incendiaire [ ɛ̃sɑ̃djɛr ] n. et adj.
• XIIIe; lat. incendiarius
I ♦ N. Personne qui allume volontairement un incendie. ⇒ pyromane; pétroleuse. Néron l'incendiaire.
II ♦ Adj. (1400)
1 ♦ Propre à causer l'incendie. ⇒ ardent. Mélange incendiaire. Matières combustibles et incendiaires. Balles, bombes (au phosphore, au calcium, au napalm) incendiaires.
2 ♦ Fig. Propre à enflammer les esprits, à allumer la révolte. ⇒ séditieux. Propos, déclarations incendiaires.
♢ Spécialt Qui éveille les désirs amoureux. ⇒ provocant. Une blonde incendiaire (cf. Une allumeuse). Décocher une œillade incendiaire (cf. Œillade assassine). Des lettres d'amour « mais qui n'ont rien d'incendiaire ou d'inavouable » (Henriot).
● incendiaire nom (latin incendiarius) Personne qui allume volontairement un incendie ; pyromane : La loi punit sévèrement les incendiaires. ● incendiaire (synonymes) nom (latin incendiarius) Personne qui allume volontairement un incendie ; pyromane
Synonymes :
- pyromane
● incendiaire
adjectif
Qui est destiné ou est de nature à causer un incendie : Matière incendiaire. Projectile incendiaire.
Vieux. Qui est propre ou vise à échauffer les esprits, à inciter à la révolte ou à la sédition : Une propagande incendiaire.
Qui vise ou est de nature à exciter la sensualité : Une blonde incendiaire.
Qui manifeste une agressivité, une critique virulente : Des articles de presse incendiaires.
● incendiaire (homonymes)
adjectif
incendièrent
forme conjuguée du verbe incendier
incendiaire
adj. et n.
rI./r adj.
d1./d Destiné à allumer un incendie. Bombe incendiaire.
d2./d Fig. Propre à susciter des troubles. Discours incendiaire.
d3./d Fig., plaisant Qui éveille le désir, la passion. Sourire incendiaire.
rII./r n. Auteur volontaire d'un incendie.
⇒INCENDIAIRE, adj. et subst.
I. — Adjectif
A. — Qui provoque un incendie.
1. [Le subst. désigne une pers.] Des régiments entiers, conduits par leurs officiers, se joignirent aux ouvriers incendiaires (...) et s'en furent prendre aux docks des tonnes de pétrole pour en arroser le feu (FRANCE, Île ping., 1908, p. 416).
2. [Le subst. désigne une matière, un objet] Destiné à allumer un incendie. Il était entré comme chimiste dans le complot des bombes incendiaires; et on l'avait surpris portant de la poudre qu'il allait essayer à Montmartre (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 40). Un amas d'engins destructeurs : bonbonnes de pétrole, mèches incendiaires, gargousses de dynamite (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 17) :
• 1. Beaucoup ont pu constater, et même de trop près, les effrayants effets des obus incendiaires, surtout en 1914, alors que les villages offraient encore quelque chose à brûler. Au troisième coup, tout flambait comme un bol de punch.
ALAIN, Propos, 1923, p. 536.
B. — P. anal.
1. [Avec la couleur, l'éclat des flammes] De teinte vive, soutenue. Les verts laiteux, les blancs, les bleus incendiaires (LAFORGUE, Poés., 1887, p. 29). Des bicyclettes filaient entre les groupes — des gars aux foulards incendiaires, des filles en corsages tendres (GENEVOIX, Rroû, 1931, p. 227).
2. [Avec les brûlures provoquées par le feu; en parlant d'un aliment, d'un médicament] Qui irrite, produit une sensation de brûlure. Si le tempérament est sec, et que les humeurs soient encore desséchées par des remèdes incendiaires (...) la fièvre sera de la nature des quartes (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 6). N'ayant pas de beurre, et ne pouvant supporter la graisse, l'huile nauséeuse et les procédés incendiaires de la cuisine indigène, nous vivions de viande fort maigre, de poisson et de légumes (SAND, Hiver à Majorque, 1842, p. 151).
C. — Au fig.
1. [En parlant d'une pers. (gén. d'une femme), de son comportement] Propre à inspirer la passion, le désir amoureux. Une blonde incendiaire. La soubrette (...) voyant un beau seigneur si bien nippé, lui avait décoché une œillade incendiaire et un sourire vainqueur (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 66). Il dessinait avec une allure étonnante les postures incendiaires, les somnolences accablées des filles à l'affût (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 160).
2. [En parlant de manifestations de l'esprit (p. ex. écrits, propos)] Susceptible de provoquer des troubles, des bouleversements sociaux, propre à exciter les esprits. Article, discours, pamphlet incendiaire. Il (...) développait audacieusement des thèses socialistes; on écoutait avec une indulgence amusée ces propos incendiaires (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 42). Il lisait beaucoup, écrivait un peu des livres doucement incendiaires, tenait — (à ce qu'on prétendait) — les fils de mouvements anarchistes (ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p. 969) :
• 2. ... les premiers auteurs des troubles (...) se regardent comme des hommes modérés, parce qu'ils n'ont pas participé au cinq octobre; mais l'un oublie qu'il a un des premiers prêché une doctrine incendiaire dans une grande province, un autre qu'il a le premier tenté de dégrader le monarque...
SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1591.
— [P. méton]. On nous livrera (...) tous les écrivains incendiaires (MARAT, Pamphlets, Affreux réveil, 1790, p. 238). Allés au café Tison, beau nom pour un café, cet incendiaire quartier général de la jeunesse (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1836, p. 53).
II. — Substantif
A. — Celui, celle qui provoque délibérément un incendie. Synon. pyromane. Arrêter, juger un incendiaire. Tout ce pays est dans la terreur. La bande d'incendiaires qui désole depuis deux mois la Normandie a reflué de nos côtés (LAMENNAIS, Lettres Cottu, 1830, p. 215). La petite-fille de Rostopchine (...) me dit que son grand-père, l'incendiaire, fit brûler Moscou dans la fureur où il était contre Kutusoff qui lui avait promis qu'il défendrait la ville (BARRÈS, Cahiers, t. 1, 1896, p. 118).
— P. métaph. C'est la comète. C'est l'immense incendiaire du ciel. L'astre marche, grandit, secoue une chevelure de pourpre, devient énorme (HUGO, Homme qui rit, t. 3, 1869, p. 91).
B. — Au fig. Celui, celle qui enflamme les esprits, propage des idées révolutionnaires, subversives. L'avocat général (...) se tourna contre Franklin (...); il l'insulta pendant près d'une heure (...) le présentant comme l'incendiaire qui attisait le feu entre les deux pays (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 7, 1852, p. 163). La vraie mystique ne brûle pas, elle éclaire. — Pourtant, dit-il en riant aussi, les prophètes ont toujours été des incendiaires (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 415).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Subst. XIIIe s. « personne qui allume volontairement un incendie » (Casus totius juris, ms. Angers 390, f° 68a ds GDF. Compl.). B. Adj. 1. XIVe s. [ms.] « propre à causer l'incendie » (Flave Vegece, IV, 8, ibid.); 2. 1777 « propre à enflammer les esprits, à allumer la révolte » (VOLTAIRE, Dialogue d'Evhémère, XXVIII, 2 ds LITTRÉ). 3. 1830 « qui éveille les désirs amoureux » (L'HÉRITIER, Suppl. Mém. Vidocq, t. 2, p. 78). Empr. au lat. de l'époque impériale incendiarius « d'incendie; incendiaire (adj. et subst.) ». Fréq. abs. littér. : 153. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 320.
incendiaire [ɛ̃sɑ̃djɛʀ] n. et adj.
ÉTYM. XIIIe; lat. incendiarius, adj. et n., de incendium. → Incendie.
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I N.
1 Personne qui allume volontairement un incendie. ⇒ Bandit, criminel; brûleur, pétroleuse (hist.), pyromane. || L'incendiaire a mis le feu à une maison habitée, à une grange.
1 (…) les juges seraient presque réduits à la triste fonction d'envoyer au gibet les voleurs et les incendiaires.
La Bruyère, les Caractères, XIV, 58.
2 C'est en vain que Néron prospère, Tacite est déjà né dans l'Empire; (…) bientôt il ne fera voir, dans le tyran déifié, que l'histrion, l'incendiaire, et le parricide (…)
Chateaubriand, cité par Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. II, p. 81.
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II Adj.
b (1400). Choses. Propre à causer l'incendie. ⇒ Ardent (cit. 11). || Mélange incendiaire. || Brûlot chargé de matières incendiaires. || Balle, bombe, crayon, pastille, obus, torche incendiaire (au phosphore, au calcium, au napalm).
3 (…) il était entré comme chimiste dans le complot des bombes incendiaires (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, IV.
4 — Ça flambe; sans doute les fascistes emploient-ils des bombes incendiaires… — Ce sont des bombes incendiaires ? demanda le médecin.— Les gens qui ont l'air de savoir quelque chose appellent ça des bombes au calcium. C'est vert, absinthe exactement. C'est terrible, vous savez : on ne peut pas l'éteindre.
Malraux, l'Espoir, II, II, I.
2 a Littér. De teinte très vive; d'un rouge violent ⇒ Incendie, 2. — REM. Avec d'autres couleurs que rouge (« un bleu incendiaire », Laforgue, in T. L. F.) l'emploi du mot est stylistique ou anormal.
b Qui provoque une impression de brûlure. || « Les procédés incendiaires de la cuisine indigène » (G. Sand, Un Hiver à Majorque, in T. L. F.). || Un alcool, un tord-boyaux incendiaire.
3 (V. 1777, Voltaire, Dialogues, XXVIII, 2, entre un mandarin et un jésuite). Fig. Propre à enflammer les esprits, à allumer la révolte. ⇒ Séditieux. || Un pamphlet incendiaire. || Une doctrine incendiaire. || Des propos, des déclarations incendiaires.
5 (…) ce terrible Mirabeau, au caractère incendiaire, au sang en ébullition, l'homme des grands éclats et des grandes révoltes (…)
Louis Madelin, Talleyrand, I, II.
6 Mais d'ici là ne faites pas comme moi, jadis. Pas de ces déclarations inutilement incendiaires que les petits copains vous resservent pendant dix ans.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVIII, p. 302.
4 (1830). Qui éveille les désirs amoureux. — (Personnes). || Une blonde incendiaire. → Allumeuse. — (Actions). || Décocher (cit. 3) une œillade incendiaire. → Œillade assassine.
7 Nous venons de lire ces lettres. Chaleureuses, tendres, exprimant une vive ardeur, des lettres d'amour et du XVIIIe, certainement, mais qui n'ont rien d'incendiaire ou d'inavouable.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 211.
Encyclopédie Universelle. 2012.