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indicible

indicible [ ɛ̃disibl ] adj.
• 1452; lat. médiév. indicibilis, de dicere « dire »
Littér. Qu'on ne peut caractériser par le langage. indescriptible, inexprimable. « Comment exprimerai-je une peine indicible ? » (Musset). Joie indicible. ineffable. Un charme indicible. indéfinissable. Subst. L'indicible. « bourreau de l'indicible, chacun s'acharne à détruire tous les mystères » (Cioran). Adv. INDICIBLEMENT .

indicible adjectif (latin médiéval indicibilis) Qu'on ne saurait exprimer, qui dépasse toute expression : Une peur indicible.indicible (citations) adjectif (latin médiéval indicibilis) Stéphane Mallarmé Paris 1842-Valvins, Seine-et-Marne, 1898 Là-bas, où que ce soit, nier l'indicible, qui ment. La Musique et les lettres Gallimardindicible (synonymes) adjectif (latin médiéval indicibilis) Qu'on ne saurait exprimer, qui dépasse toute expression
Synonymes :
- extraordinaire
- indescriptible
- ineffable
- inexprimable
- insensé

indicible
adj. Litt. Qu'on ne saurait exprimer, ineffable. Une joie indicible.

⇒INDICIBLE, adj.
[En parlant d'un sentiment, d'une attitude, d'une qualité ou d'un défaut, d'un événement, d'une atmosphère] Qui ne peut être dit, traduit par des mots, à cause de son caractère intense, étrange, extraordinaire. Synon. indéfinissable, indescriptible, ineffable, inexprimable. Angoisse, douleur, effroi, émotion, épouvante, joie, mélancolie, peur, plaisir, supplice indicible; beauté, charme, méchanceté indicible. Une expression indicible de douleur et de regrets (JANIN, Âne mort, 1829, p. 191). Cet univers indicible où règnent la contradiction, l'antinomie, l'angoisse ou l'impuissance (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 39) :
1. ... les yeux par instants révulsés, comme quelqu'un qui étouffe, elle se défendait contre la mort avec un courage et une douceur indicibles.
ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 319.
Rare. C'est indicible. Il n'est pas possible ou pas décent de le rapporter :
2. Ce qu'il a chanté devant les femmes de la société qui étaient là, non, c'est indicible! [it. dans le texte]. Ç'a été, en ces poèmes du jour, les michetons fournisseurs de galette, les joyeux petits marlous donnant de la pantoufle dans les fesses de leurs marmites, des vérolées de Saint-Lazare, dans les médicaments, écrivant à leurs maquereaux... Ç'a été, en ce lyrisme de l'ignoble, des dénonciations infâmes...
GONCOURT, Journal, 1892, p. 210.
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre, dans le lang. artistique, philos. Ce qui n'est pas traduisible par des mots. En face de l'indicible qu'il se sent la mission d'exprimer, le peintre dispose donc, tout de même, de signes d'une portée universelle (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 283). La musique n'exprime rien ou exprime l'inexprimable à l'infini (...). Et tout de même l'indicible n'est-il pas un mystère dicible à l'infini? (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 44).
REM. Indicibilité, subst. fém. Caractère de ce qui est indicible. Faut-il admettre que l'indicible est justement ce qui est traité comme ne pouvant pas reparaître ainsi [dans un autre contexte], comme n'étant absolument pas un contenu? Ceci est plus important, mais il faut s'exprimer autrement, je crois, et dire que, pour qu'on puisse parler d'indicibilité, c'est cette distinction même entre l'éprouvant et l'éprouvé qui ne doit plus être faite. Tout ce qui peut être traité comme contenu est par là même dicible (G. MARCEL, Journal, 1920, p. 227).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1452 adj. « qui ne peut être dit » (JACQUES MILET, Epistre adjacent et epillogative ds C. HÄPKE, Kritische Beiträge zu Milet's dramatische Istoire de la Destruction de Troye la Grant, p. 131). Empr. au b. lat. indicibilis « inexprimable, indicible ». On trouve déjà indisible au XIVe s. (cf. BL.-W.1-5). Fréq. abs. littér. : 612. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 578, b) 849; XXe s. : a) 1 152, b) 961.
DÉR. Indiciblement, adv. D'une manière indicible. Il y a des jours où toute mon existence officielle dans ses conditions présentes m'excède indiciblement (AMIEL, Journal, 1866, p. 280). La vie est grave presque indiciblement (MAETERL., Trésor humbles, 1896, p. 234). Ce qui m'inquiétait surtout, c'est que ses pauvres mains perdaient aussi leur sensibilité; je le constatais à maints indices; il lui arrivait de les écorcher sans même s'en apercevoir, et je souffrais indiciblement de ne la voir point éviter le contact des objets poisseux ou souillés (GIDE, Et nunc manet, 1951, p. 1140). []. 1re attest. 1528 (GRINGOIRE, Chants royaulx, f° 4 ds R. Ét. rab., t. 5, p. 166); de indicible, suff. -ment2. Fréq. abs. littér. : 46.

indicible [ɛ̃disibl] adj. et n. m.
ÉTYM. 1542; lat. médiéval indicibilis, de in- (→ 1. In-), et dicibilis « qu'on peut dire » (→ Dicible); le mot a supplanté indisible, de dire, attesté XIVe.
Littér. Qu'on ne peut dire, exprimer. Indescriptible, inexprimable; inouï. || Douleur fulgurante (cit. 4) et indicible. || Une épouvante indicible (→ Épigastre, cit.; glacer, cit. 32). || Être tourmenté par une angoisse (cit. 12) indicible (→ Contraction, cit. 1). || Joie indicible. Ineffable. || Une indicible et incroyable méchanceté (→ Cataclysme, cit. 2, Rabelais). || Un charme indicible. Indéfinissable. || La chose est indicible, c'est indicible.
1 Il en est d'autres (âmes) sur lesquelles il (Dieu) verse abondamment ces plaisirs secrets et indicibles.
Massillon, Mystères, Assomption.
2 Comment exprimerai-je une peine indicible ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, Lettre à Lamartine.
3 Nous restâmes là jusqu'à l'aurore, incapables de bouger, de dire un mot, crispés dans un affolement indicible.
Maupassant, Contes de la bécasse, « La peur ».
4 Un Génie apparut, d'une beauté ineffable, inavouable même. De sa physionomie et de son maintien ressortait la promesse d'un amour multiple et complexe ! D'un bonheur indicible, insupportable même !
Rimbaud, les Illuminations, « Conte ».
5 Et quand la fatigue nous prend de l'éternel combat inutilement livré contre la médiocrité des vices et des vertus, c'est un bien indicible de se retremper dans cet océan de volonté et de foi. Il se dégage de lui une contagion de vaillance, un bonheur de la lutte, l'ivresse d'une conscience qui sent en elle un dieu.
R. Rolland, Vie de Beethoven, p. 77.
N. m. (V. 1530, Marot). || L'indicible : ce qui est indicible.Un indicible : une chose indicible.
6 (…) dans les cas où vous ravage un indicible, qu'aucune tentative de mise en mots ne saurait provisoirement désarmer (…)
Michel Leiris, Frêle bruit, p. 210.
CONTR. Dicible.
DÉR. Indicibilité, indiciblement.

Encyclopédie Universelle. 2012.