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griser

griser [ grize ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1538; de gris
I
1(1718) Rendre gris, un peu ivre. enivrer, soûler. Alcool qui grise (cf. Monter, porter à la tête).
Mettre dans un état d'excitation physique comparable aux premières impressions de l'ivresse. « Cet air vif des montagnes qui grise et qui fait danser » (A. Daudet). Odeur, parfum qui grise.
2Agiter psychologiquement, en étourdissant légèrement. enivrer, étourdir, exciter. Griser qqn de beaux discours. « L'éblouissement, l'illumination, la plénitude de cet instant [...] le grisèrent aussitôt » (Mondor). Se laisser griser par le succès ( grisant) .
II ♦ SE GRISER v. pron.
1S'enivrer. Par anal. Se griser d'air pur.
2Fig. S'exalter, se repaître (de qqch. d'exaltant). Se griser de ses propres paroles. « Je me grise avec de l'encre, comme d'autres avec du vin » (Flaubert).

griser verbe transitif (de gris) Donner une teinte, une nuance grise. Enivrer quelqu'un légèrement : Un petit vin qui grise. Mettre quelqu'un dans un état d'exaltation, d'excitation des sens : L'air vif nous grise. Se laisser griser par le succès.griser (citations) verbe transitif (de gris) Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Il faut être assez fort pour se griser avec un verre d'eau et résister à une bouteille de rhum. Carnets Jules Renard Châlons, Mayenne, 1864-Paris 1910 Tel qui veut se griser d'air pur, s'enivrer sur les hauteurs, n'arrive qu'à s'enrhumer. Journal, 26 septembre 1908 Gallimardgriser (homonymes) verbe transitif (de gris) grisé nom masculin griset nom masculingriser (synonymes) verbe transitif (de gris) Enivrer quelqu'un légèrement
Synonymes :
- émoustiller
- enivrer
Contraires :
- dégriser
Mettre quelqu'un dans un état d'exaltation, d'excitation des sens
Synonymes :
- électriser
- emballer (familier)
- enflammer
- enthousiasmer
- étourdir
- exalter
- tourner la tête

griser
v. tr.
d1./d Rendre gris, colorer de gris.
d2./d Enivrer. Ce vin m'a grisé.
|| v. Pron. Se griser au vin de palme.
d3./d Fig. étourdir ou exciter. Le succès l'a grisé.
|| v. Pron. S'exalter. Se griser de paroles.

I.
⇒GRISER1, verbe
A. — Emploi trans. Rendre gris, donner une teinte grise à. L'addition du noir, ce qui grise ou rabat la couleur (Manuel du fabricant de couleurs, 1884, t. 1, p. 29). Le halo de buée qui grisait la vitre (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 228) :
Le fond bleu étant plus frais que celui de l'ornement, il arrive qu'il orange le bleu des fleurs, c'est-à-dire qu'il les grise de la manière la plus désagréable.
CHEVREUL, Contraste simult. coul., 1839, p. 306.
TYPOGR. Couvrir une surface (gravure, épreuve, imprimé) de grisé. Emploi abs. Les travaux de gravure à l'eau-forte sont exécutés à l'aide d'une machine à griser (CHELET, Lithogr., 1933, p. 78).
B. — Emploi intrans., vx, TECHNOL. (teinture). [En parlant des bleus qui ont tendance à pâlir]. Devenir gris. Ce bleu grisera. (Ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845; v. aussi DG, LITTRÉ).
REM. Grisé, -ée, part. passé en emploi adj. a) Serr. Pièce grisée. ,,Pièce de serrure ou autre qui n'a subi qu'un seul limage grossier`` (Nouv. Lar. ill.; v. aussi Lar. 20e-Lar. Lang. fr., LITTRÉ, QUILLET 1965, GUÉRIN 1892). b) Typogr. Le fond grisé est employé en vue de prévenir les altérations frauduleuses (E. LECLERC, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 35).
Prononc. : [], (il) grise []. Étymol. et Hist. a) 1538 « grisonner » (EST.); b) 1609 « donner une teinte grise à » (CRESPIN); c) 1671 « devenir gris » (Instr. gén. pour les teintures de laine, 18 mars 1671, art. 13 ds LITTRÉ); d) 1922 typogr. grisé subst. masc. (Lar. univ.). Dér. de gris1; dés. -er.
II.
GRISER2, verbe trans.
A. — Faire boire quelqu'un de manière à le rendre plus ou moins ivre. Synon. enivrer, saoûler. Elles s'amusèrent à le griser avec le madère de l'illustre Worms (ZOLA, Curée, 1872, p. 412).
[En parlant des vins, de l'alcool, etc.] Porter à la tête, enivrer. Ce petit vin nouveau, fait de raisins noirs, serrés et aigres, a eu vite grisé tous ces buveurs de bière. Les uns chantaient, dansaient autour de la barrique (A. DAUDET, R. Helmont, 1874, p. 80).
Emploi pronom. Synon. s'enivrer. J'ai promis à nos convives que l'on ne se lèverait de table que le soir, (...) nous nous griserons un petit brin (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 364). Une femme, naturellement, ne doit se griser qu'avec du champagne frappé (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Cri d'al., 1886, p. 1060).
B. — P. anal. [En parlant d'une chose physique] Exciter physiquement jusqu'à l'étourdissement. Cette odeur qui grise comme de l'absinthe (MAUPASS., Contes et nouv., Farce norm., 1882, p. 64). L'étreinte de Juliette le grisait, et quand il sentit sa bouche sur la sienne, il s'abandonna (AYMÉ, Jument, 1933, p. 170).
Emploi pronom. S'exciter, s'étourdir. Ses yeux se grisaient à ces resplendissements de corolles en flammes sur un fond d'or (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 60). Il se grisait d'un arôme oriental qu'il croyait sentir partout (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 347) :
1. ... j'ai pu me griser de ce que je voyais. Un petit paysage de saules m'a rendu si heureux que je ne savais plus comment faire pour le quitter.
GREEN, Journal, 1937, p. 117.
C. — Au fig. [En parlant d'une chose intellectuelle, morale] Exciter cérébralement, exalter. Vingt ans... Ces deux mots le grisaient, comme trois pernods purs (FALLET, Banl. Sud-est, 1947, p. 95).
Absol. Le succès grise.
En partic. Étourdir, faire oublier. Griser son chagrin. Une ivresse qui grisait leur lassitude (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 78) :
2. ... le jeu des perceptions, le travail hâtif et courant d'un cerveau qui moucharde la vérité, grisent le sang-froid de l'observateur et lui font oublier dans une sorte de fièvre les duretés et les dégoûts de son observation.
GONCOURT, Journal, 1875, p. 1081.
Emploi pronom. S'enthousiasmer, savourer quelque chose avec une sorte d'exaltation. Ces paysans, plus bêtes que méchants, s'irritaient, s'excitaient, se grisaient au bruit de leurs propres paroles (SUE, Myst. Paris, t. 3, 1842, p. 222). M. Renan se grisait avec les idées. Il était comme un homme ivre de sa méditation et de son propre vin, qui cesse de marcher droit à son but (BARRÈS, Maîtres, 1923, p. 30).
♦ [Avec un compl.] :
3. Ne pouvant demander d'excitation au vin, nous cherchons à nous griser la tête avec les choses les plus capiteuses des lettres et de l'art : Albert Dürer, Rembrandt et Shakespeare.
GONCOURT, Journal, 1858, p. 469.
REM. 1. Grisant, -ante, part. prés. en emploi adj. Qui grise. a) [Correspond à griser A] Vin grisant. Nous avions bu beaucoup de cidre adorable, piquant et sucré, frais et grisant (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Norm., 1882, p. 73). b) [Correspond à griser B] P. anal. Odeur grisante. Un chocolat à s'en faire mourir, moelleux, velouté, parfumé, grisant. Je ne pouvais ôter ma bouche des bords délicieux de sa tasse (MAUPASS., Contes et nouv., Morin, 1882, p. 853). c) [Correspond à griser C] Au fig. Poésie grisante. Rien ne pouvait être plus attachant, séduisant, grisant, que la conversation de Charlie (GIDE, Journal, 1948, p. 327). 2. Grisé, -ée, part. passé en emploi adj. a) [Correspond à griser A] Une gaîté d'enfant grisé (GONCOURT, Journal, 1860, p. 712). b) [Correspond à griser B] P. anal. Reprenant conscience d'elle-même, elle fut épouvantée de l'audace du jeune homme et de tout ce qu'elle avait permis. Alors, à la fois honteuse et grisée, (...) elle se leva, repoussa les mains qui voulaient s'emparer des siennes (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 95). c) [Correspond à griser C] Boileau imbécile, tu n'y as rien compris! C'est lui [Ronsard] le roi de ces strophes grisantes et grisées que tu prétends enfermer dans ton grotesque corset de l'Art poétique (L. DAUDET, Rech. beau, 1932, p. 138).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. a) 1718 trans. « enivrer » (LE ROUX); 1855 p. anal. « étourdir (en parlant de certaines odeurs) » (SAND, Hist. vie, t. 3, p. 329); 1835 fig. « enthousiasmer, exalter » (VIGNY, Serv. et grand. milit., p. 565); b) 1732 pronom. « s'enivrer » (RICH.); 1842 « s'enthousiasmer, s'exalter » (SUE, loc. cit.); 1846 p. anal. « s'étourdir (en parlant de certaines odeurs) » (BALZAC, Cous. Bette, p. 387). Dér. de gris2; dés. -er.
STAT. — Griser1 et 2. Fréq. abs. littér. : 549. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 318, b) 1 143; XXe s. : a) 1 448, b) 587.

griser [gʀize] v.
ÉTYM. 1538, « grisonner »; trans., 1609; de gris.
———
I
1 V. intr. Vx. Devenir gris.
2 V. tr. Rendre gris, colorer de gris; couvrir (une surface) de points ou de hachures pour obtenir un grisé.
———
II V. tr.
1 (1718). Vieilli ou littér. Rendre gris (I., B.), un peu ivre. Enivrer, soûler. || On l'a grisé pour le faire parler. || Ils se sont amusés à le griser, à le faire boire.
1 Sa coquetterie consistait à boire avec les rouliers. Personne n'avait jamais pu le griser.
Hugo, les Misérables, II, III, II.
2 Jerphanion réussit à lui faire boire deux ou trois verres de vin. Elle n'en avait pas l'habitude, et vers la fin déclara que la tête lui tournait : « Mais vous voulez me griser ! Monsieur. Vous voulez me griser ! » dit-elle en affectant un ton de théâtre.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXI, p. 230.
(Le sujet désigne la boisson qui enivre). Tête (monter, porter à la tête, tourner la tête). || Ce petit vin rosé vous grise facilement.
2 (1835). Fig. (Sujet n. de chose). Mettre dans un état d'excitation physique (comparable aux premières impressions de l'ivresse). || L'air vif et pur du matin grise le promeneur. || Griser qqn de… (et n. d'affect).Absolt. || Odeurs, parfums qui grisent. || Mouvement, fatigue qui grise (→ Envol, cit. 2).Au passif et p. p. || Être grisé par le grand air. || Soldat grisé par l'odeur de la poudre. || Grisé de plaisirs.
3 Je demeurais haletant, si grisé de sensations, que le trouble de cette ivresse fit délirer mes sens. Je ne savais plus vraiment si je respirais de la musique, ou si j'entendais des parfums, ou si je dormais dans les étoiles.
Maupassant, la Vie errante, La nuit.
4 (…) un peu de cet air vif des montagnes qui grise et qui fait danser.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Installation ».
5 Cette odeur âcre de fille, ce parfum violent de foin fouetté de grand air, le grisaient, raidissaient tous ses muscles, dans une rage brusque de désir.
Zola, la Terre, II, IV.
3 Fig. Exalter. Enivrer, enthousiasmer, étourdir, exalter, exciter.
a (Sujet et compl. n. de personne). || Ils cherchent à le griser par des promesses.Griser qqn de… || Griser qqn de promesses, de beaux discours (→ Exhilarant, cit. 2).
6 (…) elles tâchèrent de griser Modeste en s'adressant à son orgueil et lui montrant une des plus hautes destinées à laquelle une femme pouvait alors aspirer.
Balzac, Modeste Mignon, Pl., t. I, p. 541.
7 Les capucins et autres moines entraînaient les paysans, les grisaient de sermons sauvages, de processions frénétiques, leur mettaient dans la main l'épée, le poignard contre l'Empereur.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, III.
b (Sujet n. de chose). || Le succès le grise.Au passif. || Il s'est laissé griser par le succès.
8 Au vrai, j'étais grisé par la diversité de la vie, qui commençait à m'apparaître, et par ma propre diversité (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, X.
9 Ne se laissant ni griser ni même distraire par les plaisirs de Mombello, il occupait à travailler la plus grande partie de ses journées et de ses nuits (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte, XI.
10 L'éblouissement, l'illumination, la plénitude de cet instant, qui avait la douceur d'une aurore, le grisèrent aussitôt (…) Une ivresse presque divine l'animait (…)
Henri Mondor, Pasteur, II.
——————
se griser v. pron.
1 (1732). S'enivrer (→ Arroser, cit. 14). || Se griser pour noyer son chagrin.
11 Coquin, depuis que ta femme est morte, je m'aperçois que tu te grises tous les jours. Tu ne t'enivrais auparavant que deux ou trois fois par semaine.
Chamfort, Dialogues, Époux inconsolable.
12 Il s'était raidi encore, de plus en plus digne à mesure qu'il se grisait. Une fraternité d'ancien militaire ivrogne, une tendresse secrète le portait vers le braconnier (…)
Henri Mondor, Pasteur, II.
2 Par anal. || Se griser d'air (cit. 9) pur, de longues marches à travers champs, de vitesse. || L'aigle se grise de son vol (→ Enivrer, cit. 20).
Par métaphore. Étourdir (s').
13 De sorte que, pour ne pas vivre, je me plonge dans l'Art, en désespéré; je me grise avec de l'encre comme d'autres avec du vin.
Flaubert, Correspondance, 629, 18 déc. 1859, t. IV, p. 356.
3 (Mil. XIXe, Balzac). Fig. S'exalter, se repaître (de qqch. d'exaltant). || Se griser de ses propres paroles. || Je me grisais de toutes ces paroles. → Mien, cit. 13. || Se griser d'orgueil (→ Châtier, cit. 6), d'émotions (cit. 16).
14 (…) puis il descendait chez sa fille, il s'y grisait du bonheur des pères (…)
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 636 (1847).
15 Les employés se grisaient du récit, prodigieusement intéressés.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, V, II.
16 (…) eussent-ils été gentils pour lui, au lieu de se griser de colère contre eux il les eût embrassés, et il n'avait pas les réactions normales de l'homme d'honneur outragé (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 142.
17 Antoine se grisait de sa témérité. À peine s'il balança une seconde avant d'oser (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 251.
——————
grisé, ée p. p. adj.
Rendu gris. || Dessin grisé. 1. Grisé (n. m.).Des convives un peu grisés. Gris.Grisé par l'air pur, par la fatigue, de fatigue (→ ci-dessus, cit. 3).Enivré, enthousiasmé.
DÉR. et COMP. Grisage, grisant, 1. grisé, griserie. Dégriser.
HOM. 1. Grisé.

Encyclopédie Universelle. 2012.