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intempérance

intempérance [ ɛ̃tɑ̃perɑ̃s ] n. f.
• 1361; lat. intemperentia
1vx abus, excès. Intempérance de jugement, d'imagination. « Intempérance de savoir » (La Bruyère).
Spécialt Liberté excessive dans l'expression. « À la Convention, l'intempérance de langage était de droit » (Hugo).
2(1553) Didact. Abus des plaisirs de la table ( gloutonnerie, ivrognerie), des plaisirs sexuels ( luxure).
⊗ CONTR. Mesure, tempérance. Chasteté, continence; frugalité, sobriété.

intempérance nom féminin (latin intemperantia, excès) Manque de sobriété dans le manger ou le boire ; abus des plaisirs sexuels. ● intempérance (citations) nom féminin (latin intemperantia, excès) Julien Green Paris 1900-Paris 1998 Académie française, 1971 Intempérance affreuse de la jeunesse qui n'a de chagrin qu'elle ne s'en soûle. Minuit Plonintempérance (expressions) nom féminin (latin intemperantia, excès) Intempérance de langage, liberté excessive de langage. ● intempérance (synonymes) nom féminin (latin intemperantia, excès) Manque de sobriété dans le manger ou le boire ; abus...
Synonymes :
- gloutonnerie
- goinfrerie
- gourmandise
- ivrognerie
Contraires :
- ascétisme
- sobriété
- tempérance
Intempérance de langage
Synonymes :
- licence
- outrance
Contraires :
- discrétion
- réserve

intempérance
n. f. Intempérance de langage: liberté excessive dans l'expression.

⇒INTEMPÉRANCE, subst. fém.
Manque de retenue, excès (d'une personne) dans sa manière de vivre, d'agir ou de penser. Les excès physiques ou moraux de nos passions et de notre intempérance, prouvent sensiblement ce besoin d'énergie intérieure et de mouvement corporel, ce principe actif qui est la vie même (SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 83).
En partic.
♦ Goût excessif pour les plaisirs de la vie.
Usuel. Abus des plaisirs de la table, goût immodéré pour la nourriture et le vin. Synon. gloutonnerie, ivrognerie, voracité. Béelzébuth (...) mourait victime de son intempérance. Une indigestion l'avait étouffé (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 498). Il faut avoir l'estomac de mes compatriotes pour supporter ces intempérances de boisson (ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p. 1026) :
1. Dès que la religion chrétienne, échappée aux persécutions qui ensanglantèrent son berceau, eut acquis quelque influence, ses ministres élevèrent la voix contre les excès de l'intempérance. Ils se récrièrent contre la longueur des repas (...). Voués par choix à un régime austère, ils placèrent la gourmandise parmi les péchés capitaux...
BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 270.
Abus des plaisirs charnels. Synon. débauche, dépravation, lubricité. La sincérité personnelle est une vertu plus rare que l'intempérance amoureuse (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 10).
♦ [Gén. suivi d'un compl. déterminatif] Manque de mesure dans un domaine particulier.
Domaine intellectuel, social ou moral. Intempérance d'esprit, d'imagination. Intempérance d'étude, de travail (Ac. 1798-1935). Moins on est capable d'agir, plus devient effrénée l'intempérance des désirs (BLONDEL, Action, 1893, p. 184). [L']intempérance de pensée qui est la cause de presque toutes les erreurs (ALAIN, Propos, 1923, p. 543).
Liberté excessive dans le langage; profusion de paroles ou d'écrits. Intempérance de langage. Une intempérance de style plat et d'idées lâches (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 292). Il n'est élixir, baume (...) panacée pour guérir chez la femme l'intempérance de la glotte (FRANCE, Com. femme muette, 1912, II, 4, p. 471) :
2. Lu hier soir un petit livre de D.H. Lawrence : Obscenity and pornography. Je ne sais s'il est traduit. Avec sa violence coutumière et son intempérance d'adjectifs, l'auteur se lance à fond de train dans une voie qui ne peut le mener qu'à l'absurde...
GREEN, Journal, 1950, p. 355.
Au plur. Actes dépourvus de modération. Vos désirs excessifs, vos intempérances, vos joies qui tuent, vos douleurs qui font trop vivre (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 39). La prétention scandaleuse d'un esprit qui (...) se précipite dans toutes les intempérances (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 113).
Loc. adv. Avec intempérance. Avec excès, d'une manière immodérée. La cloche marquait parfois du retard, à moins qu'elle ne carillonnât avec intempérance, comme échauffée aussi par quelque coup de vin (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 122). Il attaquait les communistes avec intempérance (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 260).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1370-72 « manque de tempérance, de modération » (ORESME, Eth., II, 11 ds DG); spéc. a) 1550 « fait de s'abandonner aux plaisirs de la chair » (Bible, Lyon, B. Arnoullet, Esdras, 4, 7c ds FEW t. 4, p. 739b); 1690 (BOSSUET, 4e Avertissement ds LITTRÉ); b) 1553 « fait de se livrer aux excès de table » (Bible, s.l., impr. J. Gérard, Eccl., 37d, ibid.); 1690 (FUR.); c) av. 1650 intemperance de langue (VAUGELAS d'apr. POMEY 1671); av. 1703 intemperance de plume (SAINT-ÉVREMOND ds Trév. 1704). Empr. au lat. intemperantia « défaut de modération, excès; licence, indiscipline » et « intempérie (de l'air) », sens empr. au XVIe. (1547 ds HUG.). Fréq. abs. littér. : 99.

intempérance [ɛ̃tɑ̃peʀɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1361; du lat. intemperentia; de intemperans, antis. → Intempérant.
1 Vieilli. Manque de tempérance, de modération. Abus, excès. || Génie qui se manifeste avec intempérance (→ Bicoque, cit. 4). || Intempérance de… || Intempérance de la langue, qui empêche de se taire (→ Babil, cit. 2). || Intempérance de jugement (→ 1. Garde, cit. 30), d'imagination (cit. 13). || Intempérance de lecture (Fléchier), de savoir (La Bruyère), de travail (Académie).Spécialt. Liberté excessive dans l'expression. || Intempérance de langage, de langue (Diderot), de plume (Saint-Évremond).
1 Toute intempérance est vicieuse, et surtout celle (l'excès du vin) qui nous ôte la plus noble de nos facultés.
Rousseau, Lettre à d'Alembert.
2 À la Convention, l'intempérance de langage était de droit. Les menaces volaient et se croisaient dans la discussion comme les flammèches dans l'incendie.
Hugo, Quatre-vingt-treize, II, III, I, X.
2 (1553). Mod. Abus des plaisirs de la table ( Gloutonnerie, gourmandise) ou des boissons, de l'alcool ( Ivrognerie). → Aliment, cit. 1; corrompre, cit. 3.
3 Il faut que le corps ait de la vigueur pour obéir à l'âme (…) Je sais que l'intempérance excite les passions; elle exténue aussi le corps à la longue; les macérations, les jeûnes, produisent souvent le même effet par une cause opposée.
Rousseau, Émile, I.
4 Miss Edith avait été touchée des remords d'Arthur Rance et de sa persistance à ne plus boire que de l'eau. Elle avait appris que les mauvaises habitudes d'intempérance de ce gentleman n'avaient été prises qu'à la suite d'un désespoir d'amour, et cette circonstance lui avait plu par-dessus tout.
G. Leroux, le Parfum de la dame en noir, p. 118.
(1551). Abus des plaisirs sexuels.REM. Le mot, comme débauche, est utilisé soit de manière indifférenciée, soit, selon les contextes, avec une valeur précise (→ cit. 4, ci-dessus).
CONTR. Mesure, modération, tempérance. — Chasteté, continence. — Frugalité, sobriété.

Encyclopédie Universelle. 2012.