corrompre [ kɔrɔ̃pr ] v. tr. <conjug. : 41>
• 1160; lat. corrumpere → rompre
I ♦ (v. 1260)
1 ♦ Vieilli Altérer en décomposant. La chaleur corrompt la viande. ⇒ avarier, décomposer, gâter, pourrir, putréfier. « Des marécages qui corrompaient l'air » (Raynal). ⇒ empoisonner, infecter, vicier.
2 ♦ Littér. Altérer, gâter, troubler (un sentiment heureux). « Rien ne corrompit la joie de Landry » (Sand).
♢ Altérer en éloignant d'un état premier, jugé meilleur. L'usage corrompt certains mots. « La multiplication des ouvrages médiocres corrompt le goût » (Condorcet). Pronom. « L'amour humain s'altère, se corrompt et meurt » (F. Mauriac).
II ♦ (Moral)
1 ♦ Altérer (ce qui est sain, honnête) dans l'âme. ⇒ avilir, dénaturer, dépraver, pervertir, souiller, tarer; corruption. Corrompre la jeunesse. ⇒ perdre, séduire. « Afin de le corrompre [le peuple], on le peint corrompu » (P.-L. Courier). — Absolt « Le plaisir de corrompre est un de ceux qu'on a le moins étudié » (A. Gide).
2 ♦ (1283) Engager (qqn) par des dons, des promesses ou par la persuasion à agir contre sa conscience, son devoir. ⇒ acheter, circonvenir, gagner, soudoyer, stipendier, suborner (cf. Graisser la patte). Corrompre un témoin en lui proposant de l'argent. « Ceux que l'on peut corrompre ne valent jamais d'être corrompus » (Mirabeau).
⊗ CONTR. Assainir, purifier; améliorer, corriger, perfectionner.
● corrompre verbe transitif (latin corrumpere, de rumpere, rompre) Littéraire Gâter une matière par décomposition, par putréfaction : La chaleur corrompt la viande. Altérer ce qui est considéré comme juste, correct : Corrompre la langue par des emprunts étrangers. Pervertir quelqu'un, un groupe, altérer ce qu'il y a de sain et d'honnête en eux : Une littérature accusée de corrompre la jeunesse. Séduire quelqu'un par des présents ou des promesses, l'amener à agir contre sa conscience ou les devoirs de sa charge ; soudoyer, suborner : Tenter de corrompre un fonctionnaire pour obtenir un marché. ● corrompre (difficultés) verbe transitif (latin corrumpere, de rumpere, rompre) Littéraire Conjugaison Comme rompre. ● corrompre (synonymes) verbe transitif (latin corrumpere, de rumpere, rompre) Littéraire Gâter une matière par décomposition, par putréfaction
Synonymes :
- abîmer
- avarier
- décomposer
- pourrir
- putréfier
Altérer ce qui est considéré comme juste, correct
Synonymes :
- altérer
- déformer
- gâter
- troubler
Contraires :
- assainir
- purifier
Pervertir quelqu'un, un groupe, altérer ce qu'il y a de...
Synonymes :
- avilir
- débaucher
- dégrader
- dépraver
- perdre
- vicier
Contraires :
Séduire quelqu'un par des présents ou des promesses, l'amener à...
Synonymes :
- acheter
- payer
- soudoyer
- suborner
corrompre
v. tr.
d1./d Gâter, altérer par décomposition. La chaleur corrompt la viande.
|| Fig. (Sens moral.) Diminuer, altérer. La crainte corrompt le plaisir.
d2./d Dépraver, pervertir. Corrompre les moeurs.
d3./d Détourner de son devoir par des dons, des promesses. Corrompre des témoins.
⇒CORROMPRE, verbe trans.
I.— [L'obj. désigne un corps, une substance matérielle]
A.— Changer l'état naturel de quelque chose en le rendant mauvais, généralement par décomposition. Corrompre l'atmosphère, la chair, l'eau; les exhalaisons des eaux stagnantes corrompent l'air. Synon. avarier, détériorer, gâter, polluer, souiller, vicier. La chaleur corrompt la viande (Lar. Lang. fr.) :
• 1. ... le visage de saint Jean, très gris, plombé, est d'une douleur profonde, délicate, qui semble avoir corrompu sa chair.
G. DE LA TOURETTE, Léonard de Vinci, 1932, p. 84.
— Emploi pronom. Un insecte, en se corrompant, peut engendrer une foule de petits insectes de même catégorie (ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 16).
B.— Emplois techn. Apporter une modification dans la substance ou la forme de certains matériaux.
1. SERR. ,,L'action de changer la forme et la nature du fer, en le refoulant ou en repliant ses parties les unes sur les autres et dans un sens contraire, pour lui ôter sa ductilité et le rendre plus cassant`` (JOSSIER 1881).
2. PEAUSS. et MÉTALL. Synon. de corroyer (d'apr. DUVAL 1959).
II.— Au fig.
A.— [Au plan de la vie psychique ou soc.; l'accent est mis sur l'altération, la désintégration] Altérer la valeur d'une structure concrète ou abstraite, la changer en mal.
1. [Le compl. désigne une œuvre, une structure, une valeur soc.] Corrompre l'autorité, la discipline, l'État, la foi, les institutions, la sculpture; la démagogie corrompt la démocratie; les idées nouvelles corrompent la république. Synon. (partiels) déformer, détruire. Les princes (...) excèdent leur pouvoir et corrompent la justice (A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 416) :
• 2. Il [Satan] empoisonne l'eau lustrale, il brûle dans la cire consacrée, respire dans l'haleine des vierges, déchire avec la haire et la discipline, corrompt toute voie.
BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 154.
— Emploi abs. La parole peut construire, comme elle peut créer, comme elle peut corrompre (VALÉRY, Eupalinos, 1923, p. 92).
2. [Le compl. désigne une réalité psychique, une valeur intellectuelle ou culturelle : idée, jugement, goût, sentiment] Affaiblir ou détruire la valeur (beauté, exactitude, justesse, originalité, pureté). Corrompre le bonheur, les désirs, l'esprit, le goût littéraire, le plaisir, la raison, la tendresse; le mépris corrompait ma générosité; le dandysme corrompt l'élégance. Synon. dégrader, dénaturer. La politique corrompt toujours la beauté (STENDHAL, Journal, t. 3, 1809-11, p. 92). L'envie amère lui tombait [à Du Roy] dans l'âme goutte à goutte, comme un fiel qui corrompait toutes ses joies (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p. 333) :
• 3. Il [Mallarmé] ne pouvait donc produire que fort peu; mais ce peu, à peine goûté, corrompait la saveur de toute autre poésie.
VALÉRY, Variété III, 1936, p. 15.
3. [L'obj. désigne une réalité, une valeur du domaine de l'expr. individuelle ou soc.] Corrompre une langue. La dénaturer, altérer sa pureté (par des usages considérés comme fautifs, par des emprunts). Corrompre un mot. Le déformer, phonétiquement ou graphiquement. Corrompre un manuscrit, un texte. Altérer, volontairement ou non, son authenticité, sa forme ou son sens, par faute de copie, interpolation, omission ou addition; mal établir, mal interpréter. Il lui eût confié les manuscrits et traités de Platon, s'il n'eût eu peur qu'il les corrompît et emberlificotât davantage (L. DAUDET, Sylla, 1922, p. 233).
— Emploi pronom. La langue se corrompt; son style se corrompt peu à peu.
B.— [L'accent est mis sur le jugement moral qu'appelle l'altération] Dénaturer, dégrader en détruisant ce qui est intègre, sain, honnête et constitue une valeur morale.
1. [Le compl. est un nom de pers. individuel ou collectif] Corrompre les foules, la jeunesse, les journaux, le peuple, la presse; le pouvoir corrompt presque toujours ceux qui l'exercent; la prospérité corrompt les hommes. Synon. débaucher, démoraliser, dépraver, pervertir. Il [Triboulet] déprave le roi, il le corrompt, il l'abrutit (HUGO, Roi s'am., 1832, p. 340).
— [Avec une valeur atténuée] Influencer en mal :
• 4. Pour lui plaire, comme si elle [Emma] vivait encore il adopta ses prédilections, ses idées (...). Il mettait du cosmétique à ses moustaches, il souscrivait comme elle des billets à ordre. Elle le corrompait par delà le tombeau.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 2, 1857, p. 201.
— Emploi pronom. La presse se corrompt.
— En partic.
a) Rare. Inciter (quelqu'un) à un comportement sexuel que condamne la société. Corrompre une femme. Synon. débaucher, séduire. Elle corrompait tous les petits garçons (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 127).
Rem. Cet emploi est signalé comme ,,vx`` par Lar. Lang. fr.
b) Usuel. Pousser (quelqu'un) à agir contre son devoir, sa conscience, par des dons, des promesses, la persuasion (cf. corruption II B 1). Corrompre un député, un fonctionnaire, une personne de confiance. Synon. acheter, soudoyer, stipendier. Les pauvres qui ne demandent pas mieux que de corrompre cette autorité subalterne [le garde champêtre], la sentinelle avancée de la propriété (BALZAC, Paysans, 1844-50, p. 153) :
• 5. Ils [Emma et son amant] avisèrent (...) à organiser leurs rendez-vous; Emma voulait corrompre sa servante par un cadeau; mais il eût mieux valu découvrir à Yonville quelque maison discrète.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 2, 1857, p. 4.
2. [Le compl. désigne une entité abstr. de nature individuelle ou soc.] Corrompre le cœur, les mœurs, la morale, la conscience, l'opinion publique, les sentiments humains; l'argent corrompt les âmes. Synon. avilir, dégrader, dénaturer, pervertir, souiller, vicier. [Ce fut plus] en déréglant les esprits qu'en dégradant les cœurs, ou même en corrompant les mœurs... (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. Révol., 1856, p. 251) :
• 6. Rousseau a commis un attentat bien plus grave que le simple renversement du tribunal de la conscience qui condamnait tous les crimes... Jean-Jacques n'a pas détruit la conscience, il l'a corrompue.
MAURIAC, Mes grands hommes, 1949, p. 67.
— Emploi pronom. La morale se corrompt; les mœurs se corrompent.
3. Emploi abs. Corrompant sans plaisir, amoureux de lui-même (MUSSET, Namouna, 1832, p. 423). Le plaisir de corrompre est un de ceux qu'on a le moins étudié; il en va de même de tout ce qu'on prend d'abord soin de flétrir (GIDE, Journal, 1917, p. 625).
Rem. 1. Corrompre, presque toujours empl. avec un sens négatif, peut parfois être utilisé avec un sens neutre ou positif. a) Pop. et vx. Corrompre l'eau. La mélanger avec du vin, du vinaigre, du sucre, etc. afin de corriger, de rectifier son goût. Attesté ds LITTRÉ, Lar. 19e-20e. b) Littér. (avec un renversement de valeur : la corruption est, en réalité, un bienfait). L'encens corrompait divinement l'air (ARNOUX, Écoute, 1923, p. 168). Il faut laisser le travail intérieur corrompre heureusement les textes (ID., Visite Mathus., 1961, p. 13). 2. La docum. atteste le subst. fém. corromperie, région. Synon. saloperie. La mère Tuvache (...) [répétait] qu'il fallait être dénaturé pour vendre son enfant, que c'était une horreur, une saleté, une corromperie (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Aux champs, 1882, p. 79). 3. Selon LITTRÉ, corrompable ,,pourrait être employé à côté de corruptible, qui se dit moins communément de la corruption matérielle``.
Prononc. et Orth. :[], (je) corromps []. [] simple ds la majorité des dict. [RR] double donnée comme var. ds WARN. 1968. Pour FÉR. Crit. t. 1 1787 et GATTEL 1841, r est forte. Ds Ac. depuis 1694. Conjug. : cf. rompre. Étymol. et Hist. 1. 1160-74 « séduire, violer (une femme) » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 4257); réputé ,,vx`` ds Nouv. Lar. ill.; 2. a) 1165-70 « altérer un texte » (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 21); b) 1216 intrans. « s'altérer par décomposition » (ANGER, Trad. Vie St Grégoire, 747 ds T.-L.); 3. a) 1172-74 « pervertir, altérer (moralement) » (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2768 : ... li pullent sels qui l'esperit corrunt); b) 1283 « engager quelqu'un par des dons, des promesses, à agir contre sa conscience, son devoir » (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1246). Empr. au lat. class. corrumpere (< rumpere « rompre, briser » et cum intensif) « détruire, anéantir, altérer (physiquement ou moralement) ». Fréq. abs. littér. :470 (corrompant : 189). Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 260, b) 516; XXe s. : a) 339, b) 442.
corrompre [kɔʀɔ̃pʀ] v. tr. [CONJUG. rompre.]
ÉTYM. 1160; lat. class. corrumpere « détruire, anéantir, altérer », de cum-, préf. à valeur intensive, et rumpere (→ Rompre).
❖
♦ Littéraire ou style soutenu. — REM. Tous les emplois sont marqués, alors que certains emplois de corruption sont très vivants; le sens I a plus vieilli que le sens II (moral).
———
1 Vieilli. Altérer (une substance) en décomposant, en désorganisant. ⇒ Corruption. || La chaleur corrompt la viande. ⇒ Altérer, avarier, décomposer, gâter, pourrir, putréfier. || Des miasmes délétères ont corrompu cette eau. ⇒ Empester, empoisonner, infecter, souiller, vicier. || L'infection corrompt les chairs. ⇒ Attaquer, désorganiser, gangrener.
1 (La terre que nous habitons) était couverte de forêts et de marécages qui corrompaient l'air (…)
G. T. Raynal, Hist. philosophique…, IV, 4.
♦ Vx. || La douleur corrompt ses traits. ⇒ Défigurer, déformer.
2 (…) ces prodigieux efforts de mémoire (…) qui corrompent le geste et défigurent le visage (…)
La Bruyère, les Caractères, XV, 29.
♦ Vx. || Corrompre le sang (de qqn).
3 (…) aucune intempérance n'avait corrompu leur sang (de Paul et Virginie) (…)
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 59.
2 Fig. et littér. Altérer, gâter, troubler (un sentiment heureux). ⇒ Affaiblir, altérer, gâter, détruire, troubler. || L'inquiétude corrompt son plaisir, son bonheur.
4 (…) fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre !
La Fontaine, Fables, I, 9.
5 L'effroi qui me saisit, corrompant mon espoir (…)
Voltaire, le Triumvirat, IV, 6.
6 Rien ne corrompit la joie de Landry et de toute la famille (…)
G. Sand, la Petite Fadette, XL, p. 252.
3 Altérer en éloignant d'un état premier, jugé meilleur. ⇒ Abâtardir, altérer, déformer. || L'usage corrompt certains mots. || La fréquentation des mauvais auteurs corrompt le goût littéraire. || Ses facultés critiques sont corrompues par la passion.
7 (…) l'on feint quelquefois de ne se pas souvenir de certains noms que l'on croit obscurs, et (…) l'on affecte de les corrompre en les prononçant.
La Bruyère, les Caractères, V, 70.
8 Dès le premier jour que j'eus le malheur de te voir, je sentis le poison qui corrompt mes sens et ma raison (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, Lettre IV, p. 10.
9 (…) la multiplication des ouvrages médiocres corrompt le goût au lieu de le former (…)
Condorcet, Haller.
♦ (V. 1165). Vieilli. || Corrompre un texte, le déformer, l'interpréter à tort. ⇒ Trahir. || Le copiste, le commentateur a corrompu ce passage.
10 (…) il a omis ces paroles par un dessein outrageux, pour corrompre la pensée de ce père (…)
Pascal, les Provinciales, Réfutation de la réponse à la 12e lettre.
———
II (Sur le plan moral).
1 (V. 1173). Altérer ce qui est sain, honnête, dans l'âme. ⇒ Corruption; abâtardir, avilir, dénaturer, dépraver, pervertir, souiller, tarer. || Corrompre le cœur, les sentiments naturels. || Corrompre la jeunesse. ⇒ Perdre, séduire. || Les passions, les vices corrompent l'homme.
11 Ne vous laissez pas séduire : « les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. »
Bible (Crampon), 1re Épître aux Corinthiens, XV, 33.
12 (…) très souvent les biens corrompent l'homme (…)
Molière, Tartuffe, V, 5.
13 Tous les vices de notre âge corrompaient notre innocence, et enlaidissaient nos jeux.
Rousseau, les Confessions, I.
14 (…) les passions les plus dangereuses, les plus promptes à fermenter, et les plus propres à corrompre l'âme, même avant que le corps soit formé.
Rousseau, Émile, II.
14.1 Autre apprentissage; si dans la première école, à quelques écarts près, Juliette a servi la Nature, elle en oublie les loix dans la seconde; elle y corrompt entièrement ses mœurs; le triomphe qu'elle voit obtenir au vice dégrade totalement son amour.
Sade, Justine…, t. I, p. 14.
15 Afin de le corrompre (le peuple), on le peint corrompu.
P.-L. Courier, Œ., p. 165.
♦ Absolument :
16 Le plaisir de corrompre est un de ceux qu'on a le moins étudié; il en va de même de tout ce qu'on prend d'abord soin de flétrir.
Gide, Journal, mai 1917.
2 (1283). Engager (qqn) par des dons, des promesses, ou par la persuasion, à agir contre sa conscience, contre son devoir. ⇒ Acheter, circonvenir, gagner, soudoyer, stipendier, suborner. Cf. Graisser la patte à (fam.). || Corrompre un juge, un témoin. || Corrompre quelqu'un en le payant.
17 Il avait corrompu par argent la garnison.
Fénelon, Télémaque, 20.
18 Le magistrat n'est juge que du droit rigoureux : mais le peuple est le véritable juge des mœurs, juge intègre et même éclairé sur ce point, qu'on abuse quelquefois, mais qu'on ne corrompt jamais.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, Notes.
19 Ceux que l'on peut corrompre ne valent jamais d'être corrompus (…)
Mirabeau, cité par Louis Barthou, Mirabeau, p. 132.
——————
se corrompre v. pron.
1 Vieilli. S'altérer en se décomposant. || La viande se corrompt. ⇒ Pourrir, putréfier (se). || Liquide qui se corrompt. ⇒ Croupir, éventer (s'), tourner.
2 Fig. et vx. S'altérer, se gâter. || Le plaisir se corrompt facilement. || Les monarchies se corrompent. → Perdre, cit. 59, Montesquieu.
3 Littér. S'altérer en s'éloignant d'un état jugé meilleur.
20 (Il craint) Qu'en faveur d'un rival ta foi ne se corrompe (…)
Molière, le Dépit amoureux, I, 1.
21 (…) pour sentir les grands biens, il faut qu'il (l'homme) connaisse les petits maux; telle est sa nature. Si le physique va trop bien, le moral se corrompt.
Rousseau, Émile, II.
22 S'amollir ou se distraire, pour lui (Proudhon) c'était se corrompre.
Sainte-Beuve, P.-J. Proudhon, p. 102.
23 (…) l'amour humain s'altère, se corrompt et meurt dès que les amants prétendent renoncer au martyre d'être séparés.
F. Mauriac, Souffrances et Bonheur du chrétien, p. 126.
——————
corrompu, ue p. p. adj.
1 Vx. Altéré, en décomposition. || Viande corrompue. ⇒ Pourri. || Gibier corrompu. ⇒ Avancé. || Air corrompu. ⇒ Pestilent, pestilentiel. || Lait corrompu. ⇒ Aigri, tourné.
24 (…) il y a beaucoup d'impureté dans son corps, quantité d'humeurs corrompues.
Molière, l'Amour médecin, II, 2.
♦ (Moral). Plus cour. || Une jeunesse corrompue. ⇒ Dépravé, dissolu, pervers, roué, vicieux. || Conscience corrompue. || La nature humaine est corrompue. ⇒ Bas, mauvais, vil. || Société corrompue, civilisation corrompue. ⇒ Décadent.
25 (…) la nature des hommes est corrompue et déchue de Dieu (…)
Pascal, Pensées, VII, 441.
26 Il y a sans doute des lois naturelles; mais cette belle raison corrompue a tout corrompu (…)
Pascal, Pensées, V, 294.
27 Un esprit corrompu ne fut jamais sublime.
Voltaire, Épîtres, XCV, à Mlle Clairon.
28 (…) modifications toujours en rapport inverse de la dépravation des mœurs et se faisant pures et sentimentales d'autant plus que la société était corrompue et impudente.
G. Sand, François le Champi, Avant-propos, p. 14.
29 Nous avons, il est vrai, nations corrompues,
Aux peuples anciens des beautés inconnues :
Des visages rongés par les chancres du cœur (…)
Baudelaire, Spleen et Idéal, V.
30 Il y a des vierges qui sont toujours corrompues; il y a des prostituées qui ont une innocence d'enfant.
Edmond Jaloux, Le reste est silence, p. 183.
3 Qu'on a corrompu, qu'on peut corrompre (par des dons, des promesses, etc.). → Corrompre, II., 2. || Juge corrompu. ⇒ Vénal, vendu.
❖
Encyclopédie Universelle. 2012.