lien [ ljɛ̃ ] n. m.
• v. 1120; lat. ligamen, de ligare → lier
I ♦
1 ♦ Chose flexible et allongée servant à lier, à attacher plusieurs objets ou les diverses parties d'un objet. ⇒ attache, 1. bande, bride, corde, cordon, courroie, élastique, ficelle, fil, ruban, sandow, sangle, tendeur. Liens utilisés en chirurgie. ⇒ catgut, 2. garrot, ligature. Nouer, desserrer un lien.
♢ (1676) Techn. Pièce de charpente oblique reliant deux pièces assemblées en angle. — Pièce en forme de U vissée aux deux extrémités, servant de bride.
2 ♦ (Abstrait) Ce qui relie, unit. Ces faits n'ont aucun lien entre eux. ⇒ enchaînement, relation, suite. Lien de cause à effet. ⇒ corrélation, liaison. Lien logique. ⇒ analogie, rapport. Établir le lien, faire le lien entre deux événements. ⇒ rapprochement. Des « remarques inachevées, sans lien » (Chardonne). ⇒ décousu.
3 ♦ (1226) Ce qui unit entre elles deux ou plusieurs personnes. ⇒ liaison, nœud, relation. Lien de famille, de parenté, de solidarité. Les liens du sang, de l'amitié. ⇒ attache. Nouer des liens étroits avec qqn. Rompre des liens (avec qqn). Je vous déclare unis par les liens du mariage (paroles du maire, lorsqu'il célèbre un mariage). « l'habitude finit par créer une espèce de lien » (Loti). « Plus le lien social s'étend, plus il se relâche » (Rousseau).
4 ♦ Élément (affectif, intellectuel) qui attache l'homme aux choses. ⇒ affinité. « Il était lié aux choses par des liens invisibles » (France).
II ♦ (XIIIe)
1 ♦ Vx Corde, chaîne qui sert à attacher, ligoter un captif, à retenir, mener un animal. ⇒ entrave. Parvenir à se dégager de ses liens.
2 ♦ Métaph. et fig. Ce qui maintient (qqn) dans un état d'étroite dépendance. ⇒ assujettissement, chaîne, servitude. « délivré des liens du travail » (Baudelaire). Liens moraux, affectifs.
⊗ CONTR. Rupture, séparation.
● lien nom masculin (ancien français loien, du latin ligamen, avec l'influence de lier) Ficelle, cordon, courroie, etc., qui sert à maintenir ensemble ou à attacher, retenir, fermer : Bourse qui se ferme avec un lien de cuir. Littéraire. Ce qui attache un animal, quelqu'un, qui les maintient prisonniers : Se libérer de ses liens. Ce qui établit entre des choses abstraites un rapport, en particulier logique ou de dépendance : Un lien de cause à effet entre deux événements Relation entre personnes. Littéraire. Ce qui impose une contrainte permanente : Les liens d'un serment. Bâtiment Pièce oblique de charpente qui réunit l'arbalétrier d'une ferme au poinçon, ou une poutre horizontale à un poteau. Synonyme de lierne. Informatique Séquence d'instructions ou procédure conventionnelle de communication entre parties d'un programme ou entre sous-programmes. Dans un document hypertexte, commande qui, à partir d'une zone activable, permet d'accéder à d'autres informations. ● lien (citations) nom masculin (ancien français loien, du latin ligamen, avec l'influence de lier) Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 Toute espèce de chaîne est une folie, tout lien est un attentat à la liberté physique dont nous jouissons sur la surface du globe. Juliette ● lien (expressions) nom masculin (ancien français loien, du latin ligamen, avec l'influence de lier) Littéraire. Briser, rompre ses liens, sortir de captivité ou s'affranchir d'une servitude morale. Nouer des liens avec quelqu'un, établir une relation durable avec quelqu'un. Lien élastique, organe assurant une liaison souple entre l'affût d'un canon et son tube, en permettant le recul de ce dernier au départ du coup sans dépointer l'affût. ● lien (synonymes) nom masculin (ancien français loien, du latin ligamen, avec l'influence de lier) Ficelle, cordon, courroie, etc., qui sert à maintenir ensemble ou...
Synonymes :
- attache
- cordon
- lacet
Littéraire. Ce qui attache un animal, quelqu'un, qui les maintient prisonniers
Synonymes :
- carcan
- chaîne
- chaînes
- entrave
- fers
Ce qui établit entre des choses abstraites un rapport, en...
Synonymes :
- corrélation
- enchaînement
- liaison
- rapport
Synonymes :
- Bâtiment. lierne
lien
n. m.
d1./d Bande longue, étroite et souple qui sert à lier. Lien d'une gerbe. Syn. (Acadie, Réunion, Saint-Pierre-et-M.) amarre (sens 2).
d2./d Fig. Ce qui unit des personnes entre elles; ce qui attache des personnes à des choses. Lien conjugal. Le lien entre l'homme et la nature.
d3./d Fig. Ce qui permet d'établir une liaison entre plusieurs faits. Lien de cause à effet.
⇒LIEN, subst. masc.
A. — Objet flexible de forme allongée servant à entourer une chose pour maintenir ensemble ses différentes parties, ou à attacher entre elles deux ou plusieurs choses. Lien de paille, de feutre, de soie; lien d'un fagot; nouer, dénouer, serrer, desserrer un lien. Tout près de moi, une tête a été rattachée à un corps agenouillé, avec un vague lien (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 338) :
• 1. Ernest se mit à botteler et Alexis apportait les javelles sur les liens, tandis que le père, servi par l'Adélaïde et par Juliette, chargeait les gerbes sur la voiture.
AYMÉ, Jument, 1933, p. 205.
♦ P. métaph. Les amitiés d'enfance (...) liens tressés naïvement et solides comme ces ouvrages de petites filles où une main inexpérimentée a prodigué le fil et les gros nœuds (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 11).
— P. méton., AGRIC. Tige ou rejet de certaines plantes ou de certaines essences forestières qui, en raison de l'élasticité de leur bois, peuvent être utilisées comme liens (d'apr. Forest. 1946). Ici, je ne puis passer sous silence (...) l'action de la lune sur les liens et sur les pousses. Il faut se garder de couper ces liens avec la nouvelle lune, s'ils sont de chêne, et s'ils sont de noisetier, de saule, de bois blanc, avec la lune faite, ancienne. Ils ne se laissent point tordre, ils rompent infailliblement (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 8).
— En partic. Ce qui retient un animal, enchaîne ou ligote un prisonnier, un esclave. Les liens de saint Pierre; couper, rompre, briser les liens d'un captif (cf. aussi infra C 2 a). J'ai quitté le service, et, usant de ma liberté, je cours à peu près comme un cheval qui a rompu son lien (COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1810, p. 820). Le misérable petit pioupiou s'était écroulé, la langue pendante, à moitié garrotté par ses liens (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 163) :
• 2. Vois! N'ai-je point gardé l'immonde flétrissure
Du fouet de l'esclavage et des liens cuisants?
LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 97.
♦ Loc. fig., littér. Liens de fleurs. Choses séduisantes qui créent des contraintes, entravent la liberté en douceur. Je voulus fuir... Les grâces m'enchaînèrent; elles m'étreignirent dans leurs liens de fleurs, plus forts que le fer : je m'abandonnai aux grâces, à l'ange qui m'offrait le bonheur, à Sara... j'aimai (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 227).
B. — P. anal. Ce qui réunit, rattache deux ou plusieurs choses entre elles. Le bœuf traîne d'une certaine manière son compagnon. Et admirez ce lien de bois qui à la fois rapproche les deux têtes et les sépare. Deux têtes en une, mais qui ne communiquent que par le joug (ALAIN, Propos, 1927, p. 741). Le Fezzan doit être la part de la France dans la bataille d'Afrique. C'est le lien géographique entre le sud-tunisien et le Tchad (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 62).
— Spécialement
1. CHARPENT. Pièce de bois ou de métal placée obliquement dans l'angle formé par deux pièces de charpente pour en consolider l'assemblage. Liens de faîtage (cf. ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 2, 1928, p. 22).
2. TECHNOLOGIE
♦ ,,Pièce en forme d'U très allongé, dont les extrémités des branches sont reliées par une pièce fixée par écrous`` (BARB.-CAD. 1963).
♦ ,,Petite bande de plomb soudée en certains points sur l'armature de vitraux`` (BARB.-CAD. 1963).
3. ARTILL. Lien élastique. Pièce reliant la bouche à feu à l'affût du canon. L'usage a consacré le terme de liens ou liaisons élastiques pour désigner les ressorts et les freins hydrauliques [destinés à limiter le recul] (ALVIN, Artill., Matér., 1908, p. 162).
4. INFORMAT. ,,Séquence d'instructions reliant deux parties d'un programme`` (BUREAU 1972). Synon. liaison.
C. — Au fig.
1. [Dans l'ordre logique] Élément qui réunit, rattache deux ou plusieurs choses entre elles, assure leur relation, les met en rapport; le rapport lui-même tel qu'il est perçu par l'esprit. Produire et conserver, dans l'oubli où le monde est de son passé, le lien des temps, ce lien si nécessaire, cette chaîne vitale qui du passé mort en apparence fait circuler la sève vers l'avenir (MICHELET, Journal, 1850, p. 126). Un être pour l'esprit de qui le principe de causalité existerait à peine, un être qui ne serait pas capable d'établir un lien entre un phénomène et un autre et devant qui le spectacle du monde serait incertain comme un rêve (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 586) :
• 3. L'idée de l'universelle analogie, à laquelle se réfère la conception romantique et moderne de la poésie, est la réponse de l'esprit humain à l'interrogation qu'il se pose, et l'expression de son vœu le plus profond. Il a souhaité d'échapper au temps et au monde des apparences multiples, pour saisir enfin l'absolu et l'unité. La chaîne des analogies lui apparaît, par instants, comme le lien qui, rattachant toute chose à toute autre chose, parcourt l'infini et établit l'indissoluble cohésion de l'être.
BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 401.
SYNT. Lien commun, continu, direct; lien réel, apparent, artificiel; lien causal, logique, nécessaire, historique; lien de causalité, de nécessité, de dépendance, de subordination; être, constituer, former un lien; faire le lien entre deux choses; idées, faits, mots sans lien.
2. [Dans l'ordre des rapports hum.]
a) Ce qui unit deux ou plusieurs personnes (ou groupes de personnes), établit entre elles des relations d'ordre social, moral, affectif p. ex.; les relations ainsi constituées. La société n'existe que par l'unité; l'unité se forme par des liens; les liens, quand il s'agit d'êtres intelligens, se changent en lois obligatoires pour la conscience et maintenues par la double autorité de la force publique et de l'opinion (LACORD., Conf. N.-D., 1848, p. 201). Il y avait de grands sentiments dans cette salle obscure et basse : l'hospitalité et les liens que créent l'amour, la parenté, l'amitié (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 266) :
• 4. On constate parfois entre un sujet hypnotisé et l'hypnotiseur un lien invisible qui les met en rapport l'un avec l'autre. Ce lien paraît être une émanation du sujet. Quand l'hypnotiseur est ainsi en rapport avec l'hypnotisé, il peut lui suggérer, à distance, certains actes à accomplir.
CARREL, L'Homme, 1935, p. 315.
SYNT. Les liens de la société, les liens humains; lien juridique, légal, de droit; lien politique, national, fédéral, féodal; lien social, lien moral; lien de parenté, de famille, de naissance; les liens du sang; le lien conjugal, les liens du mariage; les liens de l'âme, du cœur, du corps, de la chair; lien d'affection, d'amitié, d'amour, de sympathie, d'intérêt; de doux, de tendres liens; liens étroits, intimes, forts, puissants, profonds, indissolubles; contracter, établir, nouer, resserrer, briser, dénouer, relâcher des liens.
— DR. ,,Rapport juridique entre deux ou plusieurs personnes résultant de la parenté ou de l'alliance`` (CAP. 1936).
♦ Lien simple. Lien de parenté entre frères et sœurs ayant un père ou une mère différents. Cf. infra.
♦ Double lien. Lien entre frères et sœurs issus du même père et de la même mère. Les frères et sœurs consanguins ou utérins ne sont liés que d'un lien simple. Il y avoit quelques coutumes, où par le privilège du double lien, les frères et sœurs germains se succédoient les uns aux autres, au préjudice des consanguins et utérins (Ac. 1798).
— RELIG., DR. CANON
♦ Lien (religieux). Engagement religieux contracté par celui qui a été ordonné prêtre ou a prononcé des vœux monastiques. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Lien (du mariage). ,,Union perpétuelle et exclusive de deux personnes qui ont validement contracté mariage`` (Foi t. 1 1968).
Empêchement de lien. ,,Incapacité de contracter validement un second mariage tant que subsiste le lien du premier`` (Foi t. 1 1968).
Défenseur du lien. ,,Officier judiciaire intervenant obligatoirement dans les causes matrimoniales ou dans les causes d'Ordination pour veiller au respect des règles de la procédure et défendre contre le demandeur la validité du lien de l'Ordination sacrée ou du mariage`` (Foi t. 1 1968).
b) Ce qui attache moralement quelqu'un à quelque chose. Après le repentir des oublis imprudents, le poète [Sully-Prudhomme] dit la ténacité du lien par où nous nous sentons attachés à la terre de la patrie, au sol même, à ses fleurs, à ses arbres (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 60).
c) Ce qui met dans une situation de dépendance, ce qui contraint, enchaîne, asservit. Les liens de l'habitude, de la raison, de la conscience, de la morale; être dans les liens de qqn, de qqc.; tenir qqn dans ses liens; se délivrer, s'affranchir de ses liens; être libre de tout lien. Les habitudes et les opinions d'un pays où l'on se trouve si bien du respect le plus scrupuleux pour les devoirs, comme pour les lois, le retenaient dans des liens assez étroits à beaucoup d'égards (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 314). Il me devient de plus en plus difficile d'admettre qu'il puisse y avoir sainteté à strictement parler quand on demeure dans les liens du monde (DU BOS, Journal, 1924, p. 181) :
• 5. Mais plus j'ai garrotté ma vie par les liens du dévouement et de l'honneur, plus j'ai échangé la liberté de mes actions contre l'indépendance de ma pensée...
CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 305.
REM. Liette, subst. fém., vx, synon. ,,Tout ce qui sert à lier, cordon, ruban`` (GUÉRIN 1892). Les liettes de sa chemise ouverte étaient frisées menu, et son bonnet avait de longs rubans qui flottaient terminés par des ancres d'or (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 111).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1re moitié XIIe s. « attache constituant une entrave » ici, employé par image (Psautier Oxford 2, 3 ds T.-L. : Derumpuns les lur lïens [dirumpamus vincula eorum]); 1130-40 sens propre (WACE, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 559); 2. fin XIIe s. « laisse pour conduire un chien » (Folie Tristan, Oxford, 902 ds T.-L.); 3. 1269-78 solers a lien « souliers maintenus par une bande [et non lacés] » (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 9276). B. Fig. 1. ca 1175 lien affectif, moral (BENOÎT DE STE-MAURE, Chron., éd. C. Fahlin, 8560 : Quer entre nos e Franceis toz Nos ert lien d'amor); 1176 (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 4384 : S'Amors ne l'a [Cligès] en ses lïens); 1208 loient de fraterniteit (Cart. de Val S.-Lambert, BN l. 10176, fol. 24 c ds GDF. Compl.); 2. a) fin XIIe s. « obligation, contrainte résultant d'un vœu » (Vie d'Edouard le Confesseur, 1980 ds T.-L.); 1er quart XIIIe s. spéc. liien d'obedïenche (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, 12, 2, ibid.); fin XIIIe s. liien de mariage (Chastelain de Coucy, éd. J. E. Matzke et M. Delbouille, 219); b) 1283 lien jur. (BEAUMANOIR, Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1263); 3. 1669 lien du sang (RACINE, Britannicus, IV, II); 4. 1851-62 lien du discours « enchaînement, suite continue » (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 4, p. 362 [à propos du style de Buffon]). Du lat. ligamen, « lien, cordon, bande, bandage »; la forme rég. étant leien, loiien, lien est anal. de lier. Fréq. abs. littér. : 3 926. Fréq. rel. littér. : XIX s. : a) 7 365, b) 4 691; XXe s. : a) 4 905, b) 4 947. Bbg. Archit. 1972, pp. 61-62. - BARB. Misc. 29 1944-52, pp. 426-429. - ERNOUT (A.). Philologica. 2. Paris, 1957, 256 p.
lien [ljɛ̃] n. m.
ÉTYM. V. 1120; du lat. ligamen, de ligare. → Lier.
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1 Chose flexible et de forme allongée servant à lier, à joindre, à attacher ensemble plusieurs objets ou les diverses parties d'un même objet. ⇒ Attache. || Lien de cuir, de toile (⇒ Bande), de chanvre, de crin (⇒ Corde), de coton, de soie (⇒ Cordon), de jonc, d'osier, de paille (⇒ Alèse). || Lien de glui (vx). || Lien d'une gerbe (cit. 1), d'un fagot. ⇒ Hart, rouette. || Lien servant à brider une volaille que l'on fait cuire. ⇒ Bridure. || Liens spéciaux utilisés en arboriculture (⇒ Ligature), en chirurgie (⇒ Garrot, ligature), en viticulture (⇒ Accolure). ⇒ Courroie, ficelle, sangle.
1 Comme le vase ou récipient, le lien est l'un des signes de l'homme et l'un des principes, en même temps matériels et symboliques, de notre civilisation (…) Le lien (…) permet de réunir et de maintenir ensemble un certain nombre d'objets (…) Le propre du lien est de se prêter au nœud (…) À l'origine, on utilisait, pour faire des liens, certaines tiges souples d'osier, de noisetier, d'arbres ou d'arbustes divers. On utilisait aussi certaines herbes (…) De nos jours on fait des liens avec une foule de matières.
G. Duhamel, Chronique des saisons amères, p. 119-120.
♦ (1676). Techn. Pièce de bois ou de métal reliant solidement deux parties d'un assemblage. ⇒ Bride. — (1908, in T. L. F.). || Lien élastique : pièce reliant la bouche à feu à l'affût du canon.
2 (Abstrait). Ce qui relie, unit deux ou plusieurs choses entre elles. || Des mots sans lien. ⇒ Suite (→ Entrechoquer, cit. 5). || Ces faits n'ont aucun lien entre eux. — Lien de cause à effet. ⇒ Corrélation, liaison. || Le lien des idées. ⇒ Enchaînement (cit. 3), filiation (→ Incohérence, cit. 2). || Lien logique. ⇒ Analogie, rapport.
2 Je fus si frappé des liens qui unissent le français moderne au français ancien, j'aperçus tant de cas où les sens et les locutions du jour ne s'expliquent que par les sens et les locutions d'autrefois (…)
Littré, Dict., Préface, p. II.
3 (…) il entendit affirmer que les liens se renouaient entre le glorieux présent et le passé glorieux de la France.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, II.
4 (…) sa pensée était faite de remarques inachevées, sans lien (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 294.
♦ Spécialt, inform. Séquence d'instructions reliant deux parties d'un programme.
3 (1226). Ce qui unit entre elles deux ou plusieurs personnes. || Lien de parenté, de parentage (cit.), de famille (cit. 5). ☑ Les liens du sang (→ 1. Étranger, cit. 8; incestueux, cit. 3). — Dr. (vieilli). || Lien simple; lien double (entre frères et sœurs des mêmes père et mère). — Les liens de l'amitié (cit. 22). ⇒ Nœud. || Liens de sympathie. || Lien puissant entre les hommes (→ Intérêt, cit. 12). || Lien solide, durable, indissoluble. ⇒ Ciment. — Contracter, nouer des liens. ⇒ Lier (se); accointance, liaison, relation. || Lien qui se noue, se resserre. || Lien qui unit deux amis, deux frères (cit. 5). ⇒ Attachement, fraternité. || Lien conjugal (→ Époux, cit. 9). || Lien qui unit deux amants (→ Enlacer, cit. 4; humanité, cit. 8). || Doux, tendres liens. || Liens que crée l'habitude (cit. 25). || Liens que l'absence (cit. 10), la séparation relâchent, étirent (cit. 1), rompent (→ Déchirement, cit. 6). || « Plus le lien social s'étend (cit. 40), plus il se relâche » (Rousseau). || Briser un lien sacré (→ Abandonner, cit. 3). || Le dernier lien qui les unissait (→ Fouetter, cit. 5). || Couper, trancher tous ses liens avec sa famille, son milieu social. ⇒ Attache (cit. 18). || Le dernier lien qui le rattachait à la vie des autres (→ Messager, cit. 3). || Liens qui se renouent. || Servir de lien entre deux personnes. ⇒ Intermédiaire, union (trait d'union).
5 Pour être séparé de villes et d'espaces,
Cela n'empêche point que les trois belles Grâces,
L'Honneur et la Vertu, n'ourdissent le lien
Qui serre de si près mon cœur avec le tien.
Ronsard, Pièces posthumes, « Poèmes inachevés ».
6 Comprends-tu qu'un lien qui, dans l'âme immortelle,
Chaque jour plus profond se forme à notre insu;
Qui déracine en nous la volonté rebelle,
Et nous attache au cœur son merveilleux tissu;
Un lien tout puissant dont les nœuds et la trame
Sont plus durs que la roche et que les diamants;
Qui ne craint ni le temps, ni le fer, ni la flamme,
Ni la mort elle-même, et qui fait des amants
Jusque dans le tombeau s'aimer les ossements;
Comprends-tu que dix ans ce lien nous enlace,
Qu'il ne fasse dix ans qu'un seul être de deux,
Puis tout à coup se brise, et, perdu dans l'espace,
Nous laisse épouvantés d'avoir cru vivre heureux ?
A. de Musset, Poésies nouvelles « Lettre à Lamartine ».
♦ Dr. canon. || Lien religieux : engagement contracté par celui qui est ordonné prêtre. — Lien du mariage. || Empêchement de lien.
4 Élément (affectif, intellectuel) qui attache l'homme aux choses. || Le lien, les liens entre le paysan et la terre (→ Établir, cit. 18). || Des liens de sympathie, des liens sympathiques avec tout ce qui est beau. ⇒ Affinité (cit. 4). || Les richesses s'attachent (cit. 48), au cœur de l'homme par des liens imperceptibles. ⇒ Fil. || Les mille liens indéracinables des origines. ⇒ Racine (→ Acclimater, cit. 2).
7 (Il) cultivait (la terre) de longues années de suite et il l'aimait. Il s'établissait entre elle et lui, non pas ce lien que la religion de la propriété avait créé entre elle et le maître, mais un autre lien, celui que le travail et la souffrance même peuvent former entre l'homme qui donne sa peine et la terre qui donne ses fruits.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, IV, VI, 1o.
8 J'ai voulu tout aimer, et je suis malheureux,
Car j'ai de mes tourments multiplié les causes !
D'innombrables liens, frêles et douloureux.
Dans l'univers entier vont de mon âme aux choses.
Sully Prudhomme, Stances et Poèmes, Vie intérieure, « Les chaînes ».
9 Il sentit alors qu'il était lié aux choses par des liens invisibles qu'on ne rompt pas sans peine et il fut pris tout à coup d'une grande piété pour sa ville (…) Il se détourna de son chemin pour aller voir sur le mail un orme qu'il aimait entre tous.
France, l'Anneau d'améthyste, XXV, Œuvres, t. XII, XXV, p. 268.
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II
1 Vx ou littér. Corde, chaîne… qui sert à attacher, à enchaîner, à retenir un captif, un animal. ⇒ Entrave. (Pour les animaux). || Lien servant à attacher ou à mener une bête de trait (⇒ Licol ou licou), un chien (⇒ Laisse), des chiens de meute (⇒ Accouple, couple [cit. 1], 2. harde). || Se débattre dans ses liens. ⇒ Chaîne (→ Face, cit. 8) — ☑ Poét. Briser, rompre ses liens : s'échapper d'une prison.
10 Mais plutôt demeurez pour me servir d'otage,
Jusqu'à ce que ma main de ses fers le dégage.
J'irai jusque dans Rome en briser les liens (…)
Corneille, Nicomède, V, 6.
♦ Par métaphore. || Briser (cit. 18), rompre ses liens. ⇒ Affranchir (s'). → Flotter, cit. 16. ☑ Traîner son lien : ne pas être entièrement dégagé d'une servitude.
11 Les nœuds de tes cheveux devinrent mes liens.
Racine, Poésies diverses, « Stances à Parthénice ».
12 Son existence qu'aucun lien n'amarra plus partit à la dérive (…)
Huysmans, En route, I, II.
2 Par métaphore et fig. Ce qui maintient (qqn) dans un état d'étroite dépendance. ⇒ Assujettissement, chaîne. — REM. Le mot lien, au sens figuré, évoque, selon le contexte, soit une union (sens I), soit une servitude, un esclavage (sens II). || Se dégager, se déprendre (cit. 1) des liens du désir, de l'habitude. || Les liens de tous les jours. ⇒ Servitude (→ Gêne, cit. 6). — Le lien irrévocable (cit. 2) des vœux religieux. || S'engager dans les liens du mariage. ⇒ Nœud (→ Bigamie, cit. 1). || S'empêtrer (cit. 5) dans les liens de l'amour. || Les liens qui nous attachent (cit. 17) aux créatures.
13 Ce n'est pas que je désapprouve qu'un sentiment honnête et doux vienne embellir le lien conjugal et adoucir en quelque sorte les devoirs qu'il impose (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, CIV.
14 (…) délivré des liens du travail (…) le goujat de la ville se répand vers les environs (…) pour échapper aux gênes et aux conventions sociales.
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires grotesques et sérieuses, « Le mystère de Marie Roget ».
15 Était-il donc impossible de retenir les hommes sans un lien charnel ? Elle en venait à le penser.
A. Maurois, Lélia, II, III.
♦ Spécialt et vx (surtout dans le langage de la préciosité). Esclavage amoureux (⇒ Chaîne, 1. fer[s], joug). || Les liens d'une immuable ardeur (→ Attacher, cit. 13).
16 Cependant à leurs vœux votre âme se refuse,
Tandis qu'en ses liens Célimène l'amuse (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1.
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CONTR. Brèche, fossé, hiatus, rupture, séparation.
DÉR. et COMP. Passe-lien. V. Liane.
Encyclopédie Universelle. 2012.