lanterne [ lɑ̃tɛrn ] n. f.
• 1080; lat. lanterna
I ♦
1 ♦ Boîte à parois ajourées, translucides ou transparentes, où l'on abrite une source de lumière. ⇒ 1. falot, fanal. Tenir une lanterne à la main. Le vestibule « s'éclaire d'une volumineuse lanterne de fer forgé » ( Romains). Lanterne sourde, dont on peut cacher la lumière à volonté. Lanternes chinoises : lanternes décoratives ornées de dessins ou peintures. Lanternes vénitiennes : lanternes en papier de couleur, souvent plissées en accordéon, servant aux illuminations. ⇒ lampion.
♢ Loc. Prendre des vessies pour des lanternes : commettre une grossière méprise. Il veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes, nous faire croire des choses absurdes.
♢ Lanterne rouge, placée à l'arrière du dernier véhicule d'un convoi. Loc. fam. Être la lanterne rouge, le dernier d'une file, d'un classement. — Anciennt La lanterne rouge des maisons closes.
♢ Par ext. Les lanternes d'une automobile : feux de position. ⇒ veilleuse. Allumer ses lanternes.
2 ♦ (XVIe) Anciennt Fanal spécialement destiné à l'éclairage de la voie publique. ⇒ réverbère. Lanterne en potence. « Ah ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne ! » (refrain révolutionnaire).
3 ♦ Appareil de projection. — (1685) LANTERNE MAGIQUE, munie d'un dispositif optique permettant de projeter, agrandies sur un écran, des images peintes sur verre. « Le singe qui montre la lanterne magique », fable de Florian (les spectateurs ne voient rien, parce que le singe « n'avait oublié qu'un point. C'était d'éclairer sa lanterne »). Loc. Éclairer la lanterne de qqn, lui fournir les renseignements nécessaires pour qu'il comprenne clairement. — Lanterne de projection. ⇒ projecteur.
II ♦ (XVIe)
1 ♦ Archit. Dôme vitré éclairant par en haut un édifice. Par appos. Tour lanterne : tour ajourée, surmontée d'une coupole, qui s'élève à la croisée du transept d'une église. — Tourelle ajourée, souvent garnie de colonnettes, surmontant un dôme. ⇒ campanile. La lanterne des Invalides.
2 ♦ Techn. Pignon à petits barreaux verticaux parallèles où s'engrènent les dents d'une roue. — Lanterne d'aspiration : crépine.
3 ♦ (1805) Zool. LANTERNE D' A RISTOTE : appareil masticateur des oursins (en forme de lanterne, comme l'avait observé Aristote).
● lanterne nom féminin (latin lanterna) Boîte faite ou garnie d'une matière transparente, dans laquelle on met une lumière à l'abri. Réverbère qui servait à l'éclairage des rues. Architecture Construction de plan centré, percée de baies, sommant un édifice et en principe destinée à en éclairer l'intérieur (tour-lanterne ; lanterne d'escalier). Bâtiment Sorte de mitre de cheminée, percée d'ouvertures en périphérie. Éclairage Appareil utilisé dans l'éclairage des studios et des théâtres. Marine Enceinte vitrée située à la partie supérieure d'un phare, d'un feu ou d'une bouée lumineuse, et qui protège l'appareillage optique. Mécanique Pièce métallique portant deux taraudages de même axe et de pas contraires, servant à assembler deux tiges faisant partie d'un ensemble de longueur réglable. Métallurgie Pièce métallique creuse constituant l'armature pour un noyau de moule de fonderie. Textiles Pièce servant à la commande du mouvement de rotation du cylindre des mécaniques Jacquard ; ce cylindre lui-même. ● lanterne (citations) nom féminin (latin lanterna) Jean-Pierre Claris de Florian Sauve, Gard, 1755-Sceaux 1794 Académie française, 1788 Il n'avait oublié qu'un point : C'était d'éclairer sa lanterne. Fables, Le Singe qui montre la lanterne magique Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 La philosophie éclaire comme la lanterne sourde et ne jette de la lumière en avant qu'à la condition de faire de l'ombre derrière elle. Tas de pierres Éditions Milieu du monde Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 Il est des écrivains si suspects qu'ils arriveraient à nous faire prendre des lanternes pour des vessies. Pensées d'un biologiste Stock ● lanterne (expressions) nom féminin (latin lanterna) Lanterne magique, appareil au moyen duquel on projette des images. Lanterne rouge, dans une course, un classement, personne ou équipe qui occupe la dernière place. Lanterne vénitienne, lanterne en papier translucide et coloré, éclairée par une bougie ou une lampe placée à l'intérieur, qu'on utilise dans les fêtes, les illuminations. Mettre à la lanterne, pendant la Révolution, pendre quelqu'un à la potence d'une lanterne. Lanterne des morts, synonyme de fanal de cimetière. Lanterne d'Aristote, appareil masticateur des oursins, composé de cinq pyramides prolongées chacune par une tige calcaire formant la dent et qui permet aux oursins de creuser les roches même les plus résistantes. ● lanterne (synonymes) nom féminin (latin lanterna) Boîte faite ou garnie d'une matière transparente, dans laquelle on...
Synonymes :
- falot
- fanal
Archéologie. Lanterne des morts
Synonymes :
- fanal de cimetière
lanterne
n. f.
rI./r
d1./d Appareil d'éclairage, boîte aux parois transparentes ou translucides dans laquelle on enferme une lumière pour l'abriter de la pluie et du vent. Lanterne sourde, munie de volets qui permettent de masquer la source de lumière.
— Lanterne vénitienne: lanterne de papier coloré, utilisée pour les illuminations. Syn. lampion.
|| Lanterne rouge, qui signale l'arrière d'un véhicule, ou l'extrémité de son chargement.
— Fig., Fam. La lanterne rouge: celui qui est classé le dernier.
|| Loc. fig. Prendre des vessies pour des lanternes: commettre des bévues grossières; s'en laisser conter.
d2./d Lanterne magique: instrument d'optique projetant sur un écran l'image agrandie de figures peintes sur verre ou de clichés photographiques.
rII./r
d1./d ARCHI Petit dôme vitré placé au sommet d'un édifice pour donner du jour à l'intérieur.
d2./d TECH Cylindre d'engrenage à barreaux parallèles entre lesquels s'engrènent les dents d'une roue.
d3./d ZOOL Lanterne d'Aristote: appareil masticateur des oursins, dont la forme rappelle une lanterne.
⇒LANTERNE, subst. fém.
I. A. — 1. Appareil d'éclairage, souvent portatif, constitué d'une boîte ou d'une enveloppe à parois transparentes ou translucides, à l'intérieur de laquelle est placée une source lumineuse. Globes de verre dépoli, tout pareils aux lanternes de papier d'une fête des lanternes (GONCOURT, Journal, 1867, p. 347). Petite lanterne que les facteurs portent sur le ventre (RENARD, Journal, 1897, p. 436). Ils avaient une lanterne à vitres de corne dont ils n'auraient d'ailleurs pas eu besoin, à cause du beau clair de lune qu'il faisait cette nuit-là (RAMUZ, Derborence, 1934, p. 38) :
• 1. La patronne levait au-dessus de sa tête une lanterne à pétrole, tandis que l'on faisait reculer le cheval entre les brancards. Sous la lumière de la lanterne, des silhouettes immenses se projetaient sur la route et se cassaient sur les maisons d'en face.
ARLAND, Ordre, 1929, p. 484.
a) Lanterne + déterm.
— Lanterne chinoise. Lanterne de papier, généralement colorée. Sous les rayons jaunes d'une lanterne chinoise elle regardait, navrée, à son côté, ce petit homme (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Avent. paris., 1881, p. 767).
— Lanterne vénitienne. Lanterne de papier décorative, généralement plissée en accordéon :
• 2. Les yoles se mettaient en route, portant à l'avant une lanterne vénitienne. On ne distinguait point les embarcations, non seulement ces petits falots de couleur, rapides et dansants, pareils à des lucioles en délire...
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Femme de Paul, 1881, p. 1225.
Lanterne rouge (infra 2). [P. réf. à la lanterne qui indiquait une maison de prostitution] Il y avait çà et là l'enseigne d'une maison louche, une lanterne rouge (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 353).
— Lanterne sourde (infra c). Lanterne dont on peut cacher la source lumineuse à l'aide d'un volet. Tu seras dans la nuit et devant le miroir Sans trouver le volet de la lanterne sourde, Et tu ne verras pas la forme de ta vie (ROMAINS, Vie unan., 1908, p. 25).
— Lanterne de Diogène. [P. allus. littér. au philosophe grec qui, dit-on, s'est promené avec une lanterne en plein jour afin de trouver un homme] Un homme d'esprit est perdu s'il ne joint pas à l'esprit l'énergie de caractère. Quand on a la lanterne de Diogène, il faut avoir son bâton. Il n'y a personne qui ait plus d'ennemis dans le monde (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 50).
b) P. métaph. Quelle lumière cette lanterne sale du pauvre poète peut-elle jeter sur la Bonne chanson et sur Sagesse? (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 9).
c) Argot
— Fenêtre, ventre (transparent de maigreur); œil (ESN. 1966).
— Lanterne sourde. Contrebandier (ESN. 1966).
2. Appareil d'éclairage équipant certains véhicules. Il avait aperçu, tout à coup, les lanternes d'un train (THARAUD, Dingley, 1906, p. 82). Un cycliste sans plaque ni lanterne (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 157).
— AUTOM., gén. au plur. Lampe qui donne la lumière la plus faible. Synon. veilleuse. Allumer ses lanternes. Feux rouges des lanternes arrière des autos (MALRAUX, Condit. hum., 1933, p. 359).
— Lanterne rouge. [P. réf. à la lanterne placée à l'arrière du dernier véhicule d'un convoi pour en signaler la fin] L'on n'aperçut bientôt plus que les trois lanternes rouges du dernier wagon (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 122).
♦ Au fig. [Le plus souvent à propos d'une course] Le dernier. « Il est dernier! » En effet, de foulée grande, Jacques n'entre pas vite en action. Au premier virage, il est encore « lanterne rouge » (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 311).
3. Réverbère. (Dict. XIXe et XXe s.).
— [P. réf. aux événements survenus pendant la Révolution]
♦ Mettre, être à la lanterne. Pendre, être pendu aux cordes d'un réverbère. C'est un fier aristocrate, qui a manqué plus de dix fois d'être à la lanterne (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1556).
♦ À la lanterne! [Cri par lequel le peuple réclamait ces exécutions sommaires] « À la lanterne! À la lanterne, les aristocrates! Ça ira! » Et les autres tremblent, ils se cachent (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan., t. 1, 1870, p. 343).
4. Lanterne à projections ou de projection. Appareil de projection. Synon. usuel projecteur :
• 3. Aurelle, arrivant au mess pour le thé, n'y trouva que le révérend Mac Ivor, qui réparait une lanterne à projections. — Hullo, Messiou, dit celui-ci, bien content de vous voir. Je prépare ma lanterne pour faire un sermon sportif aux hommes de B. Company quand ils sortiront des tranchées.
MAUROIS, Silences Bramble, 1918, p. 91.
— Lanterne magique. Lanterne de projection à l'aide de laquelle on projetait des images peintes sur des plaques de verre. Parfois il ouvrait une porte, et se trouvait dans une chambre où l'on montrait la lanterne magique. Des enfants applaudissaient à grand bruit (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 93).
♦ P. métaph. La lanterne magique de la vie projette et fait tourner autour de moi ses pâles tableaux (AMIEL, Journal, 1866, p. 116).
— [P. allus. à la fable de Florian : Le singe qui montre la lanterne magique]
♦ Oublier d'éclairer sa lanterne. Omettre un point essentiel. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Éclairer la lanterne (de qqn). Aider (quelqu'un) à comprendre quelque chose; l'éclairer. T'Serstevens lit, prend des notes marginales pour éclairer sa lanterne, comparer, comprendre, s'instruire, rire, n'être pas dupe (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 384) :
• 4. Les difficultés de communications entre Le Caire et Brazzaville n'ont rien à voir avec l'attitude que j'ai dû prendre et qui a produit l'effet recherché. Ceci dit pour bien éclairer la lanterne.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 409.
B. — P. anal.
1. ARCHITECTURE
a) Construction généralement circulaire, munie d'ouvertures, qui surmonte un bâtiment et peut en assurer l'éclairage ou l'aération. Six fenêtres sur la rue, six autres sur une terrasse intérieure font de la pièce oblongue une étroite lanterne (LORRAIN, Heures Corse, 1905, p. 78) :
• 5. Quatre journalistes étaient là, presque détendus : d'abord parce qu'ils étaient maintenant à l'air libre, que les lieux clos rendent l'angoisse plus intense, et ensuite parce que la lanterne du central, plus petite que sa tour, semblait moins vulnérable.
MALRAUX, Espoir, 1937, p. 756.
— En partic. Petite tour ajourée surmontant un édifice. Au sommet [des tours d'églises au XVIIIe siècle] s'élevait une flèche portée par une lanterne souvent octogone (LENOIR, Archit. monast., 1856, p. 217).
— Lanterne (des morts). Colonne creuse en haut de laquelle une source lumineuse signalait l'emplacement d'une tombe, d'un cimetière ou d'un établissement religieux. On construisit, au moyen âge, dans plusieurs cimetières, des espèces de colonnes creuses, monuments funéraires destinés à recevoir une lampe qui devait brûler, soit la nuit, soit dans certaines occasions. On leur donna, pour cela, le nom de lanterne de cimetière, lanterne des morts, phare funéraire, colonne creuse ou lampadaire (E. HUBERT, Les Lampadaires du département de l'Indre ds Revue du Centre, 1889, p. 109).
b) Vx. Loge, tribune aménagée dans des lieux d'assemblée afin de pouvoir entendre et voir ce qui s'y passe sans être vu. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. ART MILIT.
a) Vx. Boîte destinée à contenir des balles et de la mitraille. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Dispositif qui sert à introduire un projectile dans une pièce d'artillerie lourde. Le projectile amené sur la brouette de chargement [pour le mortier de 220] est déposé dans une lanterne de chargement qui est mue à l'aide de manivelles (ALVIN, Artill., Matér., 1908, p. 244).
3. MAR., vieilli. Partie creuse de l'axe du gouvernail destinée à laisser passer les ferrures de l'étambot. (Dict. XIXe et XXe s.).
4. TECHNOLOGIE
a) Vx. Petite boîte à parois vitrées dont l'usage permet de se servir d'un trébuchet à l'abri du vent. (Dict. XIXe, Lar. 20e, Lar. encyclop., QUILLET 1965, ROB.).
b) Sorte de cage composée de plusieurs fuseaux fixés à deux plaques circulaires et servant de pignon; p. ext., roue dentée ou non qui sert dans un engrenage.[Dans la mécanique Jacquard actuelle] L'une des extrémités [du cylindre] est munie d'une lanterne composée de deux plaquettes de fer réunies par quatre entretoises sur lesquelles peuvent agir deux loquets ou clanches pour faire tourner le cylindre dans un sens ou dans l'autre (ARAUD, Ch. THOMAS, Fabric. drap, 1921, p. 34).
c) Élément en forme de cage qui coiffe parfois l'extrémité d'une cheminée sur le toit. Des lanternes en terre cuite avec couvercle à placer sur la souche d'une cheminée à l'orifice d'un tuyau de fumée (ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 5, 1928, p. 92).
5. ZOOL. Lanterne d'Aristote. Appareil masticateur des oursins. L'oursin, dont la bouche s'appelle, on ne sait pourquoi, lanterne d'Aristote (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 257).
II. — Vieilli, gén. au plur. Propos futiles et sans intérêt. Il traitait vite, ne riait jamais, avait des opinions, s'asseyait devant une copie, critiquait, disait des mots d'art : « C'est creux (...) ça fait lanterne... » (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 107).
— Prendre des vessies pour des lanternes. Se méprendre, faire une confusion absurde et naïve. Deux fois par semaine, le Journal s'incendiait de la prose de ce voyageur. Par lui, nous apprîmes enfin (...) que le comble de l'aveuglement est de prendre des vessies pour des lanternes (BLOY, Journal, 1903, p. 166).
REM. Lanterne-tempête, subst. fém. Lanterne munie d'un dispositif destiné à éviter qu'elle ne s'éteigne sous l'action du vent. Synon. lampe-tempête. J'avais une de ces petites lanternes portatives dites lanternes-tempête, et je l'avais glissée sous le pliant pour n'en être pas gêné (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 217).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. a) Ca 1100 « sorte de boîte à parois plus ou moins transparentes dans laquelle on place une source de lumière » (Roland, éd. J. Bédier, 2643 : Asez i ad lanternes e carbuncles); ca 1210 vendre vecies por lanternes (GUIOT DE PROVINS, Bible, éd. J. Orr, 2628); d'où b) 1585 au plur. « propos sans importance, fadaises » (N. DU FAIL, Contes et Discours, éd. J. Assézat, II, 81); 2. a) 1613 lanterne vive (M. RÉGNIER, Satire XI ds Œuvres, éd. J. Plattard, p. 97); 1685 lanterne magique (FUR.); b) 1878 oublier d'éclairer sa lanterne « omettre un point important pour se faire comprendre » (Lar. 19e Suppl. qui cite J. Loiseleur); 3. a) 1689, 13 avr. « réverbère qui servait à l'éclairage des rues » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, 9, 17); ,,vx`` ds BESCH. 1845; d'où b) 1789 « potence » (MOUNIER, Exposé, 26 oct., Arch. Parl. 1re sér., t. IX, p. 568, col. 1 ds BRUNOT t. 9, p. 882, note 1); 4. 1835 « appareil d'éclairage adapté à l'avant d'un véhicule » (BALZAC, Ferragus, p. 66). II. 1. 1508 « ornement en forme de lanterne et à jour qui surmonte une pièce de vaisselle » (Inv. génér. des meubles à Mgr Monsieur le Légat ds A. DEVILLE, Comptes... du Château de Gaillon, p. 503); 2. 1546 arch. « sorte de tribune d'où l'on peut voir et entendre sans être vu » (J. MARTIN, trad. Fr. COLONNA, Songe de Poliphile, 88 r° [Kerver] ds QUEM. DDL. t. 7); 3. 1559 id. « dôme vitré placé au-dessus d'un édifice pour en éclairer l'intérieur » (AMYOT, Péric. 28 ds LITTRÉ); 4. 1611 « pignon d'un engrenage » lanterne a pagnon (COTGR.); 5. 1660 « cuiller qu'on remplit pour en charger le canon » (OUDIN Fr.-Esp.); 6. 1805 « appareil masticateur des oursins » (CUVIER, Anat. comp., t. 3, p. 329); 1828 lanterne d'Aristote (MOZIN-BIBER t. 2). Du lat. lanterna « lanterne », empr. au gr. . Le sens I 2 b p. allus. au singe de la fable de Florian, Le Singe qui montre la lanterne magique ds Fables, 1792, p. 80 dans laquelle celui-ci invite les spectateurs à admirer des images qu'ils ne peuvent voir, puisqu'il a oublié d'allumer la lanterne. Fréq. abs. littér. : 1 592. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 056, b) 3 032; XXe s. : a) 3 378, b) 2 216. Bbg. CORBETT (N.L.) Prendre des vessies pour des lanternes. Fr. mod. 1969, t. 37, pp. 193-197. - DUB. Pol. 1962, p. 329. - KELLMAN (S.G.) The Mirror and the magic lantern. Neophilologus. 1977, t. 61, pp. 43-47. - QUEM. DDL t. 9, 11, 18, 20.
lanterne [lɑ̃tɛʀn] n. f.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; lat. lanterna, var. nasalisée du lat. laterna; P. Guiraud suppose un croisement avec lent pour le sens fig. ancien (→ ci-dessous 3., Rem.).
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———
1 Boîte à parois ajourées, translucides ou transparentes, dans laquelle on abrite une source de lumière (chandelle, lampe, ampoule électrique). || Lanterne en métal ajouré. || Lanterne à parois de corne, de mica, de verre, de papier, de toile métallique. || Lanterne de forme cylindrique. || Lanterne à base carrée, hexagonale. || Plafond, toit de la lanterne. || Allumer, éteindre sa lanterne. || Lanterne blanche, rouge. || La lanterne rouge à la fin d'un convoi. Fig. → ci-dessous, 3. || La lanterne rouge des anciennes maisons de prostitution (→ Prostitution, cit. 1, Balzac). || Grande lanterne. ⇒ Falot, fanal. || Lanterne de veilleur, de pêcheur (→ 1. Feu, cit. 60). || Lanterne d'une porte, d'un corridor (cit. 2), d'une carriole (cit. 1). || Lanterne-applique (contre un mur). || Accrocher une lanterne. || Tenir une lanterne à la main. — ☑ Allus. hist. || « Diogène (le philosophe grec) se promenait en plein midi, une lanterne à la main, cherchant, disait-il, un homme » (Hatzfeld).
1 (Sa) main balançait un rouge lumignon dans les losanges vitrés d'une lanterne.
Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, Chroniques, II.
2 (…) une petite porte sous une lanterne en potence qui clignait comme un œil malade et dont la poulie grinçait.
France, le Chat maigre, I, Œuvres, t. II, p. 140.
3 Le vestibule (…) s'éclaire d'une volumineuse lanterne de fer forgé (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, III, p. 39.
♦ Lanternes chinoises : lanternes décoratives de diverses formes et ornées de dessins, de peintures. || Lanternes vénitiennes : lanternes en papier de couleur, généralement plissées en accordéon (cit. 2), qui servent aux illuminations. ⇒ Lampion (2.).
4 On avait mis dans les arbres deux ou trois lanternes chinoises (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, II.
5 La lueur des lanternes vénitiennes effleurait les pelouses proches et les massifs de roses (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 398.
♦ Lanterne sourde, dont on peut cacher la lumière à volonté.
6 Celui qui tient une lampe est vu plutôt qu'il ne voit, à moins qu'il n'ait une lanterne sourde.
7 (…) un homme (…) s'approcha lentement avec une lanterne sourde, dont il portait les rayons au visage de chaque individu, et qu'il souffla, ayant démêlé celui qu'il cherchait entre tous (…)
A. de Vigny, Cinq-Mars, XIV.
2 (1835). Vx. Appareil d'éclairage (lanterne, 1.) placé à l'avant d'un véhicule. — Mod. || Lanternes d'automobiles, l'éclairage le plus faible. ⇒ Veilleuse. || Allumez vos lanternes à l'entrée du souterrain. || Se mettre en lanternes.
3 ☑ Loc. fig. C'est la lanterne rouge : c'est le dernier de la file, du classement (par allus. à la lanterne rouge que porte, à l'arrière, le dernier véhicule d'un convoi).
♦ ☑ Prendre des vessies pour des lanternes : commettre une grossière méprise. || Il veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes, nous faire croire des choses absurdes. — REM. D'après Wartburg, on trouve dès le XIIIe s. vendre pour lanterne vessie « faire croire des choses bizarres et absurdes ».
8 (…) eux, que dupe la peur d'être dupe et la crainte de prendre pour lanternes des vessies (…)
Gide, Nouveaux prétextes, p. 110.
8.1 (Un ensorceleur) s'était juré de me mystifier, m'écartant des régions qu'il eût fallu prospecter, me frappant, ici, de cécité et, là, me faisant prendre des vessies pour des lanternes…
Michel Leiris, Frêle bruit, p. 340.
REM. Cette expression bien vivante se rattache à un sens figuré vivant du XVIe s. (Du Fail, Rabelais) au XVIIIe s. : lanternes « contes absurdes, ridicules ». → Baliverne, fadaise.
9 (…) je vous donnerais un beau soufflet, si j'avais l'honneur d'être auprès de vous, et que vous me vinssiez conter ces lanternes.
Mme de Sévigné, 84, 28 août 1668.
4 (XVIe). a Anciennt. Fanal spécialement destiné à l'éclairage de la voie publique. ⇒ Réverbère. || Lanterne de rue. || Blafardes (cit. 2) lanternes qui éclairent le pavé.
b ☑ Loc. (1789). Mettre à la lanterne : « se servir des cordes des réverbères pour pendre ceux que désignait la fureur populaire » (Littré). || « Ah ça ira, ça ira, ça ira, Les Aristocrates (cit. 2) à la lanterne ! » (refrain révolutionnaire). ⇒ Potence.
10 Ce pauvre garçon, très respectueux, n'avait jamais servi d'autre maître que mon frère; il fut tout troublé, lorsqu'au souper il lui fallut s'asseoir à table avec nous. Les voyageurs fort patriotes, parlant d'accrocher les aristocrates à la lanterne, augmentaient sa frayeur.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 32.
5 Appareil de projection. — ☑ (1685). Lanterne magique : lanterne de fer-blanc munie d'un dispositif optique permettant de projeter agrandies sur un écran des images peintes sur verre. || Le singe qui montre la lanterne magique, fable de Florian, où le singe invite les spectateurs à admirer des images qu'ils ne peuvent voir, puisqu'il « N'avait oublié qu'un point : c'était d'éclairer sa lanterne ».
♦ ☑ Loc. Oublier d'allumer la lanterne : oublier le point essentiel pour se faire comprendre. ☑ Éclairer la lanterne de qqn, lui fournir les lumières nécessaires pour qu'il comprenne clairement, soit mis au fait.
11 (…) Les spectateurs, dans une nuit profonde,
Écarquillaient leurs yeux et ne pouvaient rien voir (…)
Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose;
Mais je ne sais pour quelle cause
Je ne distingue pas très bien.
Pendant tous ces discours, le Cicéron moderne
Parlait éloquemment, et ne se lassait point,
Il n'avait oublié qu'un point.
C'était d'éclairer sa lanterne.
Florian, Fables, II, 7.
12 Le soir, une lanterne magique étala sur une toile blanche ses pièges et ses mystérieux tableaux, à la grande surprise de Charles.
Balzac, Une double famille, Pl., t. I, p. 950.
13 L'histoire, bornée à n'être plus que la reproduction inanimée d'événements passés, n'est guère qu'une lanterne magique qui peut encore émouvoir et amuser, mais qui ne peut aspirer à instruire et à moraliser.
Balzac, le Feuilleton, XL, Œuvres diverses, t. I, p. 427.
♦ Lanterne de projection : appareil de projection utilisé dans les salles de cours ou de conférences. ⇒ Projecteur, rétroprojecteur.
6 Enceinte vitrée enfermant la source lumineuse, à la partie supérieure (d'un phare, d'un bateau-feu, d'une bouée lumineuse…).
———
II (1508). Par anal. de forme.
1 (1546, in D. D. L.). Archit. Dôme vitré, surmontant un édifice pour l'éclairer par en haut. Par appos. || Tour lanterne : tour ajourée, surmontée d'une coupole, qui s'élève à la croisée du transept pour éclairer cette partie de l'église. || Tour lanterne d'une église romane. — Tourelle ajourée souvent garnie de colonnettes, isolée ou surmontant un dôme, un comble. || Lanterne de Démosthène. || Lanterne des Invalides, du château de Chambord (⇒ Campanile). — Lanterne des morts : sorte de colonne creuse en pierres, à claire-voie dans sa partie supérieure et à l'intérieur de laquelle on plaçait une lampe pour indiquer la nuit l'emplacement d'un cimetière. — Vx. Petite tribune d'où l'on entend et voit sans être vu, à l'intérieur d'une salle de réunion, d'une église.
2 Techn. Vx. Petite armoire vitrée des essayeurs d'or, (mod.) des horlogers. — (1611). Pignon de bois à petits barreaux verticaux parallèles où viennent s'engrener les dents d'une roue. || Lanterne d'une broyeuse à chanvre. — Lanterne d'aspiration : crépine.
♦ Mar. Partie creusée sous les ferrures fixées au gouvernail, pour permettre le passage des ferrures de l'étambot.
3 (1805, Cuvier, lanterne). Zool. || Lanterne d'Aristote : appareil masticateur des oursins (en forme de lanterne, comme l'avait observé Aristote).
4 (Vx). Argot. Ventre. ☑ Avoir la lanterne : avoir faim.
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DÉR. Lanterneau, lanterner, lanternier, lanterniste, lanternon.
Encyclopédie Universelle. 2012.