indiscernable [ ɛ̃disɛrnabl ] adj. et n. m.
• 1582; de 1. in- et discernable
1 ♦ Qui ne peut être discerné d'une autre chose de même nature. ⇒ identique. Deux teintes indiscernables l'une de l'autre. Une copie indiscernable de l'original. « on ne put jamais trouver deux feuilles d'arbres indiscernables » (Voltaire).
♢ (XXe) Phys. Particules (ou quantons) indiscernables, qui ne peuvent être considérés individuellement. (On dit parfois identiques.)
♢ N. m. Philos. Principe des indiscernables : principe de Leibniz d'après lequel deux êtres ne sont jamais parfaitement semblables.
2 ♦ Dont on ne peut se rendre compte précisément. ⇒ insaisissable. Des nuances indiscernables.
⊗ CONTR. Discernable, distinct.
● indiscernable adjectif Qu'on ne peut discerner, distinguer d'une autre chose de même espèce ; indéfinissable : Nuances de sens indiscernables. ● indiscernable (expressions) adjectif Particules (ou quantons) indiscernables, synonyme de particules (ou quantons) identiques. ● indiscernable (synonymes) adjectif Qu'on ne peut discerner, distinguer d'une autre chose de même...
Synonymes :
- confus
- indécis
- indéfini
- indéfinissable
- indéterminable
- indéterminé
- mystérieux
- vague
● indiscernable
nom masculin
Principe de l'identité des indiscernables, Principe énoncé par Leibniz, selon lequel rien ne se répète dans l'univers qui soit énonçable dans les mêmes termes ou qui dispose des mêmes propriétés.
● indiscernable (expressions)
nom masculin
Principe de l'identité des indiscernables, Principe énoncé par Leibniz, selon lequel rien ne se répète dans l'univers qui soit énonçable dans les mêmes termes ou qui dispose des mêmes propriétés.
indiscernable
adj.
d1./d Qu'on ne peut distinguer d'une autre chose de même nature. L'original et la copie sont absolument indiscernables.
d2./d Qu'on ne peut discerner. Des traces indiscernables à l'oeil nu.
⇒INDISCERNABLE, adj. et subst. masc.
I. — Adj. Qui ne peut donner prise au discernement.
A. — [P. réf. au discernement rationnel] Qui ne peut être clairement distinct d'une autre chose de même nature. Idée indiscernable d'une autre idée, répétition indiscernable du commencement, réalisation indiscernable de son intention, réminiscence indiscernable du passé, totalités morphologiquement indiscernables. La structure du monde de saint Thomas est physiquement indiscernable de celle du monde grec (GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p. 78). Les aptitudes génétiques deviennent très tôt indiscernables des aptitudes sociales, du fait d'une socialisation subie dans des milieux différents (ANTOINE, PASSERON, Réforme Univ., 1966, p. 201).
B. — [P. réf. au discernement sensoriel] Qui est perçu de façon confuse et indistincte. Ombre, ciel indiscernable; mouvement, rythme indiscernable; confus et indiscernable; inaperçu et indiscernable; feuilles d'arbre indiscernables. De grêles frappements d'enclume, une odeur de corne brûlée décelaient un maréchal-ferrant, par ailleurs indiscernable (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 34). Le paradoxe est fort, d'un Corot copié, et indiscernable ou presque du vrai, et qui pourtant n'est pas beau, ne peut l'être, ne doit pas l'être (ALAIN, Propos, 1935, p. 1291) :
• À cette hauteur, nulle exhalaison des lieux bas, nul accident de lumière ne troublait, ne divisait la vague et sombre profondeur des cieux. Leur couleur apparente n'était plus ce bleu pâle et éclairé, doux revêtement des plaines, agréable et délicat mélange qui forme à la terre habitée une enceinte visible où l'œil se repose et s'arrête. Là l'éther indiscernable laissait la vue se perdre dans l'immensité sans bornes...
SENANCOUR, Obermann, t. 1, 1840, p. 46.
II. — Subst. masc., PHILOS. Principe des indiscernables. Principe énoncé par Leibniz d'après lequel deux êtres réels diffèrent toujours intrinsèquement et non point seulement par leurs positions spatio-temporelles. Voir COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 581.
REM. Indiscernablement, adv. De façon confuse. Tantôt posé à plat sur la superficie glacée de l'arôme, tantôt fondu en pleine épaisseur, indiscernablement mêlé à ses empâtements, tout le détail sentimental de l'odeur changeait comme sa substance (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 60).
Prononc. et Orth. : []. [-ss-] ds LAND. 1834, LITTRÉ. Att. ds Ac. 1798 et 1935. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1582 « qui ne peut être discerné » (A. et R. LE CHEVALIER D'AGNEAUX, trad. de Virgile, f° 275 r° ds GDF. Compl.); 2. 1832 au fig. « dont on ne peut reconnaître la nature et l'existence » (RAYMOND : projet indiscernable). B. Subst. 1762 [éd. 1768] philos. principe des indiscernables (BONNET, Considérations sur les corps organisés, t. 2, p. 219). Dér. de discernable; préf. in-1. Fréq. abs. littér. : 119.
DÉR. Indiscernabilité, subst. masc. Caractère de ce qui est indiscernable ou indistinct. Que l'habit soit de confection ou sur mesure, ce n'est peut-être qu'un préjugé; du moment que l'habit me va, je ne cherche pas à savoir comment on l'a taillé. Cette amère dérision de l'indiscernabilité n'est-elle pas une profonde ironie? (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 149). Phys. Principe d'indiscernabilité des électrons. Principe suivant lequel les électrons échangent leurs places et leurs rôles de façon imperceptible. La solution approchée de cette équation — qui devait tenir compte du spin, du principe de Pauli et de l'indiscernabilité des électrons — avait fait apparaître dans l'énergie électrique un terme inattendu, l'énergie d'échange, liée au fait que deux électrons peuvent échanger leurs places et leurs rôles dans un édifice atomique sans que nous nous en apercevions — même s'ils sont séparés par une « barrière de potentiel » infranchissable en théorie classique (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 246). — []. [-ss-] ds LITTRÉ. — 1re attest. 1737 (VOLTAIRE, Lett. Prusse, oct. ds LITTRÉ); dér. sav. de indiscernable, suff. -(i)té.
indiscernable [ɛ̃disɛʀnabl] adj. et n. m.
ÉTYM. 1582; de 1. in-, et discernable.
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A Adj.
1 Qui ne peut être discerné (→ ci-dessous, cit. 2); spécialt, qui ne peut être discerné d'une autre chose de même nature. ⇒ Identique. || Choses indiscernables l'une de l'autre, indiscernables entre elles. → ci-dessous, B.
1 Sa preuve de fait (de Leibniz) était que, se promenant un jour dans le jardin de l'évêque de Hanovre, on ne put jamais trouver deux feuilles d'arbre indiscernables.
2 (…) lors d'une occultation des satellites de Jupiter, le troisième disparut après avoir été indistinct pendant une ou deux secondes, et (…) le quatrième devint indiscernable en approchant du limbe.
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, « Aventures de Hans Pfaall ».
3 Une philosophie, perverse sans doute, m'a porté à croire que le bien et le mal, le plaisir et la douleur, le beau et le laid, la raison et la folie, se transforment les uns dans les autres par des nuances aussi indiscernables que celles du cou de la colombe.
Renan, Souvenirs d'enfance, II, I.
4 Les lois physiques ont précisément pour caractère d'exprimer des propriétés qui sont communes à une infinité d'êtres indiscernables entre eux.
Émile Borel, le Hasard, VI, p. 119.
5 Ce silence se prolongea longtemps, ou du moins un temps impossible à mesurer, indiscernable.
Bernanos, Sous le soleil de Satan, in Œ. roman., Pl., p. 201.
B N. m. (XVIIIe). Philos. || Principe des indiscernables, ou de l'identité des indiscernables : principe essentiel de la philosophie de Leibniz, d'après lequel deux êtres réels ne sont jamais parfaitement semblables, différant par des caractères intrinsèques.
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CONTR. Apercevable, discernable, distinct.
DÉR. Indiscernabilité, indiscernablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.