inhiber [ inibe ] v. tr. <conjug. : 1>
• inhibir 1360; lat. inhibere « retenir, arrêter »
1 ♦ Dr. Vx ⇒ prohiber.
3 ♦ Freiner, arrêter (dans son activité, son impulsion, son développement); causer l'inhibition de. ⇒ 2. enrayer, paralyser; fam. bloquer, coincer. Je crains que « la force spirituelle de mon amour, inhibât tout désir charnel » (A. Gide). La présence de ses parents l'inhibe.
4 ♦ Techn. Réduire ou empêcher (une réaction). — Incorporer un inhibiteur à (une substance). « Le grain est contrôlé [...] avant d'être inhibé » (J.-F. Théry).
⊗ CONTR. Exciter, stimuler. Désinhiber.
● inhiber verbe transitif (latin inhibere, retenir) Mettre quelqu'un dans un état d'inhibition : Cette maladie inhibait chez lui toute volonté. Empêcher l'amorçage ou la propagation d'une réaction chimique. ● inhiber (difficultés) verbe transitif (latin inhibere, retenir) Orthographe Attention au h intérieur. De même dans inhibition. ● inhiber (synonymes) verbe transitif (latin inhibere, retenir) Mettre quelqu'un dans un état d' inhibition
Synonymes :
- enrayer
- freiner
- juguler
inhiber
v. tr.
d2./d CHIM Empêcher ou ralentir (l'activité chimique d'un corps, une réaction).
⇒INHIBER, verbe trans.
A. — DR., vieilli. Défendre, empêcher, prohiber. Nous avons inhibé et défendu (Ac. 1835, 1878). Il avait été (...) mal inhibé et défendu de ne bailler vivres, aides, ni secours (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 516).
B. — PHYSIOL., PSYCHOL. Produire une action d'inhibition en diminuant ou en arrêtant une fonction ou un mouvement naturels, ou en bloquant l'activité psychique d'un individu. Inhiber les centres bulbaires, la croissance, le transit. La force qui isole l'être sacré et qui tient les profanes à distance n'est pas, en réalité, dans cet être, elle vit dans la conscience des fidèles. Aussi, ceux-ci la sentent-ils au moment même où elle agit sur leur volonté pour inhiber certains mouvements ou en commander d'autres (DURKHEIM, Formes élém. vie relig., 1912, p. 522). Nous retrouvons, comme pour la thyroïde, des phénomènes d'autorégulation; c'est-à-dire qu'un excès d'hormones surrénales inhibe la sécrétion (QUILLET Méd. 1965, p. 495).
— P. ext. Freiner, arrêter un travail, une action, une impulsion, un élan. Ne pas laisser les innombrables et inévitables petitesses de la vie entamer mon calme, inhiber et annuler ma force créatrice (DU BOS, Journal, 1927, p. 374) :
• Il y a chez Barrès, une sorte de timidité foncière, qui l'empêche de donner essor à sa verve et à sa fantaisie naturelles. C'est dommage, car j'ai souvent observé que sa réflexion inhibait ou abîmait son premier mouvement.
L. DAUDET, Temps Judas, 1920, p. 151.
C. — TECHNOLOGIE
1. Dans les domaines de la chim., de la biol. Réduire ou arrêter une fonction, une action ou une réaction. Cet extrait inhibe l'action de l'adrénaline (GODLEWSKI ds Nouv. Traité Méd., fasc. 8, 1925, p. 303). La respiration des levures et de certaines bactéries est inhibée par l'oxyde de carbone à l'obscurité et reprend à la lumière (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 742).
2. Dans les domaines techn. ou industr. Incorporer un inhibiteur à une substance afin d'éliminer un élément indésirable ou afin d'empêcher une évolution de se faire. Le grain est (...) contrôlé avant d'être inhibé dans un atelier de finissage (J.-F. THÉRY, Carburants nouveaux, p. 94, Q.S. n° 933 ds ROB. Suppl. 1970).
REM. 1. Inhibage, subst. masc., technol. Incorporation d'un inhibiteur à une substance. (Ds ROB. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr.). 2. Inhibant, -ante, adj., hapax. Qui inhibe. La popularité du sacré, son rôle alternativement inhibant et stimulant (R. CAILLOIS, L'Homme et le sacré, p. 166 ds ROB. Suppl. 1970). 3. Inhibitif, -ive, adj., littér. Qui est de nature à ralentir ou à arrêter une fonction. (Ds ROB. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr.). Mécanismes inhibitifs (ARAGON, Blanche ou l'oubli, 1967, p. 322 ds ROB. Suppl. 1970). 4. Inhibitionniste, adj. et subst., hapax. (Personne) qui est timide, qui possède une certaine pudeur lorsqu'il s'agit d'extérioriser ses sentiments. Anton. exhibitionniste. On pourrait diviser les humains en inhibitionnistes ou en exhibitionnistes, d'après la façon dont ils peuvent extérioriser leurs sentiments : un acteur inhibitionniste n'est pas de plain-pied avec le personnage qu'il doit interpréter (Arts et litt., 1936, p. 64-12).
Prononc. et Orth. : [inibe], (il) inhibe [inib]. Att. ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. 1. 1391 « interdire » (SOUDET, Ord. de l'Echiq. de Norm., 77 d'apr. FEW t. 4, p. 692 b); 2. 1890 physiol. inhiber « provoquer l'inhibition d'un mouvement, d'une fonction » (Lar. 19e Suppl.); 1902 inhibé adj. « qui traduit de l'inhibition » (Nouv. Lar. ill.); 1946 psychol. subst. « personne victime d'inhibition » (MOUNIER, Traité caract., p. 626). Empr. au lat. médiév. inhibere « empêcher, interdire » (ca 1190 ds LATHAM), lat. class. « arrêter, retenir ». Cf. la forme inhibir « défendre » (1355, BERSUIRE, T.-Liv., ms. Ste-Gen., f° 390a ds GDF.). Fréq. abs. littér. : 24.
inhiber [inibe] v. tr.
ÉTYM. 1391; inhibir, 1360; lat. inhibere « retenir, arrêter », de in- (→ 2. In-), et habere « avoir, tenir ».
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1 Dr. Vx. Mettre opposition à. ⇒ Défendre, prohiber.
2 (1885, in Année sc. et industr. 1886, p. 473 : « les phénomènes chimiques de la nutrition peuvent être inhibés »). Physiol. Exercer une action d'inhibition sur.
1 Selon M. Brown-Séquard, l'inhibition a donc pour champ le système nerveux tout entier : une partie quelconque de ce système central ou périphérique étant soumise à une irritation, il est toujours possible que celle-ci exerce à distance une influence dynamique qui inhibe certaines autres parties centrales (…) tandis qu'elle en dynamogénise d'autres.
P. Larousse, 2e Suppl. (1890), art. Inhibition.
3 Freiner, arrêter, supprimer (dans son activité, son impulsion, son développement…). ⇒ Enrayer, paralyser; → Impulsivité, cit.
2 Ce que je crains qu'elle n'ait pu comprendre, c'est que précisément la force spirituelle de mon amour, inhibât tout désir charnel.
Gide, Et nunc manet in te, p. 27.
3 (…) elle se sentait l'œil fixe, le cerveau confus, le cœur battant, comme inhibée par un stupéfiant, ne pensant même pas à l'homme qu'elle aimait, pas plus qu'elle ne réfléchissait sur elle, privée du sentiment et de la conscience de sa vie.
Edmond Jaloux, les Visiteurs, III.
♦ Psychol. et cour. Produire une ou des inhibitions chez (qqn); rendre inhibé ou plus inhibé. ⇒ Complexer (fam.). || Il est trop indulgent avec ses enfants par peur de les inhiber.
4 Techn. Réduire à une valeur presque nulle la vitesse de (une réaction chimique). — Incorporer un inhibiteur à (une substance). || « Le grain est (…) contrôlé avant d'être inhibé dans un atelier de finissage » (J.-F. Théry, les Carburants nouveaux, p. 94).
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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CONTR. Exciter, stimuler.
DÉR. Inhibage, inhibant, inhibé, inhibiteur, inhibitif, inhibitoire.
Encyclopédie Universelle. 2012.