lueur [ lɥɶr ] n. f.
1 ♦ Lumière faible, diffuse (⇒ clarté); lumière éphémère. Lueur blafarde, pâle, tremblante, vacillante. Les premières lueurs du jour. ⇒ 1. aube, aurore. Lueur crépusculaire. Lueur des éclairs. « les lueurs pâles des bougies » (Balzac). Lire à la lueur des bougies.
2 ♦ Expression vive et momentanée (du regard). « Une lueur malicieuse du regard » (Martin du Gard). Avoir une lueur de colère dans les yeux. ⇒ éclair, éclat, flamme; briller. Pas une lueur d'intelligence dans son regard.
3 ♦ Fig. Illumination soudaine, faible ou passagère; légère apparence ou trace. Lueur du souvenir. ⇒ trace. Lueur de raison, de lucidité. ⇒ éclair, étincelle. Une lueur d'espoir. ⇒ 1. rayon. « Trouver une joie imprévue dans la plus faible lueur d'espérance » (Musset).
4 ♦ Plur. Connaissances superficielles sur un sujet. Avoir des lueurs, quelques lueurs sur qqch. ⇒ lumière. Apporter ses lueurs sur un sujet.
● lueur nom féminin (latin populaire lucore, du latin classique lucere, briller) Lumière faible : Les premières lueurs de l'aube. Clarté vive, mais éphémère : La lueur d'un éclair. Éclat fugitif du regard manifestant un sentiment, une qualité : Une lueur d'envie, une lueur malicieuse brilla dans ses yeux. Un peu de, une fugitive manifestation de : Garder une lueur d'espoir. ● lueur (citations) nom féminin (latin populaire lucore, du latin classique lucere, briller) René Char L'Isle-sur-la-Sorgue, Vaucluse, 1907-Paris 1988 Il faut souffler sur quelques lueurs pour faire de la bonne lumière. Les Matinaux Gallimard ● lueur (synonymes) nom féminin (latin populaire lucore, du latin classique lucere, briller) Lumière faible
Synonymes :
- clarté
- halo
Clarté vive, mais éphémère
Synonymes :
- éclat
Éclat fugitif du regard manifestant un sentiment, une qualité
Synonymes :
- éclair
- étincelle
- rayon
lueur
n. f.
d1./d Lumière faible ou passagère. La lueur d'une bougie.
d2./d Fig. Expression passagère du regard. Une lueur de haine apparut dans ses yeux.
d3./d Fig. Apparition passagère. Des lueurs de raison chez un aliéné.
⇒LUEUR, subst. fém.
A.— Lumière qui n'a pas un plein éclat, une grande intensité, mais qui est durable. Cette lueur purpurine dans les Hautes-Alpes qui précédant l'aube, fait vibrer le sommet neigeux qu'elle désigne et sort de la nuit (GIDE, Symph. pastor., 1919, p. 890). À travers les volets et les rideaux entraient dans la pièce noire les reflets rouges de l'enseigne électrique d'un cinéma voisin. Des lueurs d'enfer (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1497) :
• 1. Les garçons viennent d'allumer les candélabres, et, dans la nuit hésitante, la lueur mate des petits abat-jour jaunes, enveloppant les cristaux et les fleurs qui penchent, crée autour du banquet qui s'achève une atmosphère languissante et recueillie.
MARTIN DU G., J. Barois, 1909, p. 433.
SYNT. Lueur de la lune, des étoiles; les premières lueurs de l'aurore, les dernières lueurs du crépuscule; lueur d'un réverbère, d'une bougie, d'une veilleuse; lueurs d'un foyer, d'un incendie; lueur blafarde, blême.
B.— Lumière qui apparaît soudainement, mais qui est éphémère. Lueur brusque, intense, soudaine; lueur des éclairs. Cinq coups éclatent, en gerbes rouges, cinq schrapnells bien en ligne. Leur lueur soudaine éclaire les dos ronds et les têtes qui s'enfoncent (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 94). Des lueurs de fusées éclairantes venaient aussi, parfois de très loin, et glissaient sur la neige comme de rapides mains de soie (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 140) :
• 2. Une explosion nocturne par une nuit claire donne une si éclatante lueur que celle-ci peut être décelée par observation de la lune dont la partie obscure est brièvement illuminée par réflexion.
GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 194.
— En partic. [En parlant des yeux, du regard] Éclat vif et passager, qui manifeste un sentiment, une émotion. Lueur de désir, de haine, d'orgueil; lueur gaie, triste. Bien qu'il guettât, sans succès, une lueur de satisfaction sur le visage de son frère, il ne doutait pas un instant de réussir dans la tâche qu'il entreprenait (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 759). Elle recommençait de trembler du menton. Une lueur trouble et malheureuse dénaturait son regard toujours si net (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 77) :
• 3. ... il ne put que lui dire : — Écoute, j'ai trop souffert, je ne te quitterai jamais. Elle ne répondit pas. Eut-elle dans ses yeux noirs cet éclair de triomphe, cette lueur de contentement qui, chez toutes les femmes, se nuance d'un peu de mépris, en présence de l'homme vaincu?
MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 245.
C.— Au fig.
1. Manifestation imperceptible, floue ou, au contraire, soudaine et très vive de la pensée ou de la sensibilité. Lueur d'espoir, d'espérance; lueur de conscience, de raison; lueur qui jaillit dans l'esprit; avoir une lueur soudaine. Elle était (...) muette, muette par défaut d'intelligence. J'essayai de tous les moyens pour amener dans cette tête une lueur de pensée; rien ne réussit (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Berthe, 1884, p. 988). D'où je viens, où je vais? Voilà ce qu'on ne saura jamais. Ne pas en avoir même la plus petite lueur. Moi, j'existe. Voilà tout ce que je sais (BARRÈS, Cahiers, t. 1, 1896, p. 72). Pensons donc à une fourmi que traverserait une lueur de réflexion et qui jugerait alors qu'elle a bien tort de travailler sans relâche pour les autres (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 19) :
• 4. Du fond d'un compartiment obscur, Thérèse regarde ces jours purs de sa vie — purs mais éclairés d'un frêle bonheur imprécis; et cette trouble lueur de joie, elle ne savait pas alors que ce devait être son unique part en ce monde.
MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 188.
2. P. méton., au plur.
a) Ce qui rend clair, ce qui permet la compréhension. J'arrive à la troisième partie de Tête d'or et je commence seulement à avoir des lueurs. Bien sûr, j'ai senti passer, par moments, des beautés, mais senti seulement (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1906, p. 251). Les archives officielles et autres refusent de s'ouvrir. Je ne fais donc ici qu'essayer de projeter quelques lueurs de détail sur le sujet (BILLY, Introïbo, 1939, p. 85) :
• 5. ... l'enfance n'est pas seulement puérile; ce n'est pas être infidèle au Descartes du Traité des passions que de chercher en elle des lueurs sur le mystère de l'union de l'âme et du corps...
RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 413.
b) Connaissance, notion. Une femme intelligente, lettrée, pleine de lueurs (MONTHERL., Femmes, 1936, p. 1197).
3. Loc. À la lueur de. En se fondant, pour faire avancer une réflexion, sur. À la lueur du présent, le passé s'éclaire (GIDE, Robert, 1930, p. 1331) :
• 6. Tout ce qu'on peut discerner, à la lueur des événements les plus récents, c'est que la paix, en ne tenant pas ses promesses, a laissé la France dans l'étrange situation d'un pays victorieux mais blessé.
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 280.
Prononc. et Orth. :[], [ly-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 luur « lumière, éclat » (PHILIPPE DE THAON, Comput, 2765 ds T.-L.); 1223 lueur (GAUTIER DE COINCI, Miracles, éd. V. F. Kœnig, I Mir 31, 90); b) fin XIVe s. luour fig. « splendeur » (E. DESCHAMPS, Œuvres II, 11, 7 ds T.-L); 2. a) 1585 lueur « lumière faible, diffuse » (GARNIER, Hippolyte, éd. W. Foerster, t. II, p. 13, 165); b) 1669 fig. « légère apparence ou trace » (MOLIÈRE, Tartuffe, I, 1). Du b. lat. , « éclat », dér. de « luire » (cf. FEW t. 5, p. 437). Fréq. abs. littér. :4 142. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 764, b) 8 645; XXe s. : a) 6 785, b) 4 837.
lueur [lɥœʀ, lyœʀ] n. f.
ÉTYM. XIIe, leiur, luiur; lat. pop. lucor, -oris, à l'accusatif lucorem, du lat. class. lucere « luire », de lux, lucis « lumière ».
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1 Lumière faible, affaiblie ou diffuse; lumière éphémère. ⇒ Clarté, nitescence. || Lueur amortie (cit. 11), blafarde (cit. 4), blême, tremblante, vacillante (→ Clarté, cit. 4; frissonner, cit. 13; jeu, cit. 79). || Lueur faible, mourante, qui éclaire à peine. || Lueur blanche, argentée, nacrée, grise, rose (→ Clair-obscur, cit. 3; contour, cit. 1). || Lueur sinistre, effrayante (→ Flamme, cit. 2). || Les premières lueurs du jour. ⇒ Aube, aurore (cit. 5). || Lueur crépusculaire (cit. 1), de la fin du jour, du soleil couchant. || Lueur du clair de lune, lueurs lunaires… (→ Dégoutter, cit. 4). || La lueur des étoiles (→ Entassement, cit. 7; guider, cit. 5). || La lueur de l'incendie, d'un foyer, des flammes. ⇒ 1. Feu (cit. 35); → Brûler, cit. 2. || La lueur des bougies, des cierges, des torches, des flambeaux (→ Ardent, cit. 4; halo, cit. 2). || La lueur d'une lampe (cit. 14), d'une lanterne (cit. 5), des réverbères (→ Faiblement, cit. 4; globe, cit. 12; intimité, cit. 5). || La lueur des enseignes lumineuses (→ Hostellerie, cit. 4). || Lueur phosphorescente (→ Attacher, cit. 51). — Lueur brusque, violente, vive, intense, qui jaillit (cit. 10). || La lueur des éclairs. || Les lueurs vite éteintes des fusées (cit. 6). || Produire, jeter une, des lueurs. — À lueur de… || Lire à la lueur d'une petite lampe, de la lune. — REM. On emploie parfois lueur en parlant d'une lumière vive et durable; cet emploi peut se justifier lorsqu'il s'agit d'une lumière réfléchie (→ Reflet) ou inégale (→ Illuminer, cit. 4) ou encore pour des raisons stylistiques. || « La façade illuminée (cit. 18)… jetait une grande lueur » (Maupassant).
1 (…) devant une table ronde éclairée par des lampes astrales dont les vives lumières luttaient avec les lueurs pâles des bougies placées sur la cheminée (…)
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 790.
2 (…) la lune, de plus en plus claire, se dégageait des brumes, et sa lueur mêlée au reflet blanc de la neige tombée donnait à la chambre un aspect crépusculaire.
Hugo, les Misérables, III, VIII, XVI.
3 (Le combat) Mêle l'éclair des yeux aux lueurs des épées.
Hugo, la Légende des siècles, X, Mariage de Roland.
4 Elle passait devant l'hôpital de Lariboisière, comptait machinalement le long des façades les fenêtres éclairées, brûlant comme des veilleuses d'agonisant, avec des lueurs pâles et tranquilles.
Zola, l'Assommoir, XII, t. II, p. 240.
5 J'écris tout seul à la lueur tremblante
D'un feu de bois (…)
Apollinaire, Ombre de mon amour, XXXIV.
6 Une très vive lueur blanche continua longtemps d'illuminer puissamment l'horizon, émanant sans doute d'un vaste incendie.
Gide, Journal, 13 mars 1943.
7 J'observais la lueur. C'était, par-dessus le comptoir, sur la paroi du fond, un reflet indéfinissable, la vague réverbération d'une faible et lointaine source lumineuse.
H. Bosco, Antonin, p. 71.
2 Expression vive et momentanée (du regard). || Lueur de la prunelle, des yeux, du regard (→ Correcteur, cit. 2; dénaturer, cit. 5; fouetter, cit. 7; gonfler, cit. 4). — Avoir une lueur de colère dans les yeux. ⇒ Éclair, éclat (supra cit. 23), flamme; briller.
8 Par moments, un sourire furtif, une lueur malicieuse du regard, illuminaient son calme visage.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 223.
♦ Une lueur d'intelligence : une impression passagère d'intelligence (dans le regard, l'expression).
3 Par métaphore ou fig. Illumination soudaine, faible ou passagère; légère apparence ou trace. || Une lueur dans les ténèbres. ⇒ 1. Aube, 3. (→ Entrevoir, cit. 8; grisaille, cit. 9). || Lueur qui émane de qqn (→ Auréole, cit. 8). || La lueur de la conscience (cit. 5) éclaire le passé. || Les lueurs du souvenir. ⇒ Trace. || Une lueur de raison. ⇒ Éclair, étincelle. || Une faible lueur d'espérance, d'espoir. ⇒ Peu (un peu); rayon. || Une lueur de courage (cit. 15), de confiance (→ Fuser, cit. 2).
9 L'apparente lueur du moindre attachement (…)
Molière, Tartuffe, I, 1.
10 (…) c'est un peu de chose que nos afflictions, puisqu'elles servent quelquefois à nous faire trouver une joie imprévue dans la plus faible lueur d'espérance.
A. de Musset, Nouvelles, Croisilles, III.
11 (…) une faible lueur d'intelligence vacillait dans ton âme obscure (…)
France, le Livre de mon ami, Livre de Pierre, IV.
4 Littér. (Au plur.). || Des lueurs : des connaissances superficielles sur un sujet. || Apporter ses lueurs sur qqch., sur un sujet. ⇒ Lumière(s).
Encyclopédie Universelle. 2012.