louvoyer [ luvwaje ] v. intr. <conjug. : 8>
• lovoyer 1621; lovyer 1529; de lof
1 ♦ Mar. Naviguer en zigzag, tantôt à droite, tantôt à gauche de la route à suivre, pour utiliser un vent contraire en lui présentant alternativement chaque côté du bâtiment. Louvoyer au plus près (du vent) :remonter au vent.
2 ♦ (1762) Fig. Prendre des biais, des détours pour atteindre un but. ⇒ biaiser, tergiverser. Louvoyer pour gagner du temps. « regardant s'il est bien temps d'avancer ou de reculer, attendant, louvoyant, épiant les courants de l'opinion » (Michelet).
● louvoyer verbe intransitif (de lof) Courir des bordées, bâbord et tribord amures, pour atteindre en zigzag un point où la direction du vent ne permet pas d'arriver directement. Suivre un chemin qui fait des détours ou des zigzags : Ivrogne qui louvoie sur le trottoir. Prendre des biais pour atteindre son but : Louvoyer devant des difficultés. ● louvoyer (difficultés) verbe intransitif (de lof) Conjugaison Attention, le y devient i devant e muet : il louvoie mais il louvoyait. - Bien noter le i après le y aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous louvoyions, (que) vous louvoyiez. ● louvoyer (synonymes) verbe intransitif (de lof) Courir des bordées, bâbord et tribord amures, pour atteindre en...
Synonymes :
- remonter au vent
- tirer des bordées
Suivre un chemin qui fait des détours ou des zigzags
Synonymes :
- tituber
Prendre des biais pour atteindre son but
Synonymes :
- biaiser
- finasser
louvoyer
v. intr.
d1./d MAR Se dit d'un bateau à voiles qui tire successivement des bords tribord et bâbord pour atteindre un point au vent.
d2./d Fig. Faire de nombreux détours pour arriver à ses fins.
|| Par ext. Agir par des procédés peu francs.
⇒LOUVOYER, verbe intrans.
A. — MAR. Naviguer tantôt à droite, tantôt à gauche de la route à suivre pour gagner un point qu'un vent contraire ne permet pas d'atteindre directement. Synon. remonter au/dans le vent, tirer des bordées. Les vents de Sud me forcèrent de louvoyer, toutes voiles dehors, pour doubler l'extrémité méridionale de la nouvelle terre (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 28). On n'était plus qu'à un demi-mille de la côte, et il avait fallu louvoyer pour gagner contre le vent (VERNE, Île myst., 1874, p. 334). Dès qu'elles [les barques] avaient dépassé les balises, elles commençaient à louvoyer (FLAUB., Coeur simple, 1874, p. 23).
— P. anal., p. plaisant. Marcher en zigzaguant. Synon. zigzaguer. Obligés de se dandiner sur les tillacs pour suivre l'impulsion de la mer, à terre il leur est impossible [aux marins] de marcher droit. Ils louvoient toujours (BALZAC, Théor. démarche, 1833, p. 636).
B. — Au fig. Employer des moyens détournés pour parvenir à ses fins ou pour éviter de se prononcer. Synon. biaiser, manoeuvrer, ruser, tergiverser. Je voudrais être sûr de passer au premier tour [des élections]. Alors, je louvoie, je mens. Je feins d'être irrité contre M. de Talon (RENARD, Journal, 1900, p. 578). Pendant des années vous allez mentir, ruser, louvoyer, vous irez de compromis en compromis (SARTRE, Mains sales, 1948, 5e tabl., 3, p. 206). Giraud et Georges refusent cela catégoriquement. Monnet louvoie (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 483).
REM. Louvoyant, -ante, part. prés. adj. a) Qui va de droite à gauche. Un petit agitateur hélicoïdal (...) auquel on imprime à la main un mouvement louvoyant (Catal. instrum. lab. [Prolabo], 1932, p. 41). b) [Correspond à B supra] Qui louvoie ou qui est propre à une personne qui louvoie. À quoi bon ces déclarations liminaires? Déjà j'y puis surprendre une allure louvoyante et cafarde, l'habitude des précautions (GENEVOIX, Assassin, 1948, p. 31).
Prononc. et Orth.: [luvwaje]; (il) louvoie [luvwa]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1529 mar. lofuyer (CRIGNON, Discours de la nav. de Jean et Raoul Parmentier, éd. Schefer, 50 ds Fr. mod. t. 26 1958, p. 54); 1612 louvoyer (Dernière lettre du père Arsène de Paris, ibid.); 2. 1762 au fig. (J.-J. ROUSSEAU, Émile, livre 1 ds Œuvres compl., éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 4, p. 251). Dér. de lof; suff. -oyer. Fréq. abs. littér. Louvoyer:74. Louvoyant:19.
DÉR. 1. Louvoiement, subst. masc. a) Mar. Action de louvoyer ; résultat de cette action. (Dict. XXe s.). P. anal. Un réseau compliqué ne donnait pas la tentation d'atteindre à tout prix l'endroit où l'on devait se rendre, comme un but de jeu, en combinant les détours, les louvoiements souterrains (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 204). b) Au fig. Moyen détourné de parvenir à un but ou de temporiser. Synon. biais, faux-fuyant, manoeuvre, ruse, tergiversation. C'est un louvoiement à la Louis XI [la politique des Tuileries], politique tortueuse dont l'insuccès n'a pas d'éclat (BALZAC, Œuvres div., t. 3, 1836, p. 93). Il faut que l'on sache, dans le monde, que nous sommes nombreux, très nombreux, à ne pas accepter les réticences et les louvoiements de Vichy (L'Œuvre, 14 févr. 1941). — []. Att. ds Ac. 1935. — 1res attest. a) 1836 au fig. (BALZAC, loc. cit.), b) 1923 mar. (Lar. univ.); de louvoyer, suff. -ment1. 2. Louvoyage, subst. masc., mar. Action de louvoyer ; résultat de cette action. Un canal si étroit, où des brumes presque continuelles rendent le louvoyage extrêmement difficile (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 58). Nous nous trouvâmes dans un espace plus libre, qui pouvait offrir environ un mille de louvoyage dans tous les sens (DUMONT D'URVILLE, Voy. Pôle Sud, t. 2, 1842, p. 242, note 55). Alors, sur de simples pirogues, au bout de combien de mois d'un louvoyage obstiné (...) ont-ils réussi à atteindre justement ce grain de sable [l'île de Pâques], égaré dans une telle immensité (LOTI, Reflets, 1899, p. 277). — []. — 1res attest. 1505 louuiage (GONNEVILLE, Relation authentique ds Fr. mod. t. 26, 1958, p. 54), attest. isolée, 1797 louvoyage (Voy. La Pérouse, loc. cit.); de louvoyer, suff. -age.
BBG. —GOHIN 1903, p. 350, 373. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 89, 168, 226, 228 (s.v. louvoyage), 256.
louvoyer [luvwaje] v. intr. [CONJUG. noyer.]
ÉTYM. 1529, lovyer; lovoyer, 1621; de lof.
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1 Mar. Naviguer en zigzag, tantôt à droite, tantôt à gauche de la route à suivre pour utiliser un vent contraire en lui présentant alternativement chaque côté du bâtiment. || Louvoyer au plus près (du vent). ⇒ Remonter (au vent); vx bordailler, bouliner. || Les galions (cit. 2) naviguaient bien avec le vent en poupe, mais louvoyaient difficilement.
1 (…) le vent était contraire, la mer mauvaise, on louvoyait et l'on courait des bordées. Neuf jours après la sortie de Charente, Milady (…) voyait apparaître seulement les côtes bleuâtres du Finistère.
A. Dumas, les Trois Mousquetaires, XLIX.
2 La mer était mauvaise; le vent debout. Ils louvoyèrent longtemps et ils eurent du mal pour atteindre leur navire.
Loti, Mon frère Yves, V.
2 (1762). Prendre des biais, des détours pour atteindre le but auquel on ne peut arriver directement. ⇒ Biaiser, tergiverser (→ Entremettre, cit. 3). || Louvoyer pour réussir, pour gagner du temps. || Il louvoya entre les différents partis (Académie).
3 Ils consultent moins le droit, moins la situation générale que leur moment personnel, regardant s'il est bien temps d'avancer ou de reculer, attendant, louvoyant, épiant les courants de l'opinion, pour se faire porter par eux, en paraissant les conduire.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, III.
4 Fallait-il résister ou louvoyer ? Fallait-il s'opposer résolument ou faire la part du feu ?
Louis Madelin, Talleyrand, IV, XXXIII.
5 Je sais à présent qu'il n'est pas prudent de vouloir travailler quand même, et qu'une fatigue profonde en pourrait résulter. Je temporise, je louvoie; je tâche de me persuader que le lendemain sera meilleur si je prends mon parti de lui sacrifier l'aujourd'hui.
Gide, Journal, 25 janv. 1917.
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CONTR. Aller (droit au but).
DÉR. Louvoiement, louvoyage.
Encyclopédie Universelle. 2012.