guichet [ giʃɛ ] n. m.
• 1160 « petite porte »; du scand. vik « cachette »
1 ♦ Petite ouverture, pratiquée dans une porte, un mur, et par laquelle on peut parler à qqn, faire passer des objets. Le guichet d'une porte de prison. Guichet grillagé. ⇒ judas. — Le guichet d'un confessionnal.
♢ Techn. Scie à guichet.
2 ♦ Petite ouverture par laquelle le public communique avec les employés d'une administration, d'un bureau. ⇒aussi hygiaphone. Faire la queue au guichet de la poste, d'une gare, d'une banque. — Loc. Jouer à guichets fermés (ou bureaux fermés) :faire salle comble après avoir loué la totalité des places disponibles. — Par anal. Guichet automatique de banque : ordinateur (généralement placé en façade d'une banque) directement relié aux comptes, permettant aux clients d'effectuer certaines opérations de banque. ⇒ billetterie, distributeur (de billets).
3 ♦ Les guichets du Louvre, des Tuileries (à Paris) :étroits passages voûtés qui font communiquer les cours intérieures et les abords du palais.
● guichet nom masculin (diminutif de l'ancien scandinave vik, cachette) Comptoir surmonté ou non d'une grille et permettant au public de communiquer avec les employés d'un bureau de poste, d'une banque, d'une administration, etc. : Le guichet des renseignements. Vieux. Petite porte pratiquée dans une porte monumentale. Petite porte intérieure d'une prison, en arrière de la porte principale. Petite ouverture, en général grillagée, pratiquée dans une porte à hauteur d'homme pour reconnaître le visiteur. Endroit d'un établissement où l'on effectue les paiements ; caisse : Les souscriptions sont reçues à tous les guichets du Trésor. Ouverture grillagée du confessionnal. Passage étroit, à l'entrée d'un édifice, où ne peut passer qu'une personne à la fois : Les guichets d'une exposition. Fenêtre pratiquée sur le cadran d'un appareil horaire, pour l'affichage de la date et du jour. ● guichet (expressions) nom masculin (diminutif de l'ancien scandinave vik, cachette) Guichet automatique de banques (G.A.B.), ordinateur placé dans un lieu public (souvent en façade d'un établissement de crédit) permettant à un client, grâce à l'utilisation d'une carte bancaire, d'effectuer un certain nombre d'opérations sur son compte. Scie à guichet, égoïne très étroite, employée pour le chantournage. ● guichet (synonymes) nom masculin (diminutif de l'ancien scandinave vik, cachette) Petite porte pratiquée dans une porte monumentale.
Synonymes :
- judas
guichet
n. m.
d1./d Petite ouverture pratiquée dans une porte, un mur. Parler au guichet, dans une prison.
|| Scie à guichet, à lame très étroite.
d2./d Petite ouverture derrière laquelle se tiennent les employés, dans une poste, une banque, etc.
— Guichet de location, où sont délivrés les billets d'entrée pour un spectacle.
d3./d Par anal. Guichet automatique (d'une banque): distributeur de billets auquel on accède grâce à une carte magnétique.
⇒GUICHET, subst. masc.
A. — Vieilli
1. Petite porte pratiquée dans un portail, dans une muraille permettant le passage de quelqu'un. Guichet d'un fort, d'une prison. Alors, je prends le bras de la reine, et je passe le guichet (DUMAS père, Chev. Maison-Rouge, 1847, IV, 3, p. 135). Des sentinelles veillant l'arme au bras, devant les guichets de la Conciergerie (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 471).
— En partic. Petite porte intérieure placée en arrière de la porte principale d'une prison. Nous étions entre les deux guichets, dans la salle de l'avant-greffe, où le criminel allait être amené (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 293).
2. P. anal. Passage étroit.
a) Passage étroit faisant communiquer avec l'extérieur l'intérieur d'un édifice, d'une enceinte. Guichets du Louvre, des Tuileries. En tournant sous les guichets de l'Institut (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 130) :
• 1. Depuis le guichet qui mène au pont du Carrousel, jusqu'à la rue du Musée, tout homme (...) remarque une dizaine de maisons à façades ruinées...
BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 48.
b) Passage étroit ne permettant l'accès que d'une personne à la fois. Guichet d'une exposition. Deux petits pays que relient à toute heure les allées et venues devant le guichet du péage (A. DAUDET, R. Helmont, 1874, p. 7).
B. — P. ext.
1. Petite ouverture, généralement grillagée, pratiquée à hauteur d'appui dans une porte, un mur, qui permet une communication entre deux personnes en les maintenant isolées l'une de l'autre. Guichet d'une cellule, d'un couvent, d'une prison. Un déclic joua dans le silence, et le guichet de la sœur tourière s'entrebâilla (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 773) :
• 2. ... il l'a tenue et aveuglée jusqu'après son arrestation; (...) au guichet de la Petite-Roquette, il l'enveloppait encore de ses ailes, il lui bouchait les yeux.
MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 61.
— [P. allus. hist. à la journée au cours de laquelle la mère Angélique, abbesse de Port Royal, ne consentit à recevoir son père qu'au travers d'un guichet et refusa d'obéir à ses admonestations] Journée du/de guichet. Journée décisive où l'on reste fermement sur ses positions. Mais nous tiendrons bon. Je lui ai promis toute mon assistance (...) résolu à soutenir jusqu'au bout cette nouvelle journée de guichet (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 3, 1818-69, p. 340).
2. P. anal.
a) Vieilli. Petite porte pratiquée dans le corps d'un buffet, d'une armoire. Le guichet du placard claque, on apporte le lard, le fromage et le pain (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 185).
b) Petite porte grillagée dans un confessionnal. Enfin l'écho d'un : « Allez en paix, mon enfant, » le bruit sec d'un guichet qui glisse; Thésie se levait, c'était mon tour (ARÈNE, Veine argile, 1896, p. 73).
c) Région. (Lyonnais, Savoie, Dauphiné). Petite ouverture pratiquée dans une porte pour donner passage à de petits animaux (poules, chats).
3. En partic.
— [Dans des bâtiments admin. et publ. (banque, bureaux, gares)] Petite ouverture ou simple comptoir. Ouvrir, fermer le guichet; être assis derrière un guichet; faire la queue au guichet. Les prix étaient affichés. Daniel se pencha vers le guichet (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 632) :
• 3. ... tremblante et joyeuse lorsqu'elle recevait, à travers le grillage, par le petit guichet, une lettre où elle reconnaissait la large écriture ornée de son ami...
A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 283.
— [Dans les banques et les admin.] Opérations de guichet. Opérations qui se font au guichet. La distribution des correspondances et les opérations de guichet les plus courantes (Admin. P. et T., 1964, p. 17).
— Vieilli, fam. Passer au guichet. Être licencié. Synon. passer à la caisse. Le premier lundi que tu manqueras, tu seras prévenu, le deuxième, tu pourras passer au guichet (POULOT, Sublime, 1872, p. 63).
— [En parlant d'un paiement] À guichet(s) ouvert(s). Effectué sans interruption. Des bons de caisse (...) qu'elles [les banques] émettent à guichet ouvert (BAUDHUIN, Crédit et banque, 1945, p. 166).
— (Jouer) à guichets fermés. Faire salle comble après avoir vendu tous les billets d'entrée les jours précédant celui de la représentation ou du spectacle. La finale de la Coupe de France sera jouée à guichets fermés. Aucun billet ne sera vendu au Parc des Princes (Le Républicain lorrain, 16 juin 1979).
— Scie à guichet.
Rem. Le guichet est parfois pris comme symbole pour fustiger la puissance de l'administration. Des fonctionnaires qui, eux-mêmes, n'aperçoivent parfois la vie qu'à travers l'ouverture étroite de leur guichet (L'Œuvre, 6 févr. 1941).
REM. Guicheton, subst. masc. Dimin. de guichet A 1. Une petite fille qui poussait une grosse ramée d'oliviers dans le guicheton d'une écurie à chèvre (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 63).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 « petite porte pratiquée dans une porte monumentale, une muraille, une fortification » (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, Rédaction AB, 1548); 2. 1590-1604 passer le guischet « entrer en prison » (BRANTÔME, Discours sur les Colonels de l'infanterie de France, éd. E. Vaucheret, p. 146); 3. 1767 « petite ouverture pratiquée à hauteur d'homme dans une porte, un mur et par laquelle on peut parler à quelqu'un, faire passer des objets » (VOLTAIRE, L'Ingénu, éd. W. R. Jones, p. 122); 4. 1862 « petite ouverture par laquelle le public communique avec les employés d'une administration, d'un bureau » (GONCOURT, Journal, p. 1109). Prob. dimin. de l'a. nord. vik « baie » d'où « cachette, recoin » (cf. FEW t. 17, p. 430 a), sens encore attesté en a. et en m. fr. (fin XIIe s. ds GDF. Compl.). Fréq. abs. littér. : 409. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 697, b) 428; XXe s. : a) 551, b) 582. Bbg. Archit. 1972, p. 79 - BÄCKER (N.). Probleme des inneren Lehnguts dargestellt an den Anglizismen der französischen Sportsprache. Tübingen, 1975, pp. 256-258. - CHAUTARD (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 521 (s.v. guicheton). - GEBHARDT (K.). Les Francoprovençalismes de la lang. fr. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 188. - QUEM. DDL t. 16, 18.
guichet [giʃɛ] n. m.
ÉTYM. V. 1130; probablt de l'anc. scandinave vik « cachette », avec infl. de l'anc. franç. uisset, dimin. de uis, huis « porte ». Hypothèse rejetée par P. Guiraud qui rattache le terme au lat. visere « voir » par un gallo-roman visicare, doublet de visitare. → Visiter.
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1 Vx. Petite porte pratiquée dans une porte monumentale, une muraille de fortification, etc. || Se présenter au guichet d'une ville fortifiée. || Porte de grange munie d'un guichet (→ Engin, cit. 1).
2 (1767). Mod. Petite ouverture, pratiquée à hauteur d'homme dans une porte, un mur, et par laquelle on peut parler à qqn, faire passer des objets (→ Barricader, cit. 4). || Le guichet de la porte d'un couvent, d'une prison. || Passer de la nourriture à un prisonnier par le guichet de sa cellule. || Guichet grillé ou grillagé. ⇒ Judas (→ Grille, cit. 7).
1 Abramko n'ouvrait jamais à personne sans avoir regardé par un guichet grillagé, formidable.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 635.
2 La mère Angélique (…) s'avança seule vers la porte de clôture, à laquelle M. Arnauld heurtait déjà. Elle ouvrit le guichet (…) M. Arnauld commandait d'ouvrir : la mère Angélique dut tout d'abord prier son père d'entrer dans le petit parloir d'à côté, afin qu'à travers la grille elle lui pût parler commodément et se donner l'honneur de lui justifier ses résolutions (…)
(…) toute cette scène du Guichet (…) cette Journée que M. Royer-Collard aime à citer comme une des grandes pages de la nature humaine (…)
Sainte-Beuve, Port-Royal, Journée du guichet.
3 Il passa devant la prison. À la porte pendait une chaîne de fer attachée à une cloche. Il sonna. Un guichet s'ouvrit. — Monsieur le guichetier, dit-il (…) voudriez-vous bien m'ouvrir et me loger pour cette nuit ?
Hugo, les Misérables, I, II, I.
♦ (1680). || Le guichet d'un confessionnal (cit. 1).
3 (Mil. XIXe). Cour. Petite ouverture par laquelle le public communique avec les employés d'une administration, d'un bureau, d'une banque. || Se présenter au guichet de la poste (→ Espérer, cit. 28; encrier, cit. 1), de la perception, d'une caisse d'épargne (→ Assiéger, cit. 5). || L'employé du guichet. ⇒ Guichetier. || Employé assis derrière son guichet (→ État, cit. 134). || Adressez-vous au guichet d'à côté. — Endroit où s'effectuent, se reçoivent des paiements. ⇒ Caisse. || Les guichets du Trésor. || Banque qui paye, qui rembourse à guichets ouverts, sans interruption (→ Désastre, cit. 6). — Guichet de location, où l'on délivre les billets pour assister à un spectacle. ☑ Troupe qui joue à guichets fermés (ou bureaux fermés), après avoir loué la totalité des places disponibles.
4 Ce n'est plus la barricade aujourd'hui qui discerne, qui sépare en deux le bon peuple de France, les populations du royaume. C'est un beaucoup plus petit appareil, mais infiniment plus répandu, surtout aujourd'hui, qu'on nomme le guichet. Quelques cadres de bois, plus ou moins mobiles, un grillage métallique, plus ou moins fixé, font tous les frais d'un guichet. C'est pourtant avec cela, c'est avec ce peu que l'on gouverne la France très bien.
Ch. Péguy, la République…, p. 203.
5 Le guichet a droit à notre considération respectueuse, à notre admiration : il a dompté, il a maté le peuple de France, ce peuple dont on aime à dire qu'il est indomptable. Le guichet est une forme de la discipline à laquelle, vraiment, aucun peuple ne saurait résister.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, IV, XXXI.
REM. Le mot continue d'être utilisé même lorsque les opérations administratives se déroulent de part et d'autre d'un simple comptoir séparant les employés du public.
♦ Par anal. || Guichet automatique d'une banque. ⇒ aussi Billetterie, distributeur (de billets).
4 (1690). || Les guichets du Louvre, des Tuileries : étroits passages voûtés qui font communiquer les cours intérieures et les abords du palais.
6 Gurau passe sous les guichets du Louvre; il débouche dans la rue de Rivoli.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIV, p. 232.
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DÉR. Guichetier.
Encyclopédie Universelle. 2012.