inconcevable [ ɛ̃kɔ̃s(ə)vabl ] adj.
• 1584; de 1. in- et concevable
1 ♦ Dont l'esprit humain ne peut se former aucune représentation. ⇒ contradictoire, impensable, impossible. « Et concevoir de Dieu l'inconcevable essence » (Lamartine). — Subst. L'inconcevable.
2 ♦ Cour. Impossible ou difficile à comprendre, à expliquer, à imaginer, à croire. ⇒ étonnant, étrange, extraordinaire, incompréhensible, incroyable, paradoxal, surprenant. La plus inconcevable solitude. Cette histoire est inconcevable. ⇒ inimaginable, inouï. « elle vivait dans une oisiveté inconcevable » (Musset). « Les boutiques de modistes étaient pleines de chapeaux inconcevables » (Balzac). ⇒ extravagant. — Spécialt Inacceptable. « Il est inconcevable que cet abus ne soit pas réformé » (Littré). ⇒ inadmissible. C'est inconcevable ! ⇒ impossible.
⊗ CONTR. Concevable; banal, compréhensible.
● inconcevable adjectif Impossible ou difficile à comprendre, à imaginer, à expliquer : Cette théorie était inconcevable pour les gens de l'époque. Qui ne peut être admis : Agir avec un aplomb inconcevable. ● inconcevable (synonymes) adjectif Impossible ou difficile à comprendre, à imaginer, à expliquer
Synonymes :
- impénétrable
- incompréhensible
Contraires :
- pensable
Qui ne peut être admis
Synonymes :
- étonnant
- inouï
- stupéfiant
Contraires :
inconcevable
adj.
d1./d Que l'esprit ne peut concevoir.
d2./d Qu'on ne peut expliquer, admettre. Conduite inconcevable.
⇒INCONCEVABLE, adj.
A. — PHILOSOPHIE
1. ,,Ce dont l'esprit ne peut se former aucune représentation parce que les termes qui le désignent enveloppent une impossibilité ou une contradiction`` (LAL. 1968). Institutions, lois inconcevables. En tant que la séparation des pouvoirs morcelle la souveraineté populaire entre divers organes, elle est semblablement inconcevable, puisque le peuple seul est souverain (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 232) :
• 1. L'histoire et la légende regorgent de faits où semble intervenir la puissance d'un homme à connaître le passé, le présent et l'avenir par des voies que le profane juge inconcevables parce qu'il les ignore et auxquelles il s'empresse de conférer, comme à tout événement inhabituel et mystérieux, un caractère divin ou démoniaque...
AMADOU, Parapsychol., 1954, p. 80.
2. ,,Qui ne peut être représenté comme réel par suite de nos habitudes d'esprit`` (LAL. 1968). Crime, miracle, monstre inconcevable. Ils [les géomètres] construisent des mondes parfaits en eux-mêmes, qui s'éloignent parfois du nôtre au point d'être inconcevables (VALÉRY, Eupalinos, 1923, p. 119) :
• 2. Si rien ne peut se concevoir clairement avant que la vérité, à la fin des temps, ait été mise au jour, toute action est arbitraire, la force finit par régner. « Si la réalité est inconcevable, s'écriait Hegel, il nous faut forger des concepts inconcevables ». Un concept qu'on ne peut concevoir a besoin, en effet, comme l'erreur, d'être forgé.
CAMUS, Homme rév., 1951, p. 184.
3. Qui est difficile à concevoir intellectuellement. La plus grande gloire n'est-elle point celle des Dieux qui se sont faits inconcevables? (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 132).
— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'inconcevable s'ébauche à quelques pas de vous avec une netteté spectrale (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 469).
B. — Usuel
1. [En parlant de choses] Qu'il est difficile de concevoir, d'expliquer, d'imaginer ou même d'admettre. Appétit, aveuglement, égarement, exploit inconcevable; altération, passion, rêverie, scène, vision inconcevable :
• 3. Toutes ces évolutions se font, au reste, avec une inconcevable adresse et une merveilleuse rapidité et cela sans que la police se préoccupe le moins du monde d'assigner à chacun son poste ou de tracer à chacun sa route.
DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 528.
— Expr. exclamative. C'est inconcevable! Ma foi, si je m'attendais à ce que le fameux Adrien Sixte ressemblât à ça... C'est inconcevable! (BOURGET, Disciple, 1889, p. 45).
2. Rare. [En parlant de pers.] Que l'on ne peut comprendre. Femme inconcevable :
• 4. Ma sœur est quelquefois inconcevable. J'aime beaucoup l'Adrienne; j'aime bien madame de Bérenger; j'ai aimé passionnément madame de Monchy, mais ma sœur n'a-t-elle pas une place tout à part, où elle règne sans trouble et sans rivale?
CHATEAUBR., Corresp., t. 1, 1815, p. 285.
— Emploi subst. fém., HIST. Femme élégante de la période de la Convention et du Directoire, dont la toilette était la reproduction de celle de l'antiquité grecque ou romaine. On eut les « merveilleuses », et au delà des merveilleuses, les inconcevables (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 121).
REM. 1. Inconcevabilité, subst. fém. Qualité de ce qui n'est pas concevable. Ce qui revient à dire que concevabilité et inconcevabilité n'ont rien à voir en pareille affaire (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 80). L'inconcevabilité de la non-existence de Dieu n'a de sens que dans la perspective chrétienne où Dieu s'identifie avec l'être et où, par conséquent, il devient contradictoire de prétendre qu'on le pense et qu'on le pense comme n'existant pas (GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p. 63). 2. Inconcevablement, adv. De manière inconcevable. Ici le mathématicien apparaît, en ces planètes de dimensions inconcevablement petites (Gds cour. pensée math., 1948, p. 189).
Prononc. et Orth. : [] ou [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1584 « dont l'esprit ne peut se faire aucune représentation » (J. DE BARRAUD, Epistres dorées, trad. de Guevarre, IV, 1b d'apr. H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t. 32, p. 84); 2. 1641 « impossible à saisir pleinement par l'esprit » (DESCARTES, Réponses aux secondes objections ds Œuvres philosophiques, éd. F. Alquié, t. 2, p. 563); 3. 1664 « impossible ou difficile à comprendre, à expliquer, à imaginer, à croire » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettre du 21 déc. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 78). Dér. de concevable; préf. in-1. Fréq. abs. littér. : 658. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 365, b) 404; XXe s. : a) 749, b) 965.
inconcevable [ɛ̃kɔ̃s(ə)vabl] adj. et n. m.
ÉTYM. 1584; de 1. in-, et concevable.
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1 « Ce dont l'esprit ne peut se former aucune représentation, parce que les termes qui le désignent enveloppent une impossibilité ou une contradiction : la limite de l'espace; un rond carré » (Lalande). ⇒ Contradictoire, impensable, impossible. || Une chose inconcevable en elle-même.
♦ N. m. || L'inconcevable.
1 Il ne faut pas confondre l'inconcevable avec ce qui est difficile à concevoir, c'est-à-dire contraire à nos habitudes intellectuelles.
Edmond Goblot, Voc. de la philosophie, art. Inconcevable.
2 (…) lorsque Dieu est dit être inconcevable, cela s'entend d'une pleine et entière conception qui comprenne et embrasse parfaitement tout ce qui est en lui (…)
Descartes, Réponses aux 2es objections.
3 Elle (l'âme) ose mesurer le temps, l'immensité,
Aborder le néant, parcourir l'existence,
Et concevoir de Dieu l'inconcevable essence.
Lamartine, Premières méditations, XXXIV.
3 (1664). Cour. Impossible ou difficile à comprendre, à expliquer, à imaginer, à croire. ⇒ Étonnant, étrange, extraordinaire, extravagant, incompréhensible (2.), incroyable, inexplicable, inimaginable, surprenant. || De toutes les manières concevables et inconcevables (→ Broncher, cit. 3). || Coup, choc imprévu et inconcevable (→ Anéantir, cit. 12). || Sentiments, désespoirs (cit. 19) inconcevables. ⇒ Paradoxal. || La plus inconcevable solitude (→ Ensevelir, cit. 25). || Emporté (cit. 18) avec une rapidité inconcevable. || Beauté, délicatesse inconcevable (→ Affleurer, cit. 3; guillocher, cit. 3). || Produire des effets inconcevables (→ Étinceler, cit. 11). — Spécialt. Inacceptable (en parlant d'une chose que l'on juge mal). || Il est d'une négligence inconcevable. || De telles choses sont, paraissent inconcevables. ⇒ Impossible (→ Arroger, cit. 5; hiérarchie, cit. 6). || Il est inconcevable que cet abus ne soit pas réformé (Littré). ⇒ Inadmissible. || C'est inconcevable !
4 (…) que les moments qui délivrent tout d'un coup le cœur et l'esprit d'une si terrible peine, font sentir un inconcevable plaisir !
Mme de Sévigné, 65, 21 déc. 1664.
5 Si l'extravagance de Croisilles lui paraissait inconcevable, elle n'y voyait du moins rien d'offensant (…)
A. de Musset, Nouvelles, « Croisilles », II.
6 (…) sans être paresseuse, elle vivait dans une oisiveté inconcevable.
A. de Musset, Nouvelles, « Frédéric et Bernerette », VI.
7 Les boutiques de modistes étaient pleines de chapeaux inconcevables, qui semblaient être là moins pour la vente que pour l'étalage (…)
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 693.
8 Un homme qui dit tout ce qu'il pense et comme il le pense est aussi inconcevable dans une ville qu'un homme allant tout nu.
France, le Mannequin d'osier, XII, Œ., t. XI, p. 369.
♦ N. m. || L'inconcevable s'est produit. || « Ainsi l'impossible était survenu ! L'inconcevable s'était réalisé ! Pour la première fois, son destin (de Ch. de Gaulle) lui tournait le dos » (le Nouvel Obs., 11 mai 1981, p. 52).
♦ Par ext. (Personnes). Dont le comportement est inconcevable (incompréhensible ou inadmissible). || Vous êtes inconcevable !
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CONTR. Concevable. — Banal. — Compréhensible.
DÉR. Inconcevabilité, inconcevablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.