goujat [ guʒa ] n. m.
• gougeas plur. XVe; de l'a. occitan goyat « garçon », hébr. goya « servante chrétienne » → goy
1 ♦ Vx Valet d'armée.
♢ Mod. Homme sans usage, manquant de savoir-vivre et d'honnêteté, et dont les indélicatesses sont offensantes. ⇒ malotru, mufle, rustre; fam. gougnafier, pignouf. Quel goujat ! « de quoi vous mêlez-vous ? Vous êtes un goujat » (Courteline). — Adj. GOUJAT, GOUJATE. Des manières goujates.
● goujat nom masculin (ancien gascon gojat, jeune homme) Autrefois, valet d'armée. Homme grossier, mal élevé, manquant totalement de savoir-vivre. ● goujat (citations) nom masculin (ancien gascon gojat, jeune homme) Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Mieux vaut goujat debout qu'empereur enterré. Contes, la Matrone d'Éphèse valet d'armée ; homme grossier Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. Fables, le Renard et les Raisins ● goujat (synonymes) nom masculin (ancien gascon gojat, jeune homme) Homme grossier, mal élevé, manquant totalement de savoir-vivre.
Synonymes :
- butor
- malotru
- mufle (familier)
- pignouf (populaire)
Contraires :
goujat
n. m. Homme grossier, sans éducation.
⇒GOUJAT, subst. masc.
A. — 1. Vx. Valet d'armée :
• 1. ... j'essuierai cette longue tyrannie comme l'officier sans épée d'une garnison prisonnière, devant qui l'insolent vainqueur fait défiler jusqu'au dernier goujat de son armée.
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 57.
— P. ext. et péj. Personne qui est ou se met au service d'une personne ou d'une chose (fonction, cause, etc.). Mes maîtres m'avaient (...) inculqué cette idée que l'homme qui n'a pas une mission noble est le goujat de la création (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 148).
2. Vieilli ou région. (Centre). Apprenti maçon. Une demi-douzaine de goujats sans échafaudage redressent le colosse [le Colisée] sur les épaules duquel mourut une nation changée en ouvriers esclaves (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 547). Les goujats lui jetteront du plâtre, les commissionnaires lui donneront « une roulée » (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 18).
B. — Au fig. Homme grossier dont les propos ou les manières sont volontairement ou involontairement offensantes. Ils savaient que j'étais là et ils sont repartis comme ça? Quels goujats! (QUENEAU, Enf. du limon, 1938, p. 75). Vraiment? Eh bien, moi, je vous tiens pour un mufle et un goujat! (AYMÉ, Clérambard, 1950, II, 6, p. 107).
♦ Au fém. [Langue parlée] Triple Dieu! Goujate, apprends-moi ça (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 321).
— Emploi adj. loin de ces très goujates gents (LAFORGUE, Imit. Lune, 1886, p. 243); je suis forcé d'endurer, jusque dans ma maison, de goujates injures (BLOY, Journal, 1900, p. 399) :
• 2. — Ah! je suis forcé de subir ton voisinage, se dit-il, je suis condamné à entendre ta voix goujate, l'expression ridicule de tes idées basses, tes maximes d'avare et l'ignominie sententieuse de ta vomitive sagesse!
BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 144.
REM. 1. Goujatement, adv. À la manière d'un goujat. L'article est goujatement méchant (GONCOURT, Journal, 1896, p. 991). Trahie, vendue, outragée et goujatement lapidée d'ordures par celui même à qui elle avait sacrifié son unique fleur, quel châtiment rigoureux pour la folie d'un seul jour! (BLOY, Femme pauvre, 1897p. 36). 2. Goujatisme, subst. masc. Goujaterie érigée en système de vie. Aucun d'eux ne m'avait parlé et le bavardage ne s'était pas ralenti une seconde à mon entrée, le goujatisme contemporain ne comportant pas la déférence pour l'étranger (BLOY, Femme pauvre, 1897p. 81).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XVe s. gougeas « valet d'armée » (O. DE LA MARCHE, Mémoires, 1. II, chap. 5, éd. H. Beaune et J. d'Arbaumont, t. 3, p. 205 : les gougeas de l'hostel du duc); 2. 1676 goujat « apprenti maçon » (FÉLIBIEN, p. 71); 3. av. 1729 « homme grossier » (Mme DE CAYLUS, Souvenirs, p. 106 ds POUGENS ds LITTRÉ). Empr. à l'a. prov. gojat « jeune homme » (1339 ds L. CONSTANS, Le Livre de l'Epervier, Montpellier-Paris, 1882, p. 133), dér. de goya, goja (gouge1); suff. dimin. -at (cf. NYROP t. 3, § 185; L. ALIBÈRT, Gramatica occitana, 1976, p. 365). Fréq. abs. littér. : 201. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 129, b) 333; XXe s. : a) 678, b) 157.
DÉR. Goujaterie, subst. fém. Caractère ou conduite d'un goujat. Synon. muflerie, indélicatesse. Être de la dernière goujaterie. La singulière apologie, qui est une insulte, et que penser des femmes qui applaudissent à cette goujaterie emmiellée! Comment n'être pas frappé par le manque de confiance en soi dont témoigne leur rage millénaire de se contrefaire! (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 283). — []. Ds Ac. 1932. — 1res attest. a) 1611 « ensemble des valets d'armée » (COTGR.), b) 1853 « impolitesse » (FLAUB., Corresp., p. 274); de goujat, suff. -erie. — Fréq. abs. littér. : 27.
BBG. — QUEM. DDL t. 7.
goujat, ate [guʒa, at] n.
ÉTYM. XVe, gougeas, au plur.; fém. gouyatte, av. 1549; de l'anc. provençal gojat « gars », hébreu goja, gōya « servante chrétienne », fém. de goï. → 2. Gouge, gouine, goy.
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1 N. m. Vx. Valet d'armée (→ Admirateur, cit. 1). ☑ Prov. || « Mieux vaut goujat debout (cit. 12) qu'empereur enterré » (La Fontaine).
1 L'armée de M. de Luxembourg n'est point encore séparée; les goujats parlent même du siège de Trêves ou de Juliers.
Mme de Sévigné, Lettres, 705, 12 oct. 1678.
1.1 Des goujats munis de frondes étaient espacés sur les ailes.
Flaubert, Salammbô, Pl., t. I, p. 827.
♦ Péj. Subalterne, valet.
2 Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.
La Fontaine, Fables, III, 11.
3 La politique est le goujat de l'humanité et non son inspirateur.
Renan, l'Avenir de la science, XXII, Œ. compl., t. III, p. 1092.
4 (…) je vis (…) édifier une grande maison (…) les maçons, grimpés sur de hautes échelles, se passer de l'un à l'autre, jusqu'au faîte, les pierres destinées à la construire (…) et les goujats leur monter le mortier nécessaire pour les sceller (…)
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 19.
b Mod. Personne sans usage, manquant de savoir-vivre et d'honnêteté, et dont les indélicatesses, volontaires ou involontaires, sont offensantes. ⇒ Malotru, mufle, salaud (→ Dernier, cit. 14). || Il s'est comporté comme un goujat. || Elle l'a traité de goujat. — REM. Goujat, comme mufle, s'emploie particulièrement lorsqu'il s'agit d'injures faites à une femme.
5 (…) de quoi vous mêlez-vous ? Vous êtes un goujat, mon cher.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, II, I.
6 Non, il n'y a pas à dire, si Célimène n'est, comme je le crois et comme il ressort du texte même de la pièce, qu'une jeune veuve assez naïvement coquette et médisante, ses soupirants se conduisent comme de parfaits goujats (…)
J. Lemaître, Impressions de théâtre, Molière, II.
7 Elle s'offre à moi dans les termes les plus formels. Si elle insiste, je serai bien obligé de la refuser, en termes non moins formels. Telle que je crois connaître l'opinion française, il me semble qu'elle me jugerait ainsi : « Un homme n'agit pas de la sorte ! Ou c'est un goujat, ou c'est un impuissant. Il est abominable de faire un pareil affront à une femme ».
Montherlant, les Jeunes Filles, 27 avr. 1927.
♦ Adj. || Des manières goujates.
8 Le plus remarquable de tous était cet encombrant tzigane Hamilcar Lécuyer, que ses goujates vaticinations antireligieuses ont rendu si fameux.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 12.
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DÉR. Goujatement, goujaterie, goujatisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.