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jeton

jeton [ ʒ(ə)tɔ̃ ] n. m.
• 1317; de jeter, au sens anc. de « calculer »
1Pièce plate et ordinairement ronde, autrefois utilisée pour calculer, représentant, de nos jours, une certaine valeur ou un numéro d'ordre. Jeton d'ivoire, de métal. Jetons servant à marquer les points au jeu. 1. marque. Jetons et plaques servant de mise à la roulette. Jeton de téléphone. Jetons numérotés, utilisés dans les banques, etc. ( numéro) . Jeton de contrôle ( 1. marron) . Spécialt (1685) JETON DE PRÉSENCE, ou absolt jeton : pièce remise à chacun des membres présents d'un conseil, d'une assemblée, symbolisant des honoraires ou un remboursement de frais. Par ext. Ces honoraires. Jetons de présence attribués aux membres d'un conseil d'administration de société anonyme.
2 Fam. Faux comme un jeton (les jetons imitant parfois les pièces de monnaie) :dissimulé, hypocrite. Elle est fausse comme un jeton. Par ext. UN FAUX JETON [ foʒtɔ̃ ] :un hypocrite (cf. Faux cul, faux derche). Une bande de faux jetons. Adjt Elle est drôlement faux jeton.
Fam. Un vieux jeton : un vieillard rétrograde.
3(1884) Pop. Coup. gnon. Il lui a flanqué un jeton. La voiture est pleine de jetons.
Par ext. (1916 ) Avoir les jetons : avoir peur. ⇒ chocottes, frousse, trouille. Donner les jetons à qqn, faire peur. Ça m'a foutu les jetons.

jeton nom masculin (de jeter 1) Petite pièce de métal, d'ivoire, de nacre, utilisée autrefois pour calculer, ou donnée en cadeau (jetons d'or ou d'argent à frappe décorative), et dont on se sert aujourd'hui pour marquer et payer au jeu. Petite pièce de métal en forme de pièce de monnaie, servant à faire fonctionner certains appareils. Populaire. Coup de poing : Recevoir un jeton. Familier. Marque, trace d'un coup : Carrosserie parsemée de jetons.jeton (expressions) nom masculin (de jeter 1) Populaire. Avoir les jetons, avoir peur. Faux comme un jeton, très hypocrite (le jeton imitant souvent la monnaie). Familier. Faux jeton, hypocrite, fourbe. Populaire. Fiche les jetons, faire peur. Jeton de présence, somme perçue par les membres d'un conseil d'administration d'une société anonyme en rémunération de leur activité d'administrateur. Populaire. Vieux jeton, vieillard. ● jeton (homonymes) nom masculin (de jeter 1) jetons forme conjuguée du verbe jeterjeton (synonymes) nom masculin (de jeter 1) Petite pièce de métal, d'ivoire, de nacre, utilisée autrefois pour...
Synonymes :

jeton
n. m. Pièce plate symbolisant une valeur quelconque (points au jeu, rang dans une série, etc.) ou servant à faire fonctionner une machine automatique. Jeton de téléphone.
|| (Afr. subsah.) Fam. Pièce de monnaie.
|| Loc. Jeton de présence: indemnisation qui rémunère la présence effective des administrateurs d'une société aux séances du conseil d'administration.
|| Fig., Fam. Un faux jeton: une personne fourbe, hypocrite.

⇒JETON, subst. masc.
A. — 1. Pièce plate (de métal ou d'une autre matière), le plus souvent ronde, utilisée autrefois pour compter. Le mineur (...) peut à chaque instant se rendre compte, à l'aide du jeton (...) du gain qu'il a réalisé, sans attendre le jour de paye où il rend ses jetons en échange du numéraire (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 379).
a) En partic. Jeton (de présence)
Pièce de métal que l'on remettait lors d'une séance, d'une assemblée, aux personnes présentes, et qui leur permettait de toucher une indemnité. Je suis de deux commissions de l'Académie, je ne manque pas une séance, je figure à tous les enterrements, et même, l'été, je n'accepte aucune invitation de campagne pour ne pas perdre un seul jeton (A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 41).
P. méton. ,,Somme fixe allouée annuellement aux administrateurs de sociétés anonymes et de certaines compagnies, en rémunération de leurs fonctions`` (Jur. 1971). Les jetons de présence (...) lui permettaient [au baron] de vivre à l'aise (CARCO, Montmartre, 1938, p. 234) :
1. Pourquoi ne poursuivait-on pas aussi les administrateurs (...) qui, outre leurs cinquante mille francs de jetons de présence, touchaient le dix pour cent sur les bénéfices, et qui avaient trempé dans tous les tripotages?
ZOLA, Argent, 1891, p. 411.
b) Expressions
Faux comme un jeton. [P. all. à certains jetons ayant l'apparence des pièces de monnaie] Sans valeur, fallacieux, hypocrite. Peu après notre bon jeune homme plante là sa muse, et je n'ai pas le courage de l'en blâmer. Il écrit alors, lui qui n'a rien vu, quelque roman brutal et répugnant, d'ailleurs faux comme un jeton, qui a parfois deux éditions (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 115).
Fam. Faux jeton. Personne hypocrite et fourbe. Hilaire pardi! Un faux jeton! Un traître! Il ne songe qu'à me détruire! (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 170).
Emploi adj. Il était un peu faux jeton sur les bords, votre jules (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 233).
Pop. et péj. Vieux jeton. Vieillard méchant et rétrograde. Je lui aurais dit que les chemises et les chaussettes de mes types n'arrivaient pas à ce total-là, et que je ne voulais pas leur faire grâce d'une demi-livre... (...) y a que comme ça que tu le possèdes, le vieux jeton! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 93). Le général de Montanterre a bu « à la gloire et à la femme... » vieux jeton! Sa voix criarde sonnait de plus en plus faux dans le silence (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 959).
2. Pièce analogue utilisée pour faire fonctionner certains appareils publics, ou pour indiquer un ordre dans une file d'attente ou encore pour marquer et payer au jeu. Jeton de téléphone, de distributeur automatique. Des voyous, debout près du mur, s'essayaient à lancer les billes des appareils à jetons (CARCO, Jésus-la-Caille, 1914, p. 12) :
2. Allons, capitaine, nous vous attendons! Escartefigue se décide soudain. Il prend une carte, lève le bras pour la jeter sur le tapis, (...) (à César). Ils ont trente-deux et nous, combien nous avons? César jette un coup d'œil sur les jetons [it. ds le texte] en os qui sont près de lui, sur le tapis. CÉSAR : Trente.
PAGNOL, Marius, 1931, III, 1er tabl., 1, p. 154.
3. Vieilli et fam. Pièce de monnaie. Là, ils jouèrent à l'appareil à sous, et gagnèrent. Pour six sous, ils eurent leurs deux cafés, leurs croissants, et même Edmond remit un jeton de deux sous dans sa poche (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 363) :
3. J'achète un mark (qui vaut trois jetons de cinquante centimes); il en circule encore quelques-uns dans le pays — mais les indigènes ne les apprécient guère, car ils ne peuvent servir pour le paiement de l'impôt.
GIDE, Retour, Tchad, 1928, p. 873.
B. — Populaire
1. Coup (de poing), gifle. Loulou le boxeur avait tellement morflé de jetons sur le ring que sa vieille avait le trac qu'il devienne aveugle (LE BRETON Argot 1975).
2. Loc. verb.
Avoir les jetons. Avoir peur :
4. Il regarda ses ongles et ajouta d'un air détaché — Ce qu'il y a de marrant c'est que j'ai eu les jetons tout de même.
Ivich eut un haut-le-corps :
— Mais à cause de quoi?
— Je ne sais pas. Du bruit peut-être.
SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 62.
Coller, flanquer, foutre les jetons à qqn. Faire peur à. — Mais tu ne t'es pas aperçu qu'on te suivait pour découvrir mon adresse... — Merde, tu me fous les jetons... (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 218).
C. — Argot
1. ,,Type, typesse`` (ESN. 1966).
2. Loc. verb. Prendre, se payer, se taper un jeton (de mate). ,,Être le spectateur, fortuit ou non, d'une scène érotique`` (ESN. 1966). Remarquant notre attention [aux gémissements de la chambre voisine], le gros [le patron de la maison] a proposé : — Vous voulez prendre le jeton, peut-être? Celui-là, c'est un beau! (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 167).
Prononc. et Orth. : [()]. Ac. 1694 et 1718 : jetton; dep. 1740 : jeton. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1221-50 « branche, lignée » (De Renart et de Piaudaue, 49, éd. P. Chabaille, Suppl. Renart, éd. Méon, p. 41); b) fin XIIIe s. gaiton « pousse d'un arbre » (Renart, var. ms. Cangé, éd. M. Roques, X, 10182); 2. XIIIe s. « nouvel essaim » (cf. R. Lang. rom. t. 37, p. 434) cf. aussi en 1328 (Compte de Odart de Laigny, Arch. KK 3a f° 56 v° ds GDF.); 3. 1905 « type, individu » (Arg. des souteneurs d'apr. ESN.). B. 1. 1394 « pièce de métal ou d'ivoire dont on se servait pour calculer » (A.N. JJ 146 pièce 185 ds GDF. Compl.); 2. a) 1685 « pièce qu'on donne à un membre d'une société (l'Académie Française) pour attester sa présence à une séance » (FURETIÈRE, Factum contre quelques uns de l'Académie, II, 248 ds LITTRÉ); b) 1846 « gratification accordée au membre d'une société (l'Académie) pour rétribuer sa participation à une séance ou assemblée » (BESCH.); 3. 1690 « pièce de métal ou d'ivoire servant à marquer au jeu » (FUR.); 4. 1808 par allusion à la valeur fictive des jetons et à leur utilisation comme fausses pièces de monnaie (HAUTEL t. 2 : Faux comme un jeton. Se dit d'un fourbe, d'un hypocrite, d'un imposteur). C. 1884 « coup » (d'apr. CHAUTARD, p. 186). D. 1916 avoir les jetons (2e Inf., Col. ds ESN.) peut-être d'apr. jeter « faire, jaillir, sortir de soi » cf. faire dans ses frocs « avoir peur » (froc B) ou par association d'idée avec le précédent. E. [1880 d'apr. CELLARD-REY 1980] début XXe s. (CARABELLI : avoir un jeton — de voyeur —); 1928 (LACASSAGNE, DEVAUX, Arg. « milieu », p. 116 : Donner un coup de jeton, donner un coup d'œil — Avoir du jeton faire « le voyeur »), peut-être d'apr. le sens de « représentation, valeur fictive de quelque chose » de jeton ou d'apr. jeter un coup d'œil avec allusion à un jeton donnant accès à un spectacle payant. Dér. de jeter; suff. -on1. Fréq. abs. littér. : 113. Bbg. CHAUTARD (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 186, 652. - DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 13. - QUEM. DDL t. 11.

jeton [ʒ(ə)tɔ̃] n. m.
ÉTYM. Av. 1250; de jeter, au sens anc. « calculer ».
1 (1317). Anciennt. Pièce plate et ordinairement ronde, dont on se servait pour calculer, et dont on se sert encore pour représenter une certaine valeur, une certaine somme, un numéro d'ordre, etc. || Jeton d'os, d'ivoire, de galalithe, de métal.
1 Un homme stupide ayant lui-même calculé avec des jetons une certaine somme (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De la stupidité.
2 Tout était en or de vieille date (…) monnaies française, espagnole et allemande, quelques guinées anglaises, et quelques jetons dont nous n'avions jamais vu aucun modèle.
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, « Le scarabée d'or ».
(1690, Furetière). Mod. || Jetons servant à marquer les points, au jeu. Marque. || Jetons et plaques servant de mise à la roulette.Restaurant où l'on paye avec des jetons achetés à la caisse (→ Bouillon, cit. 12). || Jeton de téléphone, de distributeur automatique.Jetons numérotés utilisés dans les banques, etc. ( Numéro). || Jeton de contrôle ( Marron).Les jetons du métro, à New York.
3 Edmond jouait à une table. Il avait les poches pleines de jetons et de plaques. Il faisait un petit banco, qu'il rafla. Il gagnait dix mille francs.
Aragon, les Beaux Quartiers, III, V.
Pop. (et argotique). Prendre un jeton, un jeton de mate (de mater « regarder ») : observer subrepticement des ébats érotiques, une nudité, etc. || Se payer un jeton (→ Se rincer l'œil).
3.1 Si nous montions de temps en temps nous payer un jeton dans la chambre au miroir, cela était rare, un divertissement de métier, rien de plus.
Martin Rolland, la Rouquine, p. 99.
Loc. (1685). Jeton de présence, ou (absolt) jeton : pièce remise à chacun des membres présents d'un conseil, d'une assemblée, pour représenter une somme conventionnelle correspondant à leurs honoraires ou au remboursement de frais. Par ext. Ces honoraires eux-mêmes ( Salaire). || Jetons de présence attribués aux membres d'un conseil d'administration de société anonyme, aux membres d'une académie, d'un chapitre ( Méreau). || Académicien assidu pour toucher les jetons. Jetonnier (vx).Par analogie :
3.2 Chacun d'eux décroche en entrant, d'une immense table noire, un jeton de métal qui porte son numéro. Sans doute, l'ouvrier doit-il, en arrivant dans l'atelier, le remettre au chef d'atelier (…) puis il le lui reprendra en sortant le soir et le jettera ici, dans cette caisse qui a la forme d'une énorme boîte aux lettres et dans laquelle, en effet, une équipe sortante précipite à l'instant même ses jetons… Le lendemain, chacun retrouve son jeton à la même place que la veille, et ainsi nul ne saurait échapper au contrôle.
G. Leroux, Rouletabille chez Krupp, p. 90.
2 (1808, Hautel). Fam. Faux comme un jeton (les jetons imitant parfois les pièces de monnaie), se dit d'une personne de caractère dissimulé, faux et hypocrite. || Elle est fausse comme un jeton. — ☑ (1910, Esnault). C'est un faux jeton, un hypocrite, un mouchard. || Ah, le salaud, le faux jeton !Syn. : faux cul, faux derche. Adj. || Il, elle est un peu, drôlement faux jeton.
4 Est-ce qu'ils n'avaient pas convenu de toute cette mise en scène quand ils étaient restés seuls en face l'un de l'autre, avec ce faux jeton de docteur Schmitt ?
Sartre, le Sursis, p. 47.
4.1 — Faut pas pleurer, lui dit Gabriel. Il était un peu faux jeton sur les bords votre jules.
R. Queneau, Zazie dans le métro, p. 174.
(Déb. XXe). Fam. Vieux jeton : vieillard rétrograde.
4.2 Ils sont forts quand même, allez, les vieux jetons, ils tiennent le coup !
Bernanos, Un mauvais rêve, in Œ. roman., Pl., p. 888.
Vx. || Un jeton : un faux jeton.
4.3 — Allons, dit Valentine en promenant sur ses compagnes un regard hautain, j'ai bien fait de ne pas croire à vos protestations menteuses ! Vous êtes des jetons, je vous méprise !
Louise Michel, la Misère, t. I, p. 239.
3 a (1884). Fig., pop. Coup de poing. || Il lui a flanqué un de ces jetons !
4.4 Aux Mésanges, Irène, beurrée de pommade résolutive aux impacts bleuissants des jetons refilés par Mina, repose dans son paddock (lit) monumental, les doigts de pied en éventail.
Albert Simonin, Hotu soit qui mal y pense, p. 53.
b Coup, heurt. || Ma voiture a pris un sacré jeton.
4 (1916, Esnault). Par ext. Avoir les jetons : avoir peur. — ☑ (Mil. XXe). Donner, filer, foutre les jetons à qqn, lui faire peur.
5 Ce que j'aurai peur ! se dit-il. Ah ! là ! là ! ce que j'aurai les jetons.
Sartre, le Sursis, p. 265.
5 Techn. Petite règle servant à vérifier la régularité des caractères d'imprimerie.
DÉR. Jetonnier.

Encyclopédie Universelle. 2012.