grimaud [ grimo ] n. m.
• 1480 n. pr.; du frq. °grima « masque »
♦ Vx
1 ♦ Écolier des petites classes, élève ignorant.
2 ♦ Homme inculte ou pédant. Mauvais écrivain. « un terne et suffisant grimaud, [...] une plume banale par excellence » (Villiers).
● grimaud nom masculin (francique grima, masque) Littéraire Dans les anciens collèges, élève des petites classes. Homme pédant et ridicule ; mauvais écrivain.
⇒GRIMAUD, -AUDE, subst. masc. et adj.
Vieilli, littér.
I. — Subst. masc., péj.
A. — Élève des petites classes. La culture qu'avait reçue, parmi d'autres petits grimauds, un Voltaire au collège de Clermont (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 88). On s'étonnera de rencontrer ces rêves de risque-tout chez un grimaud promis à la cléricature (SARTRE, Mots, 1964, p. 95).
♦ Grimaud d'école. Plût au ciel que je fusse encore un petit grimaud d'école! (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 340). Certains portraits de cousines et de gouvernantes dont les grimauds des écoles se plaisent, par amour ou par moquerie, à illustrer leurs cahiers (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 26).
B. — Personne pédante, qui n'a pas su assimiler le savoir reçu. Synon. cuistre. Votre majesté voit que je ne suis pas un grimaud, que j'ai étudié excellemment, et que j'ai beaucoup d'éloquence naturelle (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 506) :
• Qui nous délivrera des Grecs de Montherlant? disait M. Chéronnet (...). Mais voici le passage entier : Montherlant fait penser à ces grimauds [it. ds le texte] frais émoulus du collège, encore tout farcis d'une science purement livresque et mal digérée, et qui vous éberluent de mille citations trop neuves en leur mémoire. Qui nous délivrera des Grecs de Montherlant?
PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 203.
♦ Emploi adj., rare. Comment mettre d'accord (...) Et l'engeance grimaude et la race pédante (HUGO, Âne, 1880, p. 267).
— Mauvais écrivain, pédant et scolaire. Il n'y a pas grand mal à faire bâtonner un histrion ou un grimaud de lettres dont on n'est pas content, dit le marquis d'un air de parfaite insouciance (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 228). Le suffrage des hauts messieurs de la droite, des fiers officiers de cavalerie, ainsi que des grimauds académiciens est doux à presque tous, et peut-être à tous (ALAIN, Propos, 1925, p. 656). Il y avait [dans l'entourage de Louis Bonaparte] Hippolyte Fortoul, de l'espèce des grimpeurs (...), grimaud littéraire devenu ministre de la marine (HUGO, Hist. crime, 1877, p. 22).
II. — Adj. Gauche, emprunté. Trop timide pour inviter une danseuse, et craignant d'ailleurs de brouiller les figures, je devins naturellement très grimaud et ne sachant que faire de ma personne (BALZAC, Lys, 1836, p. 24).
REM. Grimaud, subst. masc., homon. Synon. de chouette, hulotte. (Ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr., LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lexis 1975).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-o:d]. ,,Le d ne se lie pas; au pluriel, l's se lie`` (LITTRÉ). ,,Quelques-uns écrivent grimaut, avec un t à la fin; mais grimauder, quoique peu usité, montre bien que l'analogie demande qu'on écrive le mot avec un d`` (FÉR. Crit. t. 2 1787). Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1480 « écolier des petites classes; élève ignorant » (Recueil Trepperel, Sotties, éd. E. Droz, IV, 229); 2. 1550 « homme inculte ou pédant » (RONSARD, Odes, Avertissement au lecteur ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 55); 3. 1611 subst. « homme renfrogné, désagréable » (COTGR.); 1830 adj. « d'humeur maussade, triste » (BALZAC, Œuvres div., t. 2, p. 150). Prob. du nom de personne Grimaud (ca 1180 Grimaus, Girart de Roussillon, éd. W. M. Hackett, 2247), lui-même de l'a. b. frq. grimwald (dér. de grîma « masque », v. grimace), cf. en b. lat. Grimoaldus (ca 644 ap. M.-TH. MORLET, Les Noms de pers. sur le territoire de l'anc. Gaule, t. 1). Pour le sens, grimaud a dû subir l'infl. de grimoire (FEW t. 16, p. 65a). Fréq. abs. littér. : 37. Bbg. SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 247, 292; t. 2 1972 [1925], p. 443.
1. grimaud [gʀimo] n. m. et adj.
ÉTYM. 1480, grimault; probablt emploi fig. du n. pr. Grimaud, du francique Grimwald, de grîma « masque », avec infl. possible de grimoire; sans exclure un croisement, P. Guiraud rattache le terme au normand grimer « égratigner, griffer » (cf. sémantisme de gribouiller), du moyen haut all. grimmen.
❖
A N. m.
1 Vx. Péj. Écolier des petites classes, élève ignorant (→ Bambin, cit. 2). ☑ Loc. Un grimaud d'école.
1 Je représentai à l'abbé Égault qu'il m'avait appris le latin, que j'étais son écolier, son disciple, son enfant (…) il demeura sourd à mes prières (…) Je me retranche derrière son lit; il m'allonge à travers le lit des coups de férule. Je m'entortille dans la couverture, et, m'animant au combat, je m'écrie : Macte animo, generose puer ! Cette érudition de grimaud fit rire malgré lui mon ennemi (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 86.
1.1 Vous êtes un petit grimaud, Robespierre. Vous êtes ici par charité, parce que votre pauvre père nous a loyalement servis durant sa vie dans ses fonctions de juge au Tribunal Ecclésiastique — vous êtes de très loin notre meilleur sujet; pourtant, avec toutes vos qualités : vous nous gênez.
J. Anouilh, Pauvre Bitos, II, p. 75.
2 Vx. Professeur insuffisant, inculte et prétentieux (⇒ Pédant; cuistre), et, par ext., homme pédant et scolaire (spécialt, lorsqu'il a des prétentions littéraires). || Un grimaud, barbouilleur (cit. 1) de papier.
2 (…) tous ces jolis musiciens de chez Toulongeon ne sont que des grimauds auprès de lui (le jeune médecin Amonio).
Mme de Sévigné, 532, 6 mai 1676.
3 C'est une des manies de ces petits grimauds à cervelle étroite, que de substituer toujours l'auteur à l'ouvrage et de recourir à la personnalité, pour donner quelque pauvre intérêt de scandale à leurs misérables rapsodies (…)
Th. Gautier, Préface de Mlle de Maupin, p. 22.
4 (…) un terne et suffisant grimaud, doué d'une niaiserie d'idées et d'une trivialité de style de premier ordre, une plume banale par excellence.
Villiers de l'Isle-Adam, Contes cruels, « Deux augures », p. 38.
5 Trop timide pour inviter une danseuse, et craignant d'ailleurs de brouiller les figures, je devins naturellement très grimaud et ne sachant que faire de ma personne.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 785.
❖
DÉR. Grimaudage.
————————
2. grimaud [gʀimo] n. m.
ÉTYM. 1611; orig. incert., p.-ê. du francique grîma « masque », avec infl. de 1. grimaud.
❖
♦ Régional. Hulotte.
Encyclopédie Universelle. 2012.