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luire

luire [ lɥir ] v. intr. <conjug. : 38, sauf au p. p. lui, pas de p. p. fém.; passé simple et imp. du subj. inus.>
• 1080; a. fr. luisir; lat. lucere
1 Émettre ou refléter de la lumière. briller, éclairer, reluire. L'aurore, le jour, le soleil luit. Rayon, reflet qui luit ( lueur) . Yeux, prunelles, regards qui luisent de colère, d'envie. étinceler. Luire au soleil, refléter sa lumière. ⇒ luisant. Son crâne luisait. « Les vieux meubles luisaient d'un poli merveilleux » (Nerval).
2Par métaph. Apparaître, se manifester, comme une lueur apparaît aux yeux. « L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable » (Verlaine).
⊗ CONTR. Effacer (s'), pâlir.

luire verbe intransitif (latin populaire lucīre, du latin classique lucere) Briller de sa lumière propre : Le soleil luit. Réfléchir la lumière : Les casques luisaient au soleil. Son front luisait de sueur. En parlant des yeux, exprimer avec vivacité un sentiment : Son regard luisait de colère. Se manifester dans les yeux, le regard avec vivacité, en parlant d'un sentiment : L'envie luisait dans ses yeux. Littéraire. Apparaître, se manifester avec éclat : Un espoir luit encore.luire (difficultés) verbe intransitif (latin populaire lucīre, du latin classique lucere) Conjugaison Attention au passé simple, peu usité aux personnes autres que la 3e personne du singulier : je luisis, ils luisirent. Le participe passé, lui, est toujours invariable (comme nuire) : mille étincelles ont lui. ● luire (expressions) verbe intransitif (latin populaire lucīre, du latin classique lucere) Faire luire quelque chose à quelqu'un, le lui faire miroiter de façon trompeuse : On lui a fait luire la possibilité d'une promotion.luire (homonymes) verbe intransitif (latin populaire lucīre, du latin classique lucere) lui lui pronom personnel luis lui pronom personnel luit lui pronom personnelluire (synonymes) verbe intransitif (latin populaire lucīre, du latin classique lucere) Briller de sa lumière propre
Synonymes :
- briller
Réfléchir la lumière
Synonymes :
- brasiller
- chatoyer
- miroiter
- reluire
- scintiller
En parlant des yeux, exprimer avec vivacité un sentiment
Synonymes :
- étinceler
- flamboyer
- rayonner

luire
v. intr. Briller (en produisant de la lumière). Le soleil luit.
|| Par ext. Briller (en reflétant la lumière). Une lame d'acier qui luit.
|| Fig. Apparaître (comme une lueur). Un espoir luit encore.

⇒LUIRE, verbe intrans.
A.— Émettre de la lumière. Le feu, le jour, la lune luit; les astres luisent. La bouche sèche d'anxiété et de désir, il entra dans la chambre où une veilleuse luisait (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 164). Dehors, les becs de gaz luisaient dans la nuit douce, il héla un cab qui passait (THARAUD, Dingley, 1906, p. 23). Le bout d'une cigarette luisait dans l'ombre (DAVAU-COHEN 1972) :
1. Qu'a-t-on changé dehors? Voilà que les arbres sont devenus bleus et que l'herbe étincelle comme une nappe d'eau. Le funèbre soleil! Il luit blanc sur les ardoises, et les petites maisons de la côte ressemblent à des tombes neuves.
COLETTE, Dialog. bêtes, 1905, p. 122.
Vx. [Avec un compl. indir.] Le même ciel nous aime et nous conduit; L'étoile qui m'éclaire est celle qui te luit (DESB.-VALM., Élégies, 1833, p. 183).
P. anal. [Le suj. désigne les yeux, le regard] Penser que jamais, sans doute, je ne verrai la Chine! (...) Que jamais peut-être je ne verrai dans les forêts luire les yeux d'un tigre accroupi dans les bambous! (FLAUB., Corresp., 1847, p. 76). Le sang montait aux joues des filles jeunes dont les yeux noirs luisaient sous l'auvent de la coiffe (HAMP, Champagne, 1909, p. 137).
♦ [Avec un compl. prép. spécifiant un sentiment, une émotion] Lui, penché vers elle, de l'autre côté de la table, avait un mauvais sourire, et ses yeux luisaient de colère (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 617). Ses yeux luisaient de reconnaissance; son nez de travers semblait tout attendri; et sa bouche, remuant d'émotion, cherchait un mot drôle à servir (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 86).
Au fig. Ma sœur chérie Haydée, qui depuis notre départ de France m'a fait attendre patiemment, en me parlant de vous, l'heureux jour qui luit aujourd'hui (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 765).
Expr. Un nouveau jour luit pour nous. ,,Notre destin change`` (LITTRÉ).
Proverbe. Le soleil luit pour tout le monde. ,,Il est des avantages dont chacun a le droit de jouir`` (Ac.).
B.— P. ext. [Le suj. désigne qqc. de lisse, de poli, de gras] Réfléchir la lumière. Crâne chauve, front, nez qui luit; dents qui luisent; couteau, sabre, vaisselle qui luit; lunettes qui luisent. Des matelots maltais ramenant de grands filets où des milliers de sardines luisaient entre les mailles comme de petites pièces d'argent (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 63). La mer, toujours aussi immobile et lourde, luisait au loin, reflétait de dernières lueurs du côté de l'ouest (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 354). Le café Jean-Bart, où luisaient à l'intérieur le plomb du comptoir et les verres auprès d'un petit escalier tournant qui plongeait de l'étage dans la boutique (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 320) :
2. ... on vit des laboureurs, et le fer de la charrue luisait par à-coups dans cette étendue avec un éclat insoutenable, comme si l'homme, creusant la matière mystérieuse, en avait fait jaillir des étoiles.
MONTHERL., Songe, 1922, p. 103.
[Avec un compl. prép. spécifiant la cause] Les pierres des murs luisent d'humidité (RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 173). Son cou, sa douce gorge luisaient de moiteur (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 157). Henriette faisait le ménage, et l'appartement continuait à luire de propreté (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 166).
C.— Au fig. Se manifester avec éclat à la conscience, à l'esprit. J'essayai d'être persuasif, je parlai de l'avenir où luit toujours un rayon d'espérance, du temps qui cicatrise les plus profondes blessures (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 416). Ces derniers jours de juin 40, où nous remontions à pied vers l'Allemagne, luisent encore dans ma mémoire comme des cailloux blancs au fond d'un ruisseau (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 31). La partie non révélée et pourtant révélable de notre être, où toute beauté, tout amour, toute vertu que nous connaissons à peine, luit d'une manière intense (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 372) :
3. Quelqu'un se trouvera en qui une conception élémentaire de justice sera manifestée, un éclair de bon sens luira quelque part, un vieux reste de cœur mal étouffé sursautera, une parole jaillira et chacun sera surpris de la joie d'une action saine et désintéressée.
CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 453.
Expr. Faire luire qqc. à qqn, aux yeux de qqn. Lui présenter quelque chose comme avantageux. Elle commençait à faire luire à mes yeux d'autres tentations encore, mais elle s'arrêta net (PROUST, Sodome, 1922, p. 822) :
4. Il se vantait (...) de faire du Prussien un adepte de la fraternité des peuples, en lui faisant luire, en récompense de sa modération, la popularité qu'il s'acquerrait près des générations futures, réunies dans un embrassement universel.
GONCOURT, Journal, 1872, p. 912.
REM. 1. Luisard, subst. masc., arg., vx. Soleil. (Ds RIV.-CAR. 1969). 2. Luisarde, subst. fém., arg. et pop. a) Vx. Lune. (Ds MICHEL 1856). b) Étoile, vedette de théâtre. Si elle a un tantinet de voix, je l'engage séance tenante; une luisarde ramassée chez un mannezingue! Je lui apprends le chant et l'art dramatique en quinze jours. À défaut de talent, elle est jolie, c'est le principal au théâtre (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 42).
Prononc. et Orth. :[], (il) luit []. Att. dep. 1694. Etymol. et Hist. 1. Ca 1100 « briller de sa lumière propre » (Roland, éd. J. Bédier, 980 : soleill n'i luist); luisanz part. prés. adj. (ibid., 3345); av. 1577 ver luisant (BELLEAU, Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 70); 2. a) ca 1100 « refléter, renvoyer la lumière » (Roland, 1031 : luisent cil elme); ca 1100 luisant part. prés. adj. (ibid., 2272); b) 1676 luisant part. prés. subst. « qualité de ce qui est luisant » (FÉLIBIEN, p. 433); 3. ca 1200 fig. (Moralités sur Job, éd. W. Foerster, p. 299, 20 : vos luisez si com lumieres el munde [ép. aux Phil. 2, 15]); 4. 1830 fig. « exprimer un sentiment (en parlant des yeux, du regard) » (HUGO, Hernani, I, 4, p. 30). Du lat. « luire, briller; fig. être évident, apparent ». L'a. fr. luisir, résultat normal de , a été remplacé par luire (ca 1155. WACE, Brut, éd. I. Arnold, 3006) sous l'infl. des formes du futur (cf. nuire, plaire, taire, v. FOUCHÉ, p. 625; BOURC.-BOURC. § 116 Rem. II). Fréq. abs. littér. :1 869. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 933, b) 3 547; XXe s. : a) 3 505, b) 2 287. Bbg. ROQUES (M.). Romania. 1939, t. 65, p. 419.

luire [lɥiʀ] v. intr.
CONJUG. conduire, sauf au p. p. lui, qui n'a pas de féminin; passé simple je luisis, il luisit, et imp. du subj. que je luisisse, inus.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland, anc. franç. luisir; du lat. lucere, sous une forme altérée (le e long qui a donné luisir étant devenu e bref).
1 Émettre ou refléter de la lumière. 2. Briller (→ ci-dessous, cit. 2), éclairer, reluire.
1 Les astres ne reluisent point, le feu, ni la chandelle. Il faut dire luire en ces lieux-là. L'or, l'argent et autres telles choses luisent ou reluisent, l'un et l'autre se disent là indifféremment.
Malherbe, Œuvres, t. IV, p. 373, in F. Brunot, Hist. de la langue franç., t. III, p. 228.
2 Ce qui luit simplement répand une lumière douce, égale et continue, et même quelquefois une lueur (…) seulement. Mais l'objet qui brille fait plus qu'éclairer (…) il frappe la vue et parfois l'éblouit (…) Resplendir signifie aussi luire beaucoup.
Lafaye, Dict. des synonymes, Suppl., art. Luire, reluire.
L'aurore (cit. 13), le jour, le soleil luit (→ Haut, cit. 93). || La lune commençait à luire. || Astres qui luisent. || Clarté, feu (cit. 13, par métaphore), rayon, reflet qui luit.Yeux, prunelles, regards qui luisent, luisent de colère, d'envie (→ Braise, cit. 3; éteindre, cit. 29).Par métonymie. || La fureur luisait dans ses yeux.Luire au soleil, refléter sa lumière (→ Cru, cit. 6; éclatant, cit. 1).Refléter la lumière du soleil. || Les feuilles des fusains (cit. 1) luisaient. Luisant. || Son crâne luisait (→ Aspirer, cit. 21.2). || Les lames des poignards ont lui (→ Étui, cit. 3). || Le soc luisait comme de l'argent (→ Labour, cit. 1).Luire aux yeux de qqn, devant les yeux de qqn, pour qqn (→ ci-dessous, 3.).
3 Hé quoi ? lorsque le jour ne commence qu'à luire (…)
Racine, Esther, II, 1.
4 Pauvre oiseau que le ciel bénit !
Il écoute le vent bruire,
Chante, et voit des gouttes d'eau luire,
Comme des perles, dans son nid.
Hugo, Odes et Ballades, V, Ode XXIV.
5 Les vieux meubles luisaient d'un poli merveilleux.
Nerval, la Bohème galante, p. 340.
6 Il (l'eunuque) mène les sultanes au bain; il voit luire sous l'eau d'argent des grands réservoirs ces beaux corps tout ruisselants de perles et plus polis que des agates.
Th. Gautier, Préface de Mlle de Maupin, p. 17 (éd. critique Matoré).
7 La lune blanche
Luit dans les bois (…)
Verlaine, la Bonne Chanson, VI.
8 (…) une joie terrible luisait dans ses yeux de phosphore.
France, le Lys rouge, XXII.
9 (…) les lagunes, à cette heure méridienne, luisent comme des miroirs d'étain.
Loti, l'Inde (sans les Anglais), III, X.
10 Son torse blanc d'homme du Nord luisait de sueur.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 10.
11 Pourtant l'intelligence brillait dans cette carcasse détraquée; le regard luisait de malice.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, IV.
2 Par métaphore. Apparaître, se manifester (comme une lueur apparaît aux yeux). || Il vit enfin luire quelque espoir de secours (Académie). || « L'espoir (cit. 17) luit comme un brin de paille… » (Verlaine).
12 Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, XLVII.
13 La force immatérielle qui luit dans notre cœur doit luire avant tout pour elle-même. Ce n'est qu'à ce prix-là qu'elle luira pour les autres.
Maeterlinck, Sagesse et Destinée, LXIX.
3 Vx (langue class.). || Luire à qqn. || « Cet heureux jour nous luit » (Corneille, Rodogune, I, 1). || Le soleil nous luit (→ Astre, cit. 1, La Fontaine; cadran, cit. 1, Hugo).Au fig. || Luire à qqn, aux yeux de qqn : se manifester avec éclat (→ Astre, cit. 11, Racine). || « Un nouveau jour luit pour nous, au lieu de : un nouveau jour nous luit » (Académie, 1878).
CONTR. Effacer (s'), pâlir, ternir (se).
DÉR. Luisant.
COMP. Entre-luire.

Encyclopédie Universelle. 2012.