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COMPTABILITÉ
COMPTABILITÉ

La comptabilité est une technique quantitative de collecte, de traitement et d’interprétation de l’information, appliquée aux faits matériels, juridiques et économiques ayant une incidence patrimoniale pour un sujet économique (entité): individu, ménage, entreprise, État, etc.

On distingue deux grands domaines de la comptabilité: la comptabilité générale (ou financière), dont il sera question ici, est globale et externe; elle mesure le résultat global obtenu par l’entité dans son ensemble et pour la totalité de l’exercice (année); elle décrit la situation patrimoniale de l’entité à l’instant final de l’exercice; elle s’oppose à la comptabilité analytique , qui mesure des coûts et des rendements élémentaires et fournit, par conséquent, une explication de ce que la comptabilité générale se borne à décrire.

1. Le compte

Le compte est un tableau de nombres, à deux colonnes: les débits et les crédits. C’est le plus petit sous-ensemble utilisé pour le classement des informations; il est défini en compréhension par son nom, en extension par son solde (somme algébrique de tous les termes du compte). Mais on emploie aussi le mot «compte» dans un sens plus large, pour désigner des regroupements de comptes (comptes annuels).

Le compte rassemble tous les phénomènes de même nature. Divisé en deux colonnes de signes positif et négatif, il sépare, dans chaque nature de phénomène, les événements additifs (arrivées de valeur) et les événements soustractifs (départs de valeur).

Les phénomènes qui intéressent l’entreprise sont de nature différente. Tous sont mesurés en valeur, exprimée en unités monétaires, c’est-à-dire par des nombres décimaux relatifs. L’emploi de cette unité commune permet des comparaisons, additions, soustractions, etc.; l’inconvénient réside dans l’exclusion des phénomènes non susceptibles de traduction monétaire, comme la qualification des hommes, la qualité des communications, etc.

La saisie de l’information . On inscrit de manière continue (ou temps réel), dans l’ordre chronologique où elles surviennent, les variations de la valeur ainsi définie:

– dans la colonne des débits, on note les événements additifs: augmentation (arrivée) de valeur dans le compte (et non pas dans l’entreprise en général); il y a en effet une subjectivité de chaque compte, qui est distinct de l’entité, l’entreprise en général;

– dans la colonne des crédits, on note les événements soustractifs: diminutions (départs) de valeur dans le compte (et non pas dans l’entreprise en général);

– dans la comptabilité usuelle, ou comptabilité en partie double, la saisie de l’information est faite par doubles écritures orientées; la même somme est portée en crédit sur un premier compte, marquant une diminution (départ) de valeur, et en débit sur un autre compte, marquant une augmentation (arrivée) de valeur; ce trajet apparent de la valeur dans l’entreprise est la représentation simplifiée des flux de valeur, laquelle est réductible à tout événement.

Traitement de l’information . Le temps étant divisé en périodes de longueurs égales (exercices), à la fin de chaque période, donc à intervalles réguliers, on procède au traitement de l’information (par lots). Pour cela, on solde chaque compte, ce qui veut dire qu’on fait la somme algébrique de tous les débits et de tous les crédits inscrits sur le compte depuis le début de la période. Les couples de comptes constitués au moment de la saisie sont rompus et il y a perte d’information.

Premier classement des comptes en deux catégories , suivant leur signe:

– si les débits l’emportent sur les crédits, on dit que le solde et le compte sont débiteurs; un solde débiteur est un nombre positif; il mesure un emploi; sur un tel compte, un débit mesure une augmentation d’emploi et un crédit mesure une diminution d’emploi;

– si les crédits l’emportent sur les débits, on dit que le solde et le compte sont créditeurs; un solde créditeur est un nombre négatif: il mesure une ressource; sur un tel compte, un débit mesure une diminution de ressource et un crédit mesure une augmentation de ressource.

Second classement des comptes en deux catégories , suivant que leur solde est ou non reporté à nouveau au début de l’exercice:

– Un compte à report à nouveau (compte de bilan) établit une continuité entre deux périodes successives, une mémoire, et les soldes successifs mesurent des existants instantanés. En effet, le solde final est la résultante de deux composantes: le report initial et les mouvements pendant la période; il ne distingue pas les stocks et les flux; donc le solde est cumulé et mesure une situation instantanée. On peut ainsi suivre les valeurs qui, à la fois, sont intérieures au patrimoine et trans-périodiques, indifférentes au découpage du temps en exercices: le solde débiteur d’un compte à report mesure, à l’instant final de la période, un existant positif ou emploi conservé, ou actif du bilan; le solde créditeur d’un compte à report mesure, à l’instant final de la période, un existant négatif, ou ressource à restituer, ou passif du bilan.

La réunion des actifs et des passifs dans le bilan permet de décrire la situation patrimoniale à la fin de la période et de mesurer le résultat de la période.

– Un compte sans report à nouveau (compte de gestion) sépare les périodes successives. Le solde mesure la variation d’une valeur pendant la période. On peut ainsi suivre les valeurs qui, à la fois, sont intermédiaires entre le patrimoine et l’environnement, et intrapériodiques, c’est-à-dire limitées à une période. Le solde débiteur d’un compte sans report mesure un emploi consommé pendant la période, ou charge, composante négative du résultat; le solde créditeur d’un compte sans report mesure une ressource définitivement acquise pendant la période, ou produit, composante positive du résultat.

La réunion des charges et des produits dans le compte de résultat permet de mesurer le résultat de la période.

Symétrie des comptes de bilan (avec report) et des comptes de gestion (sans report). Les comptes de bilan et les comptes de gestion obéissent aux mêmes règles: débit et crédit. Mais ils décrivent deux ensembles de valeurs disjoints, le patrimoine et la période, qui sont comme deux partenaires distincts. Ils sont donc orientés en sens opposé les uns des autres: ce qui est augmentation de valeur pour le patrimoine est diminution pour la période et inversement. Les comptes de bilan sont orientés dans le sens du patrimoine, personnalité économique de l’entreprise:

– un débit note une augmentation (arrivée) de valeur dans le patrimoine, c’est-à-dire un enrichissement de l’entreprise, composante positive du résultat;

– un crédit note une diminution (départ) de valeur du patrimoine, un appauvrissement de l’entreprise, composante négative du résultat.

Les comptes de gestion sont orientés dans le sens de la période, lieu de passage des valeurs entre le patrimoine et l’environnement, extérieur au patrimoine, donc dans le sens opposé à celui du patrimoine:

– un débit note une augmentation (arrivée) de valeur dans la période, donc une diminution (départ) de valeur du patrimoine, représentant de l’entreprise, c’est-à-dire un appauvrissement de l’entreprise, composante négative du résultat;

– un crédit note une diminution (départ) de valeur de la période, donc une augmentation (arrivée) de valeur du patrimoine, représentant de l’entreprise, un enrichissement de l’entreprise, composante positive du résultat.

Il est intéressant de décrire les grandes étapes de l’évolution de la comptabilité, de manière à situer les unes par rapport aux autres ses principales méthodes.

2. La comptabilité en partie simple

Chaque phénomène, aussi complexe soit-il, est observé d’un seul point de vue; il n’est donc saisi qu’une seule fois, dans un seul compte. Cette procédure a l’avantage de la simplicité, mais elle donne une description pauvre et entraîne une perte d’information. Elle comporte par ailleurs une part d’arbitraire et s’harmonise mal avec l’emploi de comptes à deux colonnes: pour décrire un même événement, on peut hésiter entre la notation sur un compte qui sera débité et la notation sur un autre compte qui sera crédité. Il faut donc une règle pour décider du choix de l’unique compte qui sera utilisé et, par conséquent, du signe (débit ou crédit) de l’écriture qui y sera portée. C’est pourquoi on a longtemps utilisé cette variante particulière de la partie simple qu’est la comptabilité de caisse . Les phénomènes y sont observés du seul point de vue du paiement qu’ils provoquent (recette ou dépense) et à l’instant de ce paiement. L’unique compte utilisé enregistre donc les recettes dans une colonne et les dépenses dans l’autre. Comme toutes les autres variétés concevables de comptabilité en partie simple, la comptabilité de caisse demeure fruste et réductrice.

Il n’y a pas de liaison entre les différents comptes, donc pas de système général d’information de l’entreprise, mais la juxtaposition de plusieurs comptabilités partielles séparées et qui ne couvrent pas toujours la totalité du domaine à décrire.

Les exemples en sont la comptabilité de caisse et la comptabilité matières. La comptabilité publique a été, jusqu’à une époque récente, une comptabilité en partie simple.

Avec les moyens informatiques dont on dispose aujourd’hui, cette méthode n’est plus qu’une survivance anachronique. La comptabilité en partie simple ne peut pas expliquer les événements, ni même les décrire complètement, mais seulement conserver en mémoire des informations éparses et faire la preuve. Seule la partie double orientée parvient à une description synthétique, et seule la partie multiple parvient à une explication.

3. La comptabilité en partie multiple

Chaque phénomène (événement) est saisi à la fois d’autant de points de vue différents qu’on le juge nécessaire à sa description complète. Il est donc inséré simultanément dans plusieurs classifications et comptes. Le nombre des comptes utilisés simultanément peut être un entier positif quelconque, pair ou impair. On peut donc concevoir une infinité de parties multiples différentes, à la fois par le nombre de comptes utilisés en même temps et par la règle qui décide de leur choix.
Premier exemple : on saisit un phénomène à la fois sur plusieurs comptes de niveau d’affinage différent. Ainsi les impôts, les impôts sur le revenu, la taxe d’apprentissage.
Deuxième exemple : on saisit un phénomène dans plusieurs classifications différentes. Ainsi, une charge peut être saisie à la fois dans une classification par nature et dans une classification par destination.
Troisième exemple : on peut tenir simultanément une comptabilité des engagements, avec centralisation des charges et des produits, et une comptabilité de trésorerie, avec centralisation des recettes et des dépenses.

La partie multiple permet une exploitation complète de l’information; elle aboutit à intégrer la comptabilité analytique dans la comptabilité générale. Sa complexité fait qu’elle est encore peu employée, sous la forme d’une comptabilité analytique; elle se généralisera avec le développement de l’informatique comptable.

Contrairement à ce qui se passe dans la partie double orientée, la saisie d’un événement par la partie multiple n’exige pas que le montant des crédits soit nécessairement égal au montant des débits. À la limite, on peut même concevoir qu’un événement soit noté uniquement par des débits, ou uniquement par des crédits. Il faut donc prendre des précautions particulières quand on mesure le résultat et la situation patrimoniale pour éliminer les lacunes et les doubles emplois. En effet, pour chaque événement, il faut noter complètement, mais une fois seulement, ce qui appauvrit l’entreprise et ce qui l’enrichit.

Seule une comptabilité en partie multiple non seulement décrit et mesure l’action des événements sur le résultat et sur la situation patrimoniale, mais encore l’explique.

4. La comptabilité en partie double

C’est une variété particulière (le cas limite) de comptabilité en partie multiple. Elle consiste dans la description de chaque événement de deux points de vue différents, en le faisant entrer dans deux classifications distinctes, en le notant simultanément sur deux comptes. On a ainsi une description plus riche qu’avec la partie simple (deux points de vue au lieu d’un seul), plus facile qu’avec la partie multiple quand le nombre de comptes utilisés simultanément est supérieur à deux. De même qu’on peut imaginer une infinité de parties multiples, on peut concevoir une infinité de parties doubles, suivant la règle choisie pour désigner les deux comptes utilisés.

La comptabilité usuelle est une variété particulière de partie double: la partie double ordonnée , ou orientée ; elle est universellement employée aujourd’hui. En France, elle est imposée par la loi. Elle exige non seulement, comme toute partie double, que tout événement soit noté par une double écriture, sur deux comptes, mais encore que cette double écriture soit symétrique, la même somme d’argent étant portée en crédit sur un compte et en débit sur un autre. Un cas particulier, un peu plus compliqué, mais qui respecte le même principe, est l’égalité de la somme de plusieurs crédits et d’un débit unique, ou de la somme de plusieurs débits et d’un crédit unique. Tout événement donne naissance à des flux de valeur, soit à l’intérieur de l’entreprise, soit entre l’entreprise et d’autres entités économiques. La comptabilité de l’entreprise est limitée par sa compétence, et elle ne peut pas décrire ces flux dans leur complexité, mais seulement leur projection (image) sur l’entreprise. Cette projection est un raccourci du trajet effectif de la valeur qui, dans tous les cas, a la forme d’un déplacement (trajet apparent) de la valeur dans l’entreprise. Le point de départ (diminution) de la valeur est noté par un crédit sur un premier compte; le point d’arrivée (augmentation) de la valeur est noté par un débit sur un deuxième compte. On peut dire aussi que tout événement est suffisamment décrit comme l’échange dans l’entreprise de deux valeurs de même montant et de formes différentes. On peut dire encore qu’il y a diminution d’une première forme de valeur et augmentation du même montant d’une deuxième forme de valeur.

La règle de choix des deux classements (des deux comptes) est donc que le premier compte utilisé doit indiquer une forme de valeur qui diminue (un départ de valeur) et que le second doit indiquer une forme de valeur qui augmente (une arrivée de valeur). Les doubles écritures sont des couples ordonnés.

Pour saisir l’information, une somme d’argent, portée en crédit sur un premier compte, mesure la diminution d’une première forme de valeur; la même somme d’argent, portée en débit sur un second compte, mesure l’augmentation d’une seconde forme de valeur. Donc, au moment du traitement de l’information, le solde créditeur d’un compte mesure l’excès des crédits (diminutions de valeur) sur les débits (augmentations de valeur), c’est-à-dire une ressource. Et le solde débiteur d’un compte mesure l’excès des débits (augmentations de valeur) sur les crédits (diminutions de valeur), donc un emploi.

Par ailleurs, on utilise les comptes de deux manières: avec report à nouveau, ou sans report à nouveau.

Les comptes avec report suivent les valeurs du patrimoine, qui sont à la fois intérieures à l’entreprise, et transpériodiques. Leurs soldes créditeurs mesurent les ressources à restituer, ou passifs. Leurs soldes débiteurs mesurent les emplois conservés, ou actifs.

Les comptes sans report suivent les valeurs relatives à l’activité de l’entreprise, qui traduisent les échanges entre l’entreprise et l’environnement, et sont intrapériodiques. Leurs soldes créditeurs mesurent les ressources définitivement acquises, ou produits. Leurs soldes débiteurs mesurent les emplois définitivement consommés, ou charges.

La double écriture crédit-débit permet de relier des instants successifs, donc de suivre des processus étendus dans le temps.

Les différents comptes, communiquant entre eux, constituent un système général d’information; il est possible de faire une centralisation de l’information et d’établir des synthèses: mesure du résultat par le compte de résultat et par le bilan, description de la situation patrimoniale à la fin de l’exercice, par le bilan.

Les redondances (double écriture, double mesure du résultat) permettent des regroupements qui augmentent la fiabilité du système. On voit le lien étroit qui existe entre l’utilisation de comptes à deux colonnes (débit et crédit) et l’utilisation de la forme habituelle de la partie double (saisie sur deux comptes d’une diminution et d’une augmentation de valeur).

Une comptabilité en partie double, même orientée, ne peut expliquer l’action des événements sur le résultat et sur la situation patrimoniale; elle peut seulement la décrire et la mesurer. Seule la comptabilité à partie multiple (comptabilité analytique) parvient à l’explication. Empruntant une image aux scientifiques, on compare la comptabilité en partie double à une «boîte noire». On veut dire par là que les parois de la boîte (du système comptable) sont opaques; on voit ce qui y entre et ce qui en sort, mais pas ce qui se passe dedans. La comptabilité saisit des informations élémentaires (mouvements de valeur); elle restitue des informations élaborées (situation patrimoniale, résultat), mais elle n’explique pas comment on passe des uns aux autres. On mesure, par exemple, les flux réels de biens et de services qui sortent de l’entreprise (extrants) et les flux réels de facteurs de production qui y entrent (intrants). Leur différence pendant la période mesure le résultat, mais leur classement par nature, et non pas origine (pour les extrants) et par destination (pour les intrants), est une renonciation à expliquer la manière dont le résultat est obtenu.

En termes plus généraux, la comptabilité en partie double fonctionne comme une boîte noire; les charges et les produits sont classés par nature; l’accent est mis sur les flux réels, les flux financiers et monétaires en contrepartie ne donnant pas lieu à comparaison et synthèse. C’est pourquoi la comptabilité en partie double décrit et mesure, mais n’explique pas; seule la comptabilité analytique peut expliquer.

5. Le modèle comptable de l’entreprise

C’est la représentation de la situation et du fonctionnement de l’entreprise donnée par la comptabilité.

Le temps, ne pouvant être saisi en continu, est divisé en intervalles indépendants les uns des autres et de longueurs égales: les périodes, ou exercices.

L’entreprise est située dans un environnement, avec lequel elle est en relation, mais dont elle est distincte. La comptabilité, ne pouvant le décrire, use d’un artifice: les mouvements définitifs de valeur entre l’entreprise et l’environnement sont imputés à la période. L’entreprise est donc la réunion de deux ensembles disjoints: les valeurs du patrimoine et les valeurs de la période; chacun de ces deux ensembles est à son tour subdivisé en deux: valeurs positives et valeurs négatives.

Le patrimoine est la personnalité économique de l’entreprise, son noyau central et durable. Les valeurs du patrimoine sont diachroniques (étendues dans le temps), transpériodiques (indifférentes au découpage du temps en exercices) et en suspens (en attente d’imputation à une période).

Elles sont suivies par les comptes de bilan, dont les reports à nouveau assurent la continuité entre les périodes et dont les soldes mesurent les états instantanés, à chaque changement de période; elles sont divisées en deux, suivant leur signe: les valeurs positives , ou actifs: ce sont des emplois conservés éventuellement au-delà de la période et qui prendront ultérieurement une autre forme (autre actif, charge, produit); les valeurs négatives , ou passifs: ce sont des ressources conservées éventuellement au-delà de la période, mais qui devront être restituées.

Au début de l’exercice, les sommes des valeurs du patrimoine, positives et négatives, sont ramenées à l’égalité, leur différence étant ajoutée à la somme la plus faible. Ou, ce qui est la même chose en d’autres termes, la somme algébrique de toutes les valeurs positives et négatives est ramenée à zéro.

À la fin de l’exercice, la variation de la somme algébrique des valeurs du patrimoine mesure le résultat de l’exercice. Il apparaît dans le bilan, sous la forme d’un écart entre la somme des valeurs positives et la somme des valeurs négatives: un excès des valeurs positives est un bénéfice; un excès des valeurs négatives est une perte.

La période a deux caractères: c’est à la fois un intervalle de temps et l’intermédiaire entre le patrimoine et l’environnement. Les valeurs de la période sont intérieures à l’entreprise, mais intermédiaires entre le patrimoine et l’environnement et intrapériodiques (achevées et caduques, donc imputées à l’exercice). Elles sont suivies par les comptes de gestion, sans report à nouveau («calés sur zéro»); les périodes de ces comptes sont séparées; leurs soldes mesurent des variations (mouvements) de valeur pendant la période. Elles sont subdivisées en deux, suivant leur signe:

– les charges: ce sont des emplois consommés (affectés définitivement); elles sont notées positivement, par des soldes débiteurs, parce qu’elles mesurent l’entrée de flux réels de facteurs de production depuis l’environnement dans la période (intrants); leur contrepartie est la sortie de flux financiers du patrimoine vers l’environnement;

– les produits: ce sont des ressources définitives; elles sont notées négativement, par des soldes créditeurs, parce qu’elles mesurent la sortie de flux réels de biens et services de la période vers l’environnement (extrants); leur contrepartie est l’entrée de flux financiers dans le patrimoine depuis l’environnement. On tient une comptabilité des engagements et non de la trésorerie, les charges et les produits étant des engagements et non pas des réalisations (dépenses et recettes).

À la fin de l’exercice, la différence entre les valeurs de période positives et négatives (la différence entre les entrées et les sorties de valeurs pendant la période) est le résultat, mesuré par le compte de résultat.

Le résultat est défini de deux manières: la variation des capitaux propres (plan comptable général), ou de l’actif net (Code général des impôts), mesurée au bilan ; la différence «produits» moins «charges», mesurée au compte de résultat.

Ces deux définitions aboutissent à la même mesure. En effet, l’écart qui apparaît en fin de période entre les valeurs du patrimoine positives et négatives ou, ce qui revient au même, la variation au cours de la période de la somme algébrique des valeurs de patrimoine positives et négatives ne peut provenir que des mouvements de valeur entre l’environnement et le patrimoine pendant la période.

Ces mouvements ont été notés par des doubles écritures mixtes, à cheval sur un compte du patrimoine (de bilan) et sur un compte de la période (de gestion).

La situation patrimoniale , à l’instant du passage d’un exercice à l’autre, est décrite par la réunion au bilan des soldes des comptes à report à nouveau (ou de patrimoine, ou de bilan). Les soldes débiteurs mesurent les valeurs positives, ou actifs. Les soldes créditeurs mesurent les valeurs négatives, ou passifs.

Une seule évaluation est donnée de chaque poste, bien qu’il y ait plusieurs utilisateurs différents des informations comptables.

6. Les fonctions de la comptabilité

Une évolution historique longue et compliquée aboutit à cette conséquence déraisonnable qu’on demande à la comptabilité d’assurer en même temps, au moyen des mêmes documents (unicité du bilan) et des mêmes chiffres, plusieurs fonctions très différentes et qui impliquent des contraintes, des procédures, des critères d’évaluation différents, au point d’être difficilement conciliables.

Fonctions juridiques . Pour éviter les erreurs et les fraudes, pour assurer des relations paisibles avec les partenaires, pour partager les résultats entre les associés et avec le fisc, on demande à la comptabilité d’être une mémoire et une preuve. Pour assurer l’authenticité, on exige le respect d’un formalisme strict et des contrôles pesants, qui ralentissent la procédure. Pour ne pas porter tort aux tiers, on utilise des critères d’évaluation systématiquement pessimistes et on respecte des règles de prudence qui éloignent de la réalité. On établit ainsi un schéma fiable, mais conventionnel, qui suppose l’entreprise morte, cessant son activité, vendant ses biens.

Fonctions de gestion . On demande en même temps aux informations comptables d’être des outils de gestion, d’aider à la prise des décisions, de prévoir leurs conséquences, d’évaluer les performances. Pour cela, une précision absolue des chiffres est inutile; on peut se contenter d’un ordre de grandeur. En revanche, les chiffres doivent être réalistes et éviter tout biais systématique. Il faut utiliser des critères d’évaluation de nature économique, qui supposent l’entreprise en vie et continuant son activité.

La difficulté est d’autant plus grande que la comptabilité actuelle est une stratification d’instruments qui ont été élaborés à des dates et pour des situations différentes, et auxquels on demande des services autres que ceux pour lesquels ils ont été conçus à l’origine. Cette difficulté et les moyens de la pallier sont mis en lumière dans la question de l’évaluation.

7. L’évaluation, ou mesure des valeurs

Le problème

Il ne peut pas y avoir d’hésitation sur l’évaluation au moment de la saisie de l’information; le chiffre s’impose à la comptabilité: c’est le coût de production ou d’acquisition, au détail près de l’inclusion ou non des frais d’acquisition. Dans un bilan de solvabilité, il faut éviter de surévaluer, et on n’active pas les frais financiers, de transport, ou d’installation. Au contraire, dans un bilan de gestion, il faut répartir les dépenses au mieux entre les exercices; on active les frais annexes d’acquisition, de manière à les répartir ensuite entre exercices, par amortissement et provisions. Ce n’est que plus tard qu’il peut y avoir choix dans l’évaluation des postes de l’actif, ceux du passif étant fixés par le principe de nominalisme.

Des changements interviennent, qui entraînent des écarts entre la réalité et sa description par la comptabilité: usure et obsolescence, variation du prix du bien, variation du niveau général des prix.

Il est légitime qu’il y ait plusieurs évaluations d’un même poste. Une grandeur physique ne peut avoir qu’une seule mesure, plus ou moins précise. Mais la valeur n’est pas une grandeur physique, et le nombre qui la représente n’est pas une mesure, mais un jugement de valeur; c’est un indicateur qui adopte un point de vue subjectif et particulier, et qui répond à une fonction donnée. Il est donc légitime qu’il y ait autant d’évaluations différentes d’un même actif qu’il y a de partenaires et d’usages différents.

La question a une grande portée pratique: on fait dire à la comptabilité des choses tout à fait différentes suivant le critère de la valeur qui est adopté.

Les critères théoriques de la valeur

Deux grandes familles: la valeur objective (valeur de marché) et la valeur subjective (valeur pour l’entreprise).

Le critère de valeur objective correspond à un point de vue juridique et patrimonial: conservation de la valeur, possibilité de revente, possibilité d’obtenir un revenu par location, solvabilité. Le souci principal est d’asseoir la valeur sur une base objective et indiscutable, qui écarte tout risque de contestation entre partenaires ayant des intérêts opposés. D’où l’utilisation par la pratique des principes de prudence et de réalisation, de l’évaluation dissymétrique, tenant compte des diminutions mais pas des augmentations de valeur. La seule limite est l’obligation de ne pas négliger complètement l’évolution des prix, sous peine d’anachronisme et d’irréalisme.

Le coût d’acquisition d’un actif, ou coût d’origine, ou historique, fournit une base objective d’évaluation, car tournée vers le passé. Mais il peut devenir anachronique, et la pratique le corrige donc, soit en enregistrant les diminutions de valeur survenues entre l’origine et l’instant présent, soit au moyen d’un indice retraçant l’évolution du niveau général des prix.

La valeur de remplacement évite difficilement une certaine subjectivité; soit quant à la date (coût d’acquisition actuel, pour tenir compte à la fois de l’évolution du prix du bien et du progrès technique; coût d’acquisition futur: à l’instant prévu pour la vente d’un produit, ou pour l’achèvement de la carrière d’un équipement, ou pour le renouvellement d’un stock), soit quant à la définition du remplacement (maintien de l’entreprise au même rang dans sa branche, maintien de la valeur des capitaux propres, maintien de l’aptitude à réaliser un bénéfice, maintien de la capacité physique de production). Aucune de ces solutions ne s’impose de manière universelle.

La valeur de vente, ou vénale, a aussi une base objective, mais moindre parce que les conditions de la vente peuvent être très différentes: vente actuelle d’un bien seul, vente actuelle d’un bien avec l’ensemble de l’entreprise, vente future d’un bien, soit au moment de la vente probable d’un produit, soit au moment de la fin de l’utilisation d’un équipement. Outre ces hésitations, l’inconvénient de la valeur vénale est que, dans certains cas, elle peut anticiper un bénéfice espéré, mais non encore réalisé, et contrevenir ainsi au principe de réalisation.

La valeur subjective est aussi dite d’usage, ou pour l’entreprise. La valeur économique d’un bien de second rang vient de la valeur des biens de premier rang qu’il a aidé à produire, après imputation à chaque facteur de ce qui lui revient. Donc, après imputation, l’évaluation d’un actif est donnée par la capitalisation actualisée des revenus qu’on en attend au cours de sa carrière. La valeur de rendement est la notion symétrique de celle de coût d’opportunité: c’est la somme qui procurerait un revenu égal au bénéfice, si elle était placée au taux d’intérêt courant.

Ces critères d’évaluation fournissent un indicateur utile aux dirigeants d’entreprise pour éclairer leur gestion et prendre leurs décisions. Ils présentent cependant des inconvénients. Ils reposent sur une prévision, incertaine par nature; ils manquent donc de la base objective indispensable pour un usage juridique. Ils incluent une plus-value de synergie (survaleur), qui résulte du rassemblement et de la coordination d’un ensemble d’actifs par une même entreprise en fonctionnement, mais qui disparaîtrait avec son arrêt.

Les critères pratiques de la valeur

La loi comptable (Code comm., art. 12), le décret comptable et le plan comptable général choisissent le coût historique comme méthode de base de l’évaluation. La valeur d’origine d’un bien est la valeur au moment de son entrée dans le patrimoine. Ce peut être le coût d’acquisition, le coût de production, ou la valeur vénale pour les biens acquis à titre gratuit. La valeur vénale est le prix qu’accepterait de payer l’acquéreur de l’entreprise dans l’état et le lieu où se trouve le bien. La valeur actuelle est la valeur vénale aujourd’hui. La valeur d’inventaire est la valeur actuelle au jour de l’inventaire, c’est-à-dire la valeur vénale à la fin de l’exercice. La valeur comptable nette, ou valeur résiduelle, est la valeur d’entrée (éventuellement réévaluée quand il y a eu une importante hausse des prix) moins les amortissements (éventuellement réévalués), les provisions étant renvoyées au compte de résultat. La valeur à l’arrêté des comptes est la valeur d’entrée conservée dans les écritures; on la compare à la valeur actuelle et on procède aux corrections suivantes:

– pour les actifs: les plus-values ne sont pas comptabilisées, par prudence; au contraire, les moins-values, ou dépréciations, sont comptabilisées suivant un plan d’amortissement, ou par amortissement exceptionnel, ou par provisions par dépréciation;

– pour les passifs: les moins-values ne sont pas comptabilisées, tandis que les plus-values le sont, si elles sont définitives, comme des augmentations de dettes, et si elles sont réversibles, par des provisions. Cette dissymétrie délibérée dans les évaluations augmente la sécurité du bilan conçu comme un indicateur de la solvabilité; en revanche, elle diminue le réalisme nécessaire à un bilan pour être un bon instrument de gestion.

comptabilité [ kɔ̃tabilite ] n. f.
• 1579; de comptable
1Technique de mesure et d'enregistrement de l'activité économique d'une personne (physique ou morale), d'une collectivité, d'une nation. Règles de comptabilité. Cours, diplôme de comptabilité. Formation à la comptabilité. comptable, expert-comptable. Comptabilité privée, commerciale. Comptabilité publique : ensemble des règles fixant les modalités d'enregistrement des opérations de l'État et des collectivités publiques. Contrôle de l'application des règles de la comptabilité publique par la Cour des comptes. Écon. Comptabilité nationale, économique : système de mesure et d'analyse macroéconomique ayant pour objet d'établir une représentation quantitative (simplifiée) de l'activité économique nationale. ⇒ agrégat. Les prévisions de la comptabilité nationale. Comptabilité extérieure. 1. balance (des paiements).
2Ensemble des comptes tenus selon des règles comptables; la tenue de ces comptes. Comptabilité personnelle; comptabilité d'une entreprise, d'une société, d'un groupe ( consolidation) ; comptabilité d'un médecin, d'un commerçant, d'une association. Tenir, gérer une comptabilité. Comptabilité bien tenue, en ordre. Comptabilité falsifiée, truquée. Contrôle de comptabilité. audit. Dissimulation d'une double comptabilité. Éléments d'une comptabilité. compte (de capital, de gestion, etc.); actif, 2. passif; crédit, 2. débit; dépense, recette; charge, produit; bénéfice, perte, profit, résultat. Comptabilité simple, en partie simple. Comptabilité en partie double, traitant les diverses rubriques comme des comptes de tiers et enregistrant toute opération simultanément en débit et en crédit. Comptabilité générale, qui établit le bilan, le résultat de l'activité. Comptabilité analytique, qui analyse les charges et produits d'une entreprise par objets (et non par nature), notamment pour fixer une politique de coûts, de prix. Comptabilité matières, qui enregistre les mouvements matériels d'objets et marchandises en magasin. Comptabilité historique, prévisionnelle. Comptabilité par décalque, mécanisée, informatisée. Documents de comptabilité : le grand-livre (qui regroupe tous les comptes), le livre journal (qui enregistre chronologiquement toutes les opérations de recettes et de dépenses, de débit et de crédit), le livre d'inventaire (dans lequel sont recensés tous les éléments d'actif et de passif). Livres de comptabilité. 2. brouillard, sommier.
3Service chargé des opérations comptables. Chef de la comptabilité. Commission de comptabilité. Local où se tient ce service.

comptabilité nom féminin Instrument fondamental de la connaissance des phénomènes économiques par l'établissement et la tenue des comptes, l'enregistrement et le classement des mouvements de valeurs impliqués par une activité économique. Ensemble des comptes de quelqu'un, d'un établissement, d'une entreprise, d'une association, d'une collectivité publique. Service chargé de tenir les comptes ; locaux où se trouve ce service. Calcul détaillé de choses non évaluées en argent. ● comptabilité (expressions) nom féminin Comptabilité analytique, enregistrement et classement de tous les éléments déterminants des prix de revient des produits et services de l'entreprise, rendant ainsi possibles la prévision et le contrôle budgétaire. Comptabilité deniers, celle qui concerne le mouvement de valeurs. Comptabilité générale, celle qui enregistre les mouvements de valeurs impliqués par l'activité de l'entreprise et concourt, notamment, à l'établissement du bilan et du compte de résultat, règles normalisées imposées par le Plan comptable (1982) et par le fisc. Comptabilité matières, celle qui se rapporte au mouvement des marchandises (matières premières, produits semi-finis, produits finis). Comptabilité nationale, branche spécialisée de la science économique, qui, dans le cadre de la nation, recense les flux des biens les plus importants, la provenance et la répartition des revenus, leur redistribution, les investissements et les sources de financement qui les assurent. Comptabilité à partie double, enregistrement des opérations commerciales grâce à deux écritures égales et de sens contraires, la valeur déplacée étant passée au débit du compte qui reçoit et au crédit du compte qui fournit. Comptabilité publique, ensemble des règles applicables à la gestion des deniers publics ou, plus spécialement, service préposé à cette gestion.

comptabilité
n. f.
rI./r
d1./d Manière d'établir des comptes. Apprendre la comptabilité.
d2./d Ensemble des comptes ainsi établis.
d3./d Service, personnel qui établit les comptes.
|| Bureau où est situé ce service.
rII./r
d1./d COMM Comptabilité en partie simple, dans laquelle le commerçant établit uniquement le compte de la personne à qui il livre ou de qui il reçoit.
|| Comptabilité en partie double.
d2./d GEST Comptabilité analytique, qui répartit charges et produits par destination, permettant ainsi une gestion décentralisée avec contrôle des prix de revient.
|| Comptabilité générale, qui répartit charges et produits par nature suivant le plan comptable, facilitant ainsi la gestion financière.
|| Comptabilité budgétaire, qui a pour objet de déterminer le budget global à partir de prévisions effectuées par les responsables d'unités.
|| Comptabilité nationale: regroupement des statistiques sur les comptes de la nation (prix, production intérieure brute, revenus des ménages, etc.) en vue de l'élaboration du budget et du Plan.
|| Comptabilité publique: ensemble de règles qui s'appliquent à la gestion des finances publiques.

⇒COMPTABILITÉ, subst. fém.
Détermination détaillée des dépenses et des recettes du doit et de l'avoir. Faire la comptabilité de son argent. Le jour du Seigneur était (...) un jour de comptabilité où l'on était toujours un peu effrayé des dépenses qu'on avait faites (AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 209).
A.— Spéc. Tenue des comptes d'une entreprise, d'une collectivité (cf. compte II C 1 c). Les commissaires de la comptabilité nationale (Code civil, 1804, art. 427, p. 79) :
1. Le patron d'un hôtel m'avait confié sa comptabilité et je me livrais chez lui à des calculs de mathématique (...) pour établir avec exactitude les profits et les pertes d'un industriel.
A. FRANCE, Les Désirs de Jean Servien, 1882, p. 188.
2. La comptabilité nationale permet de discuter pour l'ensemble de la nation et par branches les niveaux désirables d'épargne, d'investissement et d'innovation; ...
PERROUX, L'Écon. du XXe s., 1964, p. 406.
1. En partic.
a) Comptabilité en partie simple. Comptabilité où chaque opération n'est enregistrée qu'une seule fois, dans le compte le plus directement concerné. Comptabilité en partie double. Comptabilité où chaque opération est enregistrée dans les deux comptes concernés :
3. ... des tas de cousins ou de tantes, (...) prodigieusement calés dans la comptabilité en partie double des indulgences (reportons notre crédit d'invocations au débit des âmes du purgatoire, pour que ces nouveaux élus nous remboursent sous forme d'intercessions).
H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 21.
b) Comptabilité générale. Tenue des comptes où sont enregistrées les opérations avec des tiers et des comptes apparaissant au bilan. Comptabilité analytique (d'exploitation). Tenue des comptes où sont enregistrées les opérations internes n'affectant pas les comptes de la comptabilité générale.
c) Comptabilité (des) deniers, (en) argent; comptabilité financière. Tenue des comptes financiers. Comptabilité (des, en) matières. Tenue des comptes de stocks.
2. P. méton.
a) Ensemble des livres comptables. Pour étudier à fond une comptabilité, il faut en refaire une autre, entièrement (ZOLA, L'Argent, 1891, p. 269).
b) Service chargé de la comptabilité. Bonnaud, l'ancien chef de comptabilité au chemin de fer du Nord (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 49) :
4. ... cette galerie (...) était une façon de trait d'union reliant les différents services avec la comptabilité, reléguée, celle-ci, en paria, à l'autre bout de la maison, ...
COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, 5e tabl., 3, p. 190.
B.— P. ext. Détermination détaillée de choses qui ne sont pas évaluées en argent. Pour permettre la comptabilité de ce qui revient à chacun, les chariots doivent être marqués d'un signe distinctif (J.-N. HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, p. 379) :
5. Tenir une comptabilité du bétail, indiquer à la Kommandantur les naissances et décès des bêtes, les quantités journellement produites de lait, beurre et œufs.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 16.
P. métaph. :
6. ... cette comptabilité qu'il [Bennett] tient du nombre de mots que chaque jour il écrit, sans jamais parler de ratures, cette méthode américaine de travail, expliquent le principal défaut de ses livres, la monotonie de son style, le non-resserrement des dialogues, la lenteur et le flux déplorablement égal du récit.
GIDE, Journal, 1932, p. 1137.
Prononc. et Orth. :[]. Pour la non-prononc. de p, cf. compte. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1579 comptabilité (F. DE FOIX, Le Pimandre de Mercure Trismegiste, a 3 b ds Fr. mod., t. 5, p. 73 [sans indication de sens]); 1753 « tenue des comptes d'une administration » (Encyclop. t. 3, p. 792a, s.v. compte). Dér. du rad. de comptable; suff. -ité. Fréq. abs. littér. :183.

comptabilité [kɔ̃tabilite] n. f.
ÉTYM. 1579; de comptable.
1 Tenue des comptes; ensemble des comptes tenus selon les règles. Compte. || Apprendre la comptabilité. || Cours de comptabilité. || Règles de la comptabilité. || Comptabilité bien, mal tenue. || La comptabilité d'une entreprise, d'une industrie, d'un magasin… || La comptabilité d'un médecin, d'un pharmacien… || Comptes, éléments d'une comptabilité. Actif, avoir, crédit, profit; débit, doit, passif, perte; capital, espèce(s), valeur(s); solde. || Comptabilité matières, qui se rapporte aux objets matériels en magasin. || Tableau de comptabilité. Balance, bilan. || Livres de comptabilité. Livre (de copie de lettres, journal, inventaires); brouillard, brouillon, mémorial, sommier. || Double d'un registre de comptabilité. Contrepartie.Tenir, gérer une comptabilité. || Examiner, vérifier la comptabilité d'une entreprise. || L'inspecteur du fisc veut voir votre comptabilité. || Comptabilité en partie simple ( Unigraphie), dans laquelle le commerçant n'établit le compte que de la personne à qui il livre ou de qui il reçoit. || Comptabilité en partie double. Digraphie.Comptabilité informatisée.
0 (…) il existe dans la pratique un grand nombre de livres auxiliaires ou facultatifs; ils varient suivant l'importance des maisons de commerce et leur spécialité. La plupart se réfèrent à une catégorie particulière d'opérations (livre de caisse, livre de traites et billets, livre de factures et commissions, etc.). Le seul dont l'objet soit général est le grand-livre. Ce registre est indispensable pour la tenue de la comptabilité en partie double. Toutes les opérations y figurent deux fois à des comptes différents, dont les uns sont les comptes généraux, correspondant aux divers éléments de l'actif et du passif de la maison, les autres des comptes particuliers, concernant chacun de ses fournisseurs et clients habituels. Ce mode de comptabilité présente les meilleures garanties d'exactitude.
Léon Lacour, Précis de droit commercial, no 58.
Comptabilité publique : « ensemble des règles qui concernent la gestion des finances publiques, c'est-à-dire la préparation, le vote, l'exécution et le contrôle du budget de l'État, ainsi que des budgets des collectivités et établissements publics » (Dalloz, Nouveau répertoire). || Agent de la comptabilité publique. Comptable, ordonnateur.
Comptabilité économique ou nationale : présentation comptable des informations chiffrées relatives à l'activité économique de la nation.Abrév. fam. : compta, conta (1931, in D. D. L.).
2 Service chargé d'établir les comptes. || Chef de la comptabilité. Comptable (chef comptable). || Commission de comptabilité.Local où se tient le personnel de la comptabilité. || L'accès de la comptabilité est interdit.
3 Fig. Détermination précise, détaillée. Décompte. || Tenir la, une comptabilité précise de…

Encyclopédie Universelle. 2012.