griserie [ grizri ] n. f.
• 1838; de griser
1 ♦ Excitation comparable aux premiers effets de l'ivresse. ⇒ étourdissement, exaltation, ivresse. Une griserie de grand air. « La vitesse, griserie inconnue de nos pères » (F. Mauriac).
2 ♦ Fig. Exaltation morale, intellectuelle, s'accompagnant d'une certaine altération du jugement. La griserie du succès, du pouvoir. Rechercher « si l'écrivain a échappé à la griserie des mots » (Paulhan).
● griserie nom féminin (de griser) État de quelqu'un qui est à moitié ivre. Excitation physique : La griserie de l'action. Euphorie, excitation qui fait un peu perdre la notion de la réalité : La griserie du succès. ● griserie (synonymes) nom féminin (de griser) État de quelqu'un qui est à moitié ivre.
Synonymes :
- étourdissement
- ivresse
Euphorie, excitation qui fait un peu perdre la notion de...
Synonymes :
- fumées
- vapeur
- vertige
griserie
n. f.
d1./d état comparable à une légère ivresse. La griserie provoquée par la vitesse.
d2./d Fig. Exaltation qui émousse la faculté de juger. La griserie de la gloire.
⇒GRISERIE, subst. fém.
A. — Vieilli. État d'une personne plus ou moins ivre. Une griserie de champagne (GONCOURT, Journal, 1889, p. 966) :
• 1. Philippe-Auguste se versait à boire coup sur coup. Ses yeux s'allumaient, son long jeûne lui donnant une griserie rapide. Le prêtre s'en aperçut; il faillit l'arrêter, puis la pensée l'effleura que l'ivresse rendait imprudent et bavard, et, prenant la bouteille, il emplit de nouveau le verre du jeune homme.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Champ. d'oliv., 1890, p. 90.
B. — P. anal. Excitation physique qui étourdit, état comparable à l'ivresse. La voluptueuse griserie de la tiède journée de septembre (THEURIET, Mar. Gérard, 1875, p. 150). L'excitation de ses longues caresses, rendaient plus vive cette griserie charnelle (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 1019). La griserie de vitesse (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 185) :
• 2. J'essayais de me procurer la sauvage griserie animale que j'avais connue jadis dans des courses semblables (...) par cette sensation de la marche forcée et celle des hauteurs (...). Je parvenais ainsi à une sorte de délire farouche...
BOURGET, Disciple, 1889, p. 172.
C. — Au fig. Excitation cérébrale, exaltation produisant souvent une certaine altération du jugement, de la pensée. Voilà jusqu'où va la griserie de l'auteur [M. Sainte-Beuve] : il compare le baragouin du père Archange, Irlandais, à la peinture du Pérugin! (BALZAC, Œuvres div., t. 3, 1840, p. 302). La délicate griserie de l'amour qui commence (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 103).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1838 « légère ivresse » (BARBEY D'AUREVILLY, Journal, 22 mars, 251 ds QUEM. DDL t. 3). Dér. de griser2; suff. -erie. Fréq. abs. littér. : 143.
griserie [gʀizʀi] n. f.
ÉTYM. 1838, Barbey d'Aurevilly; de griser (II.).
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1 Excitation comparable aux premiers effets de l'ivresse. ⇒ Étourdissement. || Odeurs provoquant une sorte de griserie (→ Fermenter, cit. 1). || Griserie qui vient de l'action, du mouvement. ⇒ Enivrement, exaltation, excitation, ivresse.
1 Le trapèze apportait au jeune homme une espèce de griserie du corps (…)
Ed. de Goncourt, les Frères Zemganno, IV.
2 (…) la Vitesse, griserie inconnue de nos pères (…)
F. Mauriac, le Jeune Homme, p. 26.
♦ (Avec un compl. désignant la cause de cette excitation). || Une griserie d'activité, de succès. || La griserie de… (et inf.). → ci-dessous, cit. 4 et 5.
3 (…) son habitude de la liberté, des belles galopades à travers les labours, des griseries de grand air, aux quatre vents de la plaine.
Zola, la Terre, II, I.
4 La partie à présent se continue, et ses pensées se perdent dans la griserie physique de recommencer la lutte.
Loti, Ramuntcho, I, IV.
5 Cette griserie de vivre, éparse dans l'atmosphère, Lucien l'avait respirée avec cet orgueil de l'amoureux chaste et qui porte en lui une émotion sacrée, alors que tant d'autres ont déjà profané leur cœur.
Paul Bourget, Un divorce, III.
6 (…) les lettres dictées par lui (…) révèlent une griserie d'activité qui se surexcite devant le travail même qu'il impose à tous, comme devant l'esprit qui, chez le peuple, s'accuse.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Avènement de l'Empire, I.
2 (Mil. XIXe). Fig. Exaltation morale, intellectuelle, s'accompagnant d'une certaine altération du jugement. || La griserie du succès, du pouvoir. || Céder à la griserie des mots.
7 Il s'agit, poursuivant l'enquête à l'envers, de rechercher, moins encore si l'écrivain a échappé à la griserie des mots que s'il était capable d'y échapper (…)
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 52.
8 La griserie de l'irrationnel et la vocation de l'extase détournent de l'absurde un esprit clairvoyant.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 55.
♦ Une, des griseries. || Une griserie de succès.
9 (…) ce besoin de prêter une signification psychique aux riens de la création, qui produit les œuvres inexplicables de Jean-Paul Richter, les griseries imprimées d'Hoffmann (…)
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 539.
10 Les mirages de l'imagination peuvent rehausser leurs aspirations idéalistes et leur réserver de nobles griseries (…)
Henri Mondor, Pasteur, II.
Encyclopédie Universelle. 2012.