invisible [ ɛ̃vizibl ] adj. et n. m.
• 1256; bas lat. invisibilis
1 ♦ Qui n'est pas visible, qui échappe à la vue (par nature ou par accident). Dieu, infini et invisible. Je suis certain « qu'il existe près de moi un être invisible » (Maupassant). « L'homme invisible », roman de H. G. Wells. — Invisible à l'œil nu. ⇒ imperceptible, microscopique. Encre invisible. ⇒ sympathique. Avion invisible. ⇒ furtif. Par ext. Un invisible danger.
♢ Sc. D'où ne provient aucune radiation visible. ⇒ infrarouge, ultraviolet. — Subst. Le visible et l'invisible.
2 ♦ Par ext. Que l'on voit très peu. ⇒ imperceptible. Prothèse invisible. Cicatrice invisible.
3 ♦ (1689) Qui se dérobe aux regards, qui ne veut pas être vu et qu'on ne peut rencontrer. Depuis quelque temps, elle est devenue invisible.
4 ♦ N. m. pl. Comm. Les invisibles : dans la balance des paiements, ensemble des opérations portant sur les échanges de services et les transferts de revenus.
⊗ CONTR. Visible.
● invisible adjectif (bas latin invisibilis) Qui n'est pas perceptible par la vue : Une étoile invisible à l'œil nu. Qui agit dans l'ombre : Ennemi, menace invisible. Qu'on ne peut pas voir, rencontrer : Le patron est invisible ; il est en conférence. ● invisible (citations) adjectif (bas latin invisibilis) Malcolm de Chazal Vacoas 1902-Port-Louis 1981 Rien de grand ne se fait sans l'idée fixe, ce clou à transpercer l'invisible. Sens plastique Gallimard René Daumal Boulzicourt, Ardennes, 1908-Paris 1944 La porte de l'invisible doit être visible. Le Mont Analogue Gallimard Julien Green Paris 1900-Paris 1998 Académie française, 1971 Le grand péché du monde moderne, c'est le refus de l'invisible. Journal Plon Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 […] Et que derrière un voile, invisible et présente, J'étais de ce grand corps l'âme toute-puissante. Britannicus, I, 1, Agrippine Nathalie Sarraute Ivanovo, Russie, 1900-Paris 1999 La poésie, dans une œuvre, c'est ce qui fait apparaître l'invisible. Tel quel, n° 9 Anaxagore Clazomènes 500-Lampsaque 428 avant J.-C. Le visible ouvre nos regards sur l'invisible. Fragments, 21a (traduction Voilquin) Jonathan Swift Dublin 1667-Dublin 1745 La vision est l'art de voir les choses invisibles. Vision is the art of seeing things invisible. Thoughts on Various Subjects ● invisible (synonymes) adjectif (bas latin invisibilis) Qui n'est pas perceptible par la vue
Synonymes :
- indécelable
Contraires :
- visible
Qu'on ne peut pas voir, rencontrer
Synonymes :
● invisible
nom masculin
Échanges d'invisibles, partie non matérialisée des échanges internationaux, tels la recherche scientifique et technique, les revenus de capital, les salaires, les voyages, les dons, les transferts de revenus effectués par les travailleurs dans leurs pays respectifs.
● invisible (expressions)
nom masculin
Échanges d'invisibles, partie non matérialisée des échanges internationaux, tels la recherche scientifique et technique, les revenus de capital, les salaires, les voyages, les dons, les transferts de revenus effectués par les travailleurs dans leurs pays respectifs.
invisible
adj. (et n. m.)
d1./d Qui échappe à la vue.
|| n. m. Le pouvoir de l'invisible.
d2./d Qui ne veut pas être vu. Elle reste invisible.
⇒INVISIBLE, adj.
A. — Qui par essence n'est pas visible. Air, ange, monde invisible. Un dieu invisible, mais qui voit tout et qui sait punir comme récompenser (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 296). S'il est un corps [le fluide magnétique], comment est-il invisible et impalpable comme un esprit? (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 143) :
• 1. Dans l'espace surnaturel flottaient, invisibles, impalpables, des myriades de petites âmes qui attendaient de s'incarner.
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 51.
— P. ext. Qui ne correspond pas à une réalité sensible; qui est du domaine du surnaturel ou de l'imaginaire. Fantôme, fée, génie invisible; forces invisibles. En galopant sur nos coursiers imaginaires et en frappant de nos sabres invisibles les meubles et les jouets (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 168). Claire, le visage décomposé, racontait que son oreiller avait quitté son lit comme poussé par une main invisible (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 185) :
• 2. ... je suis certain (...) qu'il existe près de moi un être invisible, qui se nourrit de lait et d'eau, (...) doué par conséquent d'une nature matérielle, bien qu'imperceptible pour nos sens...
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1112.
— Emploi subst. masc.
♦ [Parfois avec une majuscule, assez souvent au plur.] Être surnaturel. Celui qui me gouverne, quel est-il, cet invisible? cet inconnaissable, ce rôdeur d'une race surnaturelle? Donc les Invisibles existent! (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886p. 1115). Il croit à la guigne, aux pressentiments, au monde des invisibles (RENARD, Journal, 1905, p. 951) :
• 3. Nous nous demandons sérieusement si cette enfant de trois ans n'aurait pas reçu quelque don qui déterminerait en elle une mystérieuse faculté de vision. Combien de fois l'avons-nous surprise, parlant à des invisibles à qui elle tendait amoureusement ses petits bras.
BLOY, Journal, 1894, p. 121.
♦ sing. à valeur de neutre. Domaine de ce qui n'est pas visible; p. ext. monde surnaturel ou supraterrestre. Synon. au-delà, surnaturel. Inspecter l'invisible et entendre l'inouï (RIMBAUD, Œuvres, Lettre à P. Demeny, 1871, Paris, Garnier, 1969, p. 349). Par les étranges, les interminables corridors, les revenants (...) eussent pu maintes fois apparaître. (...) Omer, Elvire fuyaient ensemble l'Invisible dans les escaliers vermoulus (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 286). Vintras nous a rouvert les sentiers qui mènent à l'invisible; il nous fait rentrer dans la sphère du surnaturel (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 154). En 1773, il [William Blake] commence à dessiner ces rêves qui le mettaient en communication avec l'au-delà; (...) indifférent à tout ce qui n'était pas l'invisible. Il s'intitulait « peintres d'esprits » et conversait longuement avec des fantômes (MORAND, Londres 1933, p. 236).
B. — 1. [En parlant d'un inanimé concr. ou d'un animé] Qui n'est pas visible à l'œil nu; qui n'apparaît pas à la vue en raison de sa petitesse, de son éloignement ou pour une autre cause. Synon. caché, imperceptible, indécelable, indiscernable. Fil, guetteur, insecte invisible; atomes, microbes invisibles. Je me promenai le long d'un lac invisible sous le brouillard (BARRÈS, Homme libre, 1889, p. 150). La victoria tourna à droite, et roula invisible derrière les haies de la route (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 31) :
• 4. ... c'est le jour et l'heure de la semaine [le dimanche] où l'on se rencontre, (...) où l'on échange un moment sur le chemin, sur la place, dans la rue ou à la porte de l'église, un salut, un geste, un regard (...). C'est l'heure et la place aussi où les oisifs, les curieux, les jeunes gens qui cherchent de l'œil les belles jeunes filles invisibles à la maison les autres jours de la semaine, se forment en groupes...
LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 40.
— Loc. Devenir invisible. Cesser brusquement d'être visible. Il était là tout à l'heure, il est devenu invisible. Cette montre était tout à l'heure sur cette table, elle est devenue invisible (Ac. 1835-1935).
2. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui n'est pas manifeste, qui échappe à la connaissance. Danger, menace invisible; liens invisibles. J'ai peur surtout (...) de ma raison qui m'échappe brouillée, dispersée par une mystérieuse et invisible angoisse (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Lui? 1883, p. 853). Nous sommes bien plus ignorants de nos actions notoires et pour ainsi dire palpables que de nos pensées invisibles ou de nos chimères les plus fugitives (BLONDEL, Action, 1893, p. 169). Le dreyfusisme de M. Bontemps, invisible et constitutif comme celui de tous les hommes politiques, ne se voyait pas plus que les os sous la peau (PROUST, Temps retr., 1922, p. 727).
C. — [En parlant d'une pers.] Qui se dérobe aux regards et refuse de se manifester. Synon. insaisissable, introuvable. Le drôle est invisible, dit le chef de bureau, faisant allusion à Fernand Rocher; je l'ai cherché de tous côtés dans le bal et ne l'y ai point vu (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 398). Christiane enfin (...) s'obstinait à rester invisible, et sa chambre fermée à tous (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 257).
— Loc. Être invisible pour qqn. Refuser de recevoir quelqu'un. C'est vainement que je sollicitais une audience, le ministre était invisible pour moi (Ac. 1835-1935).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. [ms.] « qui échappe à la vue » (Roman de Kanor, BN 1446, fol. 45 r° ds GDF. Compl.); 1256 (ALDEBRANDIN DE SIENNE, Regime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, Proeme, p. 3, 23); 2. 1668 «(d'une pers.) qui se dérobe volontairement aux regards » (RACINE, Plaideurs, I, 5). Empr. au b. lat. invisibilis « invisible ». Fréq. abs. littér. : 3 528. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 558, b) 3 905; XXe s. : a) 5 597, b) 6 509.
DÉR. Invisiblement, adv. D'une manière invisible. La moitié de la Hollande faillit périr, parce que les pilotis de ses digues s'étaient rompus à la fois, invisiblement minés par le ver qu'on nomme taret. Ce redoutable rongeur, qui a souvent un pied de long, ne se trahit nullement; il ne travaille qu'au dedans (MICHELET, Oiseau, 1856, p. 298). Juger de l'Église elle-même comme d'une réalité naturelle et non comme d'une réalité invisiblement surnaturelle, objet elle-même de la foi théologale? (MARITAIN, Primauté spirit., 1927, p. 95). Le champignon et quelques autres plantes ont des semences d'une excessive petitesse, qui voltigent invisiblement dans cet air (J. ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 36). — []. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1re attest. 1e moitié XIVe s. (Dialogue de S. Grégoire [livre IV], ms. Évreux n° 8, fol. 98c ds GDF. Compl.); de invisible, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 46.
invisible [ɛ̃vizibl] adj.
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1 Qui n'est pas visible, qui échappe à la vue (par nature ou par accident). || Les êtres visibles et invisibles. || Dieu, infini et invisible (→ Appréhender, cit. 1; église, cit. 1). || Anges invisibles (→ Escadron, cit. 5). || Le corps enserre (cit. 5) une âme invisible. || Réalités invisibles (→ Approche, cit. 21; essentiel, cit. 17; fantôme, cit. 2). — Spécialt (en parlant d'êtres normalement visibles, dans les contes, les mythes). || L'anneau (cit. 9) de Gygès rendait invisible. || L'Homme invisible, récit de H. G. Wells. || Encre invisible à l'œil nu. ⇒ Aveugle (I., C., 4.), sympathique (I., 2.). — Qu'on ne peut voir du fait des circonstances. || Montagne invisible derrière les brumes (→ Escamoter, cit. 4). || Le soleil encore invisible de l'aube (→ Emplir, cit. 5). || Nuage qui rend la lune invisible. ⇒ Éclipser. || Guetteur (cit. 1) invisible à l'affût dans un coin (→ aussi Famille, cit. 25). || On entend au loin une flûte (1. Flûte, cit. 2) invisible. || Un ruisseau invisible dans, sous le brouillard. || Avion invisible très haut dans le ciel. ⇒ Perdu; → Énervant, cit. 2. || Objet qui devient invisible. ⇒ Cacher (se), disparaître. || Où est ma montre : elle est devenue invisible !
1 Et que derrière un voile, invisible et présente,
J'étais de ce grand corps (le sénat romain) l'âme toute-puissante.
Racine, Britannicus, I, 1.
2 Je te donnerai une bague enchantée; quand tu en retourneras le rubis tu seras invisible, comme les princes, dans les contes de fées.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, I.
3 Naître, c'est entrer dans le monde visible; mourir, c'est entrer dans le monde invisible.
Hugo, Post-Scriptum de ma vie, De la vie et de la mort.
4 Les femmes, invisibles puisque nous sommes en pays de Mahomet, passent ensevelies du haut en bas sous une housse blanche (…)
Loti, l'Inde (sans les Anglais), V, II.
5 On entendait des voix. Des hommes presque invisibles entre les fils de fer et les sarments échevelés taillaient la vigne.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 93.
REM. Les emplois relativisés (invisibilité momentanée, occasionnelle) que le syntagme nominal ait ou non un complément (invisible à qqn, pour qqn) impliquent la présence d'un ou plusieurs observateurs. → cit. 1 et 5.
♦ Avec un compl. || Objet, organisme (⇒ Microbe) invisible pour un observateur humain. ⇒ Microscopique. — ☑ Loc. Invisible à l'œil nu. — (Objets momentanément, occasionnellement invisibles). || J'entends leur voix, mais ils me sont, ils me restent invisibles.
♦ Sc. Dont les radiations sont à l'extérieur du spectre solaire. ⇒ Infrarouge, ultraviolet. || Rayonnement visible et invisible d'un corps.
♦ Extrêmement difficile à voir. ⇒ Imperceptible, minuscule. || Grain de sable invisible (→ Gravelle, cit. 3). — ☑ Loc. Filet invisible : résille très fine (coiffure de femme).
2 Fig. Qui échappe à la connaissance. ⇒ Mystérieux, secret (→ Grandeur, cit. 19). || Danger, signal invisible (→ Hurler, cit. 16; gosier, cit. 9). || Fluides (cit. 9 et 12) invisibles. || Liens invisibles.
6 Ce genre d'esprit charmant est invisible aux sots (…)
Stendhal, Journal, p. 204.
7 (…) il lui semblait qu'il perdait la conscience de son être et qu'un élément invisible prenait possession de lui, une émanation mystérieuse qui venait de toutes parts, de toute cette végétation dont la senteur le pénétrait.
J. Green, Léviathan, I, XIII.
♦ N. m. (Av. 1662). || Union du visible et de l'invisible (→ Constant, cit. 4). || Le beau (cit. 101), expression de l'invisible. || L'intervention (cit. 9) de l'invisible dans notre vie (→ Impalpable, cit. 5; incréé, cit. 3).
8 (Dieu) pouvait faire l'invisible, puisqu'il faisait bien le visible.
Pascal, Pensées, X, 643.
b (1668, Racine, les Plaideurs). Qui se dérobe aux regards, qui ne veut pas être vu (ou qui est caché par qqn). || Il lui promit d'être discret et invisible (→ Apparence, cit. 31). || Une personne invisible, qu'on ne parvient jamais à rencontrer. || Depuis quelque temps, elle est devenue complètement invisible (→ Jouer l'arlésienne). — (1798). Spécialt. || Être invisible pour qqn, refuser de le recevoir. || C'est vainement que je sollicitais une audience, le ministre était invisible pour moi (Académie).
9 On ne voit point sa fille; et la pauvre Isabelle,
Invisible et dolente, est en prison chez elle.
Racine, les Plaideurs, I, 5.
10 Il persuada tout le groupe de prendre un avocat et proposa Me Mollard, « une des gloires du barreau ». Pour invisible qu'il fût, Me Mollard ne travaillait pas gracieusement (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, I, XIII.
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CONTR. Apercevable, apparent, visible.
DÉR. Invisiblement.
Encyclopédie Universelle. 2012.