hiéroglyphe [ 'jerɔglif ] n. m.
• 1546; de hiéroglyphique
1 ♦ Caractère, signe des plus anciennes écritures égyptiennes. Valeur figurative, idéographique ou phonétique des hiéroglyphes. « Champollion a déchiffré ces hiéroglyphes qui semblaient être un sceau mis sur les lèvres du désert » (Chateaubriand). Obélisque couvert de hiéroglyphes.
2 ♦ Fig. Signe, caractère difficile ou impossible à déchiffrer. « les hiéroglyphes de cette sténographie » (Balzac).
● hiéroglyphe nom masculin (de hiéroglyphique) Unité fondamentale du système idéogrammatique des anciens Égyptiens. ● hiéroglyphe (difficultés) nom masculin (de hiéroglyphique) Prononciation Sans élision ni liaison : le hiéroglyphe qui te sert de signature est illisible. Orthographe Attention aux places respectives du i et du y :le i d'abord, le y ensuite.
hiéroglyphe
n. m.
d1./d Signe, caractère fondamental de l'écriture des anciens égyptiens.
d2./d Plur. Fig. écriture illisible, signes très difficiles à déchiffrer.
Encycl. Utilisant non pas des lettres mais des dessins d'hommes, d'oiseaux, de mammifères, de végétaux et d'objets quotidiens, les hiéroglyphes (sept cents environ) peuvent avoir deux fonctions dans l'écriture: l' idéogramme, représentation d'objets matériels et d'actions physiques dont la seule figuration évoque l'idée signifiée mais ne permet d'exprimer aucune idée abstraite; le phonogramme, hiéroglyphe évoquant un son. C'est le principe du phonogramme qui permet de transcrire phonétiquement tous les sons et donc d'écrire tous les mots du langage. Champollion (1790-1832), le premier, déchiffra les hiéroglyphes.
⇒HIÉROGLYPHE, subst. masc.
A. — LINGUISTIQUE
1. Caractère sacré de l'écriture égyptienne antique, à valeur figurative, idéographique ou phonétique. Alphabet des hiéroglyphes phonétiques; monument, tombeau couvert de hiéroglyphes; déchiffrer, interpréter, traduire des hiéroglyphes. Les hiéroglyphes étoient une écriture de contours, un dessin des objets (BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 251). Jusque sur les granits de Mezraïm, Champollion a déchiffré ces hiéroglyphes qui semblaient être un sceau mis sur les lèvres du désert, et qui répondait de leur éternelle discrétion (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 603) :
• 1. L'hiéroglyphe simplifié restait encore l'hiéroglyphe (...). Vous savez comment les Égyptiens mêlaient dans leurs hiéroglyphes (...) les signes représentant des idées aux signes représentant des sons.
A. FRANCE, Jard. Épicure, 1895, p. 186.
2. P. ext. Signe d'une écriture qui fait usage de figures. Synon. emblème, idéogramme, signe. Hiéroglyphes hittites, mayas, mexicains. Les hiéroglyphes des manuscrits du Mexique et des bas-reliefs péruviens, leur vie géométrique, leur raideur de jeux de patience (FAURE, Hist. art, 1912, p. 239).
B. — Au fig.
1. Au plur., fam. Style, écriture, langage difficile ou impossible à déchiffrer, à comprendre. La connaissance que je possédais de l'écriture de Lambert me permit, à l'aide du temps, de déchiffrer les hiéroglyphes de cette sténographie créée par l'impatience et par la frénésie de la passion (BALZAC, L. Lambert, 1832, p. 143). Gros cahiers de commerce rayés de rouge et chargés d'hiéroglyphes bizarres (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p. 318) :
• 2. Du moins, en passant des années à débrouiller le grimoire laissé par Vinteuil, en établissant la lecture certaine de ces hiéroglyphes inconnus, l'amie de Mlle Vinteuil eut la consolation d'assurer au musicien dont elle avait assombri les dernières années une gloire immortelle et compensatrice.
PROUST, Prisonn., 1922, p. 262.
2. Souvent au plur., littér. Chose obscure, énigmatique. Baudelaire avait déchiffré dans les hiéroglyphes de l'âme le retour d'âge des sentiments et des idées (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 253). Souvent ces images-intuitions (...) prennent facilement l'allure de clés capables de déchiffrer l'hiéroglyphe du monde (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 305).
REM. 1. Hiéroglyphé, -ée, adj. Couvert de hiéroglyphes. Un petit papier hiéroglyphé de signes et de chiffres multicolores (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 111). 2. Hiéroglyphie, subst. fém., hapax. Graphie, inscription en hiéroglyphes. La Concorde est lointaine et ses hiéroglyphies (QUENEAU, Si tu t'imagines, 1952, p. 209). 3. Hiéroglyphié, -ée, adj., hapax. Transformé en hiéroglyphe, en énigme. Pourquoi la toilette serait-elle donc toujours le plus éloquent des styles, si elle n'était pas réellement tout l'homme, l'homme avec ses opinions politiques, l'homme avec le texte de son existence, l'homme hiéroglyphié? (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1830, p. 180). 4. Hiéroglyphite, subst. masc., hapax. Sage égyptien au service de Pharaon, versé dans la science des hiéroglyphes. « (...). Qu'on fasse venir (...) mes hiéroglyphites. » (...) c'étaient des personnages d'un aspect formidable et mystérieux, la tête rasée, chaussés de souliers de byblos, vêtus de longues robes de lin, tenant en main des bâtons gravés d'hiéroglyphes (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 324).
Prononc. et Orth. : []. Init. asp. ds Pt ROB. 1977. Att. ds Ac. dep. 1694, hieroglyphe (1694-1740), puis hiéro-. Étymol. et Hist. 1546 « caractère des anciennes écritures égyptiennes » (J. MARTIN, trad. de F. COLONNA, Discours du songe de Poliphile, f° 21 v° ds QUEM. DDL t. 12); 1689 fig. « écriture impossible à déchiffrer » (CH. DE SÉVIGNÉ ds Lettres de Mme de Sévigné, éd. M. Monmerqué, t. 9. p. 76). Dér. régr. de hiéroglyphique. Fréq. abs. littér. : 222. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 408, b) 531; XXe s. : a) 141, b) 225. Bbg. DAVID (M.). L'Emploi du terme hiéroglyphe au 18e s. Cr. du Groupe Ling. d'Ét. Chamito-sémitiques. 1954/57, t. 7, pp. 98-101. QUEM. DDL t. 12.
hiéroglyphe [jeʀɔglif] n. m.
ÉTYM. 1546; dér. régressif de hiéroglyphique.
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1 Caractère, signe des anciennes écritures égyptiennes. ⇒ Hiérogramme (→ Graphie, cit. 2). || Les hiéroglyphes peuvent avoir une valeur figurative (le signe « lion » représentant le lion, etc.), idéographique (le signe « homme dansant » représentant la joie, etc.) ou phonétique, chaque hiéroglyphe représentant deux ou trois consonnes qui servent à noter des mots ou parties de mots homophones de l'idéogramme (les voyelles n'étant pas notées). || Monument, obélisque couvert d'hiéroglyphes. || Hiéroglyphes déformés de l'écriture cursive, hiératique. ⇒ Hiérogramme. || « Les hiéroglyphes usuels sont au nombre de 600 environ » (Meillet et Cohen). || Champollion déchiffra (cit. 2) les hiéroglyphes de la pierre de Rosette.
1 Plusieurs anciens et presque tous les modernes ont cru que les prêtres d'Égypte inventèrent les hiéroglyphes, afin de cacher au peuple les profonds secrets de leur science (…) au contraire c'est la pure nécessité qui leur a donné naissance pour l'utilité publique (…)
Encycl. (Diderot), 1765, art. Hiéroglyphe.
2 Les caractères qui, dès l'origine, composèrent le système entier de l'écriture sacrée, furent des imitations plus ou moins exactes d'objets existants dans la nature; ces caractères, consistant en images de choses réelles, reproduites dans leur ensemble ou dans quelques-unes de leurs parties, reçurent des anciens auteurs le nom de γράμματα ἱερα (grammata hiera), caractères sacrés, et plus particulièrement, celui de γράμματα ιερογλυφικα (grammata hieroglyphica), caractères sacrés sculptés; de là est dérivé le nom d'hiéroglyphes ou de caractères hiéroglyphiques, qu'on leur a conservé jusqu'à notre temps.
♦ (1690). Se dit des signes de l'écriture utilisée en Asie Mineure, en Syrie du Nord, du XIVe siècle au VIIIe siècle av. J.-C., appelés (abusivement) hiéroglyphes hittites.
3 On ne sait encore comment se dénommait la langue des inscriptions hiéroglyphiques qu'on appelle provisoirement « hittite hiéroglyphique » (…) Les textes (…) sont écrits en un système particulier d'hiéroglyphes à valeur mi-idéographique, mi-phonétique, que l'on commence, après beaucoup d'efforts, à interpréter de manière vraisemblable.
A. Meillet et M. Cohen, les Langues du monde, p. 18.
♦ Spécialt. Signe figuratif ou idéographique.
3.1 (…) un hiéroglyphe bien autrement parlant qu'une froide représentation, qui ne tient que la place d'un caractère d'imprimerie : art sublime dans ce sens, si on le compare à celui où la pensée n'arrive à l'esprit qu'à l'aide des lettres mises dans un ordre convenu (…)
E. Delacroix, Journal, 20 oct. 1853.
2 (1689, Mme de Sévigné). Signe, caractère difficile ou impossible à comprendre. || Ce message est formé d'hiéroglyphes indéchiffrables. || Les hiéroglyphes d'une écriture illisible.
4 (…) cette (…) lettre en a un (défaut) que j'ai eu bien de la peine à corriger; c'est une écriture difficile à déchiffrer (…) ce n'est plus de l'écriture (…) ce sont des hiéroglyphes (…)
5 (…) deux grosses liasses de feuillets azurés, hiéroglyphes plutôt que manuscrits, criblés de mots abrégés, de repères en forme d'étoiles, de croix, de petits serpenteaux signalisateurs comme au long des routes.
Colette, l'Étoile Vesper, p. 187.
3 Didact. Idéogramme, signe, emblème interprétable (→ Écriture, cit. 2). || Les hiéroglyphes de la féodalité (→ Blason, cit. 3, Hugo).
6 (…) la précaution qu'on avait prise de me faire des marques distinctives témoignerait assez combien j'étais un fils précieux : et cet hiéroglyphe à mon bras (…)
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, III, 16.
7 Ces acteurs avec leurs robes géométriques semblent des hiéroglyphes animés.
A. Artaud, le Théâtre et son double, Sur le théâtre balinais, in Œ. compl., t. IV, p. 81.
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Encyclopédie Universelle. 2012.