inné, ée [ i(n)ne ] adj.
• 1611; enné 1554; lat. innatus
♦ Que l'on a en naissant, dès la naissance (opposé à acquis). Don, goût inné. Qualité, disposition, inclination innée. ⇒ foncier, infus, naturel. Il a le sens inné des affaires. « Le goût de l'érudition est inné en moi » (Renan). ⇒ congénital (cf. De nature, dans le sang). « cet amour de la justice, inné dans tous les cœurs » (Rousseau). — Philos. Idées innées, inhérentes à l'esprit humain, antérieures à toute expérience.
⊗ CONTR. 2. Acquis.
● inné nom masculin Ce qui est inné : L'inné et l'acquis. ● inné, innée adjectif (latin innatus, né avec) Qui existait chez quelqu'un dès sa naissance, par opposition à ce qu'il a acquis : Un don inné. Qui appartient au caractère fondamental de quelqu'un : Avoir le sens inné des affaires. ● inné, innée (synonymes) adjectif (latin innatus, né avec) Qui existait chez quelqu'un dès sa naissance, par opposition à ce...
Synonymes :
- foncier
- infus
- naturel
- spontané
Contraires :
- acquis
- appris
inné,ée
adj. et n. m. Que l'on possède en naissant. Sentiment, disposition innés.
|| n. m. L'inné et l'acquis.
|| PHILO Idées innées, qui seraient en nous dès notre naissance et n'auraient pas été acquises par l'expérience.
⇒INNÉ, -ÉE, adj.
[En parlant d'un comportement ou d'une caractéristique le plus souvent psychique] Qui appartient à l'être dès sa naissance, sans avoir nécessairement un caractère héréditaire. Synon. naturel, instinctif, congénital, infus; anton. acquis. Puisqu'alors vous faites de la vertu un sentiment inné, et que cependant les enfants semblent n'en avoir aucune (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 263). L'esprit expérimental n'est pas inné ou naturel à l'homme (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 56). Mais, même aux Indes, cette habitude [des abeilles de vivre en essaim à l'air libre] qui semble innée, a des suites fâcheuses (MAETERL., Vie abeilles, 1901, p. 265).
SYNT. Amour, besoin, caractère, désir, don, génie, instinct, penchant, principe, réflexe, respect, sens inné; aptitude, bonté, connaissance, disposition, intelligence, noblesse, propriété, science, tendance, vertu innée.
Inné chez qqn. Elle a l'instinct et le génie de l'intrigue; c'est inné chez elle; c'est une vocation décidée (SCRIBE, Camaraderie, 1937, I, 3, 241). Ce mépris inné chez moi pour mon inachèvement foncier (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1912, p. 427).
Inné en (plus rarement dans) qqn. Ce goût d'indépendance inné en lui (MONTHERL., Songe, 1922, p. 150) :
• ... si l'art de la parole n'est pas inné dans l'homme, comme une expérience continuelle nous le fait voir, s'il ne peut être inventé par l'homme, comme on peut le prouver en considérant le rapport de notre pensée et de nos organes, l'art de la parole est nécessairement acquis, il est reçu, reçu d'un être qui est intelligent par lui-même, puisqu'il a par lui-même l'expression de la pensée.
BONALD, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 52.
Inné à qqn. La fonction fabulatrice, innée à l'individu (BERGSON, Deux sources, 1932, 209).
♦ Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Un examen plus rigoureux de tout ce que l'on a voulu classer dans l'héréditaire et dans l'inné nous engage à cette conclusion (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 55). Des problèmes (...) comme ceux du rôle respectif de l'inné et de l'acquis, de l'hérédité et du milieu, des facteurs biologiques et des facteurs sociaux dans la formation de l'être humain (Hist. sc., 1957, p. 1691).
— Spécialement
♦ PHILOS. [Princ. chez Descartes et chez Leibniz] Idées innées. ,,Ensemble de représentations plus ou moins confuses, voire de notions qui se trouveraient constituer le psychisme humain dès la naissance de l'individu`` (LEGRAND 1972). Il lui fallait [à Locke] avant tout écarter cet obstacle, réfuter la doctrine des idées innées (COUSIN, Hist. philos. mod., t. 3, 1847, p. 89). C'est à propos des idées innées que Descartes a rencontré le problème de la virtualité dans la pensée (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 369).
Au sing., rare. L'idée innée des cartésiens (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 847).
♦ LING. La théorie de la grammaire générative implique dans ses hypothèses que le langage repose sur une structure innée, activée par l'environnement, ce processus étant celui de l'acquisition du langage (Ling. 1972).
♦ MÉD. [En parlant d'une caractéristique surtout physiol.] Synon. plus usuel congénital. Un caractère inné n'est pas obligatoirement héréditaire; il a pu être acquis pendant le développement de l'embryon (cas de la syphilis maternelle transmise au fœtus) (Lar. méd. 1970).
Rem. L'adj. détermine, exceptionnellement, un subst. désignant un agent, au sens de « par don naturel, de naissance » (emploi impropre comme synon. de né). Anton, âgé de 20 ans, qui se révéla un commerçant inné (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1966, p. 398).
Prononc. et Orth. : [in(n)e]. La géminée est plus fréq. (15 locuteurs sur 17 ds MARTINET-WALTER 1973). Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1611 (GOTGR.). Empr. au lat. innatus « né dans; naturel; inné » (part. passé de innasci « naître dans »), employé surtout dans des textes philos. et par les aut. chrét.; inné a supplanté la forme pop. enné attestée au XVIe s., v. HUG. Fréq. abs. littér. : 516. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 260, b) 357; XXe s. : a) 572, b) 582.
inné, ée [inne; ine] adj.
ÉTYM. 1611; enné, 1554; du lat. philos. innatus, de natus « né », d'après né, p. p. de naître.
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1 Que l'on a en naissant, dès la naissance, par oppos. à acquis. || Don, goût inné. || Qualité, disposition, inclination innée. ⇒ Foncier, infus, naturel; → Appétence, cit. 1. || C'est inné chez lui. ⇒ Instinct; → C'est de nature, c'est dans le sang. — Littér. || Caractère inné en, dans qqn, inné à qqn. || « La fonction fabulatrice, innée à l'individu » (Bergson). || Sens, sentiment inné (→ Harmonie, cit. 9). || « Cet amour de la justice, inné dans tous les cœurs » (→ Équité, cit. 9, Rousseau). || Ce qu'il y a d'inné et d'acquis dans la psychologie de qqn.
1 (…) ses manières, au lieu d'être innées, avaient été laborieusement conquises (…)
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 128.
2 Le goût de l'érudition est inné en moi.
Renan, Souvenirs d'enfance…, IV, II.
3 Il y a des âmes de luxe qui ont le goût inné de la magnificence.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, p. 443.
♦ Maladie innée. ⇒ Congénital.
♦ N. m. (XXe). || L'inné : ce qui est inné. || L'inné et l'acquis.
2 (1647, Descartes). Didact. || Idées innées, inhérentes à l'esprit humain, antérieures à toute expérience. ⇒ Innéité (des idées). || Les idées innées niées par Locke (→ Art, cit. 25).
4 Les idées expérimentales ne sont point innées. Elles ne surgissent point spontanément, il leur faut une occasion ou un excitant extérieur, comme cela a lieu dans toutes les fonctions physiologiques.
Cl. Bernard, Introd. à l'étude de la médecine expérimentale, I, II.
♦ Qui est antérieur à tout fonctionnement et ne dépend que du code génétique. || Théorie des aptitudes innées chez l'homme. ⇒ Innéisme. || Structure innée. || Éléments innés du comportement. → Innéité, cit. 2.
♦ N. m. Spécialt. || L'inné : l'ensemble des aptitudes intellectuelles innées.
5 La distinction n'aurait de sens (et c'est là l'hypothèse qui est à son origine) que si l'on pouvait dissocier en l'homme ce qui relève des sociétés particulières dans lesquelles il vit et ce qui constitue la nature humaine universelle. Bien entendu de nombreux esprits demeurent attachés à une telle distinction avec une tendance à opposer l'inné à ce qui est acquis sous l'influence des milieux physiques ou sociaux, la « nature humaine » reposant ainsi sur l'ensemble des caractères héréditaires.
J. Piaget, Épistémologie des sciences de l'homme, p. 16.
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CONTR. Acquis.
Encyclopédie Universelle. 2012.