greffer [ grefe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1538; graffer 1496; de 2. greffe
1 ♦ Insérer une greffe (greffon) sur (un sujet). ⇒ enter. Greffer un rosier sur un églantier. Greffer (une espèce d'arbre) sur sauvageon. — Soumettre (un sujet, un porte-greffe) à l'opération de la greffe. Plants assez vigoureux pour être greffés. Greffer en écusson. ⇒ écussonner.
2 ♦ Implanter par une greffe chirurgicale. Greffer une cornée prélevée sur un cadavre. Greffer un organe. ⇒ transplanter. On lui a greffé un rein.
♢ Pratiquer une greffe sur (qqn). Greffer un brûlé. — Subst. Les greffés du cœur.
3 ♦ Fig. ⇒ ajouter, insérer, introduire.
♢ SE GREFFERv. pron. Des complications imprévues sont venues se greffer là-dessus. La Grèce « dont l'esprit s'est pour ainsi dire greffé sur notre esprit » (Fustel de Coulanges).
● greffer verbe transitif (de greffe 2) Soumettre un végétal à une greffe : Greffer un arbre. Transporter un greffon sur une plante par l'opération de la greffe : Greffer sur sauvageon. Faire une greffe d'un tissu, d'un organe sur un individu différent ou sur le donneur lui-même : Greffer un rein, une cornée. Insérer quelque chose sur ou à quelque chose, l'y ajouter, l'y introduire : Greffer un nouveau chapitre à un roman. ● greffer (homonymes) verbe transitif (de greffe 2) ● greffer (synonymes) verbe transitif (de greffe 2) Soumettre un végétal à une greffe
Synonymes :
- enter
Insérer quelque chose sur ou à quelque chose, l'y ajouter, l'y introduire
Synonymes :
- insérer
greffer
v.
d1./d v. tr. Effectuer une greffe sur. Greffer un manguier.
|| MED Greffer un rein, un coeur. (V. histocompatibilité.)
d2./d v. Pron. Fig. Nouvelles lois qui se greffent sur les anciennes.
⇒GREFFER, verbe trans.
A. — Pratiquer une greffe.
1. HORTICULTURE
a) [Le compl. d'obj. dir. désigne le greffon]. Insérer (un greffon) par l'opération de la greffe :
• 1. ... si je greffe sur une branche de prunier un bourgeon de cerisier, et sur une autre branche du même arbre un bourgeon d'abricotier, ces trois espèces vivront ensemble et participeront à une vie commune, sans cesser d'être distinctes.
LAMARCK, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 397.
— Emploi pronom. passif. Les prunes sauvages se greffaient sur les pommiers et les amandiers (Gdes heures cuis. fr., Éluard-Valette, 1964, p. 248).
b) [Le compl. d'obj. dir. désigne le porte-greffe] Soumettre (une plante) à l'opération de la greffe. Greffer un lierre, un rosier, un poirier. J'assurai le traitement des arbres et leur entretien. Je greffai les pommiers pour obtenir plusieurs variétés de pommes à couteau (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p. 129).
— Emploi abs. De toutes parts, par la parole et la brochure, on préconisait le cep américain greffé. On greffa sur table, on greffa sur pied. On replanta (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 95).
2. CHIR. Greffer un lambeau de peau. Chez les poissons, les batraciens, on peut greffer, d'un animal à l'autre, des fragments de peau, les yeux, le cœur, les glandes sexuelles (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 74).
B. — Au fig. [Avec ou sans compl. second.] Greffer qqc. sur qqc. Ajouter, introduire, insérer un élément nouveau ou complémentaire. Comme rien n'est si difficile que de créer, il faut le plus souvent greffer une institution sur une autre (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 288) :
• 2. Pour faire concurrence aux sentiments maladifs que Swann avait pour Odette, Mme Cottard, meilleur thérapeute que n'eût été son mari, avait greffé à côté d'eux d'autres sentiments, normaux ceux-là, de gratitude, d'amitié...
PROUST, Swann, 1913, p. 377.
— Emploi pronom. [Avec ou sans obj. second]. Se greffer sur. C'est sur une révolution bourgeoise victorieuse que se greffera la révolution prolétarienne (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. XVIII). Le sentiment fondamental est l'insécurité. La culpabilité se greffe ultérieurement comme une explication causale plus ou moins fausse (CHOISY, Psychanal., 1950, p. 126) :
• 3. Coué écrit très modérément : « Toute maladie est double, sur toute maladie physique vient se greffer une maladie morale dont le cœfficient est souvent beaucoup plus élevé que celui de la maladie physique... ».
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 224.
REM. 1. Greffé, -ée, part. passé adj. Qui a reçu ou qui a fait l'objet d'une greffe. (Voir PESQUIDOUX, supra). Un rein greffé recommence tout de suite à sécréter (CARREL, L'Homme, 1935, p. 115). 2. Greffable, adj. Qui peut être greffé. Quantité de recherches ont précisé que le cancer n'était greffable que dans des conditions très précises : celle-ci, en particulier que l'animal fût rigoureusement de la même espèce que le porteur de la tumeur première (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946, p. 151).
Prononc. et Orth. : [], [-], (il) greffe []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Trans. 1496 « insérer une greffe » graffer (JEAN MOLINET, L'Alliance Matrimoniale, V, 23 ds Les Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, I, p. 336); 2. a) 1538 « soumettre à l'opération de la greffe » (2 janv., Chirogr., A. Tournai ds GDF. Compl.); b) pronom. 1757 (Encyclop. t. 7, p. 622). Dér. de greffe2; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 278 Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 267, b) 316; XXe s. : a) 388, b) 547.
DÉR. 1. Greffage, subst. masc. Action de greffer. Par le greffage du plant de semis sur une variété adulte : on n'observe aucun résultat positif. Par contre, le greffage d'un rameau adulte sur le plant de semis peut hâter la floraison de ce dernier (BOULAY, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 54). On se rendit rapidement compte que l'adoption du greffage des vignes françaises sur des porte-greffes américains était la seule solution pratique et durable (LEVADOUX, Vigne, 1961, p. 61). — []. — 1re attest. 1872 (Lar. 19e); de greffer, suff. -age. 2. Greffeur, -euse, subst. Personne qui greffe, qui sait pratiquer les greffes. Les conditions de réussite du greffage sont soumises à certaines influences telles que l'affinité entre les espèces (...) l'état de sève (...) que connaissent bien les greffeurs (BRUNET, Matér. vitic., 1909, p. 47). — [], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1835-1932. — 1re attest. début XVIe s. (Chant Royal, Richel. 1537, f° 91 r° ds GDF.); de greffer, suff. -eur. 3. Greffoir, subst. masc. Petit couteau dont l'extrémité de la lame est un peu arrondie du côté tranchant et dont le manche renferme une spatule, et qui sert à greffer. On soulève (...) avec la spatule du greffoir, l'écorce de chaque côté de la fente longitudinale, et l'on y insère l'écusson fraîchement détaché de l'espèce à multiplier (CARRIÈRE, Pépinières, 1878, p. 86). — []. Ds Ac. 1762-1932. — 1re attest. 1700 (LIGIER, Nouvelle Maison Rustique ds DELB. Rec. d'apr. DG); de greffer, suff. -oir.
BBG. — ARICKX (I.) Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, n° 3, p. 132. - HEHN (V.). Kulturpflanzen und Haustiere... Berlin, 1902, p. 434. - SCHMIDT (H.). Fr. vivant... Praxis. 1970, t. 17, n° 2, p. 188 (s.v. greffé).
greffer [gʀefe] v. tr.
ÉTYM. 1538; graffer, 1496; de 2. greffe.
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1 Insérer une greffe (1.), un greffon sur (une plante). ⇒ Enter. || Greffer un rosier sur un églantier, un poirier sur un cognassier. || Greffer (une espèce d'arbre) sur franc, sur sauvageon. || Greffer un pommier sur paradis. — Absolt. → Couteau, cit. 20. || Époque propice pour greffer. || Ciseau, couteau, gouge à greffer (ou à greffe). — Pron. || Le pommier se greffe sur paradis, sur doucin, etc.
1 Si l'on greffe l'amandier sur le prunier, la greffe ne subsistera que peu d'années.
2 Il avait avisé un églantier sauvage, poussé tout seul, comme ça. Au lieu de l'arracher, il s'était amusé à y greffer une Reine des Neiges, rose alors à la mode.
Roger Ikor, les Fils d'Avrom, p. 26-27.
2 Soumettre (une plante, un sujet, un porte-greffe) à l'opération de la greffe. || Plants assez vigoureux pour être greffés. || Ces arbres seront greffés avec des greffons sélectionnés. || Greffer (un arbre) en écusson. ⇒ Écussonner.
3 J'avais un arbuste inutile
Qui languissait dans mon canton,
Un beau jardinier de la ville
Vient de greffer mon sauvageon.
Voltaire, Lettres en vers et en prose, 148.
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II
1 Implanter (un tissu, un organe) par une greffe chirurgicale. || Greffer une cornée prélevée sur un cadavre. || Greffer un rein. ⇒ Transplanter. || On lui a greffé un fragment osseux.
4 (…) n'est-on pas parvenu à greffer sur le dos d'un rat vivant la queue détachée au corps d'un autre rat ?
Lautréamont, les Chants de Maldoror, V, p. 189.
2 Pratiquer une greffe sur (qqn). || Greffer un grand brûlé.
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III Par métaphore ou fig. ⇒ Ajouter, enter, insérer, introduire. || Greffer une institution sur des habitudes, sur la coutume. — Pron. || Des complications imprévues sont venues se greffer là-dessus.
5 (…) les mêmes erreurs se propageront, s'accommoderont de tous les climats, se grefferont, pour ainsi dire, sur les tiges que chacun produit.
Condillac, Hist. ancienne, III, 2.
6 (…) la Grèce, à qui nous devons beaucoup, et dont l'esprit s'est pour ainsi dire greffé sur notre esprit.
Fustel de Coulanges, Leçons à l'Impératrice, p. 47.
7 (…) Grétry a vicié sa conception, en greffant après coup de nouveaux opéras sur ces symphonies dramatiques.
R. Rolland, Musiciens d'autrefois, p. 270.
8 Le drame de famille s'était greffé à vif sur le drame d'amour.
Martin du Gard, les Thibault t. III, p. 278.
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greffé, ée p. p.
A Adj.
1 Arbre greffé, mal greffé. — Rein greffé.
2 Chim. || Copolymère greffé, dont un des monomères forme des chaînes latérales fixées à la chaîne principale des molécules de l'autre monomère.
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DÉR. et COMP. Greffeur, greffoir, greffon. Radiogreffé.
Encyclopédie Universelle. 2012.