harasser [ 'arase ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1527; a. fr. harace « poursuite », de hare « cri pour exciter les chiens », interj. d'o. frq.
♦ Vx (sauf aux temps comp. et p. p. ⇒ harassé) Accabler de fatigue. ⇒ exténuer, fatiguer. Être harassé de travail.
⊗ CONTR. Délaisser, 1. reposer.
harasser
v. tr. Fatiguer à l'excès. Syn. épuiser.
⇒HARASSER, verbe trans.
Fatiguer jusqu'à l'épuisement; user. L'intervention anglaise dans l'affaire Muselier succède, d'ailleurs, à une série d'autres pressions et abus du même genre (...) que je n'ai pu repousser qu'à grand-peine et qui harassent ma confiance dans la sincérité des Britanniques en tant qu'alliés (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 659) :
• Nous sommes deux races sur la terre. Ceux qui ont besoin des autres, que les autres distraient, occupent, reposent, et que la solitude harasse, épuise, anéantit (...) et ceux que les autres, au contraire, lassent, ennuient, gênent, courbaturent, tandis que l'isolement les calme, les baigne de repos dans l'indépendance et la fantaisie de leur pensée.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Qui sait? 1890, p. 1187.
— Emploi pronom. réfl. Voici une cinquième fille visiblement résolue à se harasser le moins possible. Elle n'est ni debout, ni agenouillée, ne fût-ce que sur un genou (BLOY, Journal, 1900, p. 20).
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1527 « harceler » (C. DE SEYSSEL, trad. de Thucydide, VII, 7 ds HUG.; 2. 1562 harassé part. passé « épuisé de fatigue » (Chanson du franc archer ds GDF. Compl.). De l'a. fr. harace/harache employé surtout dans les loc. courre a la harache « poursuivre » (XIVe s., Le Dit des Patenostres ds Nouv. Recueil de Fabliaux, éd. A. Jubinal, I, 239), prendre aucun par la harache « prendre quelqu'un de force » (ca 1350, G. LE MUISIT, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, I, 273), lequel est issu de bonne heure de l'interj. hare (v. haro) à l'aide du suff. péj. et augm. -ace; dés. -er; cf. FEW t. 16, p. 151 a. Fréq. abs. littér. : 21.
DÉR. Harassement, subst. masc. État d'une personne harassée; fatigue, lassitude extrême. Ah! cette sécheresse! ces harassements de reprendre, à froid et d'une âme rétrécie, des théories qui hier m'échauffaient! Ah! presser une imagination, systématiser, synthétiser, éliminer, affiner, comparer! besogne d'écœurement! dégoût! d'où l'on atteint la stérilité (BARRÈS, Barbares, 1888, p. 244). — [] init. asp. — 1res attest. a) 1572 « tracas, tourment » (J. AMYOT, Œuvres morales, p. 181 v°), b) 1609 [date d'éd.] « état d'une personne harassée » (M. LESCARBOT, Histoire de la Nouvelle France, I, 479, ds GDF. Compl.); du rad. de harasser, suff. -(e)ment1.
harasser ['aʀase] v. tr.
ÉTYM. 1527; de l'anc. franç. harache (XIIIe), harace (déb. XIVe), de hare « cri pour exciter les chiens ». → Hare.
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♦ (Plus cour. aux temps comp. et au p. p.). Accabler de fatigue. ⇒ Fatiguer; briser, broyer (de fatigue), épuiser, éreinter, excéder, exténuer, vanner. || Harasser un cheval. ⇒ Estrapasser. || Se harasser (→ Aquilon, cit. 4). — Par ext. || Ce long discours harassa l'auditoire (Académie). — (Passif). || Être harassé de fatigue (→ Brûler, cit. 54), de travail; harassé de travailler, d'écrire (→ Gémir, cit. 18).
♦ En emploi absolu (littéraire ou régional) :
0.1 La neige pourrie des sentiers harasse, de même que la neige mouillée dans le vent. La mousse mal gelée défonce, l'eau sourd et la tache d'argile.
Jean-Yves Soucy, Un dieu chasseur, p. 23.
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harassé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1562).
♦ Épuisé de fatigue. || Être harassé, à bout de force. ⇒ Fatigué (cit. 20). || Se coucher (cit. 18) harassé (→ aussi Déchevelé, cit. 1).
1 Harassé, fatigué, je succombe au sommeil.
Delille, Conversations, 1.
2 (L'Empereur) ne dissimula pas à ce maréchal qu'il arrivait à Smolensk avec une armée harassée et une cavalerie toute démontée.
3 La marche était pénible, et ils furent bientôt si harassés qu'ils s'arrêtèrent en rencontrant enfin un endroit sec sous de grands chênes.
G. Sand, la Mare au diable, VII.
♦ (1696). Qui montre une grande fatigue. || Air harassé. || Expression, mine harassée.
4 Mais je l'aperçois. Qu'il a l'air harassé !
J.-F. Regnard, le Joueur, I, 4.
5 (…) aussitôt m'était apparu le plissement douloureux de son front, l'expression inquiète et parfois harassée de son regard.
Gide, Si le grain ne meurt, I, V.
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CONTR. Délasser, réconforter, reposer. — (Du p. p.) Dispos, fort, frais.
DÉR. Harassant, harassement.
Encyclopédie Universelle. 2012.