en perfectionnant les organisations défensives, et de constituer des réserves partielles (...). Il semblait qu'on ne pût défendre les tranchées qu'en les garnissant d'hommes coude à coude derrière les parapets...
JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 6.
— Emploi pronom. passif. La Corrèze se garnit de maquisards. À Saint-Ferréol, à Terrasson, de vifs engagements, où l'envahisseur perd plusieurs centaines d'hommes (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 278).
2. Qqc.2 garnit qqc.1 Être placé (en un lieu) pour le défendre, le protéger. Le maréchal avait envoyé chercher un des deux bataillons suisses stationnés dans le Louvre. On lui dépêcha celui des deux bataillons qui garnissait la colonnade (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 604).
B. — Munir (une chose) d'éléments accessoires ou annexes :
1. servant à la mettre en état de remplir sa fonction, à la compléter.
a) Qqn garnit qqc.1 de/avec qqc.2 Garnir une maison de meubles, une bibliothèque de livres. Henriette (...) venait de partir, en recommandant bien à Silvine de ne pas se coucher, sans aller garnir de charbon le poêle de Jean (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 516). Quand il fut couché, la lampe éteinte, elle se promena longtemps nue, garnit nue son fourneau d'essence. C'était son remède pour éviter les incendies, qu'elle craignait (GIRAUDOUX, Bella, 1926, p. 239).
— Emploi pronom.
♦ passif. Qqc.1 se garnit de qqc.2 Cette campagne commence à se garnir de beaux arbres (Ac.). Les soutes des vaisseaux de guerre se garnirent de combustibles et de munitions (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 64).
♦ réfl., fam. vieilli. Qqn se garnit de qqc.2 Il se garnit de tout ce qu'il lui faut (Ac. 1835, 1878).
b) [Sans compl. introd. par de, avec] Garnir un lit, un étui, une valise; un portefeuille bien garni. Pour aujourd'hui, garnissons l'estomac et non la mémoire (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 577).
Garnir une épée. ,,Y mettre une garde`` (Ac.).
— Spécialement
♦ BÂT. Remplir les interstices des moellons à l'aide de mortier et de pierres. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ DR. ANC. Garnir la main de la justice. ,,Déposer entre les mains d'un huissier la somme pour laquelle on est poursuivi`` (Lar. 20e).
♦ MAR. Garnir une vergue. ,,La gréer de toutes ses poulies, filières, marche-pieds`` (GRUSS 1952). Garnir un cabestan. ,,Mettre les barres en place et tout disposer pour virer`` (GRUSS 1952).
♦ SELLERIE, BOURRELLERIE, TAPISSERIE. Garnir un canapé, une chaise, un fauteuil. Mettre en place le capitonnage et le revêtement (d'apr. CHESN. 1857).
♦ TYPOGR. ,,Disposer les blancs d'une forme entre les pages, avant de procéder au serrage`` (COMTE-PERN. 1963).
— Emploi pronom.
♦ passif. Qqc.1 se garnit. Les tribunes commencent à se garnir (DAVAU-COHEN 1972). Son fuseau tournoyait un instant dans le vide, Puis, brusquement repris, se garnissait rapide (JAMMES, Géorgiques, Chant 3, 1911, p. 17).
♦ réfl. indir. J'ai commencé ma journée par me garnir une quenouille bien ronde, bien bombée, bien coquette avec son nœud de ruban (E. DE GUÉRIN, Journal, 1838, p. 149).
Pop. Se garnir l'estomac, la panse, le ventre. Bien manger. Comment faire ce soir pour me garnir la panse? (VERLAINE, Prem. vers, 1858-66, p. 31).
c) Qqc.2 garnit qqc.1 Remplir, couvrir, occuper. La foule garnissait les gradins. Les cheveux qui garnissent le derrière de la tête (Ac.). L'incendie [de Moscou] (...) garnissait toute l'atmosphère jusqu'à une grande hauteur d'une fumée cuivreuse (STENDHAL, Corresp., 1812, p. 389). J'allais voyager avec une dame. Déjà, une moitié d'elle garnissait le compartiment, l'autre moitié, penchée hors de la portière, appartenait encore à la gare de Lausanne (MORAND, Ouv. la nuit, 1922, p. 13). Les règles du secret furent considérablement renforcées (...). La plus extraordinaire était celle qui classait secrets les principaux ouvrages de référence sur l'uranium qui garnissaient pourtant avant la guerre les bibliothèques de tous les grands laboratoires scientifiques (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 39) :
• 2. Lorsqu'on a essayé d'évaluer en chiffres la population de ces peuples qui garnissent sur une étendue immense la ceinture boréale des continents, les calculs les plus probables ne sont pas arrivés à un total de 500.000 habitants...
VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 29.
2. servant à protéger ou renforcer.
a) Qqn garnit qqc.1 de/avec qqc.2 Garnir qqc. de bois, de caoutchouc, de métal. Garnir des volets de tôle (LITTRÉ). Faire garnir une porte de bourrelets, pour empêcher le vent de pénétrer (Ac.). Une maison que le précédent propriétaire avait garnie de persiennes (BALZAC, Pts bourg., 1850, p. 7).
— Spécialement
♦ MAR. ,,Garnir un objet de limandes, de bitord ou de fil de caret formant natte, c'est l'entourer de façon à le préserver des frottements ou des chocs`` (GRUSS 1952).
♦ TYPOGR. ,,Placer sur la platine ou le cylindre d'une presse typographique, un ensemble d'étoffe et de papiers dans le but d'assouplir la pression`` (COMTE-PERN. 1963).
— Vieilli. [Sans compl. prép.] ,,Garnir des bas, une chemise, un jupon`` (Ac. 1835, 1878). Les renforcer pour les faire durer plus longtemps.
— Emploi pronom., vieilli. Qqn se garnit
♦ Se garnir contre le froid. Se vêtir de façon à se préserver du froid. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ En partic. [En parlant d'une femme, au moment des règles, des couches] Mettre des tampons hygiéniques, des serviettes périodiques. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Qqc.2 garnit qqc.1 Le revêtement réfractaire qui garnit l'intérieur d'un four (v. garnissage citat. de Barnerias).
3. servant à orner, embellir. Synon. agrémenter.
a) Qqn garnit qqc.1 de/avec qqc.2 Garnir une robe de dentelles, un chapeau de fleurs. Garnir une chambre de tableaux (Ac. 1835, 1878). [Denise] n'avait pu que rafraîchir sa vieille robe de laine noire, en la garnissant de biais de popeline à petits carreaux (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 521).
— Emploi pronom. passif. Qqc.1 se garnit de qqc.2 Tunique de velours de même nuance qui forme l'écharpe et se relève d'un seul côté sur l'épaule; elle se garnit d'une frange de fantaisie en soie avec glands et filet (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 796).
— [Sans compl. prép.] Garnir une devanture. Elle parlait (...) de sa modiste qui ne garnissait pas assez ses chapeaux sur le derrière, trop sur le devant (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 62).
— Spécialement
♦ ART CULIN. Accompagner, parer (le plat principal) d'une garniture (cf. ce mot B 2). Garnir une choucroute de charcuterie. Garnir de persil une pièce de bœuf (Ac.).
♦ TEXT. Garnir du drap. En tirer le poil pour lui donner un aspect laineux. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Qqc.2 garnit qqc.1 De charmans feuillages sculptés et dorés sur fond d'azur, garnissent les archivoltes des arcades et le pourtour des angles de la chapelle, et contrastent avec la nudité des autres parties de l'église (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 352). Cette boîte (...) dont la couleur était indéfinissable, grâce au reflet de l'or poli, des saphirs, des rubis et des émeraudes qui garnissaient la boîte (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 762).
Prononc. et Orth. : [], (il) garnit []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Fin Xe s. garnir qqn contre qqc. « avertir, mettre en garde quelqu'un (contre) » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 112); b) agn. ca 1119 soi garnir « se tenir sur ses gardes » (PH. DE THAON, Comput, éd. Ed. Mall, 2860); 2. ca 1100 guarnir (une tour) « occuper un lieu pour le défendre » (Roland, éd. J. Bédier, 3676); 3. a) ca 1125 garni part. passé et adj. « approvisionné » (PH. DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 876); b) ca 1165 « pourvu de » (B. DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 25133); c) ca 1260 « orner » (E. BOILEAU, Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 208); d) 1609 chambre garnie « qui se loue meublée » (M. RÉGNIER, Œuvres complètes, éd. G. Raibaud, Sat. 12, 257). Du germ. warnjan « prendre garde à quelque chose » que l'on peut restituer d'apr. l'a. h. all. warnôn « avertir, protéger », le m. néerl. waernen « pourvoir, équiper », all. warnen « avertir, prévenir ». Fréq. abs. littér. : 402. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 577, b) 745; XXe s. : a) 649, b) 424. Bbg. BALDINGER (K.). Le DEAF en tant que dict. diachr... Meta. 1973, t. 18, pp. 80-81. - DUCH. Beauté. 1960, p. 93. - THOMAS (A.). Nouv. Essais 1904, p. 131. - WALT. 1885, p. 67.
garnir [gaʀniʀ] v. tr.
ÉTYM. XIe; du francique warnjan; cf. all. warnen « prendre garde ».
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I Vx. || Garnir (qqn) de (qqch.) : pourvoir (qqn) de (choses utiles ou nécessaires).
1 Jadis n'y eut fille, en toute Aemonie,
Qui fût de grâce et beauté mieux garnie
Que Coronis (…)
Clément Marot, Métamorphoses d'Ovide, II.
2 (…) Homère (…) les garnit toujours (les héros) de vivres (…)
Racine, Remarques sur l'Odyssée d'Homère, VII.
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II Mod. || Garnir (qqch.).
1 (Sujet n. de personne). || Garnir (qqch.) de (qqch.) : pourvoir d'(éléments destinés à protéger ou à renforcer). || Garnir une place forte. ⇒ Armer, flanquer, fortifier; garnison (étym.). || Gantelet qu'on a garni de lames d'acier. ⇒ Munir. || Étoupes (cit. 1) goudronnées dont on garnit les joints (⇒ Calfater). || Garnir qqch., une surface, un objet de plaques d'acier (⇒ Blinder, cuirasser), de bois (⇒ Boiser), d'un revêtement (⇒ Chemiser, revêtir), de clayonnages (⇒ Clayonner), de piquants (⇒ Hérisser), de boules (⇒ Bouler), de carton (⇒ Cartonner), de coussins (⇒ Matelasser). || Éléments de protection dont on garnit des tonneaux, des bouteilles, des fenêtres. ⇒ Cercler, clisser, treillisser. || Garnir des bas. ⇒ Renforcer. — Mar. || « Garnir un objet de limandes, de bitord ou de fil de caret formant natte, c'est l'entourer de façon à le préserver des frottements ou des chocs » (Gruss). || Garnir un cordage, un espar. ⇒ Fourrer.
3 Il perdit encore trois lunes à équiper les cent douze éléphants qui logeaient dans les remparts (…) Hannon fit refondre les plaques d'airain dont on garnissait leur poitrail, dorer leurs défenses, élargir leurs tours (…)
Flaubert, Salammbô, Hannon.
♦ Au p. p. || Casse-tête (cit. 1) garni de clous. || Âme de câble (cit. 1) garnie de goudron.
2 (Sujet n. de personne). || Garnir (qqch.) : pourvoir de tous les éléments dont la présence est nécessaire ou normale. ⇒ Approvisionner, équiper, remplir. || Garnir un four (de bois), une bibliothèque (de livres), un buffet (de vaisselle), un étui, un nécessaire (des diverses pièces), un lit (des draps, matelas, couvertures…), une lampe (d'huile, de pétrole…), des sièges (⇒ Canner, capitonner, empailler, pailler, rembourrer), un chapeau (de sa coiffe), une épée (de sa garde). — Au p. p. || Bien garni : abondamment pourvu. ⇒ Fourni. || Bourse, portefeuille bien garnis (d'argent). || Table bien garnie (de mets). || Bouche bien garnie, avec toutes ses dents, des dents saines. — (1724, hôtel garni, Voltaire). Spécialt. Vieilli. || Maison, appartement, chambre garnis (des meubles et objets nécessaires). ⇒ Garni, meublé.
4 Quand des Français la bourse est bien garnie (…)
Ronsard, Pièces posthumes, « Au trésorier de l'Épargne ».
5 Tout ce qu'il fut possible de faire pour nous, ce fut de nous assurer deux petites chambres garnies, ou plutôt dégarnies, dans une espèce de mauvais lieu.
G. Sand, Un hiver à Majorque, p. 44.
6 (…) s'il ne lui restait plus les jambes, du moins lui restait-il l'estomac et sa fortune lui permettait de garnir sa table (…)
Ch.-L. Philippe, Père Perdrix, I, V.
7 Il se répandit une forte odeur d'encens. Peut-être garnissait-on des encensoirs dans la sacristie.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, IV, p. 43.
♦ Au p. p. Fig. Rare. || Bouche mal garnie, édentée.
8 Les mots sortaient en trébuchant de sa bouche mal garnie.
Camus, la Peste, p. 118.
♦ Mar. || Garnir une vergue, la gréer de toutes ses poulies, filières, marche-pieds. || Garnir un cabestan, en disposant tout pour virer. — Techn. || Garnir le drap. ⇒ Lainer.
♦ ☑ Fam. Se garnir les poches (d'argent). ⇒ Enrichir (s'), remplir (se). — Se garnir le ventre, la panse, le bocal (syn. : se remplir).
♦ Garnir (qqch.) de : pourvoir des (éléments nécessaires ou utiles). — Au p. p. || Vaisseau garni de ses rames (→ Argonaute, cit.). || Couche (cit. 1) garnie d'un matelas et de draps. || Fenêtre (cit. 4) garnie de persiennes et de châssis.
9 Il (…) n'oublia pas de garnir sa ceinture d'autant de doublons que don Garcia put la charger.
Mérimée, les Âmes du purgatoire.
10 C'était une chambre garnie tout bonnement de meubles d'acajou assez laids, comme tous les meubles de ce genre, et tapissée de papier à douze sous.
Hugo, les Misérables, I, V, III.
♦ (Sujet n. de chose). || Garnir (qqch.) : remplir, recouvrir; être sur, dans (qqch.). || Meubles garnissant un appartement (→ Étude, cit. 52). || Les livres qui garnissent les rayons d'une bibliothèque (cit. 3). || Les barbillons qui garnissent les côtés (cit. 8) du bec. || Les jolies dents qui garnissent sa bouche.
♦ Couvrir, recouvrir un espace. ⇒ Occuper, remplir. || Cheveux qui garnissent la tête. || Pyramides de chocolat (cit. 3) garnissant les planches d'un étalage. || Feuilles, bourgeons qui commencent à garnir les branches au printemps. — Pron. || La salle se garnissait peu à peu, les spectateurs arrivaient.
11 Je vis la salle se garnir peu à peu de figures à moi connues.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, p. 329.
12 La plupart des internés garnissaient les tribunes.
Camus, la Peste, p. 260.
♦ (Le compl. désigne un être vivant). Techn. Disposer sur le cheval d'attelage les différentes pièces de son harnais.
3 Garnir (qqn, qqch.) de (qqch.) : munir d'(éléments qui s'ajoutent à titre d'accessoires ou d'ornements). || Garnir une robe de dentelle, de broderies, de passementeries. ⇒ Agrémenter, border, encadrer, orner, passementer, soutacher. || Garnir de fleurs, de plumes, d'émaux, de diamants. ⇒ Enrichir. || Garnir une fenêtre de bourrelets. ⇒ Calfeutrer. || Garnir un manteau de fourrure, d'étoffe. ⇒ Doubler, fourrer, ouatiner. || Garnir des vitrines, des murs d'objets d'art, de tableaux. — (Sujet n. de chose). || Garnir (qqch.) : orner, couvrir. || Ex-voto (cit. 1) garnissant des murs. || Chéchia (cit.) qui garnit le sommet de la tête.
♦ Au p. p. || Flambeau (cit. 17) garni d'un abat-jour. ⇒ Entourer. || Tonnelle garnie de vigne (→ Feuillu, cit. 1).
13 Jupiter était vêtu d'une brigandine couverte de velours noir, à clous dorés; il était coiffé d'un bicoquet garni de boutons d'argent doré (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, 1.
14 Dominique posa un vase garni de soucis sur le coin d'une table (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 460.
♦ Spécialt. || Garnir (un mets) de (qqch.) : servir avec (un mets) un accompagnement de. || Garnir de légumes une pièce de bœuf. || Garçon, avec quoi sont garnies les escalopes ? ⇒ Garniture. || Dinde garnie de marrons, de truffes. — Absolt. → ci-dessous.
——————
garni, ie p. p. adj.
♦ Voir à l'article. Spécialt. || Chambre garnie, meublée et louée à la journée (→ ci-dessus, cit. 5). || Hôtel garni. ⇒ Garni (n. m.).
♦ Plat garni : plat (de viande, poisson) accompagné de légumes (→ À l'arlésienne, à la bruxelloise, à la catalane, etc.). || Choucroute garnie, accompagnée de charcuteries diverses. — Vieilli. || Assiette garnie : assiette anglaise.
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CONTR. Dégarnir, démunir, dénuder, priver. — Dépeupler, vider.
DÉR. Garnement, garni, garnison, garnissage, garnisseur, garniture.
COMP. Dégarnir, regarnir.
Encyclopédie Universelle. 2012.