guetter [ gete ] v. tr. <conjug. : 1>
• guaitier 1080; frq. °wahtôn « veiller »
♦ Surveiller avec attention (pour se prémunir contre un danger, pour attendre un événement que l'on prévoit ou espère).
1 ♦ Observer pour surprendre. ⇒ 2. épier. Le chat guette la souris. — Pronom. « les deux lignes, face à face, se guettaient, haineuses et résignées » (Dorgelès).
♢ Absolt Guetter à sa fenêtre.
2 ♦ Attendre avec impatience (une chose à venir) en étant attentif à ne pas (la) laisser échapper. Guetter une occasion favorable (cf. Être à l'affût, aux aguets). Guetter un signal. — Guetter le facteur.
3 ♦ Fig. (sujet chose) Attendre (qqn) en faisant peser sur lui une menace. ⇒ menacer. La mort, la maladie le guette. « l'ennui le guette et bientôt le tient » (Alain).
⊗ HOM. Gaieté.
● guetter verbe transitif (francique wahtôn, veiller) Épier quelqu'un, un animal dans l'intention de le surprendre, de s'en saisir : Le chat guette la souris. Rester attentif dans l'attente impatiente de l'arrivée de quelqu'un, de quelque chose : Guetter le facteur, l'occasion. Faire peser sur quelqu'un une menace : L'infarctus le guette. ● guetter (homonymes) verbe transitif (francique wahtôn, veiller) gaieté nom féminin gaîté nom féminin ● guetter (synonymes) verbe transitif (francique wahtôn, veiller) Épier quelqu'un, un animal dans l'intention de le surprendre, de...
Synonymes :
- épier
Rester attentif dans l'attente impatiente de l'arrivée de quelqu'un, de...
Synonymes :
- attendre
- guigner (familier)
Faire peser sur quelqu'un une menace
Synonymes :
- menacer
guetter
v. tr.
d1./d épier. La lionne guette sa proie.
d2./d Attendre avec impatience. Guetter un signal.
|| Attendre (qqn) dans une intention malveillante ou hostile. Guetter l'ennemi.
— Fig. être guetté par la maladie.
d3./d être à l'affût de (qqch). Guetter l'occasion, le moment d'agir.
d4./d (Québec, Fam.; Réunion) Surveiller. Guette les enfants, je fais le dîner.
⇒GUETTER, verbe trans.
A. — Qqn guette qqn/qqc.
1. [Le suj. désigne une pers. ou un animal; l'obj. désigne un animé ou un inanimé] Attendre patiemment et très attentivement, tous les sens en éveil, en surveillant les alentours. Guetter un bruit; guetter l'ennemi; le chat guette la souris. À l'affût derrière un pin (...) il guettait les pies (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 173). Nous revenions de l'école, un jour du mois de mai. Maman, comme de coutume, nous guettait, du haut du balcon (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 79) :
• 1. Il est allé guetter le renard. Ça se fait avec beaucoup de silence et peu de gestes. On se cache en colline et on écoute. Si on sait lire dans les bruits de l'air on apprend qu'il couche là (...). Après, caler le piège, c'est un jeu.
GIONO, Regain, 1930, p. 99.
— Emploi abs. L'homme entendit du bruit dans l'égout. Très surpris, il se blottit, et guetta (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 721). Passé minuit, j'attendais et je guettais. Jamais mon oreille n'avait perçu tant de bruits, distingué de sons si ténus (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1203).
— Emploi pronom. réciproque. Les deux châteaux ennemis se guettent et semblent se jeter des coups d'œils foudroyants à travers le paysage (HUGO, Rhin, 1842, p. 134). Pas un coup de feu; les deux lignes, face à face, se guettaient, haineuses et résignées (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 269).
SYNT. Guetter du coin de l'œil, des yeux, sans cesse; guetter une proie; guetter à la porte, à la fenêtre, à la sortie, au tournant.
2. [L'obj. désigne un animé] Attendre le passage de quelqu'un. Guetter le facteur. Le préfet, qui le guettait, le prit au passage et le força d'écouter la lecture de toutes les lettres (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 91). Il se mit à examiner les personnes qui débouchaient sur le trottoir de la rue Mazarine. Il guettait Thérèse (ZOLA, T. Raquin, 1867, p. 216) :
• 2. Il fallut, à ce moment, des gens de bonne volonté, pour aller à l'entrée du grand chemin voisin guetter les derniers arrivants et leur indiquer où nous étions. Je m'offris aussitôt; Meaulnes me suivit, et nous allâmes nous poster près du pont suspendu...
ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 258.
— Emploi abs. Sur le point d'entrer dans ma chambre, je suis arrêté par mon voisin qui guettait devant sa porte (GIDE, Journal, 1931, p. 1038).
3. [L'obj. désigne un inanimé] Attendre avec impatience pour se saisir de, pour ne pas laisser échapper (une circonstance favorable). Guetter une occasion, un moment, un instant, un signal, un signe; guetter le départ, l'arrivée, le retour, la sortie de qqn. Le préfet guettait un gigot. Il allongea la main, au bon moment, dans une éclaircie d'épaules (ZOLA, Curée, 1872, p. 558) :
• 3. L'un d'eux se baissa comme pour ajuster sa galoche, guetta le moment où nos sentinelles allaient tourner le dos, et prestement nous lança par-dessus le grillage un petit paquet qu'il avait sorti de sa chaussette.
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 182.
B. — Au fig. [L'obj. désigne une pers.] Qqc. guette qqn. Menacer (d'arriver). Maladie, mort, dangers, périls qui guette(nt) qqn. Et l'on renvoyait le berger aux prés, sans souci des tentations qui l'y guettaient (AYMÉ, Jument, 1933, p. 148). Les catastrophes qui guettaient les Français au Tonkin (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 20) :
• 4. Mme de Fontanin regagna sa chambre, et, prise de vertige, s'assit, sans même retirer ses gants. Est-ce que la fièvre la guettait, elle aussi?
MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 602.
— Emploi abs. Après trois jours de piètre nourriture la défaillance guettait (QUEFFELEC, Recteur, 1944, p. 124).
REM. Guettoir, subst. masc. Abri d'où l'on guette. Synon. guette1. Il [le garde-côte] me dit qu'il m'avait vue au milieu d'eux [des bohémiens], du haut de son guettoir (SAND, Corresp., t. 5, 1867, p. 203).
Prononc. et Orth. : [] ou [ge-] (il) guette []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. a) Ca 1100 guaitier « veiller (un mort) » (Roland, éd. J. Bédier, 3731); ca 1130-40 gaitier « garder, surveiller (des personnes, pour les protéger) » (WACE, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 464); b) ca 1135 guaitier « épier, observer quelqu'un (avec de mauvaises intentions) » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2129); c) 1160-74 gaitier « surveiller patiemment pour surprendre quelqu'un ou quelque chose » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, Chron. ascendante, 959). De l'a. b. frq. wahtôn « surveiller » (cf. a. h. all. wahten « faire le guet », m. néerl. wachten « surveiller »), dér. de wahta (v. guette). Guetter au sens de « surveiller » a été concurrencé par garder, d'où l'évolution sém. vers b et c, appuyée sur le fait que guetter désignait plutôt la surveillance en cachette (cf. DEAF, col. 62). Fréq. abs. littér. : 1 745. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 636, b) 2 165; XXe s. : a) 4 134, b) 3 227.
guetter [gete] v. tr.
ÉTYM. 1080, guaitier « veiller (un mort) »; du francique wahton « veiller ». Cf. all. wachen.
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♦ Surveiller avec attention.
REM. Selon le contexte, l'accent est mis sur l'intention d'agir par surprise, de s'informer, de se prémunir contre un danger, ou seulement d'attendre un événement que l'on prévoit ou espère.
1 (V. 1160; dans le présent). Observer pour surprendre (qqn, qqch.). ⇒ Épier, surveiller. || Le chat guette la souris. || Il fut attaqué par un malandrin qui le guettait. || Chasseur, animal guettant le gibier, une proie (→ Abriter, cit. 6; buse, cit. 1). || Un espion guettait ses moindres mouvements. || Guetter le sommeil de qqn (→ Crocheter, cit. 1). || Chien qui guette les moindres gestes de son maître (→ Faiblesse, cit. 31).
1 (Le renard) guettait à toute heure
Les poules d'un fermier (…)
La Fontaine, Fables, XI, 3.
2 Et depuis lors je veille au sommet de Leucate,
Comme une sentinelle à l'œil perçant et sûr,
Qui guette nuit et jour brick, tartane ou frégate (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Lesbos ».
3 Il guettait, dans les lacs qu'ombrage le bouleau,
La naïade qu'on voit radieuse sous l'eau (…)
Hugo, la Légende des siècles, XXII, « Le satyre », Prologue.
4 Un d'eux, paysan vindicatif, qui avait reçu en plein visage le plomb du seigneur, le guetta un soir, derrière les arbres du mail et le manqua de peu, car il lui brûla d'une balle le bout de l'oreille.
France, le Crime de S. Bonnard, in Œ., t. II, p. 344.
♦ V. pron. (réciproque) :
5 Pas un coup de feu; les deux lignes, face à face, se guettaient haineuses et résignées.
R. Dorgelès, les Croix de bois, XV.
♦ Absolt. Faire le guet. ⇒ Écoute (être à l'). || Guetter à sa fenêtre. || Archer (cit. 3), soldat, sentinelle en train de guetter (→ Entonnoir, cit. 3). || Il est toujours à épier (cit. 7), fureter (cit. 2), guetter.
6 Mais tu ne nous écoutes pas, mais comme un chien de garde tu guettes (…)
Claudel, l'Annonce faite à Marie, I, 1.
2 (XIIe; dans l'avenir). Attendre avec impatience (une chose à venir) en étant extrêmement attentif à ne pas (la) laisser échapper. || Guetter une occasion (→ Filoutage, cit. 2), le moment, l'instant favorable. ⇒ Affût (être à l'). || Guetter les symptômes, les signes, l'approche (cit. 26) d'un mal, d'une guérison (→ Cellule, cit. 2). || Auteur envieux guettant la prochaine publication d'un écrivain (→ Coaliser, cit.). || Guetter les fautes (cit. 34) d'un élève. || Guetter un signal. || Guetter le passage, la sortie d'une vedette.
7 Lucien et Louise avaient dans du Châtelet un espion intime qui guettait avec la persistance d'une haine mêlée de passion et d'avarice l'occasion d'amener un éclat.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 573.
8 Ce moment, Adrienne le connaissait bien; elle en guettait l'approche avec une inquiétude dont elle n'aurait su dire si c'était pour elle un plaisir ou une souffrance.
J. Green, Adrienne Mesurat, I, IV.
9 (…) le fidèle bélier, mascotte du régiment, le museau baissé vers le sol dur et déjà brûlant de la route, guettait philosophiquement le signal de la marche (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, VI.
♦ (Le compl. désigne une personne qui doit venir). || « Je guette ici le ministre pour lui présenter une pétition » (Littré). || Guetter le facteur (cit. 12) qui doit apporter une lettre importante. || « Il guettait son débiteur pour lui réclamer de l'argent » (Académie). || Guette-le, il ne va pas tarder.
3 (XIIIe). Fig. (Le sujet désigne une chose personnifiée). Attendre (qqn) en faisant peser sur lui une menace, un danger tout proche. || La mort, la maladie le guette. || L'ennui (cit. 19) le guette et bientôt le tient. || Épouvante (cit. 6), remords qui guettent quelqu'un (→ Fantôme, cit. 14). || Vous ne comprenez donc pas ce qui vous guette ? || Rêveurs candides (cit. 2) que guette malicieusement la vie.
10 C'est la paralysie générale qui vous guette. Vous devriez voir un spécialiste.
Courteline, Boubouroche, Petit historique, p. 19.
11 Le comique défait les passions et même les sentiments; la frivolité les guette à leur naissance et les dissout dans son tourbillon.
Alain, les Aventures du cœur, p. 35.
12 Un autre mal guettait Joseph, déjà tapi en lui et ne se manifestant que par ce que Mme Dézaymeries appelait un gros rhume (…)
F. Mauriac, le Mal, I.
♦ Par ext. Attendre (sans idée de menace).
13 Le bruit, le mouvement, les foules et les musiques orientales, tout cela nous guette un peu plus loin, dans une pénombre déjà piquée de mille petites lumières.
Loti, Suprêmes visions d'Orient, p. 4.
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DÉR. Guet, 1. guette, guetteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.