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las

1. las, lasse [ la, las ] adj.
• 1080; « malheureux » Xe; lat. lassus
1Qui éprouve une sensation de fatigue générale et vague, une inaptitude à l'action et au mouvement. faible, fatigué. Se sentir las. Elle était un peu lasse. « las à ne plus avoir la force de se lever pour boire un verre d'eau » (Maupassant).
2Littér. LAS DE : fatigué et dégoûté de. ⇒ se lasser. « il était las des affaires et plus encore des gens » (Toulet). Lasse d'attendre. Las de tout. blasé.
⊗ CONTR. Dispos, reposé. ⊗ HOM. Lacs; poss. la, là. las 2. las [ las ] interj.
XIIe; de l'adj. las « malheureux », en a. fr.
Vx Hélas. ⊗ HOM. Lasse (1. las).

las ou lass nom masculin Racloir composé d'une planche de bois et d'un très long manche, qui sert à la récolte du sel sur les marais salants. ● las ou lass (homonymes) nom masculin lace forme conjuguée du verbe lacer lacent forme conjuguée du verbe lacer laces forme conjuguée du verbe lacer las adjectif las ! interjection lasse adjectif féminin lasse forme conjuguée du verbe lasser lassent forme conjuguée du verbe lasser lasses forme conjuguée du verbe lasser lace forme conjuguée du verbe lacer lacent forme conjuguée du verbe lacer laces forme conjuguée du verbe lacer las ! interjection lasse adjectif féminin lasse forme conjuguée du verbe lasser lassent forme conjuguée du verbe lasser lasses forme conjuguée du verbe lasserlas, lasse (difficultés) adjectif (latin lassus) Orthographe De guerre lasseguerre. Construction Las de : je suis las de répéter sans cesse la même chose ; il est las de tout. ● las, lasse (expressions) adjectif (latin lassus) Être las de, ne plus pouvoir supporter quelque chose ou quelqu'un, en avoir assez de faire ou de subir telle ou telle chose : Être las d'attendre.las, lasse (homonymes) adjectif (latin lassus) la nom masculin invariable la article défini la pronom personnel adverbe là ! interjection lace forme conjuguée du verbe lacer lacent forme conjuguée du verbe lacer laces forme conjuguée du verbe lacer lacs nom masculin las nom masculin lasse forme conjuguée du verbe lasser lassent forme conjuguée du verbe lasser lasses forme conjuguée du verbe lasser lasse las nom masculin las ! interjection lass nom masculin invariablelas, lasse (synonymes) adjectif (latin lassus) Qui éprouve ou manifeste une grande fatigue physique
Synonymes :
- épuisé
- éreinté (familier)
- exténué
- fatigué
- fourbu
- harassé
- vanné (familier)
Contraires :
- dispos
- frais
- gaillard
- reposé
- solide
- vigoureux

las, lasse
adj.
d1./d Qui ressent péniblement la fatigue physique, la difficulté ou l'incapacité de poursuivre un effort, une action, etc. être las de marcher.
Qui exprime la fatigue. Un air, un sourire las.
d2./d Excédé, dégoûté. être las des plaisirs. Las d'espérer.

I.
⇒LAS, LASSE, adj.
A. — Qui éprouve une fatigue physique, pénible ou plus rarement agréable, générale ou localisée dans une partie du corps, ce qui rend difficile ou impossible la poursuite d'une action, d'un effort. Synon. brisé, éreinté, fourbu. Corps, membres, pieds las; avoir la tête lasse, les jambes, les paupières lasses; se sentir las; être las jusque dans la mœlle des os. Je suis las, mais non mal portant. Je tombe de fatigue et de sommeil (MICHELET, Journal, 1831, p. 740). J'étais lasse, accablée, pesante, bonne à me jeter sur un lit (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1835, p. 88). Je suis las!... soupira Pernichon. Affreusement las. Je ne sais pas ce que j'ai... je crois que je vais mourir (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 418) :
1. J'ai une invitation ce soir, j'aurais besoin d'être éveillé, dispos, gai : et (...) je sens mes paupières tomber, mes genoux las, je bâille et voudrais m'aller coucher.
AMIEL, Journal, 1866, p. 121.
Las de + inf. Las de marcher. Renard las d'avoir dansé, captif, au son de la musique (COLETTE, Vagab., 1910, p. 13).
Jamais las. Toujours dispos. Un chardonneret qui saute, qui gazouille, qui mange, qui n'est jamais las, qui vit en l'air, qui a cent-vingt envies et fait soixante actions par minute? (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 132).
Emploi subst., fam. et vieilli.
Un las d'aller. Un fainéant. (Ds Ac. 1835, 1878, LITTRÉ). Eh! Bourdeau, eh! las-d'aller! Lève-toi, c'est ton camarluche qui t'appelle! (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 20).
Traîner son las. Traîner sa fatigue. Je me disais : « (...) Quand il aura traîné son las, il reviendra... » (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 346).
[P. méton., en parlant des manifestations de cette lassitude] Attitude, démarche lasse; d'un geste, d'un œil las; d'une voix lasse. Je laisse devant eux « tomber ma figure », — la bouche lasse et fermée, l'œil volontairement terni (COLETTE, Vagab., 1910p. 103). Il y a sur son bureau une photographie où sourit, d'un sourire las et déjà souffrant, la mère qu'il n'a pas connue (MAURIAC, Enf. chargé de chaînes, 1913, p. 2).
P. anal. [Le subst. désigne une chose, un élément de la nature] Ciel, fleuve las. Les trois vaisseaux flottaient démâtés, et si las, Qu'ils n'avaient plus de force assez pour la manœuvre (VIGNY, Poèmes ant. et mod., 1837, p. 220). Les glycines lasses qui retombent au versant des petits murs cramoisis d'affiches (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 370).
Plus rare. [La sensation de fatigue est agréable] Il se sentait reposé, plein de ce bien-être las qui suit les courbatures des fêtes, et engourdi dans la chaleur de la couche (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 522).
2. Elle se sentait lasse, délicieusement lasse, comme à l'approche d'un grand bonheur, et des pensées si ténues, si fragiles, si ineffablement délicieuses se levaient en elle, qu'elle n'osait même pas se les avouer, dans la crainte de les faire évanouir.
MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 160.
B. — Qui éprouve une fatigue mentale, morale, affective ou psychique et en vient à ne plus supporter ou à supporter difficilement quelque chose ou quelqu'un. Âme lasse. Comme je m'ennuie, comme je suis las! Les feuilles tombent, j'entends le glas d'une cloche (FLAUB., Corresp., 1864, p. 159). Je venais de quitter Paris pour toujours. J'étais las, las, écœuré plus que je ne saurais dire par toutes les bêtises, toutes les bassesses (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père, 1887, p. 743). Ce peuple (...) n'est-il pas las, désabusé, divisé? (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 241) :
3. Je vais savoir si l'homme que je suis, et qui en a déjà tant supporté, le pauvre homme si las, si découragé, si intimement désespéré que je suis, va pouvoir encore supporter la bataille de Verdun...
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 146.
Las de + subst. ou inf.
Las de qqc. Être las du bruit, du bureau, des discussions, de l'existence, de la guerre, du monde, de la solitude; être las de la vie. Il me fit surtout l'effet d'un être fatigué des autres. Las de tout, irrémédiablement désillusionné et dégoûté de lui-même comme du reste (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Ermite, 1886, p. 1054) :
4. À la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine
Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes...
APOLL., Alcools, 1913, p. 39.
Las de qqn. Être las de soi-même, des autres. Antoine, las d'Octavie (...) la laissa en Grèce et passa en Asie (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 314).
Las de + inf. Las d'attendre, de vivre. Je suis un peu las de passer ma vie précisément auprès de la femme qui semble mettre le moins de prix à ma société (CONSTANT, Journaux, 1815, p. 435). Mais les soldats étaient las de tuer; aucun ne se présenta pour la sinistre besogne (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 307).
Au fém. Lasse à + inf. Elle me disait qu'elle était lasse à mourir. Qu'elle vivait dans une solitude affreuse (SARTRE, Mots, 1964, p. 65).
Rem. On peut dire à une femme : êtes-vous lasse? Elle répond : non, je ne suis pas lasse. Mais il est impossible au masculin, d'échanger la conversation suivante : êtes-vous las? Non je ne suis pas las. Las, tué par l'homonymie de là, a été remplacé par fatigué (d'apr. BRUNOT-BRUNEAU 1969, p. 171).
Loc. De guerre lasse. À bout de résistance ou d'arguments. Tout à l'heure, j'avais mille fois tort, c'est vrai, D'ainsi bouder un cœur offert de bonne grâce, Et c'est moi qui reviens à vous, de guerre lasse (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 221).
REM. Lassement, adv., rare. Avec lassitude, en montrant de la lassitude. Allé chez la Marchesa, un peu souffrante, lassement étendue sur sa causeuse (BARB. D'AUREV., Mémor. 2, 1938, p. 310).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-]. Homon. lacs. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 938-952 « malheureux, misérable » (Fragm. de Valenciennes, éd. G. de Poerck, p. 43, 1. 144); 2. ca 1100 « qui n'est plus en état de soutenir l'effort, fatigué » (Roland, éd. J. Bédier, 2494); 3. 1170 « qui ne peut plus supporter de faire quelque chose » (BENOÎT DE STE-MAURE, Roman de Troie, éd. L. Constans, 26243 : las de destruire e d'ocire). Du lat. lassus « harassé, fatigué, épuisé ». Fréq. abs. littér. : 2 847. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 840, b) 4 397; XXe s. : a) 5 809, b) 3 837. Bbg. CAZELLES (B.). Un héros fatigué. Rom. Philol. 1977, t. 30, pp. 616-622. - STEN (H.). De guerre lasse. In : [Mél. Meier (H.)]. München, 1971, pp. 527-529.
II.
⇒LAS, interj.
Vieilli. [Interjection plaintive] Synon. hélas. Un jour on le trouva mort de faim dans sa cage. Ah! quel malheur! dit-on : las! il chantoit si bien! (FLORIAN, Fables, 1792, p. 82). Seule, en son nid pleure la tourterelle, Las, je suis seul et je pleure comme elle (VERLAINE, Premiers vers, 1858-66, p. 6).
Prononc. et Orth. : [] et []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1050 (La Vie de Saint-Alexis, éd. Chr. Storey, 394). Emploi interjectif de las adj.

1. las, lasse [lɑ, lɑs] adj.
ÉTYM. V. 950, « malheureux, misérable »; lat. lassus.
1 (1080, Chanson de Roland). Qui éprouve une sensation de fatigue (cit. 7) générale et vague, une inaptitude à l'action, au mouvement. Faible, fatigué; lassitude. || Triste et las (→ Angoisse, cit. 12). || Être las, se sentir las après une journée de travail, une longue marche. || Se réveiller las. || Las de marcher, de travailler; las de travail (→ Famille, cit. 25). || Très las, las à n'en plus pouvoir. Anéanti, éreinté, recru. || Je me sens un peu las. || Avoir l'air las.
1 On va bien loin, dit-on, quand on est las; mais quand on a les jambes rompues, on ne va plus du tout.
Mme de Sévigné, 208, 4 oct. 1671.
2 Quand on est las, las à pleurer du matin au soir, las à ne plus avoir la force de se lever pour boire un verre d'eau, las des visages amis vus trop souvent et devenus irritants (…)
Maupassant, Au soleil, p. 10.
3 Elle était endormie parce qu'elle était lasse et cette lassitude faisait penser à des lassitudes de petit enfant.
Ch.-L. Philippe, Bubu de Montparnasse, II, X.
4 Nous jouissions de cette oisiveté vague dont on éprouve la bonté quand on est vraiment las.
H. Barbusse, le Feu, X.
5 Elle mettait son orgueil, le soir, à ne plus pouvoir tenir les yeux ouverts, tant elle était lasse.
F. Mauriac, le Sagouin, p. 117.
Par ext. || Les jambes lasses. || Chair (cit. 57) heureuse et lasse.
6 (…) cela faisait une douleur dans les bras, dans les bras fatigués de laver à terre, dans les jambes lasses des fardeaux portés, dans les reins cassés par de longues complaisances.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXIV.
2 (V. 1190). Littér. || Las de (et n., inf.) : fatigué et dégoûté de; qui ne peut plus supporter (qqn, qqch.) ou faire (quelque action) par ennui, fatigue, dégoût. Dégoûté, ennuyé, irrité, lassé; → Écœuré, cit. 3. || Las d'appeler (cit. 20), d'espérer, d'attendre (cit. 24 et 114), de souffrir (→ Exiler, cit. 8). || Las de vivre, las de la vie. || Las de tout, las et découragé. Désenchanté. || Las à mourir (→ Fadeur, cit. 2). || Las et saturé de plaisirs. Soûl. || Être las des façons (cit. 46), des courbettes de qqn. || Être las de son métier (→ Honnête, cit. 13). || « Las du triste hôpital (cit. 5)… » (Mallarmé). || Las de qqn (→ Empoisonnement, cit. 3; 2. être, cit. 26; homme, cit. 106).
7 Quand nous sommes las d'aimer, nous sommes bien aises qu'on nous devienne infidèle, pour nous dégager de notre fidélité.
La Rochefoucauld, Maximes supprimées, 581.
8 Las de se faire aimer, il veut se faire craindre.
Racine, Britannicus, I, 1.
9 Lasse enfin d'elle-même et du jour qui l'éclaire.
Racine, Phèdre, I, 1.
10 Je suis las des musées, cimetières des arts.
Lamartine, Voyage en Orient, Athènes.
11 (…) il était las des affaires et plus encore des gens (…)
P.-J. Toulet, la Jeune Fille verte, II.
12 Jacques, voilà que je suis lâche et vieux, las de combattre et de défendre.
Claudel, l'Annonce faite à Marie, I, III.
Loc. De guerre lasse. Guerre (cit. 55, 56 et supra).
CONTR. Dispos, frais, gaillard, reposé.
————————
2. las [lɑs] interj.
ÉTYM. V. 1050; mot invar., XIIe; de l'adj. las « malheureux ».
Vx ou archaïque. Hélas ! (→ Aller, cit. 110, Ronsard).
0 — Où voulez-vous courir ? — Las ! que sais-je ?
Molière, Tartuffe, V, 1.
tableau Principales interjections.

Encyclopédie Universelle. 2012.