insaisissable [ ɛ̃sezisabl ] adj.
• 1770; de 1. in- et saisissable
1 ♦ Dr. civ. Qui ne peut faire l'objet d'une saisie. Bien de famille inaliénable et insaisissable. — Dr. trav. La partie insaisissable du salaire. — N. f. INSAISISSABILITÉ , 1828 .
2 ♦ Qu'on ne peut saisir, appréhender. Fugitif insaisissable. — Qu'on ne parvient jamais à rencontrer. « la cavalerie de Charlemagne s'usait [...] contre un insaisissable ennemi, qu'on ne savait où rencontrer » (Michelet).
3 ♦ Impalpable. Poursuivre une image insaisissable. ⇒ fuyant.
4 ♦ Qui ne peut être saisi, perçu, apprécié. Discerner des nuances insaisissables. ⇒ imperceptible, indiscernable, insensible.
⊗ CONTR. Saisissable, sensible.
● insaisissable adjectif Que la loi défend de saisir. Que l'on ne peut saisir, appréhender : Voleur insaisissable. Qui ne peut être perçu nettement : Nuances insaisissables de couleurs. Qu'on a du mal à cerner, sur qui on ne peut avoir prise. ● insaisissable (citations) adjectif Pierre Charron Paris 1541-Paris 1603 L'homme est un sujet merveilleusement divers et ondoyant, sur lequel il est très mal aisé d'y asseoir jugement assuré. De la sagesse ● insaisissable (synonymes) adjectif Que l'on ne peut saisir, appréhender
Synonymes :
Qui ne peut être perçu nettement
Synonymes :
- indécelable
Qu'on a du mal à cerner, sur qui on ne...
Synonymes :
- fuyant
- impénétrable
insaisissable
adj.
d1./d DR Qui ne peut faire l'objet d'une saisie.
d2./d Que l'on n'arrive pas à rencontrer, à capturer, à arrêter. Malfaiteur insaisissable. Animal insaisissable.
d3./d Fig. Imperceptible. Différences insaisissables.
⇒INSAISISSABLE, adj.
Qui ne peut être saisi.
A. — DR. [En parlant d'un bien] Qui ne peut faire l'objet d'une saisie. Une dette qui a pour cause des alimens déclarés insaisissables (Code civil, 1804, art. 1293, p. 233). Une habitation qui deviendra inaliénable et insaisissable (J.O., Loi sur retraites ouvr. et pays., 1910, art. 13, p. 3000).
B. — Usuel. Qu'il est impossible de prendre, dont on ne peut s'emparer.
1. Qui se dérobe, qui échappe sans cesse aux tentatives de capture. Ennemi, fantôme insaisissable. Une ménagerie de petits animaux agiles, capricieux, insaisissables (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 79). On se mit à parler du mystérieux et insaisissable meurtrier (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, En voy., 1882, p. 637) :
• 1. Au contraire, le petit Edgard aveuglait de gifles prestes et méchantes, puis se dérobait, alerte, insaisissable, si long que flottât hors de sa culotte, le pan d'une chemise poussiéreuse.
ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 125.
— P. hyperb. [En parlant d'une pers.] Qu'on ne peut trouver, qu'il est impossible de rencontrer. — Suzanne est insaisissable, surtout depuis qu'elle vit seule (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 157) :
• 2. Christophe avait tâché de le découvrir; mais il semblait que l'ami se fût dépité de ce que Christophe n'eût pas cherché plus tôt à le connaître, et il restait insaisissable.
ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1237.
2. Qui échappe à l'emprise des sens. Rumeur, son insaisissable; couleur, nuance insaisissable. Elle murmura d'une voix presque insaisissable (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hautot, 1889, p. 265). Une insaisissable vapeur d'iris et de violette (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 81) :
• 3. Dans ce logis flottait une odeur insaisissable et qu'il reconnaissait bien, qui était son odeur à elle, et cela mettait dans ses sens le trouble d'une possession vague, à la fois décevante et réelle.
MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 236.
3. Qui échappe à l'analyse de l'intelligence, qu'on ne peut comprendre. Tout cela fut rapide et insaisissable (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 255). Quelque chose de mystérieux, d'insaisissable (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 460) :
• 4. Et tu vois tous les vieux qui (...) fixent les yeux des enfants (...). Car il va passer dans ces yeux d'enfants quelque chose d'insaisissable qui n'a point de prix.
SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 775.
— [En parlant d'une pers.] Sur qui on ne peut avoir prise, inaccessible. Ce Goethe chatoyant et insaisissable (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 108). Elle pouvait être là, sous la lampe, penchée sur ses livres de classe, avec son visage pâle et têtu; Rose-Anna la savait pourtant lointaine et insaisissable, et l'évasion de cette enfant, obscurément, lui était plus irritante que toute autre (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 201).
— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Une prière ardemment élancée vers l'insaisissable (BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 71).
REM. Insaisi, -ie, adj. Qui n'a pas été saisi. V. barbaresque ex. 3. Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. La recherche intense de l'insaisi... (P. ADAM ds GONCOURT, Journal, 1893, p. 466).
Prononc. et Orth. : [] et [-]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1770 (PONS-ALLETZ, Dict. des richesses de la lang. fr. ds BRUNOT t. 6, p. 1326). Dér. de saisissable; préf. in-1. Fréq. abs. littér. : 538. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 328, b) 666; XXe s. : a) 1 010, b) 1 042.
DÉR. Insaisissabilité, subst. fém. a) Dr. Caractère d'un bien qui ne peut être saisi. Ces différentes lois visent l'insaisissabilité totale ou partielle du droit (Civilis. écr., 1939, p. 16-8). b) Caractère de ce qui, de celui qui ne peut être saisi. Je n'aurais pas eu cette petite taquinerie irritante et perpétuelle de votre insaisissabilité, tout irait à merveille (HUGO, Corresp., 1859, p. 309). Une rage décuplée par l'insaisissabilité du but (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 53). — [] ou [-]. Att. ds Ac. 1935. — 1re attest. 1828 (ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., Paris, Belin-Leprieur, t. 13, p. 312 : mandement sur l'insaisissabilité des gages des officiers de la maison du roi); de insaisissable, suff. -(i)té.
BBG. — QUEM. DDL t. 13.
insaisissable [ɛ̃sezisabl] adj.
ÉTYM. 1770; de 1. in-, et saisissable.
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1 Dr. civ. Qui ne peut faire l'objet d'une saisie. || Biens insaisissables : biens d'un débiteur qui, en vertu de la loi, sont préservés de la saisie, parce qu'ils sont des objets indispensables à sa vie, à son travail ou à l'existence de sa famille. || Bien de famille inaliénable et insaisissable (→ Homestead, cit.). — Dr. du travail. || La partie insaisissable du salaire.
2 (1833, E. Corbière, in D. D. L.). Personnes. Qu'on ne peut saisir, appréhender. || Fugitif, pillard, ennemi insaisissable (→ Glacer, cit. 31).
1 Cependant la cavalerie de Charlemagne s'usait dans ces déserts contre un insaisissable ennemi, qu'on ne savait où rencontrer.
Michelet, Hist. de France, II, II.
♦ (1867). Par exagér. Qu'on ne parvient jamais à rencontrer. || Homme d'affaires, médecin insaisissable (→ Formalité, cit. 10).
2 (…) il était insaisissable. On croyait l'avoir pipé, le tenir dans un bon filet, et il glissait entre les mailles. Il tirait sa révérence et chantait le chant du départ.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, XII.
♦ Fig. Qui échappe à toute influence, à toute emprise. || Dociles (cit. 6) en apparence, ils sont insaisissables, inaccessibles.
3 (Choses). ⇒ Aérien, fluide, fuyant, impalpable. || Horizon (cit. 1) insaisissable. || Poursuivre une image insaisissable.
4 a Qui ne peut être saisi, perçu, apprécié; qui échappe aux sens. || Percevoir les sons les plus insaisissables (→ Finesse, cit. 2). || Discerner (cit. 10) des nuances insaisissables. ⇒ Imperceptible, indiscernable, insensible.
b Qui échappe à l'analyse intellectuelle. || « Quelque chose de mystérieux, d'insaisissable » (Chateaubriand).
♦ N. m. || L'insaisissable. || Chercher à comprendre l'insaisissable.
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CONTR. Appréciable, perceptible, saisissable, sensible.
DÉR. Insaisissabilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.