impensable [ ɛ̃pɑ̃sabl ] adj. ♦ Rare Qui ne peut être conçu par la pensée. ⇒ inconcevable. Hypothèse impensable.
♢ Plus cour. Que l'on a du mal à imaginer, à admettre. ⇒ inimaginable, invraisemblable. « chez moi, dans ma famille, c'est impensable, tout ça » (Sarraute).
⊗ CONTR. Pensable.
● impensable adjectif Qui dépasse l'imagination, qu'on ne peut concevoir ou même imaginer : Vous ne pouvez pas refuser ce poste, c'est impensable. ● impensable (synonymes) adjectif Qui dépasse l'imagination, qu'on ne peut concevoir ou même imaginer
Synonymes :
impensable
adj. Inconcevable.
⇒IMPENSABLE, adj.
Qui ne peut être ni envisagé ni saisi par la pensée, à quoi on ne peut pas penser. Chose, notion, relation, vérité impensable; rendre, sembler, trouver impensable. La pure impression n'est donc pas seulement introuvable, mais imperceptible et donc impensable comme moment de la perception (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 10). Or, ce droit est un concept juridiquement impensable, c'est un concept d'anarchie (SCELLE, Fédéralisme eur., 1952, p. 2) :
• 1. Mais il n'était pas possible qu'elle [cette larve coulante] n'existât pas. C'était impensable : pour imaginer le néant, il fallait qu'on se trouve déjà là, en plein monde et les yeux grands ouverts et vivant...
SARTRE, Nausée,1938, p. 171.
Rem. 1. La contradiction qu'il y a à penser que qqc. est impensable est telle que beaucoup de dict. jugent ce mot inutile. 2. Qq. dict. rejettent aussi ce mot au nom de la logique : alors que l'on conçoit quelque chose (d'où l'adj. inconcevable), on ne pense pas quelque chose mais à quelque chose, d'où, croit-on, l'illogisme de la construction.
— P. ext., fam. Excessif, qu'il n'est pas possible de concevoir, si ce n'est comme absurde. Affaire, autorité, monde, phénomène impensable. C'est impensable! Mais non! cette guerre est impensable. Elle n'éclatera sûrement pas (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 284) :
• 2. Mais pour nous, chrétiens, le problème du salut s'est substitué à ces anciens et impensables mystères.
MAURIAC, Journal occup., 1944, p. 355.
— Emploi subst. Ce à quoi il est impossible de penser. Si antifinaliste que l'on soit, que l'on puisse être, on se heurte là à de l'inadmissible, à de l'impensable (GIDE, Journal, 1942, p. 123).
REM. 1. Impensabilité, subst. fém. Fait d'être impensable. Nous n'aboutissons donc pas à cette idée contradictoire de l'impensabilité de la foi, mais seulement à cette affirmation qu'en dissociant réellement la croyance de la pensée qui porte sur elle nous nous engageons dans un procès sans terme, nous renonçons librement à notre liberté (G. MARCEL, Journal, 1914, p. 73). 2. Impensablement, adv. [Correspond à impensable p. ext.] D'une manière impensable. Menacée par le savoir-vivre, elle ne l'eût pas été moins par le poids de l'océan, de la terre et du ciel, si, impensablement, elle eût osé les affronter (MORAND, Fin de s., 1957, p. 100). 3. Impensé, -ée, adj. Qui n'a pas été précisé. Nous sommes dans un monde impensé, impensable auparavant (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 118). Emploi subst. Informulées, ces énergies glissent dans l'impensé (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 191). 4. Impensant, -ante, adj., hapax. Incapable d'avoir une pensée. Et ce qui me reste à moi qui fuis le monde (...), c'est le commerce de cette création vivante et sensible, mais impensante et impassionnée (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 64).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. I. Adj. 1. 1845 « qui ne peut être saisi par la pensée » (RICHARD); 2. 1931 « incroyable, inimaginable » (J.-R. BLOCH, Dest. du S., p. 297). II. Subst. av. 1889 (VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Axël, II, 12 ds Œuvres complètes, t. 4, 1923, p. 183). Dér. de penser; préf. im- (in-1); suff. -able. Fréq. abs. littér. : 65. Bbg. JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, pp. 65-66. - LE BIDOIS Délire 1970, pp. 39-45.
impensable [ɛ̃pɑ̃sabl] adj.
ÉTYM. 1845, Richard de Radonvilliers (mot virtuel); ne semble pas en usage av. le troisième tiers du XIXe; de im- (→ 1. In-), penser (trans. dir. : penser qqch.), et -able.
❖
1 Qui ne peut être conçu ou saisi par la pensée. ⇒ Inconcevable.
0.1 (Ces mots) qui imposent à la raison de penser des pensées impensables (…)
1 (…) après deux siècles et bientôt deux siècles et demi on a fini par s'apercevoir que les lois de l'attraction et de la gravitation universelle étaient généralement applicables et parfaitement calculables mais que l'hypothèse même de l'attraction à distance et de la gravitation à distance était parfaitement impensable, c'est-à-dire enfin que Newton est métaphysiquement impensable.
Ch. Péguy, Note conjointe, Sur Bergson, p. 29.
♦ Que l'on a du mal à imaginer. ⇒ Inimaginable, invraisemblable.
2 C'était du moins ce que Paule croyait avoir compris. Mais tout cela appartenait pour elle à un monde absurde, impensable.
F. Mauriac, le Sagouin, p. 30.
♦ (1947, Aymé). N. m. || L'impensable.
2.1 Fallait-il croire que nous étions tous le jouet d'une hallucination ? Non. L'incroyable, l'invraisemblable, l'impensable, était une réalité sensible (…)
M. Aymé, le Vin de Paris, « La bonne peinture », p. 212.
3 Qu'un garçon de mon âge et de ma formation ait pu rester dupe d'une imposture pareille, c'est invraisemblable, c'est impensable.
J. Romains, Une femme singulière, p. 62.
4 Moi ça me dépasse complètement, je l'avoue, ce n'est pas pour me vanter (…) mais chez moi, dans ma famille, c'est impensable, tout ça… Je ne parle même pas d'employer des procédés pareils (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 242.
REM. Le mot, enregistré par Littré en 1877 (additions au Supplément), a été critiqué par certains puristes.
❖
DÉR. Impensabilité, impensablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.