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imprégnation

imprégnation [ ɛ̃preɲasjɔ̃ ] n. f.
• v. 1390 « fécondation »; bas lat. imprægnare imprégner
IHist. des sc. Influence qui serait exercée par une première fécondation sur les produits des fécondations ultérieures par d'autres géniteurs. II
1(1690) Vx Pénétration d'une substance dans une autre.
Mod. Pénétration d'un fluide dans une substance, un corps. imbibition. Imprégnation des bois.
2Diffusion dans l'organisme de produits qui en sont normalement absents. Imprégnation alcoolique. alcoolémie.
3Pénétration (d'une influence, d'une idée) dans l'esprit, dans un groupe. assimilation. « La culture et l'imprégnation sont évidemment deux choses différentes » (Duhamel).

imprégnation nom féminin (bas latin impraegnatio, -onis, de impraegnare, féconder) Action d'imprégner quelque chose d'un fluide, d'un liquide ; fait d'en être imprégné : Imprégnation d'un tissu à l'aide d'un mordant. Pénétration lente et profonde d'une influence intellectuelle, idéologique : L'imprégnation des esprits par la propagande. Industrie du bois Action d'introduire dans les bois d'œuvre ou dans les bois qui seront soumis aux intempéries une substance chimique afin de les rendre résistants aux attaques des insectes et des champignons. Éthologie Acquisition de stimulus-signaux spécifiques au cours du processus d'empreinte. Métallurgie Procédé qui consiste à remplir les pores d'un métal fritté avec un autre métal à plus bas point de fusion, porté à l'état liquide. (L'imprégnation permet d'obtenir des pièces plus denses possédant de meilleures caractéristiques mécaniques ; elle se fait par immersion dans le métal liquide, sous vide ou sous pression.) Travaux publics Pénétration, par la surface, d'un sol ou d'un sable au moyen d'un liant fluide. ● imprégnation (citations) nom féminin (bas latin impraegnatio, -onis, de impraegnare, féconder) Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Le parfum dont l'argile a été une fois imprégnée, elle le conservera longtemps. Quo semel est imbuta recens servabit odorem Testa diu. Épîtres, I, II, 69imprégnation (expressions) nom féminin (bas latin impraegnatio, -onis, de impraegnare, féconder) Gîte d'imprégnation, ou imprégnation diffuse, gîte plus ou moins diffus, interstratifié ou disséminé dans des terrains anciens, généralement métamorphiques (sulfures). Imprégnation alcoolique, état d'un sujet présentant un éthylisme aigu ou chronique. ● imprégnation (synonymes) nom féminin (bas latin impraegnatio, -onis, de impraegnare, féconder) Métallurgie. Procédé qui consiste à remplir les pores d'un métal fritté...
Synonymes :
- infiltration

imprégnation
n. f.
d1./d Action d'imprégner; son résultat.
|| MED Imprégnation alcoolique: intoxication alcoolique aiguë ou chronique.
d2./d Pénétration (d'une idée, d'une influence etc.), dans l'esprit (d'une personne, d'un groupe).

⇒IMPRÉGNATION, subst. fém.
I. — [Correspond à imprégner I] Vieilli. Fécondation de l'ovule. La région albuminifère où le jaune de l'œuf, qui a reçu (...) l'imprégnation du spermatozoïde, s'entoure d'albumine (E. PERRIER, Zool., t. 4, 1928-32, p. 3243).
,,Influence qui serait exercée par une première fécondation sur les produits des fécondations ultérieures par d'autres géniteurs`` (Méd. Biol. 1971). Synon. hérédité d'influence, télégonie. Hérédité d'imprégnation. Il me cite le griffon né d'une épagneule, qui jadis a eu rapport avec un griffon. Il est satisfait de l'idée d'imprégnation (MICHELET, Journal, 1858, p. 441).
II. — [Correspond à imprégner II]
A. — 1. Pénétration d'une substance (généralement à l'état fluide) dans la matière d'un corps à l'intérieur duquel elle se répand de façon diffuse. L'essangeage ou trempage, assurant l'imprégnation et l'amollissement des crasses qui salissent les fibres : c'est un bain prolongé dans quelque vieille eau de savon ou quelque lessive usagée mélangée d'eau (Lar. mén. 1926). L'imprégnation de l'organisme tout entier par des substances chimiques, produits des glandes sexuelles (CARREL, L'Homme, 1935, p. 104).
P. méton., rare. Trace laissée par une substance qui a imprégné un corps. L'oligiste existe en filons, en massifs et aussi en imprégnations, disséminé dans certaines roches quartzeuses (LAPPARENT, Minér., 1899, p. 565). De grandes imprégnations roses sont (...) apparues sur le linge (PONGE, Parti pris, 1942, p. 52).
2. Spécialement
a) Opération technique consistant à faire pénétrer une substance dans la matière d'un corps afin de lui conférer des propriétés particulières pour un usage déterminé. Imprégnation du cuir, du béton, de l'acier. Le cuir est ensuite soumis au battage, puis assoupli par imprégnation de matières grasses (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p. 178). Le principe de la méthode d'imprégnation des bois aux phénoplastes consiste à introduire dans les éléments cellulaires grâce à leur solubilité, les résinoïdes (...), et à les immobiliser ensuite à l'intérieur des cellules (CAMPREDON, Bois, 1948, p. 92).
b) PATHOL. Pénétration et diffusion d'un agent, généralement nocif, dans l'organisme. Imprégnation alcoolique, tuberculeuse. On peut supposer une imprégnation toxique des centres vaso-moteurs par les poisons du virus variolique (TEISSIER ds Nouv. Traité Méd., fasc. 2, 1928, p. 265).
c) HISTOL. Procédé de coloration des tissus par fixation de métaux ou de sels métalliques. L'histologie du système nerveux a été étudiée par des techniques spéciales (imprégnations par les sels d'argent et d'or, etc.) (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 400).
B. — Au fig. Pénétration diffuse et profonde dans l'esprit et le comportement d'idées ou de sentiments qui sont lentement assimilés. Les éléments héréditaires du moi dansent devant la conscience, y pénètrent, s'y gravent. Leur imprégnation est d'autant plus profonde que l'émotion a été plus forte (L. DAUDET, Hérédo, 1916, p. 52). La construction consciente, l'effort personnel, l'éducation ou l'imprégnation sociales, la culture compliquent encore à l'extrême les formules caractérologiques individuelles (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 68) :
La maîtrise d'une langue étrangère, en rendant possible une imprégnation de l'esprit par la littérature et la civilisation correspondantes, peut faire tomber d'un seul coup la prévention voulue par la nature contre l'étranger en général.
BERGSON, Deux sources, 1932, p. 305.
III. A. ÉTHOLOGIE. Phase du développement comportemental d'un animal au cours de laquelle il s'attache d'une manière plus ou moins définitive au premier objet ou être (généralement en mouvement) qu'il aperçoit. Imprégnation maternelle, sexuelle. Un autre aspect très important de l'imprégnation est représenté par ses conséquences sur le comportement ultérieur de l'Animal. Il est intéressant de noter que les Animaux adultes restent sexuellement « fixés » sur les objets, les Animaux ou les hommes auxquels ils ont été imprégnés au moment de l'éclosion (Biol. t. 2, 1970).
B. — PSYCHO-PÉDAGOGIE. Action et influence sur le subconscient de stimuli externes. Les techniques d'apprentissage par l'imprégnation, telles que les laissent entrevoir en particulier les études sur l'imbrication du sommeil et de la mémoire, ne sont pas encore, dans la plupart des cas, sorties des laboratoires (FOULQ. 1971).
Prononc. et Orth. : [] ou [--]. [-gna-] ds LAND. 1834, GATTEL 1841, prononc. rejetée par LITTRÉ et MART. Comment prononce 1913, p. 245. Comparez avec imprégner toujours [--]. Att. ds Ac. 1762, 1798 et 1935. Étymol. et Hist. I. 1. Fin du XIVe s. [ms.] impregnacion « fécondation » (EVRART DE CONTY, Problèmes d'Aristote, B.N. fr. 210, f° 90b ds GDF. Compl.); 2. 1858 « influence exercée par une première fécondation sur les produits des fécondations ultérieures par d'autres générateurs » (MICHELET, loc. cit.). II. 1. a) 1690 « pénétration d'une substance dans une autre » (FUR.); b) 1765 « pénétration d'un fluide dans une substance, un corps » (Encyclop. t. 8, s.v. imprégner); 2. 1859 imprégnation des bois (BONN.-Paris); 3. 1858 « pénétration lente dans les esprits d'une influence, d'idées... » (MICHELET, Journal, p. 441 : imprégnation morale). Empr. au lat. médiév. impraegnatio « action de concevoir » (av. 1173 ds BLAISE Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér. : 30. Bbg. QUEM. DDL t. 8.

imprégnation [ɛ̃pʀeɲɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1390, « fait d'engendrer »; dér. sav. du lat. imprægnare « féconder », de im- (→ 2. In-), et prægnans, prægnantis « enceinte ».
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I
1 Didact., vx. Action de féconder, de rendre prégnant; résultat de cette action. Fécondation.
1 (…) lorsqu'on les laisse joindre (l'âne et l'ânesse) dans d'autres temps, et surtout en hiver, il est rare que l'imprégnation suive l'accouplement (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, De la génération des anim.
2 (1858). Hist. sc. (biol.). « Influence qui serait exercée par une première fécondation sur les produits des fécondations ultérieures dérivant d'autres géniteurs » (Garnier).
2 À l'hérédité de l'acquis se rattache la prétendue hérédité d'imprégnation, ou télégonie (…) On a soutenu parfois qu'une femme (…) ayant eu un enfant avec un nègre pourrait ensuite, avec un blanc, produire des enfants à caractères négroïdes. Il n'y a là qu'un préjugé de pure fantaisie entretenu par beaucoup d'éleveurs, qui croient obstinément à l'hérédité d'imprégnation chez les animaux domestiques. La biologie, en fait de paternité, ne connaît que la paternité directe.
Jean Rostand, l'Hérédité humaine, p. 114.
———
II
1 a (1690). Didact., vx. Pénétration d'une substance dans une autre. || « Imprégnation des sels dans l'eau » (Furetière, Dict.).
b (1765). Mod. Pénétration (d'un fluide) dans un corps quelconque. Imbibition.
3 Les odeurs du pavot et de l'encens s'exhalaient de ces meubles, de ces tapis, de ces tentures favorables à l'imprégnation des vapeurs aromatiques (…)
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 104.
(1859). Techn. || Imprégnation des bois : infiltration de certains produits liquides destinés à les colorer, à les rendre imperméables, imputresciblesImprégnation d'un liant, d'un agent de finissage dans un sol textile.
c Techn. Procédé de remplissage des pores d'un métal par un autre métal porté à l'état liquide.
d (1923). Biol. Méthode de coloration des cellules qui permet de rendre visibles certaines structures.
2 (1933; de imprégner). Pathol. Pénétration d'un agent nocif dans l'organisme.(1933). || Imprégnation alcoolique. Alcoolémie. || Taux d'imprégnation.
3 (1858, Michelet; de imprégner). Pénétration (d'une influence, d'une idée, etc.) dans l'esprit de qqn, dans un groupe social. Assimilation.
4 La culture et l'imprégnation sont évidemment deux choses différentes; mais la culture agonise et le temps de l'imprégnation est venu.
G. Duhamel, Manuel du protestataire, p. 159.
5 Non qu'il n'y ait une imprégnation à la base : le militant communiste qui professe dans sa cellule que l'intérêt du parti est l'unique loi et que le mal c'est ce qui nuit au parti, professe déjà la morale d'Aragon.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 254.
Spécialt. a Action de stimuli externes sur la personnalité, et spécialt, sur le subconscient.
b Chez les animaux, Influence déterminante d'un être (ou d'un objet en mouvement) perçue au début du développement comportemental, sur le comportement futur (par ex. un objet mobile, une personne, qui joue dès lors le rôle de la mère); phase du développement qui correspond à cette influence.
4 Une, des imprégnations. Résultat d'une imprégnation (II., 1., ou 3.); chose, substance qui imprègne qqch. Tache.
6 Par milliers cependant les miettes blondes et de grandes imprégnations roses sont en même temps apparues sur le linge épars ou tendu.
Francis Ponge, le Parti pris des choses, p. 72.

Encyclopédie Universelle. 2012.